Citations de Stéphanie Hochet (211)
Disparaître est un réflexe de survie. Certaines familles sont si étouffantes qu'à moins de ressembler à ceux qui les composent, il n'y a que la rupture qui vous maintienne vivant. Soudain le fonctionnement de ces clans vous paraît anormal et la transgression devient une nécessité.
Il y a eu plusieurs fuites dans ma jeunesse. Celles dont j'ai parlé : les fugues. Comme j'ai aimé ces moments arrachés à l'ordre des choses, ces îlots de liberté enivrante. Même si elles ne duraient pas longtemps et que je rentrais dès le lendemain, je m'étais emparé d'un temps, d'un mystère, d'un espace qui ne m'étaient pas autorisés. Ce moment-là avait été le mien. J'échappais enfin à ma terreur d'hériter inconsciement des attitudes, des pensées, des façons de parler de cet entourage auquel je refusais de ressembler parce que je ressentais la charge de mort qu'il allait provoquer. En fuguant, je saisissais quelque chose de singulier, une partie d'existence qui n'appartenait qu'à moi.
Et puis, la seconde fuite a été la lecture. Lire, lire, lire. Lire seule, lire quand je suis entourée d'adultes, lire dans des lieux sans intimité. Resister au monde des autres, ceux que je n'ai pas choisis, en plongeant dans le monde plus ouvert de la littérature. Je disparaissais en écoutant les voix de Conan Doyle, Tolkien, Zola, Flaubert, Colette, Balzac... Je ne suis plus où mon corps réside.
Le mot ne peut pas rester silencieux, il doit être lu à haute voix. Le comédien lu idonne le pouvoir, la vie. Un mot sans timbre n'est qu'une baudruche vide. Il se souvient des récitations en latin ressassées à l'école. Il devait articuler sur un ton sinistre les textes des grands auteurs. Le professeur semblait veiller à ce que la vie s'épuise lors des lectures à voix haute. Cette monotonie pudibonde le révoltait.
Un homme amoureux sait que le temps de pei d'intérêt se froisse comme du papier quand la vision de la beauté s'étend pour toujours dans son esprit.
Voir un personnage masculin ôter les vêtements propres à son sexe pour porter une robe produisait chez l’adolescent une émotion assez forte pour qu’il en rougisse, y repense à certains moments. Le théâtre permettait tout. Le pauvre s’habillait en riche, les hommes en femmes et les personnages de femmes, joués par des hommes, pouvaient se glisser soudain dans le plus viril des accoutrements.
Quand l'homme mauvais vous a ensorcelé, il ne dissimule plus ses vices, et quand bien même ceux-ci prennent de l'ampleur, vous vous sentez pieds et poings liés.
Quelques mois plus tard, Anne apprit la nouvelle à son amant. Elle était enceinte. Précipitation.
Aussi étrange que cela puisse paraître, il ne s'attendait pas à ça. La vie semblait si légère et ils se connaissaient à peine. Pourtant, William ne se défila pas. Sa vie d'adulte débuta comme se termine une comédie, par un mariage.
Certains l'imaginent maître d'école, à la campagne, d'autres affirment qu'il aurait voyagé en Italie (nombre de pièces se situent dans le pays de Boccace), quand certains le fantasment parcourant les mers - car le vocabulaire maritime es très présent dans ses oeuvres. La réalité est qu'on en saura jamais rien.
"La paresse a un avantage, elle demande peu d’éfforts."
Garfield
"Chaque fois que je crois avoir touché le fond, on me passe une pelle."
Garfield
Et puis, la seconde fuite a été la lecture. Lire, lire, lire. Lire seule, lire quand je suis entourée d'adultes, lire dans des lieux sans intimité. Résister au monde des autres, ceux que je n'ai pas choisis, en plongeant dans le monde plus ouvert de la littérature.
Les bons acteurs vous font redevenir des enfants. Les émotions qu'ils font naitre sont extrêmes, vio- lentes, et il n'y a qu'à cet âge qu'on éprouve la vie avec cette intensité. Beaucoup sont d'ailleurs assez puérils et j'aime cette anomalie, je la cherche, je la chéris. Richard sidère, car il est un élément brut. II parle à chaque spectateur, réveillant chez lui un désir obscur de puissance, de vie éternelle.
Le monde entier est un théâtre
« Les historiens sont impuissants, les biographes font face à un mur, la romancière se délecte. » (p. 154)
« Pour un écrivain, rien ne peut être plus fécond qu'un mystère de cette envergure. » (p. 9)
Nous (jeunes soldats kamikaze) sommes appelés à devenir des « fleurs de cerisier ».
Le sakura, fleur symbole du Japon. Elle s’épanouit au printemps et le souffle du vent suffit à l’emporter. Vivre telle une efflorescence printanière serait donc croître et disparaître au paroxysme de sa jeunesse. Laissant dans l’air le souvenir de sa beauté éphémère.
Il n'y a rien d'honorable à mourir pour une cause perdue.
Je noue le "hachimaki" aux couleurs de notre Japon éternel autour de mon casque. J'effectue ce geste avec lenteur et solennité, sans pensées, sans émotions. Le froid dans les veines, le temps s'est arrêté, je suis une fleur de cerisier poussée par le vent. Ai-je le choix? Ai-je eu le choix il y a un mois quand nous avons été réunis par les officiers au petit matin sur la base aéronautique? Le soleil se levait, rond et rouge, l'image du drapeau impérial. Ils ont annoncé que notre escadrille se portait volontaire pour devenir des "Kikusui", des chrysanthèmes volants. C'est le nom poétique donné au sacrifice d'un avion et de son pilote sur un navire ennemi.
Aucune émotion ne surpasse celle de voler, de diriger son appareil au gré de son inspiration, de disparaître dans le songe vaporeux des nuages. Moins je vois la terre, plus je me sens léger.
Je noue le " hachimaki " aux couleurs de notre Japon éternel autour de mon casque. J'effectue ce geste avec lenteur et solennité, sans pensées, sans émotions. Le froid dans mes veines, le temps s'est arrêté, je suis une fleur de cerisier poussée par le vent.