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Critiques de Sébastien Fontenelle (24)
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Ventes d’armes, une honte française

Au cours des années 1960, la France s’est dotée d’une doctrine concernant l’exportation de matériels militaires fabriqués par son industrie. En totale contradiction avec ses engagements internationaux et alors qu’elle se targue d’être la patrie des droits de l’homme, elle arme, dans une impénétrable opacité, les régimes parmi « les plus brutaux et les plus répressifs de la planète », lesquels s’en servent contre des populations civiles. Aymeric Elluin et Sébastien Fontenelle ont mené l’enquête.

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Organisé en chapitre bref, cet essai ne noie pas ses lecteurs sous des torrents de chiffres (tableaux et graphiques sont regroupés en annexe pour ceux qui souhaitent plus de précisions), mais s’attache à démontrer la continuité de la doctrine française pour justifier le commerce de matériels militaires avec des régimes qui s’en servent contre des civils. Le cynisme comme raison d’État ! Ce réquisitoire est accablant. Aymeric Elluin et Sébastien Fontenelle contribuent à nous restituer notre à droit à savoir ce que l’État fait en notre nom.



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La position du penseur couché

Suite aux déclarations d’Alain Finkielkraut au quotidien israélien Haaretz en novembre 2005, à propos des émeutes de banlieue « à caractère ethnico-religieux », de l’équipe de France de football « Black-Black-Black », de l’antiracisme, « communisme du XXIe siècle », Sébastien Fontenelle s’étonne de l’exceptionnel « plan média » orchestré pour défendre l’auteur de cette « diatribe haineuse » et observe comment ces discours réactionnaires ont réussi à s’imposer sans trop rencontrer de résistance. Il les dissèque consciencieusement pour dénoncer et comprendre.

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Ce pamphlet virulent appuie sa démonstration sur une solide documentation. Il permet de mieux comprendre la logique intrinsèque de discours excessifs, odieux et de plus en plus décomplexés.



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Les empoisonneurs

Les Empoisonneurs, c’est un tout petit livre, mais astucieux et efficace, car il n’y a pas besoin d’écrire pendant des pages et des pages pour démontrer que la vie politique française garde un fond d’extrême-droite. C’est ce que propose donc de faire Sébastien Fontenelle chez Lux avec cet ouvrage sous-titré « antisémitisme, islamophobie, xénophobie ».



Nationalisme, identitarisme : le rejet de l’Autre

En effet, ces trois dimensions (« antisémitisme, islamophobie, xénophobie ») renvoient au même fantasme qui veut que pour une société fonctionne, il faudrait qu’elle soit le plus homogène possible, que ce soit culturellement, ethniquement ou religieusement. Or, cette vision très réduite de la politique est celle de l’extrême-droite et nous sommes dans une période où elle est largement défendue. Bien sûr, on pourrait prendre l’approche numérique : les représentant.e.s du « Rassemblement National », de la « Droite Populaire », de « Valeurs Actuelles », de « Boulevard Voltaire », de « Génération Identitaire » (désormais dissoute) et de quantité d’autres de la même famille politique (la droite légitimiste constituant le bloc le plus réactionnaire) occupent les plateaux des médias mainstream presque autant que les autres droites (libérale ou orléaniste et conservatrice ou bonapartiste). On pourrait également aborder la multiplication des menaces de plus en plus concrètes de ce que certains appellent « l’ultradroite », mais qui n’est qu’une version armée des idéologiques nationalistes, voire fascistes, que nous avons déjà connues. Ici, le choix de l’auteur se porte davantage sur les mots, sur des événements littéraires symboliques, mais symptomatiques d’un climat bien malsain.



Légitimation médiatique

Par la voix ou la plume d’écrivains portés par un milieu bourgeois qui s’autosatisfait, ce sont autant de Zemmour, de Finkielkraut ou de Camus (Renaud, hein, pas Albert !) qui sont légitimés alors que leurs propos véhiculent le pire des rejets xénophobes et devraient être condamnés pénalement (heureusement, parfois, c’est bien le cas : Zemmour est un exemple de délinquant multirécidiviste). Or, leur vision des choses est celle qui est la plus mise en valeur par les médias dominant du début du XXIe siècle par la « fait-diversion », la constante recherche de buzz et la focalisation sur des thématiques accrocheuses à base de peur sécuritaire et attisement d’un identitarisme sectaire, on parle désormais de « zemmourisation » tant les interventions d’Éric Zemmour, faciles, non sourcées ou non prouvées (rappelons qu’il n’est pas du tout historien, alors qu’il s’en donne les airs), font désormais école pour des générations d’anciennes figures médiatiques (Jean-Claude Dassier, Ivan Rioufol par exemple) ou de jeunes figures montantes (. Le pire est même que, « zemmourisation » des discours ou non, l’émotion est de toute façon à géométrie variable : l’antisémitisme, par exemple, est abject certes, mais l’est médiatiquement moins si c’est un antisémitisme bourgeois, là ça en deviendrait presque pardonnable (l’exemple de Yann Moix en 2019 est alors un cas d’école). Enfin, cela fait plaisir de lire un ouvrage qui fait clairement le lien entre les attaques contre les prétendus « judéo-bolchéviques » du début du XXe siècle et celles contre les prétendus « islamo-gauchistes » du début du XXIe ; le parallèle est si évident que c’est aberrant de ne toujours pas le voir constamment rappeler. À chaque fois, le groupe religieux associé au groupe politique n’est qu’un prétexte pour construire une « anti-France » qu’il faudrait abattre au plus vite de peur qu’elle soit une cinquième colonne pour un ennemi qui nous assaille… Même si ces pensées sont rarement produites directement par les médias mainstream, en revanche ils ont la possibilité de les mettre en valeur en déplaçant la « fenêtre d’Overton », en les légitimant encore une fois. C’est malheureusement classique comme propagande, mais comme quoi, il y a toujours besoin de la réexpliquer.



Les Empoisonneurs est donc un ouvrage qui ouvre de bonnes pistes de réflexion en posant les cadres de pensées identitaires qui nous sont trop souvent imposés et contre lesquels il convient de lutter.



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Editocrates sous perfusion : Les aides publ..

Alors que « la presse française dominante » publie régulièrement exhortations à « réduire la dépense publique » et anathèmes contre « la France des assistés », elle est depuis trente ans littéralement gavée de millions d’euros annuels d’aides publiques qui peuvent représenter jusqu’à 12% du chiffre d’affaire de certains titres. Sébastien Fontenelle a enquêté, notamment à partir des nombreux rapports parlementaires mettant en lumière cette « gabegie », et dénonce la « gigantesque hypocrisie des fabricants de consentement » : l’impôt finance la « confection d’une propagande journalistique dédiée à la stigmatisation maniaque d’une mauvaise gestion de l’impôt ».

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Enquête très complète sur un « assistanat » jamais dénoncé par ceux qui en profitent.



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Les éditocrates, tome 1

Comment apprendre au bon peuple à penser ce qu'il doit penser : faire parler des spécialistes en escroqueries dans les médias . Les falsificateurs ne sont pas à une contradiction près , suivant le sens du vent , ils diront éventuellement le contraire de la veille . BHL s'était fait entarté plusieurs fois et ça ne lui sert pas de leçon , à quand le tour des autres ?
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Même pas drôle : Philippe Val, de Charlie Hebdo ..

Philippe Val , cet ancien de Charlie Hebdo , devenu expert en " retournement de vestes " est devenu un gentil toutou de Sarko and co . Ce livre éclaire l'itinéraire d'un qui choisit de se coucher plutôt que de rester debout . Excellente initiative de démystification .
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Les éditocrates, tome 2 : Le cauchemar contin..

En 2009, un premier tome intitulé « Les éditocrates » présentait le parcours de plusieurs figures médiatiques de premier plan, à l’image d’Alexandre Adler, de Jacques Attali, de Christophe Barbier, d’Alain Duhamel, de Laurent Joffrin, de BHL, d’Ivan Rioufol ou encore de Philippe Val. Autant d’éditocrates qui continuent aujourd’hui encore à être présents sur tous les plateaux de télévision aussi bien que dans les colonnes des principaux journaux du pays ou à l’antenne de nos radios. Neuf ans plus tard, Sébastien Fontenelle (journaliste à Politis et auteur de plusieurs essais sur le monde médiatique dont récemment « Les empoisonneurs »), Mona Chollet (cheffe d’édition au Monde diplomatique), Olivier Cyran (journaliste) et Laurence de Cock (enseignante et historienne) reviennent dans un nouvel ouvrage sur dix autres éditorialistes vedettes, de Brice Couturier à Eric Zemmour en passant par Franz-Olivier Giesbert, Jacques Julliard, Arnaud Leparmentier et Jean Quatremer, Elisabeth Lévy, Plantu, Natacha Plony et Valérie Toranian. Le paysage médiatique a globalement peu changé en dix ans, de même que le profil de ces « toutologues » qui ont toujours un avis sur tout et l’exposent quotidiennement dans quantité de médias. Tous disent, à peu près, la même chose, et tous s’érigent en briseurs de tabous imaginaires et victimes de censure de la part d’une obscure « bien-pensance » (comique, dans la mesure où ils déroulent leur pensée à longueur de journée dans tous les plus grands médias depuis des décennies). Ce qui change par rapport à 2009, c’est l’inquiétante reconfiguration droitière du paysage médiatique, avec « l’installation d’un registre journalistique qui feint de vouloir fissurer l’ordre dominant mais qui ne vise, en réalité, qu’à le durcir. » Ainsi, si la défense d’un libéralisme débridé et la nécessité de mettre aux pas les travailleurs occupent toujours une place centrale dans leurs diatribes, le danger que représenterait l’Islam, et donc les musulmans, a pris de plus en plus de place dans leurs discours, au point de les voir réutiliser des termes et des théories forgés par l’extrême-droite. Pour Sébastien Fontenelle, « il n’est plus seulement question, lorsque les « arbitres du débat public » ajoutent l’anathémisation d’une minorité à leurs fustigations des luttes sociales, de contenir l’opinion dans son consentement à un ordre injuste : il s’agit, bien plus dangereusement, de la gagner au pire. ». Passons donc en revue ce qui caractérise le discours de ces « éditocrates ».



Parmi les nombreuses obsessions qui agitent nos éditorialistes vedettes, l’Islam et sa supposée incompatibilité avec les valeurs de la République occupent, sans grande surprise, le devant de la scène. Ce qui marque à la lecture de ces portraits, c’est la radicalisation de la pensée de ces éditocrates, illustration flagrante de la « lepénisation » des esprits en cours notre pays. Une bonne partie des interventions de ces éditorialistes visent ainsi à stigmatiser une religion, l’Islam, et, par extension, les personnes qui la pratiquent. L’exemple le plus criant de cet islamophobie décomplexé reste évidemment Eric Zemmour dont on connaît le goût pour la provocation et qui n’hésite pas à multiplier les sorties racistes et les exhortations à s’en prendre aux musulmans (pour un portrait plus détaillé du personnage ainsi que de sa « grammaire identitaire », je vous conseille l’essai « Le venin dans la plume » de Gérard Noiriel qui fait ici le parallèle avec Édouard Drumont, éditorialiste antisémite du XIXe et auteur de « La France juive »). Mais il n’est pas le seul, et de loin, à être obsédé par l’idée que les musulmans représenteraient un danger pour notre civilisation. C’est le cas, aussi, d’Elisabeth Lévy, ancienne journaliste à Jeune Afrique ou Le Nouveau Quotidien où elle couvrait l’actualité internationale, qui déroule aujourd’hui sa pensée réactionnaire faussement subversive dans les colonnes de Marianne, du Point et du Figaro, ou sur les antennes d’RTL, de Sud Radio, d’Europe 1, de France culture et, surtout, de Cnews. Fondatrice en 2007 de la revue « Causeur » elle éructe à longueur de journée sur ce grand tabou dont on ne pourrait parler et fait régulièrement l’éloge de figures notoirement d’extrême-droite, à l’image de Renaud Camus, à l’origine de la théorie raciste et complotiste du « grand remplacement ».



Il en va de même de Natacha Polony, qui affirme en 2012 partager « à peu près 90 à 95 % des analyses » d’Eric Zemmour, ou encore de Jacques Julliard, historien spécialiste du mouvement ouvrier passé par le Nouvel Obs, Europe 1, LCI, le Point, Marianne ou encore le Figaro, et qui n’hésite pas non plus à intervenir dans des revues apparentées à l’extrême droite comme « Limite » ou « Nouvelle droite ». Affirmant ouvertement qu’il existe un lien entre immigration et délinquance, ou que le port du voile est un appel au viol, l’intellectuel participe depuis des années à la banalisation des idées d’extrême-droite et à la dédiabolisation d’un RN qui n’a, pourtant, pas changé d’un iota. Du côté du dessin de presse, les musulmans et les migrants constituent aussi une cible de choix, comme l’illustre le portrait proposé ici de Plantu, qu’il recycle le cliché éculé des travailleurs immigrés venus prendre le travail des « Français de souche », ou qu’il n’hésite pas à sous-entendre que le port d’un signe distinctif musulman serait la première étape vers le djihadisme. Même chose du côté de la presse dite « féminine », comme l’illustre cette fois le portrait de Valérie Toranian, directrice de publication à la « Revue des deux mondes » et compagne de Franz-Olivier Giesbert. A la tête du magazine « Elle » pendant treize ans, elle a fait régulièrement la promotion de penseurs et d’éditocrates réactionnaires comme Caroline Fourest, Elizabeth Badinter, Elizabeth Lévy et même Oriana Fallaci, écrivaine italienne autrice d’un pamphlet abject sur ces immigrés qui seraient « l’avant-garde d’une invasion ».



Outre leur haine de l’Islam et des musulmans, il est une autre obsession que partagent la quasi totalité de ces éditrocrates : ils sont (presque) tous partisans d’un libéralisme débridé qui les pousse à militer pour la nécessité de mener des réformes antisociales. Et ils n’hésitent pas à assumer le service-après-vente de ces réformes lorsqu’un gouvernement se décide à les mettre en place. Cette obsession portée à la libéralisation du marché à et la flexibilisation du monde du travail se traduit inévitablement par une haine exacerbée envers ceux qui s’y opposent, qu’ils soient politiciens de gauches, syndicalistes, ou encore grévistes. On trouve parmi eux Brice Couturier qui n’hésite pas à affirmer ouvertement qu’il « roule pour Macron » et que la France est un pays qui penche bien trop à gauche. C’est d’ailleurs un autre point commun entre tous ces éditorialistes, persuadés de vivre entourés de gauchistes, voire même dans « la dernière nation communiste de la planète » selon Franz-Olivier Giesberg. Habité par une détestation hallucinée de la CGT et une hantise maladive de la dépense publique (sauf lorsqu’elle va a des entreprises qui l’emploient), FOG se montre intarissable sur la nécessité d’assouplir le « droit social » et sur le coût de notre système de protection. Idem en ce qui concerne Jacques Julliard, partisan d’une « gauche modérée » et d’un « capitalisme réel et assumé ». Car oui, certains de ces éditocrates se targuent d’être de gauche (ou plutôt d’avoir « une sensibilité de gauche), et ne voient aucune contradiction entre leur supposé positionnement politique et le discours, au mieux conservateur, au pire réactionnaire, qu’ils tiennent en permanence.



Parmi la brochette de portraits proposés, il en est deux qui se distinguent sur le sujet, à savoir ceux de Jean Quatremer, correspondant de Libération à la Commission européenne, et Arnaud Leparmentier, correspondance à New York pour le journal Le Monde. Comme beaucoup de personnalités publiques aujourd’hui, tous deux ont la fâcheuse manie de publier abondamment sur les réseaux sociaux, et notamment twitter qui sert dans le cas présent autant à leur autopromotion qu’à en découdre avec leurs détracteurs, quitte à user de l’insulte pour couper court à un échange lorsqu’un internaute les met face à leurs contradictions. Fans de Macron, Europhiles acharnés pour qui, comme le résume fort bien le journal Le Plan B : « toute réussite s’explique par l’Europe, tout échec est imputable au manque d’Europe, toute réussite et tout échec appellent davantage d’Europe. », Leparmentier et Quatremer sont, sans surprise, partisans d’une libéralisation renforcée du marché et d’une flexibilisation accélérée du monde du travail. Le Smic est trop haut, les indemnités chômage trop longues, les mesures de protections sociales inutiles et coûteuses, la fiscalité accablante pour les plus riches… : on connaît le refrain, et ces deux là le chantent ad nauseam depuis des décennies.



Plantu se révèle lui aussi particulièrement virulent sur le sujet, multipliant notamment les dessins soulignant la proximité du rouge/brun, à savoir de l’extrême-gauche (dont la définition donné par Plantu se révèle particulièrement large) et de l’extrême-droite. Les extrêmes se rejoignent, Mélenchon vaut Le Pen… : là encore, on connaît le refrain. Chez Plantu, la haine de tout ce qui peut s’apparenter à une volonté de lutter pour plus de justice sociale et de meilleures conditions de travail se manifeste évidemment également par une abondance de caricatures péjoratives, voire carrément insultantes, de grévistes et de syndicalistes. L’illustrateur n’hésite pas, par exemple, à faire une parallèle odieux entre des grévistes d’EDF et des tortionnaires en Irak, ou à affubler des grévistes d’Air France de symboles nazis et à les dépeindre en ivrognes sanguinaires. Il n’est toutefois pas le seul à mêler ainsi régulièrement ses deux obsessions, Franz-Olivier Giesbert n’ayant pas hésité il y a quelques années a comparer Daech et la CGT, deux « ennemis de l’intérieur » pour la France. Il fallait oser !



Le discours de tous ces éditorialistes a également pour point commun de fustiger un certain type de féminisme, jugé trop radical ou aux méthodes déraisonnables, voire même d’estimer que la société dans laquelle nous vivons n’a rien d’inégalitaire pour les femmes et que, quand bien même ce serait le cas, tout serait finalement pour le mieux. Jacques Julliard est ainsi le premier à déplorer la perte de repères provoqués par la remise en cause du patriarcat, quand Eric Zemmour dénonce la « dévirilisation du monde » et insiste sur le rapport entre pouvoir et virilité. Elizabeth Levy ne tarit pas non plus sur les dérives du féminisme d’aujourd’hui, à commencer par le mouvement #Metoo qui n’aurait pas participé à libérer la parole des femmes mais plutôt à les cantonner dans un rôle de victime tout en réduisant les hommes à de dangereux obsédés. Les accusations d’agression sexuelles ne deviennent intéressantes pour Elisabeth Lévy que lorsqu’elles visent… des migrants ou des musulmans ! Elle est rejointe en cela par Valérie Toranian qui affiche un féminisme de façade, brandit comme faux-nez du racisme. Pour Mona Chollet, « elle a largement contribué à forger ce que beaucoup considèrent aujourd’hui comme « le » féminisme : soit l’idéologie de la bourgeoisie blanche qui s’inquiète d’avoir pris un kilo, se bousille les pieds et le dos sur des talons de quinze centimètres, admire les Femen après avoir admiré Ni putes ni soumises, considère Nicolas Bedos ou Raphaël Entoven comme des amis des femmes, mais regarde avec commisération ou hostilité celles de ces concitoyennes musulmanes qui, n’ayant pas la chance d’être aussi libérées qu’elles, ont choisi de porter le foulard. » Et de résumer, « en un mot comme en cent, [pour Valérie Toranian] le féminise n’a plus de raison d’être, sauf à Kaboul et à Trappes. »



Parmi les nombreux points communs présents dans la plupart des discours des personnes portraiturées ici, on retrouve aussi le recours fréquent à des parallèles pour le moins douteux, généralement avec l’Allemagne nazie ou le totalitarisme stalinien. Jacques Julliard est notamment particulièrement friand des amalgames et raccourcis renvoyant au nazisme, puisqu’il n’hésite pas à comparer le féminisme américain à la solution finale, ou encore la candidature de Mélenchon en 2012 et la ferveur qu’elle suscite aux engouements collectifs du IIIe Reich et du totalitarisme soviétique. Zemmour se livre, lui aussi, à de nombreuses comparaisons de ce type, dépeignant l’antiracisme actuel comme le communisme du XXIe, usant des mêmes méthodes totalitaires, ou rapprochant la dénonciation de leur agresseur par des femmes victimes de violence de la dénonciation des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Tous ou presque ont également pour point commun de se présenter comme victimes de la bien-pensance, qui exercerait sur eux une censure contre laquelle ils entendent, courageusement, se défendre. Tant pis si la contradiction entre la supposée censure dont ils seraient victimes et leur surexposition médiatique saute aux yeux : l’important, c’est de répéter partout qu’on « ne peut plus rien dire ». Dans le registre, Eric Zemmour, chroniqueur régulier à RTL2, au Figaro, sur Cnews, et même, fut un temps, sur France 2, est un spécialiste, de même que sa complice Elisabeth Lévy, elle aussi présente dans quantité de médias, radios et chaînes de télé aussi bien que presse papier ou en ligne.



A la lecture de tous ces portraits, une autre similitude saute immédiatement aux yeux : l’entre-soi dans lequel baignent tous ces éditocrates. L’exemple le plus marquant est sans doute celui de Franz-Olivier Giesbert, dont on peut trouver les avis dans le Point, la Provence (dont il fut le directeur éditorial), le Nouvel Obs’ ou encore le Figaro, et dont la femme n’est autre que Valérie Toranian, ancienne de « Elle » qu’il a rejoint en 2015 au comité de rédaction de « La Revue des deux mondes », dont elle est désormais la directrice. Revue propulsée sur le devant de la scène médiatique au moment de l’affaire Fillon, puisque c’est pour elle que Pénélope Fillon aurait rédigé des articles pour la coquette somme de 100 000€ sur un an et demi. Revue dont le propriétaire n’est autre que Marc Ladreit de Lacharrière, ami proche du couple FOG/Toranian qui compte également parmi sont entourage Bernard Tapie et... François Fillon ! Autant de personnalités à qui il réserve des articles laudateurs dans les différents journaux dans lesquels il intervient. On retrouve sensiblement la même chose avec Jacques Julliard qui, à travers les chroniques détaillées de ses journées qu’il a jugé bon de publier (si, si), révèle la porosité des liens entre politiques et journalistes, dînant tour à tour chez Sarkozy, BHL, DSK et Anne Sinclair, Olivier Duhamel ou encore Vincent Bolloré et Jean-Luc Lagardère. Un entre-soi manifeste qui n’empêche pas Jacques Julliard de fustiger la perte de contact des élites avec le peuple...



Parmi les cibles favorites de ces brillants éditocrates, on peut enfin mentionner l’école (et par extension les enseignants, ces fainéants payés à rien faire et qui remplissent la tête des enfants de propagande pro LGBT et/ou islamogauchiste). Cette fois, c’est Natacha Polony qui sort du lot, tant il est vrai que sa seule et unique année d’enseignement fait d’elle une experte sur le sujet. Intervenant dans quantité de médias, à commencer par Marianne, dont elle est désormais la rédactrice en cheffe, ou encore sur BFM (dans une émission qui porte carrément son nom), mais aussi sur le service public (elle livre un édito chaque semaine sur Franceinter), elle a créé en 2016 le Comité Orwell, un think-tank souverainiste, et est la première à s’inquiéter du déclin de l’école et des ravages du « puerocentrisme », tous deux imputables à la main mise sur l’institution du courant « pédagogiste ». Elle déplore également la perte du roman national et soutient le réseau « Espérance banlieues », à l’origine de la création dans des « quartiers sensibles » d’écoles privés hors-contrat qui visent justement à remédier au mal qui, selon l’éditocrate, est en train de ronger l’école publique (amusons-nous au passage : le réseau a pour fervent défenseur… le ministre de l’éducation national, j’ai nommé Mr. Jean-Michel Blanquer !).



Proposant dix nouveaux portraits d’éditorialistes en vogue dans notre paysage médiatique, les auteur.e.s de ce petit essai mettent en lumière le profil similaire de ces « éditocrates » (origines bourgeoises, situés à droite, voire à l’extrême-droite sur l’échiquier politique, capables de parler de tout et n’importe quoi, présents (parfois simultanément) dans la plupart des grands médias) et surtout la similitude de leur discours. Les musulmans, les féministes, les migrants, les syndicalistes, les grévistes, les gens de gauche… : les cibles de leurs diatribes sont toujours les mêmes, et leurs « analyses » sont, elles aussi, globalement identiques. Il est frappant de constater à la lecture de ces portraits la radicalisation et la droitisation du paysage médiatique français, un milieu dans lequel on cultive l’entre-soi et où l’on se plaît à sans arrêt tordre la réalité pour la faire correspondre à une idéologie réactionnaire dont les musulman.es et les travailleurs et travailleuses mobilisé.es sont les premiers à faire les frais. Le cauchemar continue, oui, et il n’est pas fini !
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Les empoisonneurs

Sébastien Fontenelle est journaliste à Politis et a déjà écrit plusieurs essais sur le monde médiatique (« Les briseurs de tabou » ; « Les éditocrates 2 : le cauchemar continue »). En 2020, le chroniqueur revient avec un nouvel (bref) ouvrage sur la progression inquiétante de la xénophobie et de l’islamophobie dans les médias. Des phobies qui, entre autre, s’appuient sur un argument jugé imparable pour les défenseurs du « grand remplacement » et de la fermeture des frontières : les musulmans, en sus de leurs nombreuses autres « tares » seraient antisémites. La vision que l’on a des partisans de l’extrême-droite s’en trouve alors inversée : d’agresseurs des croyants d’une religion, les voilà devenus défenseurs des pratiquants d’une autre. Or, et c’est le propos du livre, tous ces « penseurs » qui vilipendent à longueur de temps les migrants et l’Islam sont les premiers à faire preuve d’une étonnante complaisance dès lors que les intellectuels qu’ils affectionnent se mettent à leur tour à tenir des propos antisémites et à sombrer dans le révisionnisme. Parmi ces figures phares de l’extrême-droite, qui usent à la fois d’islamophobie et d’antisémitisme, on retrouve par exemple la journaliste italienne Oriana Fallaci (autrice d’un pamphlet abject sur ces immigrés qui seraient « l’avant-garde d’une invasion »), mais aussi l’auteur Renaud Camus (à qui on doit le concept en vogue de « grand remplacement »), ou encore d’Ivan Rioufol, « journaliste » au Figaro (qui se lamente sans cesse qu’on ne peut plus rien dire en France… et ce sur tous les plateaux et dans tous les journaux). Et le pire, c’est que les saillis et écrits de ces pseudo intellectuels sont repris par d’autres « penseurs » qui estiment que, si la forme est parfois un peu trop crue, le fond, lui, est pertinent. Sébastien Fontenelle se penche notamment sur le cas de deux figures médiatiques incontournables depuis des années : Eric Zemmour et Alain Finkielkraut. Invités à donner leur avis partout, se targuant de défendre « la » France, « la vraie », et multipliant les propos xénophobes et islamophobes les plus abjects, ces deux personnalités ne cessent de vanter les mérites d’intellectuels d’extrême-droite, sans paraître être choqués par l’antisémitisme latent de leurs écrits. De même que réutiliser la rhétorique des pires pamphlets anti-juifs des années 1930 à l’encontre des musulmans ne paraît pas les tourmenter outre mesure.



Le journaliste insiste également sur la complicité plus ou moins avouée des grands médias et des maisons d’édition dans cette progression de l’islamophobie, ainsi que du retour de l’antisémitisme. Visiblement, qu’un individu prénommé Mouloud ou Ahmed tienne des propos antisémites est inacceptable (et c’est vrai), mais qu’une maison d’édition se lance dans la réédition des pires textes de Céline ou Maurras (« Bagatelles pour un massacre », notamment) , ou qu’une chaîne de télévision diffuse un appel à la guerre civile et au massacre en direct, cela ne pose de problème à personne. L’auteur revient aussi sur les tentatives de la part de l’état de rendre hommage à certaines de ces figures controversées, et au tollé que ces initiatives ont heureusement provoqué parmi l’opinion publique… et dont se désolent les Finkielkraut et consorts qui chantent sur tous les tons que, décidément, « on ne peut plus rien dire ! ». Le fait qu’il s’agisse d’auteurs ayant collaboré avec les nazis et qui ont tenu des propos atroces sur les Juifs ne semblent, ici, pas les gêner… De toute évidence la censure ne s’applique pas à eux, puisque Zemmour et ses émules peuvent tranquillement appeler à la haine contre les étrangers et se lancer dans du révisionnisme (en expliquant que le régime de Vichy a sauvé les Juifs français) sur les plus grandes chaînes d’info sans que cela ne dérange personne ou presque. Même chose concernant les tueries de masse qui, lorsqu’elles sont perpétrées par des suprématistes blancs, laissent d’abord place à un silence gêné, puis parfois carrément à une mise à l’honneur du tueur (on se souvient de Richard Miller, éditeur chez Gallimard, vantant la « perfection formelle » du massacre perpétré par Anders Breivik à Oslo en 2011). D’ailleurs, même dans les journaux qui s’indignent de cette ascension ahurissante de l’extrême-droite dans le champ médiatique, on ne se prive pas de vanter les qualités du dernier livre de Finkielkraut ou Camus. Là encore, on pardonnera la forme parfois trop violente, sans que le fond ne fasse l’objet d’une remise en question. Qui ne dit mot… Enfin, l’auteur revient sur le parallèle entre l’accusation de « judéo-bolchevisme » à la mode dans les années 1930 et celle d’« islamo-gauchisme » aujourd’hui, l’occasion de rappeler que, malgré les raccourcis ou parallèles fumeux, « le rouge » reste bel et bien l’ennemi principal du « brun ».



Sébastien Fontenelle signe avec « Les empoisonneurs » un petit pamphlet très réussi qui vise à démontrer que les xénophobes qui vilipendent l’Islam tout en paraissant prendre la défense des Juifs, sont en fait les premiers à s’accommoder d’antisémitisme et de révisionnisme dès lors qu’ils émanent de penseurs dont ils affectionnent les thèses. La complicité des médias est également pointée du doigt (et à raison), de même que celle de maisons d’édition ou d’hommes politiques qui n’éprouvent de toute évidence aucune honte à évoquer avec bienveillance des gens comme Maurras ou Pétain. « Empoisonneurs », le mot est bien trouvé, et, compte tenu des débats qui agitent les médias en cette rentrée 2020, ces derniers n’ont pas fini de sévir.



« Une fois de plus, Alain Finkielkrault, qui selon Mathieu Dejean de l’hebdomadaire Les Inrockuptibles « reprend à son compte la théorie du « grand remplacement » de Renaud Camus », ne conteste nullement le fond d’un propos xénophobe – mais préférerait que son auteur se montre plus précautionneux lorsqu’il exprime son intolérance. »
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Editocrates sous perfusion : Les aides publ..

En 2013 la cour des comptes publie , 29 ans après celui qui lui avait été commandé en 1984 par la commission des finances de l'Assemblée Nationale , un nouveau rapport sur les aides publiques à la presse .

On y trouve , en sera-t-on surpris , rien de neuf au regard des documents sur lesquels nous nous sommes arrêtés , que la presse économique est un secteur fortement soutenu par l'état et qu'il est toujours plus coûteux puisque le plan d'aide

2009-2011 mis en place par N Sarkosy est passé de 165 à 324 millions d'euros sans que sa fin conduise à un retour à une situation antérieure . Or cette presse bien que fortement assistée n'a de cesse de réclamer à l'état de faire des économies budgétaires .
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On ne peut pas tout dire

Un autre titre de cet essai aurait pu être : La Foire aux anathèmes.

Sébastien Fontenelle expose les contradictions de ces nombreuses personnalités persuadées qu'on "ne peut plus rien dire", alors qu'elles sont de celles qui bâillonnent, écrasent, humilient en permanence.



Spécialiste de l'éditocratie, il fustige avec force tout le vocabulaire fantasmagorique, mais bien délétère, qui se répand au-delà de l'extrême-droite, à mesure que les digues sautent.

"cancel culture", "wokisme", "islamogauchisme", "censure" et même "lacrymalocratie"

Sébastien Fontenelle reprend le bréviaire de l'extrême-droite pleurnicharde pour démonter un à un tout ces totems contemporains.



Exemple.

Qui en France se réclame du wokisme ? Personne, c'est une dynamique étasunienne, que ses contempteurs ici dédaignent comme étant une importation... étasunienne, qu'elleux donc importe. Ridicule exemple parmi tant d'autres.



Le point central du livre est de rappeler qu'il y a en France des propos qui sont interdits par la loi. Qu'un candidat à la présidentielle le regrette, tant pis pour lui - et mieux pour nous -, mais c'est ainsi.

Vouloir limiter les épandages de haine et de mépris envers des groupes, ce n'est pas de la censure.

Comme le rappelle par ailleurs l'auteur, comment crier à la censure quand on a un accès permanent à nombre de médias ? C'est le couplet victimaire classique... de la part de personnes qui fustigent et vomissent les victimes, la libération de leur parole, le libre témoignage de leurs expériences.



Un livre qui agit comme un phare dans le brouillard de l'enfumage permanent d' une clique hétéroclite de marchands de haine.



La nausée vous prendra parfois dans cet étalage de billevesés. Heureusement, Sébastien Fontenelle se limite aux vingt dernières années - à quelques exceptions près. Heureusement, car la liste des déclarations ou écrits est déjà lourde à digérer.



Exemple.

Je pense notamment à l'un des fils rouges du livre : le discours sur les jeunes, notamment les jeunes filles.

La tête tourne à la lecture tendre et amusée du compte-rendu d'un livre de Gabriel Matzneff par Jean d'Ormesson dans les années 90. Puis viennent les années du scandale. Pour lui, pour Roman Polanski, pour Olivier Duhamel. Et en filigrane le même sinistre sire qui se détache : Alain Finkielkraut. Pour lui, les jeunes victimes de ces prédateurs n'étaient plus des enfants, il faudrait s'interroger sur l'éventuelle réciprocité, etc. Bref, n'infantilisons pas ces enfants.

Puis surgit Greta Thunberg. Et là, les convictions s'écroulent sous les (légers) coups de boutoir des intérêts stratégiques et idéologiques : mais enfin qu'est-ce donc que cette enfant manipulée ! Elle est incapable de penser par elle-même. Le comble ? Elle est plus âgée que les victimes précédemment évoquées.

Des contorsionnistes de haut-niveau qu'on vous dit !



Sébastien Fontenelle, dans une langue élégante, renvoie dans les cordes toute la cohorte des "boutefeux", contempteurs de cette nouvelle génération, qui arrache du temps et de l'espace de parole grâce aux nouvelles technologies.

La peur doit changer de camp ? Vu comme ils s'agitent en face, le mouvement est en cours. Mais les crocs restent affûtés, et prêts à tout.



Une lecture accessible, claire, mordante, édifiante. Et même nécessaire.
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Les éditocrates, tome 1

Du classique dans la critique des médias, béton. Une bonne piqûre de rappel sur les méfaits de ces 10 éditocrates

(BHL, Joffrin, Adler, Attali, Duhamel, Barbier, Marseille, Rioufol, Val, Baverez)
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Ventes d’armes, une honte française

(Lu dans le cadre d'une opération Masse critique, mille mercis à l'éditeur et à Babelio pour cette lecture)



Paru à l’été 2021, je ne découvre ce livre qu’en mars 2022, mais le sujet colle bien à l’actualité, avec la guerre en Ukraine. Ce court essai s’intéresse en effet aux exportations d’armes françaises et au secret qui les entoure, et notamment les armes destinées à des pays qui en font un usage de répression interne ou de massacre de populations (Egypte et Arabie Saoudite en tête, mais aussi Russie).



Avant de parler du fond, un mot sur la taille du bouquin. Quand je dis qu’il est court, disons qu’on a déjà vu des rapports plus épais : moins de 200 pages format poche, écrites en très gros, et en réalité guère plus de 130 pages une fois retirées les pages blanches entre les chapitres. Et des chapitres, il y en a : 32 composés de 2 à 8 pages. Tout ce bilan statistique pour dire que j’ai eu l’impression, au début de ma lecture, que les auteurs essayaient de gonfler le nombre de pages mais n’avaient pas grand-chose à dire. Après lecture, et même si je ne suis pas convaincu par ce surdécoupage en mini-chapitres, je pense qu’il n’en est rien et que les auteurs ont simplement le mérite d’être le plus synthétiques possible, sans noircir des pages inutilement. Surtout, on comprend à la lecture que l’opacité des ventes d‘armes en France ne permet pas d’entrer dans les détails. Alors oui, personnellement j’aurais aimé un essai plus approfondi sur les ventes d’armes en général, et pas seulement françaises et/ou destinées à une sélection de pays, mais les auteurs - journaliste et membre d’Amnesty International - remplissent parfaitement leur mission d’information et de dénonciation de pratiques cyniques via cet essai d’utilité publique.



Le livre retrace donc plusieurs décennies de ventes d’armes par la France, de façon assez chronologique, mais se concentre sur les années 2010, qu’on pourrait aussi qualifier d’années Jean-Yves Le Drian. Le ministre de la Défense puis des Affaires étrangères (qui a même droit à des repères biographiques en fin d’ouvrage, après d’autres annexes intéressantes) a en effet toujours œuvré pour le bien de l’industrie française d’armement, en multipliant les ventes auprès de régimes pas forcément très fréquentables. Les auteurs écrivent en termes choisis, mais je résumerai l’analyse de façon plus directe en disant que cet homme-là a du sang sur les mains. Il devrait en tout cas s’interroger sur sa responsabilité dans la mort de dizaines de milliers de civils au Yémen, bombardés par des armes françaises selon des rapports internationaux. Il n’est pas le seul bien sûr, ses premiers ministres, présidents et autres décideurs politiques sont responsables (et seront peut-être redevables un jour) de ces livraisons d’armes contraires aux traités signés par la France, sous le prétexte de la sauvegarde d’emplois en France. Les sociétés produisant ces armes sont moins citées dans cet ouvrage que les décideurs politiques, mais elles sont évidemment les premières responsables, avec en prime leur mainmise sur une partie de la presse (comme Le Figaro et Valeurs actuelles) qui célèbre ainsi les contrats juteux en passant sous silence l’usage qui est fait de ces armes.



Alors on pourra rétorquer que les armes sont faites pour tuer et que leur destination importe peu. Ce serait un peu facile. Le but de ce livre n’est pas de remettre en cause les exportations d’armes dans leur ensemble mais de dénoncer des ventes d’armes utilisées par des régimes autoritaires contre des populations civiles, des ventes en principe interdites mais qui pourtant se poursuivent. Le tout dans la plus parfaite opacité, puisque tout est soumis au secret défense, puisque les autorisations de ventes sont accordées par les gouvernements successifs sans aucun contrôle indépendant, puisque les questions et rapports parlementaires et demandes d’ONG restent sans réponse et puisque la justice est impuissante sur ces sujets.



Un livre accablant donc, qui aurait mérité d’être complété sur certains aspects (par exemple sur les réactions de nos partenaires européens) mais qui, malgré son format court, s’avère d’une grande richesse et très bien documenté. Il restera malheureusement sans conséquence sur ces pratiques, on peut le craindre.

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Les empoisonneurs

Quand j'ai acheter Les empoisonneurs ... je m'attendais a lire différentes horreurs dites et faite par tous les antisémites, islamophobe, xénophobe et autres anti-sociaux du monde et d'avoir en plus des commentaires de l'auteur sur la manière d'éradiquer ces comportements, la manière dont ces "coquins" se font rabrouer ou non, etc. Mais j'ai été déçue et pas qu'un peu.

En fait je triche un peu et j'écris ma critique alors que je ne suis qu'à la moitié de cet essai mais jusqu'a présent je ne retrouve qu'une série d'histoire de gens plein de préjugés et de haines des autres sans voir une seule piste de solution ou d'option positive proposée par l'auteur Sébastien Fontenelle. Bien sur, ont comprend bien qu'il n'est pas en accord avec tous ces dérangés mais il n'y a quand même rien de plus qu'une suite sans fin d'histoire horrible. Et comme je ne suis pas (et de très loin) le public cible que vise tous ces gens qui ne veulent que mépriser tout le monde, je n'apprécie pas particulièrement être obliger de lire tout ça. J'ai bien assez d'écouter les nouvelles!
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Ventes d’armes, une honte française

192 pages édifiantes ! La doctrine de la France (patrie des droits de l'homme comme on aime le rappeler) est de vendre des armes à n'importe quel pays pour "protéger" des emplois, un secteur économique plutôt que de défendre les droits de l'homme quelque soit les gouvernements qui se sont succédés depuis les années 60.

Nous découvrons que nos meilleurs acheteurs sont des pays très démocratiques ( Egypte, Emirats Arabe Unis...) et que l'opacité est un grand principe dans ce secteur.

Je recommande ce livre qui est à la portée de tous !

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Les éditocrates, tome 1

Ils envahissent l’espace médiatique et s’autoproclament agitateurs des débats publics … Ils ne sont experts de rien mais ils distillent leurs opinions sur tout… des pommettes de Michael Jackson à la guerre en Georgie... « lls »… sont les éditocrates !

D’Alain Duhamel, le spécialiste de la pensée unique au conformiste Philippe Val, en passant par BHL l’audacieux touche-à-tout adepte de la vérité à distance, Christophe Babier, le spécialiste des idées moisies, l’orgueilleux Jacques Attali ou encore Alexandre Adler, alias Nostradamus… les auteurs passent au crible 10 éditorialistes qui sont plus incontournables par leur faculté à se faire coopter par des amis bien placés et à changer de chemise quand le vent tourne que par la pertinence de leurs analyses.



Les Editocrates est un pamphlet audacieux et divertissant, très bien écrit et cinglant à souhait. Ce florilège de contradictions, de manipulations et de prise de positions parfois douteuses de la part de ces éditocrates laisse tout de même une impression de règlement de compte et de facilité envers la critique. Le parti-pris dénoncé par ce collectif est d’ailleurs lui-même adopté à l’inverse.

Enfin, « l’éditocratie » semble reposer uniquement sur ces 10 trublions, il aurait peut-être été intéressant d’analyser les média de manière générale et d’inclure d’autres formes de journalisme.
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Les éditocrates, tome 1

Un pamphlet de haut vol, qui laisse un goût de trop peu doublé d'un certain malaise... [Voir le blog pour la suite]
Lien : http://cheveuxauxvents.wordp..
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Ventes d’armes, une honte française

Lecture édifiante qui illustre pour le pire ce qu'est la "real politique", à savoir le droit supérieur que s'accordent les dirigeants pour faire en douce ce qui ne peut être dit sous prétexte de l'intérêt commun. La honte qui est évoquée en titre est étouffante tant l'action de nos dirigeants est à l'opposé des valeurs que prône la France, et tant les traités (TCA) et organismes de contrôle (CIEEMG) sont bafoués sous la protection du principe de "secret-défense".

Les chapitres s'enchainent chronologiquement dans ce livre, pour partir des années 50 et remonter au grès de contrats et de crises historiques jusqu'à nos jours actuels. Outre les intérêts privés extraordinairement protégés par l'état, outre les promesses non tenues quant à la transparence de cette activité, ce qui est le plus insupportable c'est la certitude que nous avons que ces armes servent bien à opprimer et tuer des populations civiles. Égypte, Russie, Arabie Saoudite pour ne citer que les plus marquants, voilà une liste qui suffit à comprendre tout ce qu'il y a d'abjecte derrière ce commerce !

Et l'actualité entre la Russie et l'Ukraine apporte encore une belle illustration de la capacité de girouette des VRP qui nous représentent sans la moindre honte.



En bref une lecture rapide mais suffisamment étoffée pour nous mettre dans la position des complices qui, s'ils n'appuient pas sur la détente, ne peuvent pas dire pour autant "qu'ils ne savaient pas" ou "ne se doutaient de rien".



Merci à Babelio et à l'Éditeur Le Passager Clandestin pour cet envoi dans le cadre d'une opération masse critique.
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Ventes d’armes, une honte française

Tous mes remerciements pour cet ouvrage à Babelio dans le cadre de sa masse critique non fiction et aux éditions « Le passager clandestin » et plus particulièrement à Josepha pour son petit mot. Parmi les 10 livres choisis dans les 400 proposés, je ne pensais pas alors que ce livre allait, malheureusement, « collé » à l’actualité tragique de ces derniers jours ! Son titre ne laisse aucune équivoque possible « ventes d’armes, une honte française »…. Que l’on soit le 3eme fournisseur d’armes dans le monde, pourquoi pas ! une arme peut être dissuasive, le problème réside dans le fait que, faisant fi des divers accords et traités de commercialisation sur les armes, portant notamment sur l’interdiction de vendre à des pays qui massacrent des populations (les massacres perpétués au Yemen en sont l’exemple flagrant), nos gouvernements successifs équipent en matériel létal des oppresseurs sanguinaires avérés, faisant preuve d’une hypocrisie flagrante. Quelqu’un de plus jeune aura peut-être un peu de mal à « s’y retrouver », mais, par exemple « l’affaire des fameuses vedettes vendues par la France» fait partie d’une actualité que j’ai vécue !

Quand page 72 je lis (on est en 2013) Fabius déclare que si Poutine continue ce qu’il fait en Ukraine, le gouvernement français pourrait annuler la vente des porte-hélicoptères ! [..] la situation est grave. Les actions menées par la Russie (annexion de la Crimée) contreviennent aux fondements de la sécurité en Europe…(finalement la France annulera la vente des porte-hélicoptères), il faut reconnaître que 9 ans après, le drame de l’Ukraine est à nouveau d’actualité !

Les pages annexes offrent une synthèse très lisible mais néanmoins détaillée des faits et de leur chronologie, répertoriant également les principaux fabricants et fournisseurs d’armes français.

L’objet livre est agréable et la présentation soignée ; c’est le premier ouvrage que je lis intégrant la fameuse « écriture inclusive » et, au risque de passer pour une vieille grognon, j’ai beaucoup de mal à m’y habituer !

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Ventes d’armes, une honte française

Parce que la rentrée des livres n’est pas que celle de la littérature, parce que la vie n’est, heur ou malheur ?, pas que roman, un essai à signaler, qui a le mérite de sortir de l’ombre une pratique durable de la politique française depuis plus de soixante ans, une véritable indécence nationale, la vente d’armes aux pays en guerre ou en guerre civile, en particulier aux pires tyrannies. Dès les années soixante, la France offrait ainsi des armes au régime sud-africain de l’Apartheid et à l’Espagne franquiste, quand d’autres nations, obéissant parfois à des injonctions de l’ONU, refusaient ce commerce indigne. Si (puisque l’on commémore aussi ces derniers jours, «l’autre 11 septembre», celui du coup d’Etat de Pinochet) la France n’exporte plus, comme dans les années soixante-dix, en aidant le Plan Condor, son savoir en matière de torture dans les pays d’Amérique latine, elle continue à proposer armes et services d’instruction sur de multiples terrains de conflits, à commencer par le Yémen, l’Arabie Saoudite, l’Egypte confrontée à son opposition intérieure. Sans aucune vergogne, l’Etat, appuyé, bien sûr, par les puissants industriels du secteur, persiste ainsi à préférer préserver la santé d’une économie de mains sales, nourrissant aussi trafics et corruption, plutôt que la vie des multiples victimes de nos fusils et canons, Mirages et hélicoptères… Aymeric Elluin et Sébastien Fontenelle, dans ce texte coédité par Le Passager clandestin et Amnesty International, construise une charge puissante, étayée d’une analyse historique précise et de nombreux témoignages, contre l’actualité de cette « honte française », un appel à faire cesser définitivement ce commerce du sang versé et cet appui, trop discret, aux pires tyrans. Nous ne pourrons plus dire que nous ne savions pas !
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Les éditocrates, tome 1

Une critique sans concession de l'éditocratie. Je reste réservé sur les profils d'Alain Duhamel et de Jacques Marseille.
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