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Citations de Serge Bouchard (243)


Dans la solitude de sa grande vieillesse, l'humain en vient à fixer le mur. On croirait qu'il ne pense plus, mais au contraire il pense, et il pense d'autant plus qu'il atteint finalement le coeur du sujet. Il regarde le mur, car il sait qu'il est définitivement rendu au pied. C'était cela la vérité: j'aurai vécu une longue vie pour en arriver à la limite ultime. Et je sais, en regardant ce mur, que je vais mourir sans avoir rien su, pire en sachant finalement qu'il n'y a rien à comprendre . Je regarde la vie, je regarde dans le vide, ce qui revient au même. Car je réalise que le pire des murs c'est le vide. Nous demandons à l'infini du vide ce que nous sommes venus faire dans cette noirceur. Et c'est le vide qui nous répond par un terrible silence. Comment dire mon non-être, ce temps immense qui s'est écoulé avant que je ne vienne au monde? Comment justifier ce bref éclair que fut ma vie dans toute sa finitude? Et puis, où serais-je dans ce vaste univers quand j'aurai franchi la cloison qui sépare le vivant de la mort?
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Nous avons de ces codes sonores qui trompent énormément, mais qui semblent nécessaires pour maintenir la vie en société. Tout est filtré, car la lumière crue de la vérité risquerait de brûler nos sensibilités. D'ailleurs Gorki était d'avis que le mensonge explique mieux que la vérité ce qui se passe dans l'âme de l'humain.
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À force d'étudier le danger, l'animal apprend. Sa prudence confirme que le doute est de la famille de l'intelligence, tandis que la certitude appartient à une forme plus ou moins grave de bêtise.
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Une conscience s'allume, une autre, mais aucune ne dure, aucune n'a jamais duré. Et je me dis : des milliards d'années sans que je sois. Et autant où je ne serai pas. Entre les deux, un passage éclair. C'est à n'y rien comprendre.
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Le discours mythique est un exercice intellectuel, il invite à penser le monde, mais plus encore, il cherche à donner un explication poétique à ce monde. Souviens-toi que nous descendons de l'ours, que nous en avons la mémoire et la mentalité.
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Sénèque, le stoicien, écrit :”La vie ressemble à un conte; ce qui importe, ce n’est pas sa longueur, mais sa valeur” p.19

L’esprit des Jeux olympiques, l’esprit du sport en général, consiste à mesurer sa valeur sur l’autel des plus grands sacrifices. Pour un podium de ski de fond, il y a des centaines de fondeurs sur le carreau. p. 108

S’il faut blanchir autant d’argent, c’est qu’à l’origine l’argent est toujours sale. Il provient des affaires faites au noir. Or il y a un grand silence autour de ce trou noir. p.139

Le sage sait que c'est dans la routine, la tranquillité et le monotone, autrement dit la vie ordinaire, que se cachent les instants bénis. p.147
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Marcher et songer correspond à ce qu'il y a de plus profond chez les errants que nous sommes. Car enfin, peut-on passer sa vie sur terre sans y laisser quelques empreintes ? Je ne suis pas un piéton, je suis un promeneur, ne vous souciez pas de mon itinéraire, c'est celui d'un rêveur. J'entends marcher jusqu'au bout des années-lumières afin de retrouver à l'autre bout de l'univers la trace de mes propres pas. D'où l'importance d'éviter la bonne direction, d'où l'inutilité des allées piétonnières.
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Comme l'eau, j'aimerais fuir, m'ennuager, monter au ciel pour voyager, devenir noir et orageux, puis retomber sur la chaussée, passer d'un pneu à ton pare-brise, te voir un instant au volant, et sur ta glace vite essuyée redisparaitre dans le luisant anonymat d'une grande flaque sur le pavé. Si j'étais eau, je serais bruine et grand créateur d'atmosphères. Je ferais le climat romantique, une longue pluie belge ou hollandaise, sur un trottoir ou sur un quai ; je flotterais longtemps dans l'air à la recherche d'une femme, et puis après l'avoir trouvée, je viendrais sur son visage tout doucement me déposer.
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Les douches font reluire les machines éreintées, elles sont de grandes absolutions. Confessionnal de l'eau, ondée privée, recoin humide, refuge primal, c'est la tanière du blessé. Nul n'entre ta douche s'il n'y est invité. Les misérables peuvent y pleurer sans se faire remarquer, sans que personne vienne les y rejoindre pour les encourager. Est-ce de l'eau, sont-ce des larmes ? Nul ne le sait.
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Autrement dit, la culture, loin d'être un vernis folklorique, est un ancrage très profond qui donne un sens à la grande affaire qu'est la conscience d'être.
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Qui peut tirer sur les ficelles de l’imaginaire sinon nous-mêmes?
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Chaque camion est un sujet, chacun a un timbre sonore, une manière de forcer, chacun a son histoire, ses cicatrices, son usure. On peut parler comme un camion, avec une grosse voix tranquille, de la même manière que les conteurs innus savent parler comme un ours. Les routiers sont des passeurs, comme tous les nomades de ce monde.
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Quant à moi, je ne puis affirmer que ceci: nul ne comprend véritablement les êtres humains s’il est indifférent à la force qui les fait marcher, s’engager, rouler, s’aliéner et puis mourir.
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On ne devient pas truckeur pour demeurer en santé, mais pour maîtriser le rythme de sa vie, ce qui implique le calcul de sa propre perte.
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Y en a dans le tas qui vont sacrer en ostie quand y vont se réveiller. Des fois tu veux canter pour une heure, mais quand t’es ben dans un parking comme ça, avec d’autres trucks autour, ça ronronne en tabarnak pis tu pars pour la nuit, c’est pas long. Tu te réveilles cinq ou six heures après, pis là, t’es en calvaire après toi.
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Aussi détestable qu’elle puisse être, la solitude est une compagne désirable dans les bras de laquelle le camionneur retourne toujours.
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Pour devenir un truckeur, il faut admettre que la route n’est pas une ligne entre deux points. Elle est un cercle, un univers comprimé et refermé sur lui-même. La route est bornée, mais infinie.
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Les nomades aiment le nomadisme. Les camionneurs aiment les camions. Pour les comprendre, j’ai aimé les camions comme j’ai aimé la taïga, en essayant simplement de saisir la réalité telle qu’elle se manifestait dans la tête de ceux qui la vivaient - sur le territoire à la manière innue, sur la route des camions à la manière des chauffeurs. Cela s’appelle la sympathie.
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Plutôt que de craindre l’ennui comme la peste bubonique, nous devrions faire honneur à ces calmes plats, à la platitude des heures bénies où il nous est enfin permis de respirer à l’aise. Le cœur a ses routines, nos poumons aussi. Respirer à l’aise veut dire respirer profondément et régulièrement. C’est toujours dans la tranquillité que l’on réalise le véritable vœu de la rencontre avec soi-même, la conversation tant recherchée de soi avec son âme.
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Pensons-y bien : l’humanité la plus destructive est celle qui a choisi le soleil, la lumière, le feu sacrificiel et maléfique, celle qui dans l’histoire récente a choisi l’or et l’argent. Les empires du soleil ont cultivé le sang, la violence, la lumière éclatante à tout prix. La forêt, qui est le contraire de l’éclat, en a pris pour son rhume. Sa sombreté l’a condamnée aux yeux des prêtres intolérants du progrès et des lumières vives. La forêt avait peur du soleil et des humains, elle avait peur de l’inquisition des hommes, de la machine à purifier.
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