J'ai déjà avalé pas mal de romans, ça fait passer le temps, et surtout, ça me permet de m'évader, d'oublier un peu où je suis. La lecture et le rêve sont tes seules libertés ici.
C’est l’heure de la promenade. L’heure que Laurent attend chaque jour avec impatience. L’heure qui lui permet de voir le ciel, d’entendre la vie à l’extérieur, pas le chant des oiseaux, mais le bruissement du vent dans les quelques arbres rachitiques de la cour, les bruits de circulation, parfois la cloche de l’église. L’heure qui lui permet de mesurer les écarts de température, sensibles d’un jour sur l’autre.
Au cinéma, le rythme est plus rapide, les événements s'enchaînent, alors qu'ici Romain a l'impression que les heures s'étirent, que le temps à l'intérieur des murs s'écoule plus lentement qu'à l'extérieur, que les différentes étapes de son incarcération s'inscrivent dans une dimension distendue.
Son arrivée au centre de détention n’a pas vraiment ressemblé à ce qu’il avait vu dans les films. Ballotté à l’arrière d’un fourgon il a regardé une dernière fois défiler la nature, ces champs et ces arbres qu’il ne reverrait pas avant longtemps, puis les abords de la prison, un peu à l’écart d’un petit centre-ville, quelques personnes qui semblaient attendre quelque chose, ou quelqu’un, sur le trottoir. On l’a fait descendre du véhicule, et escorté jusqu’à l’intérieur de la prison. La lourde porte s’est refermée derrière lui. Pour quatre longues années !
En prison plus qu’ailleurs, la lecture est une activité nécessaire, l’unique moyen de susciter la représentation d’objets, de paysages, de personnes absentes de l’univers carcéral. Les livres sont porteurs de rêves, de messages, d’évasion. Ils permettent de chasser l’ennui, comblent le vide, procurent aux détenus un ersatz de liberté.
Depuis tout petit, j’ai toujours aimé lire. Des romans, de la poésie, du théâtre. De tous les styles, de toutes les époques.