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Citations de René Char (1425)


Retroussées et de nuit,
les lèvres des fleurs ;
croisées,
enchevêtrées,
les hampes des pins ;
rembrunie la mousse,
ébranlé le rocher ;
éveillés pour le vol infini,
les choucas du glacier :

C’est le pays où font halte
les autres, enfin rejoints.

Ils ne nommeront pas l’heure,
ni ne dénombreront les flocons,
ni ne suivront les eaux vers la digue.

Ils se tiennent isolés dans le monde,
chacun du côté de sa nuit,
chacun du côté de sa mort,
rogues, nu-tête, givrés
d’Immédiat, givrés
de Lointain.

Les voici, porteurs de la faute
qui anima leur départ ;
ils s’en acquittent
en faveur d’un mot
existant à tort, tel l’été.

Un mot - tu sais bien :
un mort.

Lavons-le,
peignons ses cheveux,
tournons son oeil
vers le ciel.

Paul CELAN à René CHAR - 1955
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Mon amour, peu importe que je sois né : tu deviens visible à la place où je disparais.
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René Char
Un homme sans défauts est comme une montagne sans crevasses.Il ne m'intéresse pas.
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René Char
Impose ta chance, serre ton bonheur et va vers ton risque. A te regarder, ils s'habitueront.
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PLISSEMENT
(évoque le débarquement allié en Afrique du Nord. Décembre 1942)

. . Qu’il était pur, mon frère, le prête-nom de ta faillite – j’entends tes sanglots, tes jurons –. O vie transcrite du large sel maternel ! L’homme aux dents de furet abreuvait son zénith dans la terre des caves, l’homme au teint de mouchard tuméfiait partout la beauté bien-aimée. Vieux sang voûté, mon gouverneur, nous avons guetté jusqu’à la terreur le dégel lunaire de la nausée. Nous nous sommes étourdis de patience sauvage ; une lampe inconnue de nous, inaccessible à nous, à la pointe du monde, tenait éveillé le courage et le silence.

. . Vers ta frontière, ô vie humiliée, je marche maintenant au pas des certitudes, averti que la vérité ne précède pas obligatoirement l’action. Folle sœur de ma phrase, ma maîtresse scellée, je te sauve d’un hôtel de décombres.

. . Le sabre bubonique tombe des mains du Monstre au terme de l’exode de temps de s’exprimer.
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Horrible journée ! J'ai assisté, distant de quelque cent mètres, à l'exécution de B. Je n'avais qu'à presser la détente du fusil-mitrailleur et il pouvait être sauvé ! Nous étions sur les hauteurs dominant Céreste, des armes à faire craquer les buissons et au moins égaux en nombre aux SS. Eux ignorant que nous étions là. Aux yeux qui imploraient partout autour de moi le signal d'ouvrir le feu, j'ai répondu non de la tête... Le soleil de juin glissait un froid polaire dans mes os.
Il est tombé comme s'il ne distinguait pas ses bourreaux et si léger, il m'a semblé, que le moindre souffle d'air eût dû le soulever de terre.
Je n'ai pas donné le signal parce que ce village devait être épargné à "tout prix". Qu'est-ce qu'un village ? Un village pareil à un autre ? Peut-être l'a-t-il su, lui, à cet ultime instant ? (Fragment 138)
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René Char
Nous sommes venus jusqu'ici car là où nous étions ce n'était plus possible. On nous tourmentait et on allait nous asservir. Le monde, de nos jours, est hostile aux Transparents.
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Un brin d'allumette suffit à enflammer la plage où
vient mourir un livre.

Le Nu perdu/Dans la pluie giboyeuse/Le terme épars
p.446

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Je suis épris de ce morceau tendre de campagne, de son accoudoir de solitude au bord duquel les orages viennent se dénouer avec docilité, au mât duquel un visage perdu, par instant s'éclaire et me regagne.
De si loin que je me souvienne .... (vite procurez vous ce bijou de poésie !)
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Poètes

La tristesse des illettrés dans les ténèbres des bouteilles
L'inquiétude imperceptible des charrons
Les pièces de monnaie dans la vase profonde

Dans les nacelles de l'enclume
Vit le poète solitaire
Grande brouette des marécages.

(p. 26)
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René Char
Pour qu'une forêt soit superbe
Il lui faut l'âge et l'infini.
Ne mourez pas trop vite, amis
Du casse-croûte sous la grêle.
Sapins qui couchez dans nos lits,
Éternisez nos pas sur l'herbe.
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Il n'y a que deux conduites dans la vie : ou on la rêve, ou on l'accomplit. (p 23)
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MARTHE

Marthe que ces vieux murs ne peuvent pas s’approprier, fontaine où se mire ma monarchie solitaire, comment pourrais-je jamais vous oublier puisque je n’ai pas à me souvenir de vous : vous êtes le présent qui s’accumule. Nous nous unirons sans avoir à nous aborder, à nous prévoir comme deux pavots font en amour une anémone géante.

Je n’entrerai pas dans votre cœur pour limiter sa mémoire. Je ne retiendrai pas votre bouche pour l’empêcher de s’entrouvrir sur le bleu de l’air et la soif de partir. Je veux être pour vous la liberté et le vent de la vie qui passe le seuil de toujours avant que la nuit ne devienne introuvable.

Le Poème pulvérisé 1943-1947
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RICHE DE LARMES

Merveilleux moment que celui où l'homme n'avait nul besoin de silex, de brandons pour appeler le feu à lui mais où le feu surgissait sur ses pas, faisant de cet homme une lumière de toujours et une torche interrogative.

[…]

Pourquoi changer la pente du chemin qui conduit du bas jusqu'au sommet et que nous n'avons pas le temps ni la force de parcourir en entier ?

L'art est fait d'oppression, de tragédie, criblées discontinûment par l'irruption d'une joie qui inonde son site, puis repart. Laissons l'énergie et retournons à l'énergie. La mesure du Temps ? L'étincelle sous les traits de laquelle nous apparaissons et redisparaissons dans la fable.

La seule liberté, le seul état de liberté que j'ai éprouvé sans réserve, c'est dans la poésie que je l'ai atteint, dans ses larmes et dans l'éclat de quelques êtres venus à moi de trois lointains, celui de l'amour me multipliant.

La zone d'écriture si difficile d'accès, nue au bas de l'abrupt, mais retirée à lui.

Il faut à tout moment expulser de soi ce qui trouble cette source, et couche jonc et roseaux, chers à l'Aimée. Plus de place, sur la planète, même en se serrant.

pp. 175-178
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Je suis le poète, meneur de puits tari que tes lointains, ô mon amour, approvisionnent.
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Vivre, c'est s'obstiner à achever un souvenir.
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Ma renarde,

Ma renarde, pose ta tête sur mes genoux. Je ne suis pas heureux et pourtant tu suffis. Bougeoir ou météore, il n'est plus de cœur gros ni d'avenir sur terre. Les marches du crépuscule révèlent ton murmure, gîte de menthe et de romarin, confidence échangée entre les rousseurs de l'automne et ta robe légère. Tu es l'âme de la montagne aux flancs profonds, aux roches tues derrière les lèvres d'argile. Que les ailes de ton nez frémissent. Que ta main ferme le sentier et rapproche le rideau des arbres. Ma renarde, en présence des deux astres, le gel et le vent, je place en toi toutes les espérances éboulées, pour un chardon victorieux de la rapace solitude.
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René Char
Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus ; qui au juste l'aima ?

Il cherche son pareil dans le vœu des regards. L'espace qu'il parcourt est ma fidélité. Il dessine l'espoir et léger l'éconduit. Il est prépondérant sans qu'il y prenne part.

Je vis au fond de lui comme une épave heureuse. A son insu, ma solitude est son trésor. Dans le grand méridien où s'inscrit son essor, ma liberté le creuse.

Dans les rues de la ville il y a mon amour. Peu importe où il va dans le temps divisé. Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler. Il ne se souvient plus ; qui au juste l'aima et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas ?
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René Char
Les mots qui vont surgir savent de nous ce que nous ignorons d'eux.
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S'il n'y avait pas parfois l'étanchéité de l'ennui, le coeur s'arrêterait de battre.
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