Citations de Sous-Commandant Marcos (35)
En revanche, ce qui est vraiment un danger, un chaos véritable, c’est que n’importe qui devienne collectif, groupe, bande, race, organisation, et pour son propre compte apprenne à dire « oui » et à dire « non », et qu’ils se mettent d’accord entre eux.
Le peuple commande et le gouvernement obéit.
Un chien sans collier, c'est un policier sans son arme. Un être enfin intelligent.
Appeler n’est pas unir. Nous ne prétendons pas unir sous une direction, ni zapatiste ni de n’importe quelle autre filiation. Nous ne cherchons pas à coopter, recruter, supplanter, avoir l’air, faire semblant, tromper, diriger, subordonner, utiliser. La destination est la même, mais la différence, l’hétérogénéité, l’autonomie des modalités de cheminement, sont la richesse de la Sexta, sont sa force. Nous offrirons le respect, et nous demandons et demanderons le respect. À la Sexta, on adhère sans autre condition que le « non » qui nous convoque et l’engagement de construire les « oui » nécessaires.
Le zapatisme luttte-t-il également contre ces aspects de la globalisation qui paraissent, a priori, si éloignés du combat pour la cause indigène ?
Évidemment. Souvent, les médias, en particulier au Mexique, ne retiennent du zapatisme que ce qui est anecdotique : les armes, la guérilla, le passe-montagne, Marcos… Et ils sous-estiment toute notre réflexion sur d’autres manières de faire de la politique, sur nos analyses concernant la taxe Tobin ou le budget participatif. On accorde moins d’importance au zapatisme en tant que mouvement social ou qu’organisation préoccupée par les questions économiques, sociales et culturelles. Pourtant, le zapatisme n’est pas seulement une résistance, il représente aussi une option, une possibilité de construire une relation humaine différente, fondée sur la conviction qu’un autre monde est possible.
Marcos n’aura été qu’un combattant de pas. C’est pourquoi je dis toujours : si tu veux savoir qui est Marcos, qui se cache sous son passe-montagne, prends un miroir et regarde-toi, le visage que tu y découvriras, c’est celui de Marcos. Car nous sommes tous Marcos.
Le zapatisme, plus qu’un exemple à suivre, est un symptôme. L’insurrection du 1er janvier 1994 signifie qu’une partie de la population d’Amérique latine refuse d’accepter la logique d’une disparition silencieuse. Le zapatisme n’est pas la règle qui dit aux indigènes des autres pays ce qu’ils doivent faire. Nous partageons plutôt le même sentiment de marginalisation et d’exclusion. Ainsi que la volonté de résistance qui nous pousse à dire : nous ne voulons pas que le monde continue sans nous, nous ne voulons pas disparaître. Mais nous ne voulons pas non plus cesser d’être ce que nous sommes. C’est un processus d’affirmation de notre différence. La lutte des indigènes d’Amérique latine c’est la volonté d’affirmer : nous voulons faire partie de l’histoire nouvelle, de l’histoire du monde ; nous avons quelque chose à dire et nous ne sommes pas disposés à être ce que vous voulez que nous soyons. Nous ne voulons pas nous transformer en sujets dont la valeur sur l’échelle sociale serait déterminée par le pouvoir d’achat et le pouvoir de production.
Après l’indépendance du Mexique en 1810, et même après la Révolution de 1911, faite pourtant au cri de « Terre et liberté ! », le sort des Indiens du Chiapas ne s’est pas amélioré. La relégation, l’exploitation, le mépris ont perduré, ainsi que la lente extermination pratiquée désormais par les grands propriétaires terriens, exploitants de café ou de cacao, aidés par des bandes de tueurs à solde et des milices paramilitaires. La Constitution mexicaine ne reconnaît toujours pas, en effet, l’existence des peuples indigènes qui représentent pourtant 10 % de la population totale du pays, soit environ dix millions de personnes. Au prétexte que la majorité est métisse, le Mexique exalte officiellement la figure du métis mais ignore, voire méprise, ses peuples premiers.
Ceux-ci demeurent victimes d’une sorte d’ethnocide silencieux. Oubliés de tous, laissés-pour-compte, « invisibles », ils sont condamnés à voir leurs langues, leurs traditions et leurs valeurs plus que millénaires s’éteindre inexorablement. C’est contre une telle fatalité que Marcos et l’Armée zapatiste de libération nationale se sont révoltés.
Les indiens étaient « invisibles », inexistants. Paradoxalement, c’est en masquant nos visages qu’on nous a vus et que nous sommes devenus visibles.
c’est aussi en lançant des idées rédemptrices, des phrases de liberté et des anathèmes terribles sur les bourreaux du peuple que s’effondrent les dictatures, que s’effondrent les empires
Les dieux se battaient parce que le monde était terriblement ennuyeux, avec seulement deux couleurs : le noir qui dirigeait la nuit et le blanc qui guidait le jour.
Ou il est question de la douceur qui fait avancer le navire, qui, dit-on, point à l'horizon, de poemes qui mettent en garde, et d'autres merveilles qui ont deja cours et demontrent qu'en haute mer, la mort est à peine un plongeon.
L'expropriation est une tragédie commune à Milpa Alta et à une grande partie des régions limitrophes avec la ville de Mexico. Ici comme sur l'ensemble du front ouest de cette ville, on ressent cruellement la voracité de ceux qui sont Pouvoir. La municipalité fait tout son possible pour supplanter les structures communautaires (qui suivent une logique paysanne indigène) par des conseils de citoyens (qui suivent une logique urbaine).
Il s'approcha discrètement, et, profitant d'un instant d'inattention de l'enfant, il lui vola son rire et ne lui laissa que des larmes. C'est pour cela dit-on, que les enfants passent du rire aux larmes.
Vous, par exemple, vous n’êtes pas Eux. Bon, cela malgré le fait que vous ne semblez avoir aucun problème à vous allier à Eux, pour… les tromper et les défaire de l’intérieur ? Pour être comme Eux, mais pas si Eux que ça ? Pour réduire la vitesse de la machine, limer les crocs de la bête, humaniser la sauvagerie ?
La justice est une putain de plus sur notre carnet d’adresse et, crois-nous, ce n’est pas la plus chère. (Ceux d'en haut)
La globalisation voudrait diviser le monde en trois zones : la zone des gérants et des entrepreneurs ; la zone des usines de montage et des entreprises à main-d’oeuvre nombreuse et mal payée ; et la zone des « jardiniers ».
Nous voulons avant tout la paix. Je le répète, nous ne voulons pas le pouvoir, ni même devenir un parti politique. Il y en a déjà assez.
L’idéal de la globalisation est un monde transformé en grande entreprise et géré par un conseil d’administration constitué du FMI, de la Banque mondiale, de l’OCDE, de l’OMC et du président des États-unis. Dans un tel contexte, les gouvernants de chaque État ne sont que les représentants de ce conseils d’administration, des sortes de gérants locaux. Ils ne défendent pas les intérêts des citoyens, mais les intérêts et les valeurs de ce conseil d’administration mondial.
Appliquez-vous en histoire, sans elle tout est inutile et dépourvu de sens (20 mars 1994)