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Critiques de Salva Rubio (271)
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Les bâtisseurs, tome 1 : Viollet-le-Duc

Quelle bonne idée ont eu les éditions Delcourt de lancer cette série consacrée aux Bâtisseurs ! Surtout, en commençant par Viollet-Le-Duc, l’homme qui voulait ressusciter Notre-Dame, Salvio Rubio, Eduardo Ocaña et Maz ! sortent d’un quasi oubli, un homme qui sauva une quantité impressionnante d’églises, de cathédrales, de châteaux.

Tout cela n’est pas si loin puisque nous sommes au XIXe siècle et tous ces monuments menacent ruine. Pour avoir admiré et visité la Cité de Carcassonne, le château de Pierrefonds et, bien sûr, Notre-Dame de Paris, j’ai toujours eu beaucoup de mal à comprendre les critiques envers cet architecte hors normes.

Il est vrai, comme Salvio Rubio l’explique très bien dans les pages documentaires qui clôturent cette magnifique BD (Merci Vincent !) que Viollet-Le-Duc a eu tendance à en faire un peu trop… Pour moi et pour la plupart des gens, ce n’est pas grave. Seuls comptent le régal des yeux et la sauvegarde de monuments qui font notre fierté nationale.

Justement, cette BD commence avec le terrible incendie du 15 avril 2019 : Notre-Dame en flammes ! La flèche s’effondre. Heureusement, les statues qui l’ornaient étaient à Périgueux pour y être restaurées…

Après avoir subi les caprices des rois, la colère des révolutionnaires, les séquelles du temps et être devenue même un simple entrepôt, Notre-Dame revenait sur le devant de l’actualité en 1832, grâce à Victor Hugo et son fameux « Notre-Dame de Paris ». Notre grand écrivain, furieux, voyant dans quel état est la cathédrale, dit toute sa colère à Prosper Mérimée qui est Inspecteur des Monuments historiques.

Rien n’est simple à ce moment-là car l’hostilité de l’Académie des Beaux-Arts est manifeste : on déteste le style gothique. On lui préfère le classicisme grec ou romain.

C’est un simple dessinateur qui a femme et enfant, Eugène Viollet-Le-Duc, que Mérimée veut voir car il est connu pour son attrait envers le style gothique.

L’histoire est lancée. Le scénario concocté par Rubio me fait partager doutes et inspirations, combats et réussites d’un homme qui doit délaisser sa famille pour mener à bien son plus grand projet : rendre à Notre-Dame toute sa grandeur.

Il faut beaucoup d’argent, des maçons, des charpentiers, des spécialistes du plomb, des ferronniers, des menuisiers et surtout un maître d’œuvre efficace et présent sur le chantier quand l’architecte est en province.

Cet homme oublié, Rubio, Ocaña et Maz ! lui rendent justice. Il se nomme Jean-Baptiste-Antoine Lassus. Il a 7 ans de plus que Viollet-Le-Duc et a déjà restauré la Sainte-Chapelle, tout près de Notre-Dame.

Même s’il est impossible d’être exhaustif dans une BD, les auteurs m’ont bien fait comprendre toute l’évolution d’un chantier immense, mené à bien avec les moyens de l’époque. Louis-Napoléon Bonaparte qui devient Napoléon III, personnage contesté, aura un rôle positif pour la réussite du projet de Viollet-Le-Duc.

Chaque dessin de Eduardo Ocaña montre bien le travail énorme réalisé. Les images bien tristes des obsèques de Lassus offrent des visages impressionnants. Enfin, quatre pleines pages me régalent avec la flèche terminée et Notre-Dame dans toute sa splendeur. La vue aérienne finale est un bonus très apprécié.



Puisqu’il faut sauver Notre-Dame à nouveau et que le chantier semble bien avancé, l’idée était excellente de rappeler l’œuvre de Viollet-Le-Duc pour redonner toute sa splendeur à un monument débuté en 1163, pour lequel les travaux avaient duré deux cents ans mais qu’il fallait impérativement sauver… comme aujourd’hui.

Rendez-vous est donné le 8 décembre 2024 pour la réouverture de la cathédrale !


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Le photographe de Mauthausen

Mauthausen, janvier 1941. Après avoir fui l'Espagne franquiste, s'être fait interné dans l'Ariège, transféré à Septfonds puis de nouveau interné au Fronstalag à Belfort puis au stalag de Fallingbostel, Francisco Boix, jeune communiste ayant fui Franco, et tout un groupe d'hommes espagnols se retrouve aux mains de la Wehrmacht puis des SS. C'est dans le camp de Mauthausen que tous ces prisonniers sont enfermés. Un camp de catégorie 3, réservé aux détenus "quasiment irrécupérables". Un camp d'extermination par le travail d'où personne ne devait sortir vivant. Désinfectés, rasés, déshumanisés, affublés d'un triangle bleu frappé d'un S blanc, ces matricules sont parqués dans des baraquements sans eau ni chauffage. Assignés à des tâches éreintantes, ces prisonniers tentent de survivre malgré les massacres, les suicides, les exécutions...





Inspiré d'une histoire vraie, cet album retrace dans les moindres détails le parcours ô combien glaçant et effrayant de François Boix, un communiste qui a fui l'Espagne et qui s'est retrouvé, comme bon nombre de ses concitoyens, enfermés dans les camps de Mauthausen. Là, résigné à ne pas taire le sort subi par ses co-détenus et, photographe travaillant pour le compte d'un certain Paul Ricken, haut dignitaire nazi expert en une forme d'art assez particulière (ériger la mort en art), il décide de voler les négatifs des photos des cadavres, parfois mis en scène, afin de les dévoiler au grand public une fois la guerre terminée. Mettant en péril sa vie et celle des autres prisonniers, n'hésitant pas à prendre de multiples risques, il fera tout pour dénoncer les horreurs, les maltraitances, les exécutions, les suicides maquillés... L'on ne peut que saluer le travail considérable des auteurs au vu des moult documents et photographies en fin d'album (pas moins d'une soixantaine de pages). Même si Salva Rubio a pris quelques libertés scénaristiques, il n'en reste pas moins que ce roman graphique est véritablement passionnant et nécessaire, bien que terrible et effroyable. Le trait expressif et réaliste de Pedro J. Colombo ainsi que la palette de bleu d'Aintzane Landa nous plonge dans une ambiance glaciale et oppressante.
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Les Bâtisseurs, tome 2 : Bartholdi, la Statue..

Que ces BD sont belles et utiles !

En lisant Bartholdi, la statue de la Liberté, second tome, après Viollet-le-Duc, l’homme qui ressuscita Notre-Dame, de la série Les Bâtisseurs, chez Delcourt, j’ai appris toute l’histoire de cette œuvre d’art, symbole impressionnant érigé sur l’île de Bedloe, devenue, depuis, Liberty Island, et qui accueille tous ceux qui arrivent à New York par la mer.

On ne le rappelle jamais assez mais c’est un Français, Frédéric Auguste Bartholdi (1834-1904), né à Colmar, qui, conseillé par Édouard Laboulaye (juriste et homme politique) a imaginé et réalisé ce projet fou malgré quantité d’obstacles techniques, psychologiques et surtout financiers.

Tout cela, Salva Rubio le raconte très bien, se permet quelques écarts pour la cohésion de la narration, comme il l’explique précisément dans les pages documentaires à la fin de la BD.

L’ensemble est superbement dessiné par Eduardo Ocaña, des dessins impressionnants avec des perspectives osées qui me mettent au cœur d’une réalisation gigantesque. Cela est rappelé plusieurs fois : depuis le Colosse de Rhodes, deux mille ans auparavant, aucune autre statue de cette taille n’avait été réalisée.

Si le dessin est précis, les couleurs de Maz ! sont justes et belles. Les teints des visages sont toujours parfaitement adaptés à ce qui se passe dans la tête du personnage.

Dans son parcours extraordinaire, Bartholdi rencontre Ferdinand de Lesseps en Égypte où son désir de gigantisme prend forme. D’ailleurs, de Lesseps, très imbu de sa personne avec son canal de Suez, n’aide pas beaucoup Bartholdi. Par contre, Eugène Viollet-le-Duc est précieux, comme Gustave Eiffel. Tous les deux, ils font profiter Bartholdi de leur expérience.

Importante aussi est l’aide de Joseph Pulitzer qui, de simple journaliste quand il rencontre Bartholdi, est devenu directeur du New York World. C’est lui qui lance la souscription auprès des gens du peuple. Les plus pauvres n’hésitent pas à donner, ce qui pousse le Congrès à enfin débloquer les fonds permettant de boucler le budget.

Quand des images magnifiques, éloquentes, relaient le texte, c’est efficace et cela emballe ma lecture alors que Bartholdi déprime, veut tout abandonner. Heureusement, Pulitzer…

Bartholdi, la statue de la Liberté, est une BD captivante, instructive, importante pour connaître l’œuvre de celui qui a réalisé aussi, entre autres, le Lion de Belfort.

Un grand merci à Vincent pour cette BD qui me rappelle aussi qu’à Paris, sur la Seine, à hauteur du Pont de Grenelle, sur l’île aux Cygnes, près de la Maison de la Radio et de la Musique, on peut admirer un copie de la fameuse statue mais aussi à Roybon (Isère), sur la place centrale du village, et dans bien d’autres endroits encore. Auguste Bartholdi aurait aimé voir ça…


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Degas : La danse de la solitude

Je ne connaissais pas la vie de ce peintre et c'est toujours intéressant de découvrir de nouvelles biographies sur des artistes ayant marqué le monde de la peinture. J'ai beaucoup apprécié ce traitement qui fait dans une certaine originalité du propos.



Degas était un sacré personnage, toujours seul et jamais marié. Il avait tourné le dos à l'amour pour se consacrer entièrement à son art. Un peintre ne doit connaître d'autre passion que son travail et y sacrifier tout disait-il. Le célibat laisse à l'artiste sa liberté et ses forces, son cerveau et sa conscience. Les femmes apprécieront. Même s'il avait mauvais caractère, il avait des amis dont le célèbre Edouard Manet et pouvait être une sorte de leader dans le mouvement.



Visiblement, il se situait dans un courant intermédiaire entre les impressionnistes et les académiques. C'est intéressant de voir que les impressionnistes étaient ces fameux peintres bohème que ne va pas manquer de manipuler Edgar Degas pour arriver à ses fins.



Degas va devenir un grand peintre mais à force de travail et d'obstination. Il ne disposait pas de facilités naturelles. Son talent est venu progressivement et sur le tard. Il cherchait véritablement son style, ses thèmes et son esthétique avec de nombreux tableaux restés inachevés. Cependant, c'est surtout sa vie privée assez méconnue qui sera abordée dans cette œuvre même si on croisera toutes les figures emblématiques de l'époque.



Le dessin est un peu composé à la manière des tableaux impressionnistes de l'époque afin de donner un certain cachet esthétique à cette BD. Cela va bien dans ce contexte. A noter également une très belle colorisation.



Bref, c'est un portrait sans concession qui ne fait pas dans la dentelle pour nous présenter tel qu'il était. J'ai bien aimé la narration par l'une de ses amies qui aurait souhaiter avoir plus de lui à savoir la peintre féministe Mary Cassat.



Je pense que cette biographie peut vraiment plaire à un public passionné par l'art et la peinture.
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La bibliothécaire d'Auschwitz (BD)

C'est après avoir essuyé quelques larmes que je commence à rédiger mon retour sur "La bibliothécaire d'Auschwitz", adaptation graphique du roman d'Antonio G. Iturbe. Roman que j'avais beaucoup aimé sans pour autant avoir le souvenir qu'il m'ait autant remuée (va falloir que j'aille relire mon retour après) : l'adaptation de Salva Rubio et Loreto Aroca est en tous les cas bouleversante.



Edita Adlerova est une jeune Tchèque qui fait partie du convoi, avec ses parents, qui la mènera à Auschwitz-Birkenau, au baraquement BIIb précisément. Encore aujourd'hui, on ne peut qu'émettre des hypothèses sur ce camp des familles qui a bénéficié d'un traitement de faveur si on le compare aux autres baraquements de ce camp d'extermination. Au BIIb, les familles ne sont pas séparées, elles gardent leurs vêtements et leurs cheveux, il y a même un semblant d'école qui rassemble en journée tous les enfants de moins de 14 ans. L'explication la plus plausible quant à l'existence de ce camp (éphémère) est qu'il était utilisé "comme vitrine pour faire croire à la Croix-Rouge ou à d'autres organismes internationaux que les prisonniers bénéficiaient de conditions de vie acceptables". Ce que ces familles ont compris bien trop tard, c'est qu'elles étaient destinées à mourir au bout de six mois. C'est d'ailleurs plus de 10 000 personnes qui seront assassinées. Dita fait partie des déportés du camp familial qui ont survécu à l'Holocauste.



Et c'est son histoire qu'Antonio G. Iturbe raconte dans son roman, reprise par Salva Rubio et Loreto Aroca dans ce présent ouvrage.



Dita, tout juste 14 ans, se voit assigner le rôle de bibliothécaire du Block 31 (le camp des enfants) par Fredy Hirsch, superviseur du baraquement, juif et homosexuel qui sait tout de même user de son talent de meneur et de son influence auprès des Nazis (il mériterait d'ailleurs qu'un livre lui soit consacré à son tour). Il est évidemment interdit de posséder des livres, elle doit donc exercer sa "fonction" en cachette et malgré la peur constante d'être découverte, elle réussit à protéger et à prendre soin des huit livres qui ont pu être apportés au nez et à la barbe des gardiens.



Nous sommes une nouvelle fois plongés dans l'horreur qui régnait au sein de ces camps de la mort. La mettre en image la rend encore plus poignante. Même en ayant connaissance de l'histoire de Dita et de ses compatriotes, j'en ressors toute remuée. Profondément humain malgré les conditions de vie terribles des détenus, malgré la façon dont ils sont traités au quotidien, Rubio et Aroca ont tout misé sur les ressentis des personnages, et de Dita plus particulièrement, sur l'envie de (sur)vivre, le courage, l'espoir d'une libération proche et de retrouver sa dignité. C'est tragiquement efficace, bouleversant.



Un mot sur les dessins : pas trop colorés mais clairs et aérés, parfois plus sombres selon les circonstances et les événements. Justement colorisés donc, détaillés juste ce qu'il faut, avec des visages, physionomies et gestuelles très expressifs, ils s'harmonisent parfaitement avec le récit.



"La bibliothécaire d'Auschwitz" est un roman graphique poignant, marquant, sombre et lumineux tout à la fois. Je n'ose pas utiliser le mot "beau" au vu de son contenu, c'est pourtant le premier mot qui m'est venu à l'esprit, juste après le mot "bouleversant".

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La bibliothécaire d'Auschwitz (BD)

Cet album est l’adaptation du roman d’Antonio Iturbe, roman que je n’ai pas lu. La petite Dita et ses parents doivent quitter leur bel appartement de Tchécoslovaquie pour aller dans une destination inconnue. Ils sont d’abord confinés dans le ghetto de Terezín. Puis ils doivent à nouveau partir. L’évocation du nom fait froid dans le dos pour nous, lecteurs, qui connaissons l’Histoire et savons ce qui se passe là-bas : Auschwitz.



Dita est une amoureuse des livres, passion donnée par ses parents, enseignants. Lorsqu’elle arrive au camp BIIB, réservé aux familles, elle va faire la connaissance d’un certain Fredy Hirsch, qui a créé dans ce lieu une école et, surtout, une petite bibliothèque clandestine. Dita y sera affectée. Les livres lui permettent de tenir.



Avant de lire le petit dossier final, je me disais que cette histoire n’était pas crédible. Je me trompais lourdement. En effet, non seulement Dita a bien existé mais tout ce qui est raconté aussi. Je ne connaissais pas l’histoire du bloc 31, dans lequel se trouvaient cette école et la fameuse bibliothèque.



Merci à l’auteur du roman mais également à ceux de ce bel album de permettre la transmission de l’Histoire. Si vous voulez en savoir plus sur Dita, je vous mets le lien de son site : https://www.ditakraus.com


Lien : https://promenadesculturelle..
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La bibliothécaire d'Auschwitz (BD)

Je ne connaissais pas cette histoire de bibliothécaire dans le camp de concentration le pire au monde. Ce que les nazis ont fait est totalement impardonnable et ne doit jamais être oublié comme pour rappeler le manque d’humanité des régimes totalitaires.



Les juifs ont été désignés par le führer comme bouc-émissaire afin de justifier cette tuerie de masse. Les dictateurs se servent souvent de faux prétextes pour jeter l’opprobre sur un peuple et pouvoir ensuite le massacrer. On sait que malheureusement, l’histoire peut se répéter, même en Europe.



On se dit que la culture au travers des livres dans un lieu tel qu’Auschwitz peut apporter un peu de bonheur à des prisonniers qui sont condamnés à terme à mourir. Or, c’est une jeune adolescente de 14 ans qui va faire office de bibliothécaire dans une section du camp qui sera un peu épargnée par la barbarie.



Les livres représentent souvent le savoir qu’il ne faut pas perdre. Les nazis ont souvent organisé des cérémonies où des livres étaient brûlés comme ceux de Freud par exemple. Cela permet à des régimes d’effacer de la mémoire collective certains auteurs dont les thèses tendent vers une autre approche qui menacent les fondements de leur régime liberticide.



Ainsi, cette jeune fille, pleine de vie et d’espoir, risquait la mort en cas de découverte de ces livres qui étaient nécessaires pour perpétuer la mémoire auprès des plus jeunes survivants. Elle sera obligée de grandir bien trop vite dans ce milieu éminemment hostile. Elle prendra en tous les cas sa mission très au sérieux ce qui force l’admiration.



Evidemment, le sujet est grave et le traitement se fait tout en nuance. J’ai trouvé que le dessin sur un mode réaliste est assez avenant pour permettre une lecture sans encombre. On ne se plante pas de personnage par exemple. C’est d’une clarté exemplaire. On remarquera également le changement de couleurs qui se fait à bon escient comme pour marquer une rupture de période.



C’est un titre qui ne laissera pas indifférent et qui nous éclaire davantage sur ce qui s’est passé au début des années 40. La Seconde Guerre Mondiale a marqué tous les esprits. Il est dommage d’oublier petit à petit. On devrait se dire : plus jamais ça !



On devrait tous vivre sous des régimes démocratiques en bannissant à jamais ce qui a pu conduire à une telle horreur. Ce n’est malheureusement pas le cas. On doit alors se dire qu’on a bien de la chance de n’avoir jamais connu pareil situation à titre personnel.



Cette œuvre, basée sur des faits réels et des personnes réelles, mêle la passation de mémoire, les leçons de courage et la force de vivre. Que de belles valeurs dans un univers concentrationnaire qui signe l’échec des nazis. Cette bulle de protection et d’humanité fait du bien. Sublime et poignant.

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La bibliothécaire d'Auschwitz (BD)

N’ayant pas lu le roman, je découvre à travers cette bande dessinée, l’histoire de la courageuse Dita, qui s’est vue, comme ses pairs, privée de liberté, privée d’école, placée en ghetto, déportée dans le pire des camps de concentration, placée avec ce groupe d’hommes et de femmes installés dans le camp BIIb, vitrine du camp d’où on ne voyait pas les chambres à gaz ni les fours crématoires, et qui servait probablement à bluffer la croix rouge où tout autre étranger venu visiter l’endroit.



Cette partie du camp reste tout de même sous la surveillance des nazis, on y souffre avec l’héroïne, de la famine, de la terreur infligée par Josef Mengele, médecin chef du camp, tortionnaire notoire, mais on y agit : Dita alors âgée de 14 ans, n’hésitera pas, soutenue par Fredy Hirsch, à se lancer dans l’organisation d’une bibliothèque en proposant les quelques ouvrages disponibles au péril de sa vie, car les livres sont évidemment interdits dans le camp.



Cette histoire n’est pas sans rappeler la clandestinité et le trafic qui s’opérait dans les camps, très bien expliqué par Primo Levi, dans son ouvrage : si c’est un homme. Le fait d’organiser une bibliothèque dans le camp ne m’a donc pas surprise.



Un ouvrage poignant et. Ce n’est pas le premier que je lis, et pourtant je tombe des nues à chaque fois que je constate à quel point la méchanceté humaine est sans limite.



Cette bande dessinée est magnifique, les idées y sont clairement exprimées, le dessin agréable, les teintes appropriées.



J’ai apprécié en fin d’ouvrage, l’annexe apportant des précisions sur les lieux, les faits historiques, la création de cette bande dessinée. Elle apporte de précieux renseignements, Elle invite à lire le roman, ce que je ferai certainement.



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Les Zazous, tome 1 : All too soon

A vrai dire, je ne connaissais pas du tout ce phénomène qu'ont été les zazous durant l'Occupation. Voici une BD qui leur est consacrée.



C'était une contre-culture des années 40 avec de jeunes gens reconnaissables à leurs vêtements anglais ou américains, et affichant leur amour du jazz. Ils étaient jeunes et plutôt modernes en tranchant radicalement avec les idées nauséabondes de leurs parents qui avaient entraîné le monde dans la haine et la guerre.



On retrouve des jeunes qui ont une attitude assez insouciante par rapport à l'Occupation nazie et qui semblent défier aussi bien les autorités françaises qu'allemandes. Ils se définissent comme avoir un esprit libre. Ils organisent des parties de danse (swing) dans des clubs en sous-sol malgré le couvre-feu imposé.



Pour autant, au fil de ce tome, ils vont très vite être rattrapé par la guerre qui s'insinue dans la capitale qui a été épargnée par les combats. Les premières condamnations à mort tombèrent en décembre 1940 parmi ceux qui résistent. L'un des zazous sera exécuté pour avoir frappé un soldat allemand alors qu'il était dans un état d'ébriété en n'ayant pas respectée couvre-feu.



Ce mouvement n'était guère apprécié par le maréchal Pétain et par l'occupant nazi car trop d'inspiration américaine. La liberté ne faisait pas vraiment partie de leurs valeurs.



Il y a tout un récit assez intéressant suite à une infiltration dans ce groupe contestataire. L'indic va tomber amoureux de ce style de vie et de culture.



J'ai beaucoup aimé cette BD au graphisme assez avenant et aux couleurs réussies. Il y a un certain dynamisme des cases qui est tout à fait remarquable. Les vêtements sont parfaitement retranscris à la mode zazous. Certes, outrancier mais dans l'élégance !



Le dossier en fin d'album est également assez intéressant. Bref, je n'avais jamais vu cet angle-là de l'Occupation ce qui n'en demeure pas moins réel d'après les faits historiques et les témoignages de cette époque. Ne pas subir était la devise des zazous. Il faut retenir ! Bref, on va naviguer entre swing et révolte.



On suivra avec le plus grand intérêt les deux autres tomes à venir de cette série.

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Nemoralia

BD HISTOIRE / ANTIQUITE.

Le primus pilus Falco s'est couvert de gloire en Maurétanie en vainquant et en capturant le général ennemi Cirta Gaetulo. Mais nous sommes en 40 après Jésus-Christ et il a le malheur d'être de sensibilité républicaine alors que l'empereur fou Caligula partisan de la monarchie absolue n'aime pas trop ceux qui pensent différemment…

C'est ainsi qu'il est dénoncé auprès des autorités impériales par ses propres amis, le sénateur Ruga étant trop content de trouver un bouc émissaire pour sauver sa propre peau. On lui confisque ses biens, on lui enlève sa citoyenneté, on le prive de sa famille et on le réduit en esclavage. C'est ainsi qu'il finit par participer à la nouvelle lubie de Caligula qui veut transformer les festivités sacrées des Némorales en chasse à l'homme dans la Rome antique. Au survivant la liberté, aux autres la mort car il ne peut en rester qu'un… Et parmi les participants, Falco retrouve son vieil ennemi Cirta Gaetulo !



"Gladiator" rencontre "Les Chasses du Comte Zaroff", et nos postulants ont fort à faire avec des arches parthes, des lions d'Afrique et des traqueurs pictes. Sans compter les autres participants qui ont tout à gagner à voir leur nombre se réduire drastiquement avant l'arrivée au sanctuaire synonyme de liberté après un duel final contre le prêtre du Temple de Diane.

Le récit de Salva Rubio est prenant car rythmé, le tout souligné par les graphismes expressifs et dynamiques de Mateo Guerrero. C'est un survival classique certes mais très efficace, la bonne idée étant d'avoir deux points de vue : celui de Falco qui a tout perdu sauf l'espoir, et celui de Tenax son beau-frère travaillant pour l'empereur qui a tout gagné sauf ses illusions perdues devant la folie de Caligula et la fourberie de ses opposants. Hâte de lire le tome 2 de ce diptyque antiquisant car je kiffe toujours autant les peplums !
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La bibliothécaire d'Auschwitz (BD)

Club N°49 : BD sélectionnée

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Très belle BD qui suit l'histoire vraie de la jeune Dita, passionnée par les livres, qui puise sa force pour survivre à l'enfer des camps dans les différents livres qu'elle réussit à cacher à l'aide de Fredy Hirsch.



Un récit poignant dans l'enfer des camps.



Mel

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J'ai beaucoup aime cette BD.



Les dessins de Loreto Aroca illustrent à merveille cette histoire vraie et émouvante d'une jeune fille trouvant refuge dans la protection des livres pour survivre à l'horreur de la guerre et des camps.



Je ne connaissais pas cette histoire et le roman d'Antonio G. Iturbe et cette BD donne envie de le lire.



Samuel

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Très belle adaptation du roman de Antonio G. Iturbe.



Un dessin sobre qui colle parfaitement à ce terrible moment de notre Histoire.



Aaricia

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Une belle histoire, une excellente adaptation qui n'a pas peur de montrer ni de dénoncer en protégeant le savoir de la barbarie.



Excellent.



VT

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Le photographe de Mauthausen

« Les images violentes il faut les éviter ou il faut en parler. »

Trop tard, il faut que je vous en parle :

1- Quand j’étais ado, j’allais souvent me balader au cimetière du Père-Lachaise. Je passais inévitablement devant la stèle commémorative du camp d’extermination de Mauthausen représentant un escalier très pentu où un homme squelettique gravissait, une lourde pierre sur l’épaule, de très hautes marches. J’étais très impressionné, cette image est à jamais restée gravée dans mon intellect souple alors.

2- Adulte, j’ai eu l’opportunité, je ne dirais pas la chance, de me rendre à Mauthausen.

Dans la riante campagne autrichienne, la verrue sur le nez, se dressent ces murs sordides.

Dès l’entrée de ce camp particulièrement bien conservé, mon sang se glace sur l’austérité de ce granit où suintent encore la sueur et la douleur de milliers de déportés.

On a l’impression que le gris du ciel s’est abattu sur la barbarie.

3- Cette trilogie personnelle sur le sujet s’achève avec cet ouvrage émouvant qui traduit parfaitement en premier lieu cette atmosphère à la chromatique « binaire » très bien rendu par la coloriste Aintzaine Landa. Noir ou Blanc, Mort ou vif. Le militaire vert de gris le dispute au gris-brun de la carrière de granit. Du gris clair juste de l’existence au gris foncé de la souffrance extrême.

Francisco Boix, mort à 31 ans, héros malgré lui de cette histoire revit grâce à la dynamique du graphisme de Salva Rubio. Exercice difficile dans cet espace figé dans le désespoir.

Espagnol, Catalan, Communiste ; C’est trop. Trop pour les nazis, trop pour les franquistes, trop pour la France. Ce cumul l’expédiera comme des milliers d’autres en déportation…

Il est photographe, ce métier sera son sursis. Il va être dans l’obligation, par un esprit tordu, pour la propagande de mettre en scène la mort…La mort de ces pauvres bougres par pendaison, par électrocution, par chute.

Francisco, au risque de sa vie qui ne tient déjà plus à rien, va voler ces photos et les faire sortir du camp pour témoigner, pour faire savoir au monde…Pour que la guerre finie, les S.S. payent leurs actes de Himmler aux Kapos… Des procès s’ouvriront…

Le scénariste Pedro J.Colombo restitue parfaitement dans les bulles de ce roman graphique en deux parties la tension palpable, le malaise constant, l’horreur toujours présente. La partie « dossier historique » bien documenté, avec des images d’archives renseigne sur la fin de ces nazis sanguinaires et sur la destinée dramatique de ces déportés espagnols.

4- Je suis pourtant un grand fan de photos mais, en 2013 à Mauthausen vide, mes doigts restèrent figés sur le déclencheur. Je n’ai pas pu appuyer, comme il arrive, quand soumis à un sentiment trop fort il est impossible de déglutir. Scotché.

Maintenant, imaginez donc un instant faire une photo, une seule à Mauthausen en 1941 avec autour de vous des centaines de déportés décharnés…



Merci à la Masse critique et aux éditions Le Lombard pour cette découverte.



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Nemoralia

Club N°50 : BD non sélectionnée mais achetée sur le budget classique

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Dans un shaker, le scénariste a mis un bon fond de "Gladiator", un soupçon d' "Aigles décapités", 2 doigts de "chasses du comte Zaroff", et une bonne rasade de culturisme.



Si l'on accepte le cocktail, la BD se lit facilement.



Murena est quand même d'un autre niveau !



Wild57

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Bon petit péplum, ça faisant longtemps depuis Murena.



Cette BD fait un peu penser au scénario du film "Gladiator" ou "La Chute de l'empire romain".



Aaricia

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La bibliothécaire d'Auschwitz (BD)

Chargée de distribuer les abonnements de l'école des loisirs, quelle ne fut pas ma surprise de découvrir ce titre destiné à un élève de CM1.

J'avais beaucoup aimé le roman dont il est l'adaptation et franchement j'ai passé ma pause repas à lire la BD.

Je crois qu'elle m'a encore plus émue que le roman. Certainement le poids des images. Je ne sais pas. En tout cas, le roman graphique est adapté à un public jeune même s'il doit être accompagné en amont d'explications. Je l'ai trouvé remarquablement bien fait. Il est très fidèle au roman. La mise en couleurs et les dessins sont justes incroyables. Le contenu n'est pas (trop) traumatisant sans non plus tout dissimuler.

Il est extrêmement touchant car l'héroïne est une adolescente de 14 ans, Dita, qui aime lire et apprendre plus que tout et qui va protéger au péril de sa vie quelques livres qui sont pour ce peuple à qui les nazis ont tout pris, un véritable trésor, dans le camp de concentration d'Auschwitz.

A lire et à partager surtout.

Je vais le commander pour ma fille.

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Django Main de feu

Un roman graphique qui se lit d'une traite. Django de sa naissance à environ ses vingt ans, en passant bien sûr par ses brûlures suite à l'incendie de sa caravane. C'est frais, coloré, bien construit. Un petit bonheur.

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Max, les années 20, tome 1 : Le silence après l..

En 1921 à Barcelone, le beau Max, groom dans un palace,

fait des extras comme danseur de tango et gigolo.

Son agilité attire l'œil de Fontana, un truand notoire

qui l'entraîne dans les bas-fonds de Barcelone

et dans de mauvais coups qui vont l'obliger à prendre le large...

La Bd en deux tomes est librement adaptée du roman d'Arturo Pérez-Reverte « le tango de la vieille garde ».

Dans ce premier épisode , Max virevolte du coupe gorge du quartier Chinois de Barcelone à un autre coupe chou, la guerre du Rif.

Les couleurs vives de Ruben lui donne fière allure même quand il en bave avec le caporal Boris, un légionnaire dandy qui a la dent dure.

Mad.. Max , j'attends ton retour pour de nouvelles aventures!

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Le premier Dumas, tome 1 : Le dragon noir

Club N°50 : BD sélectionnée ❤️

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Quelle belle surprise !!!



L'histoire de Dumas père racontée par Dumas fils.



Bon OK, l'histoire est romancée mais j'ai hâte de lire la suite.



Aaricia

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Je ne connaissais pas du tout l'histoire de la famille Dumas : c'est bien écrit, on a envie de lire le tome 2 !!



Barbara

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Très bien.



Vu la vie incroyable de ce premier Dumas, il faut plusieurs tomes et ce, pour notre plus grand plaisir.



Hâte de lire la suite.



Wild57

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Lien : https://mediatheque.lannion...
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Le photographe de Mauthausen

C'est un coup de coeur, alors la critique est un peu longue car pour ce genre d'ouvrage, j'ai du mal à faire court !



C'est au départ une histoire vraie édifiante, celle d'un jeune photographe espagnol communiste, Francisco Boix, déporté au camp de Mauthausen en 1941, qui accomplit un des vols les plus spectaculaires du siècle dernier. C'est ensuite un roman graphique passionnant et bouleversant qui comble les lacunes de l'histoire par une scénarisation et un graphisme réalistes. C'est enfin un dossier historique remarquable, composés d'interventions de spécialistes, de photographies et d'explications de l'auteur Salva Rubio, scénariste, écrivain et historien.



« le Photographe de Mauthausen », c'est donc Francisco Boix qui va travailler au labo photo de Mauthausen, dans le service d'identification où les détenus étaient pris en photo à leur arrivée. Placé au service du nazi Paul Ricken, il découvre bien vite que le labo sert également à développer les photos personnelles des nazis mais aussi d'outil de propagande. Par propagande, entendez la mystification de scènes où l'on voit des détenus bien traités au sein du camp. Mais le pire n'est pas ici. Paul Ricken, reconnu plus tard comme un artiste dément et un mystificateur, avait une obsession pour la mort et sa mise en scène. Sa principale activité en tant que photographe était de travestir les meurtres des prisonniers en accident, en y apposant parfois sa touche artistique. Horrifié tout d'abord par ces photos, Francisco va bien vite prendre conscience de leur importance : elles sont de véritables témoins des atrocités commises au camp, elles sont des dépositaires de la vérité. Une idée folle lui vient alors : subtiliser des négatifs et les faire sortir du camp afin de prouver au monde entier que les nazis assassinaient et exterminaient en masse les prisonniers de guerre.



Cet ouvrage, exemplaire dans sa forme comme dans son fond, rend tout d'abord hommage à cet homme, Francisco Boix, et à travers lui à des milliers d'hommes et de femmes. J'ai découvert dans ce roman graphique ce que fut la déportation et le destin des rescapés espagnols républicains ; les souffrances qu'ils ont endurées avant, pendant et après la Seconde guerre mondiale.

Dès 1939, suite à la défaite de la guerre civile face à Franco, 500 000 Espagnols partent en exil. Pour ceux qui pensent trouver refuge en France, ce sont des camps de concentration qui les accueillent, avec des conditions de vie inhumaines, décrétées pire qu'à Mauthausen. Lorsque les soldats Espagnols enrôlés de force dans l'armée française ou les unités militarisées sont arrêtés par les Allemands, ils connaissent différents camps de prisonniers. A Mauthausen ils sont considérés comme des apatrides, car rejetés par leur pays. A la Libération, c'est la triple peine : d'une part, pour Francisco en particulier, l'ensemble des photos n'est finalement pas diffusé massivement dans les journaux, d'autre part le Parti Communiste considère les Républicains espagnols comme des traites car ils ont survécu ( !), enfin ils ne peuvent rentrer en Espagne comme tout autre rescapé car les Alliés refusent de renverser Franco, plus préoccupés par les prémices de la guerre froide.

Les Républicains espagnols, combattants de la première heure du fascisme, voient donc encore leur liberté bafouée de retour dans leur pays. Ou bien, pour échapper aux arrestations et autres brimades, ils renoncent à la perspective de retourner en Espagne. C'est une nouvelle fois l'exil : nouvelle culture, nouvelle langue…



« le photographe de Mauthausen », outre le destin des déportés espagnols républicains, est également un témoignage de ce que fut Mauthausen. Un camp de la mort où les prisonniers mouraient par épuisement dans la sinistre carrière de granit et son escalier de 186 marches, par les mauvais traitements et les assassinats. Des 9 328 Espagnols internés (pour ne parler que d'eux) dans les camps, 7 532 le furent à Mauthausen et 4 816 furent assassinés.

Pour terminer sur cet ouvrage que je considère comme un document historique remarquable, je reviens juste sur les fameux négatifs que Francisco, par son culot et sa ténacité, a réussi à sortir du camp. Des 20 000 négatifs sortis, 19 000 restent introuvables.

Francisco Boix finira sa vie à Paris où il fera carrière comme photographe. Il décède à 31 ans d'une maladie sans doute contractée au camp de Mauthausen.



Un ouvrage historique remarquable sur un homme, sur tout un peuple, sur une époque. Bravo à Salva Rubio.

A lire et à faire lire. Il y a encore tant à dire, alors lisez-le.



NB : une adaptation en film est actuellement disponible sur Netflix.
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Degas : La danse de la solitude

Où trouver cet art ? L’Art de notre temps ?

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Ce tome contient une biographie de l’artiste Edgar Degas (1834-1917) qui ne nécessite pas de connaissance préalable pour l’apprécier, et qui dégage plus de saveurs si le lecteur est familier de ses principaux tableaux. Sa première édition date de 2021. Il a été réalisé par Salva Rubio pour le scénario et pas Efa (Ricard Fernandez) pour les dessins et les couleurs. Il compte quatre-vingts pages de bande dessinée. Il se termine avec un dossier de sept pages, rédigé par le scénariste et illustré par des tableaux de Degas. Ces deux auteurs avaient déjà réalisé ensemble Monet, nomade de la lumière (2017).



Samedi 29 septembre 1917, au cimetière de Montmartre à Paris, Mary Cassatt assiste à l’enterrement d’’Edgar Degas, immobile et silencieuse, entendant les commentaires autour d’elle. Quelqu’un le connaissait-il vraiment ? Il était toujours seul. Rien d’étonnant il était si intransigeant. Il ne s’est jamais remis de la faillite familiale. Ce fut pour lui, une telle humiliation. Machiste, antidreyfusard, voire antisémite, intolérable ! Et cette manie de ne peindre que des danseuses, des blanchisseuses et des prostituées, c’est bizarre non ? Pas si bizarre quand on sait que la plupart de ces ballerines étaient aussi des putains. Il ne s’est jamais marié, encore une bizarrerie. En effet, plus encore pour un homme de son rang. On ne lui a jamais connu une seule aventure ? Pas même avec l’un de ses modèles, comme ses amis impressionnistes ? Non, il était peut-être homosexuel, en tout cas beaucoup le pensaient. Ou impuissant… Il était arrogant, insolent et désagréable ! Les gens disaient qu’il y avait deux Degas : celui qui bougonne et celui qui grogne. Il était tout bonnement insupportable. Il a toujours vécu seul, pas étonnant qu’il soit mort seul.



Après l’enterrement, Mary Cassatt rentre chez elle en pensant à tous ces commentaires. Elle se dit qu’on parlera toujours de ses danseuses adorées, de ses blanchisseuses, de ses modistes. Mais quelqu’un le connaissait-il vraiment ? Elle a besoin de savoir. Elle prend un volume dans sa bibliothèque et se plonge dans les carnets intimes du peintre. En 1852, 45 rue de Taibout à Paris, un jeune Edgar Degas a abordé Paul Valpinçon qui marche dans la rue, et il lui fait la leçon de manière véhémente, lui reprochant de refuser le tableau La baignade pour une exposition sur la carrière de Jean-Auguste-Dominique Ingres, allant jusqu’à l’insulter en le traitant de d’imbécile, de foi, d’idiot, de benêt, d’abruti, d’égoïste. Continuant sur sa lancée en le qualifiant de bourgeois arrogant, de personnage insignifiant, de crétin analphabète. Tout au long de ces invectives, Valpinçon a continué d’avancer et il s’arrête au 11 quai de la Seine pour sonner à la porte. Un homme lui ouvre, le reconnaît et lui demande quel bon vent l’amène. Edgar identifie Ingres au premier coup d’œil. Le riche bourgeois informe le peintre qu’il a changé d’avis et qu’il va lui prêter La baigneuse. Le jeune garçon explique à l’artiste qu’il veut devenir peintre. Ingres lui conseille de se consacrer corps et âme à la peinture, de vivre pour la peinture, d’en faire sa maîtresse, sa fiancée et son épouse.



Dès les premières pages, le lecteur constate que les auteurs savent de quoi ils parlent. Le scénariste a choisi de raconter l’histoire de l’artiste du point de vue de Mary Cassatt (1844-1926), artiste peintre et graveuse américaine ayant entretenu une longue relation professionnelle avec le peintre, et le dessinateur sait citer les toiles du maître, sans essayer de les singer. Le récit s’ouvre sur l’enterrement d’Edgar Degas, et sa collègue se plonge dans ses carnets intimes. Le dispositif narratif peut sembler téléphoné : dans la narration le scénariste s’en sert pour annoncer les questionnements qu’il va évoquer concernant ce peintre. Les remarques effectuées par les personnes assistant à l’enterrement constituent autant de facettes de la personnalité publique de Degas formant un portrait de l’individu. La deuxième scène indique que l’auteur va mettre en scène des moments de vie, avec la connaissance de son déroulement complet, le point de vue étant celui de sa collègue après la mort de Degas. Dès ces premières pages, la narration visuelle séduit le lecteur avec ces teintes comme apposées au crayon de couleur, des cases rectangulaires sans bordure tracée, un regard adulte sur les différents lieux, avec le comportement posé de cette dame âgée, en phase de deuil d’un ami cher qu’elle a côtoyé pendant des décennies.



Après les trois pages d’introduction, le récit reprend un ordre chronologique, à partir de 1852. En fonction de la nature des événements évoqués, les auteurs peuvent consacrer une scène à une date précise, ou bien évoquer des faits s’étant déroulés entre deux dates, ou encore une série de dates. Dans la première famille se trouvent par exemple l’année 1872 que Degas passe à la Nouvelle Orléans en Louisiane, l’année 1873 au cours de laquelle il développe l’idée d’un salon des Impressionnistes, le 15 avril 1874 pour la première exposition des Impressionnistes, les dates des sept expositions suivantes (30 mars 1876, 4 avril 1877, 10 avril 1879, 1er avril 1880, 2 avril 1881, 1er mars 1882), avril 1883 alors que Degas se rend au chevet de Manet, le 30 avril 1883 date de son décès. Dans la deuxième catégorie, ils vont développer des interactions et des faits avérés comme la fin des études scolaires de Degas, ses années d’apprentissage à l’atelier Lamothe, la première rencontre avec Édouard Manet (1832-1883), celle avec Berthe Morisot (1841-1895, artiste peintre, cofondatrice du mouvement des Impressionnistes), avec les autres impressionnistes, avec Mary Cassatt, les travaux préparatoires de la publication Le Jour et la Nuit, qui ne paraîtra jamais, plusieurs échanges au cours de sa relation avec Cassatt, etc.



Le lecteur se retrouve vite pris par cette reconstitution consistante et dense, tout en se demandant si ça s’est vraiment passé comme ça. Le dossier en fin d’ouvrage comporte plusieurs parties dont les titres sont les suivantes : Musique pour un menuet solitaire, Degas et Cassatt une énigme émotionnelle, le monde de Degas planche après planche, Un jeune homme en colère, Le masque de l’artiste, Inspiration américaine, Le ballet comme atelier, Un long adieu. Entre autres, le scénariste explicite ses partis pris : résister à la tentation d’accompagner les planches d’explication, et inclure dans ce cahier final toute une série d’informations complémentaires, de détails savoureux, de curiosités et d’anecdotes qui rendent plus agréable la lecture ou la relecture de cet album. Il apporte une précision sur la voix de monsieur Degas : ses carnets ainsi que plusieurs de ses lettres ont été conservés, tout comme une série d’anecdotes, de critiques et d’information sur sa manière de parler, de se comporter et de s’adresser à son entourage. Il a veillé à reproduire fidèlement son caractère, sa personnalité et son langage, reprenant mot pour mot ou en les adaptant, un grand nombre de ses répliques, affirmations, notes et réflexions. S’il n’est plus possible d’interviewer Edgar Degas lui-même, cette biographie colle au plus près de ce qui est connu de lui, tout en effectuant des choix pour réordonner quelques détails et se conformer à la pagination. À plusieurs reprises, le lecteur peut faire le lien avec la bande dessinée que les auteurs ont consacré à Claude Monet (1840-1926), et aux séquences relatives au Salon de peinture et de sculpture, souvent appelé juste Salon.



L’artiste a choisi de réaliser des dessins qui ne singent pas les tableaux de Degas (d’ailleurs, pas sûr qu’il soit possible de réaliser une bande dessinée avec ses tableaux), mais qui en respecte l’esprit. Pour autant, le lecteur peut identifier plusieurs reproductions de tableaux célèbres, de Degas bien sûr, mais aussi de Manet. En fonction de sa culture, il peut comparer un tableau ou un autre à l’original, et apprécier le talent du bédéiste. Il peut également être saisi par la manière dont il transcrit la puissance expressive de la sculpture La Petite Danseuse de quatorze ans (1879-1881), ou comment il détourne Le déjeuner sur l’herbe (1863) de Manet, sans les femmes, avec Degas et Manet allongés sur l’herbe dans la position des messieurs du tableau. La première caractéristique réside dans le fait que la narration visuelle est traitée comme une véritable bande dessinée, et non comme un texte illustré, même quand le scénariste a beaucoup d’informations à apporter. Efa impressionne par sa capacité à représenter dans le détail de nombreux éléments. Le lecteur peut prendre son temps pour examiner les costumes et les robes, les chapeaux féminins et masculins, et bien sûr la manière dont les messieurs taillent leur barbe et leu moustache. Il peut se projeter dans chaque lieu : devant le caveau de la famille de Gas, dans plusieurs rues de Paris, dans une salle de classe du lycée Louis-le-Grand, à l’atelier Lamothe, au café Guerbois, dans plusieurs salons où se tient une réception mondaine, à l’opéra, dans l’atelier de Degas, dans un grand parc parisien, dans un hippodrome, dans les coulisses de l’opéra, dans une maison close. Le dessinateur sait donner à voir les lieux représentés par le peintre, et ceux qu’il fréquentait. L’utilisation de crayons de couleur ou équivalent aboutit à un rendu différent de celui de la peinture, tout en respectant les atmosphères des toiles, le lecteur pouvant en comparer dans le dossier de fin.



Récréer la vie d’un être humain, sa trajectoire de vie, mettre en lumière sa personnalité tient de la gageure, d’une construction a posteriori, d’une interprétation pour mettre en concordance les faits et gestes publics et connus d’un individu et sa vie intérieure mystérieuse et connue de lui seul. Efa & Rubio permettent de faire connaissance avec un artiste peintre singulier, de le côtoyer, d’envisager ses motivations, ses états d’esprit, ses principes (en particulier l’importance qu’il donne à son Art et à sa pratique, aux dépens de sa vie sociale et amoureuse), dans des planches magnifiques, autant descriptives que gorgées de sensations, dans le contexte du mouvement impressionniste. Un coup de maître.
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Django Main de feu



On change un peu de registre et on découvre une BD biographie.



On connaît tous le musicien de génie, l'homme public, mais on ne connaît rien de celui qu'il était avant. C'est chose faite avec cette très belle BD qui retrace, sur 88 planches, la vie de cet homme hors du commun, un des plus grands guitaristes du monde, Django Reinhardt.



Son enfance et son adolescence sont abordées sous de belles planches, détaillant aussi bien ses frasques que ses farces. Fils de « manouche », il apprend, seul, à jouer de la guitare et se révèle très doué… Un grave accident abîme gravement une de ses mains, au point de remettre en question sa carrière.

Cette BD retrace sa reconstruction, son dépassement de soi, pour retrouver son amour de la musique, abordant, par la même occasion sa vie amoureuse, ainsi que son obsession pour la musique.

Un album émouvant, superbement illustré par Rubio et Efa.

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