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Citations de Reinhard Steiner (26)


Lettre de Schiele à son futur beau-frère :
" Vienne est le règne de l'ombre, la ville est noire, tout y est artificiel. Je veux être seul. Je veux aller en forêt de Bohême. Mai, juin, juillet, août, septembre, octobre ; il me faut voir et explorer des choses nouvelles, je veux goûter de sombres eaux, des arbres grinçants, je veux voir des airs sauvages, m'étonner de clôtures décomposées, je veux les vivre, je veux entendre de jeunes forêts de bouleaux et des feuilles frémissantes, voir de la lumière, du soleil et jouir du vert bleuté des vallées humides au crépuscule. Sentir briller des poissons rouges, voir se construire des nuages blancs, parler aux fleurs. Contempler des herbes, des gens aux joues roses, de vieilles églises respectables, savoir dire les petits clochers ; je veux parcourir sans retenue de rondes collines couvertes de champs et traverser de grandes étendues, je veux embrasser la terre et humer les mousses chaudes et douces ; alors je donnerai forme à de belles oeuvres : des champs rayonnant de couleurs... "
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L'auteur cite Arthur Roessler qui avait recueilli les souvenirs d'Egon Schiele :

"On avait en effet reconnu dans certains des tableaux peints par Schiele, que ce dernier était capable de retourner l'intérieur de l'homme vers l'extérieur, et l'on répugnait à regarder ce que l'on avait soigneusement caché de décomposition putride et galeuse. Egon Schiele a vu et peint des visages humains qui ont des lueurs pâles, qui sourient douloureusement, qui ressemblent à des visages de vampires à qui leur répugnante nourriture fait défaut. Les visages de possédés (!), dont les âmes sont purulentes, et qui coagulent des souffrances inouïes en un masque pétrifié...
Dans ces visages humains, il a vu et peint des yeux froids comme des pierres précieuses, qui rayonnent du pâle reflet de la décomposition, et il a peint la mort sous la peau. Avec une grande candeur, il voyait des mains tordues, déformées, des mains décharnées aux ongles jaunes... Mais on se trompe en pensant qu'il peint toutes ces choses par perversité..."
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Poème d'Egon Schiele ( car il était aussi poète!)
Saveur du rouge, parfum des blancs vents berceurs,
Vois dans l'immensité : soleil.
Contemple de jaunes scintillements d'étoiles,
Jusqu'à te sentir bien et fermer tes mirettes.
Des mondes cérébraux étincellent dans tes cavernes.
Laisse trembler en toi les doigts intérieurs,
Goûte l'élément,
Toi qui dois te chercher, trébuchant, assoiffé,
Toi qui es assis en sautant, allongé en courant,
Toi qui rêves allongé, qui veilles en rêvant.
Fièvre bouffe faim et soif et déplaisir,
Le sang se fraie un chemin.
Père, toi qui es là, regarde-moi,
Enveloppe-moi,
Donne-moi !
Monde si proche va et viens hors de toi.
Etends maintenant tes nobles os,
Prête-moi une tendre oreille,
Et des yeux pâles et bleus.
Ceci, père, était là --
Me voici devant toi !
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Certains autoportraits nous renvoient ainsi immanquablement au Portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde (1890), portrait qui vieillit et s'enlaidit alors que son modèle continue à vivre son intacte beauté. L'étrangeté du roman repose précisément sur cette inversion du rapport ordinaire entre le modèle et l'image : le portrait peint y devient le véritable miroir de l'âme, il fait apparaître des traits que ne montre nullement l'original. Les contemporains de Schiele semblent avoir éprouvé quelque chose de similaire à la vue de certains de ses autoportraits. C'est ainsi que dans un compte-rendu du 11 novembre 1912, Friedrich Stern écrivait : "Il y a là aussi un autoportrait que l'on a du mal à reconnaître comme tel en raison de l'état de décomposition avancé qui l'habite et dans lequel l'artiste pense devoir se représenter. Cela est somme toute assez désolant..." Schiele ne se sert donc pas d'un reflet de sa propre image pour établir son identité, mais pour chercher l'autre moi que ses tableaux lui permettent de fixer.

L'artiste et son double, p. 8
Reinhard Steiner
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Le grand nombre des autoportraits -- environ une centaine -- , ne témoigne pas seulement du fait que parmi ses collègues historiques, Egon Schiele peut être considéré comme l'un des observateurs les plus assidus de sa propre personne, mais tend également à faire penser qu'il s'agit là d'un être que l'on pourrait qualifier de narcissique. Et de fait, Schiele n'était rien moins qu'un observateur maniaque de sa propre personne. Mais au-delà de cette constatation, il convient de dire que Schiele était avant tout un peintre, peintre qui fixait sa propre personne et ses poses, sur un mode essentiellement pictural, qui se "représentait lui-même".
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Même l'art érotique comporte une part de sacré.
Egon Schiele

Le corps, support de l'expressivité, p. 38
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C'est au plus profond de l'être, entre l'âme et le cœur, qu'on ressent un arbre d'automne au milieu de l'été. C'est cette mélancolie que je veux peindre. (Egon Schiele)
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Il ne fait aucun doute que Schiele était entré en contact avec les idées et les écrits de Nietzsche, qui circulait alors à Vienne tout autant qu'à Munich ou à Berlin. Rien ne permet de supposer que Schiele, homme de la pure sensation visuelle, l'ait étudié ou seulement lu, et cela est d'ailleurs sans grande importance. Au-delà de toute influence immédiate, nombre de ses tableaux et poèmes dénotent cependant une parenté manifeste avec des conceptions nietzschéennes.
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L'oeuvre d'art érotique a, elle aussi, un caractère sacré.
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Dans une lettre de 1913 au collectionneur Franz Haueur, Schiele décrivait son travail sur une vision de la nature qui ne s'étend pas seulement au tableau achevé, mais aussi aux dessins préliminaires : "Je fais aussi des études, mais je pense et sais que le dessin d'après nature n'a aucune importance pour moi, parce que je travaille mieux de mémoire ; mes tableaux sont des visions du paysage - en ce moment, j'observe les mouvements physiques des montagnes, de l'eau, des arbres et des plantes. Ce sont partout des réminiscences de mouvements comparables au corps humain, des pulsions de la joie et de la souffrance dans les plantes. La peinture seule ne me suffit pas ; je sais que les couleurs permettent de créer des qualités. - C'est au plus profond de l'être, avec l'âme et le coeur, qu'on ressent un arbre d'automne au milieu de l'été. C'est cette mélancolie que je veux peindre. -"
Egon Schiele

Paysages de l'âme, p. 80
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Un critique comme Max Nordau avait mis en circulation le concept fatal de "Entartung" (dégénérescence, terme de prédilection de l'idéologie nazie. donnant ainsi droit de cité au rejet de tout ce qui est inconnu et maladif. C'est là un reproche dont Schiele aura lui aussi a se défendre.
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Si sa démarche constitue un refus du caractère blasé et de la contenance stylisée qui parcourt les représentations humaines de l'art nouveau Viennois, il n'en demeure pas moins que l'art de Schiele ne propose aucune issue pour l'homme, qui reste une marionnette sans défense livrée au jeu de l'omnipotent des forces de l'affect.
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Schiele apparaît comme un artiste dont l'intérêt principal est dominé par l'expression qui se manifeste dans l'attitude et la mimique
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les corps ne sont pour ainsi dire jamais détendus; en règle général il sont tordus de façon quasi acrobatique, ils sont exhibés.
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Chez Klimt, le spectateur pénètre dans la sphère intime d'une personne, il est conduit à voir une scène qui ne lui est pas destinée, et dont il demeure le spectateur secret est invisible, ce qui lui permet de prendre du plaisir sans se faire reconnaître. Chez Schiele en revanche, les nus qui sont représentés donnent l'impression de poses que l'artiste a consciemment arrangées et qu'il soumet à son regard.
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D'un point de vue formel, l'excentricité de ses dessins repose sur le fait que Schiele décale généralement ses corps par rapport au centre, il ne les place que rarement de face ou en plein centre du tableau. Il les saisit dans les variations les plus diverses de vues supérieures ou latérales, générant souvent ainsi des poses étranges et des mouvements bizarres par cette seule manière inhabituelle de les regarder.
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D'une façon totalement antiacadémique et radicalement subjective, il invente des angles et des points de vue qui font apparaître des corps tordus, crispés, déformés sur le plan de la composition.
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Schiele renonce à toute perspective ordinaire qui confère leur assise spatiale aux positions du corps.
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Ses dessins tendent à saisir le corps dans sa totalité par des lignes et des con tours coulants et doux, et il est avare qu'ils donne le sentiment d'un instant fugace. En revanche, le graphisme de Schiele produit une apparence de fragilité et de crispation, la ligne est souvent brisée, rarement droite ou encore moins courbe; elle fait ressortir le sujet, insistant plus ou moins selon que l'accent se porte sur tel ou tel détail, mais elle conserve cependant toujours une telle assurance et une telle retenue, que même les critiques sceptiques n'ont pu s'empêcher de reconnaître en Schiele un génie du dessin.
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Même lorsqu'ils saisissent le modèle sur le vif, dans un certaine pose ou sous un certain angle, les contours de Klimt confèrent à ses dessins quelque chose d'achevé
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