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Critiques de Sue Rainsford (56)
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Jusque dans la terre

J'aime ces ambiances lourdes et poisseuse où le sang se mêle à la terre !



Jusque dans la terre est un roman étrange et touchant qui nous entraîne au cœur des émotions de êtres humains et qui nous bouscule.

C'est avant tout le récit d'une femme qui veut s'émanciper de son père mais aussi de ce que la société attend d'elle.

On finit par ce demander qui sont les monstres dans cette histoire. Ada et son père, ces être non-humains, ou les gens du villages, qui sont peut être trop humain ?



La plume de Sue Rainsford nous laisse avec un tas de questions qui pourraient nous ronger le cœur si on ne faisait pas attention !
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Jusque dans la terre

Ada et Père vivent à l'écart des autres villageois, en bord de forêt, et sont guerisseurs. Les « cures », ainsi qu'ils les appellent, viennent soigner leurs maux, de la grossesse difficile à la ménopause en passant par les douleurs d'estomac. Alors, Ada et Père ouvrent les chairs et chantent afin d'extirper la maladie ou le mal. Une méthode bien étrange et terrifiante mais qui a fait ses preuves.



Quand Ada tombe amoureuse de Samson, une « cure », elle est sens dessus-dessous et découvre la montée du désir et le plaisir. Elle se rend compte aussi qu'elle a toujours vécu à l'écart et qu'elle souffre de cette solitude. Mais son père s'oppose à cette relation, il faut se méfier des autres, qui pourraient découvrir leurs secrets.



Un roman qui flirte avec le conte macabre. L'écriture est très singulière et évocatrice. On est dans les peaux et les vicères, on est au plus près des corps et des fluides, dans un mélange de fascination et de répulsion.



J'ai pensé un peu au dernier Cronenberg, « les crimes du futur » qui incise également l'épiderme jusqu'au sang, mais avec moins de sensualité et d'animalité. J'ai aussi pensé à « Mortepeau », le roman de Natalia Garcia Freire qui nous plonge dans cette même atmosphère gothique.



Un livre qui ne peut laisser indifférent. Sue Rainsford, avec ce premier roman, impose sa plume et son style. Etant phobique des limaces, les premières pages m'ont glacé les sangs !



Un roman à découvrir, sorte de métaphore de l'adolescence et qui aborde le sujet du corps des femmes. Une lecture qui bouscule et met mal à l'aise mais qui

sait émouvoir aussi.
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Jusque dans la terre

Voici un texte atypique qui possède plusieurs degrés de lecture et dont on ne prend toute l'ampleur, je pense, qu'en le lisant plusieurs fois. J'écris ceci après ma toute première lecture et c'est un avis à chaud.



Il y a bien entendu l'histoire première, principale, celle d'Ada qui vit avec son père à l'écart d'un village dont ils soignent les maux ensemble. C'est d'ailleurs Ada qui raconte la majorité des évènements à l'exception de quelques témoignages des habitants, qui parlent de ce qu'ils savent à son sujet. Et que savent-ils, d'ailleurs ? Pas grand chose, si ce n'est qu'Ada et son père ne sont pas tout à fait humains, parce que le temps n'a pas de prise sur eux... On n'imagine pas encore à quel point.

La narration, de par sa narratrice, est un peu brouillonne, saute parfois d'un temps à l'autre, d'un évènement à l'autre. Elle est crue, pas toujours claire, mais c'est ce qui fait aussi l'intérêt du texte ; ce mystère dont on veut percer le secret.

Puis il y a les thématiques, cette passion qu'Ada voue à Samson et les extrémités auxquelles cela la pousse, le combat contre la solitude, l'éloignement du giron parental qui, à un moment, ne suffit plus et la façon dont les maladies sont mises en scène, sont traitées, passent encore d'autres messages subtils que je n'ai fait qu'effleurer. D'ailleurs, la relation entre Ada et Samson noue les tripes, elle dérange, il y a de quoi... Qui ment, qui se voile la face ? Qui est le véritable monstre ? Même les dernières pages laissent encore planer le doute. C'est une belle leçon de narration donnée ici par Sue Rainsford.

Jusque dans la terre est un texte qu'on lit d'une traite, qui nous happe et ne nous recrache qu'une fois la dernière page tournée. On se sent alors un peu vaseux, on se demande ce qu'on vient de lire et si on n'a pas, nous aussi, été engloutis par la Terre...
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Jusque dans la terre

J’étais très intriguée par le résumé de ce roman, mais aussi par sa couverture qui a tout son sens une fois la lecture terminée. Et je vous avoue que je suis ravie de m’être laissé tenter, car j’ai passé un bon moment et je suis totalement sortie de ma zone de confort.



Il est bien difficile de qualifier ce bouquin et de le faire rentrer dans une case ou dans l’autre et c’est ce qui le rend si intéressant. On oscille entre fantastique et contemporain et on en arrive souvent à se demander de quel côté on est. L’horreur est aussi présente mais plus dans le sens de la noirceur humaine et du côté sombre et étrange de l’histoire.



On va suivre Ada qu’on a du mal à cerner, tout comme ce roman. Elle semble être une sorcière et nous allons découvrir au fil des pages le pourquoi du comment, qui est très intéressant. On va s’attacher à notre héroïne, car elle va nous rendre curieux. Elle vit avec son père qui, lui aussi, a sa part d’étrangeté et de bizarrerie. Cette histoire de guérisseurs et de cures est vraiment bien tournée et j’ai aimé découvrir ce que les cures pensent de ce père et de cette fille. Nous allons aussi faire la connaissance de Samson qui va faire naître une légère romance certes, mais l’autrice va nous emmener bien plus loin que ça dans la relation entre Samson et Ada.



Ce roman, c’est aussi tout un lien autour de la terre, cette terre de leur jardin qui a un pouvoir spécial et j’ai trouvé l’idée très originale. Une fois qu’on a commencé notre lecture, on se sent embarqués dans un monde totalement immersif et il est difficile de quitter nos personnages.
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Jusque dans la terre

Que j'ai aimé ce roman !

Par certains côtés, il me rappelle le "coeur cousu" de Carole Martinez.

C'est le récit incroyablement passionnant de deux êtres à part qui observent le monde des humains (les "cures") avec curiosité.

Mais voilà, à y regarder de trop près on se brûle ailes et Ada, notre héroïne tombera dans un amour malsain et destructeur !

Court mais magnifique !
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Jusque dans la terre

Je découvre avec plaisir ce titre des éditions auxforgesdevulcain. Ce roman m’a tout de suite attiré d’une part car sa couverture est magnifique et d’autre part car il relate l’histoire d’un ours-garou et de sa fille s’improvisant « médecins » de village. J’en ressors à la fois captivé mais également un peu frustré par une fin de roman ouverte.



Il comporte cependant énormément de bons points:



- J’ai trouvé l’histoire en elle-même très originale. Elle expose le quotidien d’Ada et de son père soignant de manière plutôt spéciale les gens du village (qui acceptent sans hésiter cela). Mais c’est aussi l’occasion de mettre en avant la découverte de l’amour, de ses plaisirs du point de vue féminin d’Ada. Tout est amené en finesse petit à petit par l’autrice qui évoquera les relations complexes qu’Ada aura avec son père et la sœur de Samson (son amour). Comme je l’ai mentionné, la fin (plutôt ouverte) ravira certains lecteurs et pourra poser quelques problèmes à d’autres. J’avoue, j’aurais aimé avoir plus de précisions sur la suite des événements et j’en ressors avec un peu de frustration.



- J’ai énormément apprécié la plume de l’autrice et la structure du texte. J’ai littéralement dévoré les 200 pages du livre en une journée. L’univers est fantastique et très sombre et entraîne en permanence un certain malaise de la part du lecteur (sans qu’il sache vraiment d’où il peut provenir exactement). L’alternance des chapitres où l’histoire avance et de courts passages, dans lesquels des patients relatent certains événements, permet de garde cette ambiance gênante et de dynamiser la lecture (vite, vite je veux savoir la suite).



- Les personnages sont très bien décrits et contribuent à cette ambiance particulière. On retiendra bien entendu Ada qui est au centre de l’histoire. J’ai adoré ce personnage car on n’arrive pas particulièrement à le situer du bon ou du mauvais côté. Le lecteur aura envie de la plaindre de ne pouvoir vivre son amour librement en début de roman mais changera probablement d’avis en cours de route. Son père (l’ours-garou médecin tirant ses pouvoirs de la Terre), son bien-aimé Samson et sa sœur ne déméritent pas non plus et restent finalement assez complexes et difficiles à cerner.



Je repars ainsi avec une très belle lecture portée par une autrice talentueuse. Sue Rainsford réussit à immerger son lecteur dans une histoire fantastique et originale enveloppée dans un sentiment de malaise permanent. Je vous la recommande vivement.
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Jusque dans la terre

Encore une fois je me trouve abasourdi par une parution des Forges.

Jusque dans la terre, pour lequel je remercie Babelio et la masse critique de novembre, m'a ému par son étrange beauté.

Comme nombre d'autodidactes, je me trouve à compulser le dictionnaire bien souvent en quête de la compréhension d'une nouveauté répétitive que j'ai du mal à cerner.

Ainsi en est-il de l'univers gothique.

J'ai lu ici ou là que Jusque dans la terre se trouvait l'être.

Gothique.

C'est seulement après l'avoir lu que je vais vérifier dans le dictionnaire dont j'isole ces quelques termes : esthétique romantique et macabre.

Je crois qu'on est en plein dans le mille !

Effectivement, ce livre se distingue clairement par cette définition qu'on pourrait tenir pour un oxymore.

Il me semble pourtant à présent que Jusque dans la terre m'a permis de découvrir cet univers insoupçonné où la beauté et l'horreur de côtoient avec grâce.

Ce fut pour moi une découverte magnifique et l'éclatement de quelques préjugés.




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Jusque dans la terre

Ada et son père vivent à l'écart, êtres sauvages et vaguement inquiétants dont on sait peu de choses, si ce n'est qu'ils ne sont pas vraiment humains, qu'ils soignent par leurs mains ou par la Terre dans laquelle ils enfouissent leurs patients.

En dehors des soins, on leur parle peu. Sauf Samson, qui tisse une relation avec la jeune Ada. Mais certaines maladies ne se distinguent pas, et ne s'extraient pas facilement d'un corps. Comment les soigner, alors ?

C'est un roman vraiment original et surprenant. Je ne m'attendais pas à cette atmosphère surnaturelle et brumeuse. Nous n'avons pas les clés, et c'est parfois frustrant de rester dans le flou. Mais l'immersion est totale, tant les sensations sont présentes.

Les mots ne sont pas posés sur ce mal invisible, mais, lorsqu'il émerge entre les lignes, c'est glaçant. Il y a un côté très dérangeant dans cette Terre à la fois guérisseuse et dangereuse, dans ces corps ouverts et ces mains qui plongent dedans. Les codes sont faussés, il faut réellement se laisser aller au-delà de toute vraisemblance.

Surréaliste, sombre, c'est une histoire à lire à travers la brume. Pas forcément le genre de lecture que j'affectionne, donc. La dernière page m'a laissée sur ma faim, et un peu soulagée je dois bien le dire. Car trop de non dits, trop de flous artistiques m'ont agacée à la longue.

C'est néanmoins une belle découverte, un premier roman qui dévoile une écriture originale et subtile, un auteur à suivre donc !
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Jusque dans la terre

Etrange roman que voilà. L’ambiance y est étouffante, terreuse, humide, poisseuse. J’ai beaucoup aimé cette atmosphère teintée de magie, reliée à la Terre. On ne sait pas trop si Ada est humaine; en fait on ne sait pas trop ce qu’elle est. Elle entretient des liens très étroits et corporels avec son environnement. Elle est un peu magicienne, comme son père. Les habitants qu’ils soignent, les cures, ont des maux étranges, et les soins qu’ils reçoivent sont tout aussi étranges.



Sachez ainsi qu’on plonge dans les entrailles de chacun et de chacune assez régulièrement. On est dans un body horror assez doux, paradoxalement. Ce n’est jamais trop hard, ni too much, cela ne choque jamais vraiment. C’est corporel, organique, viscéral, au sens premier du terme. J’ai aimé le contraste offert par l’écriture et le point de vue d’Ada : la plume est à son image, un peu planante, écorchée, naïve. Les décors sont minimalistes, assez bruts. C’est cohérent, mais de ce fait l’immersion est courte, d’autant que le livre n’est pas très long. La construction du roman est intéressante, car plusieurs témoignages de cures parsèment le récit d’Ada, comme pour apporter un éclairage supplémentaire sur ce qu’il se déroule. Chaque témoignage fait d’ailleurs bien ressentir le parler propre à chaque personnage qui s’exprime.



Et tout ça pour dire quoi ? Jusque dans la terre est une histoire d’amour. Enfin, amour. C’est surtout une histoire de désir sauvage, de sensualité, de corps. Et puis surtout, c’est une histoire somme toute très humaine qui nous est racontée. Le final est surprenant, car magie ou pas, le fond des récits est souvent bassement terre à terre… Et finalement, le plus dérangeant et malaisant réside là, dans ces dernières pages.



Si cela est réussi, je regrette néanmoins un propos assez court et pas suffisamment féroce pour moi. On passe le temps du bouquin plongé dans les entrailles des uns et des autres, mais selon moi ce roman ne va pas assez loin, ne prend pas suffisamment aux tripes pour laisser une marque pérenne dans l’esprit. C’est un peu dommage.
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Jusque dans la terre

Humus et sortilèges



Jusque dans la terre est un récit qui manie l'étrangeté et le mystère allié à une certaine pudeur. Un concept auquel il vaut mieux adhérer dès le début de la lecture pour en apprécier tout le sel.



Le style de l'autrice se veut avare en mots, une manière d’en dire beaucoup sans trop en faire et il ne faudra pas compter sur les interludes en forme de témoignages des villageois pour en savoir plus. C'est entre les lignes, dans les non-dits des dialogues que le lecteur devra discerner le vrai du faux, le merveilleux du banal, la vérité des mensonges. Un jeu narratif qui pourra décontenancer certains lecteurs autant qu'il en charmera d'autres.



La plume se veut très sensitive concernant la faune et la flore, le champ lexical de la terre et de la nature est omniprésent. Au contraire de celui des corps, des hommes et femmes qui viennent se faire soigner, qui sont plus souvent des présences évanescentes, sans consistance malgré les soins que leur apporte Ada.



C’est pourtant lorsqu'elle évoque le corps souffreteux de ses “patients” que la plume se teinte d'un merveilleux poétique alors que tout ce qui se rapporte à la terre et aux racines reste formel, voire clinique, renforçant l’élégante étrangeté du récit.



Inutile d'aller plus loin dans la chronique de ce récit hors norme, qui laisse une impression étrange dans l'esprit du lecteur à la conclusion, comme si l'on avait marché longtemps en forêt et que l'on ne savait plus très bien où l'on se trouve. À chacun de se faire une idée avec cette lecture aussi élégante qu'étrange.

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Jusque dans la terre

Pour poursuivre ma plongée en sorcellerie, j'ai choisi d'orienter ma chronique de ce roman en adoptant ce point de vue, alors même qu'il ne s'agit pas d'un livre de sorcière.

Dans un contexte de littérature fantastique, il s'agit davantage de suivre l’évolution d’une créature féminine aux prises avec son entourage et sa nature même. Ada est une creature composée de terre, de graines et de branchages , créée par son père qui avait besoin d'aide pour ses tâches de guérisseur.

Sue Rainsford a déclaré avoir beaucoup lu Simone de Beauvoir. On peut imaginer qu'elle a souhaiter créer une une femme qui n'est pas née femme mais a choisi de le devenir. En effet, si son père lui a assigné un genre en lui donnant un prénom féminin, elle n'est pas censée éprouver des sentiments ou des désirs humains. Et un obstacle, physiologique celui-là, l'empêche d'expérimenter sa féminité dans son corps.

" La première fois que j’ai voulu coucher avec un garçon, je ne savais pas du tout ce que je faisais. J’étais par terre, il s’est allongé sur moi et je l’ai serré très fort dans mes bras. Il a voulu la mettre en moi, mais il n’y avait nulle part où aller, il a eu peur et il m’a mordue. (...). Mais je ressentais une sorte de manque languissant – ce que les cures appellent, je le sais maintenant, le désir, ou la lubricité.

Enfin, je me suis créé une ouverture, à laquelle j’ai ensuite donné une bonne douzaine de noms différents, et j’ai pu accueillir Samson en moi. Il fallait pour cela que le désir soit assez fort, et quand ç’a été le cas, il est apparu ".



Ada crée elle-même son corps de femme, non seulement en ouvrant une fente dans sa chair mais en la nommant de différentes manières pour l'ancrer dans une réalité concrète. C'est par son désir et par sa détermination qu'elle valide une identité qui n'était que surface.

Cette opération de magie, conforme à la réputation de magicienne - guérisseuse - sorcière d'Ada, augmentée par une sensualité affirmée et par une sexualité toute neuve, a pour conséquence de la faire basculer dans la catégorie sorcière.

" Personne n’était au courant, pour Samson et moi. Nous avions tous les deux été très prudents, parce que nous savions que notre relation pourrait fâcher certaines cures.

Il y en avait qui voudraient me faire monter sur un bûcher, si elles venaient à l’apprendre. Il y en avait qui seraient jalouses, qui affirmeraient que je lui avais forcément donné un philtre pour l’obliger à coucher avec moi – ou que je lui offrais une forme de guérison plus puissante, plus efficace."



Sue Rainsford habille ses femmes de métaphores. Elle parle de la construction d'une identité de femme, du corps, de la chair, du désir et du sexe. Mais aussi, lorsqu'elle ouvre les corps des femmes-cures, de subir le fait d’être une femme dans la grossesse ou dans la ménopause. Le corps des femmes suit un cycle de vie naturel, avec des fluides, des sécrétions et une maturation qui ne devraient pas être connotés négativement.

En toute connaissance de cause, Ada choisit d'être une sorcière, de vivre son désir sans complexes, même si elle doit pour cela commettre l'irréparable.





"



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Jusque dans la terre

Plutôt subtil, vraiment étrange, parfois poétique, assurément unique en son genre : Jusque dans la terre avait tout pour me plaire.



Malheureusement, une fois mis de côté les effets de style et l'étrangeté du fonctionnement d'Ada et de son père, je ne trouve pas qu'il subsiste derrière une histoire suffisamment intéressante. Je dirais même que de ce côté-là on est sur quelque chose qui peut paraître assez convenu voir carrément ennuyeux.



C'est cependant une lecture qui vaut le détour et à laquelle je ne regrette pas d'avoir laissé sa chance.

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Jusque dans la terre

Empreinté d'un style captivant et d'une écriture riche, "jusque dans la terre" est un récit horrifique à deux faces, un côté glauque et effrayant doublé d'un fond subtilement doux, empathique.

Ne vous attendez pas à un conte de fée, ici il vous faudra avoir le cœur bien accroché pour apprécier votre lecture au vu des événements qui sont relatés, mais si cela passe, vous embarquez pour une histoire étrange, voluptueuse, mélancolique ou la recherche de l'amour rime avec viscères et où les origines profondes s'accordent avec boue, umus et nature.

Sue Rainsford arrive avec ses mots et son écriture à sublimer l'horreur.

Je reste évasif exprès car le moindre indice en dehors du 4ème de couverture vous enlèverait le plaisir de la découverte de cet étrange récit que j'ai adoré et dévoré.
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Jusque dans la terre

Dans ce récit, Sue Rainsford a su dès les premières pages attirer mon attention jusqu'à sa dernière page. Ce court roman dérange avec ces guérissons si particulières, questionne sur le rapport aux autres et sur l'amour. Une très belle découverte littéraire.
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Jusque dans la terre

🌎RESUME : Ada vit avec son père dans une clairière, en bordure d'une forêt, non loin de la ville. Ils passent leur temps à soigner les habitants qui leur confient leurs maux et leurs corps, malgré la frayeur que ces deux êtres sauvages leur inspirent parfois. Un jour, Ada s'éprend de Samson, un de ces habitants. Cette passion, bien vite, suscite le dépit voire la colère du père de la jeune fille et de certains villageois.



🌎MON AVIS : J'ai eu ce livre dans le cadre de mon abonnement à la Kube.

Je n'ai pas du tout accroché à cette lecture, que j'ai trouvé invraisemblable.

On y suit Ada, une "personne" qui n'est pas humaine, qui ne vieillit pas et qui tombe "amoureuse" d'un humain. Pour soigner les gens qui viennent les consulter, elle leur ouvre le ventre, ou ils sont enfoui dans la terre. Mais, ils ne meurent pas !!!

Tous ces évènements font que je n'ai pas du tout adhérer à cette histoire.

J'ai néanmoins terminé ma lecture, même si l'envie d'abandonner était là, mais un fois avoir lu 110 pages sur les 212 pages, je me suis dit "fais un effort et termine". J'avais aussi espoir qu'il se passerait quelques choses d'exceptionnel. Mais non !

Je suis donc totalement passée à côté de cette lecture, car je ne suis pas du tout le public ciblé. Ce n'est pas du tout le genre de roman que j'aime. Ce n'est pas pour autant une déception, car je n'attendais absolument rien de ce livre.
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Jusque dans la terre

Ada n'est pas une jeune femme comme les autres. Elle est une créature de la Terre, qui a le pouvoir de soigner les gens, et ses dons sont reconnus dans toute la contrée dans laquelle elle vit avec son père : de nombreuses cures - le nom qu'ils donnent aux habitants - viennent en effet les voir pour soigner, contre argent, tous leurs maux, plus ou moins graves, lorsque cela est possible, en des procédés bien incongrus que je vous laisse découvrir. Jusqu'au jour où Ada va faire une rencontre qui va la faire changer, et faire changer sa relation à son père, et aux cures...



Quelle étrangeté que ce roman, tout autant qu'Ada, qui, en de brefs chapitres laissant tant la parole à la protagoniste qu'à ses cures, nous percute de plein fouet de son univers sombre, dérangeant, finalement hypnotisant. Il m'a fallu du temps pour comprendre où voulait m'emmener Sue Rainsford, mais une fois qu'elle m'a prise dans ses filets, impossible de ne pas terminer ma lecture d'une traite.



C'est une expérience difficile à décrire, d'une intensité vraiment particulière, qui nous propose un rapport à la Nature franchement paradoxal, en ce qu'elle est ici tant source de bienfaits que de méfaits - même s'ils sont à relativiser lorsque l'on connaît les raisons des méfaits -.



Une lecture qui m'a soufflée, qui m'a vraiment bousculée, qui fut une riche découverte. Je vais suivre l'actualité de l'autrice de près désormais.
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Jusque dans la terre

Pour sa rentrée littéraire, Aux Forges de Vulcain a misé sur deux romans parmi lesquels « Jusque dans la terre », le premier roman d’une jeune autrice irlandaise, Sue Rainsford. Quelle merveilleuse idée ! Et pour ce qui est de merveilleux, le texte de Rainsford se pose là ! À la différence d’un Fantastique qui ferait survenir des événements surnaturels dans un présent identique aux nôtres, ici, dans le monde d’Ada, la jeune fille narratrice du roman, il est aussi habituel pour elle, son père, et les habitants du village proche, de guérir des patients en leur retirant leurs organes à coup de chants ésotériques puis de les enterrer (et les organes et les patients) dans la terre bienfaitrice du jardin pour attendre leur réparation, qu’il est normal pour une gamine vêtue de rouge de papoter avec un loup au détour d’un chemin forestier.

Si la terre d’Irlande est une terre de contes et de légendes, « Jusque dans la Terre » y a grandement sa place. C’est seulement au fil de la narration que le voile se lève sur la véritable nature des protagonistes et que l’on découvre qu’Ada et son père, qui vivent à l’orée d’une forêt, lieu propice au mystère et à la sauvagerie, sont aussi humains que je suis Leprechaun. Si son apparence la fait femme, il y a quelque chose du Pinocchio de Collodi chez Ada, du fait de sa conception à sa naissance dont on ne dira rien pour ne trop divulgâcher. La vie suit son cours « normalement » pour Ada et son père jusqu’à ce que l’adolescente se mette à éprouver quelque sentiment qui la perturbe pour Samson, un jeune habitant du village. Voilà donc que la passion amoureuse se retrouve élément perturbateur : Ada se retrouve écartelée entre cet amour qui lui fait pousser des ailes et voudrait lui faire connaitre autre chose que son quotidien et son Jardin et la loyauté envers son père et sa Terre, envers cette hérédité qui lui donne ces pouvoirs aussi bien guérisseurs que létifères.

Passer les quelques pages où il a fallu me défaire de ces envies irrépressibles de dégainer mon stylo rouge pour biffer la version non-corrigée du roman que j’avais reçue (coup de chapeau à celles et ceux qui auront peaufiner la version définitive), je me suis finalement laissé emporter par la plume magnétique de Sue Rainsford traduite par Francis Guèvremont. Un savant et délicieux mélange d’horreur et de lyrisme accompagne brillamment la soif de démarginalisation d’une jeune fille à l’ingénuité touchante. La brutalité sauvage, presque animale, côtoie la magie envoutante des différentes amours qui tiraillent la narratrice de ce grand conte moderne, étrange et déroutant, horrifique et poétique. Bref, ensorcelant.
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Jusque dans la terre

Jusque dans la terre est le premier roman de Sue Rainsford. L’autrice met en scène deux personnages de guérisseurs non humains, Ada, narratrice autodiégétique, et son père, qui vivent en marge d’une ville dont ils soignent les habitants, qu’ils appellent les cures. Leurs méthodes de soin, qui consistent à ouvrir les patients grâce à leurs capacités surnaturelles ou les enterrer dans leur jardin pour que la Terre les guérisse, font entrer le roman dans le champ de la Weird Fiction et les coupent de l’espèce humaine. Ils ne la comprennent que difficilement, ce qui est réciproque. Les deux personnages apparaissent alors comme des marginaux étranges mais utiles, ce que va ébranler une relation amoureuse entre Ada et Samson, un humain qu’elle tente de sauver.



J’ai beaucoup apprécié ce roman pour les rituels et les personnages étranges qu’il décrit, et je vous le recommande !

Chronique complète et détaillée sur le blog.
Lien : https://leschroniquesduchron..
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Jusque dans la terre

Rarement lu quelque chose d’aussi étrange, aussi envoûtant.

Un roman fantastique, dans tous les sens du terme, merveilleusement écrit - et d’ailleurs non moins merveilleusement traduit, avec pléthore de notations poétiques, de métaphores indéchiffrables (sur l’odeur de l’eau, le toucher d’une limace…).

Quel étrange roman, en effet, que celui-ci. Où le danger est partout: sous l’herbe roussie d’une pelouse-cannibale, à la fois rédemptrice, régénératrice, et néanmoins profondément mauvaise.

Dans ce duo père-fille de guérisseurs aux pouvoirs supra-naturels; créatures plus qu’hybrides, inquiétantes, et qui pourtant n’ont rien de maléfique. Mises au service de l’humanité souffrante (Par qui? Pourquoi?) . Dont le «travail « est de soulager la douleur, mais qui ne sont en rien des sorciers, en tout cas pas au sens banalement péjoratif du terme.

Danger, surtout, dans la survenue du désir féminin, ou tout simplement le besoin d’amour, avec la cohorte de transgressions qui peuvent l’accompagner.



Évidemment, le livre reposé, on peut se poser la question : dans cette réinvention du genre fantastique, le récit ne pourrait-il pas se lire comme une fabuleuse reconstruction autour de la révélation d’un inceste problématique? [[ non, non, non, il ne s’agit pas ici d’une relation père/ fille. Mais admettons que je n’aie rien dit…]].



Mais au diable les lectures rationnelles, asséchantes! De ce magnifique roman je ne veux retenir que son atmosphère vénéneuse: cette méchante pelouse qui « rote » , après qu’on lui a jeté un petit bout d’organe malade; ces « en-terrements » dont les souffrants , après un petit laps de temps, émergent régénérés, guéris; et la re-naissance annoncée d’un ancien amoureux, enseveli sous la pelouse pour qu’il s’y métamorphose.

Quand bien même ce serait en monstre, en créature chthonienne incontrôlable.

Un Frankenstein sans la science, que le récit nous laisse entrevoir, mais sans rien nous en dire.
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Jusque dans la terre

J'ai lu Jusque dans la terre, un roman qui paraîtra aux forges pour la rentrée littéraire.

C'est une lecture courte mais tellement intense et originale. Je l'ai trouvé à la fois très douce et très sombre, très mélodieuse et très violente, viscérale. Je n'ai pas réussi à lâcher ce livre après l'avoir commencé, j'étais obsédée par le récit, par toutes les étrangetés qui s'y passent. C'est un récit très métaphorique et déstabilisant mais surtout un conte sombre et poétique écrit par une plume volontairement décousue, qui subjugue et égare le lecteur. J'ai aimé la candeur du personnage principal, toutes ces choses que l'on comprend alors qu'elle les ignore. Je ressens encore un sentiment de mal-être, celui du dégoût qui persiste en moi. Il y a aussi toutes ces questions que je garde en tête, toutes ces pensées obsédantes, dérangeantes... C'était fort, magique, brutal. J'ai hâte que vous le découvriez !
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