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Critiques de Robin Walter (37)
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Maria et Salazar

Les descendants d'Henri le navigateur qui ont fondé un empire, ont bizarrement tourné le dos au grand large au cours du 20 eme siècle et 900 000 d'entre eux sont venus s'installer en France pour vivre mieux...



C'est en effet sur l'émigration Portugaise des années 60 et 70 que se penche l'auteur de cette BD documentaire en prenant appui sur le témoignage de Maria, la femme de ménage de ses parents.



Le côté émouvant de cette BD est apporté par l'aventure personnelle des migrants , mais aussi par ce moment de l'existence où la maison va être vendue, la vie de tous les membres de la famille, ainsi que celle de Maria, bouleversée à jamais.



On apprend plein de choses sur l'histoire du Portugal et en particulier, sur la plus longue dictature européenne, celle de Salazar qui a utilisé l'émigration de façon opportuniste . On découvre les conditions de vie difficiles et le choc culturel des migrants, le bidonville de Champigny, l'apprentissage de la langue, le dur labeur pour se construire une vie, le rêve du retour au pays, pas vraiment partagé par les enfants.



C'est une BD très instructive en noir et blanc que m'a apportée cette opération masse critique, et je remercie Babelio et l'éditeur. Ce n'est pas mon graphisme favori, mais j'ai apprécié cette façon sensible d'aborder l'Histoire du monde, pour nous la faire partager.
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Maria et Salazar

Cette bande-dessinée est apparue dans mes suggestions de livres, et je n'ai pas pu résister à l'achat de cellei-ci.



Robin Walter a décidé de réaliser cette bande-dessinée en hommage à Maria, la femme de ménage portugaise de ses parents durant plus de trente ans. Robin Walter nous raconte alors la longue épopée de Maria jusqu'à ce qu'elle arrive chez ses parents en tant que femme de ménage. Il exprime le besoin qu'ont eu les portugais dans les années 60 de partir à cause de la misère et de la politique désastreuse (la dictature de Salazar). Les portugais au pays voyaient les portugais immigrés qui avaient réussi à gagner de l'argent et qui revenaient avec des voitures remplies de provisions et de cadeaux.



Malheureusement, ils ne connaissent pas les conditions de vie désastreuses qu'ont eu ces hommes dans les bidonvilles à Franc-Moisin et Champigny. La France était à cette époque le pays idéal pour gagner de l'argent mais la séparation entre les familles étaient dures et beaucoup de larmes ont coulé. Ce sont d'abord les hommes qui sont partis pour trouver un logement et un travail. Au fur et à mesure, les femmes et les enfants rejoignaient l'homme et se rendaient compte des conditions misérables.



Cette bande-dessinée d'une centaine de pages est écrit et dessiné simplement, sans mots compliqués et permet d'en savoir plus sur l'immigration portugaise des années 60-70. Robin Walter exploite plusieurs sujets comme l'amour, l'amitié, la famille, la séparation, la "saudade" et vous en apprendra davantage sur l'histoire du Portugal !
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Maria et Salazar

Quel émouvant hommage que celui de Robin Walter à Maria, la femme de ménage portugaise que ses parents emploient depuis trente ans.

Mais voilà, ils vendent leur maison et doivent se séparer de la fidèle Maria.

Comme un signe de remerciement et de reconnaissance, l’auteur décide de raconter son histoire.

Son enfance au Portugal, l’exil en France dans les années 70.

Pour mieux comprendre, il recueille de nombreux témoignages d’autres migrants et se penche sur l’histoire du pays et de la dictature de Salazar.

C’est très instructif historiquement parlant. Les rapports de la famille avec Maria sont touchants.

C’est vraiment une très belle histoire.

Par contre, je suis moins fan des dessins.

Certains sont très expressifs et réalistes, mais l’ensemble m’a paru sombre et brouillon.

Ceci dit, j’ai quand même passé un excellent moment.

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Kz Dora

Dans KZ Dora, Robin Walter illustre le récit laissé par son grand-père sur son expérience concentrationnaire.



On croise cinq personnages très différents qui vont être amenés à se croiser dans le récit (Allemands, Français, résistants, SS, etc).



J'ai beaucoup apprécié le graphisme en noir et blanc réalisé à l'encre et le fait que la rencontre de ces cinq vies mettaient en perspective les enjeux de la guerre pour ceux qui l'ont vécu.

En revanche, l'aspect sur la vie au camp de Dora où les détenus étaient utilisés pour fabriquer des armes n'apporte pas grand chose par rapport à des récits déjà existants ; comme celui de Primo Levi. Référence certes difficilement égalable, mais il me semble que la bande dessinée aurait pu apporter un complément très intéressant à ces témoignages, mais la fiction avec les liens entre les personnages a pris le pas sur cet aspect historique.
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Von Braun

Les avis sont partagés sur cet homme au parcours autant étrange qu'exceptionnel.

On peut le voir comme un criminel ou à l'inverse comme un illustre scientifique.

Quoiqu'il en soit il aura marqué l'histoire de notre planète et de la conquête de l'espace.



Le scénario de "Von Braun" de Robin Walter :



Robin Walter, après sa BD "KZ Dora" basée sur le récit de déportation de son grand père, revient avec une BD sur un des personnages les plus ambigüe de notre histoire, ayant un lien prouvé avec ce camps KZ Dora.

Il nous raconte l'histoire de cet homme dont son intelligence l'a sauvé.

Cependant l'auteur n'oublie pas...

Non, il sait très bien nous rappeler que ce cerveau de génie a eu un travers impardonnable : celui d'avoir été un Nazi !

Le récit alterne donc entre ses épisodes de gloire américaine, et son passé d'homme de guerre ignoble.

En lisant la description de son labeur pour sauver les siens, et surtout réussir à toucher les étoiles et réaliser une partie de son rêve, on a vraiment du mal à imaginer que l'individu ai pu exploiter des prisonniers de guerre et fermer les yeux sur les activités d'autres tortionnaires...

L'auteur use donc habilement des flashs back pour recadrer les lecteurs quand ils s'emballent trop à la lecture des prouesses technologiques et politiques réalisées par ce Wernher Von Braun...

A travers cette biographie, nous découvrons aussi l'essor et le développement incroyable de l'aérospatiale mondiale à travers cette guerre froide américano-soviétique ou les enjeux politique étaient majeurs...

Chaque puissance devait affirmer son savoir technologique. Et quel fabuleux terrain de jeu qu'est l'espace !



Robin Walter signe donc un biopic passionnant sur un homme effroyablement ambivalent...

Cependant, peut-on lui en vouloir d'avoir senti le vent tourner et d'avoir saisi sa chance ?

Son opportunisme est-il à condamner ?

Ou bien, l'opération Paperclip des USA pour récupérer les savoirs industriels et militaires des allemands, avec son contingent d'homme de science, n'est-elle pas plus cruelle à l'égard des victimes des nazis que la fuite de ces hommes ?

En effet, se faisant, les USA ont ainsi offert une protection à cette élite devenue alors intouchable...

Cet exposé historique apporte donc son lot de questions de morale et incite ainsi le lecteur à réfléchir sur les actes de chacun et leurs conséquences.



Le dessin de Robin Walter pour "Von Braun" :



Le trait de Robin Walter est assez rude, singulier, rigide et épais, un peu à l'image de la réputation germanique...

Le style est évidement réaliste pour maintenir une rigueur relative aux faits passés.

Le découpage, majoritairement en gaufrier, vous offrira de nombreuses petites vignettes dont les arrières plans seront très souvent succincts afin que le lecteur s'attarde plus sur la narration que sur les compositions.

Les nuances de noirs, blancs et gris servent admirablement le récit historique, mais elles accentuent aussi les différentes facettes du personnage objet du biopic.

Elles illustrent donc parfaitement cette dualité entre bien et mal, entre la mise en lumière du génie scientifique et l'obscurantisme du militaire nazi.

Les expressions sont bien palpables sur les visages des protagonistes.

Les perspectives et proportions sont maitrisées et peu d'effets visuels, particulièrement discrets, pimentent l'ensemble.

Les alternances et variations de plans donnent du rythme et maintiennent le lecteur attentif à la lecture de cette longue période d'après-guerre.

Ainsi, en lisant cette biographie, on ressent bien à travers le graphisme, toute l'ambiguïté et le poids supporté sur les épaules de ce visionnaire scientifique autant du côté humain que politique.

On pourrait comparer le fait d'avoir orchestrer sa carrière de savant comme l'aurait fait un militaire de haut rang avec rigueurs, doutes, jeux d'influence, décisions et fermeté en éloignant le plus possible les côtés obscurs de sa conscience, et ne se concentrant que sur le positif.

C'est une belle réussite graphique.



Pour finir, cette BD est agrémentée d’une préface signée par Laurent Thierry docteur en histoire et historien à La Coupole, et en fin d'ouvrage de complément de biographie pour certains individus, d'un récapitulatif chronologique des faits et une postface signée de l'auteur lui-même.

Ce récit documentaire ne vous laissera certainement pas indifférent.




Lien : https://www.7bd.fr/2021/02/v..
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Von Braun

Dans ce roman graphique on découvre l'histoire de Von Braun le célèbre ingénieur qui a construit la fusée qui a permis le premier pas sur la lune.

Il retrace le parcours de ce nazi embauché par les américains à la fin de la guerre et dont sa responsabilité de ses actes au camp de Dora a été occulté.

Grâce à cette bande dessinée nous apprenons enfin cette partie de l'histoire encore méconnue malheureusement. L'auteur a fait un excellent travail de recherche et j'ai trouvé cette biographie fort intéressante. Le graphisme très bien réalisé et le scénario font que la lecture est plaisante. Un auteur à suivre.
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Von Braun

Il s'agit de la biographie du plus célèbre des ingénieurs nazis ayant permis aux Etats-Unis de réussir pleinement son programme spatial et de poser en premier le pied sur la Lune dans la course contre l'Union Soviétique.



Les américains ont voulu récupérer la compétence de ces ingénieurs en fermant les yeux sur leur passé criminel. Bon, la plupart n'ont pas pressé sur la détente mais ont participé à ce manège infernal ayant conduit à des millions de morts dans des camps d'internement. C'est cela que l'opinion public ne pardonne pas. Pour autant, en période de guerre froide, il convient de se servir de ce qu'on dispose comme ressource pour gagner la partie face à un ennemi autrement plus redoutable.



En effet, les américains vont grâce à l'opération Paperclip en 1945 récupérer les plus grands scientifiques allemands. Ce pays va surtout s'intéresser à ceux qui ont travaillé à Peenemunde en face de la mer Baltique.



Wernher von Braun fut connu pour avoir fabriqué les fameux fusées V1 et V2 qui vont faire tant de ravage en Angleterre ainsi qu'en Belgique et aux Pays-Bas durant la dernière phase de la guerre mondiale. Hitler aurait pu sans doute gagner la guerre si cette conception avait eu lieu plus tôt, c'est ce que dira le général en chef Eisenhower dans ses mémoires. Ce sont des armes redoutables notamment pour les V2 que les défenses ne parviennent pas à arrêter.



Les américains vont se servir allègrement de Von Braun et de son équipe puis tout doucement s'en débarrasser après la victoire sur la Lune. Il faut dire qu'une nouvelle génération d'ingénieurs américains hautement qualifiés avait pris le relai surtout pour le programme de la navette spatiale. Je n'ai pas trop apprécié cette hypocrisie du système pour parvenir à leurs fins.



La description de Von Braun est fascinante car il a pu s'en tirer à très bon compte grâce à des talents indéniables. Il n'avait qu'un rêve absolu : celui de la conquête spatiale. Et pour cela, il était prêt à tout sacrifier et même à travailler avec le diable pourvu d'arriver à cet objectif. Bref, un pur opportuniste comme on en rencontre assez souvent dans le milieu professionnel notamment.



J'ai trouvé que cette biographie était tout simplement excellente. Un très bon dessin sert l'ensemble. Par ailleurs, c'est réellement passionnant à souhait. On ne rate pas un passage. Je mets presque la note maximale car c'est vraiment un excellent travail.
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Maria et Salazar

Devoir vendre la maison familiale et voir les souvenirs resurgir; l’enfance, les visages des parents des frères et des sœurs, les éclats de rire dans le jardin, et puis la cuisine de Maria, son écoute sa bienveillance sa gentillesse… Maria, la femme de ménage d’origine portugaise qui continue d’entretenir la maison pour les visites d’acheteurs potentiels.



Depuis le départ de ses parents vers la montagne et ses bienfaits, Robin avait un temps installé son atelier dans la maison mais n’y vivait pas. Sa femme et ses enfants, Maëlle et Guillain avaient arpenté chaque pièce et savouré les délicieuses frites de Maria.



Mais, ainsi allait la vie, il fallait vendre.



En s’interrogeant sur l’avenir de Maria – une retraite éventuelle dans son pays natal ? – , Robin constate qu’il ne sait rien de son passé. À l’heure où les flux migratoires sont au cœur de l’actualité, Robin aimerait connaître et comprendre, à travers le vécu de Maria, l’Histoire de l’immigration de masse portugaise, causée en partie par la dictature de Salazar.



Et l’auteur-illustrateur qu’il est a le vif désir de partager ses recherches et ses sentiments avec ses lecteurs. Ainsi, Robin met en mots et en dessins le récit de Maria et Manuel – son mari -, et les informations glanées dans les médiathèques. En simultanée, il met en scène sa propre famille et lui-même. Le passé côtoie le présent en l’éclairant et des résonances s’opèrent.



La construction narrative pertinente et les illustrations réalistes apportent à l’aspect historique beaucoup d’humanité. Une démarche sincère sensible et intéressante. Et quelle belle idée de mettre en lumière l’arrivée des portugais en France dans les années soixante, un sujet peu exploré en littérature.
Lien : https://lesmotsdelafin.wordp..
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Maria et Salazar

Trente ans de souvenirs qui s'effacent. Les parents de Robin ont mis leur maison en vente. Trente ans de moments partagés avec ses frères et soeurs, avec Maria aussi, la femme de ménage, partie du Portugal au moment de la dictature de Salazar. De ces derniers moments dans la maison de son enfance naît l'idée d'en apprendre davantage sur Maria et son histoire.

Pour les 50 ans de la révolution des œillets, Des ronds dans l'O a la bonne idée de rééditer cet album paru initialement en 2017. Au travers de Maria, Robin Walter y conte l'histoire de l'immigration portugaise en France en replaçant le tout dans son contexte historique et politique. Salazar et l'estado novo, le bidonville de Champigny, l'illusion du retour au pays, le racisme... L'enquête est dense et instructive.

Robin Walter n'use d'aucun artifice pour raconter cette histoire. Son dessin en noir et blanc renforce l'aspect documentaire mais ne met jamais de côté pour autant l'aspect humain. J'ai également apprécié le passage au Musée de l'histoire de l'immigration qui replace le sujet dans une globalité et alimente la réflexion bien actuelle autour de "celui qui vient d'ailleurs".

Après KZ Dora, Prolongations et Von Braun (Des ronds dans l'O, 2010, 2014, 2021), Robin Walter perpétue une belle tradition de BD docu en contant l'Histoire par le biais de l'humain. Une réussite !
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Von Braun

Ce roman graphique sur Wernher Von Braun, l'ingénieur allemand qui mit au point les fusées V2 est intéressant en ce qu'il se concentre sur la part d'ombre de l'homme qui permit aux Américains de poser le pied les premiers sur la lune.

Cet alunissage mit ainsi fin à une course entamée contre les soviétiques dès les années 50.

Les missions Apollo furent un achèvement, non un début comme l'imaginait le monde entier à l'époque.

L'auteur de cette bande dessinée est le petit-fils d'un ancien détenu du camp de Dora qui fournit la main d'œuvre destinée à construire des fusées destinées à terroriser les populations civiles, mais qui arrivèrent heureusement bien trop tard dans la guerre pour en modifier le cours.

Je reste néanmoins un peu déçu de cette lecture, pour le dessin peu précis, et aussi pour ces incessants allers-retours entre les années 40 et la fin des années 60.

Ces retours en arrière nuisent à la lisibilité d'ensemble et le lecteur finit par se perdre et revenir lui-même en arrière pour retrouver le texte qui lui dira où il se trouve.

Les questions posées par l'auteur sont prégnantes et importantes, mais on reste sur sa faim.

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Von Braun

« C'est le 27 février 1970 que se termine cette histoire... Le dernier jour de Wernher von Braun à son bureau de Huntsville... Mais cette histoire se termine-t-elle vraiment à cette date ? N'est-ce pas plutôt en 1972, quand il démissionna de la NASA à Washington, puis que le programme Apollo se termina avec sa dix-septième mission, n’atteignant donc pas les vingt prévues... Ou est-ce en 1975, quand son état de santé se dégradant suite à un cancer, il dû arrêter ses activités professionnelles qui lui permirent de rencontrer Gandhi, Juan Carlos ou encore le Shah d'Iran... Il leur vendait les mérites des satellites de la société dont il était le vice-président... Mais n'est-ce pas l'envoi dans l'espace de la dernière fusée Saturn en mai 1975 qui met un point final à cette histoire ? Ou tout simplement le 16 juin 1977, quand Wernher von Braun succomba à la maladie à l'âge de 65 ans... ? Ou encore le 21 juillet 1980, quand le dernier spécialiste allemand de Peenemünde quitta le centre spatial de Huntsville... ? Ou au milieu des années quatre-vingt, quand les recherches de la journaliste américaine, Linda Hunt, révélèrent les détails de l'appartenance de von Braun au parti Nazi et à la SS, ainsi que son lien à Dora... Tout en révélant pour la première fois l'opération Paperclip dont les dossiers étaient déclassifiés depuis peu ; opération qui permit aux États-Unis d'attirer chez eux plus de 1600 scientifiques, ingénieurs et techniciens allemands dont de nombreux nazis... Et finalement, est-ce que le dénouement de cette histoire, ce n'est pas lorsque, à la suite de ces révélations, Arthur Rudolph, au récit plus anonyme mais tout autant sulfureux que celui de son célèbre compagnon de route Wernher von Braun, fut rattrapé par son passé, dû renoncer à sa nationalité américaine et quitter le pays en échange de l'abandon des poursuites judiciaires ? » (p. 168-169),



c’est ainsi que se termine le Von Braun de Robin Walter - enfin pas tout à fait puisque des compléments biographiques sur les principaux acteurs de cette histoire, une chronologie (période allemande et période américaine), une postface de l’auteur et une biographie sélective suivent.



Il n’est pas inutile de commencer par la fin car cela permet de faire le lien avec KZ Dora du même Robin Walter. Dans KZ Dora, inspiré par son grand-père qui a été interné dans le camp de concentration de Dora, dépendance du camp de Buchenwald et destiné à la production des V2 , Robin Walter fait référence à un scientifique allemand travaillant sur les V2. Ce scientifique, Michael Mond (« Mond » signifiant « Lune » en allemand), n’est autre que Wernher von Braun.



Aussi Von Braun est en quelque sorte le prolongement de KZ Dora. Ici, Robin Walter revient sur le passé allemand et le passé américain de Werhner von Braun en montrant la part d’ombre de celui qui aura grandement contribué aux nombreux succès américains dans la conquête spatiale (entre autres les missions lunaires du programme Appolo).



La part d’ombre, c’est notamment l’adhésion au parti Nazi, l’intégration de la SS à la demande de Himmler, l’obtention de la Croix de Fer, une faible mobilisation pour le sort de la main d’oeuvre concentrationnaire … Dans sa période américaine, Wernher von Braun devra répondre de ce passé en plusieurs occasions tout en contribuant à la conquête spatiale.



Long texte d’un seul tenant, la narration de Von Braun alterne habillement entre la période américaine et la période allemande de Werhner von Braun. Ces deux périodes agissent comme l’avers et le revers de l’histoire du père des fusées modernes et d'un pionnier de la conquête spatiale. La lecture est très instructive et très pédagogique sur cette période pas si lointaine - elle est (probablement ? certainement ?) à compléter par d'autres ouvrages.



En lisant et en refermant le roman graphique de Robin Walter m’est revenu le texte de Pierre Bayard Aurais-je été résistant ou bourreau ? au sujet de son père - notamment parce que la fille de Wernher von Braun, Margitt von Braun, expliquait « Il travaillait sous une dictature. Il ne pouvait pas dire non. Les gens n'avaient pas le même type de choix auquel nous sommes habitués dans une démocratie comme l'Amérique. Il est difficile, surtout pour les Américains, de comprendre qu'il s'agissait d'un type de régime très différent » et qu'elle préférait le peindre comme « Les Américains ont recruté des experts des fusées, qui ont permis à l'Amérique d'aller sur la Lune. Cette description est plus correcte » plutôt que comme « le Nazi Wernher von Braun »*.



* https://www.la-croix.com/Sciences-et-ethique/Apollo-Wernher-von-Braun-faisait-fusees-Hitler-pouvait-pas-dire-non-dit-fille-2019-07-18-1301036217
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Kz Dora

Robin Walter est le petit fils de Pierre Walter, prisonnier à Dora de 1943 à 1945. Dora était un camp de concentration pour le travail au bénéfice de l'industrie et de l'armement allemands. C'est un des camps les plus connus de ce genre car y étaient fabriqués les missiles V1 et V2.

Très bien dessiné cet ouvrage outre la transmission de mémoire se révèle être une source d'information sur les conditions de vie des déportés.
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Von Braun

BD a relier avec une autre, KZ Dora, l'auteur étant le même et Von Braun ayant officié également dans ce camp.

Celle-ci retrace le parcours hors norme de cet ingénieur nazi, Von Braun, affecté dans le camp de concentration de Dora en Allemagne et menant des recherches sur la fabrication des fusées V2, le premier missile balistique de l’Histoire

Récupérés à la fin de la guerre par les forces américaines dans le cadre de l’opération Paperclip. Von Braun est placé à la tête d’une équipe constituée principalement d’ingénieurs allemands.

Au début des années 1950, l’équipe de von Braun est installée à Huntsville où elle développe les premiers missiles balistiques de l’armée de terre américaine. C'est lui aussi qui sera à l'origine des missions lunaires du programme Apollo.



Au delà de ce parcours, la BD interroge le nazi qu'il était et permet de réfléchir aux "qualité" humaines (ou non) de ces grand scientifiques allemands qui ont échappé à la justice.

BD passionnante et exigeante.
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Maria et Salazar

L'intention de l'auteur est touchante : rendre compte de sa gratitude pour le dévouement de l'employée de maison portugaise qui pendant 30 ans a cajolé sa famille, et raconter l'immigration portugaise de la deuxième moitié du XXème siècle. C'est réussi ! Pour autant je ne suis pas à l'aise avec la position décomplexée du fils de bonne famille française qui rend hommage à la femme de ménage. En cela la fibre anarchiste de descendante d'immigrés qui somnole en moi est seule responsable, l'auteur n'y est pour rien.

Bravo, un bel hommage à Maria et les siens.
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Kz Dora

Le livre que j’ai reçu est l’intégrale de la BD Kz Dora ainsi que le texte complet du témoignage sur lequel s’est appuyé l’auteur des dessins. En effet, Robin Walter offre ses qualités de dessinateur pour rendre honneur à la mémoire de son grand-père, Pierre Walter, déporté au camp de concentration de Dora. La préface est de Stéphane Hessel, lui aussi rescapé miraculeux des camps.On trouve dans ce tome des personnages des deux camps ; deux Français, l’un élève-officier et l’un résistant, et trois Allemands, deux officiers SS et un scientifique travaillant pour l’armée. Tous se rencontrent au camp de Dora, qui servait au travail industriel et militaire au profit de l’Allemagne. Là étaient construits les missiles V1 et V2, le premier ayant été lancé sur Londres en guise de représailles quant aux bombardements alliés en terre allemande. La propagande les montrait souvent aux allemands comme « arme miraculeuse » qui leur permettait de retourner l’issue de la guerre à leur avantage…C’est à la fin de la bande dessinée qu’on retrouve le récit complet de Pierre Walter, qui nous relate les conditions de vie dans les camps, les scènes, insoutenables ou non, qu’il y voyait, la description de ses camarades de camp, ses nombreux transferts et le comportement des SS autant que celui des civils allemands par rapport à eux. On découvre donc dans ce texte une vision des camps qui diffère grandement de celle des Juifs déportés ; le travail forcé dans ce camp qu’on pourrait comparer à un bagne. En effet, là aussi, on distingue les « condamnés de droit commun », « les condamnés à perpétuité »…

Enfin, la plus grande partie de cet ouvrage : la bande dessinée par Robin Walter. Le dessinateur a un style très reconnaissable et réaliste. Il réussit avec brio à retranscrire l’atmosphère de l’histoire et à nous plonger dans le camp, une qualité lorsqu’il s’agit de faire perdurer dans notre mémoire un tel témoignage historique. Bande dessinée et texte se complètent, ne transmettant pas tout à fait la même impression mais conjuguant les deux travaux en un véritable documentaire. On peut reprocher un certain « stoïcisme » dans l’expression des personnages retranscrite en dessin ; à moins que cela fasse partie, après tout, du style de l’auteur. La bande dessinée ne respecte pas chaque point de détail du texte, n’en piochant que quelques uns par ci, par là. Peut-être pour rendre l’histoire plus courte. C’est regretté, mais pas indispensable, bien sûr, pour suivre le récit.



En résumé ; une bande dessinée très bien exécutée et rendant hommage avec talent à un témoignage précieux pour comprendre comment étaient organisés les camps de concentration et plus particulièrement celui de Dora. Grand-père et petit-fils contribuent à ce travail de mémoire avec alchimie. Un travail apprécié, et salué.
Lien : https://lamorneplaine.wordpr..
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Kz Dora

La BD commence en 1939 avec l'envahissement de la Pologne par Hitler. Dès lors l'insouciance des cinq personnages du récit va être mise à mal.

Paul, élève officier français, Émile, qui par la force des choses deviendra résistant, Hans, SS issu des jeunesses Hitlériennes, Bastian, officier SS d'expérience, et Michael, scientifique allemand travaillant sur les missiles V2, armes secrètes d'Hitler, voient leur destin se croiser au camp de concentration de Dora. Un camp secret, construit dans des tunnels pour échapper aux bombardements.

Une BD très réaliste qui dévoile toute la complexité des choix politiques, des choix personnels de chacun en tant de guerre.

Un récit témoignage nécessaire tirée de l'histoire du grand-père de l'auteur.

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Kz Dora

Le choix du noir et blanc ne s’imposait pas forcément pour cette histoire même si un certain Steven Spielberg l’avait fait en son temps pour un film resté célèbre. Oscarisé le fut également la bd « Maus » qui s’est également enorgueilli de l’absence de couleurs. Quand on traite d’un sujet aussi sensible que les camps de concentration, on se rend compte que l’émotion gagne en profondeur et qu’on est alors moins soucieux sur l’aspect général quant à la forme et le fond. Or, on n’accuse pas aussi facilement de telle œuvre de sensiblerie.



Pour autant, je ne me gênerai pas de dire que la présente bd me semble imparfaite. On suit le destin de plusieurs personnages qui vivent dans des endroits différents et on sait qu’à un moment donné, ils vont se rencontrer dans un camp de travail. On a du mal à les distinguer tant parfois, ils se ressemblent. Leur histoire individuelle n’a pas la même force. Ainsi, on suivra plus volontiers le résistant qui tente de fuir vers l’Espagne que le scientifique qui conçoit les fusées V1 et V2. Bref, il y aura confusion et certains dialogues sonnent faux.



Au final, on a l’impression que c’est un peu mièvre. Il y a quelque passage assez marquant mais on dirait qu’ils ont été placés là pour nous faire susciter de l’émotion. C’est pourtant inspiré de faits qui ont eu lieu dans la famille de l’auteur à savoir le grand-père. Les écrits sous forme de mémoire de celui-ci ont été placés à la fin de l’ouvrage en guise de témoignage sur les horreurs d’une époque trouble. Je crois que c’est la construction même de cette histoire qui semble pâtir d’un défaut majeur. Il reste néanmoins le devoir de mémoire qui ne semble pas faire que des émules. Et pourtant…
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Von Braun

Dans cette bande dessinée, Robin Walter nous raconte avec brio l'épopée de Wernher von Braun, le Professeur von Braun (ce titre lui a été décerné par Hitler lui-même). Il nous transporte de l'Allemagne aux Etats-Unis, de Berlin à Peenemünde puis de White Sands au Texas à Huntsville en Alabama.



Le 18 septembre 1945, Wernher von Braun, encadré par des militaires américains, décolle du sol allemand pour Boston, avec 6 autres spécialistes. Plus d'une centaine d'ingénieurs SS et leurs familles, désignés par von Braun, le suivront dans cette "exfiltration" vers le Nouveau Monde. C'est que tout de suite après la guerre, la vie continue, les intérêts des uns et des autres reprennent vite le dessus. Et les intérêts des Américains, c'est de récupérer les ingénieurs et les données techniques avant les Russes, pour assurer la course vers les étoiles. La phrase fétiche de Wernher von Braun, qui lui a permis de convaincre Hitler de lui accorder les crédits nécessaires au développement des fusées A4, puis les Américains de "sauver la peau" de ses amis scientifiques était : " Si nous ne le faisons pas, d'autres le feront."



Von Braun était scientifiquement brillant, mais en plus il avait aussi le don de persuader ses interlocuteurs, quels qu'ils soient. Le 20 août 1941 il rencontre Hitler et le persuade d'accorder plus de moyens au groupe de Peenemünde, les scientifiques allemands installés dans cette petite ville côtière du nord de l'Allemagne et qui y effectuaient des essais de lancements de missiles. De la même façon, juste après la guerre il persuadera les Américains de "sauver" ses camarades, puis plus tard de leur accorder eux aussi les crédits nécessaires à leurs recherches.



Pour ce qui est de ses liens avec le régime hitlérien, il restera par la suite plus qu'évasif et se défendra d'avoir de près ou de loin participé à l'exploitation des prisonniers des camps de travail comme à Dora par exemple. Dora, camp dans lequel de nombreux déportés ont travaillé de force et dans des conditions inhumaines à la fabrication des fusées et camp dans lequel von Braun est lui aussi passé. il n'était donc pas sans ignorer les conditions dans lesquelles les prisonniers effectuaient ce travail forcé.



Dans cet ouvrage, Robin Walter réussit un tour de force. Sans rien cacher du passé trouble de Von Braun, il nous montre également la force et l'intelligence de cet homme hors du commun. Sa conscience aussi. Ses démons et son passé ne sont jamais bien loin, ni dans son esprit ni dans ceux des autres. Walter retrace sa vie, en Allemagne puis en Amérique. Sa vie personnelle et professionnelle.



Une bande dessinée très instructive, au graphisme simple, en noir et blanc, qui vient renforcer la dualité du personnage principal. Une lecture que j'ai dévorée, j'y ai appris beaucoup et je ne suis pas près de l'oublier. A la fin figurent des compléments de biographie de chacun des personnages importants, ainsi qu'une chronologie de la vie de Von Braun. C'est ainsi que j'ai vu qu'en septembre 1922 il était élève au lycée français de Berlin (où mes trois enfants ont également étudié.)
Lien : http://lamaisonlivre.canalbl..
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Maria et Salazar

Une maison familiale en vente. Robin Walter y a ses racines, il y a grandi, tous ses souvenirs le rattachent à ce lieu. Depuis quelques années, il vit non loin de là avec sa femme et ses enfants mais il revient quasi quotidiennement dans la maison de ses parents. Il y a son atelier et cette atmosphère si propice pour travailler.

Et puis il y a Maria qui travaille pour eux depuis plus de trente ans. Maria continue de venir régulièrement pour entretenir la maison pendant que les visites ont lieu. Avec les années, Maria est devenue une amie de la famille et pour Robin – comme pour ses frères et sœurs – elle est devenue une seconde maman. La cuisine de Maria, sa gentillesse, sa bienveillance et sa douceur, tout cela fait qu’elle a une place importante dans cette famille. Mais la vente de cette maison marque aussi le fait que Maria ne viendra plus travailler pour les parents de Robin.

A la veille de ses trente ans, Robin Walter s’interroge sur le passé de cette femme et les raisons qui l’ont conduite à immigrer en France.







C’est un témoignage à la fois tendre et pudique que nous propose Robin Walter. Partant de la vente de la maison de ses parents et marquant ainsi le fait que c’est une page de sa vie qui se tourne, l’auteur pioche dans ses souvenirs et se remémore, dans un premier temps, les souvenirs forts de son enfance. Puis, suivant ce fil, le visage de Maria revient avec autant de régularité qu’un métronome, accompagnant chaque moment fort de cette vie de famille et contribuant largement à l’éducation des enfants. Cette famille n’aurait pas tout à fait été la même si elle n’avait pas été présente.



Par le biais de cette femme arrivée en France en 1972, Robin Walter aborde tout un pan de l’histoire du Portugal. Le XXème siècle marque un tournant dans l’essor du Portugal ; les deux guerres mondiales et la fin de son empire colonial marquent le déclin de l’économie portugaise et de son influence dans le monde. Et l’arrivée de Salazar au pouvoir va amener de plus en plus de portugais à choisir la voie de l’exil (...)
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Von Braun

Une bande dessinée interessante concernant le scenario mais je trouve malheureusement le graphisme moyen. Cette BD m'a permis de découvrir cette cette histoire de SS qui a la fin de la guerre on été blanchi pour le profit de leur recherche. Une histoire atroce qui reste malheureusement inconnue encore maintenant.
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