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Citations de Suzanne Forster (14)


- J'ai un gros problème, Rick. Pas gros, énorme. Monstrueux.
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L’alcool y coulait à flots, et l’alcool facilitait les conversations. Il était rare qu’il soit franchement ivre, mais il se couchait bien des fois dans un état second.
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Son amnésie n’était pas totale, comme les médecins l’avaient pronostiqué. Certes, elle n’avait aucun souvenir de la noyade ni de sa chute dans l’océan démonté, mais les réminiscences des instants précédents, si furtives soient-elles, la remplissaient d’effroi. Des flashes terrifiants, obsédants accaparaient entièrement son esprit. Lorsqu’ils survenaient, elle était incapable de se concentrer sur autre chose. Peut-être était-ce un effet des médicaments qu’elle prenait pour dormir ? Dès qu’elle avalait l’une de ces petites pilules bleues, elle était transportée dans un univers paisible, serein, protégé : un lagon tropical ombragé où elle flottait à l’abri de toute vicissitude. Elle dormait d’un sommeil de plomb, du sommeil innocent de l’enfant.
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Quantité de gens réclamaient la réouverture de tel ou tel procès et obtenaient rarement gain de cause. La justice avait déjà beaucoup à faire avec les affaires en cours : elle n’avait pas besoin de s’encombrer avec des procès datant de vingt ans.
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Les journalistes n’étaient que des requins sans état d’âme, prêts à tout pour émoustiller le lecteur et faire des effets de style. Il avait lui-même appartenu à ce troupeau de hyènes ; il était donc bien placé pour savoir que ces sales bêtes vous déchiquetaient juste pour le plaisir, sans en avoir l’air.
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Musique sensuelle et compliquée, le jazz lui avait toujours évoqué les femmes. Le bon jazz le détendait et lui vidait l’esprit. Le mauvais lui tapait sur les nerfs. Comme les femmes.
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Oui, elle était coupable d’un crime impardonnable. En colère, aussi, et pas seulement contre elle-même. Contre ceux qui l’avaient trahie. L’épilation assouvissait quelque peu cette fureur. Parfois, elle avait envie d’arracher tous les poils de son corps. Elle se vengeait ainsi des infidèles qui lui avaient brisé le cœur quand elle avait encore un cœur à briser. Ce rituel avait quelque chose de libérateur.
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Chez l’esthéticienne, on faisait ça beaucoup plus rapidement, mais elle avait besoin de s’infliger ce supplice pour se calmer les nerfs. La douleur physique provoquait une sécrétion d’endorphines qui pouvait devenir addictive, avait-elle lu quelque part. Il y avait toutefois peu de risques qu’elle développe des tendances masochistes.
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Elle n’avait que seize ans, à l’époque. Tel un papillon, elle batifolait en Bikini autour des étudiants qui fréquentaient le club d’aviron voisin. Elle était bien plus jeune qu’Andrew, mais la différence d’âge ne l’avait pas empêchée de lui jeter des sourires enjôleurs chaque fois qu’elle le croisait.
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Il y a des choses pour lesquelles on n’est jamais prêt : le mariage, les enfants, une grosse opération chirurgicale. Mais on rassemble son courage et on se jette à l’eau. Après, on est content que ce soit fait.
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Elle avait appris très tôt — durant son adolescence — qu’il ne fallait pas tout dévoiler d’un seul coup pour éveiller le désir d’un homme. Suggérer se révélait beaucoup plus efficace.
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On la décrivait comme un pitbull de cinquante-trois kilos aux yeux bleu de Chine — et on précisait qu’elle avait des couilles. Ça l’amusait et ça déstabilisait ses adversaires. Elle laissait donc planer le doute sur ses goûts sexuels.
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Ils se connaissaient depuis trop longtemps ; elle lui avait appris tout ce qu’il savait sur les lois et, comme ils étaient proches, elle l’avait aussi renseigné sur les petites manies des juges. Dans la vie de tous les jours, il la traitait avec respect et considération, mais ici, c’était une autre histoire. Il ne se gênait pas : il se croyait tout permis.
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— Tu veux cette gamine ?
— Ce n’est pas une gamine, rétorqua-t-il. Je dirais plutôt une petite femme en herbe. Fraîche, adorable, d’une pureté virginale.
Intérieurement, elle écumait de rage. Tout juste trente ans et déjà évincée par une vierge minaudante. Elle s’était donnée corps et âme à cet homme. Toute sa vie tournait autour de lui… A présent, elle n’osait plus lui annoncer la grande nouvelle : elle craignait de passer pour une idiote.
Elle se sentit envahie d’une colère froide — en dessous de zéro, de la glace en fusion. Elle allait lui donner ce qu’il voulait, mais en lui faisant payer le prix fort. C’était un homme important ; il avait le pouvoir de la détruire. Mais il avait dépassé les bornes et ils le savaient tous les deux. Oui, elle allait lui servir sur un plateau ce qu’il réclamait, mais ça lui coûterait cher. Très cher.
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