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Critiques de Sven Ortoli (54)
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Le cantique des quantiques : Le monde exist..

« le monde existe-t-il ? » se demandent les auteurs, en proie au doute. Sven Ortoli est journaliste scientifique, Jean-Pierre Pharabod est ingénieur des télécommunications, et a travaillé trente ans au Laboratoire de physique nucléaire des hautes énergies de l'Ecole polytechnique. C'est dire si nous avons affaire à des gens très sérieux et très responsables. Ces auteurs ont pour ambition de nous faire comprendre le fonctionnement du monde « réel » (mais… existe-t-il ?) en braquant le projecteur dans l'obscurité des chambres noires des laboratoires de physique fondamentale, afin d'éclairer notre lanterne.

Si la physique quantique vous est familière, vous connaissez déjà cet essai, un best-seller du genre, le meilleur dans la catégorie « vulgarisation scientifique ». Publié dès 1984 mais avec une importante postface inédite ajoutée en 2007 (raison pour laquelle j'ai acheté deux fois le livre), il reste à ce jour indépassable pour les efforts de clarté et de pédagogie des deux auteurs. Ceux-ci récidivent en 2011 avec Métaphysique quantique – les nouveaux mystères de l'espace et du temps, mais les sujets traités semblent les mêmes, sans doute illustrés par quelques expériences et perspectives nouvelles comme la cryptographie quantique et l'ordinateur quantique.

La vulgarisation s'appuie ici sur des schémas simples, comme des dispositifs classiques à base de lasers, séparateurs, miroirs tournants et détecteurs… mais aussi sur des dessins bucoliques montrant par exemple un pêcheur au bord d'un étang, un tireur de ball-trap ou un chat dans une boîte. Ces illustrations, agréables et métaphoriques, rappellent les bonnes vieilles méthodes de George Gamow et sa célèbre série des M. Tompkins. Car tenter de comprendre les phénomènes quantiques n'est pas chose aisée ! Les partisans de l'interprétation de Copenhague, dont plusieurs prix Nobel (Niels Bohr, Werner Heisenberg…) s'interdisent d'ailleurs de décrire le comportement des objets entre les mesures, se contentant d'appliquer les postulats, d'utiliser le bagage mathématique mis à leur disposition (qu'ils créent eux-mêmes, le cas échéant) et d'accepter les résultats trouvés, aussi étranges soient-ils !

Alors, ces phénomènes mystérieux, qu'on cherche à nous faire comprendre, quels sont-ils ? Voici à titre d'illustrations quelques exemples, assortis des métaphores transposant le discours dans notre monde macroscopique :

1- La réduction du paquet d'ondes : des poissons solubles sont totalement dissous dans un étang, mais lorsqu'on les pêche, ils se matérialisent d'un seul coup au bout de l'hameçon !

2- Le paradoxe EPR et l'absence de variables cachées locales : les martiens télépathes de Ray Bradbury jouent un bon tour aux terriens en décidant au dernier moment leurs caractéristiques physiques, les fourbes !

3- La superposition des états : le chat de Schrödinger (bien sûr !) est à la fois mort et vivant, il n'est pas soit mort, soit vivant, suite à une incertitude, mais bien dans les deux états, simultanément (aucune plainte de la SPA n'a été enregistrée à ce jour, même si les chats ont neuf vies, celui-ci n'en finit plus d'être sacrifié sur l'autel des sciences, heureusement, il s'agit là « d'expériences de pensée », comme disait Einstein) !

4- L'expérience des fentes d'Young appliquée à un seul électron : un voyageur du métro parisien partant de l'Etoile passe « simultanément » par Denfert-Rochereau et par Barbès-Rochechouart pour se rendre à Nation (pourra-t-il échapper au contrôle des billets ?) !

5- La non-localité et l'intrication quantique : quand le pêcheur parvient à attraper son poisson soluble dans l'étang de droite, son fils, qui roupille tranquillement sur la rive de l'étang de gauche, voit soudainement un second poisson jaillir de l'eau et sauter directement sur la berge à côté de lui !

6- La dualité onde-corpuscule : L'image qui m'a le plus frappé est celle d'un photon « onde », émis à une année-lumière de la Terre, étalé sur une sphère gigantesque de 10 puissance 27 km2 (un milliard de milliards de milliards de km2). Si le photon est détecté sur terre, sa position est immédiatement connue et déterminée, l'onde disparaît alors instantanément, interdisant toute autre observation du photon sur cette immense sphère (le photon aurait pu tout aussi bien être perçu par un extraterrestre situé à deux années-lumière de distance, mais plus rapide en effectuant sa mesure, interdisant alors la détection sur Terre).

J'ai bien conscience de n'être pas tout à fait convaincant avec ces quelques exemples ! Lisez plutôt le livre !

Les auteurs restent sobres en formules mathématiques, mais n'hésitent pas à décrire l'expérience d'Alain Aspect de 1982 à Orsay (prouvant la non-localité pour la première fois !), et à proposer une démonstration des inégalités de Bell. Ils clarifient le panorama de nos connaissances en faisant le tri des différents courants de pensée, du plus « matérialiste » (les choses existent en dehors de nous) au plus « idéaliste » (c'est l'observateur qui crée la réalité), en citant leurs aficionados nobélisés respectifs. Ils décrivent brièvement la récupération par les adeptes de parapsychologie et autres croyances des idées innovantes apportées par la physique quantique.

Enfin, last but not least, l'ajout de 2007 évoque le phénomène dit de la « gomme quantique à choix retardé », en expliquant comment une expérience du présent modifie le passé (même très lointain) et, corolaire, comment notre présent est sans doute également influencé par notre futur (tout aussi lointain). Après les étonnants paradoxes spatiaux prouvés par l'expérience en 1982, voici les ébouriffants paradoxes temporels mis en évidence et observés entre 1998 et 2006.

Le monde existe-t-il ? Plus ou moins… C'est donc avec circonspection que j'avancerais ce principe de quasi-certitude : avec la méca Q, on n'a pas fini de rigoler !
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La vie a-t-elle un sens ? : Bande dessinée et..

Tout d'abord merci à Babelio et à Philosophie Magazine pour m'avoir envoyé ce livre.



C'est une façon différente de se plonger dans la philo que de prendre ses exemple dans la bande dessinée. Autant grâce à ce livre on observe ses BD sous un nouvel angle, autant la philo devient plus abordable par ce biais, les deux y gagnent en somme.



Si l'humour n'est jamais loin dans la bande dessinée, cet ouvrage pointe aussi le fait que la philosophie s'y cache à tous les niveaux. Qu'il s'agisse de Calvin et Hobbes ou Peanuts, dans lesquelles la réflexion sur le sens des choses n'est jamais loin, voir même carrément explicite, ou bien d'Astérix, de Lucky Luke ou Spiderman, chaque planche peut nous apporter beaucoup en matière de réflexion et c'est celà que les auteurs d'articles pointent de façon simple et argumentée.



Aucun genre ne sera épargné: BD, comics, mangas, richement illustré, l'occasion de (re-)découvrir certains trésors oubliés ou de découvrir la facette cachée d'autres plus connus, voir simplement de se replonger avec plaisir dans des extraits ou échantillons tout en renforçant sa culture générale.



À dévorer d'une traite ou à picorer article par article!



et je finirai par cette citation Du Chat:

Vous aimez la vie?

À mort!
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Albert Camus, la pensée révoltée

S'il n'avait pas été percuté par un arbre il y a 53 ans, il en aurait eu 100 cette année. Cela est l'occasion de redécouvrir ou découvrir cet écrivain philosophe un peu oublié jusqu'à aujourd'hui. Et dont la pensée me semble moderne, ouverte, en phase avec notre époque. C'est en tout cas ce qui ressort de ce recueil d'entretiens et d'articles consacré à Camus.

Les principaux thèmes de l’œuvre camusienne (absurde, révolte, refus du totalitarisme...) et ses œuvres emblématiques sont abordés par ordre chronologique. Les chapitres confrontent les points de vue de la première réception et des analyses actuelles. Il est intéressant de noter que les intellectuels des années 1950-1960 étaient assez sceptiques, tout en lui reconnaissant des qualités certaines (la querelle avec Sartre n'y est sans doute pas étrangère) Tous en lui reconnaissent un homme intègre et honnête, que la question de l'Algérie a ébranlé ; Algérie ou Algérie française, ne légitimant aucune violence alors que les armes répondent aux armes. Il est aujourd'hui revendiqué des 2 côtés de la Méditerranée.

Il s'agit d'un homme foncièrement différent des intellectuels de son époque, qui prônaient une histoire toute-puissante et vivaient dans l'idée de guerre permanente après 1945, les combats devenant politiques et les visions biaisées (notamment sur ce qui se passait en URSS). Camus laisse une grande place à la nature et à la paix, dénonce toutes les formes de violence et de totalitarisme (droite ou gauche). Pour lui la politique ne peut se faire que dans un contexte apaisé, et ouvert, en débat véritable. Philosophiquement, s'il s'inscrit dans une tradition plutôt grecque, il n'appartient, ni ne fonde, aucun système, laissant chacun libre de choisir ; il ne sent le maître de personne (ni dominus ni magister : sans esclave, sans disciple).

Un homme de conviction, honnête, engagé et silencieux s'il le faut, qu'il faut sortir des seules classes de lycées et présenter sur la place publique. Un homme qui éclaire notre monde, qui nous aiderai à le peser et peut-être, qui sait, à le respecter davantage.

Un grand merci à Babelio Masse Critique et Philosophie magazine pour cet ouvrage.
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Le cantique des quantiques : Le monde exist..

Deux grands noms de la vulgarisation scientifique proposent en 1984 de rendre les théories de la physique quantique accessibles au grand public. La progression se fait en plusieurs étapes. Sven Ortoli et Jean-Pierre Pharabod ne semblent pas avoir oublié la curosité de leurs premiers pas dans le domaine scientifique et restituent efficacement le processus d’une démarche d’immersion quantique. Ils ne négligent pas l’aspect poétique de cette science nouvelle extirpée de l’ancienne physique mécanique. Ils parsèment leurs explications de mises en situation aussi intrigantes que l’exemple des poissons solubles, répartis non pas ponctuellement dans un plan d’eau mais l’envahissant entièrement sous forme d’un champ de probabilités, ou l’exemple des Papous à Paris, permettant ainsi de comprendre la différence entre les variables cachées locales (un projecteur de cinéma assimilé ponctuellement à une salle obscure) et les variables cachées non locales (les ondes électromagnétiques partant d’un endroit défini et qui permettent de diffuser les informations télévisées sur une surface étendue).





« Supposons maintenant que la mare représente une boîte absolument vide, à l’exception d’un électron solitaire figuré par le poisson […]. Le dispositif de pêche […] symbolise une sonde introduite dans la boîte et pouvant, d’une façon ou d’une autre, interagir avec l’électron et produire alors un signal visible par un observateur. Quand le signal apparaîtra, l’observateur normalement constitué en conclura que l’électron a rencontré la sonde, et qu’auparavant, il se déplaçait dans la boîte. Il aura tort. Avant d’interagir, l’électron occupait toute la boîte, avec une probabilité plus ou moins grande d’être détecté en tel ou tel endroit. C’est comme si avant de mordre le poisson occupait toute la mare, avec des endroits où il était plus dilué et d’autres où il était plus concentré. »





La physique quantique se sert des ondes et des probabilités pour décrire le monde, se montrant ainsi incompatible avec la théorie atomique des corpuscules. Surtout utilisée pour décrire les situations microscopiques, elle est parfois déployée à l’échelle macroscopique. Les phénomènes s’expliquent alors par la réduction d’un paquet d’ondes (des probabilités) en un corpuscule (une onde dominante réductible à une vitesse et à une position).





En nous faisant comprendre les clivages théoriques qui scindent dès le début des années 80 les scientifiques partisans de la physique quantique, les auteurs relèvent l’audacieux pari de mieux définir ses enjeux en soulignant ses dissensions. On trouve d’un côté les idéalistes, qui estiment que l’état de probabilité se réduit seulement à partir du moment où un observateur devient témoin, et de l’autre côté les matérialistes qui associent la réduction du paquet d’ondes à son interprétation par un appareil de mesure non-humain. Entre ces deux opposés, les partisans positivistes, empiristes et opérationnalistes admettent que la physique quantique ne porte pas sur la réalité, mais sur la connaissance que nous en avons, lorsque d’autres scientifiques tels que David Bohm, Fritjof Capra ou Bernard d’Espagnat se refusent de choisir entre matérialisme et idéalisme, persuadés de l’existence d’une réalité mystérieuse dont esprit et matière ne seraient que deux manifestations complémentaires.





La possibilité d’une élucidation des mystères quantiques surviendrait peut-être à condition de renouveler nos concepts de temps et d’espace, ou de remodeler notre configuration de l’univers. Lorsque Feynman, Prix Nobel de physique en 1965, aboutit à des résultats graphiques dans lesquels la flèche du temps se fige ou s’inverse, la science-fiction devient réalité, la philosophie est profond bouleversée et des phénomènes apparemment extérieurs au domaine de la science méritent d’être pris en compte dans un processus de réflexion global.





Depuis la publication de ce petit livre efficace, la physique quantique a encore eu le temps de s’éparpiller en de nouvelles réflexions stimulantes. L’assimilation nécessaire du contenu de cet ouvrage permettra à ceux qui se sont sentis enivrés de s’acheminer vers le volume suivant : Métaphysique quantique : Les nouveaux mystères de l’espace et du temps.
Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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La Baignoire d'Archimède

Une accumulation d'informations intéressantes regroupées en textes courts (heureusement) sans qu'il y ait réellement une réflexion structurée sur le dialogue entretenu par la science et le mythe. Étalage des faits et des effets de quelques mythes scientifiques dans un style propre au journalisme. Assez peu agréable en fin de compte. Quelques références à Roland Barthes et à Claude Lévi-Strauss donnent un peu d'épaisseur à l'ensemble mais sans que ce soit jamais vraiment satisfaisant ou, du moins, je n'y ai pas trouvé une satisfaction digne de ce nom.
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La vie a-t-elle un sens ? : Bande dessinée et..

Merci à Babelio pour cette nouvelle sélection à Masse Critique. "La vie a-t-elle un sens ? : Bande dessinée et philosophie" est un hors série du magazine Philosphie.

En quoi les héros de bande dessinée tracent-ils des chemins vers des questions que l'on pourrait croire réservées à la philosophie. Plusieurs contributeurs tentent de répondre à cette question en six questions existentielles.

1 - Tout cela à-t-il un (non) sens

2 - A quoi servent les héros

3 - Pourquoi tant de haine ?

4 - Sommes-nous maîtres de nos destins ?

5 - Faut-il mourir ou vivre ?

6 - La vie est-elle un rêve ?

Au delà des images, la Bande dessinée est la meilleure forme pour faire de la philosophie. Entre autre raison, parce qu'elle n'est pas un grand récit, mais une collection de courts épisodes fragmentaires, reliés uniquement par le temps et la ressemblance : n'est-ce pas là une excellente définition de la vie ?

Après avoir terminé ce livre, je redécouvre la Bande Dessinée sous un nouvel angle de lecture et c'est désormais avec une approche philosophique que je suivrai les aventures, les réflexions, les sentiments et les pensées des héros imaginaires au fil des albums. Excellent ouvrage.
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Méditations sur le risque

Comme dit le proverbe : "Qui ne risque rien n'a rien (*)".

Alors soit, oublions pour un temps la fiction, mettons le roman de côté et risquons-nous à la lecture d'un (petit) essai, ou plutôt d'un recueil de pensées et de réflexions joliment échafaudées par sept intervenants d'horizons divers.

L'objet de cette méditation collective ? La notion de "risque", évidemment.



Le risque au sens large, ou plutôt LES risques multiples et variés, qui couvrent l'ensemble du spectre depuis les menaces vitales pesant sur tout un chacun (accident grave, maladie foudroyante, attentat meurtrier, chute de météorite) jusqu'aux aléas plus "bénins", les risques de tous les jours inhérents à la moindre de nos décisions (entamer une relation amoureuse, investir en bourse, choisir un métier, une formation, une université, une entreprise, opter pour la "pilule rouge" plutôt que pour la "pilule bleue", etc...)

Le risque comme épouvantail, comme motif d'angoisse que l'on redoute et que l'on s'efforce de fuir, ou tout du moins de limiter, mais également le risque comme sel de l'existence, comme source d'excitation après laquelle on court (ne dit-on par "courir le risque" ?), que l'on se plaît parfois à rechercher, à poursuivre, à défier. Deux faces d'une même pièce, que souvent le Hasard se charge de manipuler pour nous...



C'est d'ailleurs bien lui, le hasard, qui m'a poussé vers ce livre, puisque je l'ai choisi à l'occasion d'une "masse critique Babelio" (merci à eux ainsi qu'aux éditions "Philosophie Mag" !) sans trop savoir à quoi m'attendre. Sans doute mon choix fut-il motivé simplement par la jolie couverture très sobre, associée au nom d'Etienne Klein, physicien et philosophe dont on m'a plusieurs fois vanté les mérites. Sa préface est d'ailleurs excellente et très instructive !

Au terme de ma lecture, je dois cependant reconnaître que je reste un peu sur ma faim. En dehors du célèbre écuyer / metteur en scène Bartabas (qui signe peut-être pour moi le plus beau chapitre du livre en abordant - hélas trop brièvement et de manière assez vague - la question de la "prise de risque artistique") je ne connaissais aucune des personnalités réunies autour d'Etienne Klein, et il m'a manqué un "fil conducteur", une cohérence, une unité entre chacune de leurs interventions.

Bien que chaque chapitre soit introduit par un bref message de présentation, je n'ai pas compris pourquoi un psychologue, un journaliste scientifique, un résistant de la seconde guerre mondiale, une docteure en philosophie, ou encore un anthropologue-sociologue avaient été conviés à compiler des textes si différents dans un même recueil sans soucis d'homogénéité, sans véritable idée directrice ni logique apparente (à moins qu'elles ne m'aient échappé, ce qui est tout à fait possible !)

Pour un lecteur comme moi peu habitué à ce type d'ouvrage, les questions soulevées, bien que très intéressantes (Peut-on vivre sans risque ? Qu'est-ce qu'un risque acceptable ? La fréquentation du risque serait-elle la condition pour éprouver la pleine valeur de l'existence ?) ne sont finalement qu'effleurées, ou abordées de manière un peu décousue, et les redites m'ont semblé trop nombreuses.



Entre réflexions philosophiques parfois confuses et brefs récits d'expériences vécues en guise d'illustrations, le lecteur ne sait plus trop où donner de la tête, ni ce qu'il faut retenir de ces différents textes pas toujours très accessibles au profane.

Peut-être quelques idées telles que celle-ci, que j'ai trouvée très juste :

"Notre rapport au risque s'est complètement inversé : il n'est plus perçu comme le prix à payer pour faire advenir le mieux, mais plutôt comme le symptôme d'un dérèglement général à corriger, voire comme l'annonce tangible des apocalypses futures."



Ou encore :

"Nos sociétés contemporaines transforment le risque en une sorte de repoussoir, elles le voient sous l'angle d'un péril dont il importe de se protéger dans d'innombrables domaines où la confiance n'est plus une donnée acquise : technologies, alimentation, transports, santé, loisirs, sexualité. Rien n'échappe à cette traque qui multiplie par ailleurs les contrôles, les réglementations, les procédures, les interdits, la judiciarisation. le risque est aujourd'hui une sorte de mot-valise pour dire l'incertitude avec une connotation néfaste. Son évocation est en dernière instance celle de la mort possible. Pourtant il est inhérent à la condition humaine".



Voilà déjà qui prête à réflexion, non ?

Ainsi, en dépit des quelques réserves énoncées plus haut et d'un léger regret, devant un sujet si intéressant, de n'être trop souvent resté qu'en surface, je suis content d'avoir "pris le risque" de cette lecture et m'en retourne à mes chers romans (peut-être) un peu moins bête !

C'est toujours ça de pris...



- - - - - -

(*) parait que ça marche aussi dans l'autre sens (dixit Guy Bedos) : "qui n'a rien ne risque rien". ☺
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Le cantique des quantiques : Le monde exist..

Des Babeliens (Eric75 ? et quilmepardonnejaioublié) à ma demande d´un livre sur la physique quantique pour les nuls m´ont orienté vers celui-ci.

Et pour les plus nuls que nuls ?

Et bien cela sera toujours celui-là : j´ai testé, je n´ai pas tout compris mais j´en ai l´habitude puisque j´utilise tous les jours des concepts et des objets dont je serais bien incapable de les créer à nouveau s´ils disparaissaient.

Pour approcher cette théorie, il faut laisser son bon sens au vestiaire : on entre dans le monde de l´infini petit, des particules élémentaires, bien plus petites que l´atome de ma jeunesse.

Si la représentation théorique de la physique quantique est sujette à débat au sein même de ses praticiens, certains physiciens pensant même que le monde n´est qu´une construction de nos sens, la théorie appliquée a prouvé son fondement dans notre vie de tous les jours.

Je trouve cela merveilleux au sens premier du terme et je regrette d´autant plus le désintérêt croissant des gens pour la science qui est forcément à jour, forcément de leur temps, par définition.

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Philosophie - H.S. : Tintin au pays des phi..

Tintin au pays des philosophes est un Petit plaisir plutôt bien pensé. Il s’agit d’une réédition – en édition de luxe – d’un numéro spécial de Philosophie magazine de l’année 2011 qui permet tout à la fois de s’initier à cette discipline de manière ludique et de relire différemment Tintin.



D’une manière ou d’une autre, une fois cette lecture achevée, plusieurs autres vont se révéler nécessaires. Il faudra s’attendre à avoir envie de relire les albums du canon, ou à l’inverse de s’intéresser davantage à la philosophie en visant des ouvrages généralistes. Le travail de coordination de Sven Ortoli aura donc fonctionné.



Il est vrai que la démarche peut laisser dubitatif. Plusieurs grands noms de la discipline produisent des articles sur des thèmes tels que la morale, la politique, l’homme, la raison, le rire, l’art. Ils prolongent ainsi une initiative de Michel Serres qui a laissé sceptique Hergé en personne. Certains articles (notamment lorsqu’il est question de Vérité, du rapport au vrai, des médias) donnent l’impression d’être le fruit d’extrapolations assez éloignées du texte. Certains développements sont parfois difficiles à assimiler, comme le recours à un jargon hermétique.



Pourtant l’on s’adapte assez facilement et c’est avec curiosité que l’on découvre cette nouvelle dimension, d’autant qu’un effort de vulgarisation a été consenti. Vous pensiez être dégoûtes de la philosophie ou lassés de Tintin et bien voilà vos certitudes remises en question ! D’autant qu’il n’est pas seulement question d’idées, mais également d’histoire, de symbolique… le propos est riche et immersif. De nombreuses insertions viennent par ailleurs égayer le texte et rappeler des souvenirs.



Tous les auteurs tentent de réhabiliter Hergé aujourd’hui largement critiqué pour plusieurs de ses albums. Ils ne s’en cachent pas et proposent des arguments pertinents, notamment lorsqu’il est question de colonialisme ou de rapport avec l’occupant. Tintin au Congo, donne lieu à une analyse intéressante. Il est regrettable de constater que Tintin en Amérique et Tintin aux pays des Soviets n’en profitent guère.



Des sélections ont été opérées avec un effort visible pour englober la totalité de la geste du reporter à la houppette. Certains albums sont plus longuement commentés que d’autres qui doivent parfois se contenter de simples références. Il est hélas regrettable que les références faites par les différents auteurs concernent également ces albums phares (L’oreille casée, Le lotus bleu, Tintin au Tibet, le cycle lunaire). La réflexion reste centrée sur les bandes dessinées occultant les autres supports (dessins animés, films) et l’exploitation commerciale faite de l’œuvre d’Hergé.



Tintin au pays des philosophes se révèle donc être une agréable surprise. Le livre permet d’initier une relecture avec un éclairage supplémentaire. Il permet également d’élargir le débat, tout en remettant à plat certaines polémiques faciles. Une belle découverte donc et surtout un agréable cadeau à faire… ou à recevoir !
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Le cantique des quantiques : Le monde exist..

Critique quantique :

Si j'en parle, le livre disparait.

Si je n'en parle pas, il est probable qu'il est vraiment bien.

Est-il onde ? Est-il particule ?

Vouloir y répondre c'est déjà en modifier la perception que vous en aurez par vous-même.
Lien : https://thomassandorf.wordpr..
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Tintin au pays des savants

Très beau livre paru en 2003 aux éditions Moulinsart avec le concours du magazine science & vie, cet ouvrage analyse le corpus tintnesque sous l'angle scientifique, décortiquant chaque découverte et chaque invention du professeur Tournesol ainsi que tout ce qui touche le domaine scientifique.

On y retrouve les savants qui embarquent sur L'Aurore à la recherche de l'aérolithe de l'etoile mystérieuse, le professeur Calys, inventeur du calystène et grand connaisseur en caramels mous, on revit l'aventure lunaire avec un luxe de détails...

Une autre manière de retrouver les inusables aventures de Tintin.

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Le cantique des quantiques : Le monde exist..

Bon ouvrage d'explication des principes de la mécanique quantique et de leurs conséquences sur notre vision du monde. J'ai notamment apprécié la classification des différentes approches philosophiques que la mécanique quantique peut induire, ainsi que les explications sur les débats entre ses géniteurs...mais je n'ai toujours pas très bien compris l'expérience d'Alain Aspect, ni la violation de l'inégalité de Bell.
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Philosophie - H.S. : Tintin au pays des phi..

Comme tout amateur de BD, j'ai fait mon éducation littéraire dans les pages du Journal de Tintin que j'achetais en face de chez moi tous les jeudis matin. Bien sûr le prolongement a été dans les albums où l'on pouvait vivre l'aventure complète quand ce n'était pas sur 2 albums à suivre. Quelle frustration de n'en avoir qu'un et d'attendre le prochain Noël ou anniversaire pour lire la suite. Les adultes ne comprenaient donc rien.

- Fin de la séquence nostalgie !

On dira ce qu'on voudra, je cite pêle-mêle les critiques acerbes et injustifiées des bobos des années 80/90 qui dénonçaient en vrac, le colonialisme, la naïveté, le collaborationniste supposé d'Hergé, l'ambivalence des rapports de Tintin et Haddock, où sont les femmes, j'en passe et des bien pires. Que n'a-t-on pas inventé pour se rendre intéressant dans des cercles dits “intellos” ?

- Fin de la séquence mitraillage !

Eh bien moi j'ai toujours aimé et j'aimerai toujours les aventures de Tintin que je relis à l'occasion, le temps d'un retour aux sources. Oui les personnages sont typiques, oui certains sont inspirés de personnages réels, eh bien tant mieux ! Cela donne davantage de corps aux histoires. Le trait est simplifié, c'est sûr, mais c'est ça le génie de la ligne claire. Le voilà le précurseur d'une génération d'enfants de la BD qui ont fait leurs armes sous la houlette du maître. Et sans Hergé, que serait devenue la BD ? Je ne citerai pas tous ceux qui se sont inspirés de son école, ce serait trop long. Citons juste quelques albums à mon avis magnifiques et incontournables : Le Crabe aux pinces d'Or, Les Cigares du Pharaon, Le Lotus Bleu, le Sceptre d'Ottokar, L'Oreille Cassée (grandiose), La Licorne et Rackham le Rouge (massacrés au cinéma il y a peu), Les 7 boules de Cristal & Le Temple du Soleil, Objectif et On a marché sur la Lune, et enfin Tintin au Tibet.

Que ceux qui n'aiment pas aillent au Diable, et laissez-nous rêver. Merci Monsieur Hergé



En ce qui concerne ce numéro spécial comme en font régulièrement les magazines en mal d'impression, je l'ai acheté plus par curiosité que par amour de la philosophie. Étant par nature quasi-hermétique depuis ma Terminale, à ce genre de pensées, j'ai été vaguement intéressé par les théories développées, mais j'ai vite décroché, me contentant de feuilleter le reste du magazine pour les illustrations.

À recommander uniquement aux spécialistes du genre !
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Pantopie : De Hermès à Petite Poucette

Si vous n'avez jamais lu de livres de Michel Serres, ou si vous le trouvez difficile d'accès, ce livre est pour vous.

Dans le premier cas, il va vous donner envie de vous jeter sur ses œuvres précédentes mentionnées dans l'ouvrage, dans le second cas, il va expliciter sa pensée.



Cet ouvrage est un entretien sur deux ans entre deux journalistes et le philosophes atypique qu'est Michel Serres. Les questions portent sur les personnages qu'il a crées pour développer sa pensée scientifique et philosophique.



Il retrace d'abord son parcours, qui explique en partie ses choix de recherches.



Habituellement, les philosophes développent des concepts, qui se retrouvent ensuite associés à leur nom. Michel Serres, lui, invente des personnages, qui sont des passeurs entre sa pensée et ses lecteurs, tout en soulevant des questions éthiques.



A travers Hermès, Thanocrate, le Tiers Instruit, Petite Poucette ou Hominescent, il présente des singularités, afin de mieux comprendre le collectif, un fait de société, une mutation.

En plus, Michel Serres est un précurseur, un penseur qui anticipe les grandes évolutions de la société. Avant tout le monde il a analysé la fin du secteur secondaire au profit de l'ère de communication.



Son œuvre est un ensemble qui se construit, se remodèle à chaque publication, chaque livre étant pour lui comme un lien hypertexte dans l'ensemble de son œuvre.



Lui qui dit refuser les concepts à la manière des philosophes, il y en a bien un qui fait le lien entre tous ses livres, tous ses personnages, c'est celui de pantopie. Il a la volonté de circuler partout tant intellectuellement que géographiquement. Tout voir, tout connaitre, comprendre les liens entre les événements. Il ne veut plus être de nulle part (utopie), mais de partout (pantopie).



Un livre à recommander.
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Le cantique des quantiques : Le monde exist..

Twilight Zone est de retour! ou quand la science physique devient irrationnelle.

Eh oui, préparez vous au grand voyage dans le monde réel mais virtuel. Virtuel jusqu'à ce qu'un récepteur détecte une particule.

Bienvenue dans un monde où le temps lui même est remis en question, il existe et les particules remontent son cours, ou il n'existe pas. Tout devient plus simple.

Enfin, simple. C'est vite dit!
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Les philosophes face au nazisme : Avant, pe..

Le nazisme a opéré comme une espèce de trou noir à l'égard de la philosophie.

Les lumières jetées par les philosophes, quelque-soit l'objet visé, ont été systématiquement déviées voire aspirées. La philosophie de Heidegger est, elle, littéralement tombée dans le trou comme finissent de le montrer ses Cahiers Noirs (publiés en 2014).



C'est dire la densité incroyable du phénomène, du genre déroutant lorsqu'on essaie de le découper en morceaux : un ressentiment face à des facteurs socio-économiques, le débordement d'un instinct agressif et grégaire, une aspiration mystique. Mais globalement on peut quand même l'identifier au fascisme et donc s'attendre à le rencontrer à tout moment dans l'univers des hommes.



Contre ce genre de phénomène on aurait besoin de lanceurs d'alerte mais le panorama proposé par le présent ouvrage ne place pas vraiment les philosophes dans cette catégorie. C'est en réalité chaque individu qui est mis face à ses responsabilités et la question de l'engagement reste largement ouverte alors que le fascisme est là : Trump aux US, l'islamo-fascisme, l'extrême droite en Europe et bien sûr en France.



Peut-on comme l'historien Raymond Arond en 1933 laisser encore une chance au dictateur ? : « Hitler a promis de donner à tous du travail et du pain. le vrai problème est là, et le régime l'aborde à peine »



Les dictateurs au pouvoir n'ont pas la vocation de le rendre une fois obtenu. Ils modifieront la constitution, dresseront les gens les uns contre les autres. N'est-ce pas l'enseignement de l'histoire ? Une saine démocratie est bien la seule manière de trouver comment « donner à tous du travail et du pain ».



On sait aussi qu'une fois l'oppression installée, les engagements clairs et fermes deviennent plus difficiles à prendre. Ce qui rend admirable l'action des résistants et notamment du philosophe Jean Cavaillès. Mais encore une fois, cette clarté fait figure d'exception dans notre panorama des philosophes.



Soyons clair, le bulletin de vote permet déjà de se prémunir du fascisme, mais le véritable engagement se prend plus tôt, il est spirituel ou éthique. Jean Cavaillès l'a trouvé en pensant avec Spinoza, donc à rebours du courant philosophique Kant, Hegel, Husserl.



Ce courant ouvre un vaste terrain à la critique. Luc Ferry évoque ici l’anti judaïsme en germe chez Hegel. Mais il aurait fallu aussi exposer un nationalisme qui ne cessera de se creuser. Leo Strauss souligne le goût du mépris dans la bouche de Nietzsche. Kant et Husserl ne sont pas exposés ici, et c’est dommage, car c’est toute une manière de disséquer la conscience comme un système donné qui est questionnable. Dans cette critique j’ajouterais C.G Jung et sa psychanalyse particulière. Comment ont-ils pu être à ce point inconscient de toutes les tendances se creusant jusqu’au nazisme ? C’est qu’il doit y avoir quelque chose de biaisé et foncièrement opposé à la vie dans ce courant de pensée.



A ce moment précis, j’ai plaisir à citer Wilhelm Reich (1897-1957), à propos de toutes les formes de fascisme « Au fond de tout cela, on entend toujours la même chanson monotone : "Je ne suis pas un animal". ». Et dans le même genre voici une citation d’un certain Grossman reprise par Elisabeth de Fontenay dans le présent ouvrage :



« Des millénaires durant, les bergers ont regardé les moutons. Les moutons ont regardé les bergers. Ils sont devenus semblables. Les yeux d'un mouton regardent l'homme d'une manière bien particulière – ils sont aliénés, vitreux(…). C'est probablement avec des yeux pareillement dégoûtés et aliénés que les habitants du ghetto auraient considéré leurs geôliers gestapistes si le ghetto avait existé cinq mille années durant et que, tous les jours de ces millénaires, des gestapistes étaient venus chercher des vieilles femmes et des enfants pour les anéantir dans les chambres à gaz. Mon dieu, combien de temps l'homme devra-t-il affronter le mouton pour qu'il lui pardonne, pour qu'il ne le considère pas de cet œil-là ! quel doux et fier mépris dans ce regard vitreux, quelle divine supériorité que celle de l'herbivore innocent sur les meurtriers auteurs de livres et créateurs d'ordinateur. »
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Méditations sur le risque

Ouvrage très intéressant sur la prise de risque, peut-être plus précisément en Occident où le risque est plus évité que dans les autres civilisations.

Je ressors de cette lecture avec beaucoup d'images dans la tête, de questions sur ma propre appréhension du risque, mes craintes surtout.

La préface d'Etienne Klein est à elle seule déjà très riche en enseignements.

J'ai particulièrement apprécié les apports de David Le Breton et Tobie Nathan que j'ai trouvé être les plus denses.

Je ne pense pas que tous les textes soient facilement compréhensibles par tous. Cela reste des sciences humaines avec ses langages et, parfois, ses tournures de phrases. Mais tout lecteur y trouvera matière à réflexion. Ca me semble prétentieux d'y rester insensible.

Je relirai cet ouvrage à chaque fois que je me vautrerai dans mon quotidien ronflant et sans challenge.



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Philosophie - H.S. : Tintin au pays des phi..

Tintin au pays des philosophes



Tintin le héros des jeunes de 7 à 77 ans comme on disait à l'époque où je découvrais ces aventures.

Vingt-trois albums parus entre 1930 et 1976 qui font ici l'objet de réflexions philosophiques de la part de philosophes connus, par thèmes, bien ordonnés : de la morale, de la politique, de l'homme, de la raison du rire, de l'art.



Tintin, d'un point de vue philosophique fait l'unanimité, il est, semble t-il, spontanément bon, courageux, il est capable de partir dans une quête qui défie la raison, pour porter secours à l'autre bout du monde à son ami Tchang. Il aide le faible, combat l'injustice le tout en étant désintéressé spirituellement et matériellement.

Dans l'univers d'Hergé il apparaît même que l'animal « bestial » (yeti, gorille) est meilleur que l'homme

Bref, un champ d'étude d'une simplicité biblique tellement le personnage lisse, positif semble un cas d'école paré de toutes les vertus.

Cet album offre par conséquent un agrément double, outre qu'il permet de revoir avec bonheur certains extraits cultes de notre héros et de ses amis il étalonne et inventorie les qualités philosophiques les plus évidentes de Tintin. De plus, la mise en page, le choix des illustrations sont très réussies et apportent à eux seuls un vrai plaisir de consultation de cet ouvrage. Il pendra sa place avantageusement à coté des albums canoniques du fringant reporter à la houpe



Néanmoins, à mon avis, deux faiblesses sont susceptibles d'être relevées.



En premier lieu, les contributions sont d'une qualité inégale, à côté de celle d'un Michel Serres, d'autres n'ont pas un grand intérêt.



Ensuite, avec tout le respect du à ces philosophes connus et reconnus il semble en définitive que ce soit davantage l'affect attendri et bien trop respectueux qui domine leurs interventions plutôt que l'esprit philosophique critique.

Une appréciation philosophique sur le non exprimé dans les albums d'Hergé, en seconde approche, aurait du compléter les analyses.



A cet égard, il doit être observé ainsi que la moitié de ses albums ont été écrits et publiés dans une période historique la plus dramatique qui soit, caractérisée par la crise économique, la misère, les persécutions, la guerre, les massacres de masse.

Seul, « le lotus bleu » intègre le contexte historique contemporain et avec des détails qui collent à la réalité.

Même en ne perdant pas de vue que Georges Rémi (alias Hergé) exerçait ses talents dans un autre registre qu'un Malraux ou un Hemingway, cette (auto)censure questionne.

Pourquoi Tintin n'a t-il pas eu de Zorrino ou de Tchang juif, républicain, syndicaliste...journaliste, prisonnier à aider, à faire évader alors qu'il sauve un roi, un (apprenti)dictateur ?

La censure de l'occupation nazie a certes pesé pour certains albums mais pas pour l'ensemble.

Tintin n'est-il pas reporter ? Pourquoi à coté du « Tinitin au pays des soviets », n'y a t-il pas eu un « Tintin au pays des nazis », « au pays des fascistes », « au pays des franquistes » ? Guernica, les accords de Munich…. auraient pu fournir des beaux sujets de « reportage », au moins offrir des arrière plans stimulants à des aventures...

Pourquoi le communiste, le « nègre », les mafieux de Chicago ont été les seuls à être raillés, moqués  à cette époque?



Ensuite, le désert de la vie sociale, affective, sexuelle de Tintin est pour le moins suspecte.

En y regardant de plus près, l'univers de Hergé est tout sauf zen ; l'inavouable, des élans mortifères affleurent régulièrement et sont péniblement étouffés par un refoulement brutal

Hormis la Castafiore il n'y a pas de femme dans l'univers de Tintin et plus grave la sensualité, le désir, sont impitoyablement étouffés. Ils n'apparaissent que furtivement et sous une forme de souffrance, de violence à la frontière de la pathologie dans ces délires d'alcoolique ou de rêves-cauchemars. Le moins que l'on puisse dire c'est que cette femme, la Castafiore ne peut que faire fuir.

Ce désert, conjugué à ces délires oniriques révèlent à l'évidence une peur de la vie, la vraie, avec ses fêlures, ses interrogations existentielles, politiques, sociales, affectives, sexuelles.

Ce constat s'agissant de Tintin est d'autant plus flagrant que Hergé avec le capitaine Haddock, et même avec Milou n'hésite pas à introduire des failles, un « coté obscur » dans ses acteurs

Au total un univers philosophique en trompe l'oeil , Tintin n'est pas un sage ou un homme juste par choix ou parce qu'il est naturellement bon mais parce que les questions, les situations dérangeantes sont absentes, évacuées. Il n'y a par conséquent pas de choix philosophiques à faire dans l'action et/ou la réflexion.



Cela n'enlève rien ni au charme indestructible ses albums ni au plaisir de lire ce Tintin au pays des philosophes mais sur ce terrain il existe fatalement des interrogations dont on peut difficilement faire l'économie, même si elles sont politiquement incorrectes
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Le cantique des quantiques : Le monde exist..

Je suis un pur littéraire et ma carrière scolaire dans les matières scientifiques ne fut qu'un long martyre . Mais l'âge venu j'ai ressenti le besoin de combler cette honteuse ignorance en m'attaquant à des ouvrages de vulgarisation accessibles aux Béotiens. Celui-ci en fait partie sur un sujet ô combien énigmatique et objet de fantasmes . Et sous ce beau titre poético-biblique j'ai appris beaucoup , même si j'ai parfois été un peu dépassé.. Et pour un amoureux des chats comment passer à côté de celui de Schrödinger (retrouvé aussi dans le cycle d'Hypérion)
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Le cantique des quantiques : Le monde exist..

Le Cantique des quantiques/Sven Ortoli

Arrivé au terme du petit ouvrage en question , mais ô combien dense pour un néophyte de ma sorte , dont la lecture consciencieuse m’aura tout de même pris trois semaines, je dois reconnaître que ses implications philosophiques et métaphysiques m’ont conduit à une longue réflexion sur le regard qu’il convient à présent de porter sur le monde qui nous entoure dans son ensemble spatio-temporel . Comme je le disais auparavant, la lecture en est relativement simple, seulement quelquefois délicate en raison de l’abstraction de certains thèmes ou plutôt de l’abord de certains aspects de la mécanique quantique. L’insolite et la surprise sont omniprésents, car la vision du monde par la lorgnette quantique verse souvent dans l’irrationnel. Il faut apprendre absolument à penser différemment. J’ai bien aimé les comparaisons imagées pour faire passer la « pilule » quantique et je dois à la vérité de dire que je m’y suis repris à plusieurs lectures pour seulement commencer à comprendre certains passages . Le comportement d’un quanton a de quoi surprendre la plupart du temps, et que ce soit la non commutativité des matrices de Heisenberg, le principe d’incertitude du même, les fonctions d’ondes de Schrödinger, le principe de complémentarité de Bohr ou le principe de correspondance du même revu par Ehrenfest, tous ces piliers de la physique quantique nous laissent un arrière goût de mystère. Et la réduction du paquet d’ondes ! De quoi vous flanquer des migraines pour bien voir les conséquences d’une telle découverte. La matière apparaît alors comme probable ou improbable, c’est selon !! Et l’espace , et le temps … idem ! Et l’expérience de Young en lumière monochromatique avec les fentes que nous avions tous abordée en physique de classe terminale nous transporte dans un monde totalement inouï ! Au chapitre du merveilleux, n’oublions pas le principe de réalité qui permet d’aborder le paradoxe EPR, l’indiscernabilité des quantons, le problème quasi insoluble de la mesure avec l’expérience d’Aspect, les variables cachées locales ou non-locales, l’ordre impliqué de Bohm, la remise en question de l’espace par Espagnat, etc… Personnellement , j’ai beaucoup aimé la thèse du prix Nobel de physique 1973, Josephson, qui estime que » notre corps physique serait doublé d’un autre corps qui s’étendrait à travers l’espace et le temps et serait responsable des phénomènes supposés de télépathie, de clairvoyance et de précognition. » Cette thèse me rappelle le prétexte du chef d’œuvre de Jean d’Ormesson, « La douane de mer » ! Que dire encore de l’effet de « décohérence » qui explique beaucoup de chose et qui « a supprimé les termes non diagonaux de la matrice densité » , de la mise en jeu des atomes de Rydberg. Les physiciens font preuve d’une imagination, d’une inventivité et d’une créativité hallucinantes !Et puis le bouquet final , c’est tout de même l’évocation de la non-temporalité du réel de même qu’il y en aurait une non-localité. On en arrive à se demander si l’on existe soit même ! Je crois que l’on doit plus ou moins exister et cela rentre dans le cadre d’une logique ternaire à la Lupasco… !

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