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Critiques de Sylvain Ricard (289)
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Les rêves de Milton, tome 2

Tandis que Billy bat sans mesure

Pas sur, qu'il mesure son émoi.



Parmi les doryphores

Danse un ange tordu

Parmi les doryphores

Danse un rêve éperdu

Parmi les doryphores

Danse un enfant perdu



Milton a mis le temps pour lui mettre une danse

Billy se souviendra de la valse à Milton.



Misère et migration

Rythment la Grande Dépression.

Bravo encore pour cette illustration.

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20 ans ferme

Des braquages qui ont mal tourné. Et une nouvelle maison pour Milan: la prison. En 1985, à 20 ans, le voilà condamné à 20 ans ferme. Une peine qu'il accepte. Des conditions de (sur)vie un peu moins. Déshumanisés, entassés comme des bêtes, trop peu de douches et de parloirs, telles sont les conditions de vie difficiles, parfois humiliantes. Une altercation avec un autre prisonnier lors de la promenade, une lettre d'amour envoyée à la juge d'instruction et le voilà condamné à dix jours de quartier disciplinaire. Mais Milan, forte tête, qui aspire à un peu plus de dignité, ne compte pas en rester là pour autant. Convaincant ses camarades de le suivre, il tentera d'expliquer à coups de gueulantes, d'émeutes et de provocations que leurs conditions d'enfermement sont à la limite de l'humain...



Partant du témoignage de Milko, président de l'association Ban Public, Sylvain Ricard nous enferme dans ces prisons aux conditions de vie déplorables. Milan, lui, n'aspire finalement qu'à une chose: purger sa peine dans la dignité. Mais, trop forte tête que les matons prennent un malin plaisir à recadrer, il subira les affres de son comportement. Sans parti pris, Sylvain Ricard dénonce simplement les conditions de vie carcérales. Des transferts incessants et inexpliqués aux heures de parloir supprimées en passant par les humiliations, le courrier détourné ou les violences (physiques et psychologiques), rien n'est épargné au prisonnier. Un témoignage plutôt sombre et inquiétant qui, on l'espère, réveillera quelques esprits. Le trait de Nicoby, anguleux et vif, et ses couleurs judicieusement choisies (clair pour l'extérieur, sombre pour l'intérieur) collent parfaitement à cette ambiance plutôt oppressante.
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Les rêves de Milton, tome 1

Loin de mes fesses !

y aura toujours un con pour cogner,

un con pour m'en vouloir à la place d'un autre !

p49



tout jeune, pour lui apprendre à tenir sa langue, on lui broie la main, son maître a mis le ton.

Il influence les rêves de son dégénéré de cadet, pour frêre il a Milton.....

Parmi les papillons

danse un ange tordu

Parmi les papillons

danse un rêve éperdu

Parmi les papillons

danse un enfant perdu....



Pas sans rappeler un certain Steinbeck

sombre destin à vous clouer le bec

comme dessein sortir de l'échec.

triste dessin à enrichir votre bibliothèque....





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Toi au moins, tu es mort avant

Sur les hauteurs d'Athènes, Chrònis Missios se souvient... C'était en 1946, la Grèce sortait tout juste des combats. Tout jeune ado de 16 ans, parce qu'il était résistant comme ses amis Mihàlis et Nikòlas, Chrònis s'est retrouvé enfermé dans la prison de Corfou. Trois amis dans une même cellule, un malheureux tirage au sort désigna celui qui allait se faire exécuter le lendemain. C'est tombé sur Mihàlis. Ils passeront leur dernière nuit ensemble, à tenter d'ouvrir une boîte de conserve, dernier festin du fusillé. Quelque temps plus tard, tous les politiques condamnés à mort ont vu leur peine se transformer en perpétuité. Voilà comment le jeune Chrònis fut transféré à la prison de Vidos en 1947. Les conditions de détention sont déplorables, les prisonniers sont maltraités et doivent travailler sous un soleil de plomb, ne mangeant que très peu mais le jeune garçon ne baisse pas pour autant les bras...



Corfou, Yendi-Koulé, Vidos, Athènes, Egine.. petites villes au nom pourtant si exotique... Chrònis n'y apercevra que trop peu de soleil. Pour avoir pris trois fois perpèt', deux fois 20 ans, une fois 15 ans et avoir été condamné pour ses idées politiques, ce jeune révolutionnaire passera 21 ans en prison, en tant que prisonnier politique. Sylvain Ricard et Myrto Reiss mettent ici sur papier le livre de Chrònis, paru en 1987 sous le même titre et qui remporta un franc succès en Grèce. L'on découvre les espoirs de ce jeune homme, son combat qu'il ne lâchera jamais, sa ténacité mais aussi l'horreur de l'enfermement et ses désillusions. Passionnant de bout en bout, historique sans jamais être larmoyant, ce témoignage puise toute sa force dans le récit puisque Chrònis s'adresse directement Mihàlis. Ses mots sont forts, empreints de liberté et de sincérité, son discours captivant. Le dessin, quant à lui, est de toute beauté. D'un trait fin et expressif, Casanave nous offre de magnifiques planches au charme désuet.



Toi au moins, tu es mort avant... tu as bien fait...
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... A la folie

Un couple est assis sur un canapé. Habillés en tenue de mariage, ils racontent leur vie amoureuse, chacun leur tour.

Cela commence évidemment par la rencontre. Ils sont à la fac tous les deux. Elle, elle a complètement craqué pour lui. Mais, il était entouré la plupart du temps de ses amis, sortait beaucoup et, beau jeune homme, avait beaucoup de succès avec les filles. Elève studieuse, de bonne famille, douce et timide, les garçons ne la regardaient pas vraiment. Il s'est rendu compte de son manège et se demandait alors ce qu'elle lui voulait. A bien la regarder, il la trouvait plutôt jolie sous ses vêtements un peu démodés. La rencontre a eu lieu au cours d'une soirée, malheureusement un peu trop arrosée. Un regard, une danse puis un baiser. S'ensuit le mariage en grande pompe. Chacun raconte alors ce jour mémorable. Lui, apparemment, comptait sur ce jour-là pour se créer un réseau professionnel. Une fois installés ensemble, il a décidé qu'elle ne devait pas travailler, son salaire suffisant largement aux dépenses. Elle s'occupe alors de la décoration de l'appartement, reçoit ses amies chez elle mais elle doit surtout s'occuper de son mari: lui préparer son petit-déjeuner aux aurores et lui concocter de bons petits plats quand il rentre le soir. Un jour où sa meilleure amie est venue lui rendre visite, elle remarque un bleu au coin de l'oeil. Elle lui avouera que sous la tension du travail et la fatigue, son mari était un peu énervé mais lui a promis que cela ne se produirait plus...



Assis côte à côte, ce couple visiblement épris l'un de l'autre raconte à tour de rôle sa vision des événements marquants de leur vie. Au fil de la lecture, l'on se rend compte qu'ils ne les ont pas vécus de la même façon ou qu'ils sont abordés différemment. Ainsi, avec ces flashbacks, l'on remonte le cours de leur vie et l'on essaie de comprendre comment ils ont pu en arriver là, chacun apportant son lot d'explication et son propre ressenti. Sylvain Ricard étonne et interpelle avec cet album à l'allure inoffensive et atypique puisque l'on ne se doute pas de prime abord du sujet sensible et très fort de cette histoire, traité intelligemment et sans fausse note. La trame de cet album est terriblement accrocheuse et astucieuse avec les témoignages à la façon de "Quand Harry rencontre Sally". De plus, l'auteur a choisi expressément un milieu social favorisé pour montrer que cette violence physique et psychologique est partout. Le dessin animalier, créant une fausse distance, nous plonge immanquablement dans cette tragédie conjugale.



… à la folie... plus du tout?
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Les rêves de Milton

1923, Caroline du Nord. Dans une grange, le jeune Bill surprend une altercation entre deux hommes, Baker et son beau-frère, à propos de leurs terres. Baker finit par le tuer mais aperçoit bien vite ce jeune fouineur derrière son dos. Quelques coups de fouet dans le dos et une main broyée pour bien lui faire comprendre qu'il a plutôt intérêt à la boucler.

1930. Après la crise de l'année précédente, la sécheresse détruit toutes les récoltes, anéantissant les hommes de la terre qui n'ont pas d'autre choix que de la quitter. Henry Cry, le papa de Bill, est l'un d'eux. Criblé de dettes et obligé de vendre son terrain, il va devoir laisser sa maison et partir avec toute sa famille vers l'ouest, en rejoignant le convoi de fermiers, espérant une vie bien meilleure. Le lendemain, alors que Bill charge les affaires dans le camion, Baker vient le provoquer mais le jeune garçon ne répond pas à ses menaces et ne manque pas d'en parler à son grand frère, Milton, un simple d'esprit mais costaud. Celui-ci va même jusqu'à rêver qu'il le tue. Le lendemain, le convoi s'apprête à partir mais Baker manque à l'appel. Les fermiers soupçonnent le canadien avec qui il s'était disputé et qu'il avait publiquement menacé. La tension est à son comble lorsque le convoi prend la route...



Sylvain Ricard et Frédéric Féjard nous plonge au cœur de ce convoi de fermiers rugueux. On les suit au cours de leur voyage mouvementé où d'aucuns risquent d'y laisser leur peau. Ce scénario sombre, où la violence mais aussi la souffrance sont omniprésentes, fait un portrait rude et aigre de ces fermiers confrontés à une vie dure et sans espoir. Ce voyage qui se voulait porteur d'une vie meilleure, sera bercé d'illusions, de détresse et de déceptions. Le dessin de Maël, nerveux et anguleux, ne laisse guère de répit. Les tons ternes et terreux, bruns et ocres, sont en parfaite adéquation avec cette ambiance poussiéreuse et poisseuse. Seul le rouge sombre du sang se démarque. Un album étonnant et captivant...



Les rêves de Milton pourraient bien se réaliser...
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Kuklos

666 , le chiffre de la bête !

KKK , le sigle de la bêtise mortellement crasse !



Tu aimes la BD didactique faisant simple et direct ? Oui ? Alors Kuklos t'offre généreusement ses petites planches sombrement colorisées et tirées , cerise sur le paquebot , de forêts équitables ! Intelligente et écolo , comment ne pas répondre , dès lors , à l'appel de la petite bulle ? Mollo sur le champ' , on parle toujours BD là...



Un thème fort , le racisme . Sport national d'un emblématique Ku Klux Klan pratiquant sauvagement une bien triste et illusoire suprématie blanche protestante à coups de viols , de pendaisons et autres immolations sacrificielles purificatrices...



Ku Klux Klan est tiré du grec Kuklos signifiant cercle . Ce cercle , Thomas va y entrer par la grande porte pour ne plus jamais le quitter ! Voici sa terrible et consternante histoire...

Digne rejeton blond aux yeux bleus d'un père hautement gradé au sein du Klan , Thomas grandira dans l'admiration sans bornes qu'il lui porte en ne rêvant que d'une chose , intégrer le plus rapidement possible cette organisation vengeresse pour , enfin , prouver sa vraie valeur aux yeux de son héros de géniteur . Élevé dans la haine et le sang , sa vie ne sera qu'une sanguinolente trajectoire faite de luttes intestines et de dévouement meurtrier à la cause .



Magistral ! Scénario au cordeau qui ne fait , cependant , jamais dans le manichéisme .

L'on sent un sérieux travail de recherches derrière tout cela . Ricard – à la tienne ! - n'a rien laissé au hasard . Évoquant les véritables têtes «  pensantes « de l'organisation , les rites d'intronisation , les grades - Titan , Grand Dragon... - Ricard - à la tienne ! – semble avoir fourni un véritable boulot d'investigation , renforçant ainsi la crédibilité et l'ignominie de son récit .

Un coup de crayon anguleux , un encrage alternant ténèbres et clarté , l'immersion en cet état du Sud , début 20e , est incroyablement perceptible .

Véritable cliché d'une époque pas si lointaine , Kuklos suinte littéralement la haine et le dégoût , provoquant chez le lecteur une répulsion bien légitime à l'évocation de ces pratiques qui , à défaut d'être toujours d'actualité , n'en demeurent pas moins toujours fortement ancrées dans l'esprit torturé de certains de nos nostalgiques contemporains .



Kuklos : sublime descendance de l'Histoire couplée au 9e art !

http://www.youtube.com/watch?v=X75ce-CAorU
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La mort dans l'âme

Une photo posée sur la bibliothèque et le souvenir d'un après-midi sucré en compagnie de son père ressurgit. Aujourd'hui, les choses ont bien changé. Cyril Vanadris sait bien que la fin approche. Son papa rentre dans un centre médical spécialisé dans l'accompagnement de fin de vie qui a bonne réputation. Après l'accueil, certes cordial mais froid, on l'emmène dans sa chambre, une pièce sinistre et triste, sans décoration, dans une chaise roulante. Le médecin vient s'entretenir avec lui sur les procédures mises en place. Maintenant qu'il a arrêté la chimiothérapie, on va juste lui injecter de la morphine afin de diminuer les douleurs puis une sonde gastrique pour le nourrir correctement. Heureusement qu'il y a le tour de France à la télé pour lui changer les idées. Le lendemain, Cyril vient lui rendre visite. Attristé par la situation, il ne sait comment faire pour aider au mieux son papa et profiter de lui encore un peu, même si chacun sait que la fin est imminente...



Aborder un sujet aussi délicat et éprouvant qu'est la fin de vie et l'euthanasie aurait pu s'avérer épineux mais Sylvain Ricard, tout en sensibilité et douceur, nous entraîne dans les pas de cet homme en fin de vie. Une fois admis dans ce centre de soins palliatifs, il sera confronté à la triste réalité de la vie. Comment accepter de finir perfusé de partout? Maigre à faire peur? Sans liberté aucune si ce n'est celle de respirer? Mr Vanadris, plus que tout opposé à l'acharnement, veut mourir dignement et garder intacts les souvenirs que son fils aura de lui. Peut-on le lui reprocher? Le scénario, tout en retenue et pudeur, fait la part belle aux silences et aux regards que père et fils se portent. L'auteur ne porte aucun jugement et ne fait aucune leçon de morale. A chacun de s'y projeter... Le trait crayonné d'Isaac Wens et le lavis sépia monochrome nous plongent dans un récit intimiste, au plus près des émotions.



La mort dans l'âme... l'amour, la vie...
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La mort dans l'âme

C'est effectivement la mort dans l'âme que l'on referme ce récit.



Histoire devenue tellement banale.

Mais si différente à chaque fois.



Un père qui rentre dans une unité de soins palliatifs, la fin est proche.

Un fils démuni face à l'inéluctabilité en marche.



Les mots sont justes, les attitudes, les postures que l'on espère anesthésiantes.

Mais comment placer sous l'éteignoir une douleur filiale qui, tout comme les métastases assassines, vous transforme méthodiquement en quelqu'un de si méconnaissable.



Ricard évoque brillamment le droit à la dignité. Celui de partir en pleine conscience plutôt que d'attendre la déchéance promise. Euthanasie vs religion, serment d'Hippocrate vs serment d'hypocrite, tout est affaire de croyance personnelle.

Alors que le père verra en ce prêtre le moyen d'atténuer ses craintes, ses questionnements légitimes, le fils n'y verra que le triste symbole du départ imminent de son père.



Le trait d'Isaac Wens n'est pas le plus précis qui soit mais il colle parfaitement à cette histoire aussi sombre que ses esquisses au lavis monochrome.



Ni moralisateur, ni larmoyant, Ricard soulève une problématique très actuelle tout en laissant à chacun le soin d'y apporter ses propres réponses.
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La grande évasion, Tome 1 : Biribi

Ma première lecture de Sylvain Ricard m'avait déjà conduit dans les affres d'une colonie pénitentiaire (version Kafka)....j'avais été assez sévère sur mon appréciation : **



https://www.babelio.com/livres/Ricard-La-colonie-penitentiaire-BD/883832/critiques/1153201



Ici , grâce à la 3D (Discipline, Discipline et Discipline) , on comprend mieux cette réalité d'un autre siècle, pourtant pas si loin....
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20 ans ferme

20 ans , le temps de l'insouciance...

20 ans ferme , le temps de la souffrance...



Milan est jeune .

Milan est fou-fou .

Milan a joué , perdu et va le payer très cher !



Après l'excellentissime Kuklos , Ricard signe ici un bouleversant docu-fiction sur l'univers carcéral et ses implications déshumanisantes .

Petit braqueur sans envergure serré par la police , Milan ne sera pas transféré à l'Inter ni à l'AC mais bien en tôle ! 20 piges à tirer , de quoi vous donner le temps de cogiter , de regretter mais surtout de découvrir le monde merveilleux des petits matons fripons et des virils codétenus taquins !

Basé sur le témoignage édifiant du fondateur de Ban Public , Milko Paris , Ricard dresse un tableau consternant de la zonzon et franchement , ça donne pas envie...

Le problème de Milan , une grande gueule dont il use plus souvent qu'à son tour ! Pourtant , il n'aspire qu'à une seule et unique chose , purger sa peine dans la dignité ! S'il est un loup pour la société , il en deviendrait presque agneau sacrificiel au sein de ces geôles Républicaines .

Frustration , rage , désespoir se succèdent au gré des parloirs annulés , du courrier détourné , des quartiers disciplinaires , des insurrections étouffées dans l'oeuf , des transferts...

Quid de l'épanouissement , du respect et de l'insertion professionnelle ? le débat reste ouvert...



Nicoby va à l'essentiel en usant d'un trait anguleux aux couleurs blafardes .

Ni juge ni partie , Ricard s'efforce de faire dans un factuel journalier toujours plus sombre et propre à enfoncer plutôt qu'à reconstruire .

Tristement instructif , " Le gnouf pour les nuls "  interpelle , poussant même , l'effronté , le lecteur à une certaine réflexion !

A noter l'ajout final et fort judicieux de bon nombre de règlements majoritairement bafoués au sein de tout établissement pénitentiaire qui se respecte...peu...



20 ans ferme ! Quelqu'un aurait-il une carte chance ?

http://www.youtube.com/watch?v=wtdf3N96N8Y
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... A la folie

Bon, j'avoue, en ce moment, je turbine au Ricard.

Au Sylvain Ricard, pour être précis.

Apéro du jour: … à la folie.

J'vous préviens tout de suite, pour la p'tite collation, oubliez confettis et cotillons, pas vraiment le style du bonhomme.



Ils sont deux sur un sofa. Ouais, on pourrait légitimement appeler ça un couple.

Deux êtres unis par les liens du mariage pour le meilleur et pour le pire.

Pouf, pouf, ce se-ra toi qui te col-ti-nera le pire.

De fait, madame sera la grande gagnante multirécidiviste. Heu-reuse !



La violence conjugale, voilà de quoi il retourne présentement.

Les deux époux se dévoilent, assis côte à côte, sans qu'il n'y ait aucune sorte d'interaction entre eux.

Le physique de madame évoluant au fil du temps mais surtout au rythme des coups reçus inlassablement.

De la rencontre, belle, comme dans un rêve de princesse, au quotidien triste à pleurer, chacun donne sa version du couple étonnamment dissemblable. En même temps, allez demander, vous, à un gland corrigeant sa femme, de faire preuve d'un minimum d'honnêteté intellectuelle. Et je parle même pas de repentir, là.

Elle l'avait bien cherché et pis c'est tout.



Ce qu'il y a de frappant, sans mauvais jeu de mot, c'est ce statut de victime expiatoire assumé qui se met en place au fil du temps.

La femme, pas franchement aidée par une amie horrifiée par la situation mais totalement incapable de l'en sortir ni par une mère approuvant ouvertement les méthodes musclées de son gendre, ira jusqu'à accepter cet état de fait en trouvant à son boxeur de mari toutes les raisons possibles et imaginables excusant de tels agissements. Call me ball, punching-ball.



Ricard et James ne font pas dans le sensationnalisme.

Ils auront mis des mots sur ces maux.

Un dessin bicolore, des animaux en guise de protagonistes, ils misent tout sur la dramatique de la situation et le font avec brio.

Ils décrivent parfaitement ce lent et douloureux processus victimaire qui ferait hurler toute personne douée d'un minimum de raison mais totalement étrangère à la situation. le lire est une chose, le vivre en est une autre.

La lente descente aux enfers de notre Eurydice et son morne quotidien tragiquement répétitif comme piqûre de rappel.



Chaque année, en France, près de 216000 femmes sont victimes de violences verbales, psychologiques, physiques ou sexuelles.  Une femme décède tous les 3 jours sous les coups de son con-joint.

Parfois, il arrive cependant que la victime en réchappe, s'en émancipe, mais à quel prix.

Cf affaires emblématiques du moment avec Jacqueline SAUVAGE et Bernadette DIMET.

L'homme est un loup pour l'homme qui, dans un trop louable souci d'équité, décida un jour d'élargir son terrain de chasse...



4.5/5
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François sans nom, tome 1 : Le sculpteur et l..

La guerre de Cent ans est achevée. Sous le règne de Louis XI, la France se redresse peu à peu mais l'ombre de cette période triste et sanguinaire plane toujours au-dessus des villes moyenâgeuses.

Sur les routes, des milliers de mercenaires désœuvrés errent et se regroupent en compagnie pour le plus grand malheur des villageois qu'ils attaquent impunément. C'était le cas des Coquillards qui sévissaient principalement en Bourgogne.



On se souvient bien sûr de François Villon à qui la légende prête l'appartenance à cette bande malfaisante. François Villon, ce poète joyeux, ce poète maudit, ce mauvais garçon, disparu sans laisser de trace.





C'est sur cette disparition que les auteurs de cette bande dessinée vont rebondir en créant le personnage de François sans nom. Ce François, homme rude et narquois, travaillant pour un sculpteur serait-il le poète ? Serait-il celui qui a côtoyé les Coquillards, ceux-là même qui s'en sont pris à la famille de Félyzée, jeune voleuse à la tire insolente que le hasard d'une fuite mettra sur son chemin ?

Toujours est-il que la destinée de ces deux-là semblent désormais scellée, pour le meilleur peut-être mais plus certainement pour le pire !





J'aime beaucoup cette bande dessinée. Pour plusieurs raisons.

Cette fin de guerre de Cent ans est une époque que j'affectionne beaucoup. Empreinte d'une violence et d'une terreur pas tout à fait mises aux oubliettes, elle marque cependant un temps révolu où tout ne peut être que porteur de progrès.

Les deux héros me plaisent bien. Des voyous qui ne reculent devant rien, que le destin force à cheminer ensemble envers et contre leur caractère indépendant et buté.

Le graphisme est agréable et ça dans une bande dessinée, c'est tout de même primordial. Les dessins sont réalistes et nous plongent dans un décor médiéval qui me fascine. Ruelles étroites propices aux traquenards, maisons en colombages et en encorbellement, tavernes bondées où s'entremêlent brigands et prostituées, une main tenant la chope, l'autre plus audacieuse...

On n' échappe pas bien sûr à quelques clichés historiques ( pour exemple, l’évêque puissant et colérique) mais qu'importe !

Cette bande dessinée est une belle découverte et je compte bien lire la suite.
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Virus, tome 1 : Incubation

C'est drôle de lire une bande dessinée de 2019 qui parle de virus mortel échappé d'un laboratoire. Rendons hommage au scénariste qui ne fait pas semblant de croire que ces recherches sur les virus mortels sont destinées à améliorer le sort de l'humanité. C'est donc militaire à la base, pour exterminer les autres et s'en protéger soi-même. Ce virus va gentiment incuber dans un endroit assez confiné, grand public.

Les dessins sont assez réalistes, en noir et blanc, avec une petite touche naïve. Le scénario est devenu intéressant depuis la tite crise du Covid qui marque un jalon dans ce genre de situation.

Le deux est indispensable, rien n'est joué...
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Dans la colonie pénitentiaire (BD)

pfffff...heureusement, lu en 1h cette version BD, dessins sombres pour illustrer les idées noires de Kafka. Désolé ça ne m'a pas inspiré.
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Motherfucker - Intégrale

Motherfucker a pour sous-titre : "Au sein du mouvement des Black Panthers". Mais cette bande dessinée parle des "conditions" qui ont rendu possible le succès des Black Panthers plus que des Black Panthers elles-mêmes.



Motherfucker s'inscrit dans un diptyque que Sylvain Ricard a voulu faire sur les Etats-Unis. La première partie étant Kuklos, une bande dessinée qui nous parlait de l'adhésion d'un jeune blanc sudiste au Ku Klux Klan.

Dans Motherfucker, le graphisme en noir et blanc de Guillaume Martinez est précis (surtout lorsqu'il s'agit des expressions du visage), comme dans un film noir.



Cette fois, l'histoire est racontée du point de vue d'un Noir, Vermont Washington. Vermont est un militant au parti des Black Panthers, ce qui déplaît fortement à Jefferson, son père, chez qui il habite avec sa femme et sa fille. La bande dessinée s'ouvre sur un rapide historique de le parcours de la famille de Vermont. Un parcours tragiquement classique : sa famille a émigré vers le Nord du pays après que son grand-père (dont il a hérité le nom) fut lynché par le KKK.

Dès ce moment-là, l'opposition entre Vermont qui lutte pour ses idéaux et son père qui adopte une attitude plus soumise par peur du pire - et noie cette insatisfaction dans l'alcool - entre en scène.



Chaque "chapitre" est construit autour d'un des points du manifeste des Black Panthers - voir quatrième de couverture.

Avec cette histoire que l'on pourrait qualifiée de "banale" (dans le sens où de tels scénarios étaient sans doute très courants), on est bien loin de l'image révoltée du célèbre Malcolm X. Ici, les personnages luttent pour leur dignité et pour le respect de leurs droits. Malheureusement pour eux, les abus sont toujours fréquents. Ces quelques scènes permettront à beaucoup de lecteurs de comprendre comment un parti avec une idéologie communiste a pu réunir autant d'adhérents dans un pays comme les Etats-Unis (et pendant la Guerre Froide!).



Avec cet opus, on se rappellera que les Etats-Unis n'ont pas toujours été le pays des rêves qu'Hollywood veut bien nous vendre. Ceci dit, on aurait pu faire le même constat avec les Amérindiens…



Pour conclure, je citerai la dédicace que l'auteur a fait mon exemplaire : " Ce grand moment historique où les Etats-Unis d'Amérique auraient pu devenir une vraie nation humaniste… Raté! "
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Kuklos

Un véritable tour de force ! Bravo !



A travers quelques vignettes, Sylvain Ricard explique de façon très pédagogique ce qu'est le Klu Klux Klan, ses buts, ses moyens d'actions, son idéologie et qui sont les membres qui le compose. Bien sûr, Kuklos a son lot de scènes "violentes" même si elles ne sont pas montrées dans leur intégralité. Mais il faut bien le dire : sans ces scènes, l'histoire de Kuklos ne serait pas crédible une demi seconde.



La première originalité de Kuklos, à mon sens, c'est le point de vue qui est adopté : celui de Jackon, un Blanc du sud des Etats-Unis qui nous raconte comment il a découvert puis intégré le KKK. Jackson est un pur produit de la haine blanche sudiste transmise de génération en génération. Le fait d'être membre du KKK est une condition quasi sine qua non pour être un homme, un vrai.



Ce que j'ai aussi beaucoup apprécié c'est la construction circulaire du récit qui donne un scénario à la 'Django Unchained' (oui, la remarque est anachronique puisque la BD est sortie en 2003 et 'Django' en 2013,ok) . Mais ça, on ne le sait pas tout de suite ! L'effet de surprise a été au rendez-vous pour moi en tout cas - mais je n'en dirai pas plus !

Ce que je dirai par contre, c'est que Sylvain Ricard rend hommage à la célèbre chanson qu'a interprété Billie Holiday, 'Strange Fruit' , de manière là aussi plutôt inattendue mais remarquable ; contribuant à donner plus d'intensité et de tension à son récit.



Dans cette bande dessinée, l'auteur a choisi l'un des sujet les plus visités mais réussit à capter l'attention et l'intérêt de son lecteur de la première à la dernière page. De plus, grâce à l'art de la suggestion, par petites touches, Sylvain Ricard parvient à dire beaucoup de choses sur la condition des Noirs dans un pays où la ségrégation fait loi et la naissance de la lutte des droits civiques sans jamais détourner le lecteur de l'action principale.



Et pour finir, je dois adresser un grand merci à lehane-fan car c'est grâce à sa fabuleuse critique que j'ai découvert cet ouvrage et me suis jetée dessus.

A votre tout, je ne peux que vous encourager à faire de même.
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Stalingrad Khronika, tome 1 : Première partie

D’entrée, le graphisme crée une atmosphère de ville en guerre, tout un travail à coup de surfaces frottées, de coups de pinceau secs et agressifs, un trait vif et naturel, des lumières arides, les illustrations font ressortir la violence du moment. C’est ce qu’il faut pour me mettre dans l’ambiance.



C’est Stalingrad, fin 1942, pendant la bataille qui mit fin à l’avancée des Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. À des fins de propagande, une équipe de cinéma russe est chargée de réaliser un film sur les évènements. Une équipe de bras cassés, un mauvais réalisateur, neveu d’un cadre du parti, un second cinéaste sorti du goulag, un officier chargé du bon déroulement de la mission et un soldat pour les guider dans la ville en ruine. Évidemment, ce tournage ne va pas être simple, animosité entre les personnages, difficultés sous le feu ennemi, mais aussi sous les contraintes militaires et les diverses influences politiques.



La lecture de ce premier tome m’a bien plu, les tensions et les situations sont traitées avec un humour cynique, un peu désabusé, il y a du rythme, des moments forts, et les illustrations servent avec justesse le propos, je m’attaque directement à la suite.
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... A la folie

- Atroce ! la vie de couple pour le pire...



Histoire d'un couple. Qui s'aime ? Dès le mariage, l'époux décide qu'avec sa bonne situation, sa femme n'aura pas besoin de travailler. Amen. Ainsi en sera-t-il. L'homme est commercial, il a la pression au boulot, ça le met à cran. Il retrouve sa fée du logis le soir dans leur maison impeccable, elle devance ses moindres désirs, se lève avant lui le matin pour préparer son petit déjeuner. Malgré cette perfection apparente, tout devient vite prétexte à mécontentement… donc à disputes, puis à violence. Si la jeune femme essaie de se rebiffer au début, elle ploie vite sous les coups, de plus en plus forts, de plus en plus camouflés sur son corps pour ne pas laisser de traces, mais de plus en plus douloureux…Sans compter la terreur permanente, la crainte de susciter de nouvelles colères démesurées.



Une BD terrifiante, éprouvante, un tourbillon, une spirale infernale vers le fond du gouffre. La violence va crescendo, l'enfer de la jeune femme aussi. Comme l'amie à laquelle elle se confie, on a beaucoup de mal à comprendre : qu'elle ne fuie pas cette situation, qu'elle ne porte pas plainte, qu'elle prétende aimer son mari, avoir besoin de lui (la dépendance financière qu'elle transforme en amour ?), qu'elle croie aux déclarations d'amour du bonhomme, qu'elle lui trouve des excuses… Ce genre de cas est toujours incompréhensible vu de l'extérieur, mais il concerne tellement de femmes qu'on ne peut qu'admettre que c'est souvent inextricable.



Cela dit, sans vouloir le dédouaner, on ne comprend pas davantage l'homme tortionnaire, qui se prétend amoureux, qui promet à chaque fois de ne pas recommencer, mais qui a visiblement de gros problèmes dans ses relations avec les femmes, toutes les femmes.
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Banquise

Un groupe d'hommes se retrouve pour traquer l'animal quelque part au nord du cercle polaire. La nature de glace est mise à rude épreuve avec ces hommes violents qui enchainent les actes cruels. Il y aucune humanité en eux.

Une bande dessinée qui m'a surprise, je ne m'attendais pas à tant d'excès d'agressivité en la lisant. (Mais bon, en revoyant la couverture...) D'ailleurs, les dessins m'ont aussi agressé, trop brouillon et les personnages sont difficilement reconnaissables. Un peu de chamanisme pour rendre justice à cette nature si injustement souillée. Du coup, l'album me laisse une drôle d'impression, l'opposition entre l'homme et la nature qui aboutit à une fin étrange... J'y repense encore.



(J'ai écrit 3 fois cette critique qui a disparu mystèrieusement dans les limbes de Babelio... eh oui, l'oubli de la sauvegarde)
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