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Citations de Robert Bloch (377)


Mon histoire d’amour avec Hollywood commença très tôt, dès mon plus jeune âge.

À cette époque, au temps du cinéma muet, la majorité des jeunes – ici aux États-Unis et dans le monde entier – était fascinée par les écrans cinématographiques. La télévision n’existait pas, la radio en était encore à ses débuts, et les films étaient notre fenêtre sur le monde. À une époque où peu de gens avaient les moyens de voyager de par le monde, c’était le cinéma qui nous donnait un aperçu fugitif de pays lointains. C’était le cinéma qui nous enseignait l’Histoire et nous en donnait une version romancée, le cinéma qui faisait notre éducation morale et nous offrait une image du comportement des adultes. Hollywood faisait rire et pleurer les jeunes Américains, agissait sur nos sympathies et nos passions, comblait notre désir d’enchantement, de frissons et de sensations fortes.

Nous adorions le cinéma et ses stars, et cela n’a rien d’étonnant… le fougueux Douglas Fairbanks, la réservée Mary Pickford, la royale Pola Negri, la sophistiquée Gloria Swanson, le terrifiant et macabre Lon Chaney, le romantique Rudolph Valentino, l’héroïque Tom Mix, l’infâme Erich von Stroheim, et les maîtres du comique comme Charlie Chaplin, Harold Lloyd et l’incomparable Buster Keaton.

Quant à Hollywood, c’était la capitale magique du monde… son influence était infiniment plus grande que celle de La Mecque, de Jérusalem ou d’autres lieux saints.



Robert Bloch dans la magnifique préface.
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Dans un asile de fous, il est courant d’entendre des voix. C’est ce qui m’arrivait.

"… les frères Christie, les frères Warner, les sœurs Talmadge. Partout, on ne rencontre que le népotisme… " "… pour moi, ça serait plutôt de l’inceste. Après tout, il n’y a pas de mal à ça, ça reste dans la famille… "

"… nous sommes des vers de terre, qui nous tortillons au bout de l’hameçon de Dieu… "

"… tu ne crois pas qu’il serait temps de nourrir ton singe au biberon, mon chou… "

"… le film a rapporté un million et demi et il se plaint encore ! Tout le mal que je te souhaite, c’est d’avoir autant de fric que William Fox… "

"… il n’y a que dans les scènes d’amour qu’il se fait doubler… "

"… mais enfin, bon Dieu, prends donc ce singe par la queue et retire-le de là… "

"… les toilettes sont occupées, essaie plutôt la piscine… "

"… est-ce que quelqu’un a vu Billie ? Elle a dit qu’elle passerait… "

"… je t’avais prévenue, non ? Tire-le par la queue, à moins que tu ne veuilles que les gens te croient enceinte… "

"… mais, bon Dieu, je suis enceinte… "

Debout, au bar, les sens en éveil, j’examinais tout le monde, j’éliminais les voix les unes après les autres, dans le seul espoir de détecter la présence de Lois Payne. Soudain j’aperçus Arch Taylor qui venait vers moi, un verre à la main. Le verre était vide, mais lui était manifestement plein. Quelque part en cours de route il avait perdu sa veste, sa cravate, et son sens de l’équilibre.
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Brusquement, quelqu’un ouvrit une porte, dans le hall, et j’entendis un bruit de voix. À ma surprise, l’une de ces voix était celle d’Harker. Je pensais qu’il était déjà dans la bibliothèque avec Luzovsky, mais ce n’était pas le cas, apparemment, car c’était une femme qui lui répondait. Et maintenant, je les entendais tous les deux, clairement et distinctement.

J’en ai jusque-là, disait la femme, ça ne peut plus durer !

— Alors, va-t’en. Va-t’en, et ne te crois pas obligée de revenir, cette fois.

— Oh, ne t’inquiète pas. je ne risque pas de revenir. J’en ai assez soupé de toi et de ta foutue astrologie !

— Tu n’as pas besoin de hurler, Mabel. Il y a des invités dans cette maison.

— Mais pour qui te prends-tu donc, à me donner des ordres ? Monsieur Théodore, le Grand Harker… Quand je pense que je t’ai connu petit colporteur d’élixirs à la noix !

— Et toi, quand je t’ai connue, tu faisais le trottoir à deux dollars la passe.

— Dis donc, espèce de salaud…

— Fous le camp, et ferme-la ! Je dirai à Rogers d’emballer tes affaires.

— Ce n’est pas la peine, je pars tout de suite. Va faire joujou avec tes boules de cristal, espèce de charlatan minable ! 

Une porte claqua. J’entendis le bruit de chaussures à talons hauts martelant le sol. Les pas se rapprochaient, et je me plaquai au mur.

Je vis Mabel se diriger vers la porte.

Mabel ? C’était Maybelle Manners.

"Quand je t’ai connue, tu faisais le trottoir à deux dollars la passe." Non, ce n’était pas possible, la reine était infaillible, la Joconde n’avait jamais hurlé comme une poissarde. Mona Lisa n’avait jamais été une prostituée…
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Tout est vrai. avait dit Luzovsky, et il avait raison. Le rêve se réalisait, pour lui, parce qu’il croyait en lui-même. Mais moi, je ne croyais plus – ni à Harker ni aux étoiles qui brillaient sur Hollywood ou dans la ville même. Pour moi le rêve était fini.

Je flânai le long des façades prétentieuses des propriétés de Sunset, puis je m’enfonçai dans le no man’s land du Strip. Dans la lumière violente de l’après-midi, tout paraissait crasseux, abandonné. Ce n’était que le soir que le Strip se réveillait, lorsque les étoiles venaient briller dans leur ciel factice et étriqué, celui des cabarets, des bordels et des casinos. Mais, même la nuit, c’était un paradis frelaté. L’alcool était mélangé à de la gnôle de contrebande, les femmes se faisaient payer pour singer la passion, et les cartes des joueurs étaient truquées, les dés pipés. Tout était minable, vulgaire, y compris mes réflexions sur le sujet. Tommy Post, le Jeune Philosophe. Encore de la frime, comme tout le reste.
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"Mère avait raison. Ce sont des chiennes. Mais qu'y faire? Surtout quand une chienne est aussi adorable que celle-ci et qu'on sait qu'on ne la reverra jamais."
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Quand j’y pense, je trouve ça d’un drôle… Vous me voyez écrivant de la poésie ? Toujours est-il que je restais dans la classe, après la fin des cours, et Miss Frazer m’aidait à scander « Idylls of the King ». Je me rappelle comme on gelait dans la salle par ces fins d’après-midi hivernales, l’odeur de la craie me monte encore aux narines.

Pour moi Miss Frazer était une vieille fille qui faisait son métier de professeur et moi j’étais son chouchou, c’est ainsi que je définissais nos relations, je n’y voyais rien d’autre que de très normal. Elle n’exigeait rien de moi, elle se montrait amicale et compréhensive. Je comprends maintenant qu’elle m’offrait en réalité le refuge de son sein maternel pour les jours de cafard… un sein de vieille fille stérile, asexué, de tout repos, à l’abri des microbes, de la foule, de toute réalité charnelle. J’étais loin d’imaginer ce qui passait par la tête de la pauvre demoiselle. Pensez donc, elle avait au moins trente-huit ans, sa chevelure commençait à grisonner, elle ne se séparait jamais de ses lunettes à monture d’écaille, pour un gamin de dix-huit ans comme moi elle avait l’âge de Mathusalem.

Elle m’appelait par mon prénom (Daniel), me parlait de mon avenir, de l’université, du culte de la beauté, me laissait entendre que je faisais partie des rares élus qui devaient consacrer leur vie à réanimer la flamme sacrée et, tandis que je lui lisais des vers, elle ôtait ses verres pour me regarder.

Je n’avais rien à lui reprocher...
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Les résolutions, c’est comme les migraines, on les oublie quand la douleur part.
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J’abaissai les yeux sur mes mains, de fait elles étaient attachées l’une à l’autre par l’écharpe marron. Vite j’essayai de me libérer en frottant les nœuds entre mes poignets, rien à faire, les nœuds tenaient bon, la craie ricanait, je fondis en larmes et Oscar Wilde chuchota : « Chaque homme tue ce qu’il aime, pourquoi vous ne vous tuez pas ? »

Je vis que je n’avais plus rien d’autre à faire, je me mis les mains autour du cou, l’écharpe m’effleura la peau, se resserra, j’étouffai, j’étouffai.

Réveillé en sursaut je me cognai le crâne tandis que le garçon des wagons-lits clamait dans le couloir : « dans vingt minutes on arrive à New York ».

Quel délicieux somme ! si reposant. J’étais vraiment prêt à tout désormais. Une leçon me restait gravée dans mon esprit, une leçon parfaitement claire : il n’y avait pour moi aucune échappatoire, je prenais la résolution suivante : à partir d’aujourd’hui, je m’interdirai de tuer qui que ce fût.
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- Si je ne t'aimais pas, sais-tu où tu serais aujourd'hui ?
Il n'avait pas voulu le dire, mais il ne put s'en empêcher :
- Tu serais à l'asile d'aliénés, dans l'aile des fous criminels. C'est là que tu serais.
Il coupa la lumière, tout en se demandant si elle l'avait entendu, et si elle l'avait compris.
Apparemment, oui. Car, lorsqu'il eut refermé la porte, elle lui répondit. Sa voix était d'une douceur trompeuse dans les ténèbres, mais pourtant les mots s'enfoncèrent dans sa chair plus profondément que le rasoir dans la gorge de M. Arbogast.
- Oui, Norman, tu as sans doute raison. C'est là que je serais, probablement. Mais je ne serais pas toute seule.
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Est-ce que je devine le fond de votre pensée ? Tandis que vous regardez les couples évoluer, avez-vous très envie de marcher droit sur l’orchestre, de monter sur l’estrade, de saisir une mitraillette et de les faucher tout bonnement, ces sales gens, ces avides, ces cruels, ces idiots ?

Je puis me tromper, peut-être que la plupart des gens n’ont pas les mêmes pensées, les mêmes sentiments, les mêmes désirs que moi… Y en a-t-il quelques-uns seulement qui me ressemblent ?

Sans doute aurait-on peur de moi si on savait tout ce qui s’agite sous mon crâne, il ne faut pour rien au monde qu’on s’en doute, écris mais n’en parle à personne. Pourtant j’aimerais tant qu’ils le sachent, qu’ils réalisent ce que je ressens, je serais très heureux de pouvoir leur faire une petite démonstration… avec mon écharpe… autour de leur cou.
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C’est curieux, se disait Sam, on est toujours persuadé de tout savoir de la vie de quelqu’un d’autre simplement parce qu’on voit cette personne fréquemment ou parce qu’on lui est sentimentalement attaché.
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- Je me demande dans quel trou nous sommes, murmura-t-elle. On cambriole une banque et le shérif est à l’église. Qu’est-ce qu’il fait ? Il prie pour que quelqu’un attrape les bandits à sa place ?
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Tuer quelqu’un est une chose terrible. Et même si l’on a la tête dérangée, on le sait parfaitement.
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Comment peut-on connaître les autres alors qu’on ne se connaît pas soi-même ?
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Robert Bloch
Voici comment l'auteur se définissait dans le numéro d'août 1938 de Amazing Stories :
"[...] A l'heure actuelle j'existe, plutôt que je ne vis, à Milwaukee, Wisconsin. J'ai écrit et vendu des récits de weird fiction
depuis l'âge de 17 ans, mais je commence seulement à écrire de la science-fiction. Plusieurs de mes textes de S-F sont
cependant apparus dans des fanzines où ils ont été accueillis par une indifférence glacée. Afin de satisfaire la curiosité
morbide des lecteurs, je suis grand, brun, laid, j'ai tout le charme et la personnalité de la vipère des marécages. Je
m'intéresse à la littérature contemporaine, à la psychologie, à la thaumaturgie et à la métaphysique. Je passe tout mon
temps libre à manger et à dormir. Quant à mon attitude générale vis-à-vis de la vie, elle est tout à fait impartiale : je hais tout."

(Dans " Les meilleurs récits de Unknown", présenté par Jacques Sadoul, p.187)
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- Je sais tout ce qu'on peut savoir sur le cinéma.
- Je ne savais pas qu'on trouvait tant de choses sur le cinéma dans les bibliothèques, avouai-je.
- Mon jeune ami, ce n'est pas dans les bibliothèques qu'on étudie le cinéma. C'est en allant voir des films.
Et c'est ce que Luzovsky avait fait, nuit après nuit, inlassablement. Certains soirs, il n'avait pas assez d'argent pour manger, mais il fait toujours dix ou vingt-cinq cents pour aller au cinéma. Pour Swanson, pour Arbuckle, pour Bushman, pour Chaplin, et même pour Pearl White. Pour la mise en scène des deux frères De Mille, et du grand David Wark Griffith. Ces pièces de dix et de vingt-cinq cents n'étaient pas dépensées en distraction: c'était un investissement pour l'avenir.
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"Et Baby Ruth, alors ? Je me rappelle quand ils l'ont mis en vente...c'était tellement énorme qu'on avait l'impression de se payer un repas complet pour un nickel.
- Tu te souviens de Three Musketeers ? Et de Milky Ways ?... Tiens, il y avait une barre que tu..."
Deux vieillards, se vantant de la grosseur de leurs sucres d'orge dans leur jeunesse.
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Les constructions nouvelles s'étendaient de plus en plus vers le nord, le long des canyons. On construisait beaucoup, à cette époque, et cela n'allait pas s'arrêter de si tôt; la propriété de Fred Thomson et Frances Marion, Pickfair , Falcon's Lair, la maison de Marion Davies sur la plage de Santa Monica. Déjà, les collines avoisinantes étaient constellées de splendides spécimens d'architecture de style Tudor espagnol, gothique provincial, Renaissance mauresque et Gréco-Elisabéthain. Il y avait des cathédrales avec des courts de tennis, un Trianon doté d'un garage pour six voitures, une Abbaye de Westminster agrémentée d'une piscine .
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En 1935, j'ai écrit et publié "La chose venue des étoiles", dédié à H.P.L Environ un an plus tard, H.P.L. écrivait une suite, "Celui qui hantait les ténèbres", qui m'était dédiée. Dans mon histoire je l'utilisais comme personnage, et dans son histoire il m'utilisait de la même façon !
Par la suite, j'ai suggéré d'écrire une troisième histoire, pour former une trilogie, reprenant le récit là où il l'avait laissé. Cette histoire "Shadow in the steeple" (l'ombre du clocher), m'a valu une réponse tout à fait enthousiaste de la part de Lovecraft, lorsque je lui ai racontée à grands traits dans une lettre. il m'a vivement pressé de l'écrire, mais j'ai remis ce projet à plus tard. il est fort possible qu'à une date ultérieure je me décide à l'écrire.

Robert Bloch (cité dans la préface).
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Vous pouviez voyager rapidement, à la vitesse élégante et lisse d'une balle de revolver très puissante. Vous pouviez voyager lentement, allongé dans votre baignoire et regardant les filaments de vie rouges et ténus se dévider de vos poignets. Vous pouviez utiliser une grande diversité de carburants... l'alcool en était un, et les narcotiques proposaient un voyage très en vogue.
Warren avait trouvé son mode de transport et à présent il avait pris sa décision.
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