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Moi, Claude, empereur tome 1 sur 3

Suzanne Pairault (Autre)
EAN : 9782070378135
437 pages
Gallimard (23/03/1987)
4.26/5   23 notes
Résumé :
Celui qui fut le petit-neveu d'Auguste et le neveu de Tibère, l'oncle de Caligula, le beau-père de Néron, l'époux de Messaline et d'Agrippine, Claude qui boite et bégaie, prend ici la parole et fait le bilan de son existence. Comment cet intellectuel débile et volontiers ridicule, mais l'âme assez grande et le cœur sensible, a-t-il pu échapper à tant de pièges, survivre à travers tant d'intrigues et de meurtres, pour atteindre finalement cette couronne qu'il ne dési... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
+++ Lu en VO +++

Comme l'avait fait Marguerite Yourcenar avec les Mémoires d'Hadrien, Robert Graves imagine ici une autobiographie de Claude, empereur romain un peu oublié qui régna de 41 à 54 après J.C.. Robert Graves lui donne sa voix pour raconter tout d'abord son enfance, son adolescence, sa vie d'adulte et enfin sa proclamation comme empereur par les prétoriens à l'âge de 50 ans.

Claude est le petit-fils de Marc-Antoine, petit-neveu d'Auguste (Octave), neveu de Tibère et oncle de Caligula. Au vu de sa large ascendance et parentèle impériale, on pouvait se dire que sa destinée d'empereur était toute tracée. Et bien pas du tout, c'est un peu comme dans le roman d'Agatha Christie Ils étaient Dix (anciennement Dix Petits Nègres), petit à petit les prétendants à la succession de Tibère, puis de Caligula sont éliminés, tous sauf un : Claude !
Pourquoi lui ? Ou plutôt pourquoi pas lui ? Claude est un être chétif, de santé fragile, que diverses maladies d'enfance ont rendu en partie infirme. En effet, il boîte, est sourd d'une oreille, bave un peu, et comme tout le monde le méprise et se moque de lui, il est bègue. On le prend pour un crétin, un être débile que l'on le cache, et il semble impossible qu'il puisse un jour prendre les plus hautes fonctions de l'état contrairement à ses frères, à ses cousins ou à ses neveux. de ce fait, il est protégé. Il ne sera pas envoyé défendre les lointaines frontières de la Rome impériale, empoisonné ou exécuté pour complot afin de l'éliminer de la succession ce qui semblait être chose courante.

Claude le laissé pour compte, se réfugie dans l'étude, les livres, se passionne pour l'histoire et produira nombre d'écrits historiques, d'où cette autobiographie fictive, qui nous narre par le menu 40 ans d'histoire romaine et nous plonge non seulement au coeur des intrigues du palais impérial, mais dans les guerres aux frontières de Rome, et les soulèvements des peuples soumis ou ceux des armées romaines stationnées au loin. Dans la première partie de cette autobiographie, Claude s'étend longuement sur le personnage de sa formidable grand-mère Livie qui gouvernera aux côtés de deux empereurs Auguste et Tibère en les tenant sous son influence. Cette figure, loin de l'image de la grand-mère bienveillante, éliminera par toutes sortes de stratagèmes tous les prétendants à la succession qui peuvent menacer sa ligne directe.

C'est un roman historique passionnant que Robert Graves rend très vivant, avec nombre d'anecdotes, sans pour autant prêter des sentiments imaginaires aux personnages ou s'étaler sur les turpitudes peu ragoûtantes des puissants. Je ne sais pas ce que donne la traduction, mais le style de Robert Graves est clair, direct, précis comme celui de l'historien que Claude se targuait d'être. C'est d'ailleurs ce qui rend très lisible ce livre dense qu'il faut lire en consultant de près l'arbre généalogique de Claude pour suivre. En effet, les grandes familles romaines sont complexes, entre les mariages successifs (on répudie quand cela arrange, ou on élimine), les adoptions et les noms semblables de personnes différentes. J'ai vraiment peu lâché ce livre jusqu'à sa conclusion et je me suis procuré le deuxième et dernier tome pour l'édition anglaise. Il compte trois tomes en français.
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I, Claudius
Traduction : Mme Rémond-Pairault

ISBN : 978-2070378135

De santé fragile, bègue, méprisé par sa mère, Antonia (elle-même nièce d'Auguste) et littéralement haï par sa grand-mère par alliance, Livie, la dernière et toute puissante épouse d'Octave-Auguste, Claude, qui fut, parmi les "Douze Césars" de Suétone, le prédécesseur de Néron, fut probablement l'un des meilleurs administrateurs qu'eût connus l'Empire romain, administrateur qui plus est érudit et à tendances républicaines affirmées - eh ! oui. Auteur de nombreux livres qui demeurent accessibles aujourd'hui pour ceux que cela intéresse, il devint empereur sur le tard, contre sa volonté, et poussé en avant par la Garde prétorienne et par ceux qui en avaient assez de son neveu, Caligula (fils de son frère, Germanicus), lequel venait de périr, au creux le plus abyssal de sa folie, assassiné par ceux-là mêmes qui l'avaient porté au pouvoir.

Nous ne nous étendrons pas ici sur les délires de Caligula, fils, nous l'avons dit, du grand et noble Germanicus et de son épouse, Agrippine dite l'"Ainée", et frère, entre autres, de Drusilla et d'Agrippine la Jeune, avec lesquelles il entretint des relations incestueuses. de Drusilla, décédée en pleine jeunesse, il fit même une déesse, que ses commensaux et sujets divers se voyaient forcés d'adorer. Mais après pareil personnage aux commandes de l'Empire, on comprend que les Romains aient trouvé grâce auprès de l'humanité et de la tolérance de Claude.

La trilogie de Robert Graves, que le personnage a littéralement fasciné, est entièrement écrite à la première personne. C'est donc Claude lui-même qui nous raconte sa vie, depuis sa triste enfance jusqu'à cette fin qu'il prévoit, assenée par sa quatrième épouse, sa nièce Agrippine, qui, de fait, l'empoisonnera afin de lui faire succéder le fils qu'elle a eu de son premier mariage, Nero, et qu'elle a fait adopter par Claude le Trop Faible - que domine aussi peut-être à ce moment-là un intense sentiment de lassitude. Sous la plume fine et grandie dans le sérail du futur Empereur, défilent la prodigieuse et cynique figure de Jules César, celle, bien plus pâle mais pourtant singulièrement vigoureuse, d'Octave, devenu Octave Auguste, puis Auguste tout court, dont la seule faiblesse fut sa troisième et dernière épouse, Livia.

En quelque sorte, on peut même dire que ce premier ouvrage est dominé presque tout entier par le personnage de Livia, éminence grise d'Auguste, qui ne prenait jamais une seule décision sans l'avoir préalablement consultée. Qu'Auguste ait accepté sans rien dire le recours systématique au poison dont fit usage bien trop souvent son épouse bien-aimée, Claude ne l'affirme pas. Mais il laisse entendre très clairement que, s'il eut des soupçons, Auguste détourna la tête, même lors de la mort de Germanicus que Livia fit tout bonnement assassiner alors qu'il se trouvait encore en campagne dans les épaisses forêts germaniques, mais s'apprêtait à revenir à Rome.

Etrange portrait d'un Auguste en somme bien plus crédule que ne l'affirment certains historiens, dressé par son propre petit-neveu, lequel était aussi le petit-fils de ... Marc-Antoine, le pire ennemi d'Octave. Mais portrait en somme conforme à ce que fut Auguste et à ce qu'il donna à Rome et à l'Empire. Claude reconnaît aussi, derrière la plume de Graves, les qualités éminemment politiques de Livia. Tout comme il affirme que les tics et les comportements hyper-nerveux sans oublier les infirmités qu'il accentuait à dessein étaient pour lui une manière de survivre au sein d'une "famille" impériale (les Julio-Claudiens) dont les membres, obsédés par le pouvoir, passaient leur temps à s'entretuer ...

Signalons que Graves a soutenu également la thèse comme quoi Claude aurait souffert dans son enfance de la poliomyélite, maladie qui, bien sûr, lui aurait laissé d'importantes séquelles. de nos jours, on penche plutôt pour le syndrome de Gilles de la Tourette qui aurait provoqué, chez Claude, des périodes de "crises" où les tics et la faiblesse l'emportaient alors que, en période calme, c'était un homme charmant, fin, très intelligent, tout aussi instruit et fort avisé.

Pour en revenir à ce premier tome, il évoque bien plus, répétons-le, Octave et la personnalité malveillante de Livie - qui parviendra à faire succéder à Auguste le seul enfant qu'elle avait eu, issu de son premier mariage, Tibère - que tout autre personnage. Derrière la fascination éprouvée par le narrateur devant celle qu'il appelle sa "grand-mère" bien que, génétiquement parlant, elle ne le fût en rien, perce celle de Graves pour un couple (Auguste / Livie) et une famille (les Julio-Claudiens) qui, de Jules César à Néron, a façonné, en bien comme en mal, la destinée de Rome et de l'Empire. le choix de Claude pour raconter cette histoire - on m'objectera que vinrent, après Néron, quatre autres "Empereurs", dont le dernier fut Vitellius, mais, même si Suétone les évoque, ils n'étaient pas des Julio-Claudiens et c'est seulement avec Vespasien que se créera une nouvelle dynastie, celle des Flaviens - avant-dernier empereur lucide de cette étonnante épopée - est fort bien trouvé : habitué à se dominer dès l'enfance, habitué à dissimuler, diront certains avec raison, il ne tombera pas pour autant dans les pires excès et sera certainement l'un des meilleurs gouvernants de l'Empire romain. L'érudition reconnue du personnage historique se double ici de celle, tout aussi indéniable, de Robert Graves et l'on dévore ce premier tome avec passion en constatant, non sans un certain étonnement, que la femme romaine, quand elle atteignait à certaines hauteurs, pouvait en fait tout se permettre, elle qui, pourtant, était techniquement tenue pour "mineure" devant la loi.

L'erreur d'Auguste, comme celle de Livia, fut de sous-estimer Claude, de le juger sur son physique débile et sur sa timidité. Ce n'est qu'à la toute fin de leur passage sur cette terre que leurs yeux se dessillent. Et, curieusement, c'est à ce "petit-fils" dont elle ne supportait pas la vue que Livia demandera à veiller à sa déification posthume car, elle ne le dit pas en ces termes mais cela revient au même, elle sait que, s'il lui donne sa parole, il la tiendra. Belle victoire pour le "pauvre Clau- Clau- Claude" sur un Destin que, dès son berceau, on juge malveillant et s'acharnant à plaisir sur lui même si, par certains présages (comme celui de l'aigle, qui frappe tellement Antonia, sa mère), l'individu qui voit plus loin que les apparences peut subodorer le triomphe final de l'enfant, puis de l'homme méprisé et dont tout le monde se moque. ;o)
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Un ouvrage qui commence très bien et semble sur le point de s'envoler, mais au bout de quelques centaines de pages, une sort de routine s'installe. Toujours les mêmes "trucs" et on finit par avoir l'impression qu'on... s'ennuie. Voilà, c'est étonnant mais c'est vrai. Après des centaines de pages d'intrigue et de despotisme, je me suis forcée à continuer jusqu'à la fin dans l'espoir qu'il se pasee quelque chose de nouveau.

Dommage, parce que le prémice, c'est à dire le choix de deux rebuts comme une femme empoisonneuse et un homme dévirilisé dans le système références romaines, aurait pu être passionant.
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Premier tome d'une longue saga qui fait raconter sa vie par l'empereur Claude lui-même. C'est assez long à lire et il faut suivre avec attention les différents arbres généalogiques pour garder le fil. L'enfance de Claude ne fut guère heureuse et sa vie une succession de faiblesses. Pour les amateurs de la civilisation romaine, une belle trilogie.
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Un plaisir de cynisme et d'amoralité et ne pas hésiter à revoir l'adaptation télé avec le grand Derek Jacobi.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... Moi, Tibère-Claude-Drusus-Nero-Germanicus, etc, (je ne veux pas vous infliger dès maintenant tous mes titres), connu tout récemment encore de mes amis et de mes proches sous les noms de "Claude l'Idiot", "Claude le Bègue", "Clau-clau-claude", ou à tout le moins de "Pauvre oncle Claude", je m'apprête aujourd'hui à écrire l'étrange histoire de ma vie. Je partirai de ma plus tendre enfance et continuerai d'année en année jusqu'au tournant fatidique d'il y a huit ans où, à l'âge de cinquante-et-un ans, je me suis trouvé empêtré dans la "mauvaise passe dorée" dont je n'ai jamais su me tirer depuis lors.

Ceci n'est pas, loin de là, mon premier livre. La littérature, et en particulier le métier d'historien que j'ai étudié à Rome avec les meilleurs maîtres, ont été pendant trente-cinq ans ma seule occupation et mon seul intérêt. Que mes lecteurs ne s'étonnent donc pas de l'habileté de mon style : c'est bien Claude lui-même qui écrit, et non pas son secrétaire ou l'un de ces annalistes officiels à qui les hommes publics racontent leurs souvenirs dans l'espoir que la rhétorique saura suppléer à la pauvreté du sujet et la flatterie voiler les vices. Ici, je le jure par tous les dieux, je suis moi-même mon secrétaire et mon annaliste : j'écris ces lignes de ma main ; et quelle faveur pourrais-je, en me flattant, attendre de moi-même ?

Ce n'est pas non plus la seule histoire de ma vie que j'aie écrite. J'en ai fait une autre, en huit volumes, destinée aux archives de la ville. C'est une grande machine ennuyeuse, dont je n'ai jamais fait grand cas, et que j'ai entreprise seulement à la requête publique. Pour dire vrai, j'avais à ce moment-là, c'est-à-dire il y a deux ans, bien autre chose à faire. J'ai dicté la plus grande partie des quatre premiers volumes à mon secrétaire grec en lui recommandant de ne rien y changer, sinon, quand c'était indispensable, pour équilibrer les phrases ou supprimer des contradictions et des redites. Mais j'avoue que presque toute la seconde moitié de l'ouvrage, et même quelques chapitre du début, ont été composés sur mes données par ce Polybe. (Je lui ai moi-même, quand il n'était qu'un petit esclave, donné le nom du célèbre historien.) Et il a modelé si exactement son style sur le mien qu'une fois l'ouvrage achevé, personne n'aurait pu les distinguer l'un de l'autre. ... [...]
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[...] ... Mes genoux s'entrechoquaient : je me mis à bégayer sans pouvoir m'arrêter. "Ô Sib ... Sib ... Sib ...", commençai-je. Elle ouvrit les yeux, fronça le sourcil et m'imita : "Ô Clau ... Clau ... Clau ..." Cela me fit honte et je parvins à me rappeler ce que j'avais à demander. "Ô Sibylle," dis-je avec un grand effort, "je suis venu t'interroger sur le sort de Rome et le mien."

Peu à peu sa figure changea : la fureur prophétique s'emparait d'elle. Elle se débattit, haleta : il y eut un bruit de course dans les couloirs, des portes claquèrent, des ailes me frôlèrent le visage, la lumière s'évanouit, et la Sibylle, avec la voix du Dieu, articula quelque vers grecs :

"Celle qui gémit sous la malédiction punique et s'étrangle avec les cordons de sa bourse, doit aller plus mal avant de guérir."

"De sa bouche vivante sortiront les mouches bleues ; les vers ramperont dans ses yeux ; personne ne marquera le jour de sa mort."

Elle agita les bras au-dessus de sa tête et reprit : "Dix ans, cinquante jours et trois : Clau-clau-clau recevra un présent que tous désirent, excepté lui."

"Bégayant, gloussant, bronchant, la lèvre toujours dégouttante, il ira vers sa grandeur servile."

"Mais, muet et absent, dans dix-neuf siècles, Clau-clau-clau parlera."

Puis le Dieu rit par la bouche de la Sibylle, bruit harmonieux mais terrible : "ho ! ho ! ho !" .... [...]
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Les douces paroles chassent la colère : le pardon amollit le cœur le plus dur… Je ne veux pas dire qu’on doive absoudre tous les criminels sans exception : il est des cas de dépravation incurable qu’il faut extirper sans délai, comme un cancer, du corps politique.
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Les triomphes, d’ailleurs, sont fort mauvais aussi pour la discipline militaire : les soldats boivent, se débandent, finissent par tout briser dans les cabarets, par mettre le feu aux boutiques d’huile, par outrager les femmes – en un mot par se conduire comme si c’était Rome qu’ils avaient conquise et non pas quelques huttes de rondins en Germanie ou quelque hameau enfoui dans les sables du Maroc.
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C’est inutile de discuter avec vous autres républicains. Vous ne voulez pas voir que chercher à rétablir la République à l’époque actuelle, c’est vouloir, par exemple, imposer aux femmes et aux maris modernes les sentiments de la chasteté antique. Autant essayer de faire reculer l’ombre sur un cadran solaire : on ne peut pas, voilà tout.
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