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Adolfo BIOY CASARES (1914-1999) : De "L'invention" métaphysique à une "Invasion" fanta...
Liste créée par dourvach le 11/06/2022
23 livres.

Nouvelliste et romancier également né à Buenos Aires, ce merveilleux conteur, bientôt "vieil ami" et compère de Jorge Luis BORGES (jusqu'au trois ouvrages forgés à quatre mains par ce duo si imaginatif), nous aura rendu plus réelle encore l'irréalité de ce monde, bâti de nos souvenirs et nos fugaces traces illuminant transitoirement l'espace-temps... Une île est un monde : y avoir échoué, un jour, en tant qu'évadé ou naufragé, nous donnera bien l'illusion de la vie. "L'invention de Morel" (sa longue nouvelle ou court roman, bientôt célèbre, de 1940, exactement contemporain du granitique "Il Deserto dei Tartari" de notre cher Dino BUZZATI) est notre boussole mais s'avèrera un leurre éternel... Souvenons-nous aussi de l'étrangeté ce film "Invasion" (dont le fascinant noir-et-blanc, dû à Ricardo Aronovich, est proche des qualités du somptueux "Roma" d'Alfonso Cuarón) d'Hugo Santiago (1969), bâti sur un scénario réunissant les puissants imaginaires d'Adolfo BIOY CASARES, Jorge Luis BORGES et Hugo SANTIAGO... "Flirtant avec les genres policier et fantastique", que nous raconte-t-il ? 1957 à Aquilea, une ville portuaire grise et usée (dont le plan est un assemblage de morceaux de Buenos Aires), où l'on aime le football, boit du maté et chante le tango. Don Porfirio, un vieux monsieur qui vit avec son chat noir Wenceslao N., dirige de fébriles opérations de résistance face à de mystérieux envahisseurs en costumes clairs, qui s'infiltrent dans la ville dans l'indifférence générale. Son but premier est de gagner du temps. Il envoie le groupe de Julián Herrera à la frontière Nord, pour détruire un camion contenant un poste émetteur.

Les résistants, des petits bourgeois mélancoliques, qui n'ont pas peur de la mort, obtiennent quelques succès mais sont tués les uns après les autres. Herrera commence à penser que la lutte est vaine et aspire à une vie normale avec sa fiancée Irene. Il ne sait pas que celle-ci travaille également pour don Porfirio : son équipe, celle du Sud, se prépare à prendre le relais.

« Invasión est la légende d’une ville, imaginaire ou réelle, assiégée par de puissants ennemis et défendue par quelques hommes qui, peut-être, ne sont pas des héros. Ils lutteront jusqu’à la fin, sans se douter que leur bataille est infinie. » [Jorge Luis Borges]

"Invasión" fut présenté dans plusieurs festivals internationaux : Quinzaine des Réalisateurs du Festival de Cannes 1969, Festivals de Locarno, Festival de Karlovy Vary... Il est acclamé par la critique, obtient 22 prix dont en Argentine le Condor d'argent du meilleur scénario, mais est boudé par le public.

En 1978, pendant la dictature argentine, huit bobines du négatif original sont volées à Buenos Aires. En 1999, Hugo Santiago et Ricardo Aronovich reconstruisent l’original à Paris.

En 2002, le film devenu culte ressort en Argentine (où Hugo Santiago fait l'objet d'une rétrospective lors du BAFICI), en France (où il est à l'honneur au Festival Biarritz Amérique latine), et aux États-Unis (où il est diffusé au MoMA). En 2008, le Musée d'Art latino-américain de Buenos Aires édite un double DVD du film en espagnol, français et anglais.

Interprétation

Ce film conceptuel mêlant les genres, à l'esthétique élégante inspirée du film noir, au montage musical et au climat sonore inquiétant, a donné lieu à de nombreuses interprétations : quelle est cette invisible menace, qui sont ces mystérieux envahisseurs ?

L'indication initiale, « Aquilea 1959 », brouille les pistes : "Invasión" est un témoignage sans référent. Mais dès sa sortie, le film n’a cessé de se charger de sens, de déborder sur l’Histoire de l'Argentine. Beaucoup y ont vu une allégorie politique contre la menace fasciste ou impérialiste, trouvant des échos dans le Cordobazo et la lutte des Montoneros contre la dictature de Juan Carlos Onganía, voire dans la dictature militaire à venir.

De façon plus générale, le film évoque aussi la peur de l'étranger, de la nouveauté, de la modernité, de la perte des valeurs, de la dépersonnalisation. « Le sujet de ce film est le temps, quand il n’est plus l’Histoire. » [Alain Touraine, juillet 1969] (Source exclusive : article "Invasion" de l'encyclopédie en ligne WIKIPEDIA).

C'est que... cette bonne Ciudad/Ciutadella d'Aquilea vaut bien la forteresse de Bastiani attendant ses envahisseurs fantômes... "Le Désert des Tartares" buzzatien a su germer, lui aussi, en Argentine...

[Cliché : portrait d'Adolfo BIOY CASARES pris en 1940]



1. L'invention de Morel
Adolfo Bioy Casares
3.79★ (1259)

"La invención de Morel" / "L'Invention de Morel" [longue nouvelle/ court roman], 1940 — traduit de l'espagnol (Argentine) par Armand Pierhal pour les éditions Robert Laffont (Paris), 1973 ; réédité aux éditions 10-18 (Paris), coll. "domaine étranger", 124 pages, 1990. /// ARGUMENT : "Un homme en fuite trouve refuge sur une île déserte. Un lieu étrange, dominé par une villa immense et somptueuse dont les sous-sols recèlent une machinerie aux fonctions incompréhensibles. L'île, pourtant, n'est pas si déserte qu'elle l'a semblé de prime abord. Des estivants, réunis sur place par un certain Morel, s'engagent dans une fête languide dont le rituel paraît se reproduire à l'infini. Préfacé par Jorge Luis BORGES, "L'invention de Morel" [1940] est un petit chef d'oeuvre d'une originalité inaltérable." /// "Le sujet de ce roman que Borges, dans sa préface, estimait être l'un des plus ingénieux des lettres modernes, demeure toujours d'une originalité hors pair. Dans une île déserte, un justiciable en fuite découvre des choses fantastiques. Répétées à l'infini, les images des anciens habitants de l'île parcourent le paysage, figées dans un discours éternel. L'amour du fugitif envers un des mystérieux personnages le conduira à découvrir Morel et sa machine infernale, puis à intégrer son monde. Un roman qu'il ne faut pas se contenter de ne lire qu'une fois, un petit chef-d'oeuvre. "
2. Six problèmes pour don Isidro Parodi
Jorge Luis Borges
3.44★ (141)

"Six problèmes pour don Isidro Parodi" de Jorge Luis BORGES et Adolfo BIOY CASARES [roman policier], 1942 — traduit de l'espagnol (Argentine) par Françoise-Marie Rosset, avec une préface de Gervasio Montenegro pour les éditions Christian Bourgois, 1975 ; rééd. éditions 10/18 (Paris), coll. "grands détectives", 183 pages, 2008 ; rééd. éditions Robert Laffont (Paris), coll. "Pavillons poche", 2017. /// ARGUMENT : " Isidro Parodi, le détective chargé de résoudre les six énigmes policières qui lui sont proposées, est lui-même en prison depuis plusieurs années. Cette solitude, cette absence au monde, renforcent en lui une clairvoyance, une sagesse retorse, une concentration qui lui permettent de débrouiller les fils enchevêtrés des affaires les plus impénétrables. Six visiteurs viennent ainsi l'un après l'autre lui exposer le mystère qui les tracasse, et, chaque fois, Parodi formulera un éblouissant diagnostic. Bonne occasion pour Borges et Bioy Casares de faire défiler devant nous une incroyable galerie de personnages prélevés dans tous les milieux argentins." /// "Isidro Parodi est un ex-coiffeur qui moisit depuis vingt ans dans une prison de Buenos Aires. Sa solitude et son enfermement, qui ont bizarrement renforcé sa clairvoyance, lui permettent d'élucider les affaires les plus ténébreuses. Six visiteurs viennent l'un après l'autre lui exposer, dans des récits sans queue ni tête, le mystère qui les tracasse et, chaque fois, Parodi formule un éblouissant diagnostic et indique la juste solution. Clin d'oeil de deux gentlemen sud-américains aux chefs-d'oeuvre de la littérature policière britannique, satire virulente de l'Argentine des années 1940, ce livre est une désopilante apologie du raisonnement par l'absurde."
3. Nouvelles fantastiques
Adolfo Bioy Casares
3.03★ (38)

"Historias fantásticas" / "Nouvelles fantastiques" [recueil de nouvelles] 1945 — traduit de l'espagnol (Argentine) par Françoise-Marie Rosset pour les éditions Robert Laffont, coll. "Pavillons", pages, 1992 . /// ARGUMENT : "Un recueil qui révèle le talent d'Adolfo Bioy Casares à imaginer la réalité invisible se cachant dans les interstices de la vie quotidienne. Dans le sillage de son chef-d'œuvre "L'Invention de Morel", Adolfo Bioy Casares nous offre ici un recueil d'onze nouvelles ayant toutes comme trait commun l'élément fantastique. Que ce soit dans un domaine perdu au fin fond de l'Argentine, dans un club sportif de Buenos Aires, sur un bateau de croisière, dans un hôtel suisse ou un bistrot africain, sous les éclairages les plus divers – romanesque, angoissant, tragi-comique ou baroque –, on retrouve dans chacune d'elles " Monsieur Tout-le-Monde " aux prises avec des événements insolites. Si Adolfo Bioy Casares nous mène à la lisière imprécise et mouvante qui sépare le connu de l'inconnu, son imagination part toujours d'une réalité vivante et quotidienne. L'ironie et la satire sont présentes à chaque page – sans jamais exclure la chaleur ni la tendresse humaines. C'est cette balance délicate qui marque toute l'œuvre de Bioy Casares, et que son ami, le grand écrivain Jorge Luis Borges, a caractérisé en disant que " si son invention est fantastique, elle n'a rien d'impossible ". "
4. Plan d'évasion
Adolfo Bioy Casares
3.88★ (62)

"Plan de evasión" / "Plan d'évasion" [roman],1945 — Prix du Meilleur Livre étranger, 1979 — traduit de l'espagnol (Argentine) par Françoise-Marie Rosset pour les éditions Christian Bourgois/10-18 (Paris), coll. "domaine étranger", 198 pages, 1994. /// ARGUMENT : "L'étrange pénitencier où débarque un jour le héros de ce livre, Henri, a beau porter le nom de Cayenne, il n'en apparaît pas moins comme le symbole d'un étrange purgatoire confinant à un Enfer tout aussi mystérieux. Pourquoi Henri a-t-il abouti ici ? Pourquoi a-t-il quitté la femme qu'il aime ? L'existence d'Henri au pénitencier n'est-elle que l'image de son existence ? Et Castel, tout-puissant directeur de cette île au Diable, ne serait-il qu'un aspect de la raison démente qui régit le monde ? " Avec "Plan d'Evasion", a dit un critique, Bioy Casares poursuit le projet déjà décelé par Borges dans "L'Invention de Morel" : celui d'écrire une fiction inépuisable, la fable exemplaire où chacun trouve son propre reflet, le livre qui soit tout à tous."
5. Ceux qui aiment, haïssent
Silvina Ocampo
3.45★ (49)

"Los que aman, odian " / "Ceux qui aiment, haïssent" [roman policier] de Silvina OCAMPO et Adolfo BIOY CASARES, 1946 — traduit de l'espagnol (Argentine) par André Gabastou pour les éditions Christian Bourgois (Paris), coll. "Du monde entier", 148 pages, 1989 ; rééd. idem, 173 pages, 1998. /// ARGUMENT : "Un hôtel au bord de la mer, une tempête effrayante, un crime, quelques personnages isolés qui s'épient, s'aiment et se haïssent... Impression de déjà vu ? Si par souci d'efficacité narrative, les romans policiers se démarquent de ceux qui les précèdent, Silvina Ocampo, et Adolfo Bioy Casares prennent ici le parti contraire : les citer, pire les singer. Dès lors, la véritable héroïne de "Bosque del Mar", c'est la littérature qui éprouve ses pouvoirs. Cependant, comme dans les meilleures anthologies, veille le trublion, c'est-à-dire l'oublié et son lourd silence. (André Gabastou) "
6. Le songe des héros
Adolfo Bioy Casares
4.00★ (58)

"El sueño de los Héroes" / "Le Songe des héros" [roman], 1954 — traduit de l'espagnol (Argentine) par Georgette Camille pour les éditions Christian Bourgois/10-18 (Paris), coll. "domaine étranger", 218 pages, 1991. /// ARGUMENT : "A la fin des trois jours et des trois nuits du Carnaval de 1927, la vie d'Emilio Ganna atteignit son premier et mystérieux paroxysme. Ce qu'il entrevit alors constitua pour lui une sorte d'expérience magique obtenue et perdue au cours d'une prodigieuse aventure..." De ce paroxysme et de cette expérience on ne dira rien, pour laisser au lecteur le plaisir des péripéties, des menaces et des doutes que ce roman comporte. Rien, sinon qu'on y voit des garçons et des filles un peu perdus dans les Faubourgs de Buenos Aires et qui marchent longuement entre l'amitié et l'amour. Et comment le bonheur d'une vie simple peut se trouver ruiné par la puissance d'un souvenir. Avec "L'invention de Morel", ce "Songe des héros" est l'autre chef-d'œuvre de Bioy Casarès."
7. Cuentos breves y extraordinarios
Jorge Luis Borges
"Cuentos breves y extraordinarios (Antología)" [anthologie de contes et nouvelles] de Jorge Luis BORGES et Adolfo BIOY CASARES, Editorial Raigal (Buenos Aires), 211 págs, 1955 ; rééd. Ed. Losada, 160 págs. /// CONTENIDO : "Comprender la esencia de lo narrativo constituye el propósito primordial de esta excelente y singularísima antología. Los textos más variados, de distintas épocas y lugares y autores diversos -desde Chuang Tzu y Las mil y una noches hasta Max Jacob y Martín Búber, así como Plutarco, Diderot, Kafka, O. Henry, Paul Valéry y Alfonso Reyes, entre muchos otros, incluso algunos de improbable existencia, se dan cita en estas páginas que, sin duda, deleitarán con su sutil encanto y su doble escritura incluso al lector más desprevenido. Y seguramente, éste llegará a compartir el juicio de Borges y Bioy Casares : `Lo esencial de lo narrativo está, nos atrevemos a pensar, en estas piezas, lo demás es episodio ilustrativo, análisis psicológico, feliz o inoportuno adorno verbal`."
8. Quelques jours au Brésil
Adolfo Bioy Casares
2.50★ (5)

"Quelques jours au Brésil" [carnet de notes / journal de voyage], 1960 — traduit de l'espagnol (Argentine) par Michel Lafon pour les éditions Christian Bourgois (Paris), 88 pages, 2012. /// ARGUMENT : "En juillet 1960, Adolfo Bioy Casares est invité pour une semaine à un congrès d'écrivains au Brésil, sous les auspices du Pen Club. C'est à cette occasion que naît ce journal de voyage où cohabitent les présences littéraires (Alberto Moravia, Elsa Morante, Roger Caillois, Graham Greene...), les fantômes amoureux, les minuties du quotidien et la visite d'une Brasilia en construction. Ce petit livre rare est l'occasion de retrouver Bioy Casares dans la force de l'âge."
9. Chroniques de Bustos Domecq
Jorge Luis Borges
4.10★ (133)

"Cronicas de Bustos Domecq"/ "Chroniques de Bustos Domecq" de Jorge Luis BORGES et Adolfo BIOY CASARES ["chroniques" d'écrivain imaginaire], 1967 — traduit de l'espagnol (Argentine) par Françoise-Marie Rosset pour les éditions Robert Laffont (Paris), coll. "Romans traduits", 154 pages, 1980 ; rééd. 2011. /// ARGUMENT : "Une fantaisie à quatre mains. Mais quelle fantaisie ! Et quels partenaires pour l'exécuter ! Amis, compères et complices, Borges et Bloy Casares ont joué une bien jolie comédie à leurs fidèles lecteurs en inventant l'auteur Bustos Domecq. Ils lui prêtent leurs écritures croisées pour mettre en abyme, à travers scènes carnavalesques et funambulesques portraits de funambulesques personnages, les phénomènes littéraires et artistiques de l'Argentine où ils vivaient. Sous l'absurde, les excès et l'humour déchaîné, la satire vraie n'est pas loin... Parce qu'ils ont publié leur œuvre commune sous pseudonyme, elle n'a pas toujours été prise au sérieux. Pourtant, Borges et Bloy Casarès démontrent ici que l'ironie et la parodie figurent parmi les formes les plus cruelles de la critique."
10. Journal de la guerre au cochon
Adolfo Bioy Casares
4.03★ (138)

"Diario de la guerra del cerdo" / "Journal de la guerre au cochon" [roman], 1969 — traduit de l'espagnol (Argentine) par Françoise-Marie Rosset pour les éditions LGF/Le livre de poche (Paris), coll. "Biblio", 218 pages, 1986. /// ARGUMENT : " J'ai imaginé le thème de ce roman comme une chasse : des jeunes gens agiles traquaient de pauvres vieillards alourdis et vulnérables. Au commencement, dans mon esprit, c'était comme un ballet, comme une série de situations qui pourraient être d'un film comique américain des armées vingt. Avec l'amour, somme toute vraisemblable, d'une jeune fille pour un homme mûr, avec la loyauté, incertaine, des fils pour leur père, est apparu ensuite l'essentiel de l'histoire. "
11. Mémoire sur la pampa et les gauchos
Adolfo Bioy Casares
4.00★ (3)

"Memoria sobre la pampa y los gauchos" / "Mémoire sur la pampa et les gauchos" [chroniques] 1970 — traduit de l'espagnol (Argentine) par Julia Azaretto et Paul Lequesne pour les éditions Héros-Limite (Genève), 80 pages, 2019. /// ARGUMENT : "Memoria sobre la pampa y los gauchos" a été écrit en 1970 au retour d’un séjour en France. Casares y entreprend une enquête fondée sur son vécu, notamment lorsqu’il se rendait à Rincón viejo, la propriété familiale sise à Pardo, dans la province de Buenos Aires. Adolfo Bioy Casares a en effet été fortement imprégné des scènes de la vie des gauchos argentins durant son enfance dans l’estancia familiale. Avec ce livre, fidèle à son souci d’érudition et à sa manière propre d’user de l’interprétation, l’auteur de "L’invention de Morel" se met à rêver à la vie du gaucho que ni lui ni Jorge Luis Borges, n’auront réellement vécue. Bioy Casares réfléchit ici à la figure du Martín Fierro (nous avons publié l’essai de Jorge Luis Borges en 2012) et ce qu’elle représente dans la littérature mais aussi dans la société argentine du XXe siècle. La construction du récit est parfaite. Le gaucho y acquiert un statut mythique : sorte de chevalier moderne, archétype de Don Quichotte. Chansons d’une autre époque, personnages de films, photographies, poèmes de l’une des traditions littéraires nationales ; l’ensemble devient une petite une somme de documents, de sources et de pièces à conviction qui contribuent à la légende argentine de la pampa. L’érudit et faiseur d’histoires Casares joue avec élégance sur l’imagerie, entre mémoire et imaginaire. Des photographies en noir et blanc, petites pépites classées par ordre chronologique, jalonnent le texte. Les histoires et chansons de "payador" qui s’y succèdent sont brèves, enchantées. C’est en réalité une vision moderne des chanteurs illettrés du Moyen Âge qui s’en dégage de manière spontanée et improvisée."
12. Nouveaux contes de Bustos Domecq
Jorge Luis Borges
3.68★ (64)

"Nuevos cuentos de Bustos Domecq"/ "Nouveaux contes de Bustos Domecq" de Jorge Luis BORGES et Adolfo BIOY CASARES [nouvelles chroniques d'écrivain imaginaire], 1972 — traduit de l'espagnol (Argentine) par Édouard Jimenez pour les éditions du Seuil (Paris), coll. "Points romans", 202 pages, 1992. /// ARGUMENT : " Bustos Domecq écrit comme un journaliste littéraire, usant et abusant de néologismes, de latin de cuisine, de clichés, de métaphores incohérentes, d'illogismes, de grandiloquence. L'auteur et ses personnages sont tous des imbéciles, et il est difficile de dire qui est la dupe de qui. " (Jorge Luis Borges)
13. Dormir au soleil
Adolfo Bioy Casares
3.57★ (65)

"Dormir al Sol" / "Dormir au soleil" [roman], 1973 — traduit de l'espagnol (Argentine) par Françoise-Marie Rosset pour les éditions Gallimard (Paris), coll. "folio", 298 pages, 1992. /// ARGUMENT : " Bordenave, employé de banque congédié à la suite d'une grève malencontreuse, est devenu horloger. Il mène une existence paisible dans sa maison du quartier populaire de Buenos Aires. Soudain, et pour des raisons inconnues, sa femme Diana est enfermée dans une clinique psychiatrique. Dès lors, la vie de l'horloger, faite de conventions, va être bouleversée par une série de péripéties bizarres et inquiétantes, entre autres l'intervention de sa belle-sœur, des entretiens avec le fascinant Reger Samaniego, directeur de la clinique, et l'apparition d'une chienne qui curieusement s'appelle Diana comme sa femme. Enfin, le comportement, de la vraie Diana, sortie de clinique, lui fait prendre conscience, petit à petit qu'autour de lui se produisent d'étranges transferts et des mutations d'âmes et de corps... "Dormir au soleil" s'inscrit dans le cadre de ces imaginations pour ainsi dire " frontalières ", à cheval sur le rêve et la réalité, dont cet auteur a construit un royaume très singulier et qui lui ont valu d'être, avec Borges, l'écrivain le plus marquant de la littérature sud-américaine d'aujourd'hui."
14. Un photographe à La Plata
Adolfo Bioy Casares
3.30★ (36)

"La aventura de un fotógrafo en La Plata" / Un photographe à La Plata" [roman], 1985 — traduit de l'espagnol (Argentine) par María Inés Pavesi et André Gabastou pour les éditions Christian Bourgois (Paris), 219 pages, 1991. /// ARGUMENT : "Aussitôt arrivé à La Plata où il doit honorer son premier contrat, le jeune photographe Nicolas Almanza est assailli par une étrange famille. Le père Lombardo et ses deux filles. Pièges divers, coups de cœur et surprises bousculent le séjour du néophyte venu de " l'intérieur des terres ". Ce divertissement d'Adolfo Bioy Casares guette une Argentine oubliée, provinciale et bavarde qu'il découpe, comme le Kaléidoscope offert au héros à son départ, en une multitude d'instantanés. Tout en se jouant avec brio de ses propres ressorts narratifs (fantastiques ou policiers entre autres), le roman rend un hommage souriant et nostalgique à une sorte d'innocence enfuie."
15. Un champion fragile
Adolfo Bioy Casares
3.46★ (34)

"Un campeón desparejo" / "Un champion fragile" [roman], 1993 — traduit de l'espagnol (Argentine) par Eduardo Jimenez pour les éditions Robert Laffont, coll. "Pavillons", 120 pages, 1995. /// ARGUMENT : "En dépit de son célèbre prénom (celui du boxeur argentin Firpo), Luis Angel Morales est plutôt timide et réservé - une espèce d'antihéros. Chauffeur de taxi, il parcourt les rues de Buenos Aires en quête d'un amour de jeunesse évanoui ; quant à ses clients respectables — médecin, souteneur ou fille de joie — , ils l'entraînent, bien malgré lui, dans des aventures à l'issue incertaine, où il lui faut presque toujours jouer des poings avec une soudaine force herculéenne. Un jour, enfin, il retrouve la trace de la femme aimée, sa chère Valentina... Dans un style volontairement épuré, et avec un humour un brin amer, Adolfo Bioy Casares se plaît à lancer le lecteur sur de fausses pistes; le récit oscille entre le fantastique et la peinture d'un univers urbain impitoyable sous la banalité du quotidien, un monde où l'individu mesure son impuissance devant la solitude, la vaine poursuite des rêves brisés et la fuite inéluctable du temps."
16. Romans
Adolfo Bioy Casares
4.50★ (35)

"Romans" [compilation de romans], ouvrage réalisé sous la direction de Michel Lafon avec les traductions de Françoise-Marie Rosset, Armand Pierhal, Georgette Camille, André Gabastou, Eduardo Jiménez, Maria Inés Pavesi, Michel Lafon, éditions Robert Laffont (Paris), coll. "Ailleurs et Demain", 2001. /// Ce volume réunit les 8 romans suivants : "La invención de Morel" / "L'invention de Morel" (1940) ; "Plan de evasión"/ "Plan d'évasion" (1945) ; "El sueño de los Héroes" / "Le songe des héros" (1954) ; "Diario de la guerra del cerdo" / "Journal de la guerre au cochon" (1969) ; "Dormir al Sol" / "Dormir au soleil" (1973) ; "La aventura de un fotógrafo en La Plata" / "Un photographe à La Plata" (1985) ; "Un campeón desparejo" / "Un champion fragile" (1993) ; "Otro Mundo" / "Un autre monde" (1998).
17. Des choses merveilleuses
Adolfo Bioy Casares
"De las cosas maravillosas" / "Des choses merveilleuses" [essais et chroniques] 1999 — traduit de l'espagnol (Argentine) par Julia Azaretto et Paul Lequesne pour les éditions Héros-Limite (Genève), 80 pages, 2021. /// ARGUMENT : "Dernier ouvrage d’Adolfo Bioy Casares, publié peu de temps avant sa mort en mars 1999, "Des choses merveilleuses" regroupe des essais très personnels où l’auteur argentin aborde sur le ton de la confidence quelques-uns de ses sujets de prédilection : l’amour et les femmes, les voyages et les livres, la correspondance, sa passion pour la littérature italienne, l’humour. Dans un style fluide et très plaisant, Bioy Casares livre réflexions et souvenirs intimes à propos de thèmes connus ou d’expériences vécues par la plupart d’entre nous, nourrissant son propos d’exemples qui apparaissent autant de sujets de nouvelles ou de romans encore à écrire. Cet opus qui pétille d’intelligence et de saine ironie offre au lecteur l’occasion d’entrer dans une sorte de commerce littéraire avec l’auteur de L’Invention de Morel. À la fois gais et anecdotiques, ces délectables et menus récits nous offrent quelques belles « fantaisies », au sens musical du terme, d’un des plus grands auteurs argentins du XXe siècle."
18. Nouvelles d'amour
Adolfo Bioy Casares
2.50★ (13)

"Nouvelles d'amour" [recueil de nouvelles], 1971 ; rééd. aux éditions Robert Laffont (Paris), coll. "Pavillons poche", 304 pages, 2019. /// ARGUMENT : "Pourquoi ceux qui écrivent des livres ont-ils honte de l'amour ? Vous au moins prenez l'amour au sérieux." Ainsi Adolfo Bioy Casares se juge-t-il lui-même, pour peu qu'on l'identifie à son narrateur. Et l'on découvre en effet avec plaisir, au long de ce recueil de quatorze nouvelles, tout l'intérêt que celui que l'on considère comme l'un des maîtres de la littérature latino-américaine depuis son chef-d'oeuvre "L'invention de Morel", porte à l'amour : insaisissable, on doit parfois se résoudre à l'accepter tel qu'il est pour le conserver. Si on le dénigre, s'imaginant qu'il est éternel, il peut nous filer entre les doigts. Plus fort que tout, il peut se révéler dangereux pour ceux qui gravitent autour de lui. Surtout lorsqu'il naît à l'ombre d'une dictature. Mais, dans son extraordinaire pureté, il se suffit de peu. Publié en 1971, inédit en poche, ce recueil au ton délicieusement ironique ramène le lecteur au quotidien amoureux, et l'élève également aux histoires les plus sublimes. Car l'auteur observe l'amour tel qu'il est : parfois décevant, il peut aussi être grandiose."
19. Une poupée russe
Adolfo Bioy Casares
3.62★ (17)

"Une poupée russe" [recueil de nouvelles], éditions Robert Laffont (Paris), 142 pages, 1991. /// ARGUMENT : "Neuf nouvelles d’un des plus grands auteurs de la littérature sud-américaine, qui fut l'ami de Borges, et une référence pour Julio Cortazar. Dans « Une poupée russe », le narrateur qui souffre de douleurs à la colonne vertébrale se rend aux thermes d'Aix les Bains où il y rencontre une connaissance, Maceira. Celui-ci lui raconte comment, par quel ricochet amoureux, il est devenu propriétaire de l’hôtel où notre narrateur loge. « Caton » raconte comment un acteur, en période de dictature, interprétant un rôle de rebelle sur une scène peut être instrumentalisé par l’opposition mais comment aussi, après le renversement du pouvoir, rejouant le même pièce, il peut cette fois servir les intérêts du précédent gouvernement autoritaire. « Sous l’eau » montre les limites de l’amour. Un narrateur là aussi n'acceptera pas de subir des transformations radicales afin de suivre son aimée sous l’eau où elle a choisi de vivre. « Margarita ou les pouvoirs de la pharmacopée » narre l’histoire d'un chimiste réputé qui va inventer un fortifiant pour sa petite fille malingre et les conséquences néfastes qu’il produira sur la parentèle de la gamine."
20. Le héros des femmes
Adolfo Bioy Casares
3.30★ (25)

"Le héros des femmes" [recueil de nouvelles], traduit de l'espagnol (Argentine) par ... pour les éditions du Seuil (Paris), coll. "Points nouvelles, 239 pages, 1992. /// ARGUMENT : "Quel est cet étrange docteur qui parcourt le delta du Parana et invite les co-voyageurs à franchir les limites de l’espace et du temps ? Eladio a-t-il inventé la machine à transmettre la pensée par-delà la mort ? Le jeune Luisito a-t-il échappé à son assassin parce qu’une fée l’a fait dormir trois jours et trois nuits ? Est-ce vraiment un tigre qui a enlevé la belle Laura en la tenant par la taille ? Les personnages des contes d’Adolfo Bioy Casares vivent dans des univers fantastiques, à mi-chemin du rêve et de la réalité, où ils se trouvent confrontés à une menace, parfois précise, parfois diffuse, parfois confinant à l’absurde. Cette ambiance insolite débouche souvent sur l’humour : ainsi lorsque des contrebandiers se servent de la quatrième dimension ou lorsqu’un homme désireux d’échapper à une femme ne se soumet à l’hibernation que pour mieux retrouver, un siècle plus tard, celle qui a fait son malheur. Dans ces onze nouvelles au style épuré, Bioy Casares manie avec adresse un mélange savant d’imagination et d’ironie au service d’anecdotes presque transparentes dans leur déroulement, mais aux implications troublantes et parfois dévastatrices."
21. La trame céleste
Adolfo Bioy Casares
3.89★ (39)

"La trame céleste" [recueil de nouvelles] — traduit de l'espagnol (Argentine) par Édouard Jimenez pour les éditions LGF/Le livre de poche (Paris), coll. "Biblio", 218 pages, 2001. /// ARGUMENT : "Un écrivain jaloux hanté par le souvenir d'un amour perdu, une enquête sur un mystérieux manuscrit hongrois, l'amnésie soudaine d'un certain capitaine Morris, les curieux pouvoirs d'une statuette sur les hommes. Le lecteur retrouvera dans les nouvelles de ce recueil les thèmes et les personnages chers à Bioy Casares, des individus pris au piège d'une réalité banale mais vaguement inquiétante qui bascule lentement, comme si de rien n'était, vers le fantastique. En fin orfèvre, Bioy Casares ne livre jamais entièrement la clé de l'énigme : au lecteur de déchiffrer, à ses risques et périls, la trame cachée du réel."
22. Nouvelles démesurées
Adolfo Bioy Casares
3.62★ (72)

"Nouvelles démesurées" [recueil de nouvelles], traduit de l'espagnol (Argentine) par Eduardo Jimenez pour les éditions Robert Laffont (Paris), coll. "Pavillons poche", 210 pages, 2022. /// ARGUMENT : "La mort, les amours finissantes ou impossibles, la vie désenchantée, la lucidité poussant au suicide, l'homme confronté à un monde nouveau qui le désarme, les vraies illusions et les fausses réalités : autant de thèmes graves, essentiels, que la magie de l'écriture d'Adolfo Bioy Casares parvient à empreindre de légèreté et de grâce dans les dix récits qui composent ces Nouvelles démesurées (1986). Une fois de plus s'affirme ici la maîtrise de l'écrivain argentin. Adolfo Bioy Casares (1914-1999), qui fut l'ami intime de Jorge Luis Borges, est devenu aujourd'hui l'un des grands classiques du fantastique. Mais un fantastique qui se mêlerait insidieusement au quotidien, où il ferait régner une singulière ambiguïté, un sentiment de dédoublement et d'étrangeté. Et, ce qui reste suprêmement attachant, un constant équilibre entre humour et dérision en contrepoint d'une réflexion désabusée sur la condition humaine."
23. I dodici segni dello zodiaco
Jorge Luis Borges
3.50★ (1)

"I dodici segni dello zodiaco" [recueil de nouvelles] de Jorge Luis BORGES et Adolfo BIOY CASARES — traduit de l'espagnol (Argentine) en italien pour les Edizioni Studio Tesi (Roma), 1993.
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