🚶♂️WHEN WE WALKED TOGETHER🚶♂️
Pas de suspens : j’ai énormément aimé Walker, premier roman de Robin Robertson, publié aux éditions de l’Olivier.
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1946 - Walker soldat canadien traumatisé par le Débarquement et les combats menés en France, arrive aux Etats-Unis. Paumé, il arpente tout d’abord New York, puis Los Angeles et San Francisco, au gré des opportunités. Il marche. Et rencontre d’anciens soldats, des laissés pour compte, offrant une vision noire de l’Amérique du tournant des années 1940-1950.
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Ce texte, écrit en grande partie sous forme d’un poème, est d’une sacrée puissance. D’une écriture très photographique et immersive, Robin Robertson évoque, à travers Walker, le destin de ces soldats confrontés à une violence inouïe, que personne n’attendait au retour. Il alterne ainsi présent et, en écho, des souvenirs fragmentés du passé. Qu’ils soient doux et nostalgiques lorsqu’il peint la nature canadienne et l’amour d’Annie, ancienne amoureuse de Walker. Ou qu’ils soient sanguinolents lors de réminiscences des combats.
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A la violence des derniers mois de la Seconde Guerre mondiale répond celle de l’Amérique post-combats. Celle de la chasse aux sorcières.
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Ses villes tentaculaires rejettent les habitants les plus fragiles. Les pauvres, les minorités. Ici tout n’est que violence, âpreté et absence de considération. Une manière d’aborder la crise sociale que traverse actuellement le pays ?
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« - Indiens, Noirs, Mexicains, communistes, musulmans, on a le choix -
il faut à l’Amérique des monstres,
pour pouvoir les parquer, les mettre à l’écart,
voire les abattre.
C’est du patriotisme, qu’ils disent, du nativisme.
En fait c’est du racisme pur et simple. De la paranoïa. »
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Noir, tout comme les films policiers que Walker aime visionner. C’est d’ailleurs toute l’esthétique du roman qui est traversée par l’influence du cinéma en noir et blanc. Le titre original : The Long Take. Soit « le plan-séquence ».
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Chapeau bas, très bas, pour Josée Kamoun, la traductrice, qui assure un travail extraordinaire. J’ai toujours eu le plus grand respect pour le travail des traducteurs, mais quand il s’agit de poésie, il me semble que la tâche doit n’en être que plus ardue. Là, elle parvient à faire sonner les mots, alignant assonances, allitérations, faisant chanter la langue de Robertson. Et frétiller de joie les lecteurs français de cette odyssée terriblement belle.
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