Citations de Stéphane de Freitas (35)
Occuper l'espace par sa parole, ce n'est pas la saturer. Votre texte a besoin, comme vous de respirer. Il a besoin de silences.
Avec la prise de parole éducative travaillée en groupe, les préjugés s'effondrent et les certitudes sont bousculées: le groupe perçoit que nous sommes à la fois tous et toutes les mêmes et tous et toutes différents.
On oublie aussi que les autres - lorsqu'un cadre de respect, d'écoute et de bienveillance est observé - peuvent nous aider à grandir, à nous faire des remarques constructives, nous faire progresser.
" Le jury valorise la solidité des connaissances du candidat, sa capacité à argumenter et à relier les savoirs, son esprit critique, la précision de son expression, la clarté de son propos, son engagement dans sa parole, sa force de conviction ."
Prendre la parole ne se résume pas à trouver des idées et à identifier des émotions. C'est, aussi et surtout, un effort de la voix, des mains, de la posture, de la démarche...S'exprimer en public relève de l'exercice physique.
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L'esprit critique consiste à mettre en lumière les erreurs de raisonnement, les arguments fallacieux ou des illustrations qui font appel à nos émotions, notamment celles qui font passer un exemple pour une vérité générale. La capacité à s'interroger sur la réalité ou la probabilité de faits allégués, ou encore sur l’interprétation et l'importance qu'on leur accorde, est devenue un enjeu primordial en ce début de XXIème siècle. C'est pourquoi notre pédagogie s'attache tout particulièrement à développer cette capacité chez les jeunes.
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Au lycée, à force de pratique, je suis devenu de plus en plus à l'aise pour prendre la parole. Je lisais le journal "le Monde" et je surlignais tous les mots que je ne connaissais pas, pour aller vérifier leur signification. J'apprenais le français comme on apprend une langue étrangère.
Plus je lisais, plus je m'améliorais à l'oral et plus je m'améliorais, plus je m'affirmais : c'était un cercle vertueux.
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Prendre la parole ne signifie pas parler sans arrêt. En réalité, le silence est aussi important que le texte. Il permet aux mots de résonner dans l'esprit de l'audience.
Le corps parle. Il est le reflet de l'estime de soi.
Enfin, partager ses pulsions premières avec le groupe crée souvent un effet de catharsis, qui provoque un sentiment de soulagement et d'apaisement de l'intervenant. Non seulement prendre la parole sert à comprendre ses émotions, mais aussi à les transformer, à les faire évoluer.
Notre bonheur est lié à notre rapport aux autres.
Le fait de prendre la parole en public est une des plus grandes peurs des Français. Dans une interview au journal Le Parisien en janvier 2013, le psychiatre Frédéric Fanget estime qu'au moins 60% d'entre eux appréhendent cet exercice. Les raisons de cette crainte varient : anxiété de performance, crainte de ne pas être à la hauteur pour soi, peur du jugement des autres.
Ce chiffre montre bien que prendre la parole ne fait pas partie de notre culture.
Avec l'expérience, je dirais que les discours les plus "éloquents" que j'ai eu à entendre au cours de nos formations sont ceux qui ont été prononcés de la manière la plus authentique. Lorsque la personne qui parle ne triche pas, l'effet sur le public est immédiat, quels que soient son niveau de langue, son milieu social ou son âge.
Avant même de se pencher sur la manière de parler, la première étape, c'est bien de pousser tous les individus, quels que soient leur âge et leur parcours, à s'affirmer.
Prendre la parole, c'est exister.
Si le français est notre instrument commun, chacun de nous l'accorde et en joue différemment, en fonction de son environnement et des expressions de ceux qui l'entourent.
Le questionnement est une arme d'introspection incroyable. Quand on prend le temps de s'interroger, on déconstruit ses idéaux.
La formulation est le prérequis du passage à l'action. Savoir exprimer clairement ses opinions, ses objectifs, ses ambitions, ses rêves, ses envies face à quelqu'un, c'est la première étape, fondamentale, pour qu'ils puissent un jour exister ailleurs que dans son esprit.
Porter sa voix, c'est le titre que j'ai voulu donner à cet ouvrage, parce qu'il illustre la philosophie de cette pédagogie : se révéler aux autres pour se révéler à soi-même.
À voix haute a circulé dans de nombreux établissements scolaires. J'ai été contacté par des professeurs de collège et de lycée, des proviseurs, des animateurs de services jeunesse, des enseignants de centres de formation et d'apprentissage. Ils souhaitaient que leurs élèves ou les jeunes qu'ils encadraient bénéficient des mêmes engagements, afin qu'ils réfléchissent aux individus qu'ils étaient, qu'ils soient mieux outillés face au monde, qu'ils dialoguent plus facilement au quotidien. Cette éducation au savoir-être crée des cercles vertueux capables d'endiguer l'autocensure et la mauvaise estime de soi de nombreux jeunes.
J'ai surtout fait un bond énorme grâce aux cours de théâtre. J'ai appris à être moi-même, à habiter mon texte, à gérer mon stress et ma respiration.