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Critiques de Shigeru Mizuki (145)
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Mononoke

Vous croyiez tout savoir sur les yokai, ces esprits familiers qui hantent le quotidien des Japonais ? Eh bien, non ! Shigeru Mizuki, qui a consacré une grande partie de son œuvre à les recenser, cachait encore de magnifiques spécimens.
Lien : https://www.telerama.fr/livr..
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Mononoke

Ce nouvel artbook est donc riche, beau et aussi qualitatif que ses prédécesseurs, sa sortie à l'approche des fêtes de fin d'année pouvant en plus en faire un très beau cadeau à mettre sous le sapin pour quiconque aime Mizuki, les yokaï et le folklore nippon.
Lien : https://www.manga-news.com/i..
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Mononoke

Pour qui s'intéresse aux yokai, il est l'auteur de référence. Grâce a ses illustrations et "fiches techniques", il permet une bonne vue d'ensemble sur ce peuple du dessous ! 🖤



Cet ouvrage en particulier fait la part belle aux illustrations, les descriptifs étant relégués à la fin. Cela permet d'apprécier pleinement la qualité du dessin et de l'impression. 😙



Un artbook parfait pour les amoureux de l'univers de Shigeru Mizuki ! 👁️‍🗨️
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Mononoke

Mononoke est un recueil d'illustrations, un artbook édités chez Cornélius dédié au Yokaï. Des dessins inédits en France, dont quelques un en couleurs, tous présentés en pleine page et par leur nom, l'index en fin de livre présente en quelques mots chaque Yokaï.

Disparate, et toujours aussi attrayant à découvrir, les illustrations de Mizuki sont très souvent dessinés dans un décor en parfaite adéquation, fouillé et immersif, dans des petites mises en scène impliquant régulièrement des humains.

Un format à l'italienne, une couverture cartonnée avec dos toilé, un papier d'excellente qualité, cette édition est sans contexte de bonne facture, un très beau-livre permettant d'admirer ces illustrations dans des conditions optimales.

Shigeru Mizuki est régulièrement mis à l'honneur, de manières différentes et c'est largement mérité, tant son œuvre, continu à influencer les différentes générations du monde entier.
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Mononoke

Tout l’art graphique du maître est magnifié, que les planches soient en noir et blanc ou en couleur. […] Un artbook de qualité, que tout fan de Mizuki se doit de posséder dans sa mangathèque !
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NonNonBâ

L’Américain Robert Crumb, réfugié politique en France* depuis une vingtaine d’années, a acquis grâce à l’exposition de son travail au Musée d’art moderne en 2012 le statut d’artiste international. On a senti alors une certaine réserve de la part de cet iconoclaste, passé de l’ombre de l'underground à la lumière du musée. La muséographie est l’art de l’éclairage et de la mise en valeur, et occulte le plus souvent les zones d’ombre de la contre-culture. Il faudrait une histoire de l’art non-académique pour traduire le véritable sens de la contre-culture.



L’intérêt de la longue interview biographique de R. Crumb, qui tient lieu de préface aux nombreux extraits de son travail, vient de ce que cet artiste est né, a grandi et a vécu dans la nation où la culture de masse est la plus étouffante. R. Crumb ne se prive d’ailleurs pas de citer en modèle Brueghel et de dénigrer les « comics » :



- Gary Groth : Qu’est-ce que tu as contre le romantisme ?



- Robert Crumb : Je ne sais pas quel est le problème exactement. Tout ça s’est prolongé dans Superman, les super-héros et les bandes-dessinées d’aventure « réalistes », tous ces trucs d’évasion.



- Gary Groth : Tu te sens encore étranger à ta culture ?



- Crumb : Oh, putain, oui. Le seul moment où je n’ai pas eu cette impression, où j’ai même commencé à me dire que je faisais peut-être partie du truc, c’était à la fin des années 1960, pendant la période hippie. Même si je ne me sentais pas tant que ça en phase avec le mouvement hippie (…).





Cet isolement, Robert Crumb l’a d’abord ressenti au sein du foyer familial, installé à Cleveland, puisque les difficultés de ses parents le plongèrent, lui et son frère aîné, dans la lecture et le dessin de petites BD inspirées de gazettes humoristiques comme le célèbre « Mad » (Harvey Kurtzman). Il raconte sans ambages et de façon pittoresque une enfance américaine typique :



« Et donc il y a avait toujours une tension entre mes parents parce que mon père ne supportait pas le côté fêtard de ma mère et de sa famille, qui ne pensaient qu’à se saouler et à s’amuser. Le reste, ils s’en foutaient. Mon père, à l’inverse, avait un sens aigu du devoir, de l’honneur et tous ces trucs. C’était constamment une source de tension. Quand un salaire arrivait, ma mère voulait toujours le dépenser, tout claquer tout de suite. Ils se disputaient toujours au sujet de l’argent, ce qui est typique du petit bourgeois de la classe moyenne. »



Cette marginalité, subie au début, Crumb a réussi grâce à son art à la transformer en individualisme. Bien que « self made man » à sa manière, Crumb est un Américain pas comme les autres, et cela rend son témoignage unique. De la culture américaine, Crumb ne sauve pas grand-chose d’autre que cet espèce de fugueur frénétique de Jack Kerouac, Charles Bukowski, romancier politiquement incorrect et provocateur, et quelques musiciens de jazz déjantés.



Crumb n’hésite pas à mettre « ses couilles sur la table » : il déballe ses frustrations et ses désirs sexuels pour les femmes costaudes, ses convictions politiques communistes teintées de scepticisme anarchiste, parle de célébrité, d’argent et de femmes, évoque les rencontres décisives de sa carrière artistique, de la façon dont le LSD a changé sa vie, ou encore de la façon dont la musique, selon lui, a perdu sa sincérité.



Comme l’opinion de Crumb sur le féminisme est à peine plus orthodoxe que celle qu’il a de la famille, son interlocuteur G. Groth l’interroge longuement sur cette épineuse question, devenue pratiquement aujourd’hui un enjeu de politique internationale. « Le principal défaut du féminisme, c’est qu’il n’incluait pas de questions de base sur le fonctionnement du système mais voulait simplement que les femmes y soient présentes. » Crumb n’est pas du genre à botter en touche, et se montre aussi capable d’autocritique :



- G.G. : « Même aujourd’hui, tu ne te considères pas comme un bon dessinateur ? »



- R. Crumb : « Non. Je ne l’ai jamais été. Je n’ai jamais été dessinateur du tout. »



… et avoue même un certain plaisir à pratiquer l’autodénigrement.



Plusieurs exemples de la production de Crumb suivent ensuite, destinée aux adultes, de courts chapitres humoristiques. On peut y découvrir ou redécouvrir les différents antihéros bizarres, mi-humains mi-animaux le plus souvent (Fritz-the-cat, Big-Foot), dont l’artiste s’est servi pour donner sa version du rêve américain dans plusieurs fanzines.



*R. Crumb justifie en effet son exil par le durcissement de la politique et des mœurs américaines depuis les années 90.
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NonNonBâ

Un très joli manga autobiographique dans lequel l'auteur nous parle de son enfance dans la campagne japonaise, entouré de ses parents, de ses frères, de ses amis, de sa grand-mère NonNonBâ, mais aussi d'une multitude de petits êtres mythologiques appelé Yokaïs.
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NonNonBâ

"NonNonBâ" de Shigeru MIZUKI nous parle de lui enfant dans ce japon rural. NonNonBâ est la grand-mère paternelle. Femme d'un moine bouddhiste vivant de la générosité des habitants, elle devient veuve et d'une extrême pauvreté. Elle est accueillie chez son fils et en échange du gite et du couvert, pour ne pas manquer de respect à cette vieille dame, s'occupera de la maison et des trois fils, dont Shige-san l'auteur.

Shige-san appartient à une bande de gamins. Des bagarres, des prises de pouvoir se succèdent avec des défis surhumains. Mais c'est aussi un garçon émotif et rêveur: il dessine tout le temps et est très impressionnable. Par ses relations aux copains, aux frères mais aussi aux petites voisines, Shige-san grandit.

"NonNonBâ" présente l'enfance du môme. Ses occupations, ses émotions et ses prises de position. D'un trouillard, il devient courageux. D'un garçon pour qui la présence des filles rend faible, il devient leur confident et ami. La différence sexuelle, mais aussi une certaine séduction et puis une compréhension de l'autorité et de la place des femmes dans la société.

Ce très gros manga apporte une vue du Japon très particulière. Le parti-pris éditorial de garder les onomatopées en japonais (avec traduction en dessous) et de nous livrer un index approfondi, offre une impression d'authenticité. La société se voit dans ses rapports de force, dans sa bienveillance aux pauvres mais aussi cette charité ordonnée, contre service. La ruralité mais aussi le rapport aux religions, aux système éducatif, aux nouvelles technologies, aux traditions, aux apports d'autres nations et à la culture se vivent avec des yeux d'enfants. Le père échange sa vie bien rangée contre une autre offerte à la distribution de la culture cinématographique de son pays.

Et puis il y a NonNonBâ. Cette vieille femme, prieuse, offre ses prières contre obole, ses services contre gite. Elle est l'âme de cette enfance. La part de tradition et de folie. Elle est l'incarnation de la mythologie japonaise: elle croit dans l'existence des yokaï, ces esprits de la nature ou des situations. Tout le récit est alors parsemé de rencontres fantastiques et impressionnantes. Shige-san se pétrifie, apprend à les reconnaitre, à les dissuader de le perturber ou les dessine.



Le tout donne un manga jubilatoire, plein d'humour et de fantaisie mais qui ne laisse pas les belles réflexions de côté... par exemple l'émotion due au deuil d'une des amies du héros: le voyage dans le dix mille milliardième monde.

Le trait est vif et très stylisé: l'auteur se dessine en garçon grassouillet, il prend plaisir à un détail des architectures et des intérieurs (beaucoup de scène aux bains baquets, du peut-être à la présence du yokaï Akaname, "Lèche-crasse") et nous montre tout son pouvoir de sensationnel dans les esprits dessinés. Et après quelques pages un peu déconcertée par cette vieille femme ridée et toujours grimaçante, je confirme: je l'adore!
Lien : http://1pageluechaquesoir.bl..
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NonNonBâ

NonNonBâ fut le premier livre de Shigeru Mizuki traduit en français. Avec ce livre, Cornélius s'est lancé dans une entreprise de longue haleine pour faire découvrir l'oeuvre de ce mangaka essentiel. Entre les récits d'horreur marqués par la mythologie des Yokais, ces créatures magique qui forment le pendant nippons de nos elfes, lutins, trolls et autres fées, et les récits de guerre, comme le formidable Opération Mort, dont la qualité et l'absurdité en font un pendant du Catch 22 de Joseph Heller, Mizuki a composé une oeuvre riche et dense.

NonNonBâ est un récit partiellement autobiographique dans laquelle il donne les clés pour comprendre son imaginaire. Partagé entre un père rêveur et dilletante, souvent absent et une grand mère qui le régale de récits de Yokai, Shigeru grandit dans un petit village au cours de l'ère Showa, dans les années 30.

Ce gros livre de plus de 400 pages est articulé en 2 parties qui correspondent à deux amours-amitiés d'enfants. Au sein de chaque partie, les chapitres se succèdent, entre les histoires de NonNonBâ et scènes de la vie quotidienne. Au fil des pages, Mizuki dresse un portrait subtil et sensible d'un enfant qui découvre la vie.

Il y a du Poil de Carotte dans cette histoire. Il y a ausssi un peu de Guerre des Boutons. Il y a des histoires de magie et de sorcellerie. Il y a une description subtile de la complexité des relations sociales dans la société japonaise (pour laquelle les notes en fin de livre ne sont pas inutiles pour mieux comprendre quelques passages). Il y a surtout une grande tendresse et une belle sensibilité.

NonNonBâ reste un livre qui se déguste par petites touches, plus que par un binge reading. Il distille une émotion qui se développe sur la longueur.

En 2007, le festival d'Angoulême ne s'est pas trompé en descernant le prix du meilleur album à ce manga. Il reste le seul manga à avoir reçu cette récompense, même si Taniguchi avait déjà reçu le prix de scénario et que l'excellent Chiisakobé a reçu le prix de la série cette année. Pour l'époque, ce choix était vraiment surprenant, A l'exception notable de Taniguchi, qui était le seul mangaka à être publié au côté d'auteurs européens, les mangakas restaient alors confinés dans des collections dédiées à la bande dessinée japonaise, les ostracisant de fait pour une série de lecteurs allergiques à l'idée d'ouvrir un manga. Cornélius avait fait le pari de publier NonNanBâ dans son excellente collection "Pierre" au côté d'auteurs d'horizons aussi divers que Ludovic Debeurme, Chester Brown, Crumb ou Willem. Le manga est une bande dessinée comme une autre. Encore maintenant, je ne suis pas sûr que c'est une évidence pour tout le monde. C'est pourtant se priver de perles comme NonNonBâ.
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NonNonBâ

Au fil de cette chronique autobiographique tendre et drôle de la vie quotidienne japonaise dans les années 1930, ces êtres fantastiques se révèlent être autant de manières d’exorciser les peines et les peurs de chacun.
Lien : https://www.la-croix.com/Cul..
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NonNonBâ

Une histoire qui parle de la transmission orale des légendes. NonNonBâ, cette vieille femme raconte toutes les histoires qu'on lui a appris et qu'elle a vécu. D'une génération à une autre, le savoir des esprits ne se perd pas. La curiosité et l'imagination du jeune Shige lui permet de voir vraiment ces esprits qui viennent parfois le taquiner. On voit ces être grotesques, horribles et étranges. Des légendes plus connues du grand public de nos jours grâce à Miyazaki et ces fabuleux dessins animés. Le dessin peut surprendre le lecteur moderne de mangas. Nous sommes très loin des personnages aux gros yeux et aux histoires très cadrées. Shigeru Mizuki fait parti de ces artistes qui ont donné les lettres de noblesses au genre et qui arrivent en France bien tardivement. Ce qui n'empêche nullement de se laisser porter par le témoignage sensible d'un jeune garçon découvrant la vie. En toile de fond, on présent l'arrivée de la guerre avec une armée de jeunes garçons encore immature. Ils vont tous mourir pour la gloire d'un pays. La frontière entre la ville et la campagne est très marqué aussi bien au niveau de l'éducation, du savoir que des relations humaines. Un choc qui sera plus nivelé pendant l'ère Meiji. 
Lien : http://22h05ruedesdames.com/..
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NonNonBâ

Adorable, fin, délicat, entre « Pico Bogue » et « la guerre des boutons », vous plongez avec Nononba dans l’univers formidable d’un imaginaire enfantin enrichi d’une culture japonaise foisonnante, une grand mère un peu sorcière riche d’un patrimoine de vieilles légendes, estompant par l’imaginaire les dures réalités de la vie, mort, maladie, pauvreté.

Génial.
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NonNonBâ

J’ai découvert Mizuki Shigeru bien tardivement et en commençant par la fin, d’une certaine manière, via sa génialissime autobiographie Vie de Mizuki, publiée dans une édition très luxueuse par Cornélius. L’éditeur avait déjà quelques titres de l’auteur à son actif, dont sa plus célèbre et emblématique série, Kitaro le Repoussant, mais aussi d’autres œuvres au contenu autobiographique simplement un peu moins frontalement avoué que dans Vie de Mizuki – ce qui incluait notamment Opération Mort, et, d’abord et avant tout, NonNonBâ.







En effet, quand Cornélius a publié (déjà de façon luxueuse) ce dernier titre en 2006 – une BD réalisée par Mizuki trente ans plus tôt –, l’auteur était largement méconnu en France, bien loin de son statut colossal au Japon : pas de la stature de Tezuka Osamu, parce que personne ne l’est, mais la catégorie immédiatement en dessous, ce qui est proprement énorme. Le pari s’est avéré payant, la BD étant aussitôt récompensée du prix du meilleur album au festival d’Angoulême, ce qui a permis d’en traduire d’autres titres.







Il faut dire que cette BD précisément avait été très bien choisie, qui permettait de faire la bascule entre l’œuvre autobiographique de Mizuki, et sa passion bien connue des yôkai, un folklore nippon qui n’avait pas forcément jusqu’alors suscité beaucoup d’échos en Occident, mais qu’un Miyazaki contribuait éventuellement à faire connaître – là où Mizuki lui-même, quelques décennies plus tôt donc, avait pour ainsi dire ressuscité aux yeux mêmes des Japonais ce passé mythique qu’ils avaient tendance, et depuis longtemps, à négliger.







Pour traiter de ce thème, Mizuki a donc choisi de se replonger dans ses souvenirs d’enfance, sans vraiment se cacher – le petit garçon au cœur de l’intrigue s’appelle bien Shigeru, et ceux qui ont lu la bien plus tardive Vie de Mizuki reconnaissent sans peine l’auteur, ses frères, ses parents, et la petite vieille NonNonBâ (d’autant que certaines planches de NonNonBâ ont finalement intégré le premier volume de Vie de Mizuki !).







Qui est NonNonBâ ? La veuve d’un bonze, qui vivait de mendicité. Elle a toujours une activité de « prieuse », mais vit dans une misère noire. Dans le contexte très pudique de cette petite ville de province qu'est Sakaï-minato, on ne met pas en avant la pauvreté, pas plus que la générosité de ceux qui permettent à la vieille de survivre : de manière plus digne et informelle, on lui confie du travail (pas toujours très utile, à vrai dire) – et c’est ainsi que NonNonBâ se retrouve au service des Murata, et est amenée à fréquenter le petit Shigeru.







Or NonNonBâ exercera une influence (presque) sans pareille sur le garçon. Volontiers bagarreur, mais un peu froussard en même temps, le gamin est éveillé par sa nounou à la présence perpétuelle des yôkai : ce n’est pas parce qu’on ne les voit pas qu’ils ne sont pas là ! Oui, il y a des choses qui existent, et qu’on ne voit pas… Un abondant folklore que la petite vieille connaît sur le bout des doigts ! Quantité de figures grotesques, aux attributs absurdes – mais attention à ne pas le leur dire en face, ils peuvent se montrer dangereux ! Pourtant, si les histoires de yôkai que narre l’intarissable vieille procurent dans un premier temps au petit Shigeru de délicieux frissons, elles en viennent bientôt à remplir d’autres fonctions : la peur est une émotion utile, mais la perception de l’omniprésence des yôkai peut aussi se montrer rassurante, en témoignant d’une sorte d’ordre du monde finalement sécurisant.







On pourrait se contenter de voir en NonNonBâ une petite vieille superstitieuse parmi tant d’autres, a fortiori dans une province aussi nommément arriérée, bien loin des néons de Tôkyô. On aurait probablement tort. Si la foi sincère de NonNonBâ envers les yôkai ne fait absolument aucun doute, elle y trouve visiblement de l’inspiration voire de la ressource au quotidien ; la bonne femme n’est pas seulement généreuse, dévouée, le cœur sur la main, elle est en même temps astucieuse, et fondamentalement pratique – les yôkai, au travers de ses récits, lui viennent en aide, comme ils viennent en aide au petit Shigeru ; ils peuvent aussi s’en prendre à ceux qui le méritent… Mais, dans un sens comme dans l’autre, les yôkai facilitent d’une certaine manière l’harmonie, un vivre-ensemble qui peut certes avoir des connotations spirituelles ou mystiques, mais aussi très pratiques – ce qui n’est au fond pas si étonnant : dans ce registre de la sagesse paysanne, un peu naïve, ou peut-être faussement naïve, le Japon n’est en définitive pas isolé. Et les enseignements de NonNonBâ portent – en tout cas sur le petit garçon qui sera un jour Mizuki, qui avait peur à l’origine des yôkai, mais a ainsi appris à vivre avec eux, partout… peut-être même à survivre, le moment venu. Plus tard...







NonNonBâ remplit assurément un rôle de figure tutélaire pour le petit Shigeru – l’artiste Mizuki lui rend hommage de manière très touchante, vibrante d’émotion. Mais, étrangement peut-être ? elle n’est pas la seule à exercer une influence déterminante sur l’auteur dans cette BD qui porte son nom : il faut y associer aussi un personnage bien différent – le père de l’auteur. On le reconnaît sans peine, ici, quand on a lu la bien plus tardive Vie de Mizuki ; ce qui m’a vraiment surpris, c’est que ce père joue un rôle probablement bien plus déterminant dans NonNonBâ que dans l’ultime série autobiographique de l’auteur. Il est à peu près tout le contraire de NonNonBâ : nonchalant voire tout bonnement paresseux quand elle est une travailleuse acharnée, tourné vers le progrès technique quand elle ne jure que par le passé et les traditions – l’incarnation d’un tout autre Japon, post-Meiji, qui n’a rien de commun avec les yôkai, ces balivernes d’antan (et pas beaucoup plus avec les réminiscences d’un passé familial glorieux dont le serine en permanence son épouse, très fière de son ascendance porteuse de sabres et dotée d’un patronyme, ce qu’elle remet sans cesse sur le tapis). Mais la nonchalance du père le rend drôle et sympathique – le plus souvent (il ne brille pas toujours par l’empathie, contrairement à la très sensible mais aussi très pudique NonNonBâ…) ; et il y a en lui quelque chose d’un vieux désir inassouvi de devenir un artiste – quand il se procure un projecteur pour ouvrir une salle de cinéma dans sa campagne, c’est avec la prétention d’illuminer les paysans avec la technologie moderne ; mais il y a aussi ce scénario qu’il s’est promis d’écrire depuis si longtemps… Et c’est ainsi, paradoxalement, qu’il en vient à remplir un rôle équivalent, complémentaire peut-être, à celui joué par NonNonBâ, en encourageant le petit Shigeru à faire ce pourquoi il semble d’ores et déjà si doué : raconter des histoires…







NonNonBâ et le père de Shigeru sont des figures tutélaires plus qu’à propos dans ce qui ressemble fort à un récit d’apprentissage. Mais la formation du futur mangaka implique deux autres personnages bien différents – deux petites filles, dont le sort tragique contribuera à former l’auteur à la dure, mais qui, chose appréciable, ont une véritable présence, et très empathique, en dehors de cette seule « fonction » un peu navrante : ce sont des personnages à part entière, et c’est bien pourquoi leur sort touche autant.







La première se nomme Chigusa, et c’est une cousine de Shigeru – une petite fille de la ville, qui se rend à la campagne pour ménager ses poumons malades… Elle finira bien par mourir, veillée par l’attentive et dévouée NonNonBâ. Mais elle aura eu le temps d’encourager Shigeru à raconter ses histoires et à développer son imaginaire : le folklore et l’art balbutiant se conjuguent pour offrir au petit être condamné une échappatoire onirique indispensable.







Mais la seconde de ces petites filles, Miwa, témoigne quant à elle de ce que les hommes peuvent être odieux – yôkai ou pas. Ils sont en définitive bien plus à craindre que les créatures folkloriques aux attributs un peu grotesques… L’art ne la sauvera pas plus qu’il n’a pu sauver Chigusa – les yôkai finalement pas davantage, s’ils ont pu, là encore, atténuer au moins temporairement la douleur, par l’émerveillement.







Tout cela a de quoi susciter chez le petit Shigeru des crises de foi – celles, je suppose, qui doivent affecter quiconque professe honnêtement une croyance. À quoi bon les yôkai, quand il y a la mort, et le sordide ? Les paroles réconfortantes de NonNonBâ ne suffisent pas toujours.







Car, en même temps que Shigeru découvre les yôkai, et se dévoue d’une certaine manière à leur cause en racontant leurs histoires en bandes dessinées, il s’éveille aussi au quotidien d’un Japon plus prosaïque, tristement prosaïque, au travers de jeux enfantins d’abord envisagés avec un semblant de nostalgie bienveillante, mais qui témoignent pourtant bientôt d’un arrière-plan des plus sombre et menaçant… C’est que les petits Japonais des années 1920-1930 jouent à la guerre. Un lecteur français pensera sans doute aussitôt à La Guerre des boutons, ce genre de choses, mais le contexte de l’époque, ce Japon nationaliste et militariste, rend d’emblée le thème un peu plus inquiétant. La désignation d’un nouveau chef, son sadisme même plus dissimulé à ce stade, sa brutalité de sous-officier, entraînent bientôt l’armée des gosses sur une pente fatale, faite d’agression permanente, de brimades et d’humiliations érigées en mode de vie, présages du grand suicide collectif dans lequel les militaires n’allaient plus tarder à lancer leur patrie entière… Les yôkai interviennent ici aussi – et les exemples de NonNonBâ aussi bien que du père ; ils inciteront le petit Shigeru, ostracisé par la bêtise pure et simple, à se faire le partisan d’une idée bien curieuse : le pacifisme. Et qu’importe si la flemme en est une motivation essentielle… ou, plus noblement, le désir d’avoir du temps pour raconter des histoires ; Shigeru sait se battre, mais cela l’ennuie bientôt – c’est tellement puéril ! Mieux vaut créer des mangas !







On le voit, NonNonBâ, au-delà du seul personnage titre, et des yôkai qui lui sont d’emblée associés comme ils le seront à jamais à l’auteur, NonNonBâ donc est une BD d’une grande richesse thématique, variée, toujours pertinente (même pour quelqu’un qui, comme votre serviteur, est on ne peut plus hermétique aux « choses qui existent même si on ne les voit pas » et à la spiritualité qui va avec). La narration décousue mais pas improvisée produit de délicates et touchantes tranches de vie imprégnées de merveilleux, qui s’associent thématiquement pour former un récit cohérent et subtil. La BD est tour à tour drôle et tragique, édifiante et désolante, enchanteresse et terrible – un jeu des contraires sublimé par un dessin parfait et immédiatement reconnaissable, qui m’avait déjà tant séduit dans la plus tardive Vie de Mizuki : ce que j’en disais vaut également pour NonNonBâ.







C’est une très belle bande dessinée, en même temps je suppose qu’une bonne introduction à l’œuvre de Mizuki Shigeru – elle avait semble-t-il été présentée comme telle par Cornélius en 2006, et à bon droit. On peut, une fois de plus, parler de chef-d’œuvre.
Lien : http://nebalestuncon.over-bl..
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NonNonBâ

Le manga n'est pas mon genre de prédilection mais j'ai voulu faire un effort particulier en découvrant ce recueil de 400 pages qui a été primée Grand Prix à Angoulême en 2007. Ce fut d'ailleurs la première fois qu'un manga a eu droit à cette immense distinction. L'auteur est un mangaka très connu au Japon pour ses mangas horrifiques. Je m'attendais donc à un chef d'oeuvre...



Dans une petite ville côtière du Japon au début des années 30, la famille de Shigeru, un jeune garçon de 9 ans, accueille pour gouvernante une dame âgée : NonNonBâ. Celle-ci vient de subir un drame personnel avec la disparition de son mari. Or, ce petit bout de femme connaît sur le bout des doigts toutes les légendes sur les « yokaï » (sortes de fantômes ou d'esprits facétieux).



Son quotidien consiste évidemment à tenir la maison familiale, ce qui s’accompagne de tout un tas de tracas et d’aléas pour les japonais de cette époque. Car leur quotidien est ponctué d'apparitions de yokaï (la préoccupation principale des enfants) ainsi que de certaines tensions sociales.



Il s’agit en effet d’une chronique sociale où le fantastique a une place omniprésente. La jeunesse de Shigeru est marquée par l'intervention des yokaï et autres esprits du bestiaire fantastique japonais. NonNonbâ veille sur lui et l'aide à affronter tant ces démons que les difficultés de la vie quotidienne. Je me suis pourtant vite lassé de ces histoires de superstition selon la mythologie animiste japonaise.



L'auteur a respecté les onomatopées originelles en les sous-titrant provoquant de nombreux renvoi en fin d'ouvrage. Cela m'a paru fastidieux.



Bref, ce n'est pas mon genre car je ne suis pratiquement jamais rentré dans cette histoire à la fois trop superficielle et onirique pour s'y attacher. Alors, peut-être que cette bd recèle de qualités mais je ne l'ai pas ressenti. C'est ainsi et j'en suis le premier désolé.
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NonNonBâ

Cette brique de 400 pages est la première œuvre publié en français de Shigeru Mizuki, mangaka de renommé au Japon, surtout connu pour son œuvre »Kitaro le repoussant ». L’excellent travail de l’éditeur Cornélius, qui respecte les onomatopées originelles tout en pourvoyant un lexique très riche, est d’ailleurs à souligner sur cet album qui décrocha le grand prix du Festival d’Angoulême en 2007.



Shigeru Mizuki va puiser dans ses souvenirs d’enfance pour cette œuvre grandement autobiographique. On y découvre un humour et une fraicheur découlant logiquement d’un univers enfantin, mais également une chronique sociale qui découle du quotidien de ce petit village du Japon des années 30.



Un Japon qui a fort évolué depuis et largement tourné le dos à ces nombreuses superstitions villageoises et à cette foisonnante mythologie japonaise auxquels l’auteur réfère en long et en large avec une certaine nostalgie. Une description des traditions, des rapports familiaux et d’un certain conservatisme qui font penser à l’excellente trilogie « Histoire couleur terre », sauf qu’ici le fantastique vient remplacer la symbolique de la nature. Les yökaï, créatures des légendes de ce quotidien révolu où morts et vivants cohabitent, sont en effet omniprésents au sein de ces nombreuses histoires courtes pleines de sagesse.



Le graphisme en rondeur et assez espiègle se met entièrement au service de l’histoire et colle parfaitement à cette narration issue de l’univers des enfants.
Lien : http://brusselsboy.wordpress..
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NonNonBâ

Ce manga fait tellement de bien !



Plongée dans un Japon rural de l'entre deux guerres, mi autobiographique mi fictif. Entre Yokaï, guerre d'enfants et échec scolaire, le petit Shigeru se fait une place auprès de sa grand-mère NonNonBâ qui l'initie au Yokai.



Je pourrais passer un temps fou à vous dire qu'est-ce qui fait que ce manga est une petite. Je me contenterai de vous dire que c'est un ensemble, une ambiance, un personnage principal beau dans son honnêteté, ses défauts et ses actions, une grand mère attachante, une époque qui m'est inconnue mais pourtant qui me donne un sentiment de nostalgie incompréhensible.



Bref lire NonNonBâ c'est croire en un bout d'histoire d'un grand Shigeru Mizuki, grand homme bâti en partie par une grande femme : ça grand dont cette à pour en partie une raison d'être, lui rendre hommage.
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NonNonBâ

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NonNonBâ, c’est une petite grand-mère. Son récent veuvage l’obligeant à vivre misérablement, les parents de Shigeru lui offrent l’hospitalité. En échange, NonNonBâ seconde la mère de famille dans les travaux domestiques de la maison et l’éducation des enfants. Rapidement, une grande complicité unit la vieille dame et l’enfant. En s’aidant des situations auxquelles Shigeru est confronté, NonNonBâ va peu à peu lui faire découvrir le peuple des yôkai. Pour l’aïeule, chaque expérience est l’occasion de transmettre son savoir sur les traditions et croyances populaires. Un monde à la croisée de la réalité et du fantastique, où les superstitions et les légendes résistent encore dans les campagnes tandis que le Japon est plein essor industriel, économique... (années 1930). Un récit en partie autobiographique puisque l’auteur a puisé dans ses propres souvenirs, à l'image du petit Shigeru de l’histoire qui, passionné de le dessin, veut devenir mangaka.

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Lien : http://k.bd.over-blog.com/ar..
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NonNonBâ

J'ai lu cette BD qui a longtemps figuré dans ma liste d'achat potentiel et futur (liste toujours longue comme le bras d'ailleurs). Et grâce à la bibliothèque gracieusement mise à portée de tous par mon coloc, je me suis enfin trouvé le temps de le lire. Ce que j'en ai tiré, c'est que finalement il est plus que probable que je ne l'achète jamais.



Cette BD n'est pas mauvaise en soi, et je la rangerais même dans la catégorie des plutôt bonnes, mais elle souffre d'un défaut à mes yeux : elle nécessite une certaine connaissance et compréhension de la culture japonaise. Et d'autre part, je ne vois pas un réel intérêt à la relire, et donc par le fait même à la racheter.



C'est une sorte de découverte du folklore japonais des esprits et des yokai, mais pour peu que ce genre de choses ne vous intéresse pas, la BD n'a plus grand intérêt. L'histoire de ce petit garçon et de sa grand-mère mystique est touchante, et l'on sent tout l'attachement de l'auteur à cette petite vieille autant qu'a ses histoires. Mais pour le reste, je n'ai pas été particulièrement attiré par le folklore et les esprits présentés. Ils sont originaux, mais je n'ai pas vraiment eu d'intérêt pour eux jusqu'à la fin.



Cette BD est plutôt bonne, comme dit, mais je crois qu'elle n'est pas faite pour moi. Je n'en ai pas tiré une expérience inoubliable et j'ai déjà perdu de vue la plupart des créatures présentées dans les 400 pages de l'histoire. A réserver aux amateurs du fantastique et du folklore japonais en priorité, ou aux curieux des autres cultures.
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NonNonBâ

Lecture jeune, n°122 - NonNonBâ est une grand-mère particulière : superstitieuse et mystique, elle initie son petit-fils Shigeru au monde des petits esprits (« yokaï ») qui peuplent le quotidien sans que l’on s’en aperçoive. Ce garçon à l’imagination débordante doit gérer toutes ses rencontres spirituelles mais aussi les joutes guerrières qu’il vit au quotidien en tant que chef de bande. Les histoires de fantômes envahissent parfois son univers, au point de prendre le pas sur la réalité. Récit autobiographique, NonNonBâ nous touche par sa tendresse. Cette grand-mère superstitieuse, qui souhaite entretenir les meilleures relations avec les « yokaï », mais aussi avec son petit-fils, est dessinée de manière originale : ses yeux démesurés - pour mieux voir les esprits peut-être - nous frappent, et le trait n’est pas toujours esthétique. Mais la force de ce manga consiste à restituer tout l’univers de croyance de la vieille dame (Japon animiste des années 30) et toute la naïveté et l’incrédulité du garçon, en les faisant vivre ensemble. C’est touchant, drôle et cela nécessite un bon souffle de lecteur (l’album fait 424 pages). Mais les amateurs du genre n’en manquent pas ! NonNonBâ a obtenu en janvier 2007 le prix du meilleur album de bande dessinée au Festival d’Angoulême. ndlr Michelle Charbonnier
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NonNonBâ

J'avais à peine 20 ans quand NonNonBâ a débarqué en France et remporté le Prix du meilleur album au festival d'Angoulême l'année suivante. Je ne m'intéressais pas trop alors au folklore fantastique japonais traditionnel et le dessin très old school de Shigeru Mizuki me rebutait, ce qui fait que je n'avais pas investi dans ce riche pavé malgré des critiques unanimes. 15 ans plus tard, je répare cela et découvre un titre vraiment émouvant.





Shigeru Mizuki, c'est le spécialiste des yokai pour nous en France. Il est également connu pour son personnage Kitaro, dont j'avais essayé de lire les premières aventures sans trop de succès, malgré un univers folklorique riche et passionnant. Il m'avait manqué quelque chose et je crois que c'est dans NonNonBâ que j'ai trouvé ce qu'il me manquait, ce qui a fait de cette lecture une vraie réussite contrairement à la précédente.



Avec ce mélange de leçons de vie, d'imaginaire Yokai et d'histoires d'enfants dans le cadre historique du Japon des années 30 et le cadre géographique d'une bourgade de campagne, Mizuki m'a enchantée. J'ai l'impression d'avoir entre les mains à la fois un livre traditionnel pour enfant et l'ancienne d'Une sacrée mamie, manga dont j'adore faire la découverte grâce à sa réédition actuelle.



Avec un trait qui n'appartient qu'à lui où les personnages ont vraiment des têtes surdimensionnées et cartoonesques mais à la mode japonaise, Mizuki plante un décor rétro immersif, dans lequel le dessin des paysages et des intérieurs est particulièrement réussi. On a parfois l'impression d'être en présence de photo redessinées. Il fait également preuve d'une riche et vive imagination pour dessiner l'ensemble des créatures issues des rêveries du héros et de ses proches, et notre offre parfois des pages aux compositions superbes quand un étrange nuage de fumée vient happer le lecteur au milieu de ce décor d'un autre temps. C'est particulier, mais superbe.



L'histoire, elle, dépayse également. Nous sommes dans un décor typiquement japonais avec un auteur qui glisse nombre de références sur l'époque à laquelle a grandi le mangaka : les années 30. Ainsi voit-on comment on vivait à la campagne alors, avec bien moins de modernité que maintenant, plus de misère, mais également plus d'entraide. On retrouve une cellule familiale typique avec le père qui travaille, souvent loin, comme de nos jours, et une mère qui s'occupe de l'éducation de ses enfants. On voit des enfants, en mode Guerre des boutons, qui joue à la guéguerre en singeant les adultes qui eux font véritablement la guerre en Chine. C'est vraiment intéressant de noter toutes les références.



Mais le coeur de l'histoire est dans la relation entre Gege, le héros ou plutôt le mangaka qui se dessine lui-même, et la vieille femme pauvre du coin qui lui raconte plein d'histoire sur les esprits du folklore traditionnel japonais. A leurs côtés, nous allons vivre leur quotidien rythmé par ces légendes qui vont sans cesse s'insérer dans leur train train quotidien, entre les études de Gege, ses histoires avec ses copains, ses balades dans le village, ses histoires de famille mais aussi celles d'une famille de nouveaux arrivants. Tout est prétexte à une histoire fantastique, à une créature car les deux mondes sont encore très intriqués l'un dans l'autre.



Il est amusant de voir ce mélange de peur et de plaisir que le narrateur - héros prend face à ces créatures, qui sont également le sujet des histoires qu'il aime tant dessiner. Il est touchant de voir combien cela le rend proche de cette mamie, qui n'est pas vraiment la sienne, mais qui est toujours là pour raconter des histoires aux enfants et ainsi s'occuper d'eux, ce que ne font pas vraiment leurs parents, plus pris dans leurs histoires d'adultes à eux. Ce sont vraiment ces dynamiques qui ont fait tout le succès du titre pour moi.



NonNonBâ est un titre qui a vraiment sa place dans le patrimoine du manga pour ce qu'il apprend de l'Histoire de ce pays et de sa culture. Cornelius lui offre en plus une édition de qualité avec un bel objet livre et surtout un appareil critique et des notes pertinentes et passionnantes pour enrichir encore nos connaissances. Je suis donc plus que ravie de cette découverte aussi bien du point de vue du plaisir que j'ai pris comme lectrice et de l'enrichissement historique et culturel que j'ai gagné en tant que personne. Un livre deux en un qui ne m'a nullement déçue, mais m'a plutôt touchée et passionnée.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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