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Citations de Rodney Saint-Éloi (63)


il chantait les âmes englouties
crachait ses lamentos
déterrait l'aurore
vomissait ses entrailles pour contrarier les
étoiles

il n'y avait pas de spectateurs
il n'y avait pas de scène
il n'y avait pas de théâtre
la colère des plantations grondait
l'ancêtre brûlait le coton
infusait la canne en fleurs
l'ancêtre saluait les quatre foudres
disait paix aux directions
l'ancêtre maîtrisait les ombres
sa voix n'était pas négociable
son âme n'était pas négociable
l'histoire devra un jour laver les désastres
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pour ma défense
je citerai le code noir
l'exode la bible
les chants d'esclaves
les expropriations
le matin des génocides
je vous dirai
ma foi décoloniale
mon chagrin cyclope
la capture l'arrachage
le fouet le cachot
la cale le bannissement
les appontements de crachat
les ténèbres qui assassinent la lumière
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je hurle je
nage
m’ensilence

ne me défais pas
de mon regard
ne me vide pas
de mes cris
je reste entier
moi diagonal
respire l’air marin
je garde mes parts d’humain
moi vertical
fidèle à l’absence
tissée au flanc de l’aïeul
mon aïeul parole d’honneur
essaimait la saison
lève la tête
lève la tête

lui vivait tête baissée
courait la savane nue
poussé par le fouet sous la pluie
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pour me défense
je dirai simplement
tout testament est immonde
je n'ai d'antécédent que l'ouragan
je ne suis qu'un paquet d'os
je n'ai que des vents indomptés
corps recommencé cops
sauvagesse décoloniale
la cadastre de mes vergers secrets
le tremblement de ma joie nue
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Chaque jour suffit sa part de mots
chaque fleur sa part de printemps
chaque soleil sa part de clarté
chaque nuit sa part d’ombres
chaque mer sa part de bleu
entre le corps divisé de la lumière
j’apprends le jour
j’apprends la nuit
j’apprends le secret des chemins
j’apprends par exemple l’amour
j’apprends par exemple le mot bonheur
j’apprends ce qui m’habite
l’exil et le silence
la rose qui ne doit pas mourir
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poussez fleurs blanches
arc-en-ciel mauve
poussez phrases rebelles
Je existe je
la foule attendra
je m’aîle
je m’enîle
je m’encannibale
je m’africane
je nous utopie
je dérisionne
déconfictionne le récit
(Page 31)
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Les frontières ne gardent pas les vents
les frontières ne font pas de cerfs-volants
les frontières ne font pas de colibris
les frontières ne font pas de vergers
les frontières ne font que des frontières

un jour les exilés abandonneront leurs rêves
à la tête du fleuve saint-laurent
ça fera un long collier d'amour
ça fera un jardin de lumières
le ciel ne sera plus le même ciel
la terre ne sera plus la même terre
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... je suis l'enfant des rues ténébreuses
grandir est plus grand que mes espérances
il m'arrive de parler à mes fantômes...
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la guerre



la guerre fait la guerre
la guerre ne fait pas de colombes
la guerre ne fait pas de pain
la guerre ne fait pas de jardins
la guerre ne fait pas de câlins
la guerre ne fait pas de fruits
la guerre ne fait pas de fleurs
la guerre déclare la guerre
la guerre assassine la guerre
en moi la danse a mille sépultures

toute litanie est bonne
à hauteur du chant
je voudrais sarcler les herbes folles
jusqu’à ce que tombent
les orages dans la phrase


p.47
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je ne suis pas un guerrier
la guerre n’est pas mon métier
je ramasse mes visages
fais le tour de la maison
pour ancrer le souvenir
le piroguier avance
ondule mes sens
eaux profondes
Je saute caïman
m’endors ville
me réveille forêt
marron
j’habite infini
la nuit les métamorphoses
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je suis le christ noir
au jardin des oliviers
je marche vers la plaine
où ment le soleil

la voix dit
auparavant les marchands
étaient chassés du temple

au jardin des vampires
je suis le terroriste vaincu
j'incendie les banques
les vies hypothéquées

la voix dit
aujourd'hui ce sont les marchands
qui construisent les temples
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Accepte les lauriers, les honneurs, les fleurs et les médailles, mais n’oublie pas que les médailles ne sont que des médailles et que les fleurs ne sont que des fleurs. N’oublie pas d’où tu viens. N’oublie pas qui tu es. Les médailles ne changeront rien à ton visage. Les fleurs ne permuteront jamais les saisons. Quand tu feras face au malheur, les gens qui t’accompagnent les jours de gloire ne seront pas présents pour te donner la main. Sache que tes amis, ceux sur qui tu peux compter, se retirent souvent en silence, à l’ombre de l’amitié.
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Je veux rentrer en Haïti
pour que tous les assassins de notre mémoire
pour que tous les assassinés de notre histoire
ne soient pas morts en vain

Jean Morisset, "Je veux rentrer en Haïti"
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Honneur
nous tracerons les chemins d’aube
dans la paume des fiancées
disons en chœur honneur
disons en chœur respect
sur les canaies
sur les figuiers
sur les mangroves
sur les herbes guinées
tombe le couperet
tombe l’espoir

La ville est un bateau
elle appartient aux voyageurs
qui ont appris le récitatif du verbe tomber
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Pour que le poème grimpe
  
  
  
  
Pour que le poème grimpe
Je plante mes oliviers
Pour que ne meure le silence
Je parle aux esprits
Je vois dans mon sommeil les invisibles
Ils m’enseignent la force des blizzards
L’exactitude des fourmis folles


p.217
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Je veux écrire un poème qui ne trahisse ni passé
ni présent ni futur
la phrase embrasse les vents les mers les forêts
les séismes les volcans les étoiles
j'entends l'urgence d'habiter
les horloges les cartes du monde
je veux fouler les sentiers du poème
résister
exister vivant parmi les vivants
utopie que je signe et hurle

Rodney Saint-Éloi
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Vois, je parle ta langue pour que tu me comprennes.
Quand nous sommes plusieurs
à avoir oublié la nôtre, ancienne
Natasha Kanapé Fontaine, "Les jours des feux, des tambours et des meutes"
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Entrez dans ce voyage, dans ces chants de terre et de révolte, dans ces langues heurtées, dans ces manifestes pour réaffirmer avec force et conviction que l'humain (et non les finances) est la seule raison d'être.
Préface de Laure Morali et Rodney Saint-Eloi
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J’habite l’antre de l’exil
la confusion des vents et des papillons
les lettres se désapprennent
les lettres se réapprennent
je perds et je gagne sans façon
j’espère de désespérer
la plante l’oiseau le lac
l’exil est un trou noir
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Le poème s’en souvient
jamais ne meurt l’étoile dans la phrase de Philoctète
où toue île est un vaisseau qui danse entre les océans
il y a toujours une fleur, une femme, une flamme
un feu qui ranime les couleurs des saisons
une chanson dans la détresse des vents
une épopée dans la promesse du beau temps
qui récite aux passants l’ancienne miraculeuse
les soleils sont la preuve des matins
quand les guerriers rallument les étoiles
l’histoire nomme la tendresse des foules
et le poème jamais ne manque
au frisson des arbres déracinés
la phrase même orpheline exige
les colères rouges de la fable
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