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Critiques de Silvina Ocampo (36)
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Inventions du souvenir

Silvina Ocampo, née à Buenos Aires en 1903 et morte dans la même ville en 1993, était une poétesse et novelliste argentine. Après avoir étudié la peinture et le dessin à Paris avec Fernand Léger et Giorgio de Chirico, elle passa à l’écriture aux alentours de la trentaine.

– Je pourrais oublier beaucoup d’expériences de ma vie, dit-elle, mais pas celles de mon enfance. Un vers me revient sans cesse, le voici : « Oh, enfance ! oh mon amie ! » Ce qui n’est pas dit est ce qui est important dans ce vers. Notre enfance est assurément notre amie, mais nous-mêmes n’avons pas toujours été les amis de notre enfance, car à cette époque nous n’étions pas ce que nous sommes aujourd’hui. Cet être démuni que nous avons été parfois nous émeut car nul n’a jamais pu le comprendre complètement sauf nous… qui n’étions pas encore à ses côtés.

Inventions du souvenir est une longue chronique de l’enfance, écrite de façon tâtonnante en plusieurs fois, peaufinée sur plusieurs années, en vers libres. Elle rend remarquablement ce temps encore pris dans l’ambre de l’enfance, quand le sablier ne s’est pas encore mis en marche. Les impressions vivaces et les interrogations lancinantes s’y superposent, dans un univers intensément vivant, vibrant et énigmatique. Les lieux, les sons, les lumières et les odeurs, les membres de la grande famille dispersée dans un grand bâtiment composé de quatre maisons virtuelles où se rencontrent aussi domestiques et employés, les maisons de campagne, Paris brièvement, forment le fond de cet étrange voyage. Le recueil fait s’enchaîner les situations sans cohérence particulière, comme en une sorte de long rêve éveillé (« la chronologie n’existe pas dans le temps du souvenir »).L’enfant contemple les chaussures comme des chiens, pleure sa première nourrice et s’éprend de la suivante, dispose des nids de son cru pour les oiseaux dans tous les endroits où les jardiniers ne pourront les détruire (...)

Les adultes sont à eux seuls des univers sibyllins. Il y a sa mère, adorée, les domestiques, les servantes vigilantes, Chango, incarnation du danger, de la tentation malsaine, du péché, les merveilleux mendiants qu’elle attend de toute son âme à la maison de campagne. (...)

S’abattent ainsi, sur cette enfant trop jeune pour comprendre vraiment ce qui se passe, affolée par les exigences hermétiques de l’existence et sous l’emprise subtile du futur, la mort d’un jeune frère, le deuil de la mère, les abus de Chango, la musique qu’elle désire ardemment pratiquer comme ses sœurs mais qui ne lui est pas donnée et le dessin qu’elle tente par hasard sans trop d’intérêt et dans lequel on lui trouve du talent. Sans qu’encore le monde se mette à l’endroit de l’âge de raison, des lignes de force infléchissent cette succession de bulles sensorielles et émotionnelles, des trames apparaissent. Des souvenirs de situations où l’enfance est décalée en plein jour, l’horrible déception d’un manège offert qui n’est pas celui rêvé, la frayeur provoquée par la voix d’un ventriloque, l’écœurement que provoquent les petits ballons morts redescendant du plafond, une robe violette plus mystérieuse et excitante qu’une contrée féérique s’enchaînent. Et puis le langage qui donne à chaque chose sa place et sa consistance (...)

Ce poème, qui s’écoule avec fluidité de son début à sa fin, entretissant les scènes et les voix intérieures de la petite, se relit avec autant de plaisir par fragments, dans le désordre, comme ces « cartes postales sans destinataire, sans adresse », que sont les souvenirs.



Lonnie pour Double Marge (Extrait)




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Mémoires secrètes d'une poupée

“Je voulais écrire un livre sur rien”



Faut dire qu’on est pas passé loin.



Silvina Ocampo… comment dire ? C’est assez mystérieux, elle n’écrit pas des histoires sur “rien” mais il y a du “rien” dans ses textes. Dans le sens où un grand vide entoure les histoires qu’elle raconte, sans contexte, sans explications, sans logique souvent, sans but toujours.



“L’envie, la jalousie, la méfiance, le malentendu : tout cela pèse sur la vie de l’amour le plus parfait et le plus capable de sacrifice. Au fond, qui comprend qui ? Personne n’en sait rien.”



L’écrivaine argentine, amie de Borgès, a des fulgurances je dirais presque de moraliste, avec des phrases très bien senties sur la vie mais qui semblent assez déconnectées des histoires elles-mêmes. Elle énonce un principe ou esquisse une constance existentielle que l’on ne retrouve nul part illustré dans sa nouvelle. On se dit alors, mais quel trait de génie, elle a raison, on est piqué !

Puis, la nouvelle passe de façon alambiquée on rencontre des prénoms, des peurs, des portes qui grincent, des sonatines, des difformités, mais on bute encore sur le “rien”. Car rien n’en reste ou si peu et je vais arrêter de répéter “rien” à tout bout de champ au risque de convoquer ici Raymond Devos, parallèle intéressant entre l’absurde du comédien et la prose fantasque et opaque de Ocampo.



“Je voudrais mourir, un jour, de la perfection d’un tableau, de la perfection d’une musique ou d’un poème.”



La nouvelle “La musique de la pluie” est à mon sens une des plus réussie de ce recueil, ce qui n’a pas échappé aux éditions Folio poche lorsqu’il s’est agi de prélever un extrait de son oeuvre pour le plus grand nombre, de même que “Les jaloux” et “La rencontre” peut-être parce qu’elles sont drôles et qu’il faut souligner l’humour, voire la satire de Silvina Ocampo, qu’elle dose avec parcimonie et originalité.



Qu’en pensez-vous ?
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Histoires étranges et fantastiques d'Amérique l..

"Cela n'est pas possible, et pourtant, cela est."

(J. L. Borges, "Livre de Sable")



Si vous me dites : "fantastique latino-américain", je vous réponds : "Macondo".

Marquez représente sans doute le mieux ce que j'imagine sous le terme "réalisme magique", et sa "magie" restera toujours connectée avec la chaleur humide et l'odeur des bananiers qui se dégagent des pages de "Cent ans de solitude" : cet air qui ondule en créant toutes sortes de mirages qui transforment le réel en irréel, féerique ou inquiétant.

C'est comme une bulle de savon colorée qui flotte dans un monde rationnel, et il ne faut pas appuyer dessus, sinon elle explose et toute la magie est brisée.



Bien sûr, cette anthologie ne serait pas complète sans un récit de Marquez. J'ai appris dans un petit médaillon, dédié à chaque auteur, que Macondo de Marquez doit beaucoup à Yoknapatawpha County de Faulkner... mais oui ! Mais tandis que Faulkner utilise le procédé classique du "courant de conscience", pour créer des histoires aussi inquiétantes qu'"Une rose pour Emily", les auteurs de l'Amérique latine vont créer quelque chose à part, en distordant la réalité et en y rajoutant des éléments absurdes et oniriques. La géographie aidante, nous nous sentons subitement à mille lieues des auteurs à l'héritage européen.



Toutes les histoires du recueil (une bonne trentaine) ne sont pas du "réalisme magique", mais elles sont toutes "étranges" ou "fantastiques". Que vous préfériez un conte plutôt classique dans le style de Poe, une bizarre histoire humoristique, une terreur pure et dure ou un récit psychologique, vous y trouverez toujours votre bonheur. Les auteurs comme Quiroga, Borges, Marquez, Bioy Casares, Cortazar, Vargas Llosa et bien d'autres sont à votre service... donc, à lire de préférence dans une confortable chilienne avec un gros verre de mocochinchi à la main.



Forcément, chacun ses goûts (ce qui est aussi valable pour le mocochinchi; à ne surtout pas confondre avec Monchhichi !), alors je vais dresser mon propre palmarès, en commencant par "Anaconda" d'Horacio Quiroga. En général, les histoires d'animaux m'ennuient profondément, mais il y avait quelque chose de paralysant, voire venimeux, dans ce récit sur un Grand Conseil de serpents de la jungle, qui vont se liguer contre leur ennemi commun, l'homme.

En me disant qu'il n'y aura probablement pas mieux, j'ai relu avec plaisir "L'Aleph" de Borges et l'histoire de Marquez sur le plus beau noyé du monde, avant de tomber sur le "Retour aux sources" d'Alejo Carpentier. Son histoire m'a fait penser au "Masque de la mort Rouge" de Poe par son esthétisme baroque, sauf que Carpentier s'y prend autrement. Don Martial va se lever de son lit de mort pour vivre sa vie à l'envers, et l'histoire réserve plein d'images insolites, comme ces bougies qui se consomment en grandissant, le piano qui redevient clavecin, et don Martial qui oublie la musique pour ressortir ses soldats de plomb. Un voyage d'un néant à l'autre, assez dérangeant, somme toute...

Pour vous détendre, vous pouvez enchaîner sur "L'Aiguilleur" de Juan José Arreola, une histoire qui décrit d'une façon tout à fait drôle et tout à fait absurde le fonctionnement des chemins de fer au Mexique. Cela vous amusera d'autant plus que même dans notre beau pays, à un moment ou à un autre nous avons probablement tous vécu les mêmes tourmentes que le pauvre voyageur d'Arreola.

Si vous voulez quelque chose de plus costaud dans le style "terreur classique", prenez "Aura" de Carlos Fuentes. Pour les amateurs de récits psychologico-bizarres, l'histoire de chiens d'Elena Garro devrait faire l'affaire.

Et pour finir vraiment en beauté, pourquoi pas "L'homme aux champignons" de Sergio Galindo, une des histoires les plus étranges que je n'ai jamais lues.

Seulement, méfiez vous des enfants trouvés dans une belle clairière pleine de champignons. Vous ressentez d'abord une grande euphorie, et le reste n'est plus qu'un rêve... D'ailleurs, saviez-vous en quoi consiste le métier d'un "homme aux champignons" ?



Il est toujours précaire de noter une anthologie qui regroupe tant d'auteurs difficilement comparables. Certaines histoires m'ont laissée de marbre (je m'excuse notamment auprès de João Guimares Rosa !), mais ce fut un beau voyage, et 4/5 devrait convenir.
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Histoires étranges et fantastiques d'Amérique l..

Je suis un anaconda. J'ai avalé cette anthologie de 505 pages avec grand plaisir et je ne suis pas repue, je vous préviens. Vous aurez droit à de petits billets sur certaines histoires que je compte bien relire ou écouter.

Claude Couffon un très grand spécialiste a réuni en 1989 la crème de la crème, d'un continent formidablement divers et prolixe (voir la liste complète dans "résumé"). Une trentaine d' histoires signées des plus grands écrivains hispanophones et lusophones du XXe. Tous désormais classiques. Tous ont écrit de superbes textes étranges ou fantastiques. Ne me demandez pas quelle est la différence, je vous goberais tout cru sur votre oreiller de plumes ce soir. Ces définitions varient tous les ans et sont toujours indigestes tant il y a d'exceptions. Je suis bien davantage sensible à la maîtrise du cuento ou conto, qui est considéré là bas comme un des beaux arts.

« J'ai lutté, écrit Quiroga, pour que le conte n'ait qu'une seule ligne, tracée d'une main certaine du début jusqu'à la fin. Aucun obstacle, aucune digression ne devait venir relâcher la tension de son fil, le conte est, au vu de sa fin intrinsèque, une flèche soigneusement pointée qui part de l'arc pour aller directement donner dans le mille. »



Ces fins archers sont tous les héritiers de plusieurs traditions écrites et orales amérindiennes, africaines, européennes. Ils ont le don de vous faire gober le surnaturel comme si de rien n'était. On l'accepte d'autant plus volontiers qu' on aime entendre des histoires, entre plaisir et horreur, qui nous sortent littéralement de l' ordinaire pour mieux l'interroger.



J'ai savouré des histoires qui sont indisponibles à ma connaissance en français actuellement :

-Oscar Cerruto : Les Vautours***** un voyageur croise le regard magnétique d'une femme dans un tramway et plonge dans un cauchemar.

-Juan Bosh : La Tache indélébile*** : un conte fantastique civique...si, si.. qui vous fait perdre la tête (voir citation).

-Juan Jose Arreola : L'Aiguilleur***** : un voyageur cherche en vain son train et dialogue avec l'aiguilleur. Une nouvelle absurde et drôle.

-Elena Garro : le Jour où nous fûmes des chiens****La cruauté du monde vue à travers l'imagination innocente d'une petite fille.

-Virgilio Diaz Grullon : au-delà du miroir*** Un homme à la recherche de sa véritable identité.

-Sergio Galindo : L'homme aux champignons ****Une terrible fricassée familiale.



Merci beaucoup Bobby.

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Mémoires secrètes d'une poupée

Silvina Ocampo est une grande figure de la littérature argentine du XXe siècle. Aucun de ses titres ne m’était familier et c’est un peu au hasard que j’ai choisi ses Mémoires secrètes d’une jeune poupée. Il suffit de dire que je m’attendais à plus. Beaucoup plus. À un point tel que, quelques jours seulement après la lecture de ce recueil de nouvelles, aucune des histoires qui le composent ne me revient en tête. Un vague souvenir, c’est tout. Je n’ai rien à reprocher au style de l’auteure, il n’est pas mauvais, mais il ne se démarque pas non plus. Du moins, pas à mes yeux. Je n’ai pas détesté, sinon j’aurais refermé le bouquin. Mais que dire de son univers ? Décalé, étrange, je peux apprécier cela, ces souvenirs frauduleux de jeune fille, ces espoirs déçus de femme mûre. Qu’est-ce qui est réel, qu’est-ce qui ne l’est pas ? Angoissant. Un brin fantastique aussi, avec ces rêves éveillés, ces plans illusoires qu’on veut plus vrai que vrai, mais jamais au point de basculer dans un «ailleurs». Ça donnait parfois cette impression d’inachevé. Ce qui m’a surtout déçu, c’est le manque de repères (quoique, c’est peut-être intentionel). Mais je m’attendais tant à découvrir l’Argentine, le Buenos Aires du milieu du siècle dernier. À part les noms des personnages, peut-être quelques rues, rien ne me rattachait à ce monde. Remarquez, ça a plus à voir avec mes goûts qu’avec le talent d’Ocampo. Ainsi donc, je devrai lire autre chose de cette grande dame avant de me forger une opinion.
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Ceux qui aiment, haïssent

Ce roman policier argentin écrit à quatre mains par le couple Antonio Bioy Casares-Silvina Ocampo est un divertissement de qualité. Il parodie les conventions du roman policier à l'anglaise. Il a été écrit en 1946 et a fait partie de la fameuse série policière « El Septimo Circulo » de la revue Sur. le roman a été partiellement remanié dans les années 70 par Silvina Ocampo en vue d'une adaptation théâtrale qui n'a jamais eu lieu.

Le docteur Humberto Huberman ( ne pas confondre avec avec Humbert Humbert) est le narrateur. Chaque matin il fait fondre sur sa langue quelques granulés d'arsenic ( arsenicum album) avant de déguster un délicieux breakfast. Il a décidé d'écrire l'histoire de l'assassinat de Bosque del Mar.

Il nous raconte qu'il se rendait dans cette station balnéaire isolée avec l'intention de travailler sur un scénario d'adaptation du Satyricon de Petrone, dans l'Argentine actuelle. L'Hôtel Central tenu par une cousine du narrateur est coupé du monde à cause d'une tempête de sable. Dès son arrivée le narrateur-médecin rencontre sur la plage l'une de ses anciennes patientes Mary, qui va se baigner fort imprudemment et manque de se noyer. le lendemain elle est retrouvée morte, empoisonnée à la strychnine (voir citation).

J'ai beaucoup aimé. On retrouve tous les ingrédients des petits meurtres d'Agatha Christie. Un lieu clôt, beaucoup de suspects, de fausses pistes. Il y a aussi des présages, des éléments effrayants etc. Mais les enquêteurs sont incompétents, non seulement le sympathique commissaire Raimundo Aubry (un passionné de Victor Hugo qui a l'intention de torturer la principale suspecte ) mais également deux autres personnages et le narrateur. Celui-ci est croquignolet : snob, imbu de lui-même, lâche, naïf et chanceux. Il emprunte à beaucoup de personnages bien connus mais il n'est ni Hercule Poirot (quoique snob et fat) ni Sherlock Holmes (son addiction est homéopathique) ni Watson (il se met en avant de manière ampoulée, étale son érudition et sa bêtise ). La victime est traductrice de romans anglais, comme les auteurs. le roman écrit par ce duo fameux met en scène toute une série de personnages doubles. Par exemple, la victime a une soeur rivale en amour. le narrateur médecin est concurrencé par le jeune légiste qu'il méprise car il est alcoolique etc. Tous les personnages proches se détestent.



Un très bon divertissement.
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Ceux qui aiment, haïssent

Ceux qui aiment haïssent commence comme un roman policier classique. Une mort inattendue, celle de Mademoiselle Mary. Un petit hôtel reclus. Une foule de suspects, tous aussi probables qu’improbables. Il y a la sœur Emilia Gutiérrez, le fiancé Atuel (plutôt Atwell), le docteur Humberto Humberman, les hôteliers, leur neveu le jeune Miguel Fernandez qui passe son temps à lire Joseph K. Et d’autres encore. Le commissaire Aubry est chargé de démêler l’affaire. Lui, cet Oblomov des temps modernes, mais il préfère la lecture des romans de Victor Hugo ! En fait, tout ce beau monde préfère lire. Et, quand ils ne le font pas, c’est la narration qui s’occupe à tisser des liens entre leurs situations et d’autres, issues de la littérature.



Dans cette perspective, le crime me paraît plutôt «accessoire». Pire, je crois que les auteurs se sont servis des règles du roman policier pour mieux les déjouer. Voire tricher avec elles. Et Adolfo Bioy Casares et Silvina Ocampo, qui se sont partagé l’écriture de ce drôle de roman, ont dû beaucoup se faire plaisir en s’y attelant.



Le résultat ? J’ai quand même aimé. Cette «enquête», reléguée au second plan, permettait quand même d’étudier les relations entre les personnages, complexes et troubles. La mort chagrine, peine, mais soulage aussi. Certains ont mêmes des émotions contradictoires. D’où, sans doute, le titre Ceux qui aiment haïssent. Alors, qui est le coupable ? Son identité semble changer au gré des chapitres. Et puis, à la fin, ce n’est plus si important.



Pour tout dire, le crime est surtout un prétexte pour parler de la littérature, celle avec un grand L. Avec Adolfo Bioy Casares et SIlvina Ocampo, on ne s’en étonnera pas. Ces auteurs ont truffé leur roman de références à des grands écrivains et à leur œuvre, quand ils ne sont pas tout simplement cités. Un amateur de lecture se fera un plaisir à découvrir la carte des gens de lettres qui les ont inspirés.
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La promesse

Silvina Ocampo a pris la plume, a amorcé l’écriture de La promesse pour tenir, justement, une promesse. Pour ses amis, pour elle-même surtout. Il en ressort un quelque chose de plutôt éclectique, un pêle-mêle d’émotions, de souvenirs épars, véritables tranches de vie, de réflexions aussi, etc. Ce bouquin, que j’ai de la difficulté à classer, est divisé en une kyrielle de courts chapitres qui sont autant de rencontres : Marina Dongui, Aldo Bindo, Gabriela, Irene Roca, Leandro Alvarez, Susana, et tant d’autres. Malheureusement, n’était pas suffisamment familier avec l’élite culturelle et littéraire de l’Argentine du milieu du XXe siècle ou bien avec l’histoire personnelle d’Ocampo, tous ces noms ne signifiaient absolument rien pour moi. Incidemment, leur apport dans la vie de l’auteure me l’est encore moins. En y mettant un peu du mien, je pouvais comprendre que certaines de ces rencontres aient été cruciales, et par moment je pouvais m’identifier à Ocampo grâce à certains souvenirs. Surtout ceux qui sont heureux et, étrangement, ceux qui sont humiliants. Après tout, l’expérience de la vie est universelle ! Mais ces souvenirs, sont-ils réels ou issus de l’imagination de l’auteure ? Surtout, est-ce important ? Parfois, ces libertés qu’on prend avec les souvenirs frauduleux sont plus révélatrices, plus importantes. Ceci étant dit, ceux parmi vous à qui le livre tombera dans les mains, mettez-le de côté jusqu’à ce que vous ayez une connaissance suffisante de ce grand personnage. Seulement alors vous pourrez l’apprécier à sa juste valeur et porter davantage attention à sa plume, foncièrement honnête, humoristique à l’occasion et pleine d’ironie. Mais surtout, libre.
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Autobiographie d’Irène

J'ai écouté la nouvelle Autobiographie d'Irène de Silvina Ocampo (1903-1993) interprétée par Renée Faure.

Cette nouvelle fantastique, poétique et originale est parue en 1948 dans la revue « Sur » fondée et dirigée par sa soeur ainée, Virginia Ocampo.

La jeune Irène Andrade, jolie petite Argentine de vingt cinq ans attend une mort imminente. Depuis son enfance, elle possède un don de divination. Enfant elle prévoyait les cadeaux que ses parents adorés lui offriraient, le chien, la petite vierge, elle prévoyait l'emplacement de la plante grimpante dans le jardin. Et puis à quinze ans, elle a prévu la mort de son père. Elle était triste et anticipait son deuil en portant du noir. Son entourage s'éloigne. Même sa mère l'a rendue responsable de la mort du père. Et puis Irène prédit les événements à venir et à mesure oublie également les événements passés. Rien n'est plus jamais nouveau pour elle, elle ne peut pas jouir du moment présent avec Gabriel qui l'attend avec des fleurs sur la place du village et dès qu'elle le laisse partir, elle l'a déjà oublié. La mort lui semble alors la seule voie possible pour sortir de cette funeste malédiction. Une dame apparemment inconnue s'assoit à côté d'elle…

La nouvelle est d'autant plus touchante qu'elle rapproche le monde de l'enfance et celui de la mort. le temps inversé fait froid dans le dos, Irène se retrouve seule au bord du vide et en plus elle est dépossédée de sa mémoire. Mais alors qui peut bien raconter son histoire ? Est-ce vraiment une autobiographie ?
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Histoires étranges et fantastiques d'Amérique l..

A l'exception de quelques rares romans, dont le célèbre "Cent ans de solitude", je dois avouer que la littérature d'Amérique latine, m'est à peu prés inconnue.



C'est pourquoi, quand je suis tombé sur ce recueil dans une bourse aux livres d'occasion, j'ai saisi la chance de la découvrir par un biais qui me passionne : le fantastique.



Ce livre présente un panorama de la littérature sud américaine, vu au travers du prisme déformant, mais aussi parfois révélateur, de l'étrange, de l'insolite...



Les auteurs présentés ici, sont originaires de l'Uruguay, du Mexique, du Brésil, de République Dominicaine, et autres contrées exotiques.

Citons, entre autres, José Luis Borges, Adolfo Bioy Casarès, Julio Cortázar, Gabriel Garcia Marquez, Jorge Amado pour les plus connus.



Autant le dire, nous sommes fort loin du fantastique anglo-saxon par exemple, dont les grands auteurs ont imprimé un style devenu référentiel.



Ici, nous sommes plus souvent dans le réalisme fantastique, ou l'onirisme. Une vision de l'insolite que l'on peut qualifier de plus "poétique" et moins sensationnelle.



L'histoire de ces pays, a en général été marquée par des périodes pour le moins troublées, allant jusqu'aux révolutions, dictatures, guerres civiles. Cela se retrouve tout naturellement dans certaines oeuvres, ainsi, par exemple, dans le roman distopyque (un des rares lus dont je parle plus haut) "Journal de la guerre au cochon" d'Adolfo Bioy Casarès.



Le recueil s'avère donc une introduction intéressante à une expression littéraire très caractéristique.



Comme presque toujours dans ce genre d'ouvrage, les textes sont d'un intérêt variable,et pour quelques uns un peu ésotériques (pour le néophyte que je suis tout au moins !).



Ceci dit, la qualité d'écriture, et de traduction est toujours au rendez-vous.
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Inventions du souvenir

Pour commencer merci à babelio, masse critique littérature et la maison d’édition : des femmes Antoinette Fouque pour ce cadeau rempli de poésie.





C’est entouré de proses que l’auteur @Silvina Ocampo, nous livre son enfance.

Des moments de découverte, (jeu, piano, dessin...) de tristesse, de maladie et même de la mort (de son frère).

Elle parle aussi de l’abus d’un homme sur cette petite âme innocente…



Ces mots sont poignants, attachants et dans certains cas douloureux.

Moi, qui ne lit pas de poésie je fus conquise par cette courte pause quotidienne que je m’autorisais.

Et de temps en temps, je reprenais et relisais trois ou quatre fois le même paragraphe, tellement c’était agréable à mon oreille…

Ces poèmes m’ont touché, m’ont ému… Un beau cadeau que j’exhumerais comme un recueil de pensées.



Extrait :



Désormais la vie,

à mon sens,

lui avait ôté quelque chose de très précieux :

son innocence.

Dans la vie de tous les enfants

vient le moment où ils sentent qu’ils ont perdu leur innocence.

Certains en souffrent plus que d’autres,

et certains la perdent avec plus de souffrances que d’autres.



Bonne lecture !
Lien : https://angelscath.blogspot...
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La pluie de feu

Cette pièce de théâtre en trois actes et une poignée de protagonistes de Silvina Ocampo (coécrite avec Juan José Hernandez) n'est pas ce que l'écrivaine argentine a produit de meilleur.

Adelaida, grande bourgeoise aux airs de diva, Greta Garbo de son quartier, est abandonnée par son deuxième mari et craint de perdre sa maison. Ses domestiques et employés, ainsi qu'un médecin de famille sont ses confidents, conseillers et admirateurs.Silvina Ocampo qui a fait le choix d'une esthétique proche du grotesque propose une satire de la bourgeoisie argentine urbaine mais aussi une critique de l'univers féminin.

L'intérêt de cette intrigue théâtrale, bâtie comme une comédie de boulevard, réside dans la capacité de l'auteur à construire des personnages perclus de faux semblants et vivant dans les apparences, ce qui rend la réalité mouvante, les protagonistes au bord du déséquilibre et les références auxquelles s'accrocher changeantes, tandis que le monde ne semble pas se modifier, perdurant tel qu'en lui-même. Si les masques tombent au fur et à mesure de la pièce, on ne sait plus qui croire, qui ment, qui est victime. C'est plaisant, bien écrit, avec une empreinte poétique sous l'influence claire de son ami Borges.

Le fond du problème de cette classe bourgeoise argentine rivée à ses prérogatives et avantages n'est finalement pas clairement posé : Silvina Ocampo ne dénonce pas entre les lignes le système qui permet cela puisqu'elle appartient à cette même classe et ne souhaite pas renoncer, on peut le comprendre, aux avantages qui découlent de sa propre position sociale.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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Ceux qui aiment, haïssent

Silvina Ocampo et Adolfo Bioy Casares forment un couple marié mais sont surtout des auteurs majeurs argentins, des figures de proue du réalisme magique et des amis de Jorge Luis Borges. En 1946, ils publient en Argentine un roman à 4 mains "Ceux qui aiment, haïssent" un roman policier alors que les deux auteurs sont connus jusque-là pour leurs nouvelles et romans fantastiques.





Un empoisonnement mystérieux, un huis clos avec une petite dizaine de suspects potentiels coincés sur une île et provisoirement isolés du reste du monde par une tempête. Cela vous rappelle probablement Dix petits nègres d'Agatha Christie et il n'y a rien d'étonnant à cela. Nos auteurs jouent délibérément avec les codes des romans policiers classiques, les imitent, les caricaturent. Inutile d'en dévoiler trop mais on retrouvera bon nombre de clichés finement amenés et une galerie de personnages archétypaux : un triangle amoureux, un commissaire débonnaire, un docteur naïf, un médecin légiste alcoolique, un détective présent incognito etc. Plutôt que d'un livre policier pur jus, nous avons affaire à un pastiche, un pastiche de qualité puisque Ocampo et Boy Casarès sont au sommet de leur forme et nous livrent un récit très agréable qui reprend les règles du genre pour mieux les détourner. On passe d’agréables moments à passer en revue les coupables potentiels, échafauder des hypothèses, tenter de deviner le fin mot de l’histoire. On regarde les pages défiler avec plaisir et les auteurs jouer avec toutes les ficelles du genre pour nous offrir de multiples rebondissements. Je suis un peu plus dubitatif sur la fin que j’ai finalement trouvée assez commune par rapport à ce qui la précédait mais arrivé jusque-là, on comprend que cela n’a pas beaucoup d’importance et que le voyage est plus important que la destination.





Cette lecture est très plaisante pour peu qu’on accepte la règle de ce jeu littéraire qui s’appuie sur le détournement des clichés du genre et qu’on n’y cherche pas le réalisme. Le style est fluide, l’ambiance très réussie et on dévore vite le livre. Un roman agréable et recommandable.

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Ceux qui aiment, haïssent

Ce roman policier est l'oeuvre commune de deux auteurs argentins, amis de Borges : Silvina Ocampo et Adolfo Bioy Casares. Borges a d'ailleurs écrit en collaboration avec le dernier "Six problèmes pour don Isidro Parodi".

L'oeuvre est de facture classique, inspirée comme celles d'Agatha Christie, par les précurseurs du polar : Conan Doyle et Maurice Leblanc.

Les auteurs auraient d'ailleurs voulu introduire là toutes les ficelles du genre en une parodie subtile : les protagonistes vivent un véritable huis-clos, bloqués par le blizzard qui sévit dans la station thermale de Bosque del Mar. Un meurtre est commis. Une équipe de fins limiers mènent l'enquête, évidemment les plus à même de représenter l'ordre établi : le narrateur, médecin cultivé et imbu de sa personne, le commissaire de police, amateur passionné de Victor Hugo, un médecin légiste alcoolique et un inspecteur de police présent incognito à la barbe de tous.

Il y a des personnages assez inquiétants, telle qu'une dactylo gouvernante chasseuse de mouches, toujours là aux moments inopportuns ou un enfant taxidermiste.

C'est un moment de lecture agréable qui permet de goûter un style impeccable et limpide, ce qui est la marque d'une bonne traduction.
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Faits divers de la Terre et du Ciel

Les nouvelles de l'auteure argentine Silvina Ocampo (1903-1993), amie de Borges, appartiennent à la veine fantastique. Mais un fantastique très proche de la réalité, qui en décolle les contours et les rend flous, inquiétants, distordus. Quelque chose les amortit et les rend cruelles : une sorte d'indifférence devant un quotidien où tout peut arriver mais où le regard distancié d'autrui nie la qualité tragique de ce qui arrive : les personnages, dépouillés de leur intériorité et de leur irremplaçabilité retombent, après la survenue de l'évènement funeste, comme des poupées de chiffon après la représentation.

Pour illustrer mon ressenti, je donne en exemple l'une des nouvelles (une seule parmi tant d'autres pour ne pas trop en dire) : un goûter d'anniversaire est organisé en l'honneur d'une pré-adolescente victime d'un accident de voiture qui l'a privée de l'usage de ses jambes et de ses deux parents. La petite héroïne, figée dans sa robe d'apparat et encore très fragile, doit supporter, en véritable vierge et martyre, d'épuisantes séances de photos au cours desquelles sa famille ne se prive pas d'évoquer tous les autres accidents automobiles dont elle a connaissance, ainsi que la dose d'abnégation qu'il a fallu pour sauver la chère petite (dons en sang, en argent, en présence...) ; nul ne pense à ouvrir pour elle les cadeaux qu'elle ne peut atteindre seule et l'on se gave de gâteaux et de cidre tandis que la pauvre enfant souriante et stoïque sombre peu à peu dans une fatigue mortelle. Elle rend finalement son dernier soupir, discrètement pour ne pas troubler la fête. L'on n'en finit pas moins à la hâte quelques sucreries qu'on engouffre aussi dans ses poches pour la route, et l'on déplore la bouche pleine que la mort n'ait pas plutôt choisi telle autre petite cousine, moins gracieuse, celle qui est là et vous regarde avec cet air stupide.

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Histoires étranges et fantastiques d'Amérique l..

Un très excellent recueil de nouvelles pour qui veut découvrir ou approfondir ses connaissances en littérature d’Amérique latine, et j’en fais partis, c’est étranges et fantastiques histoires m’ont presque toutes plu. Je note Gabriel Garcia Marquez avec qui j’ai renoué, car je n’avais pas aimé Cent ans de solitude, Horacio Quiroga, Miguel Angel Asturias, Jorge Luis Borge ou encore Mario Vargas Llosa qui me donne envie d’en découvrir plus de ces auteurs. Des grands noms mais d’autres, plus confidentiels dans notre contrée, sont enfin traduits. C’est plein de poésie, c’est tantôt du fantastique, tantôt étrangement réaliste, toutes les nouvelles ont un petit quelque chose qui fait au moins voyager et j’adore ça.

Une belle qualité d’écriture domine dans ce recueil, pour mon plus grand plaisir, même si toutes ne se valent pas, les nouvelles proposent des styles tous différents les uns des autres.

De belles découvertes ou redécouvertes !

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Faits divers de la Terre et du Ciel

Silvina Ocampo est une écrivaine argentine et l'une des figures majeure du courant littéraire du réalisme magique. Soeur de Victoria Ocampo qui fonde la revue littéraire Sur ("Le Sud"), amie de Jorge Luis Borges, elle est au coeur des cercles littéraires latino-américains où elle rencontre d'ailleurs l'écrivain Adolfo Bioy Casares qui deviendra son mari. Ce recueil contient vingt-six de ses nouvelles où s'entremêlent réalité et fantastique.





Le livre commence fort avec "L'imposteur", novella d'une centaine de pages rondement menée par S. Ocampo : le pitch est le suivant : un jeune homme va s'installer pour sa convalescence dans une maison de campagne délabrée, chez le fils d'un ami de la famille qu'on dit dérangé. le récit est très prenant et nous offre une belle chute.

Plus loin dans le recueil on atteint même le sublime avec la courte nouvelle "Leurs ailes" qui nous décrit une classe d'enfants dont les membres se mettent à se ressembler de plus en plus de manière inquiétante... Un bref récit beau et intense !

Le reste de Faits divers de la Terre et du Ciel m'a semblé de qualité variable : oscillant entre des nouvelles très réussies et des autres plus "communes" mais globalement on retrouve des récits de bonne facture.





Les nouvelles de ce recueil ne rivalisent pas avec les meilleures de Jorge Luis Borges (L'Aleph, le Livre de sable) : il y manque peut-être le soupçon de folie et la fascination pour le paradoxe que ne partage pas S. Ocampo. On ne retrouve pas non plus la dose d'humour absurde qu'on peut parfois trouver chez Julio Cortázar (Cronopes et Fameux, Fin d'un jeu). Pour autant cela reste un ouvrage de bon niveau et des textes très agréables à lire.





Un recueil à découvrir pour les amateurs et curieux de ce genre fantastique sud-américain si particulier.
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Histoires étranges et fantastiques d'Amérique l..

Lorsque j’ai choisi de lire ce livre, je voulais connaître davantage les auteurs d’Amérique Latine. L’objectif est rempli. Cependant, je n’ai pas aimé toutes les nouvelles.

Je suis toujours insensible à l’univers de Fuentes et de Borges…Par contre, j’ai découvert des auteurs fabuleux comme Miguel Angel Asturias, Augusto Roa Bastas, Mario Vargas Llosa. J' ai apprécié davantage Gabriel Garcia Marquez. C’est un livre avec une belle brochette d’auteurs dont on connaît certains par leur réputation, et d’autres moins. Aussi, cet ouvrage est une belle découverte. Cependant, une relecture de certaines nouvelles aurait été plus agréable (niveau orthographe) avant de publier le livre. Pour des professionnels, je suis un peu déçue, là où la société blâme parfois des individus qui n’exercent pas dans le milieu littéraire.

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Inventions du souvenir

C'est un petit OLNI, un objet littéraire non identifié. Un poème en prose de 180 pages. Bon d'accord, Silvina Ocampo n'est pas la première à avoir écrit une autobiographie sous cette forme, mais peu d'autres s'y sont risqué.



Le résultat est surprenant, étourdissant de justesse. L'auteure réussit à ressusciter l'expérience de l'enfance que chacun de nous a pu vivre.



Évidemment, tout le monde n'est pas né dans une famille aisée de Buenos Aires. Avec jouissance d'une immense maison - en fait, plusieurs maisons communicantes, en plein cœur de Palermo, avec déménagement à la campagne en été lorsqu'il fait trop chaud, à San Isidro (devenue depuis une des banlieues les plus chics de la capitale) ou à la campagne. Au contraire, Silvina Ocampo arrive à gommer complètement l'influence que cette société bourgeoise, avec ses habitudes, ses manières précieuses et ridicules, pourrait avoir sur une enfant.



La découverte confuse de la sexualité occupe une bonne place dans le dernier tiers du livre, comme pour marquer ce passage de l'enfant à l'adulte, cette perte de l'innocence. Là encore, Silvina Ocampo frappe juste, tout en évitant le scabreux et le convenu.



On s'aperçoit ici que l'enfance se vit un peu de la même façon, indépendamment du milieu où l'on est né. Peurs, désirs, joies simples, audaces, attachements, répulsion, ne sont-ils pas des émotions communes à tous les enfants? On sait que nous ne choisissons pas nos souvenirs. Ici, ils sont simples: la petite musique du râteau qui passe dans le gravier, l'odeur de semoule tiède de la maîtresse de couture. Le temps qui passe, qui nous amène à fabriquer nos propres souvenirs, à les faire évoluer sans cesse, n'est il pas l'élément clé qui nous fait ce que nous sommes?
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La musique de la pluie et autres nouvelles

Six nouvelles ...six petits délices de lectures....

A chaque histoire , un reve , une réflexion , un songe...

J'ai passé un agréable moment avec ce livre prit au hasard chez ma libraire...

Le titre m'a attiré....et ces six récits mon transporté ailleurs et fait du bien..

Je n'en demande pas plus d'un livre...

de passer un bon moment ...de la sérénité...
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