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Critiques de Raphaël Glucksmann (38)
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Les enfants du vide

Les Enfants du Vide

Raphaël Glucksmann



R. Glucksmann part de l’amer constat que les intellectuels de gauche ont échoué. Echoué à empêcher les populismes de séduire les peuples : Trump, Salvini, Poutine, Le Brexit : tout montre que la gauche n’a rien vu venir. Il faut faire amende honorable et analyser d’où viennent les erreurs.

Cet essai pose un diagnostic clair, sans concession, sur ces échecs. Son intérêt vient du fait que R. Glucksmann reconnait ses erreurs et ses fourvoiements et qu’il cherche avec beaucoup d’honnêteté et d’humilité à comprendre le monde dans lequel il vit, il cherche à se défaire de ses préjugés et de ses « croyances ». Il analyse le plus précisément possible ce qu’il se passe dans les démocraties occidentales, sans se voiler la face. Cette quête de vérité est émouvante car on sent à quelles certitudes l’auteur a dû renoncer et aussi aux affrontements qu’il devra subir de la part de ses anciens compagnons de route. C’est ce qui m’a le plus intéressée : le courage de l’auteur à une époque où dire les choses est compliqué. La deuxième partie de l’essai est consacrée a des propositions qui ne sont pas sans intérêt mais qui peuvent sembler ou utopiques ou optimistes, ou en tout cas, pas prêtes à se mettre en place. Là encore, Glucksman se montre courageux puisque ses propositions ne sont pas en adéquation avec l’air du temps. Cet ouvrage mérite notre lecture.

Résumé :

La société actuelle est de plus en plus dépourvue de sens. C’est une société de la solitude qui ne fait plus « groupe » : les lieux de socialisation (partis, syndicats, église...) se sont délités. Or, la solitude est source d’anxiété. Déjà Tocqueville constatait que l’atomisation de la société était « le terreau du despotisme ». Or, ce sont les politiques économiques menées depuis une quarantaine d’années qui ont abouti à ce résultat (Thatcher/ Reagan/ Mitterrand …). C’est par le renoncement à une politique fiscale redistributive que l’on arrive à des résultats alarmants : explosion des inégalités et affaiblissement du service public. Tous les politiques s’acharnent désormais à déconstruire ce que le Conseil National de la Résistance avait mis en place à la fin de la deuxième guerre mondiale. L’« homo economicus » est devenu la mesure de base de la société qui n’est plus faite que de l’agrégation d’individus indépendants, comme l’annonçait Margaret Thatcher.

Loin des théories sur « la fin de l’histoire », il faut admettre que l’histoire n’a pas de « sens » et que tout ce qui a été fait un jour peut être défait un autre jour. Les élites de gauche étaient persuadées que la logique voulait que le monde devienne peu ou prou démocrate, libéral et protecteur. C’était faux. La société actuelle est faite d’égoïsmes qui cohabitent, l’empathie a disparu et chacun tend à protéger ses privilèges sans se soucier du « bien commun », expression qui n’a plus le moindre sens et qui n’intéresse plus personne. Le monde de Trump est scindé entre « winners » qui ont mérité leurs fortunes et « loosers » qui se sont montrés paresseux et lâches, celui de Macron, entre « premiers de cordée » et « gens qui ne sont rien ».

La gauche n’a jamais voulu voir les problèmes que posaient l’immigration massive et l’absence de politique d’intégration pour le peuple qui les subissent de plein fouet. Dans la société du « vivre ensemble », personne ne vit plus « ensemble ». La société s’est morcelée en communautés dans lesquelles il est de bon ton de « cultiver ses différences » au lieu de faire corps. On ne trouve plus de lieux dans lesquels les différents membres de la société se rencontrent du fait de la ghettoïsation des villes dans lesquelles les quartiers se démarquent par leurs appartenances sociales ou ethniques. Certaines villes d’ailleurs sont elles-mêmes des ghettos, loin des métropoles qui concentrent les gagnants de la mondialisation. Les uns et les autres, vivent dans des zones différentes, vont dans des écoles différentes, ne font plus de service militaire et par conséquent ne se rencontrent jamais, ne se connaissent pas. Un immense fossé sépare désormais les peuples et les élites (financières, politiques, culturelles, médiatiques…) C’est la démocratie qui est en danger.

Etant donné que les plus privilégiés deviennent de plus en plus riches, ils ont de plus en plus de moyens pour infléchir les politiques. Infléchir les politiques passe aussi par la mainmise sur les médias ainsi que les think tanks. Par ailleurs, l’entre-soi génère des comportements de classe. Ainsi, lorsque Emmanuel Macron supprime l’ISF, cela profite à la classe sociale à laquelle il appartient et qui l’entoure et le conseille. C’est aussi la raison pour laquelle le pouvoir va préférer se focaliser sur la fraude aux prestations sociales qui ne pèse que 677 millions d’euros plutôt qu’à l’évasion fiscale qui représente 21 milliards de manque à gagner pour l’Etat !

Finalement, cette collusion entre pouvoir politique et intérêts économiques de classe constituent ce que Machiavel aurait appelé « corruption ». La République est ainsi minée par un ensemble de stratégies délétères tels que les allers et retours incessants des hauts fonctionnaires vers les grandes entreprises qui entraînent un déplacement des intérêts publics vers des intérêts privés.

Les réseaux sociaux jouent aussi un rôle pervers dans la mesure où leurs algorithmes favorisent l’entre-soi : on n’accède qu’à des posts qui ressemblent à ce que l’on cherche. Nous ne sommes pas confrontés à l’altérité. Ainsi, nous vivons dans l’« illusion du commun ». Croire que seul le néolibéralisme économique serait responsable du délitement des valeurs communes est une erreur et une malhonnêteté. L’esprit de 68, la contre-culture et la quête pour l’émancipation des individus a aussi joué un rôle que l’on ne saurait mettre sous le tapis.

Pourtant, il faut comprendre que si les enfants de 68 devaient se battre contre des chaînes qui entravaient corps et esprit, les enfants des générations suivantes n’ont pas de chaînes à briser mais des liens à reconstruire.

Afin que l’on puisse refaire société, il est nécessaire de lutter d’abord contre des inégalités qui deviennent si énormes que cela en devient absurde. En effet, le sentiment d’injustice qui génère colères et frustrations et mène au populisme est étroitement lié au fait que les politiques menées ne favorisent que ceux qui sont déjà favorisés.

Il s’agit aussi d’en finir avec ce qu’on nomme « la gouvernance » et qui correspond à une absence de vision politique : il s’agit de gestion technocratique, mais sans projet. Cette gouvernance culmine avec les aberrations que l’on a vues en Grèce ou en Italie où les choix des peuples ont été bafoués au profit de technocrates qui ne viennent qu’appliquer les directives de Bruxelles et ne respectent en rien les choix des nations. Désormais, les peuples n’ont plus aucun contrôle sur tous les règlements qui sont produits loin d’eux, sans eux et qui pourtant les poursuivent jusque dans les moindres détails de leur vie. C’est le cas des différents traités internationaux signés entre les Etats (CETA ; TAFTA…) Le gouvernement des experts met en danger la démocratie. Il n’est, dans ces conditions, pas incompréhensible que les peuples cherchent à « reprendre le contrôle ». Si la gauche s’obstine à ne voir dans les discours des extrêmes droites occidentales que de la xénophobie, elle se trompe et va dans le mur. Il s’agit d’être à l’écoute de ce que proposent tous ces mouvements d’extrême droite (Trump, l’AFD, Salvini, le Brexit, Orban…) : tous parlent de « reprendre le contrôle » des frontières, de la production industrielle, des finances, des institutions… de « notre Destin »…

Il faut s’interroger : à quoi servent des élections si ce sont des entités non élues qui décident des choix finaux ? Cela explique évidemment le fort taux d’abstention et le découragement de la jeunesse qui « n’y croit plus ».

Il s’agit donc de s’attacher à redevenir citoyen. Un citoyen n’est pas un individu. Même s’ils occupent le même corps le citoyen à des responsabilités vis-à-vis de la collectivité que l’individu n’a pas. Un citoyen doit se départir de ses particularismes. Il n’a pas de religion pas de couleur de peau, pas d’ethnie de référence. Il vise le bien commun en dehors de toute discrimination. C’est forcément une véritable ascèse.

Une fois ce diagnostic posé sur une société en mal de sens, il s’agit de proposer des enjeux qui pourraient être suffisamment motivants pour agréger des individus dans des groupes qui ont un projet commun.

Le 13 novembre 2017, 15 000 scientifiques venant de 184 pays différents signent un manifeste dans la revue Bioscience dans laquelle ils expriment leur crainte : « il sera bientôt trop tard » pour lutter contre le réchauffement climatique et préserver la biodiversité. Ce cri de colère et d’angoisse devrait permettre de constituer un « horizon tragique ». L’écologie doit être prise au sérieux et doit devenir un enjeu fédérateur. Il en va de notre survie.

Mais attention !!! Dans les années 60, Soljenitsyne poussait un cri contre les goulags russes. Pourtant la gauche française ne voulait pas l’entendre. Il aurait fallu changer « d’architecture mentale » et surtout renoncer à ses « croyances ». Afin de ne pas donner à Soljenitsyne de crédibilité, on l’a traité de fasciste, d’antisémite. Il a fallu des années avant que les yeux de la gauche ne se dessillent. Il y a fort à parier que celui qui alerte aujourd’hui sur les dangers que nous courons du fait du désastre écologique ne soit pas non plus pris au sérieux. Par ailleurs, le combat sera rude et il sera nécessaire d’attaquer frontalement Bruxelles (il faudra renégocier les traités internationaux) mais aussi les grandes entreprises (Total, Exxon, Monsanto...) et les institutions (FNSEA…) La lutte sera forcément virulente.

Il s’agit aussi d’établir de nouveaux contrats sociaux dans lesquels les citoyens seront davantage impliqués. Un des moyens d’impliquer les citoyens dans la vie publique est de le décharger de leurs obligations de gagner leur vie. Il faudra donc en passer par le revenu universel de base qui devra libérer du temps pour chacun. (On verra comment mettre en place ce revenu universel…peut-être progressivement, peut-être par tranche d’âge, peut-être par niveau de revenu... ?) En tout cas, ce revenu universel pourra être financé par les gains de productivité générés par la robotisation de la plupart des emplois.

Ce revenu universel de base devra aussi être couplé avec un service civique obligatoire (même si cela déplaît à la gauche qui n’aime pas l’idée de contrainte… !)

Lutter contre les « fake news », c’est aussi et surtout lutter contre la désinformation organisée par les lobbys qui trustent la vie politique. Pour que le citoyen puisse émettre des choix éclairés, il lui faut des informations claires et indépendantes. Or, actuellement, le citoyen n’a pas accès à cette information saine. Si les médias sont tous détenus par des milliardaires, la démocratie est en danger. Il faut donc libérer les médias de cette emprise en les aidant financièrement.

Par ailleurs, le contrat social est mis en danger par l’évasion fiscale contre laquelle il faut lutter sans relâche.

Si « nous » sommes capables de tous ces efforts, alors, « nous » pourrons redonner du sens à la politique.



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Notre France : Dire et aimer ce que nous so..

Acheté juste après une rencontre-débat philosophique avec Charles Pépin qui nous a chaudement recommandé ce livre, j'ai commencé à lire « Notre France » dans le train de banlieue qui me ramenait chez moi, pleine de crainte que ce titre , volontairement franchouillard et limite frontiste, ne me fasse cataloguer un peu vite, malgré un sous-titre programmatiquement bien différent…



Je viens de le terminer 24h après : c'est un essai philosophico-politique comme j'aimerais en lire plus souvent ! Un vrai régal, d'écriture, de pertinence et même d'émotion- il n'est pas interdit de convaincre et de persuader !



Face aux déclinistes, aux prophètes de malheur, comme Zemmour , aux vieux ronchons aigris comme Finkielkraut, à la démission et la démobilisation de la gauche actuelle, face à l'entreprise de récupération par la peur d'une droite décomplexée qui ne se gêne plus pour chasser ouvertement sur les terres de l'extrême-droite, (je vous laisse mettre des noms, c'est facile !) - Raphaël Glucksmann convoque nos mythes et nos valeurs, les exhume de notre passé, depuis leur acte fondateur, montre la filiation qu'ils ont entre eux, au cours des siècles, et jusqu'à des événements très récents (le livre vient de sortir, et tout notre passé récent y est déjà inscrit), et les érige en rempart contre l'àquoibonisme des uns, la peur des autres, et le doute de beaucoup.



Je ne veux pas déflorer cette brillante démonstration, qui démonte comme un Lego les syllogismes (vicieux) des déclinistes de tout poil... pour mieux reconstruire notre « maison-France » à partir de ses trois actes fondateurs :



- l'Édit de Louis X le 3 juillet 1315 proclamant le droit du sol contre celui du sang, qui « francise » en même temps qu'elle « affranchit » toute personne qui met le pied sur notre sol, en faisant un « Franc »- un Français- et un « franc » - un homme libre- du même coup,

- l'Édit De Saint -Germain-en-Laye du 17 janvier 1562, inspiré par l'immense Michel de l'Hospital, qui légalise la coexistence sur le sol français de différentes religions en les soumettant toutes à la puissance publique,

- et enfin l'Édit de Villers-Cotterêts du 15 août 1539 qui instaure le français comme langue identitaire,et non comme langue impérialiste- les parlers sont extrêmement divers à cette époque, sans compter la présence du latin (et donc de Rome) dans tous les actes officiels; Cet Édit est plutôt une "injonction performative" (tout est encore à faire) et le moteur volontariste d'une identité nationale qui reste à faire.



Les tenants d'une France « fille aînée de l'Eglise », forgée dans un droit du sang aristocratique, issue du « terroir » (lequel ?) , et pleine "d'ancêtres Gaulois", distribuant à qui mieux mieux les imparfaits du subjonctif, n'ont qu'à aller raccrocher leurs braies et leurs talonnettes aux fourches caudines de leur vraie inculture ou de leur mauvaise foi !!



Mais Glucksmann fait bien plus que réfuter les syllogismes réactionnaires qui font florès en ce moment : il convoque, dans notre littérature, y compris la plus populaire et la plus ancienne, les deux grands mythes qui se partagent notre « francité » depuis toujours : celui de Renart, qui jette le trouble, s'agite, conteste, défend, proteste, et celui de Tartuffe, qui veut l'ordre et le pouvoir, qui traque, pourchasse, dénonce, surveille…



Ces deux-là ne cessent, sous des visages toujours différents, de s'affronter depuis toujours. On ne peut réduire la France à l'un ou à l'autre : ils sont sans cesse en guerre, et c'est ce conflit qui fait les soubresauts, les régressions et les progrès de notre nation.



Car l'affrontement, le débat, le conflit sont consubstantiels à notre « nature française », nous qui faisons de l'épreuve de philosophie au bac une sorte de passeport pour la citoyenneté, d'estampillage national de notre goût pour la discussion !



J'ai retrouvé avec délices tous mes héros : Montaigne, Rabelais, Descartes, Beaumarchais, Voltaire, Hugo, Zola, et tant d'autres, convoqués avec talent et passion, dans des exemples toujours vivants, toujours convaincants…



J'y ai puisé des forces nouvelles : non, il ne faut pas laisser parler, sans leur répondre, Eric Zemmour ou Alain Finkielkraut, il ne faut pas balayer d'un revers de manche ce débat, au prétexte que nous sommes, depuis janvier 2015, les orphelins apeurés de Charlie, notre Voltaire à nous, et que le doute, le découragement ou même un commencement de renoncement s'empare de nous, traitreusement.



Il faut leur répondre, mais la plus belle réponse serait celle -imaginaire , hélas- du discours qu'aurait pu prononcer au Panthéon, François Hollande s'il avait eu les c…le courage, (pardon, ma francité parle un peu fort !) , de choisir comme « panthéonisables » trois héros emblématiques parmi les vingt-trois « étrangers, et nos frères pourtant » de l'Affiche Rouge : Olga Bancic, Marcel Rajman et Missak Manouchian…



Ce discours-là, Raphaël Glucksmann n'a pas craint de le faire( pages 76 à 104) : j'avoue qu'il m'a fait pleurer, de joie, d'émotion …et aussi de honte, sûrement.

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Les enfants du vide

En ces temps difficiles où trouver un homme de gauche crédible relève de la gageure, je me suis surprise à écouter d’une oreille complaisante les interviews de Glucksmann données pour la sortie de cet ouvrage, justement. « Les Enfants du vide » est un court essai qui exprime de façon claire une certaine vision de la politique qui me plait, qui serait force de transformation et non gestion du monde comme il va. Autant dire que sa lecture fait plutôt du bien, même si ce livre n’est pas exempt de défauts. Passons sur les chapitres calibrés: je suis interpellé par un ami et hop je dégaine mon analyse que j’ancre par la même occasion dans le quotidien pour ne pas paraître hors-sol. Passons aussi sur la première partie qui refourgue des trucs qui traînent partout sur l’individualisme moderne et la fin de l’histoire. Non, ce qui me gêne vraiment c’est 1) l’absence de vision politicienne. Le livre se termine par la relation d’experiences généralement locales et, quelle que soit leur pertinence, je ne vois pas du tout comment on pourrait faire pour mettre Trump dans le coup. Ni même Merkel, d’ailleurs. Et 2) j’aurais presque pu l'écrire, ce livre. Parce que mes chères études m’ont appris le plan dialectique et l’art de mettre sous le tapis ce qui n’entre pas dans le triptyque sacré thèse-antithèse-synthèse (priez pour nous). Et que ce livre ressemble beaucoup trop à une dissertation bien ficelée, donc que le plaisir du formalisme l’emporte sur le travail de réflexion innovante.

Les enfants du vide, plan:

I Le sens a déserté nos vies en général et la politique en particulier.

II Il n’y a pas de sens possible sans tragique.

III Si on continue à surexploiter la planète comme ça, on va tous crever

Conclusion : Profitons de l’opportunité offerte par la catastrophe écologique annoncée, c’est la lutte finale, groupons-nous et demain.

Mais malgré tout, c’est quand même intéressant, ce qu’il dit, Glucksmann fils. Ma note: 20/vain.
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La Grande Confrontation : Comment Poutine f..

Après - Le livre noir de Vladimir Poutine -, essai politique choral sous la direction de Galia Ackerman et Stéphane Courtois ( présenté ici ), - Les hommes de Poutine -, essai politique " référence " de Catherine Belton ( en attente de présentation... pas suffisamment d'énergie pour m'y atteler... ), - Au coeur de la guerre -, livre témoignage d'Étienne de Poncins ( présenté ici ), - Un autre monde - L'ère des dictateurs -, essai politique d'Alain Frachon ( présenté ici ), - Dans l'oeil du FSB -, témoignage autobiographique de Jean-Michel Cosnuau ( présenté ici ) et - Le Mage du Kremlin - le roman " pour moi " toujours très sujet à controverse de Giuliano da Empoli ( présenté ici )... à son sujet, je profite de ce petit billet pour vous recommander - Sans ciel -, la nouvelle parabolique et " visionnaire " écrite par Vladislav Sourkov...alias Natan Dubovitsky ( nom de plume de Sourkov, " le cardinal gris de Poutine " ), que vous pouvez trouver en " googlant ". C'est éclairant, édifiant... et c'est préfacé et commenté par Giuliano da Empoli lui-même... Après toutes ces lectures, j'ai terminé hier soir celle de Raphaël Glucksmann.

Un essai politique coup de poing. Un livre intelligent, brillant, punchy, lucide, honnête, sincère, dérangeant, sourcé, clair, touchant.

Un livre et un verbe qui font mouche.

Un livre nécessaire en ces temps où le brouillard de la guerre se mêle à la confusion de nos idées tout à la fois figées et versatiles ; l'hyper labilité du monde politique ajoutée aux contradictions des infos en continu émanant des médias, des réseaux sociaux soumis aux influences les plus diverses, n'y est pas pour rien, loin s'en faut !



" Poutine fera la guerre. Je ne sais pas quand, mais il la fera. Et les Européens seront alors surpris de découvrir que cette guerre les vise aussi."

Ces mots sont ceux d'Anna Politkovskaïa, " l'immense journaliste russe " assassinée dans le hall de son immeuble le 7 octobre 2006, jour de l'anniversaire de Poutine... " comme un cadeau fait au Tsar par ses sbires "..., mots adressés à Raphaël Glucksmann, ami proche et admirateur de cette femme exceptionnelle " morte seule. Comme elle avait crié, seule, dans un océan de surdité et d'aveuglement pendant des années."

Et ce qui taraude RG, c'est : " Pourquoi nos gouvernants n'ont-ils pas voulu croire Anna ? Pourquoi n'ont-ils pas voulu voir ce que l'anéantissement de la Tchétchénie, le démembrement de la Géorgie ou la première invasion de l'Ukraine en 2014 annonçaient ? "



C'est à cette question que son livre tente de répondre.

" L'histoire que je veux raconter part de là : de cette incroyable cécité.

C'est l'histoire d'un continent qui s'est couché devant un tyran pour avoir la paix et se retrouve plongé dans la guerre.

C'est l'histoire de démocraties qui ont vendu à leurs ennemis la corde pour les pendre ( référence à Lénine ).

C'est l'histoire d'élites européennes qui ont failli à leur mission par cupidité ou par naïveté, par culte du profit ou par religion du confort.

C'est l'histoire de nations qui ont laissé se diffuser en elles le poison de la corruption et du renoncement.

C'est une histoire avec laquelle il nous faut rompre sans délai."



À travers un essai décliné en III actes : la Cité corrompue, la Guerre contre nos démocraties, la Résistance, le fils du philosophe André Glucksmann ( lui aussi comme Anna Politkovskaïa ne s'est pas fait entendre de ses contemporains sur " la menace Poutine " ), ex-époux d'Eka Zgouladze, vice- ministre de l'Intérieur de Géorgie de 2005 à 2012, puis vice-ministre de l'Intérieur de l'Ukraine de 2014 à 2016, conseiller de Mikheil Saakachvili, président de la Géorgie de 2009 à 2012, aujourd'hui député européen, président de la commission spéciale sur l'ingérence étrangère dans l'ensemble des processus démocratiques de l'Union Européenne ( pour bien situer RG au niveau national et international ), à travers III actes, l'essayiste détisse les fils de la toile que Poutine a tendu à un Occident " trop installé dans ses meubles et amoureux du confort que procure le renoncement à être."



J'ai déjà eu l'occasion de dire tout le mal que je pense de Vladislav Sourkov ( depuis 2014 sur la liste noire américaine des personnes faisant l'objet d'une interdiction de visa ), un des principaux idéologues de Vladimir Poutine, et subséquemment du malaise que j'ai ressenti en lisant - Le Mage du Kremlin -, donnant trop complaisamment une part trop " belle " à celui dont le CV n'est autre que celui d'une crapule, d'un criminel de guerre.

Un des mantras de ce fascite poutinien est : " L'expansion du chaos à l'extérieur permet de remédier aux tensions intérieures ".

Pour ce faire, les Russes inventent le mot de " Schröderizatsiya "... autrement dit la " Schröderisation " des élites occidentales ; parmi les plus connues Gerhard Schröder, François Fillon, MLP et Donald Trump dont RG, après Catherine Belton, nous explique de manière détaillée ses liens inextricables avec l'État mafieux russe... pour n'en citer que quelques-uns.

Ces élites corrompues sont les cellules malignes chargées de faire prospérer celles de la tumeur originelle au sein d'organes apparemment sains et à distance du mal initial...

Le tout dans un contexte de guerre permanent, car comme le rappelait Poutine dans une émission de télévision à un gamin russe : " les frontières de la Russie ne se terminent nulle part."

Le tout dans un système " truand-fasciste " ; mot composé qui colle parfaitement au petit voyou de Saint-Pétersbourg, devenu Kgébiste avaNt d'être le nouveau grand criminel de guerre, le grand génocidaire de cette première moitié du XXIème siècle.

Les truands sont actuellement incarnés sans aucune vergogne par Evgueni Viktorovitch Prigojine, bandit de Saint-Pétersbourg condamné en 1981 à douze ans de prison... sans que cela ne choque outre mesure un monde qui a depuis des années rangé l'outrance dans le magasin de ses normes... après tout il fut bien un jour où le ridicule cessa de tuer...Mieux encore, ils ont pignon sur rue, honneurs, richesse, gloire et respectabilité... What else ?!...



Pour terminer cette petite présentation du livre de RG, trois extraits qui illustrent ce qu'est la menace poutinienne et son régime criminel mafieux et fasciste.



" Pour les truands, il n'y a rien de trop. Le truand ( ou le fasciste ) montre qu'il est capable de tout pour qu'on lui permette tout. La mise en scène de sa propre cruauté est à la base du pouvoir qu'il exerce sur les autres."



" Nous ne sommes pas une force armée classique, mais un véritable groupe criminel organisé et paramilitaire. Mes gars entrent dans des pays africains et n'y laissent rien de vivant. Maintenant ils détruisent nos ennemis en Ukraine. Votre décision de servir Wagner est un pacte avec le Diable... La Troisième Guerre mondiale a commencé et vous pouvez en être, les gars ! "( harangue de Prigojine dans la colonie pénitentiaire IK-2 le 1er août 2022 )



" Chacun doit réaliser qu'une mobilisation et une guerre mondiale à mort nous attendent. Quelqu'un perdra son emploi, un autre son entreprise, beaucoup seront mutilés, encore plus de nos compatriotes seront emportés par la mort. La guerre est notre idéologie nationale. " ( Piotr Tolstoï, vice-président de la Douma, à la veille de l'invasion de l'Ukraine le 24 février 2022 )



Face à ce cancer en pleine extension métastasique, RG nous invite à " déplacer nos meubles ", à sortir de notre " confort ", à nous battre pour vaincre l'hydre fasciste russe.

Son plaidoyer écologique en fin de bouquin est à considérer.

L'hommage pudique à son père m'a tiré au moins une larme ; je ne les ai pas comptées.

Un livre d'une formidable clarté pédagogique, un livre qui donne à penser, qui interpelle, qui questionne. Un livre plus que recommandable !
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La Grande Confrontation : Comment Poutine f..

Voici (à mon humble avis) un livre-témoignage qui fera date : en trois parties plutôt implacables (clairvoyantes et solidement documentées), le simple constat de notre malheureuse situation européenne d'avant le "déclic" du foutu 24 février 2022...



Des ânes bâtés et aveugles se tamponnaient le coquillard du conflit d'intérêt monstrueux en lequel ils pataugeaient : Schröder, Fillon et tant d'autres ("C'est que... LA PLACE EST BONNE !", comme résumait finement mon beau-père...).



Le mafieux Poutine bichait de voir tous ces couards et ces imbéciles amateurs de pognon sale venir lui picorer dans la main...



Réveil général depuis le 24/02/2022 donc... "Le Parrain (n°1)" commence un peu trop à ressembler à Tonton Adolf du temps où il envahissait la Pologne après s'être mis dans la poche le Territoire des Sudètes...



Raphaël GLUCKSMANN ("L'Homme-Chance", affectueusement surnommé "GluGlu" par certains), député européen à l'âme d'enquêteur, ne mâche pas ses mots et on est emballé...



Sa belle analyse de 186 pages se présente en trois actes (une Tragédie à finale optimiste) avec un prologue, "L'Europe en guerre"...



ACTE I. "La Cité corrompue".



"Pour du cash et du caviar" (ou l'entrisme dans les sphères de Pouvoir européennes (Ministères, Parlements) avec en France les "vedettes" Fillon, Mariani, Le Pen, Mélenchon et quelques autres russophiles d'Antan, évidemment "repentis" depuis 2022...) ; "Un héros de notre temps" (l'histoire de l'espion Mathias Warnig) ; "Suicide au gaz" (le gaz russe, et les gazoducs "Nord Stream" I puis II) ; "La Harrods Democracy" (Cf. la mafia russe londonienne de "Eastern Promises" / "Les Promesses de l'ombre", cet excellent film de David CRONENBERG) ; "La roulette russe" (à tous les coups, l'on gagne de bonnes places et de bons vieux dollars si on devient "ami" du Maître du KremKrem... Pouvoir sournois de nuisance des Usines à Trolls de Poutine avec règne des fake-news, délires de trous du c...l conspirationnistes ; élection de Trump, Brexit, etc.).



ACTE II : "La Guerre contre nos démocraties".



"La guerre est notre idéologie nationale" (Comprendre ce que ce petit kagébiste-mafieux de m.... a dans la tête comme "Revanche" depuis son Syndrome de Stress Post-Traumatique de la fin de l'U.R.S.S. en 1989... Pauvre chou ! Revoir aussi, par exemple, cette vidéo récente d'enfants de classe maternelle, revêtus d'uniformes militaires et défilant au pas de l'oie devant les écoles, en bon petits "Hitler Jugend" solidement encadrés par deux maîtresses bien obéissantes) ; "Le règne du crime" (Genèse du mafieux Poutine, issu de la fusion du KGB (et futur FSB) et de la "Saint-Peterbourg's Connection") ; "Le cuisinier du chaos" (Enquête sur le cuisinier ex-taulard Evgueni Prigojine, futur "patron" de la milice Wagner) ; "Une internationale nationaliste" (Les services de Poutine bichonne les Le Pen-Zemmour et toute l'extrême-droite européenne) ; "La guerre de Troie n'aura pas lieu" (Quand les "experts" européens n'y croyaient pas, malgré les infos reçus des Services de renseignement américains) ; "Un réveil difficile" (Le Jour "J" du 24/02/2022, sorte de "11/09/2001"européen et les jours et semaines qui ont suivi...).



ACTE III. "La Résistance".



"Le courage ukrainien" (sans commentaires) ; "Made in Taïwan" (l'intrusion/agression impérialiste poutinienne "donnant des idées et de l'appétit à la dictature impérialiste chinoise) ; "Une révolution mentale" (changement de paradigmes) ; "Retrouver la politique" (Une éloge du bon sens, du parler-clair, du courage et du pragmatisme, les tristes naïvetés et illusions macroniennes... ) ; "L'écologie de guerre" ; "L'impossible défaite" (défaire pour toujours l'impérialisme russe et ridiculiser pour toujours son idéologie viriliste/agressive... en lui IMPOSANT la Défaite) ; "A mon père" (un hommage très émouvant du fiston à son daron Dédé... ).



Si j'osais dire... J'ose !!! Vivement que "Place Publique" (animée par R. GLUCKSMANN) tisse Alliances avec ce qui nous reste de la Gauche et du Centre gauche (même en se penchant vers L Infini et au-delà) pour nous réveiller ce tout petit monde bleu-blanc- m... qui (si l'on en croit les sondages) penche vers l'ex-bonne amie de la Russie poutinienne...
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Les enfants du vide

Voilà un essai bien dans l'air du temps, dont le postulat résonne chez de plus en plus de monde : nous sommes collectivement arrivés aux limites supportables de l'individualisme, et le manque de sens est une réalité de plus en plus douloureuse. Constat d'échec de la pensée progressiste qui a raté le bon virage dans les années 90 et la déferlante néo-libérale qui a suivi, en s'embourbant dans des concepts de vivre ensemble, de multi-culturalisme ou de social démocratie qui n'ont pas fonctionné.



Souvent dans ce genre d'essai le constat est bien posé mais les solutions sont un peu faiblardes. Je retiens de celui-ci la pertinence de poser avec une belle force que pour tout individu, se transmuer en citoyen est une violence, et donc de rappeler l'effort que cela suppose (tout en restant par ailleurs abasourdie de constater qu'il faut aujourd'hui rappeler cette évidence). Fort de cette "citoyennabilité" retrouvée, c'est dans la prise de conscience réelle de l'enjeu écologique que se situe le changement de paradigme qui recentrera la cité sur le politique (au sens noble), permettant dès lors de retrouver le sens. Je suis moins convaincue par la troisième proposition axée sur la démocratie participative mais j'ai peut-être mal lu l'auteur qui y met, lui, de solides arguments.

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Génération gueule de bois



- « Vous avez remarqué qu’on ne parle plus de défense des droits de l’homme mais de « droit-de-l’-hommisme » ? Qu’on n’évoque plus la fraternité et le droit à la liberté, quand on veut, par exemple, régulariser les réfugiés politiques, sans être accusé d’ « angélisme »?

Notre vocabulaire voltairien et républicain est frappé de caducité, de ringardise. Honteuse, gênée aux entournures par cet « idéalisme » naïf qui faisait sa marque, la république a adopté le langage de ses pires ennemis. Parce qu’elle n’a plus d’histoire à raconter, parce qu’elle ne croit plus à ses propres valeurs. Parce qu’elle reste aphone, apathique, aboulique face au discours réactionnaire et ultra-droitier à l’honneur… »



La remarque, ici livrée en substance, (ma citation n’est pas littérale…j’étais en train de conduire…) était faite au micro de Laure Adler, hier, sur France-Inter, à l’excellente émission « Permis de penser ». Elle émanait d’un jeune philosophe, au patronyme familier à ma génération, mais dont le prénom, neuf, indiquait qu’il faisait, lui, partie de la suivante, de la Génération Gueule de Bois, le titre de son livre. Je venais d’entendre Raphaël Gluksmann intervenir dans une émission ayant pour thème l’immigration. A mon arrivée, je me suis précipitée sur le livre en question…



Pas déçue du voyage…



Son « Manuel de lutte contre les réacs », -c’est le sous-titre- , un essai politique et philosophique, en quelques chapitres bien sentis, démontre l’état catastrophique de nos démocraties européennes, livrées à la vulgate extrême-droitière qui ne « sévit » pas mais règne .. benoîtement (comme Alain de Benoît, le « penseur » du FN) par le biais de son langage – islamophobie pour racisme, par exemple- et le repli sur ses valeurs –état-nation, sécurité, frontière, identité, religion.



Comme si son idéologie était devenue la seule alternative face à la menace du terrorisme et au vaste magma de la mondialisation.



Analysant le reliquat des révolutions arabes, l’après Maïdan, et l’après Charlie, Raphaël Gluksmann s’arrête sur ce nouveau monde « horizontal », sans plus la moindre référence verticale –un chef, un parti, une idéologie- un monde fait de la juxtaposition d’ individualités connectées, réunies par une même affirmation de liberté…mais dans une cacophonie de désirs, d’horizons et de credos contradictoires.



La place Tahrir, la place Maïdan, la place de la République après les 7 et 9 janvier 2015.



Mais cette mondialisation civique a son revers : celui de la mondialisation de la terreur, de la mondialisation des intégrismes.



Face à cette alternative - entre le rêve d’un monde meilleur et le cauchemar de la déferlante du pire, ce sont les réactionnaires, hélas, qui ont su trouver le mot juste, capter la dialectique qui a su faire des uns, des rêveurs dépassés par les événements et des autres, l’épouvantail idéal.



Les premiers ont déjà perdu, presque partout ; les autres n’ont pas encore gagné, mais ceux qui se dressent en rempart contre leur ultra-violence exercent d’ores et déjà leur pernicieuse progression. Avec Poutine en sous-main et en soutien bancaire, les partis néo-fascistes (tout est dans le néo..), en toute légalité et proprettement relookés, sont déjà à l’œuvre partout contre les valeurs des Lumières, les idéaux démocratiques, laïques et républicains, la construction d’une Europe politique et culturelle – et non plus l’usine à gaz économique et bureaucratique actuelle .



C’est fort- je vous recommande le chapitre d’anticipation sur la Victoire Tranquille de Marine Le Pen en mai 2017 : glaçant !



C’est d’une lucidité décapante, d’une vérité tragique, mais cela donne aussi des coups de pieds au cul salutaires.



Pour lutter efficacement contre ces « réacs » -ne pas confondre avec les conservateurs, qui s’accrochent à des valeurs obsolescentes, les réacs sont ceux qui veulent un grand bond en arrière, vers ce qui n’existe déjà plus- Gluksmann prône le retour à une langue revivifiée par une vraie vision, un vrai projet politique et culturel. .



« Il va vous falloir trancher chez vous, comme nous l’avons fait en Algérie », disait en mourant le grand poète et philosophe algérien Abdelwahab Meddeb à son ami. « Ils veulent enlaidir le monde en supprimant l’équivocité, en abolissant le mélange. Ils veulent tout réduire à un sens et un visage uniques….Le monde s’engage dans un va-et-vient suicidaire entre la laideur islamiste et la laideur nationaliste… »



Oui, il va nous falloir trancher… En retrouvant le fil d’un récit perdu, en redonnant du sens, en attaquant, sans peur, les contre-sens. En confondant les non-sens.



En faisant appel à l’éducation, au service civique, à la littérature.



La mère de Gary dans La Promesse de l’aube, le flamboyant esprit humaniste de la Renaissance, le Discours sur la servitude volontaire de La Boétie, le scepticisme souriant de Montaigne, la lutte contre le fanatisme de Voltaire viennent au secours d’un monde menacé par la haine virulente d’un Alain Soral et celle, pernicieuse, d’un Eric Zemmour.



Dans notre histoire des idées, un Voltaire aura toujours le dernier mot sur un Joseph de Maistre, non ?







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Les enfants du vide

Les enfants du vide c'est nous toutes et tous, dans une société démocratique qui ne nous inclut pas dans les prises de décisions, qui n'est pas participative et qui de ce fait nous perd dans quelque chose qui à notre sens n'en a plus beaucoup : nos démocraties gouvernées par des élites certes élues mais qui ne tiennent pas compte du collectif, l'individualisme est partout, en chacun de nous, on a grandi comme ça, la société nous l'a appris. On ne sait plus bien comment faire pour s'impliquer politiquement, pour faire en sorte que la politique revienne au centre de nos vies sans être simplement des pions.



Raphaël Glucksmann apporte ici quelques pistes pour retrouver espoir et confiance et aller vers une politique basée sur l'écologie profonde. Pas seulement à l'échelle nationale mais bien européenne car seuls nous ne sommes pas assez forts et cela n'aurait que peu d'impact sur la protection de notre environnement et l'avenir de notre terre. Bien sûr il fait référence à beaucoup de citations philosophiques et penseurs, cela m'a parfois rendu la lecture difficile. Un passage plus ardu pour moi a été celui sur la fiscalité car je ne suis pas du tout calée sur le sujet et cela n'est pas évident à comprendre sans notion.



Cette lecture m'a amenée à découvrir la pensée de Raphaël Glucksmann dont je soutiens actuellement les actions qu'il mène en faveur des Ouïghours victimes de génocide en Chine.

Ce court essai n'est pourtant à mon avis pas assez accessible pour les novices et les personnes n'ayant pas l'habitude de ce type de lecture ! Toutefois certaines idées sont intéressantes et font du bien. Merci à Babelio et aux éditions J'ai Lu pour cette dernière masse critique !
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La Grande Confrontation : Comment Poutine f..

Je ne dirai pas le plus grand mal du livre de Raphaël Glucksmann, bien que j’estime qu’il se trompe à peu près sur tout. Je ne doute pas une seconde de sa sincérité et je suis d’accord en principe avec les grandes valeurs qu’il prétend défendre. Mais les meilleures intentions du monde peuvent se révéler dangereuses surtout lorsqu’elles adoptent le ton du pamphlet et qu’elles tombent dans l’incantation. Comme Bernard Henri Levy et quelques autres, il estime que Vladimir Poutine est l’incarnation du mal absolu et qu’il doit être mis dans le même sac que Staline et Hitler. Et que Zélinski doit être soutenu jusqu’à la défaite de la Russie. Je préfère une démarche qui se nourrit de doutes et d’interrogations préalablement aux conclusions. Pour faire court, et au risque d’être traité de poutinolâtre ou de munichois, j’aime mieux le recul d’Anne Nivat dans La haine et le déni que les certitudes assénées à grands coups d’invective de La grande confrontation.

Quand je suis venu en Russie au début des années 1990, étant viscéralement de gauche et plutôt européen, je partageais la majeure partie des convictions actuelles de Glucksmann. J’ai changé ; sans m’être enrichi d’un kopeck pour cela au cours de mes séjours. Simplement ceci : J’ai constaté très vite que ce passage du communisme au libéralisme économique avait provoqué une véritable catastrophe dont peu de gens en Europe comprenaient l’ampleur. Les années Eltsine ont été terribles pour les Russes (et aussi pour les autres peuples de l’ex-Union soviétique). Le nombre de suicides était incroyablement élevé, l’espérance de vie moyenne en Russie reculait de plusieurs années, concomitamment à l’effondrement du système de santé et à une baisse drastique du niveau vie général. Emmanuel Todd a bien relevé ces faits dans son livre La défaite de l’Occident. Parallèlement à l’enrichissement scandaleux des profiteurs du démantèlement des grands conglomérats soviétiques, les plus exposés - et particulièrement les personnes âgées - se voyaient plongés dans la misère. Parlant russe, j’ai personnellement discuté avec des retraitées de plus de 80 ans obligées de vendre des journaux dehors par moins 25 degrés parce que leur retraite ne leur permettait pas de vivre. Parallèlement, l’insécurité augmentait considérablement. Par rapport à bien des « spécialistes » de la Russie qui ne fréquentent à Moscou que des Russes qui partagent leurs opinions, j’ai eu la chance de me promener en province et de rencontrer non seulement des universitaires ou des cadres supérieurs (j’ai des amis russes dans ces milieux et d’opinions variées), mais aussi des gens très modestes dont certains sont proches du seuil de pauvreté. Que cela plaise ou non, j’ai constaté qu’une majorité de Russes estimaient que sous la présidence de Vladimir Poutine des améliorations importantes avaient été apportées dans leur vie de tous les jours. Et croyez-le, ces Russes qui ont voté Poutine ne sont ni des maffieux, ni des fascistes rouge-brun, ni des décérébrés. Oui, dira-t-on, mais la propagande… La propagande russe, réelle et omniprésente, ne me semble guère plus outrancière que celle de certains intervenants de LCI. Cela ne donne pas pour autant un brevet de sainteté au président russe. Mais il convient de ne pas trop simplifier les choses.

Pour faire le procès de la vénalité qu’il a constaté au Parlement européen, Glucksmann nous rappelle, au début de son livre, l’affaire du Quatargate qui a mis en évidence des cas de corruption de parlementaires européens. Sur ce point, je ne mets pas en doute ses affirmations et je partage son indignation. Il en déduit que la Russie étant plus puissante ses capacités de corruption sont plus importantes. Pourquoi pas ? En revanche, quand il a l’air de suggérer que Poutine a organisé le pillage de l’économie russe avec l’aide d’alliés occidentaux douteux comme Schroeder, je lui répondrai simplement que ce pillage généralisé avait été organisé bien avant lui avec Eltsine. La corruption sous ce dernier était concomitante de la ruine du pays. La corruption sous Poutine subsiste sans doute mais elle s’accompagne d’un grand mieux. Les oligarques qu’il soient russes ou ukrainiens ne me sont pas très sympathiques. Mais les pires sont ceux qui transfèrent à l’étranger leurs milliards comme Berezovski ou Khodorkovski qui ont bénéficié longtemps de la grande indulgence du journal Le Monde parce qu’ils étaient critiques de Poutine.

Sur la guerre en Tchétchénie, événement extrêmement tragique et compliqué, où les atrocités ont été largement partagées par les deux camps, Glucksmann reprend la thématique assénée par la plupart des journaux d’occident : les Russes seuls ont été des bouchers et ont réalisé un véritable génocide en Tchétchénie. Le fait que la Tchétchénie soit aujourd’hui nettement plus peuplée qu’en 2000 ne semble pas les interpeller. Des crimes de guerre ont bien été commis, mais ils ne sont pas l’apanage d’un seul camp. Bassaïev, le chef de guerre le plus redouté des Russes était un fondamentaliste dont j’ai eu la curiosité de consulter le site internet. Son antisémitisme délirant, bien camouflé dans ses interviews au Figaro et autres médias, apparaissait éclatant dans ses pages web au moment du 11 septembre 2001. Dans La grande confrontation, à propos de la Tchétchénie, la référence à la journaliste Sophie Shihab, ukrainienne mariée à un musulman proche des fondamentalistes, ne me parait pas pertinente pour juger impartialement un conflit de ce type. Je constate du reste à ce propos que notre ami Raphaël ne mentionne pas Anne Nivat qui a reçu pourtant la prix Albert Londres pour ses reportages en Tchétchénie – pourtant fort critiques sur les exactions de l’armée russe. Il l’estime peut-être qu’elle devenue un peu trop russophile.

Sur l’Ukraine, les affirmations de l’auteur quant à l’aide qu’elle peut nous apporter me paraissent étranges : elle serait notre ligne de défense contre l’impérialisme russe et elle préserverait notre liberté en luttant pour la sienne. Je n’en crois rien. Le budget militaire de la Russie est trois fois inférieur à ceux des pays européens de l’Otan. On crie aux loups pour se faire peur. Les Russes qui piétinent dans la boue depuis huit mois, sans vraiment percer les lignes, ont laborieusement pris aux Ukrainiens 500 kilomètres carrés. Selon Zelinski les Russes ont eu plus de 300 000 tués (certes il multiplie par trois les pertes ennemies et divise les siennes du même nombre) ; si on s’en tient à ses chiffres, tout cela pour avancer vers l’ouest de 80 km. A ce rythme, pour atteindre Paris la population russe n’y suffirait pas. A contrario, la défaite de la Russie – même si elle semble improbable - serait lourde de menaces. Le risque de confrontation avec cette puissance nucléaire augmenterait considérablement. Glucksmann pense le contraire. Il me semble un peu léger.

Quant à l’amour des Ukrainiens pour la liberté, il reste sans doute fort mais il s’érode puis que Zelinski peine à décréter une conscription pourtant éminemment nécessaire. Contrairement à Zelinski, le général Zaloujny, le chef d’état-major ukrainien limogé depuis pour ses positions, pensait que les deux camps se trouvaient dans une impasse. Les barrières défensives rendant peu probable une percée stratégique de l’un ou l’autre camp. Il pensait aussi au sort de ses malheureux soldats qui continueraient de mourir pour un résultat qui risque bien d’être le même dans deux ou trois ans si la guerre se prolonge. Plutôt que de rabâcher sur Munich et 1938, on ferait mieux de se rappeler la guerre de Corée. Les deux camps, principalement composés des Américains et des Chinois, estimaient être en mesure de l’emporter. Dès janvier 1951 la ligne de front était gelée ; et en plus de deux ans de prolongation de la guerre, rien de fondamental n’avait changé. Les deux camps ont entamé des négociations en 1953 pour arriver à un résultat identique à celui qu’on aurait atteint deux ans plus tôt ; en économisant un million de vies humaines. Ce n’était pas être munichois que d’appeler à négocier en 1951. Les Va-t-en-guerre comme Glucksmann devraient y réfléchir. Ce n’est pas rendre service au peuple ukrainien de vouloir prolonger inutilement ce conflit.

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Notre France : Dire et aimer ce que nous so..

Raphaël Glucksmann a publié ce livre en 2016, juste après la vague de terrorisme islamique qui a durement frappé la France. Mais le sujet reste d'actualité, bien sûr. le sous-titre du livre est explicite: il s'agit de dire comment l'auteur voit notre pays, comment il l'aime (ou voudrait l'aimer). Il défend vigoureusement l'idée d'une France ouverte et généreuse, universaliste et même cosmopolite - celle de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, qui se voulait universelle.

A contrario, il dénonce l'influence des partis d'extrême-droite qui s'exerce sur nos concitoyens. J'ai trouvé très intéressante la critique de l'argumentaire en "triptyque" couramment utilisé par ces partis, déjà en 2016 et encore en 2023: (1) La période actuelle est lamentable, nous sommes en décadence. (2) Autrefois, ça allait beaucoup mieux. (3) Donc, à une époque, ça a dérapé; il faut y remédier maintenant. Selon Glucksmann, tout est faux là-dedans, en particulier le diagnostic simpliste sur notre passé et les pseudo-solutions proposées par les réactionnaires (dans le domaine de l'immigration, par exemple). En s'appuyant sur L Histoire, l'auteur essaie de démontrer que ce type de raisonnements est inexact et illusoire, voire malhonnête.

Plus loin, Il déplore que les valeurs républicaines soient en rapide perte de vitesse et que l'expression « droit-de-l'hommiste » soit presque une insulte, avec tout ce que ça implique.

Il se livre aussi à une critique de tous les partis de gouvernement, en France, qu'ils soient de droite ou de gauche. Idem pour l'Union Européenne. Au contraire, Angela Merkel a droit à un satisfecit pour son « Wir schaffen das » de 2015 (remarque: on observe en 2023 la nette progression de l'AfD dans ce pays !].

Le propos de l'auteur est louable: il veut favoriser la cohésion nationale sur des bases humanistes, qu'on qualifie "de gauche". Mais j'aurais aimé des propositions plus nombreuses et plus précises en vue d'obtenir une meilleure adhésion au système politique français et de développer l'esprit civique des Français. Enfin, selon moi, il y a un peu trop d'idéalisme dans ce livre: en effet, dans notre passé, la « France de Victor Hugo » a été souvent éloignée des idéaux (liberté, justice, fraternité) prônés par notre poète national.
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Les enfants du vide

Un grand merci aux éditions Flammarion et à Babelio pour l'envoi de ce livre dans le cadre de la masse critique non-fiction de février 2021.



A sa sortie, cet essai m'a fait de l'oeil et il était dans mes "pense-bêtes" depuis tout ce temps.

Je le découvre enfin.



En première partie, Raphaël Glucksmann, fondateur du mouvement Place publique, député européen, fait le constat de notre société basée sur la solitude, l'individualisme, le séparatisme social : le néo-libéralisme a créé des enfants du vide, nous tous, des enfants de la mondialisation.

Accentuation des inégalités sociales, rentabilisation des services publics, corruption, populisme, pouvoir des lobbys dans les prises de décisions nationales et européennes, ...

En bref, l'échec de la démocratie accentue en parallèle l'urgence climatique.

Les récentes catastrophes écologiques (notamment Katrina) en sont le résultat.



En seconde partie, là où certains essais ne font que le constat de la société, celui-ci propose des solutions, une écologie politique via un contrat social qui engagerait tous les hommes en tant que citoyens au sein d'une démocratie participative, avec un revenu universel et un pacte fiscal.



Raphaël Glucksmann cite des maîtres de la philosophie (Machiavel, Socrate, Platon, Hegel...) pour étayer ses propos.

Cet essai est instructif, amène à la réflexion. Il propose une alternative qui peut sembler utopiste au regard de la société de consommation et de profit dans laquelle nous vivons. Il permet en tout cas de prendre davantage conscience des enjeux climatiques et qu'une alternative est possible au "je laisse faire car je suis impuissant à ma petite échelle".
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Les enfants du vide

Le nouvel essai de Raphaël Glucksman est passionnant : partant du constat de l'échec de la gauche, il propose une analyse précise, documentée et instructive sur notre société. Avec la référence constante de Machiavel, il étudie la vie politique à l'échelle nationale, européenne et mondiale. Il explique surtout comment les peuples en sont arrivés là : montée des nationalismes, élection de Trump, défiance à l'égard des politiques, puissance des lobbys, démission de Hulot ... Il dénonce l'impasse individualiste et propose un réveil du citoyen. A chacun d'entre nous d'agir et de se saisir de la chose publique.L'ouvrage se veut néanmoins positif puisqu'il se clôt en propositions qui sont celles du mouvement "Place Publique" que le philosophe a récemment lancé.
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Notre France : Dire et aimer ce que nous so..

Raphael Glucksmann veut nous faire partager sa vision de la France et ce qu'être Français veut dire pour lui mais surtout nous pousser à réfléchir de façon différente sur ces thèmes qui font l'actualité.

Pour ma part, c'est réussi.

Le livre apporte un point de vue complet et plutôt enrichissant sur l'histoire de France à travers cette optique. Il nous invite à la réflexion en s'appuyant sur l'histoire de France et certaines grandes œuvres de la littérature francaise (Voltaire, Zola, Montaigne...) qu'il rapproche de notre présent.

Un livre enrichissant à lire pour mieux comprendre l'actualité.
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La Grande Confrontation : Comment Poutine f..

Livre différent de ce que j’ai l’habitude de lire mais qui permet d’avoir une vision plutôt objective de ce qui se passe au niveau de nos décideurs… Et le moins qu’on puisse dire est qu’il va falloir faire bouger les choses et peut-être que l’auteur nous donne quelques solutions non dénuées de sens
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Lettre à la génération qui va tout changer

Avant d'entamer ma troisième critique, laissez-moi vous poser une question.

Croyez-vous en la politique ?

Beaucoup d'entre vous, de droite comme de gauche, en passant par ceux qui ne se reconnaissent même plus dans cet archaïque clivage vont sûrement répondre "non". Les politiques traîtres ; les promesses vites oubliées ; la société de consommation capitaliste excessive ; la dictature des grandes entreprise sur la vie des français ; les leçons sur notre style de vie ; les débats incessants et stériles à la télé, tous vous donné des faux espoirs, vous ont dicté comment penser et voter, mais tous vous ont déçus.



La jeunesse, qui n'as pas encore connu les trahisons des politiques se sent abandonnée avant l'heure. Pourquoi les Ouïgours, l’écologie, et les sujets qui impactent la jeunesse sont-ils plus entendus sur les réseaux sociaux que dans la bouche de Macron ?



Mais, malgré les crises, malgré le sentiment d'être écrasé, incompris et de ne servir a rien, il faut continuer de croire en la politique. Et pour tout ceux qui n'y croient plus, lisez ce livre.



Raphaël Glucksmann, n'est pas qu'un agitateur défendant corps et âme les Ouïgours, c'est un homme cultivé, humaniste et lucide. Défendre les minorités sans tomber dans le communautarisme, défendant la France sans tomber dans le nationalisme, défendre la cause féministe sans tomber de l’extrémisme, défendre l'écologie, en s'attaquant et en citant directement les coupables, ceux qu'on feint de ne pas connaître et de ne pas voir, sans détourner l'attention en attaquant les français qui roulent avec leur voiture pour aller au travail, où qui achètent un sapin pour les fêtes de fin d'année, comme le font certains hommes politiques que je ne citerai pas mais que vous aurez tous visualisés.



Dans cet ouvrage, j'ai vu un homme lucide, un message d'optimisme, qui nous rappelle que la politique PEUT changer les choses, et l'avancement de la cause Ouïgour au sein de l'union européenne est une premirèe bataille gagné dans la Grande Guerre humaniste, écologique et sociale qui nous concerne tous.

Tout cela, magnifiquement explicité, d'une brillante plume munie de métaphores impactantes qui nous parlent à tous.



Dans "Lettre à la Génération qui va tout changer", Raphaël Glucksmann fait plus que pointer avec lucidité, précision, courage et honnêteté les problèmes qui gangrènent notre politique, notre pays, notre continent et notre monde. Il ne se contente pas de dénoncer l'hypocrisie et le non-agissement d'Emmanuel Macron, d'Angela Merkel ou de Joe Biden, qui perpétuent la tradition du libre échange au dépend des travailleurs et de la planète ainsi que nouvel ordre mondial, au dépend du citoyen lui même. Il ne se contente pas de critiquer les fausses promesses du faux-socialisme de François Hollande, qui nous a promis la Gauche et qui nous a laissé avec de la droite et de la déception. Il ne se contente pas de critiquer le scepticisme de Donald Trump ou de Jair Bolsorano, tout en rappelant les grands noms qui ont fait notre historie, tel que Molière, Voltaire ou Hugo, et de ceux qui ont étés les architectes de la pensée Humaniste tel que Kant ou Rousseau.Enfin, il ne se contente pas de dénoncer les grandes enseignes qui participent à l'exploitation humaine moderne, ainsi que les grandes enseignes climaticides. Il nous donne des clés.



On pourrait croire la porte vers l'humanisme, la protection et le progrès de notre pays fermé, mais Glucksmann nous donne les clés pour l'ouvrir. Ces clés, façonnées par notre volonté, car nous voulons tous un monde meilleur, et concrétisées par des mesures ; c'est ce qui fait que cette "lettre" est plus qu'une simple lettre de motivation, mais bien un trésor de rhétorique qui nous pousse à l'action, tout en nous montrant le chemin à suivre.



Glucksmann nous donne des solutions ; Le Made in Europe Act, prônant l'industrie européenne à celle de Chine ; le protectionnisme écologique, en développant une taxe carbone, en taxant certaines importations et en réindustrialisant notre continent pour protéger notre économie, nos travailleurs et notre planète. C'est ainsi qu'il mène sa guerre. En combattant contre le fanatisme islamiste, mais un combat au nom des libertés et de la laïcité. En combattant le racisme comme le communautarisme, l'intolérance comme la ségrégation.



Dans Lettre à la Génération qui vas tout changer, Raphaël Glucksmann donne une leçon à nos hommes politiques en leur rappelant que La République Française n'est pas qu'un slogan. La République Française, c'est des combattre, mais aussi créer, proposer. Et c'est ce qu'il fait avec brio, comme pour le service civique obligatoire, le plan contre les violences faites aux femmes, le plan d'encadrement et de rénovation des loyers, le plan de garantie d'emploi, les nouvelles taxes carbone et sur les grandes fortunes, l'impôt universel et surtout, le réindustrialisation protectionniste, européenne , humaniste et écologiste. Une écologie, défendue avec sincérité, sans se soumettre aux grandes enseignes américaines, de l'énergie, au logement, en passant par les transports et l'agriculture, c'est un projet réel, concret et réalisable que Raphaël Glucksmann nous propose, tout en rappelant que "Vous avez du pouvoir, exercez-le !".
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Lettre à la génération qui va tout changer

"Vous avez du pouvoir, exercez-le"

Ce livre à thèse expose très bien les contre-pouvoirs possibles au sein de l'UE. Dans un environnement politique, l'auteur dénonce très bien les limites de la politique à une échelle telle que européenne. Ma seule critique serait que l'auteur expose en partie le pouvoir que chaque citoyen détient, le pouvoir en tant que consommateur n'est pas du tout abordé.
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Les enfants du vide

Un livre intéressant sur ce que devient la démocratie française néolibérale, le danger populiste, le désastre écologique. Oui nous sommes nés dans une société vide de sens, oui nous avons envie de croire que des chemins qu'il nous propose existent pour sortir de l'impasse. Mais son discours philosophique deviendra-t-il politique ?

Les références philosophiques trop nombreuses nous perdent un peu dans ce discours qui se veut politique. Et c'est peut-être là où le bât blesse.



CHALLENGE ABC 2018 - 2019

CHALLENGE MULTI-DÉFIS 2019
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Les enfants du vide

Je n ai pas de formation science politique ou équivalent. Je suis plutôt un diesel fonctionnant bien dans le binaire et les chiffres. J'a reçu ce livre à Noël de mon ex et je l ai lu le lendemain quasi d une traite dans l après midi. C est rare. La fin ( propositions constructives) est plus ardue par nature et il faut y revenir pour assimiler et y réfléchir. Pour plus tard. Avant, le texte est dans une langue simple, ciselée et actuelle une très belle analyse de la situation telle que je la ressents. Je n aurais jamais pu l articuler ainsi et ce texte m a aidé énormément. Je relirai pour faire miennes ces formulations très réfléchies. L auteur est jeune et manque de pratique économique (comment fonctionne une épicerie, une activité artisanale exposée à la compétition ou une grosse boîte multinationale avec actionnaires). Cela se sent très fort dans quelques passages. Donc de l idéalisme qui ne tient pas la route et des simplifications. J aurais dû prendre des notes de suite. Ces quelques lacunes ou raccourcis sont critiques au niveau élevé où il ambitionne à juste titre de vouloir opérer. Mais cela n enlève que très peu à la qualité générale tant de la trame que de ce qui l étaye. Je recommande très vivement à ceux interpellés par la transformation rapide de notre monde. Je relirai en prenant mon temps et ma plume. Vive l action politique des citoyens. Je ne m y suis suis jamais livré mais pas trop tard j espère. Il est grand temps que je me botte les fesses, et pas tout seul!







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Les enfants du vide

Coconut a fait une belle critique élogieuse du bouquin à laquelle je ne peux que souscrire. Le diagnostic est exprimé dans des termes clairs et étayé par des références philosophiques, historiques et politiques. Le parcours intellectuel et de vie personnel de l'auteur lui apporte une qualité humaine précieuse.

La première partie débouche sur des idées et des perspectives d'action qui hélas ne sont que des esquisses, que l'on aimerait voir approfondies dans un ouvrage à venir, même si Raphaël Glucksman évoque des expériences de démocratie locale prometteuse. Mais le plus gros morceau, c'est la lutte contre les gardiens de l'ordre existant qu'il ne fait qu'effleurer, même s'il affirme qu'on ne pourra pas en faire l'économie.

Mais justement à ce propos quelles sont les armes à notre disposition ? Quels sont les scénarios envisageables ? Si l'Europe est la bonne échelle pour conduire les actions, comment changer son logiciel profondément libéral alors qu'il n'existe pas de majorité allant dans ce sens à ce niveau ? Voilà des questions qui mériteraient des réponses et une préparation sérieuse. RG évoque des idées audacieuses énoncées par un jeune alors prometteur, Emmanuel Macron - on voit aujourd'hui ce qu'il en est advenu.

Quels sont les voies et moyens à la disposition des citoyens pour lutter contre la sanction "des marchés" ?
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Notre France : Dire et aimer ce que nous so..

Un excellent ouvrage qui nous replonge dans nos tumultueuses racines et qui démonte les nombreux "c'était mieux avant". Très instructif, fourmillant de milles anecdotes, il nous permet de prendre du recul vis-à-vis de la France d'aujourd'hui et nous rappelle que l'histoire de notre pays n'a pas été un long fleuve tranquille. Au contraire ! De siècle en siècle, nous nous sommes construits au fil de luttes, de révolutions... et ce que nous sommes (cosmopolite, droit de l'hommiste, ouvert, enthousiaste...) s'est fait grâce à des combats idéologiques.



Ce livre donne envie de s'investir en tant que citoyen, c'est salutaire en cette grise période !
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Thème : 35 kilos d'espoir de Anna GavaldaCréer un quiz sur cet auteur

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