Citations de Robert Graves (109)
Symptômes de l'amour
L'amour est une migraine universelle,
Une tache lumineuse sur la vision
Effaçant la raison.
Les symptômes du véritable amour
sont la maigreur, la jalousie,
les aurores attardées ;
Sont des présages et des cauchemars - À
l'écoute d'un coup,
Attendant un signe :
Pour un contact de ses doigts
Dans une pièce sombre,
Pour un regard inquisiteur.
Prends courage, amant !
Pourriez-vous endurer une telle douleur
D'une main autre que la sienne ?
Il baye au corneille attendant son châtiment
Il avait dû se perdre dans le mirage et avait sans doute erré jusqu'à ce que son chameau, épuisé, fut tombé. Il était mort sur place, de chaleur et de soif. Cette sorte d'agonie n'est pas longue - l'homme le plus fort meurt le second jour dans la saison d'été- mais très pénible. Une peur panique s'empare du cerveau et, en une ou deux heures réduit réduit l'être le plus brave à l'état de fou bégayant que le soleil achève. Lawrence apprit à endurer la soif aussi bien qu'un bédouin.
p. 134 éd. Petite bibliothèque Payot/Voyageurs, 2002
Selon mon frère Germanicus (...) Les Espagnols, par exemple, pouvaient être impressionnés par la courtoisie d'un conquérant. Les Français par ses richesses, les Grecs par son respect pour les arts, les Juifs par son intégrité morale, les Africains par son maintien calme et autoritaire. Mais il faut faire mordre la poussière au Germain, qu'aucune de ces qualités ne touche, le frapper à nouveau quand il se relève et le frapper encore quand il gît à terre, gémissant. "Tant que ses blessures le feront souffrir, il respectera la main qui les lui a infligées".
C’est inutile de discuter avec vous autres républicains. Vous ne voulez pas voir que chercher à rétablir la République à l’époque actuelle, c’est vouloir, par exemple, imposer aux femmes et aux maris modernes les sentiments de la chasteté antique. Autant essayer de faire reculer l’ombre sur un cadran solaire : on ne peut pas, voilà tout.
L’histoire est un rapport exact de ce qui est arrivé, de ce que les gens ont fait et dit, de la manière dont ils ont vécu et dont ils sont morts.
Les triomphes, d’ailleurs, sont fort mauvais aussi pour la discipline militaire : les soldats boivent, se débandent, finissent par tout briser dans les cabarets, par mettre le feu aux boutiques d’huile, par outrager les femmes – en un mot par se conduire comme si c’était Rome qu’ils avaient conquise et non pas quelques huttes de rondins en Germanie ou quelque hameau enfoui dans les sables du Maroc.
Je ne veux pas dire qu’on doive absoudre tous les criminels sans exception : il est des cas de dépravation incurable qu’il faut extirper sans délai, comme un cancer, du corps politique. Mais s’il s’agit de fautes de jeunesse ou d’ignorance, mieux vaut punir aussi doucement que possible.
En règle générale une jolie femme, de nos jours, peut coucher avec qui elle veut. Financièrement elle ne gagne rien non plus au mariage. Sa dot passe aux mains d’un mari ou d’un beau-père généralement plus difficiles à manœuvrer que le père ou le frère aîné dont elle connaît depuis longtemps les côtés faibles. Le mariage ne lui apporte que d’assommantes responsabilités domestiques.
Cent ans après la malédiction punique, Rome doit être l’esclave d’un chevelu, un chevelu au cheveu rare, femme de tous les hommes et homme de toutes les femmes.
Mélampous comprenait la langue des oiseaux, ses oreilles ayant été purifiées par une nichée de jeunes serpents ; il les avait sauvé de la mort et avait pieusement enterré les corps de leur père et de leur mère.
Ce mythe est constitué d'éléments différents. Les Argiens adoraient la lune sous forme de vache parce que la nouvelle lune à deux cornes était considérée comme la source de toutes les eaux et par conséquent créant le fourrage des troupeaux. Ses trois couleurs, blanc, pour la nouvelle lune, rouge, pour la lune des moissons, noire, pour la lune décroissante, représentaient les trois âges de la déesse-Lune : la Jeune Fille, la Nymphe et la Vieille Femme.
Le prix, qui était à l'origine une pomme ou une branche de pommier, équivalait à une promesse d'immortalité lorsqu'il était, selon l'usage, tué par son successeur. Plutarque dit bien que la course à pieds constituât la seule épreuve des Jeux Olympiques, à leur origine, un combat singulier se déroulait également et qui ne prenait fin qu'à la mort du vaincu.
Le cérémonial de l'oracle de Trophonios -que Pausanias avait visité- rappelle la descente dans l'Averne, d'Énée tenant à la main un bouquet de gui, lorsqu'il s'en fut consulter son père Anchise et fait également songer à Odysseus, avant lui, allant consulter Tirésias ; il montre également que ces mythes relèvent d'un rite d'initiation au cours duquel le novice passe par une mort fictive, reçoit un enseignement mystique d'un personnage jouant le rôle d'une ombre, et renaît dans un nouveau clan ou société secrète.
L'image d'Asclépios, tenant un serpent guérisseur dans sa main, fut placée par Zeus parmi les étoiles.
Le gui était considéré comme l'organe sexuel du chêne et, lorsque les druides le coupaient rituellement avec une faucille d'or, ils opéraient symboliquement une émasculation ; le liquide visqueux de ses fruits passait pour être le sperme du chêne, liquide qui avait une puissante vertu de régénération. Sir James Georges Frazer a fait remarquer dans son Rameau d'Or qu'Énée s'était rendu dans le Monde Souterrain en tenant dans la main un bouquet de gui et qu'il détenait ainsi le pouvoir de revenir à volonté à l'air libre.
Il existe cependant un élément religieux dissimulé dans la légende. Ces géants ne sont pas des êtres en chair et en os, mais des esprits de la terre comme l'indiquent leurs queues de serpents et on ne peut en venir à bout qu'à l'aide d'une plante magique.
Échidna donna à Typhon une progéniture effrayante : Cerbère le chien des Enfers à trois têtes, l'Hydre, serpent de mer à plusieurs têtes qui vivait à Lerne, la Chimère, une chèvre à tête de lion et à corps de serpent qui crachait du feu et Orthros le chien à deux têtes de Géryon, qui s'unit avec sa propre mère et eut d'elle le Sphinx et le lion de Némée.
La Chimère était, semble-t-il, un symbole du calendrier attaché à l'année tripartie, dont les emblèmes, pour les saisons, étaient le lion, la chèvre et le serpent.
Dans le mythe préhellénique, la déesse chasse le roi sacré et, bien qu'il passe par des transformations saisonnières, elle se transforme elle-même en l'animal ennemi correspondant et le dévore au solstice d'été. Dans le mythe hellénique, les rôles sont renversés : la déesse s'enfuit, changeant de forme, mais le roi la poursuit et finalement réussit à la violer, comme dans la légende de Zeus et Métis, ou celle de Pélée et Thétis.