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Critiques de Steve Sem-Sandberg (76)
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Les dépossédés

Ce livre est l’histoire extrêmement bien documentée et romancée de la vie dans le plus grand ghetto juif de Pologne, Lodz, d’avril 1940 à janvier 1945. C’est le ghetto qui a vécu le plus longtemps avant la déportation et le gazage de presque la totalité de ses habitants : sur 230.000 hommes, femmes et enfants, seuls 870 survécurent.



On va retrouver dans ce roman, sous leur véritable nom, les représentants de la triple administration de Lodz, semblable à celle de tout ghetto :

une administration civile : l’Amtsleiter Han Biebow

une administration militaro-policière : le SS Oberstumbannführer Otto Bradfisch

une administration juive : le Judenrat ou Conseil juif, présidé par Mordechai Rumkowski, le personnage central du roman.



Jusqu’à aujourd’hui, la personne de Rumkowski a suscité beaucoup de critiques. Primo Levi lui-même, dans son livre « Les naufragés et les rescapés » considère qu’il a « adopté le style oratoire de Mussolini et d’Hitler » et qu’il s’est comporté comme un autocrate. Et, en effet, l’auteur nous montre un Rumkowski qui choisit de collaborer avec les nazis pour, dit-il, assurer la survie du ghetto dont il a fait une cité ouvrière produisant très efficacement pour assurer la victoire allemande. Il vit avec toute sa famille dans une grande aisance, donne de grandes fêtes et des banquets auxquels il convie les autorités nazies quand tous autour de lui souffrent de la faim, du froid et manquent de tout (le titre original du livre est « Les pauvres de Lodz »). Nous suivons l’histoire de la famille Rumkowski mais aussi celle, très attachante, de quelques familles qui, elles, en sont réduites à tenter de survivre. Jamais le président Rumkowski ne met en doute la confiance qu’il a dans les autorités allemandes qui dirigent le ghetto et il croit même naïvement que Lodz survivra dans une Allemagne victorieuse, comme une enclave juive indépendante et économiquement très productrice ! Quand les nazis lui demandent d’établir une liste d’enfants et de vieillards à déporter, il s’exécute. Il n’hésite pas non plus à réprimer durement ses compatriotes récalcitrants. Pourtant, en 1945, Rumkowski et toute sa famille seront déportés à Birkenau où ils seront gazés le jour même de leur arrivée. Au moment de monter dans le train, il cherche le wagon confortable qui est certainement réservé à des personnes de leur importance avant de se retrouver dans un wagon à bestiaux surpeuplé…



C’est un très long roman dans lequel l’histoire des personnages choisis par l’auteur s’interrompt souvent pour donner place à des citations, des extraits de documents de la Chronique du ghetto ou à des informations historiques. Pourtant, on ne s’ennuie jamais et on poursuit la lecture, un peu halluciné, complètement immergé dans la vie quotidienne de Lodz dont on pense capter un peu de l’horreur qu’elle fut pendant quatre longues années. Quand on a fermé le livre, on reste quelque temps habité par ce qu’il nous dit et on n’arrive pas tout de suite à se plonger dans un autre roman… et on pense que, décidément, les victimes n’ont pas que des héros dans leurs rangs, et c’est très dérangeant.

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Les Élus

Lire Les Élus a été pour moi très laborieux. Bien évidemment je m’attendais à une lecture difficile compte tenu du sujet: l’eugénisme dont ont été victimes les personnes handicapées mentales ou considérées comme déviantes sous le régime nazi.



Ce à quoi je ne m’attendais pas, c’est une atmosphère aussi inhumaine. Les faits sont mis bout à bout avec une froideur dérangeante. L’auteur nous livre ces ignominies comme il nous ferait le compte rendu administratif d’une réunion.

La présentation du livre ne m’a pas non plus séduite: des chapitres très longs entrecoupés de «parties» signalées par des titres écrits en gras. On passe d’un personnage à un autre sans transition, d’un point de vue à un autre sans explication. J’ai trouvé tout cela très désordonné. Je me suis également perdue dans le temps ce qui était peut être volontaire de la part de l’auteur mais je n’en est pas moins été gênée. Le livre est classé dans les romans mais il m’est plus apparu comme un long témoignage, voir un documentaire.



Impossible d’être en empathie avec les personnages tellement ils sont présentés comme des pathologies avant d’être présentés comme des êtres humains. Concernant les délinquants, qui sont des enfants qui n’ont pas de handicap, c’est la même chose impossible de s’attacher à eux. Je n’ai pas réussi à appréhender leurs personnalités, à me les représenter. ils se mélangeaient tous en un seul et même personnage. Idem pour les «infirmières» qui encadrent les enfants. Impossible de les différencier, de me rappeler leurs traits de caractère même en reprenant ma lecture quelques pages en arrière.

Seules exceptions :Adrian, et pour cause c’est le personnage principal et Anna Katschenka personnage lui aussi prépondérant. Pour autant aucun des deux ne me laissera un souvenir impérissable. A part de la pitié Adrian ne m’a pas inspiré grand chose car finalement j’en ai très peu appris sur lui au fil des pages. Il y a beaucoup de faits, souvent déformés d’ailleurs, qui sont énumérés mais mis à part cela on en apprend peu sur qui sont ces enfants.

Anna Katschenka m’aura profondément énervée par sa capacité à se cacher derrière son petit doigt. Elle fait juste son travail la dame et si c’est inhumain ce n’est pas son problème. On ne peut quand même pas lui reprocher son professionnalisme? Enfin!



Ce livre m’aura vraiment mis mal à l’aise par son manque d’humanité. Certains auteurs sont allés très loin dans la description de l’horreur pourtant ils ont su le faire en y mettant de la beauté, de la poésie, de l’humanité ici ce n’est pas le cas. J’ai l’impression d’avoir lu des descriptions de sévices et de tortures jusqu’à l’écœurement (et pourtant je ne suis pas particulièrement sensible) sans comprendre l’intérêt de ce livre. Cette lecture fut lourde sur le fond et sur la forme.

Je suis d’accord qu’il est impensable de faire l’autruche sur ce qui s’est passé durant ces années, mais ce genre de lecture me laisse une impression de voyeurisme malsain plutôt que l’impression d’avoir appris quelque chose d’important pour la mémoire collective.



Challenge ABC 2017 2018
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Les Élus

Trop contente d'avoir trouvé ce livre sur un site d'achat, mais très déçue, j'abandonne à la page 240 sur 531 pages!

Un témoignage :

Un hôpital de Vienne en 1941,est transformé par les nazis en centre de rééducation pour enfants handicapés et pour de pauvres gosses abandonnés et délinquants. C'est la froideur des chapitres qui m'a gênée,car bien sûr, ces gamins servaient la médecine nazie pour des recherches et des expériences sur tout ce qui touche à la débilité légère où profonde ,les crises d'épilepsie, certaines déficiences mentales et atrophies corporelles etc....c'était aussi une épuration pour fortifier la race aryenne et,beaucoup,hélas n'en sont pas revenus!

Le fond,c'est à dire l'histoire,basée sur des faits réels m'intéressait,bien qu'il y ait des chapitres " durs à encaisser psychologiquement ",mais le style ,la forme m'ont déçus.

Ce n'est ni plus ,ni moins qu'un descriptif,comme dans un catalogue! Et le nombre de " Schwester " ( soeur) est si important, que je m'y suis perdue!

On ne peut demander ,je pense ,dans ce genre de littérature,de la poésie, et j'en suis consciente,mais là, il manque l'essence même de la narration,qui fait que,l'on accroche ou pas!;j'ai persévéré, mais,STOP,j'abandonne.

Je n'irai pas jusqu'au procès de ces bourreaux!

Peut-être aussi,ne suis-je pas en phase pour lire ce genre de témoignage, je le mets de côté et je le reprendrai plus tard ,on verra.
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Lettres de pluie

Le coup de coeur ne fut pas au rendez-vous sur ce livre. Le résumé était très alléchant mais je suis malheureusement restée sur ma faim. Le côté très intimiste l'emporte de loin sur l'intrigue et j'ai attendu en vain un peu d'action, de révélations, que malheureusement je n'ai pas trouvé...

Le style de l'auteur est cependant très plaisant, on se laisse bercer entre passé et présent, mais le lecteur doit rester attentif dans ces allers-retours temporels pour ne pas perdre le rythme...

Merci aux éditions Robert Laffont pour cette lecture et à Babelio.
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Les Élus

Habitée par la Seconde guerre mondiale, ce livre me faisait de l'oeil depuis longtemps. Alors je remercie énormément les éditions 10/18 et Babelio qui m'ont permis de le lire. 600 pages mais qui se dévorent très vite tant la plume de l'auteur est fluide, maîtrisée.

Pourtant je ne vais pas mentir : j'ai eu énormément de mal à lire ce livre. Soyons très clairs : on parle ici d'« euthanasie d'enfants ». Faisant partie du programme « Aktion T4 » qui consistait pour les nazis à exterminer tous les adultes présentant des handicaps physiques ou mentaux. Ici s'ajoutent les enfants et adolescents considérés comme « délinquants » ou nés de parents « déviants », dans tous les cas impurs aux yeux du Troisième Reich et de son système eugéniste – à savoir l'« amélioration » de la race humaine de façon à ce qu'elle atteigne une pureté parfaite.

Au début des pages on rencontre Adrian Ziegler, l'un des petits garçons qui atterrira au Spiegelgrund de Vienne. A ses souvenirs d'enfant, se mêle parfois sa voix d'adulte – ce qui m'a particulièrement émue. Autour de lui, gravitent également les vies brisées de Julius, Hannes, Felix – ils sont trop nombreux pour que je les cite tous – mais aussi les silhouettes sombres et glaciales des membres du personnel : de nombreux « médecins » comme l'épouvantable Heinrich Gross – si le mot médecin a encore un sens à cette époque et dans cet enfer sur terre – mais aussi des infirmières, certaines pleines de fiel et de méchanceté, d'autres plus fragiles comme Anna Katschenka.

Ce roman est atroce parce qu'il n'a pas jailli de l'imagination possédée du suédois Steve Sem-Sandberg. La violence physique et psychologique que subissent ces enfants est effroyable. Tout n'est que brutalité dans ces pages, espoirs déchirés, pleurs, incompréhension et colère. A plusieurs reprises j'ai refermé le roman parce que j'avais le coeur qui martelait mes côtes, de la rage plein l'âme, les yeux et le ventre.

Comment réussir à écrire l'impossible ? Euthanasie. D'enfants. Pas étonnant que ce cher Docteur Gross ait été, lors de son procès, surnommé le « Mengele autrichien ». Au fil de ce roman-fleuve, on parcourt les vies de ces « indésirables », ce qui les a conduits ici, d'où ils viennent et qui ils étaient avant d'atterrir dans cet endroit de cauchemar. On les rabaisse, on les néglige, on les humilie avec infiniment d'imagination (la grande qualité des nazis), on les brutalise, on les abîme, on les émiette, on les broie, puis on les tue. Là aussi, on a le choix de sa méthode préférée : sous-alimentation, gaz, injections létales… Adrian s'en sortira – mais dans quel état ? – contrairement à Anna qui devra répondre de ses actes.

Près de 800 enfants seront assassinés dans des conditions inimaginables et leurs cerveaux (ou morceaux de corps) conservés dans des bocaux, dans l'optique de poursuivre les expériences. Pour information, ces enfants ne trouveront la paix et une sépulture correcte qu'en 2002. Je sais: maigre consolation.

J'avoue avoir lu plusieurs passages en diagonale tellement ils m'étaient insupportables : pas parce que le style me déplaisait, au contraire, mais parce qu'il y a des sujets que je ne pourrai jamais supporter de lire, et la violence sexuelle, par exemple, d'autant plus lorsqu'elle concerne des enfants, reste pour moi un chemin que je ne peux traverser.

Et pourtant tout est vrai. Et c'est le plus terrible. Bien sûr le personnage d'Adrian est fictif mais il est le symbole de ces centaines d'enfants cassés (à noter que l'infirmière Katschenka, elle, a bien existé.) On ne peut pas se retrancher derrière les pages, bien caché sous ses couvertures, en se répétant qu'il ne s'agit que d'un roman. Car ce n'est pas un roman. Il y a plus de 75 ans, des enfants ont subi tout cela. Des enfants à qui on a tout pris, que jamais on n'a considérés comme des êtres humains. Juste des idiots. Des inadaptés. Déchets de l'humanité.

Ce livre est incroyablement lourd, dense, d'une précision exceptionnelle. Les tout derniers chapitres sont bouleversants de beauté. On sent l'immense travail effectué par l'auteur pour retranscrire cette atmosphère délétère et nous permettre d'y plonger à notre tour et d'évoluer aux côtés de ces enfants, horrifiés, révoltés. J'ai aimé la structure du texte qui au départ m'a déroutée mais que j'ai trouvée étonnante : chaque paragraphe comporte un petit titre, les dialogues se mêlent au texte sans séparation marquante et ce dernier est parfois garni d'extraits de dossiers médicaux, commentaires des médecins quant aux expériences pratiquées, rapports d'examens.

Je ne connaissais pas ce fameux Spiegelgrund ; ce roman m'a forcé à m'y intéresser. J'ai appris que trop de médecins impliqués dans ces assassinats – incluant l'Aktion T4 dans son intégralité – s'en sont sortis, soit par l'évasion du suicide lors de leur détention, soit parce que leur procédure pénale a été stoppée, voire pire : parce qu'ils ont réussi à être innocentés.

J'ai les dents serrées en écrivant cette critique. Parce qu'on ne touche pas aux enfants. Je ne sais pas pourquoi j'ai absolument voulu lire ce livre mais au final je ne le regrette pas parce que, même s'il m'a donné de sacrées claques dans la gueule et le coeur, c'était un sujet sur lequel j'ignorais beaucoup de choses. Alors oui ce bouquin me laisse à terre, effarée, horrifiée, au-delà même de la colère, et je me dis : heureusement qu'il existe de grands écrivains pour nous rappeler qu'à une époque, pas si lointaine, des monstres au-delà de la monstruosité ont touché aux enfants.

En conclusion je tiens à m'excuser pour cette chronique décousue mais j'ai choisi de laisser parler le coeur, dans sa fièvre, son désarroi et son effroi inconsolable.
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Les dépossédés

Encore un roman sur le nazisme direz-vous…! Oui, mais un roman qui éclaire cette période avec un point de vue différent: la vie d’un ghetto, de plus de 230 000 personnes, celui de Łódź devenu par la volonté d’un homme l’une des plus importante usine de production pour l’armée allemande. Un roman qui s’appuie sur un très important travail de documentation de l’auteur qui étudia les archives juives et nazies du ghetto, photocopies d’archives intégrées aux pages du roman.

Un ghetto préexistant, comme dans toute la Pologne, à l’arrivée des soldats allemands, qui connut des arrivées de juifs d’autres pays parlant d’autres langues, et ses départs….ses déportations

Trois hommes collaborèrent pour faire de ce ghetto une usine performante : « A partir de rien, le plus important fournisseur d’accessoires pour l’armée allemande vit soudain le jour. »

Les nazis Hans Biebow et Otto Brasdisch et le Président du Judenrath ou Conseil Juif Mordechai Chaim Rumkowski, sont les personnages clés du livre. Steve Sem-Sandberg nous permet de suivre la vie d’autres personnages, beaucoup plus anonymes et attachants, et de découvrir avec eux le quotidien du ghetto, la faim, les trafics pour tenter de survivre, les mouvements de résistance, les bons et les salauds, les profiteurs, les appartements mieux, le froid, la lutte pour pour un bout de bois, pour un morceau de charbon, les soupes claires…

Un regard sans complaisance sur cette société juive, peu différente des autres sociétés humaines

D’un coté, des allemands qui, au prix de restrictions alimentaires et d’une faim tenace, exigeaient des résultats et de l’autre coté un Président du Conseil juif, Rumkowski, qui se comportait en véritable petit dictateur, avec son culte de la personnalité, pour obtenir ces résultats. Il disposait d’une police, d’un tribunal, de la possibilité d’emprisonner, de réprimer les plus récalcitrants et notamment de lutter contre les grèves pour un peu plus de soupe et de pain.

Un Président qui pensait qu’en respectant les volontés nazies, qu’en négociant avec eux, il obtiendrait un mieux-être pour la population. Un homme qui organisait des fêtes, des repas auxquels étaient invités ses partenaires nazis. Et quand ceux-ci lui demandèrent des listes de personnes, malades ou âgées, voire d’enfants à déporter, il obéit, devenant ainsi aux yeux de l’histoire l’un des ces responsables juifs ayant participé à l’extermination de leur propre peuple.

Les nazis avaient consenti un prêt à l’administration juive du ghetto afin de construire cette « usine » et à dans le discours qu’il fit à Himmler, visitant Łódź il précisera: « Nous construisons une ville ouvrière, Herr Reichsführer. […] Et nous continuerons de travailler aussi longtemps que nous avons une dette envers vous. ».

Un ghetto envisageable dans la durée comme une norme de vie des Juifs : « Rien, absolument rien à l’heure qu’il est, ne s’oppose au ghetto comme mode d’existence de demain pour les juifs d’Europe. »

Mais avait-il réellement le choix ? Était-il égoïste et repoussait-il ainsi sa propre déportation en obéissant, en anticipant les demandes nazies, ou n’était-il pas une clé de la perversité et de l’hypocrisie nazie. Sa désobéissance aurait-elle changé quelque chose, aurait-elle évité ces déportations ? Aurait-elle évité la faim ? Après tout ces juifs n’étaient que des « matériaux humains affectés » !

Chaim Rumkowski n’était pas un saint non plus, il nous est présenté comme un pédophile abusant d’enfants, voire des siens, et un violeur jetant son dévolu sur des femmes .Abject !

Son obéissance n’a pas empêché sa propre élimination. Le 28 août 1944, il cherchait dans le train, le compartiment réservé aux personnalités. Entré parmi les premiers dans le wagon au sol couvert de sciure, il fut repoussé loin de la porte. L’Histoire retiendra qu’il ne fit pas partie des 10 000 survivants du ghetto.

Tous supposaient et savaient ce que voulait dire »déportation » : ils voyaient revenir les vêtements ensanglantés, les bagages. Pourquoi n’y a t-il eu que peu de mouvements de résistance? C’est facile, depuis notre fauteuil, au chaud, le ventre plein, 70 ans après, de refaire l’Histoire, de dire : « ils auraient du… », « ils auraient pu ». A Varsovie ils l’ont fait. Pourquoi là et pas ailleurs ?

Ce livre bouscule notre tranquillité, nous donne une autre image de la Shoah, une image différente de celle des camps : la vie pendant plusieurs années de nombreux juifs avant de devenir martyrs des camps, la collaboration entre certains dirigeants juifs et les nazis, les « sales boulots effectués par des juifs eux-mêmes », l’obéissance à ces despotes collaborateurs.

Une lecture terrible et dérangeante, souvent pas facile. Un texte qui informe et interroge le lecteur, un ouvrage couronné en Suède par le Prix August-Strindberg , l’équivalent suédois semble-il du Goncourt.


Lien : https://mesbelleslectures.co..
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Les Élus

Des faits narrés sous forme de roman si effroyables, si monstrueux, abominables que je m'abstiendrai de tout autre commentaire.



Le seul que je vais m'autoriser reste le même que pour tout autre livre ayant trait à ces abominations: comment a-t-on pu absoudre nombre de ces individus?



Je tiens à rendre hommage à l'auteur et à son remarquable travail.



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Les Élus

A Vienne, l'hôpital du Spiegelgrund est un centre pour enfants handicapés et jeunes délinquants. Les parents souvent défavorisés ou seuls espèrent en les envoyant dans cet hôpital, les aider, les faire soigner mais la plupart du temps, ils ne le revoient plus. C est un lieu de morts, d 'experiences, d' euthanasies.

C'est un livre très dur, on suit plusieurs enfants dont un en particulier :Adrian qui nous raconte son vécu. On suit aussi ses infirmières et des médecins psychiatres. La troisième partie porte sur le procès de ces meurtriers.

Le livre est dens tant par la cruauté des écrits mais aussi par la forme :des paragraphes très longs sans pouvoir respirer.

Âmes sensibles s 'abstenir même si cela fait partie de l' histoire.
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Les Élus

Quel livre, quelle histoire, très dure et pas facile à lire du tout ! Malgré tout, un livre que j'ai aimé lire, même s'il m'a fallu le fermer à quelques reprises, parce que j'étais beaucoup trop enragée pour continuer ma lecture, enragée, mais triste aussi.

Qui sont les élus, et bien, ce sont des enfants présentant un handicap, ou encore venant de familles défavorisées. Ces enfants étaient envoyés dans un hôpital viennois, appelé Spiegelgrund, tenus par des médecins nazis. Cet hôpital est aussi un centre pour délinquant, une maison de correction, les enfants y sont placés souvent par leurs parents qui espèrent que leurs enfants seront aidés ou soignés, mais ce n'est pas le cas, la plupart du temps les parents ne reverront jamais leurs enfants.

Ce récit est révoltant, du fait que dépendant de leurs handicaps, ces enfants serviront à des fins expérimentales, au profit de ''l'avancée médicale des Allemands nazis'' pour l'étude de différents organes humains.

Et toute cette horreur au nom de la pureté de la race aryenne. Vraiment révoltant et choquant de voir ce que ces enfants ont dus subir.

On suit plusieurs jeunes et quelques familles, entre autre Adrian, qui lui vient d'une famille très dysfonctionnelle, père alcoolique, violence conjugale envers la mère, qui se retrouve à un moment donné seule et incapable de faire vivre ses 2 fils qui habitent encore avec elle, c'est ainsi qu'Adrian va se retrouver dans ce système démoniaque.

C'est avec Adrian que nous remontons ce fil de l'histoire nazi, quelquefois nous sommes dans sa tête et on ''l'entends'' penser, et d'autres fois, il nous raconte ce qu'il a vu, ce dont il a été témoin.

L'enfer du pavillon 15, peu en sont sortis vivant, Adrian lui a réussi à survivre.

Une histoire d'horreur, que l'auteur nous partage, l'auteur maîtrise sa plume à 100%, une écriture fluide, des recherches approfondies qui nous présentent des faits qui sont vraiment arrivés.

Vous ne pourrez pas sortir indemnes de ce récit, c'est impossible. J'avais vaguement entendu parler de l'euthanasie de centaines d'enfants, mais le lire est une autre histoire. Mon cœur saigne à la fin de cette lecture, qui restera gravé dans ma mémoire pour bien longtemps. Oui, c'est un roman, mais vous, comme moi savez que ces choses sont arrivées pour vrai, ce qui rend la lecture encore un peu plus difficile.
Lien : http://lesmilleetunlivreslm...
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Les Élus

L'auteur suédois de 58 ans, journaliste et romancier, multi primé a reçu récemment le prix Médicis étranger. Second livre traduit en français chez Laffont, son travail semble être tourné vers la seconde guerre mondiale et les horreurs commises envers les juifs par le régime nazi.

Les élus, désignent ceux qui lèvent haut la bannière allemande et honorent leur Führer en toute occasion. De véritables Aryens, fiers de leur race et de leur peuple. Inutile de dire que le jeune héros n'en fait pas parti !

Une écriture lourde, un narrateur omniscient. Il s'agit de revenir sur les souvenirs d'un enfant issu d'une famille pauvre et précaire dans l'Autriche du début du règne d'Hitler. Le père est tzigane, alcoolique, paresseux et violent. La mère est travailleuse, aimante, courageuse, généreuse et soumise.

Et là on se dit, en tant que lecteur, qu'on vient de rentrer dans un mauvais Zola...

Ce qui est raconté et vécu par le tout jeune héros n'est pas raconté à la hauteur, ni avec le vocabulaire d'un enfant.

Puis on nous présente la seconde héroïne, une jeune femme peu sûre d'elle, soignée pour dépression par un médecin qu'elle considère comme son sauveur mais qui s'avère, un peu plus loin dans la narration, l'organisateur de l'extermination des handicapés physiques, mentaux et sociaux ! …

Ce qui est raconté et vécu par le tout jeune héros n'est pas raconté à la hauteur, ni avec le vocabulaire d'un enfant.

Je continue ma lecture, mais en traînant les pieds.

L'action se passe dans un ancien hôpital pour enfants, transformé par les nazis en un centre pour enfants handicapés et jeunes "délinquants", dirigé par le médecin en question. Dans ce centre, des enfants désignés comme irrécupérables par les autorités, sont parqués pour y être redressés où mourir, par les mains d'un personnel sadique. Ces enfants sont manouches, ou fils de communistes ou fils d'opposants au régime dominant, ou handicapés mentaux. Ils ont entre 5 et 17 ans et beaucoup ne survivent pas longtemps aux traitements inhumains mis en place de manière insidieuse, sans que quoi que ce soit ne soit ordonné et mit en mots. Chaque membre du personnel peut se dire qu'il agît pour le bien des enfants et de la nation et ne fait que son devoir. Tout un système est mis en place pour que les pensionnaires soient menés, à force de mauvais traitement à des expérimentations "médicales" puis à la mort dans des souffrances indicibles.

Les cas de quelques uns des enfants sont suivis pour éclairer le récit.

Quand un gamin se suicide en s'enfonçant une paire de ciseaux dans le corps pour échapper au harcèlement d'une "infirmière" particulièrement sadique, j'ai décroché.

Dans ce roman, il n'y a aucun répit dans l'horreur, aucune lueur d'espoir, ce qui rend pour moi ce livre illisible, en plus de la qualité d'écriture médiocre.





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Les Élus

Une lecture âpre et difficile que celle de ce roman, l’histoire terrible de ces enfants «différents » que le IIIeme Reich a voulu éliminer au nom de la pureté de la race. Un luxe de détails qui nous plongent dans le quotidien de ces petits pensionnaires de l’horreur et de ceux -notamment les infirmières- qui se livrent à la tâche absurde de les soigner pour mieux les tuer. Une plume précise et détaillée. On se croirait sur place, et c’est affolant.
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Les dépossédés

Voici un livre exceptionnel, sombre et courageux. L'histoire du ghetto de Lodz tenu par un responsable juif de 1940 à1944, qui jusqu'au bout pensera qu'en assurant les activités de production demandés par les nazis, il épargnera sa communauté du pire. Pour cela il ira jusqu'à apporter son concours à la déportation des femmes, des enfants et des vieillards. Cela est " l'Histoire" à laquelle s'ajoute la fiction avec des protagonistes identifiés et des personnages qui permettent de comprendre la réalité du ghetto avec ses héros et ses lâches, ses profiteurs et ses voyous. Ce livre, poignant et réaliste, laisse un poids sur le coeur mais transcende indiscutablement son propos.
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Lettres de pluie

Lecture faite dans le cadre des explorateurs de la rentrée littéraire 2019 de lecteurs.com



Andreas, le narrateur, revient dans l'île, dans la villa jaune, le voilà de retour dans sa maison pour mettre les choses au clair. Johannes, un ancien de la marine marchande, vient de mourir. C'est ce vieil ivrogne qui a élevé Andreas et sa soeur Minna après la disparition inexpliquée de leurs parents. Cette île a longtemps été sous la coupe de Jan-Heinz Kaufmann, un agronome naturaliste amateur, condamné à la fin de la guerre pour collaboration avec les Allemands. Andreas est bien décidé à retrouver la trace de ses parents.



J'ai bien aimé la façon dont ce récit est construit. Constitué de chapitres courts qui alternent passé et présent le roman avance donc doucement dans l'épaisseur de la brume. Il y a aussi le lieu de l'histoire, une île, un endroit isolé donc, où la nature est omniprésente. La ferme qui domine l'île est une imposante bâtisse à la mesure de son ancien propriétaire. Ensuite il y a les personnages : Kaufmann, accusé de trahison et de complaisance avec les nazis, est un homme dévasté par la maladie invalidante de sa fille Helga, qui s'est livré à des expériences sur des volontaires afin de modifier le patrimoine génétique ; Carsten le régisseur de la ferme à la jambe difforme rôde en permanence ; Minna, une jeune fille insolente, manque totalement d'inhibition, et passe son temps à fumer et à boire de l'alcool avec une bande d'adolescents. Elle entretient avec son frère Andreas des relations ambiguës, deux enfants qui ont inventé un monde intérieur avec leurs endroits secrets et un langage qu'eux seuls peuvent comprendre.



J'ai bien compris que la vérité tourne autour de Kaufmann, Carsten et Minna, mais l'auteur, avec habilité, nous dévoile que petit à petit des bribes sur le passé des enfants Lehman.

« Quel intérêt y a-t-il à fouiller le passé, ils sont tous mêlés à ça, pas un pour racheter l'autre. »

Au milieu de cette noirceur, il y a deux personnages que j'ai trouvés plus sympathiques : Andreas bien sûr, très attaché à sa soeur, qui n'a de cesse de chercher la vérité sur leur origine ; Johannes qui a pris la mer parce qu'il n'a nulle part où aller, et qui, devenu chauffeur de Kaufmann, veillera à sa façon sur les enfants. Il est capable de s'isoler une semaine entière dans le grenier avec ses récits de voyage des grands explorateurs, entouré de canettes de bière et de bouteilles d'eau de vie.

Un peu de théorie idéaliste de communauté agricole où chacun travaille pour le bien de tous, s'y ajoutent les expériences menées par les nazis pour améliorer la race humaine, et un zeste d'espionnage, voilà donc les ingrédients utilisés par l'auteur pour perdre le lecteur. Mais je me suis laissé prendre au jeu. Et si parfois le récit m'a semblé un peu long, il faut l'accepter, car c'est avant tout un roman d'atmosphère, un roman intimiste dont la fin se révèle encore plus sombre que je ne l'avais imaginé, mais Andreas aura enfin la réponse à toutes ses questions.
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Lettres de pluie

Livre intéressant, de part l'ambiance qui transparait, une ambiance de soupçon permanent, un climat tendu, vécu à travers les souvenirs du personnage et son présent. Une réussite
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Les Élus

Superbe livre très dur et très touchant à la fois. On y retrace l'histoire de quelques enfants ayant vécu, durant la guerre 40-45, la politique d’extermination nazie des enfants handicapés (physiques, mentaux,...). Les narrateurs se succèdent, permettant de donner plus de profondeur et d'amplitude à la vision de cette triste machine. J'ai adoré, j'ai détesté, j'ai souffert avec ces petits, à lire pour savoir et ne pas oublier mais je conseille la lecture d'un feel good après, ou pourquoi pas d'un livre sur la résilience (voir mon autre avis "sauve-toi, la vie t'appelle" de Boris Cyrunlik)
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Les dépossédés

C'est un récit très complexe, mais qui se lit très bien. On entre dans le fonctionnement sinistrement délirant du ghetto juif de Lodz, géré par un homme médiocre, sournois et pédophile, qui pourtant parvint à préserver des milliers de vies bien plus longtemps que dans tous les autres ghettos d'Europe centrale. On suit donc l'histoire de cet homme paradoxal, nommé "le Roi du Ghetto" par les nazis, on se confronte à la folie nazie et à la façon de la supporter en devenant fou soi-même, et on affronte toute la crasse humaine mais sans oser la juger -car comment savoir comment réagir dans un contexte absurde où tous les repères explosent les uns après les autres ? Steve Sem-Sandberg propose donc un travail de réflexion sur la Shoah, sur l'Humanité, et sur nous-mêmes. On n'en sort pas indemne, c'est une lecture éprouvante mais passionnante, et qui nous grandit.
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Les Élus

Les élus sont les enfants qui ont été euthanasiés à l'hôpital du Spiegelgrund à Vienne de 1941 à 1945. 789 enfants, incurables pour certains, atteints de maladies neurologiques, ou handicapés, mais aussi indésirables pour d'autres raisons indisciplinés, abandonnés par leurs parents, enlevés à des parents alcooliques, ou d'origine juive ou tsigane.



Ce roman raconte une histoire douloureuse et vraie. Deux destins se croisent, l'un bien réel de l'infirmière Anna Katschenka, et celui, fictif d'Adrian Ziegler, enfant qui a survécu à l'enfer du Spiegelgrund (inspiré de la vie de Zawrel). Histoire des médecins nazis qui ont dirigé l'opération. Histoire hallucinante quand on sait que l'un d'eux a exercé dans ce même hôpital jusqu'en 1981, utilisant pour des recherches neurologiques les organes prélevés sur les enfants euthanasiés. Recherches officielles et publiées ouvertement.

Lecture difficile du récit des tortures infligées aux enfants. Criminels mais aussi sadiques, les soignants du Spiegelgrund. Difficiles à soutenir aussi les réactions des enfants violents et imprédictibles. On comprend à la fin que certains parents n'ont pas abandonné leurs enfants et ont encore l'espoir de les récupérer vivants. La cruauté est alors sans bornes.



Malgré l'horreur, j'ai été prise dans la lecture et je n'ai pas lâché le livre avant la fin. Je voulais savoir comment l'hôpital serait libéré, ce qui adviendrait d'Adrian à qui je me suis attachée, et du personnel soignant, s'ils seraient jugés.
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Les Élus

Autant prévenir le lecteur, on ne sort pas indemne de cette descente dans ce que la nature humaine a de pire. Un roman polyphonique qui repose sur un travail de documentation extrêmement rigoureux, c'est donc bien le réalisme qui donne cette force à ce roman, d'autant plus que les lieux, les médecins et les infirmières évoqués tout au long du récit ont bel et bien existé. On suit en parallèle l'histoire d'Adrian qui échappera au processus de "désinfection naturelle" et d'Anna Katschenka, jeune infirmière qui va se laisser entraîner dans le traitement "hygiénique" de ces enfants qui représentaient une menace pour la pureté de la race aryenne. Le livre se termine par le procès des bourreaux. Malgré quelques longueurs, on se laisse happer par cette douloureuse évocation de l'horreur engendrée par la folie nazie.
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Les Élus

La construction de ce roman qui se veut basé sur des faits et personnages réels est confuse. Il y a des allers retours chronologiques, des répétitions… Cela dessert le propos excessivement froid par ailleurs. Considérant le thème (Aktion t4 extermination des handicapés mentaux en Allemagne nazie) cela devait être une lecture éprouvante. Cela n'a été que déroutant… ça manquait de romanesque pour provoquer des émotions… Ou bien cela se voulait terrifiant, dans le registre de la Mort est mon métier de Robert Merle, mais là, comment dire…
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Lettres de pluie

À ma grande surprise, voici un livre qui m'a complètement laissée sur la touche, pourtant, je l'ai sélectionné avec soin, il me tentait aussi bien pour son titre, pour sa couverture que pour son résumé.



Je m'attendais à une lecture prenante, passionnante, marquante, émouvante, je pensais être touchée, remuée, emportée par cette histoire dramatique. Ce ne fut pas le cas, j'ai trouvé de l’intérêt aux premiers chapitres, certes, mais j'ai vite décroché.

L'histoire est et reste floue, je n'ai pas eu toutes les réponses attendues à la fin de ma lecture, trop de questions sont restées en suspens. Du coup, j'ai presque regretté de mettre autant accrochée pour si peu... j'aurais du mettre ce livre de côté et passer à un autre, cela m'aurait évité tant de regrets.

Je ne comprends pas où l'auteur a voulu m’emmener, ce qu'il a souhaité transmettre dans son histoire. L'ensemble manque terriblement de rythme, on tourne beaucoup trop en rond et l'ennui ne peut que pointer le bout de son nez ! Quel dommage !

Pourtant, l'histoire ne manque pas de profondeur, les personnages ont vécu de terribles choses, vivent des événements difficiles et leur destin n'est pas plus lumineux.

Lettres de pluie est un roman que je vais vite oublier, je n'ai pas été séduite ni par l'histoire, ni par les personnages, ni par la plume de l'auteur.

Je remercie chaleureusement les Éditions Robert Laffont et le site Babelio pour la découverte de ce roman, et je vous souhaite à toutes et à tous une très bonne lecture :)
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