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Efa (Autre)
EAN : 9782803677122
104 pages
Le Lombard (17/09/2021)
3.91/5   38 notes
Résumé :
Fondateur du mouvement impressionniste dont il fut l'un des critiques les plus impitoyables ; trop bohème pour les bourgeois et trop bourgeois pour les artistes… Edgar Degas était un homme de paradoxes. Un solitaire, qui n'aima qu'une seule femme sans jamais la courtiser. Et c'est en compagnie de cette dernière qu'au crépuscule de sa vie, Efa et Rubio ouvrent les pages des carnets de Degas pour tenter de percer le mystère de ce génie pétri de contradictions.
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Je ne connaissais pas la vie de ce peintre et c'est toujours intéressant de découvrir de nouvelles biographies sur des artistes ayant marqué le monde de la peinture. J'ai beaucoup apprécié ce traitement qui fait dans une certaine originalité du propos.

Degas était un sacré personnage, toujours seul et jamais marié. Il avait tourné le dos à l'amour pour se consacrer entièrement à son art. Un peintre ne doit connaître d'autre passion que son travail et y sacrifier tout disait-il. le célibat laisse à l'artiste sa liberté et ses forces, son cerveau et sa conscience. Les femmes apprécieront. Même s'il avait mauvais caractère, il avait des amis dont le célèbre Edouard Manet et pouvait être une sorte de leader dans le mouvement.

Visiblement, il se situait dans un courant intermédiaire entre les impressionnistes et les académiques. C'est intéressant de voir que les impressionnistes étaient ces fameux peintres bohème que ne va pas manquer de manipuler Edgar Degas pour arriver à ses fins.

Degas va devenir un grand peintre mais à force de travail et d'obstination. Il ne disposait pas de facilités naturelles. Son talent est venu progressivement et sur le tard. Il cherchait véritablement son style, ses thèmes et son esthétique avec de nombreux tableaux restés inachevés. Cependant, c'est surtout sa vie privée assez méconnue qui sera abordée dans cette oeuvre même si on croisera toutes les figures emblématiques de l'époque.

Le dessin est un peu composé à la manière des tableaux impressionnistes de l'époque afin de donner un certain cachet esthétique à cette BD. Cela va bien dans ce contexte. A noter également une très belle colorisation.

Bref, c'est un portrait sans concession qui ne fait pas dans la dentelle pour nous présenter tel qu'il était. J'ai bien aimé la narration par l'une de ses amies qui aurait souhaiter avoir plus de lui à savoir la peintre féministe Mary Cassat.

Je pense que cette biographie peut vraiment plaire à un public passionné par l'art et la peinture.
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Où trouver cet art ? L'Art de notre temps ?
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Ce tome contient une biographie de l'artiste Edgar Degas (1834-1917) qui ne nécessite pas de connaissance préalable pour l'apprécier, et qui dégage plus de saveurs si le lecteur est familier de ses principaux tableaux. Sa première édition date de 2021. Il a été réalisé par Salva Rubio pour le scénario et pas Efa (Ricard Fernandez) pour les dessins et les couleurs. Il compte quatre-vingts pages de bande dessinée. Il se termine avec un dossier de sept pages, rédigé par le scénariste et illustré par des tableaux de Degas. Ces deux auteurs avaient déjà réalisé ensemble Monet, nomade de la lumière (2017).

Samedi 29 septembre 1917, au cimetière de Montmartre à Paris, Mary Cassatt assiste à l'enterrement d''Edgar Degas, immobile et silencieuse, entendant les commentaires autour d'elle. Quelqu'un le connaissait-il vraiment ? Il était toujours seul. Rien d'étonnant il était si intransigeant. Il ne s'est jamais remis de la faillite familiale. Ce fut pour lui, une telle humiliation. Machiste, antidreyfusard, voire antisémite, intolérable ! Et cette manie de ne peindre que des danseuses, des blanchisseuses et des prostituées, c'est bizarre non ? Pas si bizarre quand on sait que la plupart de ces ballerines étaient aussi des putains. Il ne s'est jamais marié, encore une bizarrerie. En effet, plus encore pour un homme de son rang. On ne lui a jamais connu une seule aventure ? Pas même avec l'un de ses modèles, comme ses amis impressionnistes ? Non, il était peut-être homosexuel, en tout cas beaucoup le pensaient. Ou impuissant… Il était arrogant, insolent et désagréable ! Les gens disaient qu'il y avait deux Degas : celui qui bougonne et celui qui grogne. Il était tout bonnement insupportable. Il a toujours vécu seul, pas étonnant qu'il soit mort seul.

Après l'enterrement, Mary Cassatt rentre chez elle en pensant à tous ces commentaires. Elle se dit qu'on parlera toujours de ses danseuses adorées, de ses blanchisseuses, de ses modistes. Mais quelqu'un le connaissait-il vraiment ? Elle a besoin de savoir. Elle prend un volume dans sa bibliothèque et se plonge dans les carnets intimes du peintre. En 1852, 45 rue de Taibout à Paris, un jeune Edgar Degas a abordé Paul Valpinçon qui marche dans la rue, et il lui fait la leçon de manière véhémente, lui reprochant de refuser le tableau La baignade pour une exposition sur la carrière de Jean-Auguste-Dominique Ingres, allant jusqu'à l'insulter en le traitant de d'imbécile, de foi, d'idiot, de benêt, d'abruti, d'égoïste. Continuant sur sa lancée en le qualifiant de bourgeois arrogant, de personnage insignifiant, de crétin analphabète. Tout au long de ces invectives, Valpinçon a continué d'avancer et il s'arrête au 11 quai de la Seine pour sonner à la porte. Un homme lui ouvre, le reconnaît et lui demande quel bon vent l'amène. Edgar identifie Ingres au premier coup d'oeil. le riche bourgeois informe le peintre qu'il a changé d'avis et qu'il va lui prêter La baigneuse. le jeune garçon explique à l'artiste qu'il veut devenir peintre. Ingres lui conseille de se consacrer corps et âme à la peinture, de vivre pour la peinture, d'en faire sa maîtresse, sa fiancée et son épouse.

Dès les premières pages, le lecteur constate que les auteurs savent de quoi ils parlent. le scénariste a choisi de raconter l'histoire de l'artiste du point de vue de Mary Cassatt (1844-1926), artiste peintre et graveuse américaine ayant entretenu une longue relation professionnelle avec le peintre, et le dessinateur sait citer les toiles du maître, sans essayer de les singer. le récit s'ouvre sur l'enterrement d'Edgar Degas, et sa collègue se plonge dans ses carnets intimes. le dispositif narratif peut sembler téléphoné : dans la narration le scénariste s'en sert pour annoncer les questionnements qu'il va évoquer concernant ce peintre. Les remarques effectuées par les personnes assistant à l'enterrement constituent autant de facettes de la personnalité publique de Degas formant un portrait de l'individu. La deuxième scène indique que l'auteur va mettre en scène des moments de vie, avec la connaissance de son déroulement complet, le point de vue étant celui de sa collègue après la mort de Degas. Dès ces premières pages, la narration visuelle séduit le lecteur avec ces teintes comme apposées au crayon de couleur, des cases rectangulaires sans bordure tracée, un regard adulte sur les différents lieux, avec le comportement posé de cette dame âgée, en phase de deuil d'un ami cher qu'elle a côtoyé pendant des décennies.

Après les trois pages d'introduction, le récit reprend un ordre chronologique, à partir de 1852. En fonction de la nature des événements évoqués, les auteurs peuvent consacrer une scène à une date précise, ou bien évoquer des faits s'étant déroulés entre deux dates, ou encore une série de dates. Dans la première famille se trouvent par exemple l'année 1872 que Degas passe à la Nouvelle Orléans en Louisiane, l'année 1873 au cours de laquelle il développe l'idée d'un salon des Impressionnistes, le 15 avril 1874 pour la première exposition des Impressionnistes, les dates des sept expositions suivantes (30 mars 1876, 4 avril 1877, 10 avril 1879, 1er avril 1880, 2 avril 1881, 1er mars 1882), avril 1883 alors que Degas se rend au chevet de Manet, le 30 avril 1883 date de son décès. Dans la deuxième catégorie, ils vont développer des interactions et des faits avérés comme la fin des études scolaires de Degas, ses années d'apprentissage à l'atelier Lamothe, la première rencontre avec Édouard Manet (1832-1883), celle avec Berthe Morisot (1841-1895, artiste peintre, cofondatrice du mouvement des Impressionnistes), avec les autres impressionnistes, avec Mary Cassatt, les travaux préparatoires de la publication le Jour et la Nuit, qui ne paraîtra jamais, plusieurs échanges au cours de sa relation avec Cassatt, etc.

Le lecteur se retrouve vite pris par cette reconstitution consistante et dense, tout en se demandant si ça s'est vraiment passé comme ça. le dossier en fin d'ouvrage comporte plusieurs parties dont les titres sont les suivantes : Musique pour un menuet solitaire, Degas et Cassatt une énigme émotionnelle, le monde de Degas planche après planche, Un jeune homme en colère, le masque de l'artiste, Inspiration américaine, le ballet comme atelier, Un long adieu. Entre autres, le scénariste explicite ses partis pris : résister à la tentation d'accompagner les planches d'explication, et inclure dans ce cahier final toute une série d'informations complémentaires, de détails savoureux, de curiosités et d'anecdotes qui rendent plus agréable la lecture ou la relecture de cet album. Il apporte une précision sur la voix de monsieur Degas : ses carnets ainsi que plusieurs de ses lettres ont été conservés, tout comme une série d'anecdotes, de critiques et d'information sur sa manière de parler, de se comporter et de s'adresser à son entourage. Il a veillé à reproduire fidèlement son caractère, sa personnalité et son langage, reprenant mot pour mot ou en les adaptant, un grand nombre de ses répliques, affirmations, notes et réflexions. S'il n'est plus possible d'interviewer Edgar Degas lui-même, cette biographie colle au plus près de ce qui est connu de lui, tout en effectuant des choix pour réordonner quelques détails et se conformer à la pagination. À plusieurs reprises, le lecteur peut faire le lien avec la bande dessinée que les auteurs ont consacré à Claude Monet (1840-1926), et aux séquences relatives au Salon de peinture et de sculpture, souvent appelé juste Salon.

L'artiste a choisi de réaliser des dessins qui ne singent pas les tableaux de Degas (d'ailleurs, pas sûr qu'il soit possible de réaliser une bande dessinée avec ses tableaux), mais qui en respecte l'esprit. Pour autant, le lecteur peut identifier plusieurs reproductions de tableaux célèbres, de Degas bien sûr, mais aussi de Manet. En fonction de sa culture, il peut comparer un tableau ou un autre à l'original, et apprécier le talent du bédéiste. Il peut également être saisi par la manière dont il transcrit la puissance expressive de la sculpture La Petite Danseuse de quatorze ans (1879-1881), ou comment il détourne le déjeuner sur l'herbe (1863) de Manet, sans les femmes, avec Degas et Manet allongés sur l'herbe dans la position des messieurs du tableau. La première caractéristique réside dans le fait que la narration visuelle est traitée comme une véritable bande dessinée, et non comme un texte illustré, même quand le scénariste a beaucoup d'informations à apporter. Efa impressionne par sa capacité à représenter dans le détail de nombreux éléments. le lecteur peut prendre son temps pour examiner les costumes et les robes, les chapeaux féminins et masculins, et bien sûr la manière dont les messieurs taillent leur barbe et leu moustache. Il peut se projeter dans chaque lieu : devant le caveau de la famille de Gas, dans plusieurs rues de Paris, dans une salle de classe du lycée Louis-le-Grand, à l'atelier Lamothe, au café Guerbois, dans plusieurs salons où se tient une réception mondaine, à l'opéra, dans l'atelier de Degas, dans un grand parc parisien, dans un hippodrome, dans les coulisses de l'opéra, dans une maison close. le dessinateur sait donner à voir les lieux représentés par le peintre, et ceux qu'il fréquentait. L'utilisation de crayons de couleur ou équivalent aboutit à un rendu différent de celui de la peinture, tout en respectant les atmosphères des toiles, le lecteur pouvant en comparer dans le dossier de fin.

Récréer la vie d'un être humain, sa trajectoire de vie, mettre en lumière sa personnalité tient de la gageure, d'une construction a posteriori, d'une interprétation pour mettre en concordance les faits et gestes publics et connus d'un individu et sa vie intérieure mystérieuse et connue de lui seul. Efa & Rubio permettent de faire connaissance avec un artiste peintre singulier, de le côtoyer, d'envisager ses motivations, ses états d'esprit, ses principes (en particulier l'importance qu'il donne à son Art et à sa pratique, aux dépens de sa vie sociale et amoureuse), dans des planches magnifiques, autant descriptives que gorgées de sensations, dans le contexte du mouvement impressionniste. Un coup de maître.
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Connaissant peu de choses de la vie d'Edgar Degas et seulement ses Danseuses, mon oeil a été attiré par la couverture de cette BD : Degas au milieu de ses danseuses.

J'ai eu un peu de mal à entrer dans la lecture, car le personnage est présenté comme peu sympathique. La scène du cimetière est édifiante et les commentaires de la femme peu engageants vis à vis du peintre. Elle se déroule aux obsèques de Degas en 1917. La vieille femme va plonger dans les carnets de notes de Edgar Degas pour essayer de nous faire comprendre l'homme et le peintre qu'il était.

À la fin du livre, Salva Rubio nous donne à lire un livret sur la vie de Degas. Salva Rubio est un écrivain et un historien. Il nous livre ses recherches sur Degas et cela éclaire complètement la BD. Je l'ai relue après avoir visité ce livret et la lecture a été beaucoup plus limpide. Donc un conseil pour prendre toute la dimension de ce livre, commencez par la fin et la lecture du livret.

Degas était passionné par l'univers de la danse. Ce n'était pas un peintre de génie mais un travailleur, un besogneux. Il était dans la recherche de son propre style et en révolte contre l'académisme proposé. Il refusait le passage obligé par le Salon et voulait en créer un indépendant, ce qu'il a réussi à faire. Il se rapprochera d'un groupe non conventionnel, on académiques qui deviendra "les impressionnistes".

Degas est capable de se passionner puis de tout lâcher. Il laissera des dizaines de toiles inachevées comme un travail en suspens. Degas nouera des amitiés mais sans jamais se révéler totalement. Degas a son franc parler et il ne mâche pas ses mots. Degas peut être cruel, un dur critique pour les oeuvres des autres mais ce n'est pas de la méchanceté, c'est juste pour les faire progresser et aller au bout de leurs démarches. Il est aussi et surtout très dur avec lui-même. Degas veut devenir célèbre, être reconnu comme un grand maître., reconnu par ses pairs, certes mais aussi par le public et non par de censeurs qui décident de qui doit percer ou non.

Degas a interpellé ses contemporains par la vie qu'il menait et dont les autres ne voyaient qu'une partie. Même ses proches se posaient des questions sur s sexualité et sur sa relation avec les femmes. Il sera proche de la peintre américaine Mary Cassatt. En fut-il amoureux ? L'a t'elle aimé ? Étaient-ils deux grands timides ou trop fiers pour se révéler leurs sentiments ? Degas sera aussi proche de Manet qu'il essaiera de ramener vers son groupe.

Cet ouvrage est extrêmement bien documenté et respecte la vie de Degas. le graphisme et les couleurs de Efa respectent l'atmosphère des tableaux de Degas, c'est comme si il nous invitait à voyager dans les toiles du maître. Comprendre l'homme pour comprendre le peintre et le sculpteur, pour comprendre ses oeuvres, ses recherches. le travail de Rubio est précis, méthodique et il en de même pour celui de Efa.

J'ai découvert ou mieux apprécié un peintre, Edgar Degas, une époque, l'émergence de l'impressionnisme. J'ai aussi découvert un auteur, Salva Rubio et un dessinateur Efa. J'ai hâte de lire d'autres de leurs oeuvres en général et leurs productions communes en particulier (Monet, nomade de la lumière ; Django main de feu).

C'est un très bel ouvrage dont je recommande la lecture voire la relecture pour mieux l'apprécier.



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En voilà un bien bel ouvrage ! comme aurait dit ma grand'mère. Magnifique de bout en bout. J'avais déjà eu l'occasion d'apprécier la qualité du travail de Salva Rubio et Efa avec l'album « Monet nomade de la lumière », ils récidivent pour ne pas dire redoublent de talent avec cette danse de la solitude. Rare sont les livres sur Degas qui ont tenté de cerner ses ressorts intimes et qui mentionnent la place de l'amitié de Mary Cassatt dans la vie de Degas, et réciproquement.
Je vais surveiller ce Salva Rubio de près.

En attendant, pour complément, une petite vidéo « Edgar Degas, Mary Cassatt, les enfants terribles de l'impressionnisme » très intéressante.

https://vimeo.com/250978527

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Efa et Salva Rubio forment un duo de créatifs très complémentaire. Une nouvelle fois, ils mettent aussi bien leur talent que leur passion au service d'une biographie artistique. Après Django, Monnet c'est au tour de Degas de se dévoiler aux lecteurs. Tout le monde connaît son nom mais combien connaisse son histoire? Salva Rubio a décidé de raconter l'histoire d'Edgar qui a su faire couler beaucoup d'encre sur lui. Aussi bien à cause de ces oeuvres qui sont à la fois rebelles et consensuelles que de son caractère. Contrairement à ces collègues, il ne couchait pas avec ces modèles et qu'importe leur âge. Les cancans allaient bon train. Etait-il impuissant? homosexuelle? Pourquoi pas tout simplement asexuel? Et surtout, en quoi ses pratiques ou non-pratiques sexuelles sont importantes? Est-ce que sortir de la norme en ne couchant pas avec des fillettes et des prostitués est-il si anormal? Il faut croire que oui. Il était proche de Mary Cassatt dont il aimait le travail et la personne. Faut-il y voir une histoire d'amour? Pourquoi devrait-il forcément tomber amoureux de quelqu'un? C'est une possibilité comme c'est possible que cela ne soit pas le cas. L'avis de quelques historiens de l'art n'en fait pas une vérité. C'est dommage que le scénariste s'attarde sur le côté affectif du peintre. Bien que cela défraie toujours la chronique de nos jours. Que serait le monde sans histoire de sexe? On aurait aimé avoir plus d'informations sur sa passion des chevaux ou de la photographie.

Efa donne vraiment une dimension humaine grâce à ces dessins. Il choisit d'une part une esthétique qui rappelle celle de Degas. Mais surtout d'autre part, il introduit les toiles dans des scènes de vie ordinaire. Une façon d'aborder une oeuvre d'une façon très ingénieuse et délicate. Ainsi que vous connaissiez au nom ces peintures, vous apprécierez l'aventure. Il y a de l'imagination derrière le caractère bourru du peintre et sculpteur. Malgré son attitude acerbe, il est très actif pour l'émergence d'un salon des rebelles. Il s'est s'entouré et on voit tous ces amis comme Berthe Morisot, Manet, Monet, Renoir, Bazille... Les visages évoquent bien des oeuvres exposées au musée d'Orsay. D'autant plus que l'on peut y observer aussi les petits rats de l'opéra, les prostitués qui se lavent, les lessiveuses... Même si le récit a été remodelé pour un souci de cohérence tout est expliqué en postface. Une partie très complète qui explique les références et les sources. Est-ce assez pour être emporté? Tout à fait, cette belle leçon d'histoire de l'art donne envie d'aller au musée.
Lien : https://22h05ruedesdames.com..
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critiques presse (3)
ActuaBD
18 avril 2022
Fort d’un dessin remarquable, expressif, chaleureux, aux visages brillants, ce récit apporte une pierre supplémentaire à la réflexion sur le mystère entre l’artiste en son art.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
BDGest
15 octobre 2021
Si la question des amours de Degas et, en corollaire, de sa vie sexuelle ne venaient gâcher un récit qui n’avait pas besoin de cela pour exister, Degas, la danse de la solitude ferait un parfait cadeau de Noël pour les amateurs d’Art et de BD !
Lire la critique sur le site : BDGest
Sceneario
22 septembre 2021
C'est magnifique, extrêmement vivant, avec une personnalité artistique incroyable ! Certainement l'un des plus beaux albums du moment ! (...) Beaucoup de subtilité dans ce très bel album qui se dévore d'une traite. Le sentiment de plonger dans les remous d'un artiste qui ne cessa jamais de se remettre en question, malgré la façade qu'il entretint toute sa vie !
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Moi, un bohème ? Mon père n’a aucun souci à se faire. Rien ne me répugne plus que les chiens, ces animaux misérables et sales. Même si, réflexion faite, il y a pire que les chiens : les peintres bohèmes. Monet, Pissaro, Renoir. Des artistes fainéants, fantasques, modernes… Bref, de faux artistes. Ils prétendent rénover l’art, trouver la véritable nature, peindre avec sincérité. Quelle bande d’idiots ! en réalité, il y a pire que les chiens et les peintres bohèmes… Les peintres académiques. Cabanek, Barrias, Couture, Gérôme, Delaroche… Les sbires du Salon. Des esclaves du système. Des lèche-bottes, dont le seul et infâme objectif est de décrocher la Légion d’honneur. La bouse de l’art ! Aucun d’entre eux n’a compris ce que l’on entend par Grand Artiste. La voie n’est pas à trouver dans la rénovation de l’art, comme le prétendent les bohèmes. Ni dans la soumission à la tradition, comme le veulent les académiques. À chaque époque, son art. Son esthétique, ses thèmes, son style. Aucun artiste n’a encore trouvé l’art de notre époque, le XIXe siècle. Et c’est moi, Edgar Degas, qui le trouverai. Cependant, il me faut encore perfectionner ma technique. Le véritable artiste a été défini comme illustre mais inconnu. C’est le genre d’artiste que je veux être. Et si je veux trouver mon art, je dois étudier les grands maîtres. Comprendre que Raphaël était un dieu, un être inimitable, absolu, incorruptible. Et Poussin le plus parfait des hommes. Qu’en passant devant un Rubens, il faut porter des œillères. Je dois toutefois reconnaitre une chose. Parfois une distraction un rêve, une illusion me détourne de mon objectif. C’est peut-être la jeunesse ou la simple curiosité. Mais quelquefois, une sensation m’écarte du droit chemin. Et il arrive que je cède à la tentation. Mais Courbet disait : un homme marié est un réactionnaire en art. et Delacroix disait : Si vous l’aimez et qu’elle est belle, c’est encore pire, votre art est mort. Un peintre ne doit connaître d’autre passion que son travail et y sacrifier tout. Et les Goncourt disaient : Le célibat est le seul état qui laisse à l’artiste sa liberté, ses forces, son cerveau, sa conscience, c’est par la femme que se glissent, chez tant d’artistes, les faiblesses, et au bout du mariage il y a encore la paternité qui nuit à l’artiste. Je crois que le cœur est un instrument qui se rouille s’il ne travaille pas. Peut-on être un artiste sans cœur ? u milieu du désordre affreux cette rose me frappe les yeux. Je crois vous reconnaître. Je veux vous sauver pour vous préserver de ce péril extrême. Je vais vous saisir. Et j’ai le plaisir de vous rendre à vous-mêmes. Cependant, je dois essayer, calmement, de saisir le véritable artiste. Mais le véritable artiste ignore toujours quelle voie emprunter. J’ai beau copier, m’exercer, développer ma technique, je ne termine qu’une poignée de portraits. Où trouver cet art ? L’Art de notre temps ?
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En ma qualité de scénariste, je dois sans cesse résister à la tentation d’accompagner les planches d’explication. Fort heureusement, en tant qu’historien et grâce à la complicité de mon éditeur, je peux inclure dans ce cahier final toute une série d’informations complémentaires, de détails savoureux, de curiosités et d’anecdotes qui, selon moi, rendront plus agréable la lecture ou la relecture de cet album. Ou, si vous me permettez une liberté classiciste, quelque peu pédante, mais si appropriée au XIXe siècle, engager un dialogue entre la Muse de la poésie, Calliope, et la Muse de l’histoire, Clio. Avant d’entamer cette description planche par planche, je tiens à apporter une précision sur la voix de monsieur Degas ou, à tout le moins, sur nombre de ses propos, pensées et écrits, qui pourraient sembler choquants, voire osés, au lecteur. Ses carnets ainsi que plusieurs de ses lettres ont été conservés, tout comme une série d’anecdotes, de critiques et d’information sur sa manière de parler, de se comporter et de s’adresser à son entourage. En façonnant le personnage de Degas, j’ai veillé à reproduire fidèlement son caractère, sa personnalité et son langage. Aussi ai-je repris, mot pour mot ou en les adaptant, un grand nombre de ses répliques, affirmations, notes et réflexions. Le lecteur peut donc être rassuré : la plupart des propos attribué dans cet album à Degas sont avérés et tirés de sources originales. D’autre part, de nombreux propos, phrases, annotations et déclarations d’autres personnages tels que Cassatt, Manet ou Morisot émanent, eux aussi, de sources historiques. En toute honnêteté, je dois admettre que j’aurais été bien incapable d’inventer les mots prononcés par Degas : son talent oratoire légendaire rend l’original toujours plus surprenant et insolite que n’importe quelle invention.
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Degas qui avait retrouvé son enthousiasme, m’avait proposé de participer à la création d’une revue de gravures. À cette époque, il s’intéressait aux monotypes, aux gravures, aux pointes sèches et aux lithographies. Bracquemond, Pissarro, Desboutin, Raffaëlli et Rouart avaient accepté de contribuer à cette publication. Elle s’intitulait Le Jour et la Nuit, comme les jours et les nuits passés à travailler ensemble. Seuls. Comme toujours, son enthousiasme et son obstination avaient rejailli sur chacun d’entre nous. J’avais délaissé mes toiles pendant plusieurs mois pour travailler à ses côtés. Nous n’avions jamais été aussi proches. Nous n’avions jamais été aussi proches l’un de l’autre. À vrai dire, j’attendais de Degas autre chose que de la galanterie. Nous nous connaissions depuis des années. Je pensais que ces journées et ces nuits allaient enfin déboucher sur quelque chose. Même si les gens en doutaient, j’étais capable d’éprouver des émotions romantiques. Pendant ces mois passés à travailler à ses côtés, je ne pensais qu’à lui. Cet homme m’inspirait des sentiments qu’un autre homme ne m’avait jamais fait ressentir. Admiration. Curiosité. Intérêt. Pourtant les choses avaient mal tourné. Le Jour et la Nuit aurait pu être un grand succès, si Degas ne s’était pas retiré au beau milieu du projet sans la moindre explication. Une fois de plus, il nous avait fait perdre notre temps. De nouveau Degas n’avait pas saisi l’occasion qui s’offrait à lui. Il n’était jamais prêt.
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Le tout Paris l’acclame. L’une des plus violentes impressions artistiques de ma vie. Ses adeptes nihilistes la contemplent avec extase. Le museau vicieux de cette petite fille à peine pubère est inoubliable. Raffinée et barbare, cette petite danseuse est la seule tentative vraiment moderne que je connaisse dans la sculpture. Toutes ses idées sur la sculpture, sur ces froides blancheurs inanimées, sur ces mémorables poncifs recopiés depuis des siècles, se bouleversent. Le fait est que du premier coup, Degas a culbuté les traditions de la sculpture. Qui donc vous parle de Rodin ? Le premier sculpteur, c’est Degas. – La petite danseuse de quatorze ans. Une figure de cire partiellement peinte, portant des chaussons et des bas, vêtue d’un vrai tutu et d’un corsage en lin, les cheveux noués avec un ruban de soie. La position des bras, la tension des jambes, l’émotion contenue du visage, la chaleur de al cire donnaient une impression inédite de vivacité et de modernité. Avec cette première statue, Degas bouleversait la tradition de la sculpture.
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On me considère comme le peintre des danseuses. En réalité, seul le mouvement de leurs corps et de leurs vêtements m’intéresse. Le ballet d’aujourd’hui est un art décadent. Il n’a plus rien à voir avec le ballet du Second Empire. Les Taglioni et les Elssler n’existent plus. Le ballet est devenu un art mineur. Il a perdu sa poésie dans les jambes de ces petits rats de quartier. Ces danseuses viennent ici dans l’espoir de devenir des princesses parées de bijoux, comme dans les romans. En réalité, la plupart de ces jeunes filles sont issues de la classe ouvrière et exercent d’autres métiers. Les parents de bonne famille n’autoriseraient jamais leur fille à fréquenter un tel endroit. Regardez plus attentivement encore, miss Cassatt. On les appelle les balletomanes. Ils sont presque tous membres du Jockey Club. De riches bourgeois qui se prétendent les bienfaiteurs de ces jeunes filles. Ils les nourrissent, leur achètent des vêtements, donnent de l’argent à leurs mères. Tout cela en échange… Enfin, vous m’avez compris.
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Après l'émigration causée par la guerre civile et la production de BD pour l'étranger par le biais d'agences sous le régime franquiste, on assiste depuis la fin du XXe siècle à un phénomène qui peut être considéré comme la troisième grande vague migratoire des auteurs espagnols vers les marchés étrangers, fondamentalement les marchés américains et francophones.
En utilisant différentes sources, tant françaises qu'espagnole (le site BDtheque.com et Bdoubliees.com, le groupe informel PIF, l'association ARC, etc.) l'auteur et chercheur en histoire de l'art Salva Rubio et Félix Lopèz, co-directeur de l'association Tebeosfera, on mené une étude quantitative et qualitative sur l'émigration des auteurs espagnols de bande dessinée en France.
Ils expliquent ici les moyens mis en oeuvre pour réaliser cette étude et en restituent une partie des résultats.
Cette intervention a eu lieu dans le cadre du 2e Symposium Tebeosfera, organisé à l'Institut Cervantes de Paris à l'occasion de l'édition espagnole du 13e SoBD. Organisation Félix Lopès. Interprétation David Rousseau.
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Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

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