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Citations de Ricardas Gavelis (22)


Le passé, ce sont les clous dans la charpente du présent.
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Ricardas Gavelis
Dans le fond, tout le monde, absolument toutes les créatures ont soif de liberté. Un oiseau cherche à s’échapper de sa cage. Un chien tente de rompre ses chaînes. Même une amibe cherche à flotter à sa guise. C’est un désir instinctif. Il faut de la raison et de l’intelligence pour le détruire. L’homme seul en est capable.
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vous ne vous êtes jamais dit que nous n'avons pas de passé ?
- (...) Nous sommes comme des carottes dans un sillon. Vous n'allez pas me faire croire que les carottes ont un passé ?
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Ricardas Gavelis
Je lance encore cet avertissement : le monde entier est en train de dévaler la même pente. Tout homme qui troque des livres contre des heures de télévision noie inconsciemment les repères de son existence. Il suffit de laisser s’assoupir sa pensée un moment pour qu’un sommeil léthargique vous étreigne jusqu’à la fin de votre vie.
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Je n'ai jamais aimé les mathématiques et pourtant j'étais topologue, principalement parce que c'était pratique et sécurisant. C'est aussi la raison pour laquelle je revenais sans cesse à cette macabre et bien-aimée Vilnius. J'avais peur qu'en m'installant ailleurs, je découvre soudain que j'aurais pu, que j'aurais dû, devenir quelqu'un d'autre, mais que c'était trop tard. J'avais peur de me retourner et d'apercevoir mes vies possibles, celles que j'ai dilapidées. Alors je revenais toujours ici où je ne pouvais être rien d'autre qu'un mathématicien. Seulement, une peur encore plus terrible s'emparait de moi à chaque retour : je me rendais compte que j'étais en train de gâcher, irrémédiablement, toutes mes autres vives. J'avais si peur de quitter ces murs, ces rues... n'importe où ailleurs, j'aurais immédiatement découvert une quantité de mes avenirs déjà morts et enterrés, une multitude de possibles avortés
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Lorsqu’Ils sont pistés, Ils changent instantanément de stratégie. Ils possèdent une multitude de façons de nuire et autant de méthodes pour anéantir un être humain. On ne peut pas Les cerner, Les bloquer ou Les mettre dos au mur – ce sont Eux qui t’encerclent, t’assiègent. Tu n’est qu’une forteresse vivante, dont, hélas, les parois sont lamentablement fragiles. L’être humain ne résiste pas à Leurs assauts. Il peut tenir un mois, un an, une décennie. Mais, tôt ou tard, les forces lui manquent. Ne serait-ce qu’un instant. Sans qu’il s’en rende vraiment compte, Ils envahissent son esprit. Ils y rampent comme une légion de cafards tout-puissants.
J’ai entrevu Leur organisation fantomatique. Je sais que je ne suis pas le seul à enquêter sur Eux ; les objets uniques, comme les personnes uniques, n’existent pas. Grâce à certains livres, je sais que je ne suis pas tout à fait seul. Cette idée me donne du courage dans mes périodes d’absolu désespoir. (….)
C’est pour mener mon enquête clandestine que je me suis fait embaucher à la bibliothèque. C’est plus commode ainsi, ayant sous la main les livres dont j’ai besoin. Je dis « les livres dont j’ai besoin », cependant je ne sais pas (personne ne sait) quels sont ces livres. Les études sur Eux n’existent pas et ne peuvent pas exister. De tels savoirs sont glanés grain par grain. De plus, l’amour propre et la vanité murmurent à ton oreille que tu es le premier à avoir découvert l’ordre du monde, la composition du Bien et du Mal. Et cette faiblesse est dangereuse pour celui qui s’est engagé sur le Sentier. Il est peu probable que depuis des millénaires personne n’ait trouvé ce Sentier. Une multitude de livres y font allusion – peut-être de façon un peu trop vague, presque inintelligible, pourtant ces mises en garde discrètes sont indispensables à celui qui commence son initiation. Une foule d’artistes a disparu pour toujours. Quelques-uns, cependant, ont survécu. Saint Paul, Bosch ou Blake ont essayé, chacun à sa façon, d’avertir l’humanité à Leur sujet. Sade, Nietzsche ou Socrate ont payé pour leur courage. Je suis convaincu qu’il y a eu des essais rédigés précisément au sujet de Leur organisation. Tous les incendies dans les grandes bibliothèques, tous les autodafés de livres, manuscrits ou papyrus que nous connaissons n’étaient pas accidentels. On ne peut que supposer le vrai rôle d’Érostrate au cœur de l’histoire universelle. À chaque fois, Ils savaient précisément ce qu’Ils brûlaient et lequel parmi les milliers de traités enflammés avait percé Leur mystère. Leur logique est cauchemardesque : Ils ne détruisent pas un ou quelques livres, Ils sont conscients que cela Les trahirait et attirerait notre attention. Au moindre danger, Ils ratissent large. Ils peuvent anéantir une ville entière pour supprimer une seule personne qui aurait trouvé la clé. L’engloutissement de l’Atlantide, la tragédie de Sodome et Gomorrhe portent jusqu’à nos jours le relent de Leur œuvre.
Comment est-on censé supporter tout cela lorsqu’on est seul face à ces flammes qui réduisent en cendre des savoirs millénaires, ou lorsqu’on entend les cris plaintifs de milliers d’innocents ?
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Je ne supporte pas les religions qui nous intimident avec cette représentation d'un enfer commun à tous.
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Vilnius est ensorcelée, mon pauvre chien, me dit-il souvent. Nous le savons, toi et moi. Cette ville était la capitale ethnique de la Lituanie, ensuite elle a appartenu à la Lituanie polonisée, puis à la Russie, et à la Pologne après ça. Maintenant, elle appartient à la Lituanie russisée. Où peut-on trouver une autre capitale ayant appartenu à l’un, puis à l’autre, et ainsi de suite, sans avoir fait partie de son propre pays pendant toute sa période d’indépendance? Tu t’imagines Paris rattachée à l’Espagne? Non, Vilnius ne peut être comparée qu’au mont Ararat qui appartient aux Arméniens mais ne se situe pas en Arménie. C’est une montagne magique, elle aussi ; ce n’est pas un hasard si Noé a débarqué sur son sommet. Mais Vilnius est trois fois plus magique. Celui qui réfléchit y trouve des dizaines et des dizaines de mystères. C’est la raison pour laquelle je reste tapi ici, dans ces immondices, mon cher ami…
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Un unique grondement lointain me rappela que le tonnerre, lui aussi, est pétri de solitude.
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Il serait sage de classer les gens selon les monstruosités tapies dans leurs entrailles.
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Les événements les plus importants de notre vie ne se produisent pas à la lumière du jour ; la fatalité fait sa sombre besogne par temps ombrageux, dans le crépuscule poussiéreux qui assassine toute lucidité – c’est de là que surgissent les chauves-souris, c’est de là que les yeux du néant vous guettent. Une part de notre destin se joue là où hululent les chouettes – et d’où seuls les pigeons gris et crasseux de Vilnius s’échappent, pour rejoindre la lueur du jour.
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Une étroite trouée entre deux immeubles, petite brèche dans un mur incrusté de fenêtres aveugles : une étrange ouverture sur un autre monde. Là-bas, il y a des chiens et des enfants qui gambadent ; tandis qu’ici, rien qu’une rue déserte et des tourbillons de poussière chassés par le vent. Un visage oblong, tourné vers moi : lèvres fines, joues creuses et yeux silencieux (noirs, vraisemblablement) – un visage de femme, laiteux et sanguin, interrogatif et souffrant, divin et débauché, chantant et mutin. Une vieille maison au fond d’un jardin, couverte d’une vigne folle, à sa droite quelques pommiers desséchés, à gauche un fouillis de feuilles mortes que personne n’a ramassées ; elles tournoient dans l’air, et pourtant même les branches les plus frêles ne frémissent pas…
C’est dans cet état que je me suis réveillé ce matin (un matin). Tous les jours de ma vie commencent par une séquence d’images douloureusement précises, on ne peut pas les inventer ou les choisir. Elles sont l’œuvre de quelqu’un d’autre, elles retentissent sans bruit, ébranlent mon cerveau encore endormi, puis disparaissent. On ne peut pas les effacer. et ce prélude feutré détermine la couleur de la journée à venir. On ne peut pas y échapper – à moins de ne jamais se réveiller, de ne plus décoller la tête de l’oreiller. Cependant, on obéit : on ouvre les yeux et on voit la chambre, les livres sur les étagères, les vêtements entassés sur le fauteuil. Et on se demande qui mène la danse. Pourquoi interprète-t-on la partition de sa journée de cette façon et pas d’une autre ? Qui est le mystérieux démiurge de notre naufrage ? Choisit-on au moins la mélodie de notre vie ? Ou bien toutes nos pensées sont-elles garrotées par Eux ?
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Chaque fiasco est l’accomplissement de nos voeux inconscients – une victoire secrète.
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Je compare souvent Vytautas Vargalys aux arbres tourmentés et affaiblis de Vilnius. Je leur cherche des points communs. Il a grandi de la même manière que les herbes et les arbustes. A moins que ce ne soient les végétaux qui aient adopté les lois de la croissance de Vargalys. D’abord une jeunesse extrêmement vigoureuse et luxuriante, une arborescence sensuelle. Puis le goulag des gaz d’échappement et de la suie des centrales électriques. Tous les arbres tentent au départ de s’élever vers cette liberté si chère. Seulement, petit à petit, une résignation sinistre les envahit : les arbres restent figés docilement pendant qu’on leur coupe les branches, encore et encore. Je sais ce qui les attend, mais je ne peux rien y changer. La plus grande erreur de tous les novices, c’est de croire que nous pouvons corriger les choses maintenant que nous sommes ici. Mais je ne suis plus un novice. Je sais que nous pouvons évaluer, mais rien modifier. Nous pouvons observer et estimer, mais pas condamner. Je ne blâme pas Vytautas Vargalys. Peu importe ce qu’il a fait.
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Néanmoins je ne crois pas au hasard. Il n'existe pas. Tout ce qui nous arrive dans la vie, nous l'avons pleinement décidé. Toutes les malchances, les échecs, les joies et les catastrophes, nous les engendrons nous mêmes. Chaque fiasco est l'accomplissement de nos vœux inconscients- une victoire secrète. Chaque décès est un suicide. Mais tant que tu t'accroches, tant que tu tiens, aucune autre force ne peut t'anéantir. Tout, absolument tout, dépend de toi.
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- Vous parler d'amour ? On ne parle pas de l'amour: on le façonne...déclare-t-il avant de faire légèrement clapoter ses lèvres, choisissant ses mots. Tout le monde s'interroge sur le sens de la vie. Le sens de la vie, c'est vivre. Et vivre c'est aimer. L'amour guide tout. Le monde tourne parce que certaines choses en aiment d'autres: le feu brûle parce que le charbon tombe amoureux de sa flamme, le fleuve coule encore parce qu'il aime la mer...Si l'amour n'existait, le monde resterait figé, il s'arrêterait Je n'ose même pas imaginer ce qui arriverait si l'amour disparaissait...Un être humain n'a pas d'autre nom que celui qu'il aime. L'amour est en toutes choses...La graine ne germerait pas si elle n'aimait pas le soleil.Le soleil ne se lèverait pas s'il n' était pas amoureux de la terre...Tout est amour..."p.277
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La vie à Vilnius, c'est une immense partie de poker jouée par des fous. Chacun dissimule ses cartes, surenchérir sans cesse, fait la moue et bluffe, espérant que personne ne découvrira jamais la vraie valeur de sa main.. C'est un poker sans but ni logique: ici, on se couche avec quatre as et on relance avec outrance quand on n'a pas le moindre jeu. Ici, tout le monde joue mais personne ne remporte la mise. Notre existence se résume à un jeu éternel. Et celle qui mélange et distribue les cartes en grimaçant avec dédain, c'est la Mort.p.513
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Notre complicité était réelle - ce ne sont pas les victoires ou les joies qui rapprochent les hommes, ce qui les unit vraiment, ce sont les malheurs communs, le désespoir partagé.p.187
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On ne doit pas rester les bras croisés vis à vis de son passé. On doit se familiariser avec lui, l'apprivoiser, se l'approprier même. Le passé, ce sont les clous dans la charpente du présent.p.49
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D’ici, nous avons un regard beaucoup plus posé sur les camps, les massacres et les tortures. Ce qui est important, ce n’est pas l’apparence, ce ne sont pas les barbelés ou les gardes aves leurs chiens assoiffés de sang. Ce ne sont pas les fours crématoires et leurs plans d’extermination de masse. Le plus important, c’est le goulag qui s’étend à l’intérieur d’un homme. Le plus atroce, c’est quand un être humain passe sa vie dans un camp si vaste que jamais il n’en découvre les barbelés ou ne sent la fumée des fours crématoires ; jamais il ne se rend compte qu’il est prisonnier. C’est le triomphe du système. On ne peut pas lutter contre lui. La voilà, l’horreur dans ce qu’elle a de plus pur. Nous méditons beaucoup sur cela. Nous nous demandons souvent si l’homme a vraiment besoin de sa liberté. Nous considérons avec intérêt les Nord-Coréens ou les Vietnamiens d’aujourd’hui, qui sont reconnaissants envers leurs autorités d’avoir pu dormir un peu, d’avoir pu manger un peu et d’avoir pu travailler jusqu’à leur dernier souffle. Ils meurent presque heureux. Quelque chose nous échappe. La meilleure chose pour l’homme serait-elle d’être un esclave ? Peut-être qu’aspirer à la liberté n’est que l’invention perverse de quelques illuminés ?
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