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Critiques de Stéphanie Nicot (70)
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Anthologie du monstre

J'ai acheté ce petit recueil pour différentes raisons.

Tout d'abord parce que ma deuxième fille qui est en sixième travaille en français sur ce thème.

Ensuite parce que le sujet est très intéressant.. d'autant que quand on voit le choix des différents auteurs on se rend compte que le monstre a la vie dure (ou longue c'est selon).

On passe de Pétrone, via Maupassant et Ray Bradbury, ... , et mon auteur chouchou de SFFF française Pierre Bordage.

Néanmoins j'avoue qu'il a réussi a se faire détrôner haut la main dans ce petit recueil.



J'ai franchement aimé toutes les nouvelles, elle aborde le monstre de différents point de vue. Toutes très intéressantes. Certaines nouvelles sont d'ailleurs extrêmement touchantes.



Mais je n'oublie pas que j'ai acheté ce livre dans un but initial...et la nouvelle Peau-de-zombie de Charlotte Bousquet me parle beaucoup. Une nouvelle qui traite à la fois de la différence et du harcèlement à l'école. J'ai trouvé ce petit texte très touchant, un peu moralisateur mais tellement juste dans le fond et dans la forme que franchement il devrait être d'utilité publique et travaillé par tous les enseignants. (d'ailleurs c'est un appel si quelqu'un de l'éducation nationale passait par là... je lui conseillerais d'aller y jeter un œil).



Un petit recueil que je conseille, a picoré de temps à autre... et qui permet en plus parfois de remettre les pendules à l'heure.

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Anthologie des Imaginales 2009 : Rois & Cap..

Je m’attaque enfin aux anthologies des Imaginales d’Épinal, régulières occasions de découvrir ou d’approfondir, par des nouvelles, les univers fantastiques imaginés par quelques-uns des meilleurs auteurs francophones en la matière. Stéphanie lance cette initiative pour les Imaginales 2009 avec le thème « Rois et capitaines », deux figures caractéristiques des récits de fantasy. Le but est ici de mettre en balance deux figures d’autorité et de commandement hiérarchique, les rois et les capitaines, et de considérer leurs interactions dans des univers de fantasy particulièrement divers au vu du sommaire proposé. La majorité des auteurs ont alors opté pour de la fantasy historique, soit comme grande inspiration soit comme véritable toile de fond pour leur nouvelle.



Jean-Philippe Jaworski, l’écrivain lorrain auréolé cette année-là du titre de « coup de cœur des Imaginales » et vainqueur du Prix Imaginales du roman francophone pour son premier roman Gagner la guerre, ouvre cette anthologie de bien belle façon en nous délivrant une nouvelle se déroulant dans le même univers que ce roman-ci et qui aurait pu également se situer dans son recueil Janua Vera. « Montefellòne » est la proie d’un siège dévastateur où se joue sûrement un moment important de la Guerre des Six-Duchés. L’issue vient amèrement conclure notre vision de la relation entre un jeune roi inconsidéré et son fidèle capitaine.

Rachel Tanner, quant à elle, tient à nous narrer l’histoire de « La Damoiselle et le roitelet », où elle s’inspire largement de la destinée de notre Pucelle nationale, Jeanne d’Arc, et de son cher roi, Charles VII, pour raconter une courte épopée guerrière pour son héroïne Catherine. C’est l’occasion pour elle de puiser dans sa connaissance historique du XVe siècle français tout en incorporant la difficile relation entre un roi faible et une capitaine courageuse.

Nous retrouvons ensuite le couple d’écrivains Claire et Robert Belmas, plus habitués à la science-fiction, misent fortement sur des inspirations celtiques pour nous plonger dans une Bretagne féérique mais violente, alors que le roi Artus est mort et que son royaume en proie aux pires tourments, tant guerriers que magiques. Par des chapitres très courts, nous suivons Florée qui, à la fleur de l’âge, fut violemment déflorée, et qui veut devenir capitanea sous l’enseignement du seigneur Bohor. Sa destinée semble alors la porter « Dans la main de l’orage ».

Maïa Mazaurette préfère tourner en ridicule la relation roi-capitaine dans « Sacre » où le très jeune roi Louis est continuellement accompagné de son capitaine Jones, alors qu’Avignon, défendue par sa mère Blanche de Castille, est assiégée par les Albigeois. Dans ce récit largement tendancieux, l’auteur nous narre la découverte du corps adolescent avec juste ce qu’il faut de pensées douteuses et de désirs inavoués. Elle maîtrise parfaitement son sujet et ses sous-entendus.

La glace qui chante, le froid qui prend aux tripes et le désespoir qui envahit esprits, Lionel Davoust opte pour un environnement hostile pour « L’impassible Armada ». Nous suivons une flotte en perdition face à des pirates tout aussi mal en point. L’amour de l’océan et de ses dangers conduit à des dérives meurtrières, mais belles avant tout, autant que le récit de Lionel Davoust.

Avec son décalage habituel, Catherine Dufour nous présente « Le Prince aux pucelles ». Atypique mais chevaleresque de temps en temps, celui-ci porte l’histoire à bout de bras, tout comme ses convictions. Que vaut la fadeur des plus belles entreprises devant la cruauté du quotidien ? C’est un petit peu le paradoxe de ce personnage censé être stéréotypé.

Thomas Day nous livre avec « La Reine sans nom » un récit mortifère, sombre et plutôt triste. L’écriture charismatique de l’auteur de L’Instinct de l’équarisseur et de Sept secondes pour devenir un aigle vaut toujours le détour évidemment, d’autant qu’il opte ici pour du concis, du « court mais probant ». C’est à la fois beau et pesant dès les premiers mots, rythmé et ciselé comme peu de novellistes savent le faire.

Armand Cabasson nous enjoint à suivre un chemin plus tortueux dans les steppes médiévales des peuples russes et ukrainiens. Devant l’assaut des Mongols, Mikhail se retrouve à battre la campagne pour rameuter des alliés, mais aussi pour se recentrer sur ses propres croyances, mises à mal par la situation dantesque et l’émergence d’un « Serpent-Bélier » bien mystérieux. Les religions locales et l’art de la guerre au Moyen Âge sont à l’honneur ici, dans cette longue nouvelle empreinte d’une violence sèche qui réduit la chute à un moment particulièrement rude mais tout aussi marquant.

Pierre Bordage, lui, nous emmène plutôt « Dans le cœur de l’Aaran » (ou plutôt Aaran, au vu de l’orthographe utilisée dans la nouvelle elle-même) au court du récit d’un vieux loup de mer au sujet d’une expédition à la recherche de « l’esgasse », créature fantastique aux pouvoirs bien étranges. Contre vents et marées, la ruée finale se veut à la fois mystérieuse et lançant la place à notre imagination.

Suivre les aventures rocambolesques de Cyrano et d’Artagnan sur la Lune, ça vous dit ? Tant mieux, car c’est du fameux Johan Héliot que nous trouvons perché « Au plus élevé Trône du monde ». Avec ses nombreuses références littéraires et historiques, il nous emmène dans un solide monde rabelaisien à tendance rostandienne. Dans ce contexte qui fleure bon le « cape et d’épée », les forts liens entre la Terre et la Lune renvoient à tellement d’idées romanesques qu’on se laisse facilement porter par cette petite histoire bien conclue. Les habitués de Johan Héliot seront servis à coup sûr.

Seul « petit nouveau » à participer à cette anthologie, Julien d’Hem s’en sort plutôt bien avec « Le Crépuscule de l’Ours ». Par un onirisme fou, nous revivons les souvenirs de ce capitaine-mercenaire, l’Ours, ayant vécu quantité de batailles ardues. Arrivé à la fin de sa carrière, il en revoit quelques-unes alors qu’il aborde un duel sanglant avec un jeune guerrier défendant sa cité.

Nous terminons cette anthologie avec une autre nouvelle pleine d’onirisme. Laurent Kloetzer parcourt pendant « L’Orage » les rêveries, rarement solitaires, de son héros fétiche, Jaël de Kherdan, déjà largement aperçu dans Mémoire vagabonde. On se perd dans son esprit tourmenté de toutes parts par ses anciennes et prochaines conquêtes, par ses précédentes et futures hantises.



La première anthologie des Imaginales comprend donc un « casting all-star » au sein de l’imaginaire français et c’est ce qui fait sa force, puisqu’en explorant des univers très variés, nous ne restons pas toujours sur la même idée de relations entre les figures du roi et du capitaine. Certains auteurs comme Pierre Bordage ou bien Armand Cabasson, et même Laurent Kloetzer, passent quand même à quelques encablures du thème « Rois et Capitaines », mais c’est finalement leur univers qui charme l’imaginaire du lecteur.



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Anthologie du monstre

Alain Grousset et Stéphanie Nicot signe ici une très belle anthologie autour de la figure du monstre. Publiée chez Le Livre de Poche jeunesse, elle s'orne de plus d'une jolie couverture en noir et blanc jouant sur les ombres. Ça ne fait cerjtes pas tout mais elle est très agréable à contempler avant d'ouvrir le livre. Alors merci à Antoine Guilloppé pour cette fascinante représentation.



Le choix des auteurs s'est porté sur un éventail très large en terme chronologique puisqu'on part d'un extrait du Satiricon de Pétrone à des contemporains tels que Pierre Bordage.



Une petite introduction apporte quelques éléments essentiels sur le monstre dans la mythologie, dans la littérature et conclue combien cette figure permet de repenser notre humanité... Les histoires à suivre se chargeront de démontrer à l'occasion que cette humanité laisse trop souvent à désirer...

Chaque nouvelle est précédée d'un bref texte situant son auteur. Alain Grousset et Stéphanie Nicot donnent vraiment un axe pédagogique intéressant, tant pour les plus jeunes lecteurs que pour les moins jeunes. Je découvre ainsi Charlotte Bousquet ou Bruno Vincent dont je n'avais jusqu'alors jamais entendu parler. D'où l'intérêt de mélanger dans une même anthologie des textes tirés de la littérature classique à des histoires plus actuelles.



Venons en aux nouvelles proprement dites. Je ne vais pas résumer chacune d'entre elles l'une après l'autre. Elles abordent toutes le thème du monstre, qu'il s'agisse des créatures surnaturelles comme le loup-garou ou que ce soit ces "monstres" humains mis en cage dans des foires pour l'amusement des foules... Comme il est rappelé dans l'introduction, impossible de ne pas songer au tragique et bouleversant John Merrick d'Elephant Man en lisant ces histoires.



Le monstre est souvent représenté comme l'Autre, effrayant et menaçant l'ordre établi des humains et la normalité. La haine qu'il déclenche cimente généralement la cohésion de la communauté qui se sent menacée par lui. On trouve effectivement certains cas allant en ce sens dans cette anthologie. Pourtant celle-ci va plus loin avec des récits où la figure monstrueuse n'est pas forcément celle que l'on croit. Ainsi du Lai du Bisclavret de Marie de France. Ce conte moral du XIIème siècle offre une vision du loup-garou digne de compassion.

Les écrivains ici compilés accentuent souvent leur histoire sur la mélancolie et la désespérance de cet Autre rejeté, plus que sur l'horreur et l'effroi. Une mention spéciale pour la dernière nouvelle: Jour de gloire de Victor Dixen est absolument formidable et résume à elle-seule la volonté du binôme à l'origine du recueil. Le récit mêle magie de la fantasy et créatures issues de la mythologie grecque dans une magnifique réflexion sur les rapports entre les êtres, la cruauté plus ou moins consciente de l'espèce humaine et l'altruisme. Une fable émouvante et marquante par son fond et par la qualité de rédaction.



Une anthologie à lire (et à offrir ou partager) à tous les âges. J'aurais presque un regret: que l'ouvrage ne soit pas pl us épais pour poursuivre l'enchantement.
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Les coups de coeur des Imaginales - 2013

En cette année 2013, outre son anthologie habituelle constituée de quelques-unes des plus belles plumes des littératures de l'imaginaire français (« Elfes et assassins »), le festival des Imaginales d'Epinal a également pris l'initiative de publier ces « Coups de cœurs des Imaginales ». Rappelons que depuis 2004, le festival a pris l'habitude d'accorder le label « coup de cœur » à un écrivain prometteur, ni véritablement débutant ni déjà « star » reconnue, label qui, comme l'explique Stéphanie Nicot dans sa préface, est censé assurer le rôle de panneau indicateur qui signalerait aux lecteurs « Attention, talent ! ». Né de la collaboration de trois maisons d'édition spécialisées dans ce type de littérature (Mnémos, ActuSF, Les Moutons Électriques) qui se sont d'ailleurs regroupées en 2012 sous le label « Les Indés de l'imaginaire », le projet est donc simple : proposer une nouvelle de chacun des auteurs s'étant vu octroyer cette récompense, de Thierry Di Rollo en 2004 à Samantha Bailly en 2013. Dix textes, donc, qui se succèdent de façon chronologique, et un thème assez général pour permettre une grande diversité de récit : la fantasy urbaine.



Si dans « Elfes et assassins », comme dans la plupart des anthologies précédentes, le très bon côtoyait le beaucoup moins bon, il faut reconnaître que la qualité est ici au rendez-vous, et ce pour chacun des textes. La postface suivant chaque nouvelle et dans laquelle les auteurs reviennent sur la façon dont ont germé leurs idées est également un bonus appréciable. Parmi les textes qui m'ont le plus marqué je citerai en premier lieu celui de Mélanie Fazi (« Trois renards ») qui, comme toujours, parvient à faire ressortir le mystère et la beauté de lieux ou d'actes du quotidien qui semblent, au premier abord, complètement anodins. Sans surprise Jean-Philippe Jaworski se hisse également parmi les meilleurs avec son « Profanation », texte qui nous plonge à nouveau dans l'univers du Vieux Royaume où on découvre cette fois l'envers des champs de bataille. « Séréna », nouvelle de Sire Cédric consacrée au mythe de la sirène, ou encore « Élixir », nouvelle de Samantha Bailly mettant en scène des empathes chargés de repérer les individus dangereux pour la société, sont également de belles réussites.



Cette anthologie des « Coups de cœur des Imaginales » se révèle au final de très bonne qualité, tant pour la diversité des thèmes abordés que pour la variété des styles proposés. Un moyen sur et efficace de découvrir ce dont les auteurs français de fantasy sont aujourd'hui capables.
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Victimes et bourreaux

Troisième anthologie ayant vu le jour suite au festival des Imaginales d’Épinal après « Rois et capitaines » en 2009 et « Magiciennes et sorciers » en 2010, « Victimes et bourreaux » nous propose à nouveau de découvrir les textes de certains des plus grands noms de la fantasy française de ces dernières années. Douze nouvelles ont été retenues pour cet ouvrage (dont Stéphanie Nicot assume encore une fois la publication), et si la qualité n'est évidemment pas toujours la même d'un texte à l'autre, il n'en reste pas moins que nous avons ici affaire à une excellente anthologie, presque à la hauteur de la toute première. Si le thème peut, au premier abord, paraître surprenant, il semble en tout cas avoir beaucoup inspiré les auteurs présents au sommaire de l'ouvrage qui ont choisi d'aborder le sujet sous des angles très différents. Certains mettent ainsi en scène des victimes et leur calvaire, comme Charlotte Bousquet et sa « Stratégie de l'araignée » dans laquelle elle reprend le personnage de son dernier roman (« Matricia »), ou encore Sam Nell qui nous fait vivre une scène de torture particulièrement atroce dans « Le deuxième œil ». D'autres, en revanche, s'interrogent sur la frontière ténue qui sépare parfois la victime du bourreau comme Lionel Davoust et son ambiguë personnage d'« Au-delà des murs », ou encore Pierre Bordage et sa nouvelle au titre évocateur « Qui sera le bourreau ? ».



Comme dans toute anthologie, certains textes se révèlent évidemment plus marquants que d'autres, et c'est notamment le cas ici de ceux qui ouvrent l'ouvrage. Parmi les douze, cinq m'ont ainsi particulièrement séduite, à commencer par deux textes parmi les plus courts : « Porter dans mes veines l'artefact et l'antidote » de Justine Niogret qui signe encore une fois une nouvelle follement originale, pleine de poésie et de mélancolie, et « Ton visage et mon cœur » de Nathalie Dau, nouvelle dans laquelle un homme victime d'un trop grand amour en vient à se changer en son propre bourreau. Michel Robert réussit également son coup avec « Qjörll l'assassin » où l'on fait connaissance avec une troupe de mercenaires en mission pour livrer un malfrat de la pire espèce à la justice, de même que Maïa Mazaurette et son « Que justice soit faite » qui nous plonge dans l'horreur de la grande peste du Moyen Age et la folie dévastatrice d'un homme d'église. J-P. Jaworski, enfin, se distingue quelque peu de ses confrères et nous offre avec « Désolation » un texte atypique mettant en scène une troupe de nains en expédition dans une cité oubliée, et dans lequel on reconnaît sans mal le talent et la maîtrise de l'auteur qui répond ici au sujet tout en rendant un bel hommage à une fantasy que l'on pourrait qualifier de plus « classique ».



Des auteurs talentueux, des textes tour à tour originaux, dépaysants, dérangeants ou captivants, voilà ce que vous trouverez en vous plongeant dans cette excellente anthologie dédiée aux amoureux de l'Imaginaire. A noter qu'à « Victimes et bourreaux » a succédé en 2012 « Reines et dragons » (cette fois sous la direction de Sylvie Miller et Lionel Davoust) et qu'en 2013 un « Elfes et assassins » devrait voir le jour.
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Anthologie des Imaginales 2019 : Natures

Pour la dixième année consécutive, les éditions Mnémos ont publié en mai dernier l’anthologie officielle des Imaginales d’Épinal. L’occasion de découvrir quelques plumes des littératures de l’imaginaire francophones, qu’il s’agisse d’auteurs confirmés ou de jeunes écrivains dont la bibliographie devrait s’étoffer dans les années à venir. Le casting donne en tout cas sacrément envie et réunit plusieurs auteurs qu’on a l’habitude de retrouver au sommaire des anthologies des Imaginales (le couple Claire et Robert Belmas, Charlotte Bousquet, Estelle Faye...) et d’autres que l’on découvre pour la première fois (Vincent Mondiot, Estelle Vagner, Ariel Holzl ou encore Grégory da Rosa). Le thème de cette année s’inscrit pleinement dans l’actualité puisqu’il y est question de « natures » au sens large du terme. La directrice de l’anthologie, Stéphanie Nicot, opte d’ailleurs pour la première fois pour un découpage thématique, distinguant les textes consacrés à la nature sauvage, ceux dédiés à la nature humaine, et ceux dépeignant un « ailleurs et demain » (catégories auxquelles s’ajoute une sorte de bonus sous la forme d’un texte très court signé par un universitaire « pour poursuivre la réflexion »). Comme chaque fois, la qualité varie en fonction des textes, mais l’ensemble demeure de bonne facture, avec peu de redondance au niveau des thématiques traitées.



David Bry (« Je suis forêt »)

Cette année encore, c’est l’auteur désigné comme « coup de coeur » des Imaginales qui ouvre le bal. Après Jean-Laurent del Socorro en 2018, la tâche revient à David Bry qui signe avec « Je suis forêt » une nouvelle plutôt courte mais assez immersive. Située dans un cadre médiéval-fantastique traditionnel, elle dépeint le combat épique que se livrent une cité et la forêt qui la jouxte, chacun des deux camps engageant toutes ses dernières forces dans cette bataille décisive : feu et fer d’un côté, crocs et racines de l’autre. Un beau texte, touchant et bien écrit.



Ketty Steward (« Mal de mer »)

Direction les Antilles avec « Mal de mer » de Ketty Steward qui nous dépeint la lutte désespérée d’un esprit des eaux pour venir à bout du dépérissement de son compagnon : l’océan. Un texte à nouveau très court mais sympathique, qui séduit surtout par l’exotisme de son décor et de la faune et flore invoquée. Dommage que la fin soit un peu trop abrupte et simpliste, même si on peut apprécier le message d’espoir qu’elle véhicule.



Aurélie Wellenstein (« La mer monte »)

Il est également question d’océan dans la nouvelle d’Aurélie Wellenstein qui nous dépeint un futur proche dans lequel les mers ont quasiment toutes disparues. Ce drame écologique se double de l’apparition de phénomènes surnaturels meurtriers qui prennent la forme de marées fantômes déferlant ponctuellement sur les vivants et charriant dans leur sillage les spectres d’animaux marins tués par l’activité humaine (surpêche, pollution…). L’idée est originale et le texte constitue une bonne entrée en matière au dernier roman de l’auteur qui traite du même sujet (« Mers mortes »).



Stefan Platteau (« Les Enfants d’Inanna »)

C’est à Stefan Platteau qu’on doit la nouvelle la plus longue de l’anthologie, et sans aucun doute l’une des meilleures. L’auteur abandonne pour l’occasion le monde des « Sentiers des astres » et le médiéval-fantastique et opte pour un décor plus contemporain puisqu’il s’agit de relater le déroulement d’une expédition menée en 1939 sur les sommets de l’Himalaya. Outre les conditions de survie extrêmement difficiles, les alpinistes doivent faire face aux sortilèges pernicieux déployés par un autre groupe d’explorateurs qui les devance de peu. La compétition est d’autant plus rude que les enjeux dépassent la simple fierté d’être les premiers à atteindre le sommet : il s’agit surtout d’être les premiers à recueillir le chant du Céleste qui a élu domicile sur le sommet. Le texte est très immersif : l’auteur nous dépeint par le menu les conséquences de l’altitude sur le corps des alpinistes ainsi que les méthodes employées par ces derniers pour s’acclimater et progresser dans un milieu aussi hostile. La petite touche de surnaturel ajoute au charme de ce récit qui parvient à surprendre le lecteur jusqu’à la toute fin.



Charlotte Bousquet (« La lumière de Malia »)

Charlotte Bousquet revient pour sa part à l’univers de « Shâhra », déjà mis en scène dans de nombreuses nouvelles et plus récemment dans un roman (« Les masques d’Azr’Khila »). L’ambiance orientale est à nouveau dépaysante, mais la quasi absence d’intrigue limite l’implication du lecteur et son intérêt pour la quête du personnage.





Ariel Holzl (« La traversée du désert »)

On passe à la deuxième partie de l’anthologie avec la nouvelle d’Ariel Holz qui met en scène un homme qui se demande s’il n’est pas en train de devenir en fou en découvrant qu’il est le seul à constater chaque matin que Paris se recouvre de sable. Le début est intriguant mais le texte se termine de manière tellement abrupte qu’on se demande dans un premier temps si on n’a pas loupé un wagon.



Estelle Vagner (« L’âme et le coeur »)

Estelle Vagner signe pour sa part un texte court mais bien ficelé qui dépeint la poursuite entre une jeune femme et une louve au passé visiblement plus complexe que les bribes qu’elle nous livre le laisse penser. L’intérêt tient surtout aux personnages pour lesquels on éprouve immédiatement de l’empathie. Simple mais efficace.



Grégory da Rosa (« Comme ça »)

Je n’ai, en revanche, pas du tout accroché à la nouvelle de Grégory da Rosa qui nous dépeint le quotidien d’une gamine marginalisée par son village dans une ambiance médiévale brutale. L’abondance de détails glauques aura eu raison de moi, de même que la personnalité de l’héroïne, à laquelle on peine à s’attacher, ainsi que la chute qui tombe un peu à plat.



Claire et Robert Belmas (« Seigneur de Colère »)

Le texte de Claire et Robert Belmas est pour sa part très réussi et met en scène un futur post-apo dans lequel une forme de végétal très invasif est parvenu à venir à bout de la quasi totalité de la vie sur Terre. Seules quelques enclaves résistent encore, mais elles sont revenues à une forme de vie assez primitives et ont oublié la majorité de notre histoire. La vie est rude dans ces petites communautés, d’autant que le système mis en place par la plupart emprunte malheureusement beaucoup aux régimes totalitaires qui ont marqué notre histoire. Les auteurs mettent en scène un jeune homme qui a tout à fait intégré ce mode de fonctionnement basé sur la violence et la domination, jusqu’à ce qu’une succession d’événement le poussent à s’interroger. Un texte brutal et sombre mais là encore assez immersif.



Philippe Tessier (« Qui se souvient des hômlas »)

Philippe Tessier signe pour sa part une sympathique petite fable mettant en scène des animaux humanisés qui s’interrogent sur le possible retour d’une espèce disparue depuis longtemps : les hommes.



Jean-Laurent del Socorro (« Armée d’un livre et d’un crayon »)

Après Ada Lovelace, première codeuse de l’histoire ayant vécu au XIXe, Jean-Laurent del Socorro s’attaque ici à une autre figure féminine dont l’histoire retiendra sans aucun doute le nom : la jeune Malala Yousafzai, militante pakistanaise engagée dans la lutte pour l’accès à l’éducation des jeunes filles partout dans le monde. Un texte émouvant qui revient sur le parcours de cette jeune fille courageuse et permet de mettre en lumière les inégalités persistantes dans le monde entre les hommes et les femmes. Une belle découverte.



Loic Henry (« Malaria »)

Loïc Henry se base pour sa part sur des études récentes concernant le forçage génétique et nous pousse à nous interroger sur les limites et les dangers potentiels de ces expérimentations. La nouvelle met en scène une jeune scientifique pleine de bonne volonté qui croit pouvoir venir définitivement à bout de la malaria en usant justement de cette manipulation sur les moustiques responsables de la transmission du virus. Mais jouer avec notre écosystème a un prix, même si on agit avec les meilleures intentions du monde.



Vincent Mondiot (« Par-delà les ruines »)

La nouvelle de Vincent Mondiot parle elle aussi d’expérimentation mais à plus large échelle. Le texte met en scène une chasseresse, membre d’une tribu primitive qui entreprend de traverser la forêt pour se rendre dans les ruines interdites, sous la direction de leur chamane. Mais l’expédition ne se passe pas comme prévu, et ce que notre héroïne va découvrir une fois arrivée à destination va totalement chambouler sa vision du monde. Une nouvelle bien écrite et dont la chute est habilement amenée.



Estelle Faye (« Jardins »)

Estelle Faye nous plonge pour sa part dans les entrailles d’un vaisseau en partance pour un long voyage dans l’espace et dans lequel un magnifique jardin visant à oxygéner et nourrir l’équipage a été créé. Une belle nouvelle, pleine de sensibilité dans laquelle on reconnaît sans mal la patte de l’auteur.



Jean Pruvost (« Epinaturalement »)

L’ouvrage se clôt avec un texte de Jean Pruvost, universitaire, qui s’essaye à un petit jeu littéraire autour du vocabulaire tournant autour des Imaginales et de la nature.



Comme chaque année, l’anthologie des Imaginales permet de découvrir la plume ou l’univers de plusieurs auteurs francophones réunis autour d’une même thématique, ici la nature. Pour ce qui est du cru 2019, je retiendrais surtout pour ma part les nouvelles de Stefan Platteau, Claire et Robert Belmas, Jean-Laurent del Socoro, Vincent Mondiot et Estelle Faye. Rendez-vous l’an prochain !
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Anthologie des Imaginales 2018 : Créatures

Comme chaque année depuis maintenant dix ans, les Imaginales publient à l’occasion de leur festival se déroulant à Épinal une anthologie regroupant les nouvelles d’auteurs francophones. Cette année, l’ouvrage réunit quatorze d’entre eux (pas mal de Canadiens, forcément, puisque pays à l’honneur) à qui Stéphanie Nicot a demandé de se pencher sur le thème des « créatures ». Il est vrai que la célébration du bicentenaire de la parution du célèbre « Frankenstein » de Mary Shelley s’y prêtait plutôt bien. Monstres, êtres féeriques, animaux fantastiques, formes de vie extraterrestres… : la manière de traiter le sujet est vaste et c’est cette diversité qui fait tout le charme de cette anthologie 2018. Avant de revenir plus en détail sur chacun des textes proposés, un mot sur la répartition des nouvelles qui peut paraître un peu curieuse. D’abord parce que la SF occupe à mon sens une place beaucoup trop importante par rapport aux autres genres, et notamment la fantasy (qui est censée être à l’honneur…). E surtout parce que la totalité des textes relevant du space-opera ont été mis à la suite, à la toute fin, plutôt que répartis dans le reste de l’anthologie. Bref, si j’ai plutôt bien accroché au début de l’ouvrage, les dernières nouvelles m’ont en revanche fait refermer l’ouvrage sur une note beaucoup moins positive, ce qui est dommage.



La machine différente – Jean-Laurent del Socorro

C’est Jean-Laurent del Socorro, coup de cœur du festival pour cette année 2018, qui ouvre le bal avec un texte relativement court consacré à Ada Lovelace, à qui on doit la réalisation du premier programme informatique de l’histoire (milieu du XIXe). A la satisfaction d’avoir réalisé une grande prouesse technique succède toutefois l’incrédulité, car tout porte à croire que la machine créée par la jeune femme est douée d’une véritable conscience… Un texte sympathique et touchant qui permet de mettre en lumière une figure historique féminine relativement peu connue du grand public.



En commençant par la faim – Anthelme Hachecorne

On enchaîne avec une nouvelle de fantasy très sombre mettant en scène une petite fille orpheline et un duo de nonnes à la Laurel et Hardy : Soeur Ventrue se démarque par son franc-parler et ne pense qu’à manger tandis que Soeur Sourire est plus discrète et excessivement bienveillante. Alors que les deux religieuses acceptent de se rendre dans l’ancien village de la petite fille afin d’y retrouver son chien, perdu au moment de l’attaque qui a coûté la vie à ses parents, le trio se rend compte que quelque chose cloche. C’est alors que retentissent des aboiements à vous glacer le sang. Il s’agit là à mon sens d’une des meilleures nouvelles de l’anthologie : c’est bien écrit, le suspens est au rendez-vous, les personnages sont attachants et surtout la chute est bien pensée.



Le nid de la sphinge – Claire et Robert Belmas

Claire et Robert Belmas optent pour leur part pour un texte à mi chemin entre la SF et le fantastique. Nous sommes en plein milieu de la Seconde Guerre mondiale, et une petite équipe de résistants tentent d’échapper aux Allemands à proximité du village d’Ouradour-sur-Glane. Forcés de trouver un lieu de repli pour soigner une de leurs camarades blessée, les trois survivants vont être guidés par un petit garçon vers un village complètement isolé dans lequel le temps semble s’être arrêté. C’est là qu’une mystérieuse créature commence à s’immiscer dans les rêves de l’un des soldats. Le début est très intriguant et les auteurs parviennent efficacement à maintenir le lecteur sous tension. La seconde partie est en revanche un peu plus bancale et les explications pseudo-scientifiques données viennent rompre le charme.



Les rêves de Venn Colomax – Patrick Moran

Retour à la fantasy avec un texte de Patrick Moran qui met lui aussi en scène un homme hanté chaque nuit par une étrange créature. Son interprétation est toute trouvée : si la bête l’a choisi, c’est parce qu’il est destiné à de grandes choses. Il va être déçu… Ne connaissant pas l’univers de l’auteur (que je suppose être le même que celui de « La Crécerelle »), j’ai eu un peu de mal à m’immerger dans cette cité au fonctionnement particulier. La chute, en revanche, est bien trouvée et rehausse l’intérêt de la nouvelle.



Une chance sur six – Gabriel Katz

Ambiance western pour Gabriel Katz dont on retrouve ici tout ce qui caractérise la plupart de ses œuvres : une intrigue simple mais efficace, relevée par une pointe de noirceur, un style direct et surtout des personnages torturés. L’auteur met en scène un homme traquant depuis des années l’assassin de sa femme. Un hommage sympathique à deux grandes figures de l’imaginaire anglais : Jack l’Éventreur et le duo Jekyll et Hyde.



L’homme d’argile – Adrien Tomas

On passe à de la fantasy historique avec « L’homme d’argile » d’Adrien Tomas qui se réapproprie le mythe du golem et propose un petit tour d’horizon de plusieurs époques : Prague au XVIe, Moscou au XVIIe, Londres au XIXe, l’Éthiopie pendant la Seconde Guerre mondiale, et enfin l’Islande aujourd’hui. Un texte sympathique et plein de références mais une intrigue qui aurait mérité d’être un peu plus développée.



Les portes du monde – Elisabeth Vonarburg

On bascule dans la SF avec « Les portes du monde » d’Elisabeth Vonarburg qui met en scène la relation entre un jeune garçon et sa « lith », une sorte de robot ultra-sophistiqué dont les riches familles se servent un peu comme d’un animal domestique. Mais Agwill n’est pas une lith comme les autres : elle est douée d’une vraie conscience qui lui permet de prendre ses propres décisions… quitte à désobéir aux règles qu’on est censé lui avoir programmé. Intéressant mais là encore l’intrigue est trop succincte pour parvenir à vraiment capter l’attention du lecteur.



Légende du premier monde – Fabien Cerutti

Fabien Cerutti revient pour sa part à l’univers du bâtard de Kosigan. L’histoire se déroule dans l’Antiquité, dans la ville d’Ys où deux hommes tentent de mettre au point une nouvelle race de créatures afin de remporter le concours organisé tous les cinq par le couple royal. Seulement entre les femmes-dauphins, les pégases, les dragons, ou encore les ptérodactyles marins, la concurrence est rude ! La Iëlfelanane mise au point par nos deux apprentis chercheurs réserve toutefois bien des surprises… C’est l’une des nouvelles les plus longues de l’anthologie, et c’est sans doute la meilleure. En très peu de pages, l’auteur parvient à mettre sur pied un décor incroyablement immersif et une intrigue passionnante dont le rythme ne faiblit pas jusqu’à la fin. Une belle réussite qui permet d’en apprendre un peu plus sur l’une des races que l’on retrouve dans les aventures du chevalier de Kosigan.



Une petite fleur – Olivier Gechter

La nouvelle d’Olivier Getcher se situe également dans le haut du panier. Elle met en scène un homme complètement ravagé par la mort de sa femme et qui s’enfonce un peu plus profondément chaque jour dans l’alcool. Mais une nuit, une fleur magnifique éclot dans l’un des pots du balcon de l’appartement où l’homme se terre. Et de cette fleur, lorsque personne ne risque de la surprendre, émerge une petite fée ! Une nouvelle fantastique très efficace qui aborde avec sensibilité le thème de la dépression.



Pied d’ombre – Hélène Larbaigt

Le « petit peuple » est aussi à l’honneur du texte d’Hélène Larbaigt dans lequel une femme rejetée par les autres à cause de sa difformité trouve un réconfort inattendu parmi les créatures féeriques qui s’installent dans son jardin. Trop court et trop « fouillis ».



Desdemona – Fabien Fernandez

La nouvelle de Fabien Fernandez inaugure le début d’une suite de textes de space-opera. Elle met en scène un équipage de pirates cherchant à retrouver l’épave d’un vaisseau légendaire. Mais entre les tensions entre les membres de l’équipage et l’étrange faune locale, la partie n’est pas gagnée ! Là encore c’est bien trop court pour qu’on parvienne à se plonger dans l’histoire ou à s’attacher aux personnages.



Casser la coquille – Jean-Claude Dunyach

Jean-Claude Dunyach imagine pour sa part un conflit entre les humains et une espèce extraterrestre supérieure avec laquelle toute communication semble impossible. Du moins jusqu’à ce qu’un soldat parviennent à tuer l’un de ces extraterrestres et entre en contact avec lui… Mêmes reproches que pour le précédent texte : trop court et trop peu développé.



La traductrice et les monstres – Jean-Louis Trudel

La communication est également au centre de la nouvelle de Jean-Louis Trudel qui met aussi en scène les interactions difficiles entre les humains et une race extraterrestre très particulière. Encore une fois on peine à éprouver de l’empathie pour ces personnages qui sont trop rapidement ou trop peu caractérisés. L’intrigue laisse également à désirer : j’ai eu un peu de mal à voir où l’auteur voulait en venir.



Elle a tes yeux – Estelle Faye

On continue avec une quatrième nouvelle de space-opera qui se révèle cela dit bien plus aboutie que les précédentes. Le texte est consacré à un homme qui a perdu sa compagne dont les pièces (ce sont des humains modifiés) ont été éparpillées sur différentes planètes. Et puis, un jour, le voilà qui croise une créature avec ce qu’il reconnaît être les yeux de son amour perdu. On retrouve la délicatesse et la sensibilité qui font tout le charme des textes de l’auteur. Une belle manière de refermer cette anthologie.



Avec cette anthologie consacrée aux « créatures » dans toute leur diversité, le festival des Imaginales donne une fois encore un bel aperçu de style et du talent de certains des auteurs de l’imaginaire les plus en vogue du moment. Si les nouvelles sont évidemment d’un niveau très variable, l’ensemble reste de bonne facture. Je ne saurais trop vous conseiller les textes de Anthelme Hauchecorne, Gabriel Katz, Fabien Cerutti, Olivier Gechter et Estelle Faye qui sont, à mon sens, les plus intéressants de l’anthologie.
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Imaginales 2017 : Anthologie Destinations

Pour la neuvième année consécutive, les éditions Mnémos publient à l'occasion du festival des Imaginales d'Epinal une anthologie dont l'objectif est de rendre compte de la qualité et de la diversité de la fantasy francophone. Après s'être effacée en 2012 au profit de Lionel Davoust et Sylvie Miller (remplacés à leur tour par Jean-Claude Dunyach, puis Jean-Claude Vantroyen), Stéphanie Nicot reprend ici les rênes de l'anthologie qui subit ses premières transformations depuis sa création. C'est d'abord la fin de l'opposition traditionnelle entre deux figures phares de la fantasy. « Rois et capitaines », « Magiciennes et sorciers », « Reines et dragons »... : il est vrai qu'en huit ans les auteurs ont eu l'occasion de faire le tour d'à peu près tous les personnages et créatures emblématiques du genre. L'occasion pour Stéphanie Nicot d'initier un autre changement : l'ouverture à la science-fiction (et, probablement l'année suivante au fantastique...). L'intention est louable même si je ne peux m'empêcher d'être un peu déçue de voir la SF prendre si vite une part aussi importante dans cette anthologie créée avant tout pour faire la part belle à la fantasy (cette année se sont six textes sur quatorze qui relèvent de la SF...). Il faut tout de même avouer que l'intitulé de l'ouvrage s'y prêtait plutôt bien. Déclinée en trois thématiques faisant directement écho au festival et à l'affiche réalisée pour l'occasion par Julien Delval (destination / destin / nation), l'anthologie se découpe en trois parties bien distinctes privilégiant tour à tour l'une ou l'autre de ces approches. Seul élément immuable, le choix du sommaire qui se compose comme chaque fois d'auteurs à la carrière plus ou moins longue mais en tout cas expérimentés.



Ils sont six à avoir choisi de se pencher sur la question du destin, un thème très (trop ?) vague qui fait de cette première partie sans doute la plus faible de l'anthologie, quant bien même la plupart des textes reste de qualité. Aurélie Wellenstein (coup de cœur des Imaginales 2017) reprend dans « Bucéphale au cœur des ombres » l'un de ses animaux de prédilection (le cheval). La réutilisation d'une créature méconnue du folklore médiéval est intéressante, mais la dénonciation du fanatisme religieux pas suffisamment approfondie. G. D. Arthur met ensuite en scène la rencontre entre une jeune plongeuse et une créature des abysses dans « Ivresses et profondeurs », un texte auquel je ne suis malheureusement parvenue à adhérer ni au fond ni à la forme. Grégory Da Rosa profite quant à lui de l'occasion pour nous en apprendre un peu plus sur la création de l'univers dans lequel se déroule son premier roman (« Sénéchal »). On reste aussi dans la fantasy avec Charlotte Bousquet qui nous conte dans « La voix des renards pâles » le destin tragique d'un chamane trop orgueilleux. Un texte qui, pour une raison que je ne saurais expliquer, ne m'a guère passionné et dont la chute se révèle un peu décevante. Fort heureusement, Victor Dixen nous offre avec « La Source » un très beau texte mettant en scène la passion d'un homme pour les territoires inexplorés et dont il faut surtout saluer l'habile narration faite d'une succession de témoignages émanant de proches de l'aventurier. On termine cette partie consacrée au destin avec « L'Aiguillon de l'amour », première nouvelle de SF signée François Rouiller : une nouvelle réussie et au fort potentiel comique (même si j'ai du mal à la rattacher à la thématique...) dans laquelle un homme parvient, grâce aux nouvelles technologies, à piloter des animaux/caméra pour espionner sa voisine bronzant en tenue d’Ève dans son jardin...



La seconde partie consacrée à la thématique « nation » a manifestement moins séduit puisqu'elle ne comporte que trois textes. On poursuit dans la science-fiction avec « Chakrouar III » de Jean-François Tomas qui met en scène l'arrivée sur une planète (apparemment revenue à un niveau de développement proche de celui du Moyen-Age) d'une mission diplomatique cherchant de nouveaux alliés. Un texte efficace qui séduit surtout par l'alternance de points de vue et le ton employé, même si la chute (bien qu'inattendue) est un peu difficile à avaler. Adrien Tomas nous livre pour sa part un véritable plaidoyer pour l'écologie et imagine un futur pas si lointain dans lequel le Japon aurait complètement disparu, englouti par l'océan (« La voix des profondeurs »). Une nouvelle touchante dans laquelle la Terre reprend ses droits et qui nous interroge sur notre rapport à la nature. On doit à Stephan Platteau l'une des deux nouvelles les plus longues de l'anthologie (une trentaine de pages) mais aussi l'une des meilleures. Se déroulant mille ans avant « Manesh », « Le roi cornu » nous narre le sort du peuple des Firwanes, obligés d'entreprendre un voyage périlleux sur la mer pour échapper à la guerre. On fait évidemment très vite le rapprochement avec le contexte mondial actuel et ses millions de migrants disparus en Méditerranée après avoir été forcés de quitter leur pays. On retrouve également l'un des thèmes chers à l'auteur et déjà exploité dans « Dévoreur », à savoir l'influence faste ou néfaste des astres sur le comportement humain. Ajoutez à cela un combat spectaculaire opposant deux prétendants au trône, des créatures marines extraordinaires et un voyage sur une île peuplée de dangereuses créatures, et vous obtenez un récit captivant porté par une plume toujours aussi habile.



Dernier volet de cette trilogie, « Destinations » regroupe les nouvelles des cinq auteurs restant qui mettent l'accent sur le voyage et l'exploration. Les deux héros de Pierre Bordage n'hésitent pas, par exemple, à embarquer sur un vaisseau spatial faisant route vers l'inconnu (« Sans destination »). Un texte sympathique mais un peu court qui illustre bien que l'important n'est pas tant la destination que le voyage lui-même. Loïc Henry imagine quant à lui une Terre progressivement vidée de ses habitants, envoyés par grappe vers une planète supposément moins abîmée que la notre (« Essaimage »). L'auteur opte pour une nouvelle à chute et l'ensemble est plutôt réussi. Les personnages d'Estelle Faye ont eux aussi l'espoir d'un futur plus radieux sur une autre planète (« Hoorn »), et tant pis si le voyage se révèle plus long que prévu... L'auteur parvient comme d'habitude à donner vie à des personnages touchants (mention spéciale à Alex, sexagénaire fan de métal et de chansons de pirates) et multiplie les référence au milieu maritime, chose qui personnellement me plaît beaucoup. Avec sa nouvelle consacrée à « Jehan de Mandeville », Fabien Cerutti revient quant à lui à son univers du « Bâtard de Kosigan » et nous entraîne dans un Moyen Age fantasmé peuplé de créatures surnaturelles. L'action prend place en 1351 alors que Jehan de Maneville entreprend un périlleux voyage à la demande de la comtesse de Champagne afin d'aller délivrer un message aux Elfes de jade résidant dans les forêts d'Orient. Au programme : une traversée mouvementée de l'Europe et de l'Asie, des combats, des trahisons et surtout des rencontres avec des créatures étonnantes. Une vraie merveille ! Pari également réussi pour Lionel Davoust qui signe avec « Une forme de démence » une très jolie nouvelle s'interrogeant sur le rapport entre un auteur de fantasy et son univers sur fond de paysage islandais. Touchant et surprenant jusqu'à la fin.



Cette neuvième anthologie des Imaginales fait incontestablement partie des bons crus et permet de faire plus ample connaissance avec la plume et les univers de quatorze auteurs plus ou moins inspirés par la thématique certes très vaste de cette année. Si j'ai personnellement été plus sensible aux nouvelles de Victor Dixen, Stephan Platteau, Fabien Cerutti et Lionel Davoust, tous les textes valent le coup d’œil, qu'ils mettent à l'honneur la fantasy ou la science-fiction. Rendez-vous l'année prochaine !
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Et si Napoléon...

En conclusion, le recueil de nouvelles uchroniques Et si Napoléon… dirigé par Stéphanie Nicot pour commémorer les deux cent ans de la mort de Napoléon Bonaparte, possède des textes de très bonne facture. Parmi eux, mes trois préférés sont sans conteste ceux de Fabien Cerutti, de Silène Edgar et de Jean-Laurent del Socorro. Seul petit bémol : la majorité parle de batailles et au bout de treize textes, cela peut-être un peu lassant. Aussi, ceux qui sortaient de cette configuration (Silène Edgar ou Victor Dixen) ont été bienvenus. Seulement deux textes sur les treize n’ont pas eu mes faveurs ce qui finalement est peu.



Pour une chronique plus complète, rendez-vous sur mon blog :
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Frontière[s]

Initialement prévue pour 2020, puis repoussée à 2021 pour cause de Covid, l’anthologie des Imaginales fait son retour pour la douzième fois avec une thématique sobrement intitulée : « Frontière[s] ». Réunissant quelques unes des plumes parmi les plus prisées de la scène de l’imaginaire français, l’ouvrage est de nouveau publié sous la direction de Stéphanie Nicot, directrice du festival éponyme, et réunit quatorze nouvelles mêlant fantasy, SF ou fantastique. Réparties en trois catégories, celles-ci interrogent la notion de frontières en mettant en scène des univers et des personnages avides d’explorer, de transgresser, voire d’abattre totalement ces tracés qui leur sont imposés. Comme dans toute anthologie, il y a du bon, et du moins bon. Certains textes se révèlent ainsi beaucoup trop courts pour permettre à leur auteur de développer suffisamment sa réflexion ou son cadre, tandis que d’autres parviennent immédiatement et efficacement à installer une ambiance propice à l’immersion. Contrairement à ce que le sujet pouvait laisser penser, le choix de mettre en scène un conflit armé n’a que rarement tenté les auteurs et autrices présents au sommaire, même si la guerre est bel et bien au coeur de l’intrigue de plusieurs nouvelles. Beaucoup ont préféré miser sur la frontière entre la vie et la mort, ou encore le réel et le surnaturel, que ce soit dans le cadre d’un récit fantastique, humoristique ou historique. Plusieurs s’interrogent aussi sur ce que seront les frontières du futur, qu’elles soient géographiques ou physiques, et s’inscrivent davantage dans le domaine de la SF. On rencontre en revanche peu de textes « politiques » s’inspirant de la question pourtant au combien d’actualité des migrations et de la fermeture des frontières, et il est un peu dommage de ne pas voir l’imaginaire s’emparer de cette thématique pourtant au cœur des enjeux de nos sociétés.



Estelle Faye – La main à quatre doigt

Une fois n’est pas coutume, Estelle Faye nous livre une nouvelle baignant dans une ambiance maritime : un voyageur se voit accueilli dans une auberge par un tenancier particulièrement loquace qui lui narre l’histoire de Nell et Liam, un couple de contrebandier qu’un seigneur local pensait pouvoir soumettre. L’autrice explore ici la frontière entre la réalité et la légende, nous offrant ainsi un conte qui séduit avant tout par la qualité de son ambiance qui n’est pas sans rappeler certains passages de son dernier roman « Widjigo »



Charlotte Bousquet – La danse de Salia

La nouvelle se situe dans le même univers que le diptyque « Shâhra ». Elle met en scène une jeune fille ayant tout quitté pour devenir danseuse et assistant à la destruction de son rêve par les flammes, avant de se découvrir un pouvoir insoupçonné. Tout comme pour le premier tome du diptyque mentionné plus haut, je n’ai pas accroché : j’ai encore une fois eu l’impression d’avoir affaire à la même héroïne, la poésie du texte m’a laissée de marbre, quant à l’intrigue et l’univers ils sont tous deux trop peu développés pour susciter la curiosité.



Jean-Claude Dunyach – La Ville, ce soir-là

Fidèle à ses habitudes, l’auteur adopte dans cette nouvelle un ton plutôt humoristique. On y arpente une ville dans laquelle la mort n’est qu’un rituel de passage à l’âge adulte dont un adolescent est frustré d’avoir été momentanément privé (pour cause de grippe), alors que ses autres camardes ont déjà franchi le grand saut. Le texte fait sourire mais le propos est exposé de manière bien trop brève et légère.



Paul Beorn – Le dernier royaume

Un simple commis de cuisine se retrouve embarqué dans des intrigues de palais lorsque la reine découvre qu’il est capable d’ouvrir un passage vers un monde inconnu. La nouvelle n’est pas dénuée de poésie et se lit avec plaisir mais, là encore, se révèle trop peu étoffée pour laisser un souvenir impérissable.



Thibaud Latil-Nicolas – L’éthique du guerrier

On retrouve l’univers de « Chevauche-brumes » et des légionnaires de la neuvième compagnie, ici en mission pour empêcher les derniers vestiges d’une armée vaincue de franchir un pont stratégique. Le récit nous permet de retrouver certaines des figures emblématiques des romans et surtout de découvrir comment l’un d’entre eux à rejoint la compagnie. Les scènes d’affrontement sont toujours aussi réussies, portées par un souffle épique remarquable. De même, les échanges bourrus et plein d’humour entre les membres de la compagnie permettent d’unir lecteurs et personnages dans un même et agréable sentiment de camaraderie. La réflexion de l’auteur autour de la frontière entre le guerrier et le bourreau est de plus traitée avec subtilité, ce qui fait de cette nouvelle sans doute la plus réussie de l’anthologie.



Rachel Tanner – Exodus

Une fois n’est pas coutume, Rachel Tanner nous offre une nouvelle historique qui se déroule cette fois en Neustrasie, à l’époque mérovingienne. Après une défaite sur le champ de bataille, le royaume est en passe d’être envahi par ses voisins burgondes. Une famille installée à la frontière, les Mericourt, décide de préparer son départ de ses terres avant l’arrivée de l’ennemi. Pris dans le tourbillon des bouleversements qui se préparent, deux enfants vont se retrouver confrontés à une puissance très ancienne. Là encore, nous avons à mon sens affaire à l’un des meilleurs textes du recueil : le contexte historique est succinctement posé mais avec suffisamment d’éléments pour permettre l’immersion ; les personnages sont attachants et on retrouve cette pointe de noirceur, transparaissant notamment dans la description âpre des combats, qui apporte une touche de réalisme et de complexité aux textes de l’autrice.



Patrick Moran – Ulaanbaator

La nouvelle se déroule dans un futur post-apo, en Mongolie, où de nombreux Occidentaux se sont réfugiés afin de fuir des bouleversements à propos desquels l’auteur reste évasif. On y suit un duo composé d’un guide touristique local et de sa cliente, une jeune et riche héritière qu’on lui a présenté comme désireuse de s’encanailler dans le quartier réunissant depuis des années de plus en plus de ressortissants européens parmi les moins fortunés. Mais les apparences sont trompeuses, et le jeune homme va se retrouver entraîner dans un complot dont les enjeux le dépassent. Le décor est très intéressant, avec cette espèce de ville-tour dans laquelle chaque étage abrite les exilés de tel ou tel pays européen, et qui a su développer sa propre organisation ainsi que ses propres passages secrets. L’action est au coeur du texte, si bien qu’on ne s’y ennuie pas, mais les personnages sont un peu fades et ne suscitent guère de sympathie.



Ariel Holzl – Cieux d’artifice

L’auteur opte ici pour une courte nouvelle se déroulant dans un XIXe siècle uchronique dans lequel on suit une troupe itinérante naviguant dans les airs, et notamment une jeune femme, qui ne se remet pas d’un drame personnel. Le survol de l’équivalent de notre Royaume-Uni, qui mène depuis des années une politique isolationniste drastique, va toutefois changer le cours de sa vie. L’idée est bonne et la fin poétique mais la nouvelle reste trop courte pour véritablement marquer l’esprit.



Johan Héliot – Comme un long hurlement d’acier aux frontières du réel

La nouvelle met en scène une uchronie impliquant l’existence d’une zone magique inexplorée et de créatures utilisées comme vaisseaux afin de tracer des frontières. Le cadre est très intéressant et prompt à enflammer l’imagination (on pense un peu à la série de « Téméraire » de Naomi Novik, avec ces imposantes créatures sur lesquelles grouille tout un équipage) mais l’intrigue pêche un peu par sa simplicité. La réflexion plus politique de l’auteur concernant les effets dévastateurs de la colonisation et l’artificialité du découpage des frontières proposées par les Européens est en revanche des plus intéressantes.



Floriane Soulas – Les enfants prodigues

L’autrice met en scène un futur dans lequel l’humanité a évolué au point que la procréation ne se fasse plus que de façon génétique, ce qui n’a évidemment pas manqué d’impliquer de nombreux changements physiologiques. Pour les besoins de la science, une chercheuse va toutefois tenter l’impossible : mener elle-même à terme une grossesse, et ce à l’ancienne. Les réflexions de l’autrice sur les maux de la grossesse et les sensations qu’elle procure amusent dans la mesure où son personnage, qui n’est plus habitué à subir un véritable inconfort physique, s’émerveille ou s’horrifie de choses qui nous paraissent banales. L’intrigue demeure toutefois trop succincte et la protagoniste trop froide pour que l’immersion du lecteur soit complète.



Loïc Henry – Les frontières de pluie

On confit à un duo composé d’une soldate et d’un aventurier farfelu la mission d’explorer une zone dangereuse en vue de préparer une intervention militaire. Leur mission ne va cependant pas se dérouler comme prévue. Là encore le texte est bien trop court pour qu’on parvienne à s’attacher aux personnages ou que l’on s’empreigne des enjeux.



Ketty Steward – Serrez à droite

Un homme loue une voiture qui nous paraît ordinaire aujourd’hui mais qu’on ne trouve désormais plus nul part car jugée trop polluante. Une invitée surprise va toutefois faire dérailler la petite expédition du héros et lui faire franchir une frontière méconnue. Un texte amusant mais anecdotique.



Sylvie Miller – Pépin et les tracas d’un roi

Le Brexit version fantasy, voilà ce dont il est question ici. Avec l’humour qui caractérise la plupart de ses écrits, Sylvie Miller relate les bouleversements engendrés par la volonté d’un peuple et de ses dirigeants de quitter l’Union dans laquelle s’étaient regroupés plusieurs nations (naine, elfique, humaine…) depuis deux siècles. Si le tout commence comme une comédie, le propos se fait plus tragique au fil du récit dont l’intrigue se révèle relativement simple mais néanmoins efficace.



Raphaël Bardas – Coureur des bêtes

Loin du loufoque trio de mercenaires mis en scène dans « Les chevaliers du Tintamarre », le héros de Raphaël Bardas est un prince pétri de grands idéaux que son royal père n’entend pas lui laisser expérimenter, au point de l’écarter de la ligne de succession. Qu’à cela ne tienne : le jeune homme sera coureur, et vivra, retiré des hommes, à la frontière du royaume des centaures, entouré d’autres bêtes. Son paisible quotidien va toutefois être bouleversé lorsqu’il apprend que son père est mourant, et qu’une armée d’invasion se tient aux portes du royaume. On peut saluer ici l’habilité avec laquelle l’auteur a construit son intrigue qui surprend par plusieurs bons rebondissements. La réflexion proposée est elle aussi à saluer dans la mesure où, contrairement à la quasi totalité des autres textes, elle offre une véritable possibilité de rompre avec la notion même de frontières.



Cette nouvelle anthologie des Imaginales permet, comme chaque année, de retrouver ou de découvrir certaines des plumes de la fantasy françaises parmi les plus prometteuses du moment. Si tous les textes ne valent évidemment pas le détour, certains séduisent par la qualité de leur réflexion ou de l’immersion qu’ils proposent. Parmi eux, je vous recommande notamment les nouvelles de Thibaud Latil Nicolas, Rachel Tanner, Raphaël Bardas ou encore Estelle Faye.
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Et si Napoléon...

Voilà deux cents ans que Napoléon est mort. L’information n’a pas pu vous échapper tant la question de l’hommage à rendre ou pas au personnage a fait les gorges chaudes des chaînes d’info pendant plusieurs mois. N’étant personnellement pas fan du personnage (bien qu’adorant la période) et exécrant par dessus tout le « roman national » vendu par les historiens amateurs qui pullulent dans les grands médias (ah Franck Ferrand…!), je m’étais jusqu’à présent sagement tenue à l’écart des polémiques sur le sujet, de même que des nombreuses déclarations d’amour béates à ce grand homme qui aurait sauvé le destin de la France. Et puis voilà que l’imaginaire s’empare à son tour du sujet par le biais de cette anthologie dirigée par Stéphanie Nicot qui réunit ici treize plumes françaises parmi les plus talentueuses, de Jean-Philippe Jaworski à Fabien Cerutti en passant par Silène Edgar, Jean-Laurent del Socorro, Thibaud Latil-Nicolas ou encore Johan Héliot. La préface signée par la directrice de l’ouvrage aura fini de me convaincre : la volonté n’est pas ici de célébrer Napoléon mais de profiter du terrain de jeu exceptionnel que constitue pour des auteurs et autrices de SFFF les périodes révolutionnaires et impériales. Les points de vue adoptés par les différentes plumes présentes au sommaire de l’anthologie sont effectivement assez variés et, si certains ne résistent pas à laisser poindre leur admiration pour le génie tactique ou le grand visionnaire, la plupart des textes demeurent mesurés et cherchent au contraire à nuancer tant l’aura exceptionnelle qu’on a accolé au petit Corse que le bien fondé de ses décisions pour l’avenir de la France aussi bien que de l’Europe, et même des États-Unis. Les nouvelles sont ici classées en trois grands ensembles thématiques : le premier recense les textes relatant une victoire implacable (quoiqu’évidemment différente de celle véhiculée par l’histoire officielle) de Napoléon ; le second réunit les auteurs ayant imaginé un Empire perdurant bien au-delà de 1815 tandis que le troisième (plus conséquent) rassemble les textes imaginant un destin différent au général, et par conséquent à l’Europe toute entière.



La première grande partie intitulée « L’empire vainqueur » regroupe quatre textes de longueurs variables mais qui tournent presque tous autour des campagnes militaires de l’empereur, à commencer par celle de Russie. Avec « Au service secret de l’empereur », Laurent Poujois nous offre une première nouvelle bien ficelée mais un peu courte mettant en scène l’ingénieur Robert Fulton (inventeur du bateau à vapeur) et sa course folle pour fuir l’Angleterre afin d’entrer au service de Napoléon. L’auteur adopte les codes du roman d’aventure et d’espionnage classique, ce qui s’avère globalement efficace quoique trop peu développé. Jean-Claude Dunyach opte lui aussi pour un texte très court (et déjà paru dans un précédent recueil de l’auteur) et nous décrit dans « La dynamique de la Révolution » un Lavoisier passé au service de Napoléon et assistant à la bataille de Waterloo au cours de laquelle l’empereur a prévu d’utiliser plusieurs de ses innovations techniques. Là encore le texte est trop bref pour marquer durablement le lecteur (quatre pages…) mais la plume de l’auteur et l’ironie qui s’en dégage demeurent toujours aussi agréables. A l’inverse de ses deux confrères, Fabien Cerutti mise sur un format plus long avec « La nouvelle campagne de Russie ». Fidèle à ce qu’il a déjà pu faire dans « Le bâtard de Kosigan », l’auteur a compulsé une solide documentation et se plaît à jouer avec notre histoire pour lui faire prendre des chemins que l’on n’attendait pas. Si Napoléon est bien au cœur du récit, d’autres personnages sont également mis en avant à commencer par l’une des sœurs de ce dernier, Pauline Bonaparte, ainsi que le marquis de La Fayette. Le choix de mêler enjeux européens et américains est intéressant, de même que la volonté d’atténuer le charisme du Corse en rendant sa sœur responsable (dans l’ombre) de ses plus grands succès, néanmoins j’ai eu un peu de mal avec le personnage de La Fayette que l’auteur dépeint ici comme le chantre de la liberté et de l’égalité et un ardent défenseur du peuple… Quand on connaît les prises de position du marquis à l’époque, on tique un peu. Johan Héliot reste lui aussi fidèle à ce qu’il a pu faire dans ses précédentes œuvres, à commencer par la dernière en date (« Le grand siècle ») puisque, après avoir imaginé la rencontre entre Louis XIV et une entité extraterrestre, l’auteur se plaît ici à attribuer à la rencontre entre l’empereur et une créature toute aussi mystérieuse le succès (fictif) de la campagne de Russie.



La seconde partie, baptisée « L’empire toujours » réunit trois autres nouvelles qui figurent parmi mes préférées sur l’ensemble du recueil. La palme revient à Silène Edgar (d’ailleurs seule autrice de l’anthologie) qui nous offre avec « Tout se distille » une nouvelle rafraîchissante dans laquelle Napoléon et son empire n’occupent qu’une place marginale et s’effacent au profit d’une poignée de figures populaires, bien éloignées des considérations politiques qui se trouvaient jusqu’à présent au cœur des autres récits. Le texte est bien écrit, l’intrigue bien ficelée, et la conclusion drôle et parfaitement appropriée. Thibaud Latil-Nicolas tire lui aussi son épingle du jeu avec « Crassus et Auguste », nouvelle dans laquelle l’empereur se retrouve à nouveau directement mis en scène mais dont la morale se révèle très éloignée de celle des précédentes nouvelles : parce qu’ils reposent sur un état de guerre permanent et sur l’extension infinie de leur puissance, « les empires ont pour seule vocation d’assister, un jour, à leur propre effondrement ». Là encore l’auteur se plaît à évoquer un scénario différent concernant le devenir de l’Europe au XIXe, et il faut admettre que les retournements d’alliances et les nouveaux enjeux dont il est question ici sont particulièrement convaincants. Jean-Philippe Jaworski nous offre pour sa part un texte aussi émouvant que référencé avec « Implacable Clio ». L’auteur y met en scène deux intellectuels du début du XXe siècle, Jean Giraudoux (écrivain, notamment réputé pour son ouvrage « La guerre de Troie n’aura pas lieu » et Gabriel Leroux (professeur d’histoire et d’archéologie mort durant la Première Guerre mondiale), tous deux entraînés malgré eux dans un conflit qui les dépasse sous la direction d’un empereur toujours aussi avide de conquête. Le parallèle avec la Grande Guerre saute aux yeux et les nombreux clins d’œil historiques et littéraires ne manqueront pas de ravir les connaisseurs, de même que l’excellente chute qui nous incite à voir d’un nouvel œil un classique de la littérature.



Troisième partie de cette anthologie consacrée à Napoléon, « Quand l’Empire s’efface » rassemble les textes d’auteurs s’amusant à imaginer au général un autre destin que le sien. Pas d’empire, donc, ni de guerres de conquêtes mettant l’Europe à feu et à sang pendant des décennies. Alors quoi ? Raymond Iss et Jean-Laurent del Socorro ont eu l’excellente (et trop rare) idée de s’intéresser à Bonaparte non pas en tant qu’empereur mais en tant que général républicain. Car oui, Napoléon s’est d’abord fait connaître en menant plusieurs campagnes militaires au profit de la Révolution, avant de prendre définitivement son envol sous le Directoire dont il sera finalement l’un des fossoyeurs. Raymond Iss se plaît ainsi à imaginer dans « Le dernier rêve de Napoléon » un général certes talentueux mais n’ayant pas su tirer avantage de certains retournements politiques (notamment au moment de Thermidor) et qui n’a donc pas du tout eutla carrière qu’on lui connaît. Même parti pris pour Jean-Laurent del Socorro qui imagine dans « L’Horatius Coclès du Tyrol » une rivalité entre Bonaparte et un autre général au moins aussi talentueux et contemporain du Corse : Thomas Alexandre Dumas. On reconnaît bien là la patte de l’auteur, aussi bien dans le sérieux avec lequel il retranscrit la documentation sur laquelle il s’est appuyé que dans son souci de varier les profils de ses personnages afin de mettre en lumière des parcours atypiques. Armand Cabasson mise lui aussi, avec succès, sur l’originalité puisqu’il imagine un Napoléon vieillissant exilé depuis le début du XIXe au Mexique et endossant une toute dernière fois son costume de général pour offrir la victoire à une troupe de soldats étrangers œuvrant pour l’Armée française. La nouvelle se concentre exclusivement sur le sanglant affrontement entre troupes française et mexicaine et marque aussi bien par la qualité de son écriture que par le choix de l’auteur de délocaliser l’action en Amérique centrale. J’ai été moins convaincue par les textes de Victor Dixen (« Cent Jours sans lui ») et Ugo Bellagamba (« Mémorial de Philae ») qui mettent en scène un Napoléon ayant été détourné de son destin par une rencontre avec une entité surnaturelle. Le dernier texte (« Rêves d’égalité ») signé par l’auteur Michael Roch permet quant à lui d’évoquer brièvement la question du rétablissement de l’esclavage et de la politique coloniale de Napoléon mais la nouvelle m’a parue trop décousue et les personnages peu développés. Une très bonne posteface signée par Bertrand Campeis et Karine Gobled vient clore l’ouvrage et recense les différentes uchronies ayant été écrites sur Napoléon.



Pari réussi pour Stéphanie Nicot et les auteurs de cette anthologie qui échappe à l’écueil de la commémoration ou de l’hagiographie en proposant des portraits divers et nuancés de Napoléon et de son bilan. Les textes les plus critiques envers le personnage ou le mettant au second plan sont ceux qui m’ont le plus enthousiasmés (voir les nouvelles de Silène Edgar, Thibaud Latil-Nicolas, Jean-Philippe Jaworski), de même que ceux se focalisant davantage sur la période révolutionnaire (voir Jean-Laurent del Socorro et Raymond Iss) mais force est de reconnaître qu’il y en a pour tous les goûts et que l’ensemble est de très bonne facture. Avis aux amateurs d’histoire, donc.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Et si Napoléon...

Le pari pris par les éditions Mnémos et Stéphanie Nicot en 2021 reste un choix osé. Consacrer un volume de 250 pages à plusieurs récits uchroniques mettant en scène Napoléon Ier aurait de quoi susciter des commentaires désobligeants. Et pourtant, l'approche est habile.



Le format du livre est ici un bon compromis entre le format de luxe qui attire l'oeil et celle proposée : proche du beau livre, avec une première de couverture originale et tentante, des rabats intérieurs sobre, une quatrième donnant envie sans en révéler davantage.



Les noms des auteurs est un autre argument. Comme résister à un telle galerie : Fabien Cerutti, Jean-Laurent Del Socorro, Silène Edgar, Jean-Philippe Jaworski, Johan Heliot, Thibaud Latil-Nicolas pour les auteurs les plus connus... C'est ici la fine fleur de la fantasy historique française et quelques auteurs reconnus de science fiction (française) qui sont ici retenus !



L'équilibre sera ici assuré entre fantasy, uchronique pure et dure, science-fiction, sans oublier les récits de fiction littéraire et écrits plus oniriques : il y en a vraiment pour tous les goûts et pour toutes les couleurs. Il sera même question d'espionnage ! Il est ici question de bien plus que Napoléon.



L’introduction est habile, tente un classement des œuvres proposées mais peine à rendre hommage à ce travail habile.



Si ce recueil est particulièrement inspiré, il demandera toutefois une bonne connaissance de la période pour être apprécié à sa juste valeur. Mais qu'importe !



Et si Napoléon est une pépite ! A découvrir et à partager autour de soi !
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Anthologie des Imaginales 2009 : Rois & Cap..

Première anthologie ayant vu le jour suite au festival des Imaginales d'Épinal, « Rois et capitaines » est, à ce jour, sans aucun doute l'une des meilleures qu'il m'a été donné de lire. Qu'il s'agisse d'auteurs confirmés tels Thomas Day, Lionel Davoust ou encore Pierre Bordage, ou bien amateurs comme Julien d'Hem, le moins que l'on puisse dire c'est que la qualité est bel et bien au rendez-vous. Et il y en a pour tous les goûts ! On y trouve ainsi le récit de batailles sanglantes et de sièges héroïques comme dans « Montefellone » de Jean-Philippe Jaworski qui nous met face à l'absurdité de la guerre et à l'ingratitude des puissants, ou encore « Serpent-Bélier » d'Alain Cabasson qui nous entraîne dans la Russie médiévale et ses dieux, menacées par les armées mongoles et l'intolérance du christianisme. D'autres auteurs nous embarquent cette fois pour des expéditions en terre inconnue comme Lionel Davoust et son « Impassible Armada » où l'on découvre deux flottes embourbées dans un conflit tant militaire que psychologique, ou encore Pierre Bordage qui nous propose un voyage à bord de l'un de ses impressionnants vaisseaux du désert (« Dans le cœur de l'Aaran »).



Les femmes sont également à l'honneur, Rachel Tanner réinventant pour nous l'histoire de Jeanne d'Arc dans « La Demoiselle et le roitelet » tandis que Catherine Dufour s'attarde sur le sort réservé aux jeunes filles bien nées violentées et chassées de leur château par l'ambition des baronnies et duchés voisins avec son « Prince aux pucelles »). L'humour, enfin, est loin d'être absent avec notamment le savoureux texte de Johan Héliot (« Au plus élevé trône du monde »), nouvelle pleine d'inventivité et de dérision nous emmenant à la découverte de la face cachée de la Lune aux côtés de personnages historiques de renom. Le combat en apesanteur du célèbre d'Artagnan vaut à lui seul le détour! Mention spéciale également à Julien d'Hem qui signe avec « Le crépuscule de l'Ours » un premier texte d'une très grande qualité et qui compte, à mon sens, parmi les plus réussis de cette anthologie.



Une très bonne initiative et un excellent moment de lecture, à prolonger avec les autres anthologies parues dans le cadre du festival des Imaginales qui, depuis 2009, ont pris l'initiative de publier un ouvrage de ce type chaque année.
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Imaginales 2017 : Anthologie Destinations

L’anthologie des Imaginales c’est un rendez vous annuel qui permet de prolonger un peu le festival et de se replonger dans le thème de l’année. Celui de cette année est Destinations qui a été décliné en : Destins, Nations et Destinations. C’est un thème assez vaste qui permet l’incursion de la science fiction dans un anthologie traditionnellement consacrée à la fantasy. Plusieurs nouvelles relèvent du space opera ou de l’anticipation. Ce choix a le mérite de changer de direction par rapport aux anthologies précédentes et de montrer la diversité des Imaginales qui est consacré aux mondes imaginaires en général. Les 6 premières nouvelles apparaissent sous le thème Destins, les 3 suivantes au thème Nations et les 5 dernières au thème Destinations.



Le thème appelle au voyage et il se retrouve dans quasiment toutes les nouvelles: on découvre l’orient avec les croisades dans Bucéphale au cœur des ombres où un chevalier au cœur pur croise un cheval maudit, on part à la rencontre les légendes du désert dans la La Voix des renards pâles dans un texte bien écrit et émouvant. Fabien Cerutti nous fait vivre les voyages de Jehan de Mandeville, qui a réellement existé mais qui dans Jehan de Mandeville, Le livre des merveilles du monde se retrouve dans l’univers du bâtard de Kosigan pour une très belle nouvelle tout à fait dans le thème et qui s’inscrit également dans les romans de l’auteur en apportant un élément important à son univers. Victor Dixen dans La Source nous fait aussi vagabonder en racontant l’histoire d’un homme cherchant durant toute sa vie la source d’un fleuve où il y aurait la source de toute vie. Son histoire est racontée par des gens qui l’ont connu lors de différents moments clés de sa vie. C’est un très beau texte avec un procédé narratif qui donne sa beauté au texte. J’ai beaucoup aimé cette nouvelle qui m’a fait rêver de ballades lointaines.



D’autres formes d’expédition sont aussi au cœur de cette anthologie: des déplacements dans l’espace avec la découverte de Chakrouar III qui est une nouvelle à chute (très bien amenée) où un ambassadeur très pompeux se rend sur une planète colonisée pour voir son état. Pierre Bordage parle aussi des voyages spatiaux dans Sans destination, où un homme n’ayant plus beaucoup de ressources part pour un voyage « aléa » c’est à dire sans savoir ni la destination ni la durée du voyage. Estelle Faye nous offre sa première nouvelle de space opera avec Hoorn où une expédition part pour trouver une planète loin de la terre pour pouvoir y vivre car la terre est devenue invivable et se meurt. Le texte est raconté sous forme de récits parcellaires du voyage. Cette nouvelle est une des plus réussie du recueil et aborde différents aspects de ce qui peut se trouver dans une expédition spatiale.



La nouvelle d’Estelle Faye parle aussi des problèmes de vie sur la terre et cet aspect écologique se retrouve dans d’autres nouvelles comme Essaimage de Loïc Henry où on assiste à la colonisation d’une planète suite au déclin de la terre. La Voix des profondeurs d’Adrien Tomas aborde aussi se thème avec un texte se situant dans le futur où des catastrophes naturelles ont lieu dans divers endroits du monde. Cette nouvelle est prenante et bien écrite.



Les nouvelles de Fabien Cerutti est Stefan Platteau sont plus longues que les autres car pour la petite histoire Stéphanie Nicot s’est trompée en leur envoyant le mail (erreur sur le nombre de signe). Elles font aussi partie des plus réussies de cette anthologie. Dans Le roi Cornu, Stefan Platteau situe son action dans le même univers que Manesh, et nous parle d’un peuple que son roi veut faire migrer vers de meilleurs contrées et obtient pour cela l’aide des nervals. On retrouve la beauté de l’écriture de l’auteur et les légendes de son univers.



Comme souvent dans des anthologies, certains textes sont moins marquants que d’autres et je n’ai pas été convaincue par Ivresses et profondeurs, une nouvelle assez étrange et poétique mais plutôt confuse, ni part FIN qui malgré une belle écriture est trop courte pour complétement entrer dedans. L’Aiguillon de l’amour de François Rouiller est une très bonne nouvelle mais j’avoue ne pas voir le rapport avec le thème. Son histoire se déroule dans notre monde et pale d’un voyeur ayant recours à des technologies cachées pour espionner une femme. Elle donne envie de lire d’autres écrits de son auteur.



Lionel Davoust dans Une Forme de démence nous fait aussi voyager d’une double manière: en Islande et dans l’esprit d’un écrivain vieillissant voulant faire le point sur son univers et ses écrits. Une jeune femme va l’aider à mettre en mémoire ses écrits. Le texte parle de l’interrogation sur l’écriture et la réalité de ce que l’on créé. Le thème est assez original avec des questionnements sur le procédé créatif et les univers créés par l’art.



Cette anthologie des Imaginales 2017 est d’un très bon niveau et mélange de belle façon les genres de l’imaginaire avec de la fantasy historique, de l’anticipation, du space opera, du planet opera et de la fantasy. La très belle couverture de Julien Delval met aussi le livre en valeur et invite au rêve.


Lien : https://aupaysdescavetrolls...
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Les coups de coeur des Imaginales - 2013

En Résumé : J’avoue avoir passé un agréable moment de lecture avec cette anthologie qui nous permet de découvrir, ou redécouvrir, les coups de cœur des Imaginales depuis leur création. Alors, certes, tous les textes ne sont pas au même niveau, certains se révélant excellents là où d’autres n’ont pas réussi à m’accrocher, mais dans l’ensemble un recueil de nouvelles qui s’est révélé très sympathique à lire. J’ai retrouvé avec plaisir des auteurs que j’apprécie j’ai aussi découvert certains auteurs sous un jour nouveau. Dommage par contre qu’aucun véritable thème n’ait été défini, ce qui donne l’impression de passer d’un style à l’autre selon les nouvelles et le tout sans aucune véritable ligne conductrice.



Retrouvez ma chronique complète sur mon blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Frontière[s]

L'anthologie des Imaginales 2021 a pour thèmes les frontières, pour être très honnête je n'ai pas toujours vu cet aspect dans les nouvelles, mais cela n'enlève rien à la qualité de la majorité des textes. Comme ce sont les Imaginales, tous les domaines de l'imaginaire sont abordés, ce qui aurait pu être gênant si les textes avaient été moins bon, la cohérence globale n'étant pas là.

Pour moi une nouvelle réussie doit nous emmener ailleurs, nous surprendre, nous faire rêver, parfois réfléchir, le tout en très peu de page. Quand je finis une nouvelle j'aime pouvoir répondre oui à la fameuse question de Starship Troopers : Would you like to know more ? Et la plupart du temps pour cette anthologie la réponse fut oui (parfois un grand oui).

Voyons dans le détail :



- La main à quatre doigts d'Estelle Faye : texte fantastique assez classique, pas surprenant pour deux sous mais, toujours avec Estelle Faye, bien écrit.



- La dame de Salia de Charlotte Bousquet : nouvelle que j'imagine tiré de l'univers de Shâhra, Les masques d'Azr'Khila. Lecture en demi teinte, univers fascinant, écriture poétique mais trop abstraite pour moi.



- La ville ce soir là de Jean-Claude Dunyach : fantastique intriguant où la mort est centrale, j'ai aimé l'ambiance.



- le dernier royaume de Paul Beorn : juste excellent j'étais captivé de bout en bout. Mon premier texte de Paul Beorn mais je vais regarder sa biblio de plus près.



- L'éthique du guerrier de Thibaud Latil-Nicolas : Fantasy pur jus dans la lignée d'un Joe Abercrombie. Un régal pour moi tant j'aime ce genre et tant tout est maitrisé ici. Histoire, caractérisation des personnages, thème, rien à jeter.



- Exodus de Rachel Tanner : fantasy encore (tendance historique). Très bon texte, à la fois dur mais tendre.



- Ulaanbaatar de Patrick Moran : science fiction à l'univers proche d'un Babylon Babies. En lisant la nouvelle j'ai aussi eu des flash du Judge Dredd de 2012. Très bon, je plongerai volontiers dans un format plus long dans les quartiers d'Oulan-Bator.



- Cieux d'artifice d'Ariel Holzl : fantasy tendance steampunk (pour faire court). J'ai adoré l'univers et la plume. Idem, pas contre retourner faire un tour avec les Romaniciels.



- Comme un long hurlement d'acier au frontières du réel de Johan Heliot : Bon texte avec des relents de Grands Anciens. J'imaginais en la lisant des illustrations de Greg Broadmore du type de son Victoire, à la fois organique et technologie rétrofuturiste.



- Les enfants prodigues de Floriane Soulas : Science fiction de qualité ! Mon coup de coeur de l'antho. J'ai eu des soucis de rythme avec cette auteure dans les deux romans que j'ai lu d'elle, mais en format court c'est excellent. le futur qu'elle imagine est à la fois terrifiant et fascinant.



- Les frontières de pluie de Loïc Henry : le texte le plus étrange du lot qui m'a laissé perplexe presque jusqu'au bout, mais une chute que j'ai aimé et pas seulement parce qu'elle fait appel à mon sang de Breton :D



- Serrez à droite de Ketty Steward : de la sf coup de poing avec ce texte ultra court mais diablement efficace.



- Pépin et les tracas d'un roi de Sylvie Miller : texte de fantasy avec une première partie qui fait fortement penser au Brexit et une chute un peu moins originale, mais ça reste très bon et la teinte humoristique n'est pas pour me déplaire.



- Coureur des bêtes de Raphaël Bardas : fantasy encore, mais plus onirique et étrange. Une fin que j'ai vraiment apprécié.



Voilà, 14 textes qui valent le détour mais qui ne feront sans doute pas tous l'unanimité, tant ils sont différents dans les styles, les ambiances et les thèmes abordés.
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Anthologie des Imaginales 2010 : Magicienne..

Deuxième anthologie parue suite au festival des Imaginales d'Epinal après « Rois et Capitaines » en 2009, « Magiciennes et sorciers » se compose de treize nouvelles faisant intervenir un certain nombre de grands noms de la fantasy française d'aujourd'hui, de Lionel Davoust à Pierre Bordage en passant par Justine Niogret, Erik Wietzel... Globalement, le principe ainsi que l'ouvrage en lui-même me plaisent évidemment beaucoup, même si ce dernier me paraît quelque peu inégal et nettement en dessous de l'anthologie précédente. Si certaines nouvelles s'oublient malheureusement finalement assez rapidement une fois la lecture terminée, c'est toutefois avec plaisir que l'on retrouve les univers et les personnages de certains auteurs comme la magicienne Judith du « Cycle de Mithra » de R. Tanner (« In causa venenum ») ou bien le Vieux Royaume de J-P. Jaworski qui nous propose comme souvent une nouvelle pleine de magie et de poésie mettant cette fois en scène des elfes, à mon sens la meilleure de cette anthologie (« La troisième hypostase »).



Difficile de parler de toutes les nouvelles, aussi me contenterais-je de mentionner celles qui m'ont le plus marquée. Outre le texte de Jaworski j'ai notamment été assez séduite par « Toiles déchirées » de Charlotte Bousquet, nouvelle dans laquelle on assiste aux révélations faites à la jeune Dionisia sur son passé et surtout sa destinée (nouvelle qui, comme je l'ai découvert par la suite, n'en est pas vraiment une puisqu'il s'agit en réalité d'un extrait du dernier roman en date de l'auteur, « Matricia »). Fabien Clavel réussit également son coup avec « Chamane », texte qui clôt cette anthologie de façon agréable et dans lequel on retrouve l'ambiance très particulière de l'Europe de l'Est médiévale à l'aube de l'avènement du christianisme (époque déjà mise en scène par l'auteur dans son roman « Le châtiment des flèches »). Idem pour Justine Niogret qui met en scène dans « T'humilierai » l'un des personnages de son roman « Chien du heaume », le tout avec une plume toujours aussi incisive et poétique.



Malgré quelques nouvelles peu mémorables, l'ouvrage offre toutefois de très bons moments de lecture, aussi c'est avec plaisir que je poursuivrais ma découverte des anthologies parues et à paraître dans le cadre du festival des Imaginales.
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Anthologie des Imaginales 2019 : Natures

Salut les Babelionautes

Comme il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis je me suis offert l'Anthologies 2019 des Imaginales.

Publiée sous la direction de Stéphanie Nicot elle regroupe des nouvelles qui ont comme sujet la Nature, qui était le thème principal aux Imaginales.

Quinze Auteurs se sont prêtés a jeu avec plus ou moins de Bonheur, certaines sont carrément flippantes d'autres jouent avec les faux fuyants et deux ou trois sont géniales.

Je ne vais pas vous donner les titres qui m'ont emballés, je préfère vous laisser les découvrir car nous n'avons surement pas le même avis, mais je ne réitérai pas cette découverte, les textes sont vraiment trop court.

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Anthologie des Imaginales 2018 : Créatures

Mon Avis : C’est devenue une tradition, mais depuis quelques années maintenant je repars régulièrement, si elle existe, avec l’anthologie des festivals où je vais me promener. Cette acquisition est aussi suivie d’une Lecture Commune avec d’autres lecteurs et blogueurs. Alors, c’est vrai, il y a eu un petit décalage. En effet l’anthologie des Imaginales 2017 est encore en attente de lecture, le temps de pouvoir organiser une LC dans de bonnes conditions avec tous les participants. On s’est dont décidé, avec Marie Juliet, de se lancer d’abord dans cette édition 2018 de l’anthologie du festival. Concernant la couverture, illustrée par John Howe et qui reprend l’affiche du festival, je la trouve très réussie. On passera la préface qui, finalement, ne fait que lister les nouvelles du recueil en voulant les raccrocher aux 200 ans du roman Frankenstein, mais qui, je trouve, n’apporte pas grand-chose.



La Machine Différente de Jean-Laurent Del Socorro : Cette nouvelle prend comme base l’histoire d’Ada Lovelace, en imaginant ici qu’elle a crée la première machine consciente. J’avoue il y a une certaine poésie qui se dégage de ce texte, principalement grâce à une plume soignée. Pour autant le récit m’a paru ne rester toujours qu’en surface des idées et thématiques soulevées. De plus il est porté, je trouve, par des personnages beaucoup trop binaires et prévisible dans leurs actes et leurs choix. Au final une nouvelle gentillette, qui se laisse lire, mais qui aurait pu, je pense, être plus marquante.



En Commençant par la Faim d’Anthelme Hauchecorne: Cette nouvelle nous fait suivre deux religieuses qui accompagnent une jeune fille aveugle, qui a perdu toute sa famille, à la recherche de son chien. Une nouvelle que j’ai trouvé très sympathique, bien porté par un rythme efficace, qui monte en tension au fil des pages basculant doucement dans un aspect un peu angoissant efficace. Les personnages viennent apporter une sorte d’humour et d’ironie qui apporte un plus au récit, amenant un mélange d’horreur et de légèreté plutôt percutant et efficace. Alors après c’est très classique dans les grandes lignes et la fin reste prévisible, mais dans l’ensemble ça se lit plutôt bien, se révélant agréable et plus que divertissant.



Le Nid de la Sphinge de Claire & Robert Delmas: Cette nouvelle nous fait suivre un homme pendant la seconde guerre mondiale qui, suite à une embuscade, va se retrouver dans un village étrange. Une histoire que j’ai trouvé bien écrite, avec une plume efficace et soignée, construisant un récit qui monte lentement en tension le tout dans une ambiance étrange. Je dirais qu’on est un peu finalement dans une atmosphère à la X-Files, qui joue entre réalité et fantastique. Alors Je regretterai quand même certaines transitions un peu rapides et, parfois, mal amenées, mais rien de bloquant. Au final une bonne nouvelle, percutante et prenante.



Les Rêves de Venn Colmax de Patrick Moran: L’auteur nous replonge avec ce texte dans son univers démarré avec La Crécerelle. Il s’agit ici d’une nouvelle à chute, qui vaut principalement pour sa conclusion pleine d’humour noir. Alors j’avoue par contre j’ai trouvé le démarrage un peu long, j’ai finalement commencé à accrocher au moment où il rejoint son amie dans son logement et l’embrouille qu’il démarre. De plus, comme dans son roman, je trouve que l’auteur veut trop en faire au niveau des explications, mais aussi du côté un peu scientifique et quantique de son monde, ce qui m’a paru par moment alourdir le récit. Au final ce n’est pas une mauvaise nouvelle, la conclusion remontant aussi le niveau, mais elle n’a rien non plus de très marquant je trouve.



Une Chance sur Six de Gabriel Katz : Cette nouvelle nous raconte l’histoire d’un Anglais qui est venu aux Etats-Unis traquer Jack l’Éventreur, l’assassin de sa femme. Une voyage qui ne va, bien entendu, pas se révéler de tout repos. J’ai bien aimé cette nouvelle qui joue avec le lecteur et nous plonge dans une course poursuite avec un côté très typé western qui colle bien au récit. Le héros est intéressant, principalement danses failles et ses souffrances, mais aussi dans sa quête et dans son évolution face aux choix qu’il doit prendre. Je regretterai juste une conclusion qui repose sur une révélation un peu trop grosse à mon goût pour clairement se révéler marquante.



L’Homme d’Argile d’Adrien Tomas : Cette nouvelle nous fait suivre le Golem de Prague. J’avoue je suis complètement passé à côté de cette histoire qui m’a plus paru être un carnet de voyage d’un Golem qu’autre chose. Alors je vois bien le message sous-jacent avec les guerres, l’avidité du pouvoir, la notion d’art et en parallèle le message final où la magie parait disparaitre du monde, mais pour ma part je n’ai jamais réussi à entrer dans ce texte. J’avais l’impression que ce dernier manquait de substance, de profondeur. Dommage.



Les Portes du Monde d’Elisabeth Vonarburg : Cette nouvelle nous fait suivre un jeune garçon qui, a six ans vient de suivre les examens obligatoires à son âge. Il est iammaru, il va devoir parti étudier dans une autre école et devenir une personne importante. Un texte foisonnant d’idées et de réflexions, que j’ai trouvé prenant, très denses et envoutant. La plume de l’autrice est clairement prenante et les personnages sont très intéressants. Le monde est attrayant, avec tous les mystères qu’il soulève. On parle ainsi des thématiques sur l’esclavage, le droit de vivre, le débat sur la machine, la notion de choix, la famille et le tout amené de façon intelligente et soignée. Je regrette finalement que le texte soit si court tant il reste ouvert, ce qui frustre un peu.



Légende du Premier Monde de Fabien Ceruti : On plonge dans le même univers que le cycle du Bâtard de Kosigan de l’auteur, mais dans une période bien antérieure, où l’on apprend le secret de l’origine des Elfes. Je ressors de la lecture de cette nouvelle avec un sentiment mitigé, il y a le potentiel pour faire un texte intéressant, mais de mon point de vue l’auteur en fait trop. Le récit aurai ainsi gagné à être, je trouve, plus court, plus incisif et aussi moins bavard. Ajouter à cela quelques lourdeurs et des réflexions qui m’ont paru inutiles, cherchant à nous faire réfléchir sur notre société, mais sans paraitre d’intégrer dans le monde de l’auteur, j’avoue je ne ressors pas totalement convaincu.



Une Petite Fleur d’Olivier Gechter : On découvre ici un homme, dépressif, qui se noie dans l’alcool, mais qui va voir sa vie changer avec l’apparition d’une fleur. J’ai trouvé cette nouvelle très feel good, pleine d’optimisme et qui s’avère au final plus que sympathique. La plume de l’auteur joue aussi beaucoup sur ce sentiment, se révélant touchante et ne manquant pas d’émotion, construisant ainsi un héros, certes classique, mais qui ne manque pas de se révéler humain et attachant. Après la nouvelle reste en définitive très linéaire et prévisible, mais dans l’ensemble ça fonctionne. Pour moi pas obligatoirement le texte le plus marquant qui soit, mais pour autant qui a son petit effet alors que j’ai beaucoup de mal avec les textes trop optimistes.



Pied D’Ombre d’Hélène Larbaigt : Cette nouvelle est présentée comme une sorte de conte, de mythologie, qui nous fait suivre pied d’ombre. Pour autant je n’ai jamais réussi à entrer dans ce texte qui m’a paru trop lourd, trop ampoulé dans son style et sa narration pour franchement arriver me fasciner. J’ai aussi ressenti un soucis par moment de liant, un peu comme si les différentes scènes n’arrivaient pas à bien se raccorder les unes aux autres.



Desdemona de Fabien Fernandez : Cette nouvelle nous propose un texte de Space Opera, nous faisant suivre un héros en quête d’un vaisseau qui a disparu depuis très longtemps. Je ressors mitigée de cette nouvelle, dans l’ensemble est très classique, prévisible, mais ne manque pas d’énergie, d’action, ce qui fait qu’on tourne un minimum les pages, porté par ce rythme incisif. Le soucis vient des réflexions et des thématiques soulevées qui ont la finesse d’un éléphant dans une cristallerie, ne cherchant pas obligatoirement toujours à pousser le lecteur à réfléchir, mais venant plus imposer un point de vue. De plus une fois la dernière page tournée j’ai eu l’impression que tout ne trouvait pas obligatoirement une réponse, et que certains éléments de l’intrigue se contredisaient. Reste un récit sans temps morts, qui se lit vite, mais pour ma part j’ai besoin de plus.



Casser la Coquille de Jean-Claude Dunyach : Cette nouvelle nous plonge à la suite d’un soldat en pleine guerre contre l’avancée inexorable des Wanis, des êtres étranges en forme d’œuf. Pour ma part j’ai trouvé que ce récit offrait un bon moment de lecture, que ce soit à travers sa lente montée en tension, mais aussi dans ses thématiques. On est vraiment dans un texte dense, mais maîtrisée, qui vient ainsi nous faire réfléchir sur l’humanité, d’une certaine façon aussi la notion d’étranger, d’invasion, d’incompréhension avec une conclusion qui m’a paru efficace et percutante. Après l’auteur en fait peut-être un peu trop, cherchant par moment trop le décalage, mais sans que ce soit toujours utile, même si rien de bloquant.



La Traductrice et les Monstres de Jean-Louis Trudel : Cette nouvelle nous fait suivre le capitaine Diego Reyes qui vient avec son équipage ravitailler une lune sous domination des Moweus. Ces même Moweus qui ont tué la sœur de ce dernier, à une époque où ils étaient encore en guerre. Au final j’ai bien aimé cette nouvelle, que ce soit dans la construction de son univers, mais aussi dans les idées qu’il amène et les réflexions qu’il soulève. J’avais un peu peur d’un récit binaire, avec les méchants d’un côté et les gentils d’un autre, et vengeur, mais qui finalement va éviter tout manichéisme et se révéler plus profond. En définitive il n’y a que des gens qui veulent survivre, par tous les moyens et même si on n’accepte pas certains choix, d’une certaine façon on les comprend. On se retrouve aussi à réfléchir sur l’adaptation ou encore la transformation et les modifications génétiques. Une très bonne nouvelle qui ne manque pas de se révéler intelligente.



Elle a tes Yeux d’Estelle Faye : Cette nouvelle nous fait suivre un homme dont sa compagne cybernétique et à été démantelée et les pièces détachées revendues. Il cherche à les retrouver. Cette fois l’autrice nous offre un récit de SF et, je trouve, elle s’en sort très bien. On y retrouve ainsi le côté poétique qu’elle amène à chacun de ses écrits, qui s’avère toujours envoutant et entraînant. Concernant les thématiques, on y retrouve de nombreuses réflexions sur des sujets qui sont chers à l’autrice, que ce soit sur la notion d’homme et de femme, la notion de sexualité et ce qui fait ce que nous sommes. Les personnages sont efficaces, soignés et captivants à suivre dans leurs évolutions et dans leurs façon de voir le monde. Si j’avais juste un léger reproche à faire, ce serait que, pour moi, Estelle Faye a un peu de mal à sortir de sa zone de confort dans les messages qu’elle cherche à faire passer. Il y a ainsi une certaine redondance dans la construction de ses thématiques, même si cela ne dérange en rien la lecture.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Anthologie des Imaginales 2018 : Créatures

Dans l’ensemble, le recueil est bon. Varié, presque trop, vu que 99% des œuvres d’imaginaire produites depuis que le monde est monde se rattachent de près ou de loin au thème des créatures (que ce soit dans le sens de la bestiole ou de l’être créé). Bon point pour la variété… mais quand on enchaîne les nouvelles, on en vient à une impression de manque d’unité (donc mon conseil, lisez-en une par-ci par-là, pas tout le recueil d’une traite).

Mon tirage gagnant : La Machine différente (Jean-Laurent Del Socorro), En commençant par la faim (Anthelme Hauchecorne), Les Portes du monde (Élisabeth Vonarburg) et Une petite fleur (Olivier Gechter).

Seul texte que j’ai lâché en route, Légende du premier monde (Fabien Cerruti), qui tient plus de l’exposé que de la légende.

Intéressant dans l’ensemble, peut-être un poil trop léger pour moi qui aime bien sentir mes neurones surchauffer sous les questionnements. Affaire de goût et d’attentes de lecteur.
Lien : https://unkapart.fr/critique..
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