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Critiques de Roland Jaccard (37)
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Les derniers jours d'Henri-Frédéric Amiel

Je ne connaissais pas l'écrivain et philosophe suisse, sujet de cet ouvrage. Roland JACCARD dans Les derniers jours d'Henri-Frédéric Amiel nous amène brillamment à la découverte d'une partie de son oeuvre, d'une plume légère et d'un ton, épigone. Du moins, je le suppose n'ayant jamais feuilleté le journal intime originel, au ventre pantagruélique (17 000 pages), qui nécessita douze volumes lors sa publication. Son titre de gloire posthume aurait influencé nombre de penseurs du 19e…

Le roman de Roland JACCARD se présente comme l'épilogue du journal d'Henri-Frédéric Amiel aux couleurs crépusculaires, un moment propice aux regrets mémoriels. Il retrace par bribes ce qu'aura été son existence, entre incapacités à s'abandonner à l'amour, renoncement à l'ambition et à l'espoir, morbidité entretenue, comme si coudoyer la mort de son vivant pouvait retarder ou empêcher l'échéance.

Ce livre se lit d'une traite, je l'ai littéralement dévoré, sûrement aussi parce qu'il m'a rappelé une époque où ma pensée et ma vie privée ressemblaient beaucoup à celle d'Henri-Frédéric Amiel. C'est toujours rassurant de ne pas se sentir seul…
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Au café Schopenhauer

Lu un autre court recueil d’aphorismes et de pensées de Roland Jaccard publié à compte d’auteur un an avant sa mort. L’auteur y aborde l’ensemble des sujets qui l’ont préoccupé pendant toute sa vie et qui se rejoignent comme toujours dans son nihilisme corrosif et sans concessions, mais souvent aussi farci d’auto-dérision. Je trouve cependant que ce petit fascicule qui ne paye pas de mine est plus abordable que certains des autres recueils publiés peu avant son décès. Je le recommande donc à celles et ceux qui souhaitent découvrir cet auteur, tout en répétant que le sujet du nihilisme ne convient pas aux âmes sensibles et aux grands optimistes.

Mais pour conclure ce billet sur une note un peu moins lourde, voici l’une de ses citations prouvant qu’il pouvait aussi parfois faire preuve d’un certain humour, même si c’était évidemment toujours de l’humour noir:

« Après ma mort, j’espère qu’on dira de moi: « C’était un vrai salopard, mais ses livres valaient le détour ». Mais j’ai bien peur que l’inverse se produise: « C’était un chic type, mais on aurait pu se passer de ses sermons nihilistes ».
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On ne se remet jamais d’une enfance heureuse

Cela fait à présent presque 35 ans que j’ai découvert Roland Jaccard avec son essai La tentation nihiliste et je n’ai jamais cessé de le suivre. Le présent ouvrage est le dernier qu’il a écrit, peu avant sa mort, en 2021. Il peut être considéré comme son testament. Dans ce petit ouvrage, Jaccard insère l’essentiel de sa philosophie, en voyageant dans des chapitres très courts à travers différentes époques de sa vie, du jeune homme idéaliste croyant à l’avenir de la psychanalyse jusqu’au vieillard désabusé qui a depuis longtemps perdu toutes illusions sur l’être humain. En passant, il rend une dernière fois hommage à ses maîtres à penser, en premier lieu Cioran et à ceux qui l’ont accompagné pendant une partie de sa vie, sans oublier les femmes qu’il a admirées, comme Louise Brooks.

Je doute que Roland Jaccard ait encore beaucoup de lecteurs aujourd’hui et son propre éditeur met en garde le lecteur potentiel. Il note et je cite : « Si vous appartenez à une autre famille de sensibilité que Roland Jaccard et que vous ne savez pas apprécier ce genre de musique, n’achetez pas ce livre ». Je ne saurais dire mieux.
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La Nuit où j'ai cru devenir fou

Né le 22 septembre 1941, Roland Jaccard s’est suicidé deux jours avant son quatre-vingtième anniversaire, à la recherche peut-être de l’accomplissement de l’acte perdu d’Emil Cioran, devenu sénile avant de pouvoir mettre fin à l’inconvénient d’être né. Non content d’être suisse, Roland Jaccard est également l’auteur d’adages simples qui peuvent s’appliquer à de nombreuses circonstances de la vie : « Quand le sexe devient mou, la morale devient rigide. »



Les considérations touchent les thématiques consacrées des dandys du siècle passé (femmes, tentations pédophiles, avilissement du goût, littérature en des références abondantes, futilité de la vie et de ses mœurs) avec un art de la formule consommé, dans des chapitres de quelques paragraphes ou de forme aphoristique, à la manière de certains inspirateurs, Emil Cioran toujours, ou Karl Kraus. Le texte, écrit en gros caractères, permet d’avancer rapidement dans la lecture et de se sentir bon lecteur. Pourtant, aucune lassitude ne donne envie d’en finir trop rapidement avec Roland Jaccard, en dépit de l’acte sur sa personne par lui-même commis.



Roland Jaccard semble avoir approximativement réussi à mener une vie selon ses propres règles, suivant la considération de Paul Léautaud qui écrivait qu’ « un homme ou une femme qui vieillit seul dans un troisième étage, ça a quand même plus d’allure et de gueule qu’un vieillard entouré de ses petits-enfants. » Ce n’est certes ni vrai, ni faux, mais la littérature se doit bien d’être occasionnellement négative.

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Le cimetière de la morale

C’est parce que l’ennui donne un avant-goût du néant que les hommes tentent l’impossible pour lui échapper : l’aspiration à sauver le monde trouve là son unique cause et, à l’autre extrémité, le suicide comme la folie ne sont peut-être que d’habiles tours de passe-passe destinés à conjurer l’angoisse du vide.



« “La mégalomanie galopante est une maladie qui affecte bien des écrivains. Ceux que j’ai conviés au Cimetière de la morale ont été miraculeusement épargnés par ce virus, et c’est, sans doute, ce qui rend leur présence tout à la fois si insolite et si attachante”, écrit-il. C’est bon, Jaccard est un élu : qu’il s’installe vite dans sa propre Olympe. »

Michèle Bernstein, Libération.



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La Tentation nihiliste

L'existence du bonheur, pas plus qu'une quelconque téléologie de la vie, ne résiste pas à l'examen de la raison. Nous en sommes, comme point de départ et d'arrivée de cet essai, au plus célèbre des aphorismes d'Arthur Schopenhauer : "La vie oscille comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l'ennui, ce sont là les deux éléments dont elle est faite, en somme.".



Dans la première partie du traité, à grand renfort de références et de citations d'écrivains et de philosophes (j'en retiens environ une centaine), sont déjoués un à un les faux-semblants du bonheur, et notamment la sexualité et la filiation (c'est de ce sujet-ci qu'est tirée la délicieuse cit. qui figure en 4ème de couverture). Le suicide fait l'objet d'une apologie réitérée, la maladie mentale est envisagée comme "le dernier refuge de la créativité" en même temps que comme "une bouée de sauvetage" (p. 45 et passim).



Dans la deuxième partie, sous le titre de "Les idoles du néant", sont analysés dans un plus grand détail Schopenhauer comparé à Nietzsche, mais aussi quelque peu Paul Rée - l'ami-ennemi de ce dernier, Max Stirner, Louis Wolfson - "le schizo du Bronx" -, Baudelaire sur les pas d'Oscar Wilde, Henri-Frédéric Amiel, Freud et son concitoyen Arthur Schnitzler avec d'autres viennois dont l'impératrice Sissi, et enfin Cioran, "le Bouddha des Carpates"...



Il ne manque pas non plus une merveilleuse prise de distance (et mise en abîme par le paradoxe) du pessimisme lui-même :



"On croit qu'en compagnie des gobe-mouches la partie sera désopilante, alors que seuls les badauds du désastre, les pourfendeurs d'illusions, les swingueurs du néant sont porteurs d'ondes de plaisir. On s'enivre de leurs poisons savoureux, on chérit leurs secrètes injures sans être dupe des fanfaronnades de leur pessimisme." (p. 78) - comme quoi le plaisir existe et le nihilisme est fanfaron, ce qu'il ne fallait surtout pas démontrer !



A ce genre de lecture auquel je m'adonne parfois, surtout en plein air et en présence d'une humanité se prélassant reptilement dans l'exercice de ses loisirs, je ne peux m'empêcher d'éprouver ce bonheur par antiphrase, ce plaisir enfantin face à l'aphorisme et à ce que je (mé-?)prends pour de l'humour, vis-à-vis duquel je laisse à l'auteur l'option éventuelle de m'anathématiser comme blasphémateur ou bien de me reconnaître comme son authentique disciple. Je suis même tenté d'ajouter "humour" parmi les mots-clés ci-dessus.

Les amis qui aiment Schiffter sauront reconnaître Roland Jaccard, et l'apprécieront sans doute à sa juste valeur...

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Ma vie et autres trahisons

Roland Jaccard évoque maintes fois l’influence de Bukowski mais les anecdotes racontées dans ce roman ne rappellent que de loin, et à condition d’avoir mauvaise vue, l’univers de celui-ci. Le seul point commun avec Buko dont Roland Jaccard puisse légitimement se réclamer est à la limite celui-ci : aimer les femmes en général mais aucune en particulier – Buko aura toutefois démontré le contraire dans la dernière partie de sa vie car il était vraiment un sage, contrairement à Roland. Roland apparaît plutôt comme un précurseur des boomers qui ne s’attache évidemment à rien sauf à sa vie un peu niaise des années soixante farcie de mondanités entre prétendus artistes, d’un individualisme jouisseur cynique et de la vénération des petites filles qui portent encore un cartable. Roland Jaccard réussit heureusement à se moquer de lui-même et de ses non-attachements (seul celui aux petites filles semble solide). Contrairement aux véritables boomers, le doute colle suffisamment à la peau de Roland pour qu’il n’en devienne pas totalement ridicule.



Lecture amusante.

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Freud

Au travers de 7 chapitres relatifs à l'âge (l'enfant, l'adolescent) ou à un état particulier de Freud (l'amoureux, le médecin, le leader, l'après-guerre et l'instant de mort et l'exil et le royaume), Roland Jaccard nous invite à découvrir l'homme qui fut le père de la psychanalyse.



J'ai trouvé cet ouvrage franchement inutile. La majorité de son contenu se compose d'anecdotes, issues de l'abondante correspondance de Freud, à partir desquelles l'auteur se fait force de broder pour interpréter après coup l'un ou l'autre des aspects de la personnalité connue de Freud. Par exemple, la réticence du psychanalyste concernant l'art serait due uniquement au fait que celle qui allait devenir sa femme, Martha, était avant fiançailles très proche de deux artistes. Sans doute, bien sûr, est-ce un élément explicatif, mais est-il vraiment le seul ? Jung le "dissident", par exemple, a beaucoup écrit sur l'art, et son lien avec l'inconscient collectif dont Freud dont a toujours refusé de reconnaitre l'existence. Ne serait-ce pas un autre élément à prendre en considération ? En tout cas, ce n'est pas abordé.

La construction de l'ouvrage est à mon avis également critiquable. Dans la partie "L'enfant", on parle de l'auto-analyse de Freud, qu'il a menée bien plus tard, ou de la mort de son père, qui eut lieu 40 ans après sa naissance.

Si l'auteur évoque peu la théorie freudienne, un temps important est cependant consacré des aspects particuliers de cette doctrine, comme par exemple la notion de narcissisme, qui évoluera vers le couple éros-thanatos et l'opposition entre pulsions de vie et pulsions de mort. Je m’interroge sur l’objectif de l’auteur quant à l’approfondissement de cette notion au détriment des autres.

La partie intitulée "Le leader" est à mon sens la mieux traitée et met en évidence les relations de Freud avec les autres psychanalystes de l'époque et pointe parfois sur leurs divergences.



Je m'attendais à des éléments plus factuels, une sorte de biographie plus impartiale de Freud, avec une mise en perspective historique plus importante ; par exemple, l'auteur souligne plusieurs fois que Freud exerçait dans une Vienne devenue bourgeoise. Oui mais encore ?

Si ce livre est décevant, j'ai quand même découvert le très bel éloge funèbre écrit par Stefan Zweig à la mort du maitre.

Pour le reste, on trouvera, à la fin de l'ouvrage, quelques pages sur Freud et l'art écrites par Michel Thévoz, et un ensemble de "Jugements et témoignages" (positifs) de personnalités connues, de Sartre à Reich en passant par Thomas Mann, sur le père de la psychanalyse.
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L'exil intérieur - Schizoïdie et civilisation

La schizoïdie va de pair avec la notion d'alienus c'est à dire d'étranger. L'aliéné est non pas celui qui est fou mais celui qui est étranger. Albert Camus avait bien perçu cette notion complexe. Et donc une société ne peut par définition qu'être normopathique mais jamais schizoïde. Elle ne peut pas être étrangère à elle même, c'est un non sens de logique. Ces mots de schizoïde et pire encore celui de schizophrénie sont trop utilisés à tord et à travers, souvent dans des médias et donc ils perdent leur sens et induisent en erreur. Une société ne peut pas être schizoïde, elle ne peut qu’être normopathique. Et de facto elle génèrera une très faible proportion d'alienus, d'étrangers véritables, à peine un pour cent....
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L'exil intérieur - Schizoïdie et civilisation

Quarante ans après, l'essai de Roland Jaccard reste un modèle de lucidité, une stimulation intellectuelle et iconoclaste qui mérite d'être lu. Et j'insiste sur la dénomination du livre: c'est un essai, un livre qui n'affirme rien mais essaye de prendre un cliché de la civilisation dans un moment donné. Un livre qui frotte les idées comme les allumettes, qui fait se rencontrer plein d'auteurs, de Thomas Szasz, Georges Devereux, Freud, Norbert Elias, Kostas Axelos...

Résumons, ce livre essaye de faire un portrait psychologique de l'homme de la modernité, un personnage solitaire et culpabilisé qui vit dans l'entre soi. Il est le produit de la civilisation moderne, où ce n'est plus la religion qui relie les hommes entre eux, mais l'idéologie médicale. Elle a réprimé femmes et homme en leur disant la masturbation est un péché. Aujourd'hui, elle domine par la maladie mentale. L'homme de la modernité de 2015 ressemblera comme à un frère jumeau à celui de 1975. Sauf qu'il a pris du bide et que son smartphone a remplacé les mots croisés dans les transports en commun.
Lien : http://killing-ego.blogspot...
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Confession d'un gentil garçon

Le titre de ce livre est trompeur, que ce soit dit d’entrée, et une critique d’un pamphlet de Roland Jaccard est une chose bien délicate. On l’apprécie ou on le déteste. Pire, il vaut mieux le fuir si on est adepte de la littérature feel-good. Jaccard est un émule de Cioran et de Schopenhauer, en d’autres termes un nihiliste. Je ne vais donc pas m’attarder trop sur son œuvre. Quelques mots quand même sur le présent pamphlet de l’auteur suisse, l’un de ses derniers avant son décès en 2021, et certainement pas son meilleur. La vieillesse a encore rendu plus caustiques ses propos. Cependant, pour quelqu’un qui connaît un peu son œuvre, il est intéressant de lire ici un peu plus sur son enfance, son évolution, bref les raisons de son nihilisme. Mais si on souhaite le découvrir, je conseille la lecture de son essai La tentation nihiliste, paru initialement en 1989 et régulièrement réédité, même s’il reste un auteur confidentiel, et pour cause. Je me sens néanmoins dans l’obligation d’ajouter que les livres de Roland Jaccard. ne sont pas à mettre entre toutes les mains.
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Les derniers jours d'Henri-Frédéric Amiel

J'ai reçu ce livre alors que j'étais hospitalisé suite à un accident de circulation. Il tombait à propos. Le portrait de femme en couverture m'a tenu compagnie durant trois semaines et a participé à l'amélioration de mon état. C'est le nom de Charles Denner qui avait attiré mon attention car je n'avais rien lu de R. Jaccard ni de H-F. Amiel auparavant. J'abordais la lecture en néophyte. La mention « roman » ne me semble pas caractériser cet ouvrage dans lequel l'auteur prend la parole au nom de H-F.Amiel et raconte à sa place les derniers jours de sa vie. 27 chapitres pour entrer dans le monde de ce philosophe suisse du 19ème, auteur d'un journal fort de 17000 pages. R.Jaccard mêle la biographie et les idées tout au long de l'ouvrage et nous fait découvrir un personnage étonnant dont la célébrité fut posthume et que certains comparent à J.J.Rousseau et à Benjamin Constant. La vie terne de H-F. Amiel s'éclaire sous sa plume et ses déboires avec les femmes deviennent romanesques. Pari difficile et réussi pour l'auteur qui endosse le costume et l'esprit de son personnage et qui donne envie d'aller regarder plus avant et de lire quelques pages de ce fameux journal.
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L'exil intérieur - Schizoïdie et civilisation

Ce court essai a le mérite de bâtir des ponts entre plusieurs pensées afin de mieux comprendre la psychologie de l'homme moderne. L'écriture est accessible et les idées claires, on comprend tout à fait la logique qui amène l'auteur à considérer que la civilisation occidentale moderne, de part les contraintes imposées par la complexité sociale et son idéologie "médicale" génère une population schizoïde. La folie devient alors une forme de révolte face aux cadres imposés par la société.

Moins intéressant, le long paragraphe sur l'histoire de la masturbation et sa perception dans la société. Ce n'est pas hors-sujet mais l'auteur aurait pu faire plus court. (Ma remarque serait considéré comme une résurgence des tabous face à la masturbation)

Un peu décevant aussi, le fait que l'auteur réutilise des concepts freudiens ou autres mais ne va pas beaucoup plus loin dans l'analyse, les formes d'expression de notre schizoïdie générale et les tentatives de s'en extraire ne sont pas du tout évoqués. Je m'attendais à plus...
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La Tentation nihiliste

Ce livre assez court est un agréable petit manuel introductif aux fondements de la pensée nihiliste. On y croise des gens très bien : Schopenhauer et Nietzsche, Amiel et Leopardi, Schnitzler et Freud. Des nihilistes dandys et joyeux d’autres plus geignards et renfrognés. Il y a aussi Cioran (Cioran est un ami), le cheval de Sissi (qui s’appelle Nihiliste), Sissi elle-même et son meurtrier ce Lucheni, cet anarchiste en pire qui ne savait pas qui il tuait vraiment. Un sombre idiot qui déçu de ne se voir exécuté se pendra plus tard. Sa tête est conservée dans le formol on peut la voir au musée d’anatomie pathologique de Vienne. Ce sera sans moi.
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Les derniers jours d'Henri-Frédéric Amiel

Tout d'abord, un grand merci à Masse critique et à l'éditeur Serge Safran pour l'envoi du livre.

Les derniers jours d'Henri-Frédéric Amiel, un titre bien intriguant et une quatrième de couverture qui m'annonce un genre que je ne suis plus habituée à lire. Curiosité. Si le récit est rythmé, le style fluide et le vocabulaire intelligent, j'ai été moins emballée par l'ensemble. J'ai en effet trouvé le propos très archaïque et quelque peu pédant. Quelques réflexions, non sans intérêt, sur le célibat, l'amour, le désamour et une certaine définition du couple. Mais tout en se cherchant une certaine modernité d'esprit, on sent poindre une forme de désespoir à l'idéologie éculée. Très peu pour moi donc.

Malgré tout, l'écriture très recherchée et pointilleuse m'a entraînée jusqu'à la fin ( car oui, le tout est écrit dans une très très belle langue) de telle sorte qu'il m'est impossible de dire que je n'ai pas aimé le récit. Ses qualités sont réelles, car la forme est soignée. Mais le fond ne m'a pas convaincue.
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L'exil intérieur - Schizoïdie et civilisation

Un livre qui frotte les idées comme les allumettes, qui fait se rencontrer plein d'auteurs, 
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La Tentation nihiliste

Voici un livre bien écrit et qui propose une excellente introduction au nihilisme. Avec une touche d'humour, on y trouvera toutes les pistes pour une exploration plus approfondie du sujet.
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Journal d'un oisif

— Le panthéon littéraire de Jaccard fait écho à sa tentation nihiliste, qui traverse ce journal intime comme une lame. Quand on lit assidûment Cioran, le suicide s'apparente à un idéal. D’où l'étonnement de ses amis de le voir encore vivant. Les échanges au Flore avec Mian Mian laissent parfois un vide à l'écrivain, qu'il souhaite combler en retrouvant ses amies de "Sex and the City". C’est que l'art de l'oisiveté s’accommode aussi bien d’"Extinction" de Thomas Bernhard que des "feuilletons acidulés". Convoquant Chesterton, Jaccard conclut ainsi sa "paresse occupée" : on ne peut pas vivre ailleurs que dans son passé.
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L'âme est un vaste pays

Roland Jaccard, disciple de Cioran, indécrottable néo-nihiliste, s'est éteint il y a peu, le 21 septembre 2021. Après avoir réfléchi et ressassé sans discontinuer autour de l'idée du suicide, il semble qu'il ait finalement franchi le stade d'une conception purement esthétique de la chose, et accompagné ses intentions les plus scabreuses d'une sanction pratique, aux antipodes d'une forme de dandysme moral dont se satisfaisaient certains de ses contempteurs.



Je suis entré dans l'œuvre de Jaccard par le biais de son livre sur Cioran. Vingt ans se sont écoulés entre la publication de L'âme est un vaste pays et celui-ci. Entretemps, il y eut également La tentation nihiliste, et le cimetière de la morale.



Je mentionne ces éléments car l'ouvrage critiqué m'a déçu, par comparaison. Plat, insipide, répétitif ; il étonne par son manque de profondeur. Alors, est-ce imputable à l'œuvre de l'auteur, ou bien aux circonstances et états émotionnels dans lesquels j'ai lu ces ouvrages ?



Il ne s'agit pas ici de résoudre ces questions, à propos notamment de la possibilité de critères critiques objectifs, mais il faut avouer que c'est intrigant ! Pourquoi et à quelles conditions adhérons-nous à un texte ? L'identification est-elle une condition sine qua non à l'appréciation d'un ouvrage ?



L'impression que nous fait un ouvrage résultant toujours au moins en partie de nos acquis préalables, c'est-à-dire de la somme des ouvrages précédents que nous avons lus et qui constituent, consciemment ou inconsciemment, notre mesure en la matière ; sommes-nous condamnés à une appréciation critique relative ?



Pour en revenir à l'ouvrage critiqué, l'auteur lui-même n'était que trop conscient de ses défauts congénitaux, de sa "propre médiocrité", de "ces confidences parfaitement vaines qu'[il] a l'impudeur de gribouiller".



Dès lors, peut-on exiger du journal d'un raté, pour reprendre les mots de l'auteur, qu'il soit réussi ? C'est en réalité un problème récurrent, propre à l'autobiographie - au surplus lorsqu'elle traite de dépression ou de mal-être, qui interroge les modes de narration et d'exposition des rapports de soi à soi. Complaisance, égocentrisme, vanité de la belle âme hégélienne; les griefs toujours renouvelés courent, depuis les Confessions de Saint Augustin, en passant par celles de Rousseau, jusqu'aux avatars hybrides modernes et contemporains de l'autofiction et du journal intime.



Ici, j'ai trouvé les évènements rapportés peu intéressants, redondants et exclusivement centrés sur les relations érotiques et sexuelles de l'auteur, entre diners et après-midis à la piscine. Piètre contenu philosophique par rapport aux ouvrages précités, même si ce n'était peut-être pas précisément l'objet de ce journal. J'avais en tête les écrits fragmentaires de Pontalis, qui mélangent admirablement ces deux aspects.



Lecture dispensable.
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Station terminale

D'abord, merci à Babelio (Masse Critique de mai 2017) et aux éditions Segre Safran pour cette lecture. Découvrir de nouveaux horizons, c'est toujours appréciable.



Le pitch... deux frères séparés et plus ou moins en froid se "retrouvent" par le biais du journal intime d'un des deux, récemment décédé. Le frère survivant va plonger dans l'univers des derniers moments de son aîné (si mes souvenirs sont bons) via ce journal intime, dans lequel sont consignées les amours débridées et les réflexions sur le sexe du disparu. Que l'on se rassure, cela reste hyper soft, malgré ce que la 4è de couv' annonce. On est vraiment dans le très correct.



Et c'est une première critique à l'égard de l'ouvrage. Dans un journal intime, même s'il est destiné à être lu (comme en témoigne une inscription au dos de ce journal, montrant que le disparu sait que son frère le lira après sa mort), on se lâche un peu plus. C'est hyper codifié, javellisé, sage... et cela ne m'a pas convaincu en tant que journal intime.



Le journal en question fait plus ou moins 90 pages sur les 153 du livre. Des pages très aérées. Et quelques commentaires du frère survivant viennent émailler les réflexions du disparu. Hélas, on distingue assez mal les personnalités à travers les styles d'écriture. Il y aurait eu, là, matière à mieux rendre les personnalités des frères. Mais ils s'expriment tous deux de manière fort guindée, stricte et peu empathique.



Je sortais d'un roman-fleuve de James Ellroy... et ce génialissime auteur avait justement utilisé les journaux intimes comme ressort de son intrigue. Aucune commune mesure entre les deux approches de journaux intimes... Hélas.



J'aurais bien vu que le frère survivant embarque vers le Japon visité par son frère afin de faire un voyage initiatique à la recherche, poursuite, de son frère. Mais non, il reste sagement assis à lire des pages sans aucune saveur, réflexions lamentables et narcissiques d'un vieillard qui ne vit que pas sa bite et n'a d'autre but dans la vie que de dominer de jeunes femmes.



Cela aurait pu mener à des réflexions sur l'amour, le sens de la vie, les rapprots humains... mais pas en 150 pages. On glose, on survole un sujet important, et on n'en garde rien au final. Seul l'idée d'être parti à la recherche

du temps perdu. Clin d'oeil à Proust (évoqué dans l'ouvrage).
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