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Citations de Roger Martin du Gard (299)


Ceux qui se soumettent à leur sort, sans protestation, sans révolte. […] leur résignation, qui est une forme de conformisme, est un renoncement à une attitude vitale qui n’a pas été toujours celle du conformisme.

Leur conformisme est la résultante d’une lutte ou d’une révolte souvent de longue durée, qui se heurtait à de continuels échecs, lesquels ont amené l’individu à la certitude de l’inutilité de la lutte.
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Elle inclina légèrement la tête, puis sortit, accompagnée d'Antoine et suivie par M.Thibault.
"La huguenote!" ricana l'abbé Binot, dès qu'elle eut disparu.
L'abbé Vécard ne put réprimer un geste de reproche.
"Quoi? La huguenote?" balbutia M.Chasle en se reculant, comme s'il venait de poser le pied dans une flaque de la Saint-Barthélemy.
(Le cahier gris)
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Alors Antoine distingua, debout à la tête du lit, une femme âgée - la grand-mère, sans doute - qui le dévisageait de ses prunelles de paysanne, claires comme de l'eau : un nez pointu, des traits volontaires, ramassés dans un océan de graisse, dont les dernières vagues formaient les plis du cou.
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La vie avait raison de tout; pas de plaie qui ne devienne cicatrice.
La consultation.
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On obtient tellement davantage par la persuasion !
- Vraiment ? fit Antoine.
Le directeur eut un fin sourire, et mit de nouveau la main sur l’avant-bras d’Antoine :
”Entendons-nous, avoua-t-il. Ce que j’appelle la persuasion, j’aime mieux vous en prévenir tout de suite, c’est la privation de certains aliments. Nos petits sont tous gourmands. C’est de leur âge, pas vrai ? Le pain sec, docteur, a des vertus persuasives absolument insoupçonnées...
(...) il est essentiel de ne pas isoler l’enfant que l’on veut convaincre, non ! C’est dans un coin du réfectoire qu’il faut lui faire manger sa croûte de pain rassis, à l’heure du meilleur repas, celui de midi, avec l’odeur du bon ragoût qui fume, avec la vue des autres qui se régalent.
Le pénitencier.
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Roger Martin du Gard
« Quand la vérité est libre et l’erreur aussi, ce n’est pas l’erreur qui triomphe »
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Il pensa tout à coup à son aîné comme il s’était rarement permis de le faire. Il le vit satisfait et appliqué. Énergie, soit ; mais intelligence ? Une intelligence de zoologiste ! Tellement positive. cette intelligence. qu’elle avait trouvé, dans les études scientifiques, sa pleine dilatation ! Une intelligence qui s’était construit une philosophie sur la seule notion d’activité, et qui s’en contentait ! Et, — ce qui était plus grave encore, — une intelligence qui dépouillait toujours les choses de leur valeur secrète, de tout ce qui était, en somme, le véritable sens, la beauté de l’univers !
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Dans un ménage, quand on s’entend bien, qu’on a très longtemps vécu ensemble, qu’on s’est usé l’un près de l’autre, on se sent liés par des sentiments profonds, une espèce d’entente sans explication, intérieure, inconsciente, et qui ne ressemble à rien d’autre, n’est-ce pas ? C’est ça qui fait un couple.
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J'ai eu toutes les maladies de l'adolescence ; une vincite aiguë, une baudelairien exaspérée! Mais jamais d'affection chronique!

(dans «La belle saison»)
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On croit toujours à quelque chose. Chacun, au fond de soi, a son dieu caché auquel il retourne pieusement, auquel il se sacrifie tous les jours.
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Qui sait, Thibault? Peut-être que ceux qui pensent comme votre frère sont des précurseurs? Peut-être que cette guerre fatale, en déséquilibrant à fond notre vieux continent, prépare une floraison de pseudo-vérités nouvelles que nous ne soupçonnons pas?... Ce serait presque bon de pouvoir croire ça... Pourquoi non? Tous les pays d'Europe vont avoir à jeter dans ce brasier la totalité de leurs forces, aussi bien spirituelles que matérielles. C'est un phénomène sans précédent. Les conséquences sont imprévisibles... Qui sait? Tous les éléments de la civilisation vont peut-être se trouver refondus, dans ce brasier! Les hommes ont encore tant d'expériences douloureuses à faire, avant le jour de la sagesse!... le jour où, pour organiser leur vie sur la planète, ils se contenteront, humblement, d'utiliser ce que la science leur a appris...
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« J’ai horreur du dimanche : tous ces gens qui encombrent les rues, sous prétexte de se reposer. »
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Ah ! pourvu que mon cœur ne se dessèche pas ! J’ai peur que la vie m’endurcisse le cœur et les sens. Je vieillis. Déjà les grandes idées de Dieu, l’Esprit, l’Amour, ne battent plus dans ma poitrine comme jadis, et le Doute rongeur me dévore quelquefois. Hélas ! pourquoi ne pas vivre de toute la force de notre âme, au lieu de raisonner ? Nous pensons trop ! J’envie la vigueur de la jeunesse, qui s’élance au péril sans rien voir, sans tant réfléchir ! Je voudrais pouvoir, les yeux fermés, me sacrifier à une Idée sublime, à une Femme idéale et sans souillure, au lieu d’être toujours replié sur moi ! Ah, c’est affreux, ces aspirations sans issue !…
Lettre de Jacques à son meilleur ami, il n’a que 14 ans.
(p. 44-45, Chapitre 6).
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Tous les jours du Bon Dieu, matin et soir, Mme Gueudet et Mme Touche se retrouvent chez Mme Sicagne pour travailler. C'est le trio des veuves de guerre. Elles ont à peu près le même âge, et, toutes trois, un grand fils, pupille de la nation. D'autres liens encore les unissent; leurs robes noires, leur dévotion, leurs commérages, leur rancune contre les épouses pourvues, leur haine des embusqués - c'est à dire des hommes épargnés par la guerre - leurs revendications de pensionnées, et la chasteté orgueilleuse qui détraque lentement leurs cerveaux après leur avoir déréglé le corps.
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Voici les dernières maisons, et, presque aussitôt le cimetière. Au milieu des tombes, toujours joyeux, le poilu en granit du monument aux morts, attaque à la baïonnette. C'est un vieux camarade : une espèce de baromètre. Les jours de pluie, il est tout noir ; si ça brouillasse, il prend la couleur des ardoises ; mais, au plein soleil, il devient bleu, l'animal : bleu-horizon, comme de juste; et son casque brille, poudré de verre pilé.
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Il y a deux façons d'être spirituel : par l'esprit qu'on met dans ce qu'on dit, et par celui qu'on met dans sa manière de le dire
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« Qu’ai-je connu de lui ? […] Une fonction, la fonction paternelle : un gouvernement de droit divin qu’il a exercé sur moi, sur nous, trente ans de suite, avec conscience d’ailleurs : bourru et dur, mais pour le bon motif ; attaché à nous comme à des devoirs… Qu’ai-je connu encore ? Un pontife social, considéré et craint. Mais lui, l’être qu’il était quand il se retrouvait seul en présence de lui-même, qui était-il ? Je n’en sais rien. » (p. 369 & 370)
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"- Oui, pour une fille, ça n'a pas d'importance."
(...)
Elle le dévisagea avec des yeux franchement hostiles.
Il s'aperçut de sa maladresse, voulut se rattraper, crut dire quelque chose d'aimable :
"- Une fille en sait toujours assez pour ce qu'elle a besoin..."
Il comprit qu'il s'enferrait.
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Il se rappelait avec obsession cette campagne de presse menée jadis contre le pénitencier ; il se rappelait surtout un certain article intitulé ”bagne d’enfants”, où l’on décrivait par le menu la misère matérielle et morale des pupilles, mal nourris, mal logés, soumis aux punitions corporelles, abandonnés souvent à la brutalité des gardiens.
Le pénitencier.
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[...] Vous avez toujours tendance, [...], à croire que les autres sont mus par des sentiments élevés, des idées... Ils sont mus, le plus souvent, par leur intérêt, conscient ou inconscient, et, à défaut de calcul, par de simples habitudes sociales... [p. 314]
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