« Parfois on me demande en quoi travailler sur le projet de Bob m’a changée. Cette question me fait rire, il y a tellement de réponses. En voici une : avant, je ne me préoccupais guère de la schizophrénie, de ce qu’elle signifiait ou non, de ce qui arrivait ou non aux personnes à qui l’on disait qu’elles en souffraient. Je devais croire que ces questions-là ne me touchaient pas. Je sais aujourd’hui que la manière dont mon oncle a été traité traduit un grave malaise dans notre société, quelque chose qui nous fait mal à tous.
Certaines personnes auraient préféré que je n’emprunte pas cette voie, que je refuse de faire sortir l’histoire de Bob. Cela m’a même couté quelques amitiés. Mais d’une certaine manière, j’avais l’impression de ne pas avoir le choix. »
Même s'il avait l'air de guérir, même quand il jouait du piano, buvait du café ou fumait sur le patio, ce n'était pas la réalité. Il ne disait rien à personne, mais chaque jour, toute la journée, il se concentrait seulement pour oublier cette sensation qui était, il le savait, la plus belle de l'univers.