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Citations de Stefanie Zweig (13)


Viviane et son père se rendaient chaque jour à la fabrique de lin. Au début, cette promenade était une diversion quand, à l'heure du déjeuner, Jogona disparaissait et que Viviane se retrouvait sans compagnon de jeu. Mais très vite, elle y avait pris plaisir, et n'eût pour rien au monde renoncé à cette expédition, ce qui déplaisait fort à Jogona. Il ne le disait pas, car jamais Jogona ne parlait de ce qui le contrariait.
La fabrique de lin était une baraque aux murs fait d'argile et de bouse de vache à la lisière du bois. Le toit, recouvert d'herbe, s'effondrait parfois durant la saison des pluies et demandait à être rapetassé chaque jour. En saison sèche, il faisait penser à un hérisson sans piquant. Sur des métiers primitifs, une bande de Kikouyous, vêtus d'un seul pantalon, travaillaient le lin en longs filaments. Les balles ainsi formées étaient transportées par camions à la ville de Nakourou, à une centaine de lieues de là. Njere, un jeune homme qui avait eu la petite vérole un an auparavant, dirigeait l'exploitation dont il était aussi fier que de ses cicatrices.
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La mort n'existait pas si les mourants étaient transportés à temps hors de leur hutte. Leur dernier soupir ne devait pas s'exhaler dans la demeure des vivants. Les hyènes venaient ensuite sous les arbres, mais elles emportaient le corps seulement, le reste appartenait à Mungo, le dieu puissant qui prenait les grandes décisions.
Kimani se sentait plus proche du Bwana qu'il ne l'avait jamais été. Les Blancs ne connaissaient pas tout. Le Bwana savait lire et écrire, il possédait un grand nombre de livres dans sa maison et cependant, il n'avait pas plus de raison qu'un enfant qui réclame le soleil la nuit et la lune le jour.
- Il faut partir, Bwana.
- Non, il faut attendre, Kimani.
- Attendre quoi, Bwana?
Aucune amertume dans cette question. Le père qui venait de perdre son fils n'éprouvait nul sentiment d'abandon ou de tristesse, mais une totale soumission à la volonté du dieu Mungo.
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A la ferme, chacun savait que Viviane et Jogona étaient amis : Jogona, qui appartenait à la tribu des Kikouyous, et Viviane, qui était née en Allemagne. Jogona ignorait tout de l'Allemagne, mais il se souvenait très bien qu'à son arrivée à la ferme, Viviane était vraiment sotte. Elle ne connaissait rien à rien. Pas même son langage, le swahili. Rien que d'y penser, Jogona se sentait grand et gonflé d'importance.
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La peau d'Owuor exhalait un parfum merveilleux, une senteur de miel qui chassait la peur et qui métamorphosa d'un coup une petite fille en grande personne. Regina ouvrit grand la bouche pour mieux absorber cette odeur magique qui débarrassait le corps de la fatigue et des douleurs. Elle sentit soudain qu'elle devenait forte dans les bras d'Owuor et elle s'aperçut que sa langue avait appris à voler.
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- Peux-tu lire dans tous les livres, autant que tu le veux?
- Je peux lire dans tous les livres, autant que je le veux, avait affirmé Viviane.
- Pourquoi ton père a-t-il ri le jour où il est venu aux huttes pendant que tu racontais une histoire?
Viviane soupira. Il y avait tant de choses qu'elle aurait aimé partager avec Jogona. Ces histoires, par exemple, lues dans des livres écrits pour des Blancs et qu'elle s'efforçait de conter à la manière d'Ol'Joro Orok : Adam ne croquait pas la pomme défendue, il n'y avait pas de pommes à Ol'Joro Orok. Il mordait dans un ananas avant d'être chassé du paradis, à la saison des pluies, naturellement. Au cours de la longue sécheresse dont il était question dans la Bible et que l'on se représentait facilement à Ol'Joro Orok, ce n'étaient pas seulement les vaches qui mouraient, mais les zèbres, les hyènes, les lions même! C'était une lionne qui allaitait Romulus et Rémus car personne à Ol'Joro Orok n'avait entendu parler de loups. Hannibal ne franchissait pas les montagnes sur le dos d'un éléphant, mais monté sur un buffle. Car les éléphants ne sont bons à rien, tous le savaient.
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Papa qui en temps ordinaire, ne quittait jamais la cuisine avant d'avoir préparé le thé était debout devant la cheminée allumée et gardait les yeux tournés vers le bois empilé. Régina était là, elle aussi. Elle avait ôté ses bottes de caoutchouc et était assise pieds nus sous la fenêtre ; on aurait dit qu'elle était là depuis toujours. Le chien lui léchait les orteils, et elle regardait par terre, mâchant une mèche de cheveux et se serrant de plus en plus fort contre le corps massif de l'animal. Walter compris alors que sa fille pleurait.
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La nuit était froide. Un chacal parti en chasse hurlait à l'orée de la forêt. Sur l'appui de la fenêtre, il y avait les trois lampes de la nuit. Régina, la gamine en chemise de nuit, était devant la porte. Elle cria à plusieurs reprises le nom d'Owuor, de plus en plus fort, et sauta dans les bras de celui-ci. Owuor la posa sur la terre molle et elle se pencha vers le chien qui lui léchait ses orteils nus.
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Ces trois mondes s entendaient aussi bien entre eux que des hommes ne parlant pas la même langue et donc incapables de s accorder même sur le mot querelle
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Jamais la fillette de quatorze ans ne ressentit comme un charge de veiller au bonheur de ce frère.
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Because we are Jews, Regina.

That’s the only reason.
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Le 15 avril 1947, malgré un arrêt de deux heures au point de contrôle entre les zones britanniques et américaines, l'express mit un peu moins de dix-neuf heures pour aller d'Osnabrück à Francfort-sur-le-Main, un temps de trajet exceptionnellement bref.
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- Docteur Paul Merkel, Francfort, 17 Savignystrasse, dit-il. Comme Ferkel*, mais avec un M comme Martha.
Puis, épelant le nom de la rué et répétant le sien, il articula soigneusement comme s'il était important pour son avenir qu'une femme inconnue, là-bas au bord du lac Titisee, note correctement son identité.

* Ferkel signifie "goret" en allemand (N.d.T.).
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But I know as well that I was always afraid of something.
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