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Jacqueline Lenclud (Traducteur)
EAN : 9782266038386
Pocket (18/08/2006)
3.93/5   29 notes
Résumé :
Il ne pouvait se confier à personne, sauf à son petit carnet noir.


Peut-être peut-on prendre son plaisir au spectacle de toutes ces morts dont les films, la télé, les journaux vous donnent une pleine ration chaque jour. Mais je trouve ça hypocrite, vous ne croyez-pas ?
Alors, quand comme moi la mort, la mort des autres, vous fascine, il faut franchir le pas. Aller y regarder de plus près. D'ailleurs, tuer quelqu'un soi-même ça ne doit p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique

"Quand à l'aube de l'histoire, le premier homme se jeta sur le singe l'estomac plein, une massue à la main et le meurtre dans le coeur, le singe sut que l'homme était fou. Mais il fallut longtemps à l'homme pour s'en apercevoir."
Fritz Leiber.

Fou, Daniel Morley le personnage principal de ce roman l'est aussi, le doute n'est pas permis mais il n'a pas mis longtemps à s'en apercevoir lui, quoique...
C'est en lui, à fleur de peau, un désir, une pulsion qui frémit sous la douce caresse de l'étoffe de l'écharpe que feu miss Frazer sa professeur d'anglais lui offrit le jour de la remise des diplômes à Horton High. Pauvre miss Frazer elle n'aura pas su lutter contre la morosité de sa vie qu'elle décidait aussitôt de la quitter sans imaginer un instant qu'elle laisserait une empreinte indélébile gravée dans le cortex cérébral du jeune garçon et une image, une seule comme pour rappeler à son bon souvenir : son corps suffoquant, son corps agonisant dans les vapeurs de monoxyde de carbone.

L'histoire ne nous dit pas comment le pauvre garçon est parvenu à se construire jusqu'à l'âge adulte mais toujours est-il que nous le retrouvons une décennie plus tard à Minneapolis. La seule chose qu'il a conservée de ses années à Horton High est sa précieuse écharpe. Il est devenu un fringant jeune homme qui se rêve écrivain et tente de vivre de sa plume avec cependant une approche très personnelle pour parvenir à l'inspiration : la mise en pratique dans la vie réelle. Oui, Daniel Morley couche sur le papier les femmes qu'il rencontre mais pas avant de les avoir couchées dans un cercueil. Paix à leurs âmes.

Il faut avouer que tout le talent de Robert Bloch réside dans le soin qu'il a apporté à la création de son personnage principal. Daniel Morley aurait pu s'appeler Norman Bates ou Patrick Bateman à quelques détails près qui ont toute leur importance ici : il est pleinement conscient de ses actes et lucide sur les raisons qui le poussent à tuer, il sait depuis longtemps où le mal a trouvé son origine. Daniel Morley hait les femmes, toutes les femmes et en particulier une : sa mère. Une haine profonde et tenace qui s'est tapie en lui dès l'enfance, miss Frazer n'aura été que l'un des nombreux éléments déclencheurs à sa folie.

Robert Bloch, et c'est ce qui est très intéressant dans ce récit, met un point d'honneur à nous rendre le personnage humain, attachant, certainement grâce au complexe d'infériorité dont il l'a affublé et forcément la lectrice que je suis se prend aussitôt d'affection pour le gamin de neuf ans, fragile et timoré qui passe ses nuits les mains liées aux montants de son lit car sa mère l'ayant catalogué de "vicieux" ne veut pas qu'il se touche.

L'ensemble du récit écrit à la première personne du singulier nous permet de prendre place aisément dans la tête de ce tueur atypique doué pour l'auto-analyse et l'autodérision qui va même jusqu'à se soucier du confort pré-mortem de ses victimes puisqu'il ne tue que les femmes avec lesquelles il se lie intimement. Ont-elles seulement le temps d'être surprises quand la caresse de l'écharpe qui enserre leurs nuques graciles se fait plus pressante, laissant palpiter la jugulaire saillante dans un dernier râle extatique qui précède l'asphyxie et que de leurs yeux devenant peu à peu vitreux elles cherchent encore dans un dernier battement de cils l'amour de Daniel ?

Ne vous attendez pas à des scènes de crime sanglantes, il n'y en a pas, l'auteur n'a recours à aucun artifice du genre horrifique, il préfère s'appuyer sur la caractérisation psychologique de son personnage en nous faisant entrer directement dans son esprit, le lecteur appréciera à sa juste valeur les extraits de son fameux carnet noir car ne l'oublions pas Daniel Morley est fêlé c'est un fait que l'on ne peut contredire mais à côté de cela, et c'est tout à son honneur, il tente par tous les moyens de devenir un citoyen américain respectable et respecté de tous car on est rarement criminel toute sa vie et il l'a bien compris.

Pour conclure je vous invite à découvrir ce récit teinté d'humour noir qui se déroule dans l'Amérique en pleine réforme de la fin des années 40. de Minneapolis à Chicago sans oublier Big Apple et Hollywood, Robert Bloch nous raconte l'ascension sociale fulgurante dans le milieu de l'édition d'un tueur psychopathe qui finalement ne cherche qu'une seule chose : réussir à tout prix, viser toujours plus haut : the American Dream, et surtout ne jamais s'arrêter sur un échec, en témoignent les dernières pages de ce roman : surprenantes.

Je laisse le mot de la fin au type du miroir :

"En tout cas j'ai fait de mon mieux, j'ai attrapé au vol les petits papillons noirs qui se débattaient dans mon cerveau et je les ai épinglés pour les regarder au microscope, pourquoi ressemblaient-ils à des sphinx tête de mort ? Je ne connais toujours pas la réponse."




* Je vous invite à lire les critiques de jrm30 et greg320i.



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« ... Je ne suis qu'un pauvre type de chauffeur qui voudrait devenir un
modeste écrivain. »

C'est un livre que je dois lire depuis un moment, c'est enfin le temps
que je le lise, c'est également un défi de lecture de Jrm30, je suis
très contente, je viens de terminer « L'écharpe » voilà quelques jours.
L'auteur Robert Bloch amène bien son histoire, il décrit bien les
ambiances, il sait nous faire voyager, il manie très bien son style.
Il nous présente alors notre personnage principal Dan qu'on va suivre,
on s'y attache malgré ses travers et on ne veut pas lâcher notre
lecture.

On constate que l'auteur Robert Bloch possède une très belle plume, on se laisse tout de suite porter par les voix des autres personnages, il sait maintenir notre attention, jusqu'à la fin. Je ne ressens pas d'ennui, il
aborde aussi des sujets très intéressants qui ne laissent pas le lecteur indifférent.

« Cela n'empêche que je m'interroge sur les réactions des autres gens,
les chirurgiens, les flics, les juges, les shériffs, les bourreaux ? Cela leur arrive de tuer des gens, évidemment ils ont toujours de bonnes
raisons : un accident, la force majeure, la loi, mais au fond d'eux-mêmes,
ressentent-ils la même chose que moi ? Je voudrais bien savoir si je suis
le seul ou non. »

C'est un petit livre, il se laisse facilement lire, je suis captivé par ma lecture. Il est bien construit, les chapitres sont courts et il est bien divisé. L'auteur Robert Bloch nous concocte bien son récit, il réussit bien la psychologie des personnages, il aborde bien les thèmes et il met bien en place l'attraction autour de l'écharpe. On se demande aussi ce qui va arriver à notre héros avec les gestes qu'il commet au fur et à mesure qu'on avance. J'émets un doute vers la fin, je devine un peu ce qui se passe, ça n'enlève rien au plaisir de ma lecture.

Il ne faut pas avoir peur de la couverture, je trouve ça dommage que ce livre ne soit pas beaucoup lu. Je suis contente de l'avoir fait, car je découvre un auteur talentueux et j'aime découvrir son univers. Je crois que j'ai lu mon livre au bon moment et je remercie Jrm30 qui m'a permis de le découvrir. J'invite donc à aller voir aussi son beau billet, c'est une excellente lecture, que je n'oublierai pas.

« Je portais cette écharpe pour diverses raisons : à cause de ma gorge fragile, parce que Hague l'avait remarquée et prenait plaisir à en faire un sujet de plaisanterie, parce que c'était mon porte-bonheur et enfin parce que cela me différenciait... Cela me différenciait de types qui balançaient leurs bras, des fumeurs, des... »

Siabelle
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Ce type est fou!!, mais le pire c'est que tout le long du livre je me suis demandée si l'auteur n'était pas aussi mentalement perturbé, aussi alcoolique, aussi cynique que son personnage tellement la plongée dans cette psyché pathologique me perturbait.
Pauvre Robert Bloch,(paix à son âme ) je dois manquer d'imagination pour avoir pensé cela! Pardon.
J'ai mis un moment à rentrer dans l'histoire, à cause peut être d'une écriture un peu datée, mais au bout d'un moment c'est ce qui fait le charme de ce roman.
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Robert Bloch, le grand regretté auteur, le génie des mots et des maux d'une noirceur absolue, le bulldozer prometteur, le Maître de la terreur, l'inventeur et le père fondateur des tueurs, l'un des précurseurs du genre de l'horreur psychologique, du thriller dramatique, un conteur incommensurable et accrocheur qui nous a pondu, sans la moindre erreur, son tout premier bouquin très novateur pour l'année 1947, soit 59 ans après la fin de Jack l'éventreur et la même année de la naissance de Stephen King, le Maître de l'horreur.

"L'écharpe" est une véritable petite perle, un délicieux roman d'une richesse noire et sombre à s'étrangler. Robert Bloch, nous livre une histoire sur la vie d'un narrateur qui se nomme Dan Morley, un personnage
qui nous tient à bout de souffle en livrant dans son petit carnet noir : ses expériences, ses rêves, sa confusion, ses craintes, ses sentiments sur le meurtre et ses actes. Un récit intriguant, finement mené et raconté à la première personne, tout en nous mettant dans la peau et dans l'esprit d'un écrivain en herbe psychologiquement dérangé, agressif et alcoolique qui vit de petits jobs. Sa première proie n'est que le début d'une longue série où le mensonge et la fuite deviennent au fur et à mesure nécessaire. Il n'hésite pas à maquiller ses meurtres en suicides, tout en gagnant une notoriété substantielle avec ses propres publications jusqu'à les publier à grande échelle. L'ensemble du contenu est assez froid, sec et servi avec un climat angoissant. Et la fin de la dernière ligne droite est vraiment inattendue, surprenante, un véritable coup de théâtre.
Échappe-toi vivant, avant qu'il ne t'écharpe froidement sans faire de sentiment, à condition que tu lises absolument ce petit bijou dément.
Au final, ce roman qui fêtera ses 70 ans l'année prochaine, est un pur chef-d'oeuvre, une sorte de "American Psycho" avant l'heure, mais en dix fois mieux, vingt fois supérieur, trente fois meilleur et qui n'a pas pris une ride.
L'auteur, malheureusement mort en 1994, nous prouve encore une fois aujourd'hui, qu'il restera pour longtemps un grand géant de la littérature, munie de sa plume d'une qualité incontestable et d'une rare densité.
Un écrivain très prolifique que la nouvelle génération se doit absolument de le découvrir.
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Daniel Morley est un écrivain ainsi qu'un scénariste prometteur. Avant d'en arriver là, il est passé par toutes les galères accumulant petits boulots, boissons et vie minable sans qu'il ne sente de changement venir.
psychologiquement perturbé depuis sa scolarité, il tiendra un journal intime « le carnet noir » où il s'auto psychanalyse.
Le souci c'est qu'à chaque fois qu'il vient à écrire dans ce carnet, une des femmes avec qui il est et qui l'aide à gravir les échelons, va mourir.

Une écriture simple sans chichi et terriblement efficace qui rend l'histoire addictive et intemporelle, j'ai envie de dire (donc je le dis).
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Quand j’y pense, je trouve ça d’un drôle… Vous me voyez écrivant de la poésie ? Toujours est-il que je restais dans la classe, après la fin des cours, et Miss Frazer m’aidait à scander « Idylls of the King ». Je me rappelle comme on gelait dans la salle par ces fins d’après-midi hivernales, l’odeur de la craie me monte encore aux narines.

Pour moi Miss Frazer était une vieille fille qui faisait son métier de professeur et moi j’étais son chouchou, c’est ainsi que je définissais nos relations, je n’y voyais rien d’autre que de très normal. Elle n’exigeait rien de moi, elle se montrait amicale et compréhensive. Je comprends maintenant qu’elle m’offrait en réalité le refuge de son sein maternel pour les jours de cafard… un sein de vieille fille stérile, asexué, de tout repos, à l’abri des microbes, de la foule, de toute réalité charnelle. J’étais loin d’imaginer ce qui passait par la tête de la pauvre demoiselle. Pensez donc, elle avait au moins trente-huit ans, sa chevelure commençait à grisonner, elle ne se séparait jamais de ses lunettes à monture d’écaille, pour un gamin de dix-huit ans comme moi elle avait l’âge de Mathusalem.

Elle m’appelait par mon prénom (Daniel), me parlait de mon avenir, de l’université, du culte de la beauté, me laissait entendre que je faisais partie des rares élus qui devaient consacrer leur vie à réanimer la flamme sacrée et, tandis que je lui lisais des vers, elle ôtait ses verres pour me regarder.

Je n’avais rien à lui reprocher...
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J’abaissai les yeux sur mes mains, de fait elles étaient attachées l’une à l’autre par l’écharpe marron. Vite j’essayai de me libérer en frottant les nœuds entre mes poignets, rien à faire, les nœuds tenaient bon, la craie ricanait, je fondis en larmes et Oscar Wilde chuchota : « Chaque homme tue ce qu’il aime, pourquoi vous ne vous tuez pas ? »

Je vis que je n’avais plus rien d’autre à faire, je me mis les mains autour du cou, l’écharpe m’effleura la peau, se resserra, j’étouffai, j’étouffai.

Réveillé en sursaut je me cognai le crâne tandis que le garçon des wagons-lits clamait dans le couloir : « dans vingt minutes on arrive à New York ».

Quel délicieux somme ! si reposant. J’étais vraiment prêt à tout désormais. Une leçon me restait gravée dans mon esprit, une leçon parfaitement claire : il n’y avait pour moi aucune échappatoire, je prenais la résolution suivante : à partir d’aujourd’hui, je m’interdirai de tuer qui que ce fût.
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Est-ce que je devine le fond de votre pensée ? Tandis que vous regardez les couples évoluer, avez-vous très envie de marcher droit sur l’orchestre, de monter sur l’estrade, de saisir une mitraillette et de les faucher tout bonnement, ces sales gens, ces avides, ces cruels, ces idiots ?

Je puis me tromper, peut-être que la plupart des gens n’ont pas les mêmes pensées, les mêmes sentiments, les mêmes désirs que moi… Y en a-t-il quelques-uns seulement qui me ressemblent ?

Sans doute aurait-on peur de moi si on savait tout ce qui s’agite sous mon crâne, il ne faut pour rien au monde qu’on s’en doute, écris mais n’en parle à personne. Pourtant j’aimerais tant qu’ils le sachent, qu’ils réalisent ce que je ressens, je serais très heureux de pouvoir leur faire une petite démonstration… avec mon écharpe… autour de leur cou.
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Je me mis à vomir quand l'air pénétra à nouveau dans mes poumons puis je perdis connaissance. C'est dans cette posture qu'on me retrouva. Miss Frazer était morte. Le lendemain du jour où je quittai l'hôpital, je m'enfuis; c'était plus fort que moi, je ne pouvais plus supporter cette ville. Pendant des années, j'ai haï les femmes, les livres, tout ce que j'avais aimé avant.
C'est étrange, cette écharpe, je n'ai jamais pu m'en séparer.
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Son crâne chauve et hâlé semblait reposer directement sur ses larges épaules un peu à la manière d'une orange que des déménageurs auraient posée par mégarde sur la caisse contenant le piano.
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Vidéo de Robert Bloch
Chronique consacrée aux grands noms de la littérature policière, et animée, depuis octobre 2018, par Patrick Vast, dans le cadre de l'émission La Vie des Livres (Radio Plus - Douvrin). Pour la 25ème chronique, le 07 novembre 2018, Patrick présente Robert Bloch. Patrick Vast est aussi auteur, notamment de polars. N'hésitez pas à vous rendre sur son site : http://patricksvast.hautetfort.com/ Il a également une activité d'éditeur. À voir ici : https://lechatmoireeditions.wordpress.com/ La page Facebook de l'émission La Vie des Livres : https://www.facebook.com/laviedeslivres62/
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