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Critiques de Revue Bifrost (227)
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Bifrost, n°109 : Dossier Valerio Evangelisti

Bifrost n° 109 - recueil de nouvelles de SF - Lu en juillet 2023.



Je n'ai lu que l'une d'entre elles et juste parcouru les autres,

parce que je suis allée jeter un oeil (quelle expression marrante !) sur le blog de ma fille, que j'ai lu ses chroniques et je me suis attardée sur une plus particulièrement. Voici le lien du blog de ma fille, passionnée de SF mais pas que et ancienne babéliote.

https://dragongalactique.com/



Je suis donc sortie de ma zone de confort, n'ayant jamais pu "entrer" dans le genre SF.



J'en viens à ma chronique sur la nouvelle d’Émilie Querbalec - Skin.



Vous l'aurez tous compris, il s'agit d'une histoire de peau.



L'histoire commence à la Maison aux Acacias, sorte d' hôpital dirigé par une docteure où se pratique une étrange reconversion de peaux, avec l'assistance de nurses aux cerveaux programmés pour accomplir certaines tâches dont la surveillance des patientes.



Alma est l'une d'entre elles, au caractère bien trempé et qui arrive à détourner les règlements. Elle a ainsi déjà tenté deux fois de s'enfuir. Un jour une nouvelle arrive et Alma fait tout pour obtenir son nom, elle y parviendra par la ruse et finira par connaître aussi l'endroit où se trouve la chambre d'Iris car bien entendu il leur est interdit de communiquer entre elles.



Comment Alma parviendra-t-elle à communiquer avec Iris, les nurses étant programmées à parler différents langages avec leurs patientes ? Pourquoi pratique-t-on le renouvellement de peau dans la Maison aux Acacias ?

Que va-t-il advenir d'Alma et Iris ?



J'ai bien aimé cette nouvelle mais j'ai terminé avec un sentiment de frustration car il n'y avait pas de fin, je n'ai pas compris où voulait m'emmener Émilie Querbalec, mais faut-il absolument un aboutissement à une histoire ?



Le style est vif et agréable à lire, on ne s'ennuie pas.



Émilie Querbalec a vécu sa prime jeunesse au Japon, le pays de sa mère pour ensuite retourner en France et y poursuivre une scolarité en prépa littéraire pour passer à la photographie, histoire de l'art, langues orientales. Elle publie ses premières nouvelles en 2010 puis un premier roman en 2018 "Les oubliés d'Ushtâr", suivi d'un second en 2020 "Quitter les monts d'Automne" publié chez Albin Michel qui a obtenu entre autres, le pris Européen de Science-fiction, ainsi qu'un troisième" Les chants de Nüying" aussi chez Albin Michel qui a été récompensé par le prix Méditerranée de l'Imaginaire 2023 . Son quatrième roman Les Sentiers de Recouvrance sortira en janvier 2024 et sera à portée de lecteurs-trices à partir de 15 ans.



Avis donc aux amateurs de SF !!!
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Bifrost, n°80 : Dossier Stephen King

Stephen King est dans la revue Bifrost Nº 80 !!!

Extraordinaire !!!



Le Bifröst (« chemin scintillant ») est, dans la mythologie nordique, l'arc-en-ciel qui fait office de pont entre la Terre (Midgard) et le Ciel (Ásgard)



Bifrost est une revue littéraire -en français- de science-fiction et de fantasy. Trimestrielle, (créée en 1996 et publiée aux éditions Le Bélial) elle a pour objet de présenter l’actualité complète des mondes « imaginaires »:

nouvelles, dossiers thématiques, interviews d'auteurs, critiques d'ouvrages…

Chaque numéro est consacré à un auteur ou à un thème particulier et contient une bibliographie complète de l'œuvre de l'auteur traité.

Ici Stephen King bien sûr -191 pages en l’honneur de notre écrivain préféré - mais aussi d’autres numéros passionnants, par exemple à propos de Lovecraft, Philip K.Dick, Asimov ou Bradbury… Formidable et

indispensable !!
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Bifrost, H.S. n°1 : Michael Moorcock

Marrant, je croyais connaître Michael Moorcock mais ce hors série de Bifrost m’a convaincu du contraire.



De fait, je n’ai lu de lui que certains cycles de fantasy intégrés à son multivers (Elric, Hawkmoon, Erekosë), et même si chacun de ces héros a quelque chose d’original, une certaine complexité (surtout Elric), cela se lit facilement au premier degré. On y retrouve souvent ces héros en chemin vers un objectif – souvent un objet – et affrontant au passage des monstres affreux mais moyennement dangereux. Bref, malgré le côté impressionnant de son multivers et de son Champion Éternel aux multiples incarnations, je ne le voyais pas vraiment comme un auteur à message.



Ce magazine m’a totalement fait changer d’avis. En premier lieu l’article de John Clute retraçant sa biographie et ses œuvres principales, mais surtout le long article de Moorcock lui-même décrivant sa carrière d’éditeur du magazine New Worlds. Moorcock fait partie d’un petit groupe d’auteurs qui désire écrire de l’Imaginaire différemment, en réaction à ce que les pulps bang bang ah ! ah ! je vais conquérir le monde a à offrir. Et New Worlds leur offre une tribune. On retrouve dans ce groupe des auteurs comme J. G. Ballard, John Brunner ou Thomas Disch. Ce ne sont pas les auteurs les plus gais du panthéon des écrivains, mais il est vrai que leurs voix apportent un contrepoint qui n’existait pas vraiment auparavant.

Bon, maintenant faut bien avouer que je ne suis pas un fan absolu de ce que ces auteurs ont à offrir. Du coup je me demande si j’aimerais le Moorcock que je découvre. Le guide de lecture me confirme que cela risque de ne pas être le cas. Oserais-je lire du von Bek ou du Jerry Cornelius ? Aimerais-je les Danseurs de la fin des temps ou Mother London ? Je doute.



Cependant le pack de nouvelles et novellas proposées m’a plu. Bon, ce n’est pas le cas de la première – Un plus grand conquérant – qui, bien qu’elle montre une fantasy proche des classiques moorcockiens à la sauce Alexandre le Grand, est trop superficielle, manichéenne et « simplement tueuse de monstres » à mon goût. « La bête d’amour » propose une fin du monde très originale, ironique et quelque part, drôle. « Mars » est décrite en préface comme une Chronique martienne revue et corrigée par Leigh Brackett et J. G. Ballard, et je ne saurais dire mieux. Quant à l’intrusion dans le mythe du Graal de la nouvelle « Les oiseaux lunaires », elle parvient en peu de pages à montrer une histoire merveilleuse et tragique vécue par un homme à la personnalité touchante et pathétique (et l’idée de passages entre univers est là aussi, on ne se refait pas).



Je vous l’avoue, à la lecture du dossier je me disais que je n’étais pas dans le mood pour attaquer du Moorcock alors que j’en avais l’intention. Les nouvelles, et le temps passant, ont effacé ce sentiment. Le cycle de Corum sera donc l’un de mes cycles de 2022.

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Bifrost, n°92 : Dossier Theodore Sturgeon

Il n’y a rien à faire, je n’arrive pas à m’intéresser à Théodore Sturgeon.

Pourtant son histoire n’a rien d’inintéressant. Il y a même de quoi être fasciné par ce trait de caractère qui faisait qu’il ne pouvait écrire que lorsqu’il était heureux, et de quoi être impressionné par la taille de son œuvre : pas moins de 250 nouvelles (et peu de romans). Le descriptif des ouvrages est même alléchant.

Mais j’ai essayé de lire l’un de ses classiques il y a longtemps – je ne me souviens même plus s’il s’agit de Cristal qui Songe ou des Plus qu’Humains – et je n’en ai conservé aucun souvenir, pas même un fantôme de ressenti bon ou mauvais.

Et à nouveau aujourd’hui les deux nouvelles présentées dans ce numéro de Bifrost m’ont laissé de glace. Il y a pourtant l’une de ses classiques : « L’homme qui a perdu la mer ». Eh bien je n’ai pas pu arriver au bout. Ce n’est pas mal écrit, loin de là, mais le style n’opère pas sur moi. Je m’ennuie, je pense vite à autre chose, je n’ai qu’une envie : refermer le livre tout de suite.

Incompatibilité incompréhensible pure et simple. Nos esprits ne s’emboitent pas. Nous sommes deux aimants pourvus de la même polarisation et qui se repoussent.

Vu les commentaires élogieux qui parsèment ce magazine, je pense cependant que nombre d’autres personnes trouveront leur compte avec cet auteur.



Les deux autres nouvelles du numéro ne m’ont pas plus fait frémir. Dans « Brumes fantômes », Thierry di Rollo déploie un décor intriguant au fort potentiel mais se contente d’y conter un règlement de compte entre le fils abandonné et le père mourant. Du gâchis. Quant à « Aux portes de Lanvil » de Michael Roch, les descriptions effroyables m’ont rapidement rendu nauséeux et j’ai laissé tomber.



Bref ce numéro échoue avec moi. J’espère qu’il plaira à d’autres.

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Bifrost, n°78: Spécial Ursula Le Guin

C’est une nouvelle année qui commence… et mon premier Bifrost. Champagne !! (heu, non, il est trop tôt là).



Eh bien c’est une belle découverte que cette revue de l’Imaginaire. On y trouve quelques nouvelles, des news du milieu SFFF, un paquet de critiques de bouquins, des articles mi SF / mi sciences (un truc dément sur la science dans Star Wars ici), et un big maousse dossier sur un auteur ou, parfois, un thème. Le n°78 se consacre à la grande par le talent Ursula K. Le Guin.



Je passe rapidement sur les critiques — que j’ai trouvées assassines quand le chroniqueur n’aime pas, mais qui donne bien envie d’aborder le bouquin quand il aime — pour focaliser sur le dossier. Là, ce sont les qualificatifs « complet » et « exhaustif » qui me viennent au clavier. C’est carrément « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Ursula le Guin, et même ce que vous ne vouliez pas savoir ». On commence par un retour biographique où sa longue carrière est décortiquée, puis on continue avec une interview assez récente (2013) qui constitue un bon complément à son essai « Le Langage de la Nuit » (années 1970). Les grandes lignes constitutives de son œuvre sont disséquées : l’anthropologie (veine familiale) et l’altérité, l’abandon de la notion de progrès comme élément d’évolution intrinsèque de l’humanité, le taoïsme et le yin-yang, le féminisme et la liberté sexuelle. On apprend que Cordwainer Smith est une de ses sources d’inspiration majeures (faudra que je lise les Seigneurs de l’Instrumentalité, depuis le temps que je me le dis), qu’elle déteste la SF typée pulps et trouve que la Hard Science est trop déshumanisée (je ne suis pas d’accord, ce genre d’attaque contre l’introduction des sciences dures dans la littérature m’agace, à force).



Ensuite c’est le corpus complet de l’auteur traduit en français qui est décortiqué dans plusieurs articles. D’abord le cycle de l’Ekumen, puis Terremer, puis ses nouvelles, ses romans pour enfants (si, si ! allez voir du côté des « chats volants ») et les quelques romans non affiliés aux deux grands cycles (Lavinia, L’autre côté du rêve, les romans de littérature générale). A la lumière des connaissances que l’on a acquises sur Le Guin, on découvre un élément commun aux deux grands cycles : les deux présentent des décors qui favorisent le particularisme, la création d’humanités dotées de caractéristiques spécifiques ; dans le cas de l’Ekumen, ce sont les distances interstellaires et l’absence de « passages court-circuit » du genre trous de ver ou hyperespace, pour Terremer c’est la multiplicité des îles. Des rapprochements avec Jack Vance et Christian Léourier sont inévitables. Ces articles ont deux effets contradictoires bien dans l’esprit du taoïsme : ils créent une profonde envie de lire mais ils spoilent beaucoup.



Trois nouvelles débutent le magasine (je les ai lues à la fin) : deux nouvelles d’Ursula le Guin prennent en sandwich un écrit de Laurent Genefort qui appartient à l’univers d’Omale.

« Ceux qui partent d’Omelas » est comme un bout de charbon qui cache un diamant en son sein. Le Guin nous évoque une ville utopique où règne un bonheur naïf. Discutant avec son lecteur, l’auteur sait que ce qu’elle écrit est perçu comme naïf et gnangnan, et alors elle nous dévoile le yang derrière le yin, l’ombre qui crée la lumière (pour une fois). Et là, bam ! c’est la claque dans la tronche. Tout simplement sublime.

« Le mot de déliement » a l’honneur d’être la nouvelle qui introduit l’univers de Terremer, à travers le combat d’un magicien pour se libérer d’un terrible sorcier que l’on ne voit jamais. Tout est annoncé ici de l’univers de Terremer : bien et mal enchaînés l’un à l’autre, mourant l’un avec l’autre, une autre illustration appliquée du taoïsme (sur lequel il va falloir que je me penche un peu).

Enfin « Ethrag », de Laurent Genefort, est ici car le cycle d’Omale est censé beaucoup s’inspirer de Jack Vance et d’Ursula le Guin. Je fais partie des « étourdis » (ainsi introduit-on la nouvelle dans le magasine) qui ne le connaissent pas. La construction de cette sphère de Dyson aux dimensions d’un système solaire abritant trois espèces intelligentes ayant oublié comment elles sont arrivés là a de quoi donner le vertige, en effet. Cependant cette nouvelle, pour fort qu’en soit le thème, ne profite pas de l’exotisme de son décor. Genefort y introduit des hommes aux manières et pensées du 19ème siècle et les pires moments du 20ème : des scientifiques ayant oubliés la compassion, une église fondamentaliste et réactionnaire, une guerre qui rappelle celle de 1914, un procès pour crime contre… disons, la sentience. Bref, on est loin d’une analyse anthropologique d’une espèce incroyablement différente. Les messages priment sur le voyage.



Je suis ravi d’avoir découvert Bifrost. Nul doute que j’y repasserai cette année (le dossier Poul Anderson m’attend). Et je suis impressionné par la qualité du dossier sur Ursula le Guin dont il semble que tous les membres de la ligne éditoriale soient grands fans. En ce qui me concerne, je n’ai qu’à me lancer à nouveau dans son œuvre, depuis le début.

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Bifrost, n°84 : Special Robert E. Howard

De Robert E. Howard, je n’ai lu qu’un recueil Best Of de Conan édité chez Milady. C’était splendide. Cela (et les critiques d’Alfaric) a éliminé les quelques préjugés que je portais sur ces écrits depuis mon adolescence. Quand ce Bifrost spécial Howard est sorti, je me suis dit que c’était l’occasion de mieux connaître l’homme et l’œuvre.



Le dossier est mis en musique par un expert mondial du genre : Patrice Louinet, également maître d’œuvre de l’intégrale Howard chez Bragelonne. La courte biographie fait bien ressortir cette sorte de mal de vivre qui l’accompagnait dans son quotidien et l’amènera au suicide à seulement 30 ans, après de décès de sa mère.

Suivent des articles thématiques de qualité. J’ai moyennement apprécié ceux qui creusent la question du genre de littérature qu’écrivait Howard, simplement parce que ce sujet m’ennuie vite. En revanche celui qui met les deux grandes figures de l’époque face à face : Howard et Lovecraft, est profondément intéressant quant au contraste profond entre leurs styles, leur philosophie de la vie. Howard croit que la civilisation est un accident de l’Histoire, que seule la barbarie constitue un état stable, là où Lovecraft ne jure que par l’homme civilisé. Malgré ou à cause de leurs différences, ces deux hommes s’admiraient beaucoup.

Les autres articles sont consacrés à l’œuvre et à son parcours éditorial mouvementé, aussi bien aux USA (on nous fait un portrait de Lyon Sprague de Camp peu réjouissant en tant qu’exploiteur de l’œuvre d’Howard) qu’en France avec les éditions NéO (les couverture de ces livres me faisaient peur quand j’étais jeune) puis l’intégrale chez Bragelonne. A l’issue, je sais enfin ce que je lirai en premier de Howard quand ma PAL m’en laissera l’occasion ; ce sera Bran Mak Morn à cause des Pictes déjà aperçus dans la superbe nouvelle de Conan « Au-delà de la rivière noire ».



Les trois nouvelles du magazine valent leur pesant de cacahuètes. Celle de Romain Lucazeau est une sorte d’avant-goût à son roman Latium, que je n’ai pas lu mais qui fait un tabac. Un décor puissant, une uchronie basée sur l’empire Romain bien plus inspirée que ce que Silverberg avait fait dans Roma Aeternia, une histoire qui peut rappeler le Jihad Butlérien de Dune, et un style élevé pétrit de philosophie, parfois ardu. Lucazeau serait plus à mettre dans le camp du « civilisé » Lovecraft que dans celui du « barbare » Howard.

La nouvelle de Howard est un western vingt ans trop tard, alors que la civilisation et les coups fourrés qu’elle peut concevoir envers les faibles règnent. Un homme réagit comme au temps du far west et laisse parler la poudre. Doit-on l’admirer comme un Robin des Bois ? Pas vraiment. L’admirer et s’en méfier comme Mesrine ? Peut-être. Sur fond d’éléments déchainés, cette nouvelle est magnifique.

Quant à Christian Léourier… ma foi, il a encore réussi à me surprendre à son monde étonnant. Il est trop fort.



Un excellent opus donc, qui contient d’autres surprises que je vous laisse découvrir si vous êtes curieux.

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Bifrost, n°18 : Spécial Philip K. Dick

Attention, ce numéro est précieux.



Je ne veux pas dire par là qu’il est collector, ultra-cher, investissement rentable (quoique). Non, non. Je veux dire qu’enfin, après de longues années, je viens de gagner des clés qui vont m’aider à comprendre la littérature de Philip K. Dick.

Y’a pas à tortiller, j’ai toujours eu du mal avec Dick. C’est un euphémisme de dire qu’il me sort de ma zone de confort ; il serait plus juste d’avouer que je rentre dans ses romans la goutte à la tempe tout tremblant en me demandant si la réalité va encore faire des sauts périlleux sous mes chaussures. Voyez-y ce que vous voulez, je suis affolé par les trucs de maladie mentale et de drogues qui fracassent le cerveau, par les récits aux multiples points de vue offerts par des pékins pas bien dans leurs godasses qui forment un écheveau qui ressemble à une intrigue souvent seulement de loin.



Et là, j’ai l’impression d’avoir eu entre les mains une sorte de carte au trésor avec explications en notes de bas de page. Tout ça pour dire que ça va m’aider dans mes futures lectures.

Le dossier commence par une excellente biographie qui dévoile déjà tellement de Dick, de ses traumatismes – dont le pire est peut-être d’avoir perdu sa sœur jumelle après quelques mois de vie seulement – de sa paranoïa, de ses périodes surmédicamentées (mais très peu de vraie drogue, ‘tention), de ses relations si difficiles avec ses femmes, parfois violentes, parfois étouffantes de possessivité. Un état d’homme qui forme un terreau riche pour les romans qu’il écrit.

L’article de Gérard Klein qui suit, qui date de 1969 donc bien avant la complétude de l’œuvre, offre tellement de clés de lecture. Sa notion d’aliénation de l’homme projetée sur la trame de l’univers qui en perd son équilibre, le pauvre, est percutante. Laurent Queyssi va encore plus loin dans la tentative de formalisation du roman dickien. Un peu trop abstrait pour moi, ceci dit.

On a également droit à une interview de PKD datant de 1974 tout à fait éclairante sur sa définition de la science fiction et largement pourvue en « anecdotes » du genre j’ai tenté de me suicider au Canada.

L’article sur les adaptations cinématographiques date un peu – Minority Report n’était encore qu’un projet incertain – mais pousse à décorréler le film du roman et de la nouvelle, les deux n’ayant pas e même objectif.

Enfin le guide de lecture insiste sur les œuvres principales de Dick. Il est triste de noter que les romans dits « alimentaires » et donc « inférieurs » sont oubliés, alors que ce sont ceux que j’ai eu l’audace de lire souvent avec plaisir (car ils sont plus SF mainstream même si Dick reste Dick).



Aucune nouvelle du maître n’est présente. A la place : trois hommages « dans le style de ». Les histoires de Michael Bishop et Paul Di Filippo sont complètement barrées. Celle de Michael Swanwick joue allègrement avec la réalité (tout ce que j’aime, gasp !) mais maîtrise don art dickien.



Bref, avec ce numéro pas très loin, je pense que je pourrai dans le futur m’attaquer à des romans du cœur de l’œuvre. Ça c’est un beau cadeau.

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Bifrost, n°91 : Spécial Fictions

« On ne juge pas un livre à sa couverture. »

Ben si, en fait, on le fait tout le temps. Tout participe à la sélection de ce qu’on désire lire, la couv, le 4ème de couv, les critiques, les conseils de libraires, etc.

Bref, en voyant la couv du Bifrost n°91 « spécial fictions », les auteurs annoncés que je ne connaissais guère, je n’aurais jamais choisi de lire ce numéro si je n’avais pas été abonné.

Et j’aurais raté quelque chose d’excellent.



Hormis une d’entre elles, j’ai trouvé que les nouvelles proposées apportaient quelque chose de neuf à mes neurones affamés et en risque perpétuel de blazitude. Du style, de l’imagination, du plaisir quoi !



Olivier Caruso, dans son Ex Silentio, tisse une histoire à base de fils de hard science à la Stephen Baxter et d’introspections cyniques à la Robert Charles Wilson, dans une forme où le style SMS domine. Une expérience de « premier contact » avec une espèce intelligente incongrue qui tourne mal. C’est du jamais lu (par moi en tout cas) et sacrément fortiche.



Michel Pagel ne m’est pas inconnu même si je n’avais rien lu de lui. Il a apparemment créé un univers « de la fusion » où humains et races fantastiques – vampires, fées, mages, etc. – ont construit une civilisation unifiée qui a conquis les étoiles. Il y revient régulièrement. Dans La Mort de John Smith, Pagel nous offre une histoire policière sur fond de cataclysme : un vampire pygmée doit arracher la fille d’un notable friqué à une secte apocalyptique qui s’est mise en tête, avec d’autres désœuvrés, de s’installer sur une petite planète que va bientôt heurter un astéroïde. A priori je ne suis pas fou du mélange des genres, mais là ça fonctionne sacrément bien.



Puis Léo Henry nous écrit un chant du retour à la Nature après la fin de notre civilisation. Écouter plus Fort aurait pu être quelconque si l’auteur n’avait pas travaillé le style pour surprendre le lecteur. Car il s’agit de se mettre dans la tête de gens qui ont plus ou moins laissé tomber l’interaction avec l’environnement par la raison pour la remplacer par une « écoute » de nature plus empathique, quasi télépathique. Très class.



En trois pages, le désormais célèbre Ken Liu nous pond un récit extrêmement percutant. Souvenirs de ma Mère, ce sont les rencontres régulières entre une mère et sa fille au fil du temps relativiste. Poignant !



Jean Baret écrit Trademark, une nouvelle efficace assez bien dans le style de la série Black Mirror mais assez convenue comparé au reste du magazine. La fin ne surprend pas. On peut voir cette nouvelle comme une introduction à une trilogie dont le premier tome sort en ce moment : Bonheur[TM].



Enfin, Carolyn Ives Gilman écrit un road trip en bus à travers l’Amérique en compagnie d’un extraterrestre et de son « traducteur » humain (Voyage avec l’Extraterrestre). Là aussi, la difficulté de communication est mise en avant, mais finit par passer. La nature et l’optimisme de la fin m’ont fait penser au Crépuscule de Briareus de Richard Cowper. Beaucoup d’émotions dans ce récit.



Je vous l’avais dit. Que du bon ou presuqe. Si on ajoute un article passionnant de Roland Lehoucq sur le voyage vers la Lune dans la littérature et le cinéma, je me dois d’avouer que j’ai été comblé.

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Bifrost, n°75 : Spécial Poul Anderson

Je ne connaissais pas la revue Bifrost, voilà qui est réparé (il y a plein de choses que je ne connais pas, lol !).



J'ai trouvé ce numéro "Poul Anderson" très dense. J'ai bien pris mon temps pour le lire, picorant ici une nouvelle, là des avis sur des bouquins, ici un article sur Poul ou un interview. (Je ne l'ai pas tout à fait fini cependant, mais tout comme. Je n'ai pas lu l'article sur "la patrouille du temps". J'ai trouvé que les articles sur les bouquins d'Anderson spoilaient énormément et j'ai ceux-là dans ma bibliothèque, encore "à lire", alors flûte...)



Par contre, j'approuve la plupart des avis sur les bouquins que j'ai déjà lus, et je suis bien navrée de constater le nombre de bouquins de lui encore non édités, merci les éditeurs idiots français, (je ne nomme personne mais ils se reconnaîtront, ce qui me suffit), d'avoir boycotté ce merveilleux auteur pour des raisons débiles idéologiques alors que lui-même dit : "je n'essaie jamais de convaincre les gens et je n'écris pas de propagande. J'espère seulement que mes lecteurs réfléchissent sur certaines idées".



C'est pas le cas de ceux qui ont décidé que les français ne liraient que peu ou pas d'Anderson... Grmblblblblb...



Bref, merci le Bélial pour "l'épée brisée", merci aussi de penser, monsieur le Bélial, à traduire et éditer un peu plus de Poul Anderson, (avec, au milieu et assez vite, sans vouloir vous commander, "the last viking", ça serait cool).



Pour ce qui ne concerne pas Anderson dans ce bouquin : J'ai bien aimé certains articles (je trouve cependant que les avis sur bouquins spoilent trop, vraiment trop trop), d'autres moins.

J'ai bien aimé les nouvelles, aussi, elles sont bien choisies, avec une mention spéciale "top" pour celle de Ken Liu qui vise très juste et questionne habilement notre façon de voir.



Bref, je suis contente d'avoir reçu 5 bifrost en même temps... ok je soooooooooors ! Mdr !
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Bifrost, n°94 : Dossier John W. Campbell

Une fois n'est pas coutume, le dossier de ce numéro de Bifrost est consacré à un éditeur.



Mais quel éditeur ! Celui qui a transformé ce que les récits de science-fiction avaient à proposer au lecteur en dirigeant la revue Astounding Science Fiction. le découvreur de monstres de talent tel le triumvirat Isaac Asimov, Robert Heinlein et Alfred E. van Vogt.

Bon, il était aussi auteur, mais dans ce domaine il n'a pas laissé une impression rémanente, hormis peut-être La Chose d'un autre monde, dont s'emparera John Carpenter pour son film The Thing. Malgré tout, il a apporté quelque chose au genre : cette volonté de rendre explicable toute description d'objet ou technique présentées dans ses récits. Avec lui, terminé les zap-zap à la Buck Rogers, terminé les voyages plus vite que la lumière (sauf explication vraisemblable). Il s'agit de donner un rôle constructif à la science fiction, d'en faire le fer de lance de la vulgarisation scientifique et de l'anticipation du futur. Plusieurs auteurs réguliers de la revue se casseront les dents sur cette nouvelle direction, alors que naîtra une nouvelle génération de futurs maîtres.

La dernière partie de sa vie est moins aguichante. Il s'éloigne des sciences dures pour orienter sa curiosité vers des sujets douteux comme la Dianétique de L. Ron Hubbard (à la base de la scientologie).



Le dossier comporte plusieurs articles intéressants, dont la remarquable (et longue) biographie par Francis Valery qui décrit à merveille l'ambiance du monde de l'édition américaine dans les années 1935-1950 et l'influence centrale de Campbell. Théodore Sturgeon – une autre des découvertes de Campbell – nous offre son angle de vue affectueux sur le personnage.

Puis John W. Campbell lui-même au travers d'un essai qui veut démontrer comment écrire une bonne histoire et publiable de science fiction. Cet article montre en creux que le personnage, droit dans ses bottes et ses convictions, ne devait pas être commode tous les jours.

Suivent un tour d'horizon de son oeuvre littéraire et des adaptations cinématographiques, puis quelques lettres de l'éditeur à ses auteurs (Asimov, Heinlein, Sturgeon) qui prouvent qu'il pouvait sans problème leur rendre des points dans les conversations.



Les quatre nouvelles qui accompagnent m'ont soit enthousiasmé, soit plutôt ennuyé. Les Choses à barbe de Sam J. Miller appartient à la deuxième catégorie, dans la mesure où j'apprécie peu ce genre horreur/fantastique. Elle plaira probablement à ceux qui apprécient La Chose d'un autre monde de Campbell car elle en constitue une sorte de suite. Cependant je reconnais le talent de Miller pour mêler à une histoire de suspense horrifique des thèmes sociaux d'actualité comme l'homosexualité ou la condition des Noirs aux USA.

Les Nouvelles aventures de Flip-Flop de Laurent Queyssi est géniale. Une espèce d'univers alternatif où Flip-Flop remplace Tintin dans l'histoire de la BD et où l'on croise des « tulpa » (c.f. Wikipedia : selon le Bouddhisme tibétain une entité spirituelle créée par la force de la volonté de son invocateur et forcée à se manifester dans le monde physique).

De même le Triangle de Laurentiev de Michael Rheyss. Cette nouvelle fait apparemment partie d'un cycle des Ingénieurs Cosmiques, dans lequel les auteurs de SF appartiennent à une organisation secrète chargée d'orienter l'humanité vers la conquête du cosmos. Dans « le Triangle… », Laurentiev, mathématicien soviétique, cherche à convaincre Asimov de reprendre le collier de romancier de SF (dans la réalité, je ne crois pas que relier les cycles des Robots et de Fondation était une bonne idée, vu la piètre qualité des romans de chainage).

Enfin, Campbell est lui-même à l'honneur avec « le Ciel est mort ». Voilà donc comment il écrivait dans sa meilleure période. Ben je me suis ennuyé avec sa sempiternelle volonté de décrire chaque technique avec précision. Il manque le rythme. C'est une nouvelle d'ambiance, pas si éloignée des Montagnes Hallucinées ou de la Cité sans Nom de Lovecraft dans le style descriptif, mais où la technique domine.

En revanche l'ambiance crépusculaire de fin du monde est palpable.



Pour terminer, je ne peux pas passer sous silence les critiques littéraires de ce numéro. Elles ont fait grossir ma PAL qui n'en a pas du tout besoin. Je ne vous remercie pas, messieurs du Bélial' (ou je vous remercie, je sais plus).

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Bifrost, n°107 : Special fictions

Commençons par dire que la couverture de ce numéro, que l'on doit à Florence Magnin, est absolument superbe !

Cette livraison de Bifrost a pour particularité de ne pas présenter de dossier sur un auteur ou sur un thème ; il comporte six nouvelles et les rubriques habituelles.

Je ne critiquerai que ces nouvelles qui sont d'un bon niveau, et certaines même d'un très bon niveau !



1) « Deux vérités et un mensonge », par Sarah Pinsker

Une jeune femme cherche à rassembler ses souvenirs sur une émission télévisée de sa jeunesse, « Le coin de l'oncle Bob », au cours de laquelle le fameux oncle Bob racontait des contes plutôt angoissants en présence d'enfants ; il s'avère que ces contes évoquent singulièrement la nature profonde de certains des enfants en question…

Ce récit étrange, qui laisse bien des questions en suspens, a été justement récompensée par plusieurs prix.



2) « Après les âges sombres », par Jean-Marc Ligny

Une histoire post-apocalyptique qui met en scène deux personnages, un homme solitaire qui a réussi à survivre à la surface de la Terre et un meurtrier qui a assassiné les habitants de sa cité souterraine et qui souhaite le rejoindre…

Une bonne nouvelle, avec une chute assez inattendue, mais que je n'ai pas trouvée totalement convaincante.



3) « Les Cinq éléments de l'esprit et du coeur », par Ken Liu

Un récit qui alterne les points de vue de deux personnages, Tyra et Fazen ; Tyra est la seule rescapée d'un vaisseau spatial qui a explosé à proximité de la planète Tycho 409A ; elle est recueillie par les humains qui habitent la planète, mais elle craint d'avoir été contaminée par les substances qu'ils lui ont fait absorber pour la guérir, d'autant plus qu'elle sent sa personnalité se modifier…

Sous des dehors anodins, cette nouvelle s'avère tout à fait originale grâce à sa chute et aux explications scientifiques assez vertigineuses fournies par Ken Liu.



4) « Ombres », par Ketty Steward

A la suite d'une « guerre des genres » entre hommes et femmes et de réformes de l'État, la France est dirigée par une oligarchie féminine ; les hommes sont rééduqués pour être « plus aptes à l'écoute et à la collaboration » avec les femmes, et les citoyens sont répartis entre différents échelons selon leurs mérites ; mais les femmes continuent à craindre les hommes, et certaines qui sont haut placées s'arrogent même le droit de les éliminer…

Une dystopie dérangeante qui adopte le point de vue d'une de ces femmes..



5) « Sarcophage », par Ray Nayler

A la suite de dysfonctionnements techniques, le narrateur se retrouve téléchargé, seul et sans ressources, sur une planète désertique et glacée ; il doit parcourir à pied une quarantaine de kilomètres pour parvenir à un dépôt où il trouvera de quoi survivre, mais la batterie de son scaphandre commence à s'épuiser ; c'est alors qu'il aperçoit au loin la silhouette d'un extraterrestre, silhouette particulièrement inquiétante...

Une nouvelle magnifiquement écrite (superbe description des paysages glacés), avec une chute stupéfiante, totalement inattendue : ma préférée du recueil.



6) « Encore cinq ans », par Audrey Pleynet

Ce récit part d'un postulat assez peu crédible : un savant convainc les autorités mondiales d'endormir toute l'humanité pendant une durée de vingt ans, le temps que la Terre puisse s'auto-réparer ; seuls le savant en question et deux cents « Orphelins » veilleront à la survie des endormis et aideront à la restauration de la planète, assistés par des IA et des millions de robots ; mais le temps passant et après la mort du savant, les Orphelins ne voient pas tous les choses de la même façon sur le réveil éventuel de l'humanité...

Une belle nouvelle qui incite à la réflexion.



On remarquera d'ailleurs que Bifrost a joliment respecté la parité aussi bien entre auteurs féminins (1, 4 et 6) et masculins (2, 3 et 5) qu'entres auteurs français (2, 4 et 6) et américains (1, 3 et 5). Même si j'ai un peu plus apprécié les nouvelles américaines que les nouvelles françaises, l'ensemble est vraiment réussi.



A lire.
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Bifrost, n°75 : Spécial Poul Anderson

Ça y est !!! J’ai fait le tour complet de la bibliographie de Poul Anderson !



Bon, je triche. J’ai juste lu le dossier qui lui est consacré dans le n°75 de Bifrost, et vu l’étendue du chemin restant à parcourir avant d’avoir tout lu.



Le dossier commence par une biographie éclairante qui appuie bien sur la double origine scandinave et américaine de l’auteur qui donne à ses récits cette saveur inimitable de richesse culturelle mêlée de sens de l’épique. Sa formation d’ingénieur vient par-dessus ajouter des pointes de science plus ou moins importantes à ses romans et ses nouvelles, étalant leur spectre depuis la hard science jusqu’à la fantasy pure. J’ai apprécié de découvrir à quel point sa femme Karen était impliquée, au point que les romans sont en définitive des produits familiaux au même titre que leur fille (qui épousa l’auteur Greg Bear, le monde est petit). J’aurais bien aimé être une petite souris pour voir les Anderson et les Vance faire un barbecue ou une randonnée.



Suivent deux entretiens avec l’auteur datant de 1979 et 1985. Poul Anderson n’est pas Ursula le Guin ; chaque phrase ne fascine pas le lecteur mais ça n’est pas grave. On a affaire à un homme, pas à un philosophe. Il n’est pas foufou de catégorisation des romans de l’imaginaire en genres et sous-genres, ce en quoi je l’accompagne : au-delà d’un certain niveau de discrétisation je lâche prise (mais je peux comprendre ceux qui aiment ça). On saisit surtout comment sa conception de l’existence et de la mort des civilisations influe sur son écriture. Ceci est très bien résumé par James Blish (en préface de la nouvelle « In Memoriam ») « Pour Poul Anderson, le sens du tragique est une entité vivante. Il ne réside pas dans des lieux communs tels que le vieillissement, la mort des êtres chers, les horreurs de la guerre ou les catastrophes naturelles ; en tant que physicien, il sait que le gradient de l’entropie progresse inéluctablement dans une seule direction, et il ne perd pas de temps à pleurnicher là-dessus ».



Puis on a droit à l’histoire de l’édition des œuvres de Poul Anderson par la revue Fiction. Et l’on découvre comment l’évolution politique du sérail de la SF française vers la gauche extrême a fait évoluer le commentaire de l’œuvre d’Anderson de « du grand art » à « de la petite bière impérialiste et raciste ». Cela mettra un frein malheureusement très efficace à la traduction que l’on subit aujourd’hui encore, alors que de petits éditeurs comme L’Atalante et Le Bélial’ rament pour traduire une masse imposante d’écrits de trente ou quarante ans d’âge. J’ai rarement trouvé intéressante la SF politisée des Curval et Andrevon à l’époque. Ils avaient perdu le Sense of Wonder, et il m’a fallu longtemps avant de retenter des auteurs français (à cause de ça j’ai loupé des gens fabuleux comme Christian Léourier).



Puis c‘est la bibliographie complète, déclinée par thème et/ou cycle. On a de tout, du space-opera hard science à la fantasy pure en passant par la saga viking. La masse restant à traduire est imposante, je le répète. Et je ferai un bisou à celui qui décidera de traduire la fin du cycle du roi d’Ys dont on m’a dit le plus grand bien.



Le magazine commence par quatre nouvelles (mais je les lis toujours en dernier). Deux de Poul, parlant pour l’une de la difficulté d’être télépathe dans un monde qui ne l’est pas (elle aurait influencé Robert Silverberg pour l’Oreille interne) et l’autre évoquant l’évolution de la Terre jusqu’à la fin, sur un ton froid spatial, sans aucune once d’émotions. Terrible et beau dans un sens. Elle m’a rappelé « Les derniers et les premiers » d’Olaf Stapledon. Prises en sandwich, deux nouvelles de Jean-Marc Ligny et Ken Liu du domaine de la dystopie informatique. Fascinantes. Ligny, que j’ai découvert l’an dernier, me plaît de plus en plus et je découvre Ken Liu qui semble ici à la hauteur de la réputation qu’on en fait.



Bon sang ! J’ai été trop long. C’est que j’aime cet auteur. Et j’ai hâte de me replonger dans un de ses romans.

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Bifrost, n°90 : Edmond Hamilton

Un excellent numéro centré sur Môssieur Edmond Hamilton.



Dans l’arbre généalogique des auteurs de SF, Hamilton occupe une branche proche des racines. Très tôt lancé dans l’écriture professionnelle – il commence dans les années 1920 –, il publie beaucoup, alimentant les pulps de genre afin de gagner sa croûte. Une dizaine de nouvelles et deux romans en un an, cela ne lui fait pas peur. Il gagne une réputation méritée de champion du « sense of wonder » et de ce qu’on finira par appeler le space opera. Il jongle avec les étoiles et les galaxies dans lesquelles de super justiciers affrontent des menaces immenses et cruelles. Capitaine Futur (dont il n’a apparemment pas créé le concept) et le Roi des étoiles en sont les meilleurs exemples.

Plus tard il plonge dans le comics de son plein gré (et là aussi, pour se sustenter), scénarisant des histoires de Batman ou Superman. La guerre passant par là, la seconde suivie de la froide, Hamilton se désillusionne quelque peu, et murit son style et ses scénarios. Il y a un autre Hamilton que celui que l’on nous vend toujours.



Tout cela et plus encore est magnifiquement raconté par François Valery dans un article extrêmement bien documenté, et qui nous fait revivre ce fascinant monde de l’édition des pulps, de Hugo Gernsback (le Hugo du prix) et John W. Campbell. Et cela est complété de belle manière par un article de Leigh Brackett, l’épouse d’Hamilton, paru en préface du recueil qu’elle était chargée de composer, et un papier sur son œuvre BD.

Le dossier contient aussi un article sur la série des Capitaine Futur – notre caapitaiiiine Flam tu n’es paaas…– un peu spoileur vu qu’en France on n’en est qu’au début de la traduction (on en a pour une vingtaine d’années) mais instructif ; un guide de lecture (ce damné Erwann Perchoc à réussi à me convaincre d’acheter un recueil) et enfin la bibliographie exhaustive.



Trois nouvelles débutent le magazine, dont deux de la vedette du numéro. On a l’insigne chance de lire la dernière aventure du Capitaine Futur, qui représente à la fois une explosion de sense of wonder et une vision assez fragile et blasée du héros qui traduit un certain désenchantement de l’auteur. On retrouve un peu l’idée d’un Thanos manipulant le gant de l’Infini et se rendant compte qu’il ne peut que s’autodétruire.

La deuxième nouvelle – Comment c’est là-haut ? – est une splendeur qui montre cette facette beaucoup plus sensible de l’auteur. Une confrontation des hommes face à l’espace qui se rapproche de ce « burn out » qui est montré dans le film Ad Astra avec Brad Pitt. Proprement magnifique.

Michael Rheyss complète le trio avec son premier récit sur ses « ingénieurs cosmiques » si affriolants, vu que ceux-ci sont nos auteurs de SF favoris mis en scène dans une sorte d’uchronie de la conquête spatiale. Il y a une deuxième nouvelle dans le numéro 94. J’espère en lire d’autres.



Bien sûr, les rubriques de critiques de bouquins (aïe ma PAL), d’interview (l’illustrateur Melchior Ascaride), de sciences derrière la fiction sont là aussi… et évidemment l’édito d’Olivier Girard.



Un bon cru, je vous dis.

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Bifrost, n°98 : A.E. van Vogt : mastermind

Premier Bifrost que je lis (mais je suis loin de les avoir tous lus) pour lequel je note une certaine réserve de la rédaction vis-à-vis de l’auteur mis en avant : A.E. van Vogt.



On sent la volonté d’évoquer avec respect un auteur qui a eu une place énorme dans la littérature de science-fiction, tout en émettant des doutes sur la pertinence de le lire aujourd’hui. C’est un hommage qui ne s’enveloppe pas dans une admiration éberluée.

Le dossier van Vogt en trois mouvements est très éclairant et enrichissant. L’article biographique de Pascal J. Thomas est conforté dans ses explications par les propres mots de l’auteur dans l’interview qui suit. L’élément le plus impressionnant est l’adoration de van Vogt pour les systèmes. Sa façon de résoudre ses histoires par exemple : il s’octroyait la nuit des périodes de sommeil d’une durée fixe à l’issue desquelles tous les nœuds étaient dénoués. Ça explique pas mal de choses, arf ! C’est cet amour des systèmes – et son amitié avec l’éditeur John W. Campbell devenu fan de pseudo-sciences – qui l’a amené vers la dianétique de Ron Hubbard. Il s’est retrouvé catapulté responsable du centre de Los Angeles et a pris ce travail au sérieux. En revanche il n’adhère pas à la scientologie ; système oui, mystique non.

On s’en serait douté à le lire, A.E. van Vogt n’a pas de formation scientifique. Quand il a besoin d’infos techniques, il demande à Campbell. Sa science est pour le coup très fictionnelle, à l’opposé de la hard science. J’ai adoré l’expression de la réduction « usage halluciné de la science ». C’est vraiment tout à fait ça.

Le guide de lecture est mitigé. Le besoin d’un rafraichissement de la traduction française est pointé du doigt par tous les critiques. Quand au fond, ce n’est pas l’enthousiasme rencontré devant un Poul Anderson ou un Greg Egan. Certains trouvent cependant du plaisir à leurs lectures et d’autres considèrent que lire ça de nos jours est peu pertinent. Ces ressentis collent assez bien avec ceux qui ont été exposés lors de mes dernières Lectures Communes et autres défis de lecture autour de cet auteur.



Côté nouvelles, c’est la foire à la déprime. Je ne sais pas si c’est volontaire de la part de la rédaction mais la juxtaposition des récits de Thierry di Rollo (« Plaine-guerre » qui m’a fait penser à L’ange de l’abîme de Pierre Bordage), de Franck Ferric (« Le dernier verrou de Sveta Koslova », derniers feux de notre société et d’une de ses membres, brisées par l’environnement) et de Vandana Singh (« C’est vous Sannata3159 ?», une vision des abattoirs qui sera applaudie par les défenseurs des animaux) constituent une ode au désespoir face au devenir proche de l’humanité. Je ne vois guère le rapport avec van Vogt. Tout cela est bien écrit, mais c’est un peu rude après un confinement qui pousse à l’évasion positive.

Heureusement, le récit de Michel Pagel (« A la recherche du Slan perdu »), qui fait du van Vogt à la manière de la Madeleine de Proust est un exercice de style réussi et marrant. Cet auteur m’intéresse décidément de plus en plus. La nouvelle de van Vogt (« Le village enchanté ») n’est pas si mal, surtout la chute qui laisse plusieurs interprétations possibles.



Le reste du magasine est de très bon niveau : des critiques de livres qui donnent envie d’exploser sa PAL, un intéressant entretien avec une libraire spécialisée en Imaginaire – le Nuage Vert à Paris, que je suis allé découvrir du coup. Et une analyse critique enrichissante des sciences et techniques exposées dans le roman Terre Errante Liu Cixin.



Un bon cru, mais s’il vous plaît, un peu moins de déprime dans les nouvelles la prochaine fois, ok ?

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Bifrost, n°63 : Dossier Frank Herbert

Je n’avais plus lu de Frank Herbert depuis, quoi, vingt-cinq ans ?

Regoûter Frank Herbert, c’est regoûter à un monument. Ses livres peuvent difficilement laisser de glace. Je n’ai pas aimé tout ce que j’ai lu de lui. J’ai trouvé certains livres extrêmement difficiles à comprendre et à suivre (L’Empereur-Dieu de Dune, Dosadi) mais à la décharge de l’auteur je me suis dit que c’était probablement volontaire, afin de montrer efficacement au lecteur à quel point la communication entre espèces sentientes ou entre un homme et un dieu doit être complexe. Je suis un fan du cycle de Dune que je n’ai pourtant jamais terminé (c’est un de mes pires paradoxes : j’ai acheté les Hérétiques de Dune et La Maison des Mères à leur sortie et je ne les ai jamais lus. Je les ai toujours).



Ce numéro de Bifrost expose un dossier de bonne taille sur cet auteur incontournable, qui commence par une intéressante biographie écrite par Charles Moreau et se poursuit par un témoignage personnel et émouvant de Philippe Hupp qui était l’ami du couple Frank et Beverly Herbert.

Puis deux articles consacrés à l’œuvre phare du maître : le cycle de Dune. Le morceau de roi est ici l’analyse détaillée du cycle par Claude Ecken (ne le lisez pas si vous n’avez pas lu l’œuvre) qui le décortique et en extrait des clés éclairantes. Il permet ainsi de se rendre compte que les livres d’Herbert traitent presque toujours de laboratoires fermés sur eux-mêmes, où l’auteur contrôlent sa création et en fait varier les paramètres à loisir : la Ruche d’Hellstrom, la communauté de la Barrière Santaroga, la planète Dosadi ou Dune elle-même. Autre clé : la volonté de montrer qu’il ne faut pas adorer ses héros sans réfléchir, car ceux-ci peuvent prendre un mauvais chemin – c’est pour cela qu’on lit le Messie après Dune, et l’Empereur-Dieu après les Enfants. Dans la biographie, il est dit qu’Herbert a beaucoup apprécié Les Sept Piliers de la Sagesse, de T.E. Lawrence. Outre l’influence directe sur Dune (le désert, les Fremens et leur lutte contre l’empire à rapprocher des Arabes en lutte contre les Turcs), l’auteur a dû être conforté dans sa vision du héros finalement déchu (en tout cas c’est ainsi que je regarde le film Lawrence d’Arabie).

Enfin une dernière clé : l’écologie, préoccupation fondamentale de l’auteur, précurseur dans le domaine de l’inquiétude qui se développe actuellement quant au devenir de la Terre.



Un autre article détaille le reste de la bibliographie de Frank Herbert. Celle-ci est assez courte mais recèle quelques bons crus. A noter l’excellent L’Étoile et le Fouet, premier tome du diptyque sur le Bureau des Sabotages, La Ruche d’Hellstrom (que je n’ai pas lu) et le deuxième grand cycle d’Herbert (en collaboration avec Bill Ransom) : le Programme Conscience. Je serais moins sévère que le critique Thomas Day sur La Mort Blanche – il dézingue carrément le bouquin – mais je partage son ressenti d’ennui occasionné par ce trop gros bouquin.



Deux des quatre nouvelles du magazine donnent un aperçu de Frank Herbert novelliste. Semences est un excellent exemple du meilleur de l’auteur. Le thème de l’adaptation de l’homme à un milieu planétaire étranger y est superbement décliné. En revanche Mort d’une Ville n’a que peu d’intérêt ; l’éditeur avouant lui-même que sa valeur principale est d’être inédite en France.

Deux autres nouvelles complètent le numéro : l’une de Jean-Claude Dunyach – le Clin d’œil du Héron – sorte de réalisme magique urbain qui ne m’a pas emporté, et l’excellente Exorciser les Fantômes, une nouvelle d’Eric Brown intégrée depuis au fix-up Les Ferrailleurs du Cosmos.



Un numéro que je conseille aux fans de Frank Herbert. Il m’a évidemment donné envie de le relire. Peut-être L’Étoile et le Fouet qui est assez court.

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Bifrost, H.S. n°2 : Les Univers de Jack Vance

Une demi-critique pour une demi-lecture.



De ce numéro de Bifrost hors-série – donc privé des rubriques habituelles de critiques de livres récents – je n’ai lu que la partie dossier consacré au grand Jack Vance.



Les deux premiers articles aident à mieux connaître l’homme derrière la plume. Le premier est un mélange d’entretien et de chronologie, le second une esquisse d’autobiographie (les propres termes de l’auteur). On découvre un homme assez solitaire dans son enfance, et qui jamais ne courra les conventions, un homme à l’expérience de vie très large, qui a pratiqué une variété de métiers plutôt impressionnante, un homme plutôt conservateur dans ses idées sans être excessif, proche de Poul Anderson et de Frank Herbert.



Après un court papier focalisé sur les romans policiers de Vance, l’article suivant est une sorte de panégyrique, d’hymne de fan écrit par le célèbre et éclectique Dan Simmons. Je n’ai pas été emporté plus que ça. Il faut dire de Simmons insiste beaucoup sur la grande originalité et profondeur de deux romans que je trouve moyen : Le Maître des Dragons et Les Langages de Pao. Un passage m’a tout de même interpelé, consacré aux femmes chez Vance :

« Il y a de notables exceptions, mais les femmes de fiction, chez Vance, sont, dans mon souvenir, plutôt calquées sur le modèle de Phadée, la ménestrelle des Maîtres des Dragons, ou de Gitan Netsko, l’esclave et la partenaire amoureuse de Béran dans Les Langages de Pao : des fleurs délicates. Elles sont souvent les personnages les plus « avisés » de ses récits, mais, hélas, avisés surtout de leur impuissance face au destin et à la domination masculine. »

Et plus loin lorsque Simmons décrit l’archétype du héros vancien :

« … je suggérerai que, même en crétins insensibles, Joaz Banbeck (Dragons) et Béran Panasper (Pao) font des modèles fascinants pour les jeunes lecteurs mâles. Ils ne sont jamais vantards ou voyous, idiots ou crâneurs, tyranniques ou incompétents (contrairement à la plupart des mâles américains adolescents). »

Ces deux descriptions sont à mon avis un brin complaisantes. Je considère que la caractérisation des personnages est le point faible de Jack Vance. Mais cela ne m’a jamais profondément gêné car il compense toujours par des créations de mondes et de sociétés hors pair, et c’est cela que je viens chercher chez lui, du moins dans les romans de sa « période classique ».

Car, Jack le dit lui-même dans son autobiographie, c’est à partir de 1956 et de son roman La Vie Éternelle qu’il adopte « sa manière habituelle ». Auparavant son écriture était plus standard, plus pulps, peut-être plus légère et humoristique (quoique Cugel, dans la période classique, accepte bien ces deux qualificatifs) mais pas moins agréable à lire selon moi. On trouve dans cette première période des romans comme Les Vandales du Vide, Les Cinq Rubans d’Or ou les aventures de Magnus Ridolph.



Le dernier papier est un guide de lecture sélectif dont les choix sont bien vus, hormis qu’aucun roman de la première période n’y est suggéré, et c’est dommage.



Et donc, je n’ai pas lu les cinq nouvelles qui représentent plus de la moitié du magazine. La raison en est que les éditions Le Bélial’ – qui éditent aussi Bifrost – ont annoncé sur leur site qu’elles préparent « l'intégrale des nouvelles (hors cycles) de maître Jack Vance, à savoir 61 nouvelles et novellas » et que les nouvelles du présent numéro y seront intégrées. Quand cela paraîtra-t-il ? Mystère…

Comme je me jetterai certainement sur cette intégrale, je lirai les nouvelles à ce moment-là.

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Bifrost, N°49 : Dossier Robert Silverberg

Dans toute ma vie, j'ai dû lire environ une quinzaine de romans de Robert Silverberg. Eh bien, à la lecture de ce numéro de Bifrost qui lui est consacré, je m'aperçois de deux choses :

1) Je n'ai fait qu'effleurer la surface de l'oeuvre du maître

2) Je n'ai pas forcément lu ses meilleurs romans (ce deuxième point est plus relatif)



Balayons ce que l'on trouve dans ce numéro. Je passe rapidement sur les critiques de bouquins qui sortaient à l'époque de la publication du numéro (2008) ; ça commence à dater. J'ai quand même trouvé le moyen d'être de mettre « L'énigme du cadran solaire » de Mary Gentle dans mes pense-bêtes. J'ai aussi été agréablement surpris de voir que les critiques sont capables de dézinguer des romans parus chez leur éditeur (le Bélial'). Plus désagréable : l'article sur les razzis 2008 qui est l'occasion d'écraser complètement et avec méchanceté des oeuvres de SFFF. Une nouvelle d'Alain Damasio récolte un de ces « prix du pire ». Comme je l'ai moi-même trouvé excellente je me sens agressé dans mes ressentis mêmes et j'ai bien envie de renvoyer le Bélial' au diable dont il se réclame. Bref, ce sont des détails.



Le dossier sur « Lord » Silverberg est palpitant. Il contient deux témoignages de l'auteur. le premier revient sur sa carrière de pornographe. Eh oui, il a écrit environ 150 bouquins de porno à l'époque où la censure US était tombée à bras raccourcis sur la SFFF, pendant cinq ans (30 romans par an ; quand je disais que j'avais seulement effleuré son oeuvre). C'était super lucratif apparemment.

Le deuxième décrit par le menu la construction de l'univers de Majipoor, cette planète géante qu'il a sculptée avec passion et pour laquelle il s'est inspiré de la Planète Géante de Jack Vance. Je n'ai lu que la trilogie première – dont l'excellent Château de Lord Valentin – et d'après les critiques lues par-ci par-là, j'ai lu le meilleur.

Les témoignages encadrent un guide de lecture focalisant sur ce que les auteurs de ce numéro de Bifrost estiment être l'essentiel. Les critiques sont donc très favorables. Une citation résume bien les thèmes préférés de Silverberg : « fascination pour le Vieux Monde (surtout le monde méditerranéen), l'art comme miroir de l'âme humaine, la fascination de la chair et le désir qu'elle inspire, et surtout, l'Histoire ».

L'oeuvre est divisée en trois périodes : 1954-1968 « le surdoué » (Les Déserteurs temporels, Les Déportés du cambrien…), 1968-1975 « la période faste » (Les Ailes de la nuit, L'Homme dans le labyrinthe, ce roman bénéficiant d'un décorticage très intéressant mais très spoilant, etc.) et 1975-now « les années Majipoor (Roma Aeterna, le Grand silence…). J'ai tapé dans les trois périodes et j'avoue préférer ses romans de la deuxième. Un article sur les recueils de nouvelles m'a tellement emballé que j'en ai commandé un illico presto !



Trois nouvelles débutent le numéro. La première et la troisième sont du maître, toutes deux inédites bien écrites et agréables sans êtres phénoménales. La première se situe dans l'univers de Majipoor et parle de l'amour d'un apprenti en sorcellerie pour son inabordable maîtresse. La troisième situe l'action en Sicile et tient du registre fantastique. On y retrouve l'amour de Silverberg pour l'antiquité méditerranéenne.

La deuxième nouvelle est de Lucas Moreno, un illustre inconnu – en tout cas pour moi – et qui semble avoir peu écrit depuis 2008. le récit est assez agréable et quelque part se rapproche de Cookie Monster de Vernor Vinge.



Au final, je gagne une envie de malade d'approfondir l'oeuvre de Silverberg. le Livre des crânes, L'Homme dans le labyrinthe, Les monades urbaines, le grand silence, Gilgamesh… tout cela me tend les bras.



Il mériterait un challenge tiens !

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Bifrost, n°76 : J.R.R. Tolkien

Je poursuis ma découverte de la revue Bifrost avec ce numéro consacré à Tolkien...Au sommaire, trois nouvelles sont ici proposées :



"le Récit du Changelin", de Mickael Swanwick ; c'est la dimension du voyage, de la quête (qui est surtout celle de soi) que choisi l'auteur pour rendre hommage à l'oeuvre de Tolkien. Un récit teinté d'une humeur nostalgique, assez plaisant.

"Freud, auteur de Tolkien" de Xavier Mauméjean : un pur délire érudit, l'auteur imagine un lien psychique par "anticipation" entre Freud et Tolkien...Très original et, en tout cas, ça me donne vraiment envie de découvrir davantage cet auteur.

"Noc-kerrigan" de Thomas Day : alors là, j'ai pas compris où était le lien avec l'univers de Tolkien. Le récit, en soi, n'est pas foncièrement mauvais, et met en avant des thèmes inhabituels pour de la fantasy : le désir, la sexualité, les relations tabous (est-ce une vue des propres fantasmes de Thomas Day ?). L'univers esquissé m'a paru séduisant mais je n'ai pas accroché outre mesure.



Par contre, le dossier thématique est tout à fait remarquable et l'ambition initiale (parler à la fois au néophyte curieux et à l'amateur de longue date) me semble pleinement réalisée. L'article d'Isabelle Pantin aborde l'oeuvre de Tolkien par l'angle biographique, en retraçant la vie de l'auteur. Quant à l'analyse du "Seigneur des Anneaux" que nous propose Jaworski, c'est tout simplement une des plus pertinentes que j'ai lue à ce jour. Bien évidemment, l'article de Damien Bador, sur l'aspect linguistique de l'oeuvre de Tolkien, est incontournable, tant celui-ci fut prépondérant dans sa démarche créatrice. Francis Valéry, quant à lui, nous propose de revenir sur la réception, en France, du "Seigneur des Anneaux", dans les années 1960's. Enfin, un guide de lecture, bien utile pour s'y retrouver, clôt l'ensemble.



On le voit, chaque article se complète et, au final, c'est un balayage très large et très complet de l'univers de Tolkien qui est ici proposé. Un regret ? Quel dommage que Vincent Ferré, qui est LE spécialiste français de Tolkien, n'y soit pas allé de sa petite bafouille.
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Bifrost, n°78: Spécial Ursula Le Guin

Le 78ème Bifrost sorti en 2015, est un spécial Ursula Le Guin. Le titre en est « De l’Ekumen aux confins de Terremer » avec un superbe dragon en couverture, très évocateur du monde de Terremer.

Pour mon dernier item du challenge multi-auteures 2020 je me devais de lire une revue relative à une dame de la SFFF : j’ai choisi Ursula Kroeber Le Guin.

D’elle j’ai lu une grande partie de son œuvre relative à Terremer, sauf le dernier « Le vent d’ailleurs » : à y remédier donc !!!

Ce Bifrost est vraiment très riche en informations : deux nouvelles inédites pour moi :

- Ceux qui partent d’Omelas : superbe nouvelle, très descriptive et imagée comme sait le faire Ursula Le Guin et une fin qui nous met une belle claque. Cela ne m’étonne pas d’elle.

- Le mot de déliement qui annonce le cycle de Terremer, avec magie, sorcellerie, monde de l’entre-deux et le pouvoir des mots.

Ainsi qu’une nouvelle de Laurent Genefort .

Ce Bifrost est aussi un condensé d’annonce de livres à sortir ou sortis que j’ai lu avec attention car datant de 2015 : entre autres L’adjacent de Priest (dans ma Pal ;-), L’âme de l’empereur de Brandon Sanderson que j’ai beaucoup aimé. Ainsi qu’un tas d’autres tout aussi intéressant les uns que les autres.

Et bien sûr le dossier Ursula Le Guin : sa biographie, son entourage, avec des parents tous deux anthropologues, l’esprit de la jeune Ursula a eu l’occasion de s’exprimer et de s’épanouir. Puis son entrée dans l’écriture, son parcours, ses idées, son approche du Taoïsme et du Bouddhisme, et bien sûr son œuvre très prolifique entre romans, nouvelles, essais.

Je trouve vraiment ces Bifrost spéciaux très bien faits : complet sur l’œuvre de l’écrivain, avec des nouvelles inédites ; ainsi qu’une approche de la personnalité de l’auteure à travers une interview ; une analyse des œuvres de chaque cycle avec leurs interactions.. Une très belle découverte d’une revue, que je renouvellerai.

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Bifrost, n°104 : Stanislas Lem

Le meilleur de ce numéro, en grande partie consacré à Stanislas Lem, c'est pour moi la nouvelle de Stephen King, "Willie le zinzin". Encore inédite elle est en tout cas le premier exemple que je lis d'une fiction "covid-19". Celle de Ken Liu qui la suit, "Un soupçon de bleu" est elle-aussi réussie, dans un genre beaucoup plus exigeant.



Je suis mitigé pour celle de Stanislas Lem. Le dossier qui suit est comme d'habitude fort bien fait. On peut y lire une documentation solide sur sa vie et son oeuvre. J'y allais un peu en curieux car j'ai découvert "Solaris" il y a quelques mois à peine et que je pensais pouvoir faire d'autres découvertes de cet acabit. Je n'ai pourtant pas été enthousiasmé par ce que j'ai lu. Qui sait, j'aurais peut-être l'occasion de revenir à cet auteur, mais pour l'instant je n'ai pas envie de poursuivre...
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