C’est la 4ème de couv’ qui m’a interpellée, promettant suspens et action. En préparant mon article, il apparaît que James Rayburn est le pseudo de Roger Smith auteur sud-africain de polars versés dans l’extrême violence tels Mélanges de sangs ou Un homme à terre. Ça promettait…
Et en fait, le style n’est pas le même. Il est plus soft. Attention! Plus soft ne signifie qu’on s’endort dès les premières pages! Au contraire, c’est une fuite en avant à la Jason Bourne au féminin qui démarre sur les chapeaux de roue!
Avec un handicap de taille, une petite fille.
Kate Swift croyait en son travail à la CIA jusqu’à cette décision qui a mené à la mort de son époux. Elle a rendu coup pour coup, est considérée comme un traître à son pays et essaye tout de même de vivre dans l’ombre avec sa fille.
En intervenant dans une fusillade, son portrait se retrouve dans tous les médias et la discrétion qu’elle voulait sienne vole en éclats.
Kate doit fuir de nouveau. Pour sauver sa vie et préserver celle de sa fille… Mais surtout pour échapper à celui qui la hait plus que tout, Benway.
En qui aura-t-elle encore confiance?
Comme je le disais, c’est une course poursuite haletante. L’action est au rendez-vous, on ne s’ennuie pas: on fuit, on traque, on parle stratégie, on attaque, on se défend et parfois, on se baigne et on bronze (oui, oui, ça arrive!) pour recharger les accus. Mais le danger règne, le repos ne s’éternise jamais bien longtemps. L’action est omniprésente avec son lot de rebondissements et de suspens et les pages défilent à toute allure.
Kate est une Jason Bourne en jupette qui doit, de surcroît, protéger son enfant. Pas facile d’avoir dû renoncer à un métier qu’elle avait et qu’elle a toujours dans la peau mais fuir n’est pas une vie. Elle avance courageusement car elle n’a pas le choix mais on sent qu’elle est épuisée émotionnellement. Elle voudrait croire en un peu de paix mais elle n’est pas conditionnée à la savourer. Certaines personnes ont une propension au bonheur mais elle semble avoir perdu cette faculté en même temps que la vie de son mari. C’est un personnage profondément attachant et humain, une alliance intime de force et de fragilité, que j’ai beaucoup aimé.
Son principal ennemi est Benway, ponte désavoué de la CIA suite aux révélations de Kate, et il exprime toutes ses perversions dans sa vengeance, dans tous les excès alors que Kate lutte pour retrouver la paix et défendre sa vie. Mais de proie, elle va rebondir pour être la prédatrice.
Alors franchement, je dois dire que si Benway est un personnage antipathique, carriériste ayant utilisé les arcanes du pouvoir et sa position au sein de la CIA pour ses ambitions égotiques, pervers et tordu, mari abusif torturant son épouse, savourant son emprise sur les autres et autres joyeusetés qui symbolisent parfaitement le grand méchant devant l’Éternel qu’on a réellement envie de claquer, j’avoue qu’il m’a bien fait rire malgré moi!
Pauvre petite chose aux souliers ridicules qui a bien du mal à toucher terre! Oui, je me moque!
Quelques descriptions autour de ce personnage ont été bienvenues et ont apporté une touche d’humour rafraîchissante dans ce climat bien tendu!
Et j’ajoute que la fin de l’histoire pour ce personnage est d’une cruauté juste et jouissive!
Les personnages de Danvers, vieux de la vieille, en fin de vie, revenu de tout mais toujours prêt pour un baroud d’honneur, et de Hook m’ont émue également car ce sont des hommes engagés par idéalisme, un idéalisme écorné par la réalité des actions menées. Danvers reste lucide des alliances et mésalliances, des dettes d’honneur et des mensonges de convenance alors que Hook, agent de terrain, orfèvre de la séduction et du paraître a été détruit par un excès de confiance qui a coûté des vies. Beaucoup de vie. C’est une chose de mentir et manipuler pour son pays, s’en est une autre de voir la mort en face.
J’ai adoré cette immersion dans le monde des agents secrets car l’auteur a émaillé son intrigue d’un ensemble de portraits et de flash-backs analysant tantôt finement tantôt dans de grandes tirades enflammées le leitmotiv de ces hommes et de ces femmes engagés au plus près de leur pays.
Le patriotisme porte certains jusqu’à la fin de leur existence alors que d’autres s’épuisent, désabusés devant les trop nombres entorses infligées à leur conscience.
Certains se fichent comme de leur première chemise de l’amour du pays pour ne voir dans leur métier qu’un moyen de briller, de dominer, en une gloriole aussi brillante qu’éphémère.
Des hommes et des femmes, des trajectoires individuelles que nous, lecteurs pouvons condamner, justifier ou excuser. Mais l’auteur n’est pas tendre non plus envers l’impérialisme américain et les ombres qui hantent les couloirs du Pentagone ou du Bureau ovale.
C’est une critique caustique et acerbe mais ô combien juste de la politique extérieure des États Unis quand une prise de distance objective permet une vision globale de l’action des States dans le monde.
Il associe ainsi le regard extérieur de tout un chacun et celui, intérieur, des principaux acteurs de ce monde obscur de l’espionnage et tout cela en déroulant à vitesse grand V, son intrigue.
Il a même eu le temps, entre deux vols et deux continents, de glisser un sujet très intéressant sur la manipulation de masse par les médias. Complice volontaire ou pas, un journaliste capable de tout pour avancer sous les lumières, créer le buzz, alimenter un scandale, reste inconscient des enjeux et du danger que représente ses révélations aux grand public avide de scandale. L’intégrité des médias est ainsi mise en souffrance et nous interpelle dans leurs rôles dans notre quotidien et le grand jeu mondial.
Et pour terminer, un final en demi-teintes, pas de happy end mais un espoir pour couronner un thriller nerveux et captivant. Pas de bluette mais la dure réalité des sacrifices arrachés à l’être humain…
Excellent. J’ai adoré cette lecture pour cette aventure trépidante, à 100 à l’heure, pure adrénaline en pages, mais aussi pour les sujets plus sérieux et actuels touchant l’espionnage et les enjeux géo-politiques qui agitent notre société.
Je préfère la plume caustique et passionnée essentiellement basée sur l’action de James Rayburn que celle de Roger Smith, davantage brute et violente…
Lien :
http://livrenvieblackkatsblo..