Citations de Ryōkan Taigu (171)
Chaque nuit même,
le givre peut bien tomber,
c'est tant pis tant mieux,
le matin vient, qui l'efface.
A l'entrée de l'an,
la neige peut bien tomber,
c'est tant pis tant mieux,
aux beaux jours elle n'est plus.
Celle cependant
qui sur notre chef commence
à se déposer,
elle ne peut que s'accroître,
cette neige qui, tandis que passent les ans,
n'est pas près de disparaître...
Comme le petit ruisseau
Comme le petit ruisseau
Faisant son chemin
A travers les crevasses moussues
Moi aussi, Je Deviens tranquillement
clair et transparent.
Cette belle neige
Cette belle neige
tombant jour après jour,
près de mon abri,
des allants et des venants
toute trace a disparu !
/ Traduction: Alain-Louis Colas
Dans l’inconstance du monde qui est le nôtre
Dans l’inconstance
du monde qui est le nôtre,
les faibles humains
ont des conversations
dont la joie pour moi s’efface.
/ Traduction: Alain-Louis Colas
Si au commerce du monde
Si au commerce du monde
il s’en faut beaucoup
que je me refuse,
n’est-ce pas vivre à part moi
qui fait mon contentement ?
/ Traduction: Alain-Louis Colas
Des jours et des jours
que tombe la bruine -
et l'homme vieillit.
hibi hibi ni
shigure no fureba
hito oinu
« Oui, je suis vraiment un cancre
Vivant parmi les arbres et les plantes .
S’il vous plaît ne me questionnez pas à propos de l’illusion et de l’illumination -
Ce vieux bonhomme aime simplement se sourire à lui-même.
Je patauge dans les cours d’eau avec des jambes osseuses ,
Et transporte un sac rempli de beau temps de printemps .
C’est ma vie ,
Et le monde ne me doit rien. »
« Pas de chance aujourd’hui dans ma tournée de mendiant ;
De village en village, je me suis traîné .
Au coucher du soleil , je me retrouve à des lieues de montagnes entre moi et mon refuge
Le vent verse ses larmes sur mon corps frêle ,
Et mon petit bol a l’air si triste -
Oui, c’est le chemin que j’ai choisi qui me guide
A travers la déception, la douleur , le froid et la faim . »
« Libre de tout lien, comme un brouillard entraîné par l’air, je me laisse emporté là où le vent désire me laisser. »
si on me demande mon secret,
un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept !
quand on est sans désir, tout contente
quand on désire, dix mille choses n’en viennent à bout
j’ai rompu les liens mondains
pour toujours j’ai cessé d’y penser
pourquoi alors, imperceptiblement, les larmes
imprègnent-elles mon mouchoir ?
« que laissé-je en héritage ?
les fleurs de printemps
le coucou en été
les feuilles rouges en automne »
Déchirée et en lambeaux, déchirée et en lambeaux
déchirée et en lambeaux est cette vie.
La nourriture ? je la mendie sur ma route.
Les arbustes et les buissons ont depuis longtemps envahi ma hutte.
Souvent la lune et moi, nous nous asseyons ensemble toute la nuit,
et plus d'une fois, je me perds parmi les fleurs sauvages,
oubliant de rentrer chez moi.
Ne vous demandez pas pourquoi j'ai quitté la vie en communauté :
comment un moine aussi fou pourrait-il vivre dans un temple ?
Dans le calme, près de la fenêtre vide
Je m'assois correctement pour la méditation, portant ma robe de moine.
Le nombril et le nez alignés,
les oreilles parallèles aux épaules.
La clarté de la lune envahit la pièce ;
La pluie s'arrête mais l'avant-toit continue à goutter.
Parfait est cet instant -
Dans l'immense vide, ma compréhension s'approfondit.
La nuit, au cœur des montagnes
Je m'assois pour méditer.
Les affaires des hommes jamais ne m'atteignent ici :
Tout est calme et vide,
La nuit sans fin a avalé tout l'encens.
Ma robe est devenue un habit de rosée.
Ne pouvant dormir, Je marche dans les bois -
Soudain, au-dessus du pic le plus haut, la pleine lune apparaît.
Dans mon ermitage un volume des poèmes de la Montagne Froide -
C'est mieux que n'importe quel sutra.
Je recopie ses vers et les envoie à mon entourage
Savourant chacun d'eux, encore et encore.
J'ai fait pousser autour de ma hutte
des plantes et des fleurs.
Maintenant, je m'en remets
à la volonté du vent.
Je monte jusqu'à la Salle de la Grande Compassion
et contemple les nuages et la brume.
De vieux arbres s'étirent vers le ciel,
une brise fraîche murmure depuis dix mille générations.
En bas, le torrent du Roi Dragon -
Si pur que l'on peut voir jusqu'à sa source.
Au passant je crie,
« Viens et regarde ton reflet dans l'eau ! »
Un simple sentier sillonnant entre dix mille arbres,
Une vallée brumeuse cachée parmi un millier de sommets.
Ce n'est pas encore l'automne pourtant les feuilles tombent ;
Il ne pleut pas beaucoup, pourtant les rochers poussent sombres.
Avec mon panier, je cueille des champignons ;
avec mon seau, je prends de l'eau pure à la source.
À moins que vous ne fassiez exprès de vous perdre
vous ne pourrez jamais arriver, si loin, jusqu'ici.