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Citations de Sophie Nauleau (41)


Sophie Nauleau
J’ai vu une enfance violentée rêver devant un amandier en fleurs.
J’ai vu un homme emprisonné retrouver souffle à la lecture d’un poème.
J’ai vu le ciel déverser des tonnes d’azur sur nos morts.
J’ai vu la neige brûler moins que les larmes.
J’ai vu le soleil consoler un coquelicot, et réciproquement.
J’ai vu un arc-en-ciel en cavale sous l’orage.
J’ai vu un ange noir chanter sous les étoiles.
Et je n’ai trouvé qu’un mot pour dire cela qui transcende le chaos, l’éphémère et la joie mêlés de nos vies : LA BEAUTÉ.
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VERS D'EXIL de Paul CLAUDEL

Paul, il nous faut partir pour un départ plus beau!
Pour la dernière fois, acceptant leur étreinte,
J'ai des parents pleurants baisé la face sainte.
Maintenant je suis seul sous un soleil nouveau.

Tant de mer, que le vent lugubre la ravage,
Ou quand tout au long du long jour l'immensité
S'ouvre au navigateur avec solennité,
Traversée, et ces feux qu'on voit sur le rivage,

Tant d'attente et d'ennui, tant d'heures harassées,
L'entrée au matin au port d'or, les hommes nus,
L'odeur des fleurs, le goût des fruits inconnus,
Tant d'étoiles et tant de terres dépassées,

Ici cet autre bout du monde blanc et puis
Rien!- de ce cœur n'ont réfréné l'essor farouche.
Cheval, on t'a en vain mis le mors dans la bouche.
Il faut fuir! Voici l'astre au ciel couleur de buis.

Voici l'heure brûlante et la nuit ennuyeuse!
Voici le Pas, voici l'arrêt et le suspens.
Saisi d'horreur, voici que de nouveau j'entends
L'inexorable appel de la voix merveilleuse.

L'espace qui reste à franchir n'est point la mer.
Nulle route n'est le chemin qu'il me faut suivre;
Rien, retour, ne m'accueille, ou, départ, me délivre.
Ce lendemain n'est pas du jour qui fut hier.
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COÏNCIDENCE

Les seins à la proue de la lumière,
les lignes du nu épousant l’imaginaire
et ses galbes modelés par les générations,
les cimes immaculées crevant nos ciels intimes,
la grâce d’un geste quand il témoigne
de la fragilité du vivant s’élevant
au-dessus de son propre néant,
voilà pour nous laisser croire que toute beauté
est naturelle et comme donnée.

Pourtant, même reconnue
dans la fougue d’un torrent ou la mer
étirant son éternité sous la caresse du vent,
elle ne l’est pas plus qu’elle n’est,
sur la toile, le fruit des cogitations du peintre,
qui sait juste comme on fait danser les couleurs.

La beauté n’est peut-être
que le désir exaucé d’entrer dans le tableau
par la grâce de sentiers devinés
dans nos arrière-pays,
une superposition improbable,
du dedans et du dehors,
la coïncidence d’une attente secrète
et d’une rencontre de hasard.

Ainsi nos harmoniques intérieurs
trouvent-ils dans le monde l’accord
avec les notes qui leur correspondent.
Ainsi le réel, le terrible réel,
les mots soudain le font-ils chanter
tandis que la métaphore chez chacun
enracine le verbe dans le corps.

Michel BAGLIN
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L’OR DU FORSYTHIA

Il faudra bien revenir un jour
quand la force de nos bras
aura chu dans les seaux
quand nos jambes seront de laine
et le sol plus mouvant que les eaux
quand l’oreille bourdonnera
comme un nid de frelons
frappé par l’orage et que l’oeil
cherchera l’aube en plein midi
il faudra revenir ici calmement
et s’asseoir au milieu de soi
pour voir le monde alentour
comme l’or du forsythia

Guy GOFFETTE
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Le magma poétique croît donc avec les siècles. J’ignore s’il est en fusion ou bien se cristallise. Mais je sais que la poésie est un volcan qui jamais ne s’éteint.
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JUSTE ÉVEILLÉ
(Extrait)

J’ouvre un cahier et j’entre avec toi. Avec nous. Ce qui me blesse me suit comme une ombre claire. Mon corps traverse la conscience du papier, emmuré de fatigue et de pensées étroites. Je ne sais pas où je vais. Ce nous esquissé mot à mot dans des phrases qui se déplient comme de longues averses devance tous nos désirs. Du silence devance nos désirs. Du silence déferle et nous comble.

Je t’offre ce bouquet lumineux pour te dire que ta place est ici. Que cet inutile dont le monde voudrait se débarrasser, ces longues étendues de patience et d’attente sans objet, ce vide et cette paix de la vacuité corail dorment au coeur du monde en attente de notre passage, de notre venue.

Car écrire c’est rester assis ici dans le lieu étrange d’une rencontre dont nous ne décidons rien à part notre juste présence. J’ouvre un cahier et j’ouvre les mains en fait. Mon souffle. Mon regard du dedans. Je m’ouvre avec toi si tu l’acceptes. La beauté n’existe pas. C’est juste un tremblement, du vent sur l’herbe endormie. Un mouvement caché. C’est bien ici, l’éveil, un livre de racines qu’on brûle de son vivant, les yeux ouverts.

Dominique SAMPIERO
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La poésie réclame l’interaction. Elle est avide d’échanges, d’échos et de partages. Sans l’autre pour entrebâiller les pages et ranimer le souffle, nulle résonance.
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Contrairement au vin, l'ardeur poétique résiste aux siècles.
Elle n'en finit jamais de résonner.Elle gronde en sourdine. Elle feule en solitaire. Elle sommeille en douce. Elle guette son heure- sereine en sa forêt de longue attente.
La poésie est comme le lait sur le feu.
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Le brouillard qui est l'âme inquiète des rivières
s'est mis en marche vers l'hiver.
Quel savoir s'est perdu à la lisière du réveil ?
Les saules se ramassent l'échine basse : chats guettant
des taupes de fumée.(...)

Tant de choses nous sont cachées de la splendeur
du monde
derrière des rideaux de bruine et de buée
que l'on devine en cette énigme
l'âme même de la beauté.

Marc Alyn
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Que l'on se nomme Blaise Cendrars ou Benjamin Fondane, Charlotte Delbo ou Sylvie Brès, Sylvia Plath ou Juan Gelman...tous ont osé. et la frappe, la vitalité de l'écriture, le prodige de l'énergie poétique de nous révéler encore et toujours. (p. 8)
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Avoir rendez-vous avec le poème, voilà la plus sûre des boussoles. Un seul vers peut vous sauver la vie.
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Etait-ce Anaïs Nin, la confidente d'Antonin Artaud, qui prétendait dans son journal que la vie rétrécissait ou s'épanouissait à proportion du courage de chacun ? (p. 18)
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Sentir un autre coeur soudain battre tout contre sa cheville. Un second, à une main du creux de l'épaule gauche comme le coeur des humains. Mais un coeur plus allant. Plus sauvage. Plus vibrant. Dix fois plus généreux et mille fois plus fougueux. Si vite effarouché pourtant. Un coeur de fauvette affolée que l'on voudrait pouvoir apaiser d'une caresse. Un coeur de guerrier à jamais indompté. D'un calme invincible et tout à coup en tempête. Pour un rien, un bruit ou une biche invisible en alerte. Sans c esse sur le qui-vive. Capable de vous tuer aussi innocemment que de vous changer la vie. Voire de vous la sauver.
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Le bateau fait sa route entre les îles ; la mer est si calme qu'on dirait qu'elle n'existe pas. Il est onze heures du matin, et l'on ne sait s'il pleut ou non.
[Paul Claudel]
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Le grand pays du bonheur sans mémoire
Se forme enfin sur la route où tu fuis
De l'horizon accourt la grande image
Des cieux nouveaux vont toucher mon visage
Je suis debout.
- Très haut amour - C. Pozzi
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Attraper ce qui fuit…


Attraper ce qui fuit

Ombre et soleil
soleil et ombre
ombre et soleil
un vrai défilé de nuages blancs
depuis ce matin.

J’ai noté ça pour un poème
et le grand chêne d’à côté
les lignes droites des avions
les hirondelles en vol plané.

Et j’ai pensé que j’étais là
allongé sur l’herbe très verte
après le déjeuner
toujours vivant
toujours vivant.

J’ai eu envie de je ne sais quoi
sauf fermer les yeux
me rappeler cette phrase
autrefois de passage entre nous :
«Attraper ce qui fuit ».

Je me souviens nous regardions
le va-et-vient des mésanges bleues
qui chaque année
comme aujourd’hui
dans leur petit nichoir
– toujours intact si tu savais –
recommencent tout
recommencent tout.


//François de Cornière
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C'est mardi et le temps est clair, je marche
dans une rue latérale, sous un toit
de châtaigniers...Je marche léger , léger
comme évaporé
de mon corps, comme si j'avais rendez-vous
avec un poème. Je regarde ma montre
l'esprit ailleurs. Je parcours les pages
de nuées lointaines
sur lesquelles le ciel consigne
des pensées élevées. Je feuillette
les états de mon coeur sur les noyers: il est
sans électricité tel un cabanon au bord de la mer.

Mahmoud Darwich
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La poésie n'est pas l'opéra: avec trois fois rien, elle vous chavire. Sans costumes ni bout de ficelle. A la fois le plus économe et prodigue des arts. Le plus riche et le moins dispendieux des envoûtements.
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La beauté est avant la réalité
certains matins, j'ouvre les silences à la main
comme des huîtres nacre ou perle
d'un geste vif et spacieux
à chaque ouverture
un grand noyau d'obscurité

(Nicole Brossard, extrait du poème "Le titre est ailleurs")
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Sophie Nauleau
La poésie est une fulgurance qui vous parle d'emblée et décrit en trois mots une image que vous n'aviez jamais vue.

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