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Critiques de Szilàrd Borbély (20)
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La miséricorde des coeurs

La miséricorde des coeurs, un titre étrangement poétique pour un récit qui décrit l'enfance du narrateur dans les années soixante au coeur d'une vallée archaïque de la Hongrie, un monde rural rustre et éternellement pauvre où chacun se débat comme des noyés assoiffés d'air.



La lecture de ce texte laisse même peu de place à la compassion, rien n'y est tendre ou aérien comme peut l'être la mélancolie. En jetant une lumière crue sur la vie quotidienne d'une famille déchue qui vit dans le dénuement auquel elle ne s'est jamais habituée, et en conflit avec le village car ici plus qu'ailleurs les histoires familiales sédimentent et laissent une empreinte indélébile dans les mémoires, Szilard Borbely a choisi de montrer comment la pauvreté use et abîme prématurément. Plongé dans des vies d'hommes et de femmes desséchés par l'absence de justice triomphante, le récit ne nous laisse guère de répit : la brutalité des uns fait écho à la maltraitance des autres, la haine de quelques uns se nourrit de l'aigreur de quelques autres.

La violence est omniprésente. Mais elle n'est pas un pamphlet ni un sermon, encore moins un réquisitoire dans le choix de la narration, elle est présente simplement parce qu'elle construit les personnalités dés la petite enfance et se manifeste dés qu'on lui en laisse l'occasion.

Cela donne un texte âpre au toucher, même s'il est pénétré de l'innocence naturelle d'un enfant. Sans échappatoire, d'une manière directe et simple, l'auteur parvient à s'effacer derrière son jeune narrateur et témoigne de son existence avec une sincérité absolue. On devine une part autobiographique tant la réalité se montre tenace : la facilité de l'auteur hongrois à détailler les actes du quotidien qui définissent ses personnages et tous les éléments qui concourent à renforcer la perception des difficultés de chacun impressionne.



Roman rude et sans concession donc, mais j'ai adoré. J'ai aimé la façon de Szilard Borbely d'atteindre l'essentiel sans être démonstratif, ni jamais appuyer sur les mots. C'est peut-être son histoire qu'il raconte, quoi qu'il en soit il maîtrise parfaitement la voix de l'enfant qui ne saisit pas tout ce qu'il voit, s'attardant sur l'accessoire parfois mais laissant deviner de manière évanescente les contours de l'histoire bien sombre de sa famille.

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La miséricorde des coeurs

Raconté à la première personne du singulier,à travers les yeux d'un petit garçon,"la miséricorde des cœurs" est le témoignage d'une vie de famille,dans une indigence matérielle totale et un environnement hostile,voire brutal,fin des années 60,dans un village,aux confins de la campagne hongroise,près de la Roumanie.

Le père,fils naturel d'un Juif,est rejeté par la communauté et même par le kholkoze qui refuse de l'employer.Il va s'exiler pour trouver du travail.Quant à la mère,fille d'anciens koulaks,elle aussi est en butte aux hostilités des habitants du village.Un village ,où tout est misère,violence,crasse....conséquences du régime totalitaire....Le petit garçon oscille entre désespoir et courage,innocence et maturité précoce,se réfugie dans les nombres premiers.Ces nombres premiers,qui reviennent souvent dans le texte,sont ses repères dans la conception de cette Vie démunie et violente("Trente et un ans nous séparent.Trente et un est un chiffre indivisible.Trente et un ne se divise que par lui-même.Et par l'unité.Voilà la solitude qui nous sépare.Impossible de fractionner.Il faut la trimballer en son entier.")

C'est un livre sans ordre chronologique,trés riche du point de vue historique et ethnographique (par l'occasion j'ai rafraîchie mes connaissances historiques sur la Hongrie),mais avec beaucoup de descriptions assez crues et sauvages,notamment concernant les traitements infligés par les hommes aux bêtes,donc âmes sensibles,s'abstenir.

L'auteur,encensé par le Prix Nobel Imre Kertész,s'est donné la mort début 2014.Il venait d'avoir 50 ans.Peu de temps avant ,ce livre son premier et unique roman (sans doute autobiographique)avait été sacré meilleur livre de la décennie à Budapest,un récit magnifique et poignant!
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La miséricorde des coeurs

Szilàrd Borbély raconte sans misérabilisme les souvenirs de sa Hongrie profonde, famille brimée parce que juive, le père chassé du kolkhoze, les repas frugaux et les animaux qu'il faut tuer, le baiser répugnant des vieux, la mère qui raconte parfois de jolies histoires mais souvent s'épuise à la tâche, et les enfants qui s'accrochent à ses jambes quand elle veut se jeter dans le puits...



Egalement quelques morceaux d'Histoire mais le mélange chronologique et les redites étaient ils vraiment nécessaires?

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La miséricorde des coeurs

La Hongrie rurale des années d'après guerre n'a pas encore fait sa révolution et notre narrateur, jeune garçon, nous raconte son quotidien et celui de sa famille avec ses mots, simple et percutants.

Une vie faite de pauvreté, de l'alcoolisme du père, des tâches journalières exécutées par la mère mais aussi par les deux plus grands enfants, la promiscuité dans une "maison" d'une seule pièce. Une vie dure et simple, sans beaucoup de miséricorde, juste un peu de bienveillance mais vraiment un peu.

Un destin pour toucher du doigt un peu de liberté.
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La miséricorde des coeurs

La France vivait le printemps de mai, à 1500 km de là, la Hongrie vivait au Moyen Âge... L'insurrection de 1956 avait été réprimée plus d'une dizaine d'années auparavant

Un gamin de 8 -10 ans nous fait partager sa vie de gamin de la campagne hongroise. Les communistes sont au pouvoir dans le village, ils dirigent le kolkhoze, et donnent du travail à qui bon leur semble...Tout le monde ne peut pas avoir ce sésame ...la carte du Parti. Et ceux qui ne peuvent pas, vivent de petits boulots, vident les fosses d'aisance, sont employés occasionnellement ou s'expatrient dans les villages voisins, rêvent d'émigrer au Canada. Il faut faire de la lèche pour avoir du travail, se méfier des mouchards

Tout serait plus facile si le père travaillait et ne passait ses soirées au troquet du village, ne rentrait pas saoul après avoir bu verre de gnôle après verre de gnôle, ne battait pas sa femme...comme tous les hommes du village

La famille élève quelques volailles, un cochon....pour améliorer un ordinaire bien fade, Le gamin a toujours faim, la famille vit dans une maison au sol battu, couche sur des matelas fait avec des sacs pris dans la cimenterie, et bourrées de paille...Bien pratique quand le gamin pisse au lit ....on change la paille. On économise les vêtements...les autres gamins se moquent de lui parce qu'il est habillé avec les vêtements et les chaussures de sa grande sœur.

"Chez nous, ce n'est pas comme chez les pauvres : il n'y a pas ceci, où il n'y a pas cela. Chez nous il n'a rien du tout"

Une vie sans aucune intimité dans la pièce unique, chacun se lave après l'autre dans la bassine unique au milieu de la cuisine, la mère tient, dans leur pauvreté à une certaine rigueur contrairement aux autres familles :"Ils ne prennent jamais de bain, ça me répugne. Ils ne se lavent pas, leurs enfants sont sales, ils se fichent d’eux. Ils les lâchent comme Dieu lâche les mouches."

Tout irait sans doute mieux si le père n'était pas l'enfant naturel d'un juif, si la mère n'était pas la fille d'un koulak, ces propriétaires terriens dont les terres ont été confisquées par les communistes...Régulièrement l'un ou l'autre sauront leur rappeler leurs origines...

A coté de ces pages noires, des pages de poésie quand le gamin s'émerveille devant les insectes, la campagne..

Un roman qui permet d'une part de connaître cette vie de la Hongrie campagnarde à la fin des années 60, mais aussi celle de cette campagne depuis le début du siècle pendant la grande guerre, cette vie qui a été raconté au gamin par ses grand-parents, ses tantes, sa mère ..., le départ des juifs vers les camps, le pillage de leurs commerces : "Les articles de son magasin. Les meubles de la maison. Les livres de l’étagère. Le crochet du mur. Le linge de l’armoire. La miséricorde des cœurs.", les relations entre les communautés, l'immigration roumaine...le racisme plus ou moins avoué envers les Juifs et les tziganes... cette vie dont l'enfant devenu adulte se souvient, ou dont on lui a parlé.

Si vous cherchez un roman pour vous distraire, passez votre chemin. Si vous cherchez une découverte, lisez-le...Pas facile de s'y retrouver parfois, car il n'est pas construit de façon chronologique, comme ces souvenirs d'enfance qui nous reviennent par bribes et sans ordre quand nous sommes adultes

Un romancier que j'ai découvert...

"La miséricorde des coeurs" est-il un roman autobiographique... Szilárd Borbély a emporté son secret avec lui : Vous ne pourrez pas découvrir d'autres romans de Szilárd Borbély.. Il s'est suicidé en 1964, il avait 50 ans


Lien : http://mesbelleslectures.com..
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La miséricorde des coeurs

De miséricorde, il n'en est que très peu question dans la vie que nous raconte le petit graçon d'un village reculé de la Hongrie des années 1970. Des bribes d'histoires que lui livrent les adultes n'apparaissent que des êtres spoliés : de leur racines, leur religion, leur culture, leur terres au gré des guerres et des régimes politiques successifs.Ne restent autour de lui que la violence des mots, les coups, les insultes, les superstitions et les haines transmises de génération en génération. Sa quête d'identité se heurtera aux non-dit et au mépris, tempérés de temps en temps par l'affection de quelque parent et la tendresse d'une mère esseulée et dépressive qui n' a qu'un rêve : quitter cet endroit où elle est rejetée parce que fille de koulak et femme du fils d'un juif.

Bien qu'il soit très dur et qu'il nous "prenne aux tripes" parce que raconté par un enfant, il subsiste dans ce récit quelques rares moments de l'insouciance propre à l'enfance, même si d'évidence on devine que celle-ci sera courte.

J'ai beaucoup aimé ce livre, à ne pas lire si on a le cafard ou si l'on a l'âme trop sensible ( certaines scènes de cruauté envers les animaux sont difficilement supportables).
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La miséricorde des coeurs

Je ne raconte jamais l’histoire d’un roman, d’autres le font si bien. C’est la 1ère fois que je ne parviens pas à dire ce que j’ai ressenti sans parler du sujet. Cet enfant qui parle, décrit, ressent sa famille, expérimente violemment la vie à la campagne en Hongrie dans les années 60. Cet enfant semble s’adresser à moi. Je ressens de l’empathie dans cette époque troublée d’après-guerre avec ses relents de haine, de jalousie, d’antisémitisme etc. Je me suis perdue à cause de ma méconnaissance de l’histoire du pays mais l’auteur m’a remise sur le chemin avec son fil conducteur lié aux nombres premiers qui donnent des repères à l’enfant et grâce aux discours transgénérationnels. C’est un livre social et familial très instructif sur le plan politique, dans la brutalité de la vie, dans l’initiation, dans de multiples souffrances. Ce livre sera l’unique roman de Borbely qui hélas ne l’aura pas amené vers l’espoir.
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La miséricorde des coeurs

Ecrivain hongrois, Szilárd Borbély est né en 1964. Il a enseigné la littérature hongroise à l'Université de Debrecen et a traduit un certain nombre d'ouvrages depuis l'allemand et l'anglais. C'est par sa poésie qu'il s'est fait connaître sur la scène littéraire (son premier recueil a été publié en 1988 alors qu'il était encore étudiant). Mais il est également l'auteur de pièces de théâtre, d'essais et d'ouvrages sur l'histoire de la littérature. La Miséricorde des cœurs, son seul roman, est paru en 2013, c'est-à-dire peu de temps avant son suicide en début d’année suivante.

Dans le courant des années 60’, dans un petit village du nord-est de la Hongrie, c'est-à-dire une zone géographique proche de la Roumanie et de l’Ukraine, une famille vit dans la misère et tente, tant bien que mal, de survivre.

Même sans être un spécialiste de la géopolitique d’Europe centrale, on sait que cette région a été de tout temps un invraisemblable imbroglio de provinces annexées, rendues partiellement ou redécoupées en fonction des pouvoirs et forces en présence. Un terreau évidemment propice aux misères et souffrances humaines, le communisme s’octroyant une bonne part des responsabilités. C’est sur cette base et son expérience personnelle que Szilárd Borbély a écrit ce roman et vous conviendrez qu’on ne peut pas s’attendre à rigoler beaucoup durant cette lecture. Heureusement l’auteur a trouvé une parade pour alléger l’humeur ambiante – une astuce connue certes, mais qu’on le remercie d’avoir utilisée – faire du narrateur, un gamin de six ou sept ans quand débute le livre. L’auteur peut alors jouer avec l’écriture en adoptant le regard de l’enfant sur le monde qui l’entoure. Un gamin ne sachant pas tout, le récit avance en mêlant des descriptions extrêmement précises, sans économie de détails parfois répugnants, de faits de toutes sortes concernant aussi bien la vie de tous les jours à la ferme que de personnages souvent désagréables, mais aussi d’interrogations terriblement importantes sur les origines de sa famille qui ne se révèleront que petit à petit au cours de la lecture. Précisions pour ci et manque d’informations pour ça, cet étonnant cocktail tient en haleine le lecteur, déjà satisfait de lire un bouquin bien écrit et bien rythmé.

La famille du narrateur, son père communiste mais pas inscrit au Parti, mis au chômage par le responsable du kolkhoze, boit et peut être violent, peut-être fils bâtard d’un Juif ; sa mère n’est pas communiste, prie chaque soir la Vierge Marie et méprise les paysans car fille d’un koulak ; la sœur aînée de cinq ans avec laquelle il se querelle sans arrêt ; et le frère cadet, un bébé surnommé le Petit. Et puis il y a le grand-père, ancien militaire, qui apprendra au gamin l’histoire familiale et par ricochet nous enseigne l’Histoire, et les oncles, « les plus grands Croix Fléchées du village », harceleurs de Juifs…

Outre la misère classique (faim, froid), le roman n’est que violences. La violence domestique des campagnes qui nous vaut des scènes horribles, on noie les chats et on massacre les chatons, on tue le poulet, on écrase les insectes noirs, à moins que ne dérivent dans la rivière en crue, des cadavres de vaches ou de brebis en décomposition ; mais il y a surtout la violence envers les hommes qui ne dit pas son nom, les moqueries des enfants du village envers le narrateur, l’excluant de leurs jeux, celle des adultes contre le Juif du village, tenu à l’écart ou confiné à vider les chiottes, ou bien la rumeur qui voudrait que le père de notre gamin soit un Juif, les familles du père et de la mère qui ne s’aiment pas en raison de leurs origines sociales opposées. Et le Parti qui surveille tout son petit monde, « Les gens savent que le mastroquet est un indic. Et ils trouvent cela normal. Mais personne n’ose le lui dire en face. »

Le roman n’a ni début, ni fin, proprement dit, une tranche de vie s’étalant sur quelques années avec en toile de fond l’Histoire de la Hongrie, la Guerre, les rescapés des goulags ou les expropriations des terres par les communistes. Certains en mourront immédiatement, d’autres en différé, comme Szilárd Borbély après avoir couché sur le papier ces invraisemblables épreuves.

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La miséricorde des coeurs

Terminé il y a plus d'une semaine, je conserve une vive émotion en songeant à ce roman. Il reflète à la fois les souffrances de l'enfance dans un pays tourmenté ainsi qu'une mélancolie latente qui semble empoisonner le narrateur. Il est aisé de s'attacher à ce petit bonhomme empli de bon sens, de comprendre sa mère endurcie au contact d'un climat peu clément... La seule difficulté est belle et bien de refermer ce roman afin de laisser ses personnages s'évanouir
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La miséricorde des coeurs

"Chez nous, ce n'est pas comme chez les pauvres : il n'y a pas ceci, ou il n'y a pas cela. Chez nous, il n'y a rien du tout."



C'est dans un quasi total dénuement que grandit le jeune narrateur de la miséricorde des coeurs. Dans ce roman qu'on imagine largement inspiré par la vie de Szilard Borbély, c'est un village de Hongrie, à la fin des années 60 (douze ans après la répression de l'insurrection de 1956) qui sert de décor. La vie y est rude, surtout pour la famille de notre narrateur, dont le père peine à trouver du travail et claque le peu gagné au troquet. Alors on ne jette rien, on économise sur tout et lui doit subir les moqueries parce qu'il porte les vêtements et les chaussures de sa soeur.

"Nous allons partir d'ici. Dans pas trop longtemps, nous allons partir. le Seigneur va nous libérer, béni soit son nom." répète régulièrement la mère, elle qui ne s'est jamais sentie à sa place au milieu des ces paysans. C'est qu'elle est fille de koulak - ces anciens propriétaires terriens dont les biens furent confisqués par les communistes - et donc de meilleure naissance, même si aujourd'hui, elle possède encore moins que certains d'entre eux. Son ascendance et celle de son mari (le fils naturel d'un Juif) ne les aident pas à être intégrés ni même à trouver du travail. Mais elle espère la mère partir, fuir quand elle ne tente pas de se jeter dans le puits.

En cheminant dans ce roman - véritable document sur la vie à cette époque dans ce coin du monde - qui ne se laisse pas facilement apprivoiser, on se prend à s'attacher à ce jeune garçon, à sa naïveté d'enfant, au regard poétique qu'il pose sur la nature qui l'entoure - malgré le froid, malgré la faim -, aux histoires d'antan flamboyantes que lui narrent les parents qui l'entourent. Une chronique rude d'un monde pas si lointain...
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La miséricorde des coeurs

La face rurale, quotidienne, boueuse (et parfois chaleureuse) du pitoyable socialisme à visage humain... Le rideaux de fer cachait aussi une grande misère spirituelle (ce qui ne dédouane nullement les nantis). Un texte fort, dérangeant et parfois lumineux.
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La miséricorde des coeurs

Tout d'abord, je remercie Babelio, leur opération Masse critique et Folio pour cet ouvrage. L'aspect historique présenté dans la quatrième de couverture m'a tout de suite plu.



L'histoire raconte le quotidien d'une famille Hongroise dans les années 1960. Le père alterne les petits boulots le jour et la visite au bar du coin la nuit. La mère s'occupe du foyer et deux des enfants l'aident au quotidien tout en suivant une scolarité plus ou moins régulière. Le benjamin de la famille est un tout petit bébé.



Dès les premières pages, on comprend rapidement que cette famille est mal acceptée par les voisins. La mère est issue d'une famille assez aisée, mais lorsque le pays est devenu communiste l'ordre des choses a été inversé et elle s'est retrouvé sans le sou. Elle a du mal à accepter la situation, elle est rude avec tout le monde et en particulier avec ses trois enfants. Elle parle sans cesse de la mort et du suicide, elle a des regrets sur sa vie ...



De plus, nous suivons le quotidien de toute la famille à travers le regard du cadet de la famille, qui décortique et analyse tout ce dont il est témoin dans le village. Pour un jeune garçon d'une dizaine d'années, il a une façon de parler particulière, des fois régressive et d'autres fois il use de formes qui sont vulgaires, débridées. Au fur et à mesure de l'histoire, il apprend la vie à coup de "on dit" du village et rapportés par sa sœur dans le domicile familial. Les récits du garçon se succèdent mais ne respectent pas d'ordre chronologique précis. Ce désordre temporel ne m'a pas du tout perdu ; au contraire, grâce au récit du garçon, il était aisé de remettre dans l'ordre les événements.



En bref, si vous aimez les récits socio-historiques et si vous aimez les romans contemplatifs ou lors si les descriptions ne vous font pas peur, ce roman peu t vous plaire. Quant à moi, j'ai adoré le point de vue du narrateur car bien que perturbant dans les premières pages, on s'habitue rapidement à son regard à la fois innocent et incisif sur le monde et les personnes qui l'entourent.
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La miséricorde des coeurs

Un style sec, aride, qui en déroutera peut-être certains. Peu de repères directs, mais un récit presque documentaire sur la Hongrie de la fin des années 1960. La vie quotidienne dans un kolkhoze est rendue de façon admirable, autour d'une famille mise au ban du village. Des rapports entre les personnages où la violence domine les émotions. Mais on ressent profondément la douleur qui naît du rejet.
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La miséricorde des coeurs

Découvert ce livre , poignant avec un style original . Ressemble par moments a du Céline . Dommage que ce soit l'unique roman d'un auteur mort trop tôt à 50 ans .
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La miséricorde des coeurs

Je dois vous avouer que je ressors de ce livre avec un avis mitigé. Pas qu'il soit mauvais, loin de là, mais la dureté du récit m'a vraiment prit aux tripes et m'a souvent décontenancé et effrayé. Je ne m'attendais pas à un récit à la première personne. Pourtant, le résumé dit bien qu'il s'agit des observations du jeune fils, mais, ce détail m'était sorti de la tête. Et, des phrases aussi dures dites par un enfant m'ont un peu dérangé. Le témoignage est d'une précision extrême, très riche tant du point de vue historique (moi qui ne connaissais pas grand chose de cette période, ce livre a éclaire ma lanterne) qu'ethnographique et souvent au bord du désespoir. Beaucoup de scènes de violences physiques et morales nous sont décrites de manière presque "sauvage". J'ai été très étonnée de voir autant de descriptions concernant des scènes de cruauté envers les animaux (chat, poules, chien...). Définitivement, je crois être trop sensible pour lire ce genre de récit.



Concernant la plume même de l'auteur, je n'ai pas été spécialement séduite. Même si les mots choisis ont un vrai pouvoir immersif, la grossièreté est vraiment trop présente pour moi. Notons également qu'il n'y a pas vraiment d'ordre chronologique. Les évènements s'enchainent et ne se suivent pas forcément. On se retrouve un peu comme le narrateur: perdu, déboussolé, en colère, effrayé.



En conclusion, "La miséricorde des cœurs" est un roman poignant, étonnant et sidérant. Il n'est pas à mettre entre toutes les mains de par la violence qu'il transmet. La violence des mots et des scènes est vraiment difficile à lire de par leur précision. Je le conseille à tous les amoureux d'histoire, d'ethnologie et surtout à ceux qui ont le cœur bien accroché. Que l'on apprécie ou non sa lecture, on n'en ressort pas indemne.
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La miséricorde des coeurs

« La miséricorde des cœurs » est l’unique roman de La miséricorde des cœurs Szilárd Borbély, auteur hongrois (1963-2004). Traduit par Agnès Járfás de « Nincstelenek - Már elment a Mesijás ? », littéralement « Les Dépossédés – Alors, il est déjà parti, le Messie ? » (2015, Christian Bourgois, 336 p.). Livre publié de façon posthume en 2013, et unanimement reconnu comme un chef d’œuvre, récompensé par le prix « Attila József » en 2014. Borbély a surtout écrit des poèmes, parmi eux un troublant « Berlin-Harlem » paru en 2003. Bon, je sais tout le monde ne lit pas couramment le Hongrois, moi le premier. Mais lorsque l’on sait que ce poème a été traduit par Ottilie Mulzet, une canadienne de Toronto qui a également traduit László Krasznahorkai, on peut commencer à réfléchir. Ce qui lui a valu le prix « National Book Award for Translated Literature » pour la traduction de « Homecoming du Baron Wenckheim », le dernier tome de la trilogie, initiée avec « Satantango » et « La Mélancolie de la Résistance ». On peut également se poser la question de savoir qui édite Szilárd Borbély en anglais. Ce sont les presses de NYRB (The New York Review of Books). C’est d’ailleurs par une publicité dans cette revue (Janvier 2022) que j’ai retrouvé l’auteur. Avec « Berlin Harlem » et « In a Bucolic Land », traduction de « La miséricorde des cœurs ».

Szilárd Borbély (1963-2014) est né à Fehérgyarmat, tout au bout de la Hongrie, pas très loin de la frontière avec la Roumanie, la Slovaquie et l’Ukraine. C’est dans la Puszta, la Grande Plaine, là où les chevaux sont rois, s’ils ne sont pas domptés par les Roms ou les Tsiganes. Et où tout est plat à perte de vue. Mais bon, il y a des cigognes. Non pas noires et blanches comme en Alsace, mais plus grises, comme sales. Donc une région rurale, qui sert de cadre au roman. Borbély est issu d’une famille pauvre, d’autant plus que son grand-père, d’origine juive, a été déporté à Auschwitz. On pourra relire Curzio Malaparte « Kaputt » dans lequel il me sembla, il y a cet arbre aux pendus et ces panier pleins d’oreilles coupées.



Le roman se passe dans la Hongrie rurale en 1968, soit douze ans après l’insurrection, et sa répression, alors qu’une famille essaie de subsister dans sa vie de tous les jours. La famille, ou ce qu’il en reste. Un jeune fils, sa grande sœur et son petit frère, la mère, fille de koulak, fermier qui possédait sa terre, le père, dernier juif rescapé du village, la tante et les grands -parents. Cela se passe donc bien après la guerre, mais pas avant le départ des Russes qui occupent le pays. « L'effrayante situation de notre pays. J'ai le sentiment, j'ai l'intuition de vivre dans une société malade qui rend ses membres malades ».

Il ne se passe pas grand-chose dans ce village, où les habitants peinent à survivre. Reste pour le garçon la magie des nombres, surtout si ils sont premiers. « Nous marchons et nous nous taisons. Vingt-trois ans nous séparent. Vingt-trois est un chiffre indivisible. Vingt-trois ne se divise que par lui-même. Et pa l'unité. Voilà la solitude qui nous sépare. Impossible de la fractionner. Il faut la trimbaler en son entier. Nous portons le déjeuner. Nous marchons sur le talus ». La capitale est loin. Les autres pays ne le sont pas, mais les frontières sont bouclées. Mais ce sont des familles paysannes, même siles kolkhozes sont apparus « Parce que les seigneurs, c'est nous. Aujourd'hui, le peuple est seigneur. Les exploités d'hier. Maintenant c'est nous qui exploitons les koulaks ». D’ailleurs le kolkhoze refuse d’employer le père, sous prétexte que c’est un ancien koulak. Dans le village, donc, tous est misère ou désespoir. « Chez nous, ce n'est pas comme chez les pauvres : il n'y a pas ceci, où il n'y a pas cela. Chez nous il n'a rien du tout ». Même pas un minimum d’hygiène. Avec une bassine au milieu de la cuisine. Eau froide et eau quasi gelée, même pas à volonté. « Ils ne prennent jamais de bain, ça me répugne. Ils ne se lavent pas, leurs enfants sont sales, ils se fichent d’eux. Ils les lâchent comme Dieu lâche les mouches ».

Et la vie passe, sans fait notoire. « Ma mère porte un fichu sur la tête. Nous disons une pointe. Les femmes doivent se couvrir la tête. Les vieilles nouent le fichu sous le menton. Elles doivent le porter noir. Le fichu de ma mère est coloré. Elle le noue dans la nuque, sous son chignon. L'été, elle porte une pointe légère. Une blanche, à pois bleus. Elle l'a reçue de mon père l'an dernier, à la foire de Kölcse. Ma mère a des cheveux châtains. Châtains roussâtres, comme les marrons. Tous les marrons ne sont pas roussâtres. Moi et ma sœur ramassons les marrons à l'automne. Le village n'a qu'un marronnier ». Il y a bien sûr le rêve de partir. Pour où ? jamais réalisé ou réalisable. « Nous allons partir d'ici. Dans pas trop longtemps, nous allons partir. Le Seigneur va nous libérer, béni soit son nom ».



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La miséricorde des coeurs

Suite à une masse critique, j’ai eu la chance de lire ce livre. C’est l’histoire d’un enfant, qui raconte son enfance au sein de la Hongrie. Il raconte son existence au travers de tranches de vie, qui ne se suivent pas forcément les unes et les autres. Par moment la confusion vient s’installer quand un souvenir débarque plus brutalement que les autres. A d’autres, les souvenirs vont trop vite, ne permettent pas de rester malgré le désir de connaître l’après. En fait, c’est clairement un voyage dans la mémoire au milieu de réminiscences plus ou moins altérées. Il faut donc s’accrocher un minimum quand on n’apprécie pas les lectures éclatées chronologiquement.



Cette histoire est sombre. Elle est dure avec cet enfant et son entourage. Quelques moments de douceurs pointent le bout de son nez, mais la misère vient rapidement les éclipser pour frapper les membres de cette famille. Il ne faut pas être trop sensible car certains moments sont plus durs que d’autres. Par moment les descriptions se font nombreuses là où la pudeur semblera prendre le dessus sur un autre drame de l’existence du narrateur. Cette lecture ne m’a clairement pas laissée indifférente. Elle m’a fait découvrir la vie de la Hongrie après un événement dont j’ignorais l’existence. Elle m’a clairement appris quelque chose. Elle m’a aussi marquée par la manière dont elle a été racontée, par le fait que ce soit via la voix d’un enfant d’une dizaine d’années. Bref, si vous avez l’occasion de croiser ce livre, n’hésitez pas à y jeter un œil. Il a beaucoup de choses à apporter si l'on prend le temps de l'écouter.

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La miséricorde des coeurs

C'est l'histoire d'une famille après guerre en Hongrie. Une famille qui a du mal à joindre les deux bouts et une famille qui, du coup, en subit les conséquences.



C'est pour moi une déception. Déception de ne pas avoir si tirer de cette histoire des enseignements sur ce pays. Pourquoi ? Parce que je n'ai pas du tout réussi à accrocher au style de l'auteur qui est une suite d'événements sans lien apparent, tout du moins pour moi.

Je ne dis pas que ce n'est pas un livre à lire, je pense qu'il peut être passionnant mais je n'ai pas accroché et j'en suis la 1ère décue.

Qui sait, un jour le relirais-je ?
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Berlin - Hamlet

Borbély a surtout écrit des poèmes, parmi eux un troublant « Berlin-Harlem » paru en 2003. Bon, je sais tout le monde ne lit pas couramment le Hongrois, moi le premier. Mais lorsque l’on sait que ce poème a été traduit par Ottilie Mulzet, une canadienne de Toronto qui a également traduit László Krasznahorkai, on peut commencer à réfléchir. Ce qui lui a valu le prix « National Book Award for Translated Literature » pour la traduction de « Homecoming du Baron Wenckheim », le dernier tome de la trilogie, initiée avec « Satantango » et « La Mélancolie de la Résistance ». On peut également se poser la question de savoir qui édite Szilárd Borbély en anglais. Ce sont les presses de NYRB (The New York Review of Books). C’est d’ailleurs par une publicité dans cette revue (Janvier 2022) que j’ai retrouvé l’auteur. Avec « Berlin Harlem » et « In a Bucolic Land », traduction de « La miséricorde des cœurs ».

« Berlin – Hamlet » maintenant, toujours de Szilárd Borbély (2016, NYRB Poets, 112 p.) traduit par Ottilie Mulzet.

Pourquoi ce titre ? En référence au monologue de Hamlet et sa tirade « Etre, ou ne pas être, c'est là la question ». Vivre ou ne pas vivre et se suicider. D’ailleurs Szilárd Borbély se suicidera en 2014 en se jetant sous un train. Dans Hamlet, le fantôme de son père vient de lui parler des péchés de sa mère et des crimes de son oncle.

Une construction assez étrange du texte, avec cinq voix qui d’entremêlent. Au milieu des lettres, ou fragments de lettres, numérotées de I à XIII. A chaque poème d'un cycle correspond un numéro. Le cycle de poèmes intitulé « Lettre » est basé sur des citations extraites des journaux et des lettres de Kafka, surtout celles à Félicie, un ancien amour. Tout commence par une rencontre « Enfin, j'ai une image de toi telle que je t'ai / vue une fois. Bien sûr pas comme quand / je t'ai entrevu / pour la première fois, sans / veste, tête nue, / le visage non encadré par un chapeau. Mais / quand / tu as disparu sous mes yeux dans / l'entrée de l'hôtel, // alors que je marchais à côté de toi, et / que rien ne me reliait encore / à toi ». Sans suie d’ailleurs « Et après / avoir reçu votre adresse, je n'étais toujours pas sûr, était-ce la bonne ? / Car il n'y a rien de plus triste que d'envoyer une lettre / à une adresse incertaine. Car ce n'est plus une lettre, / mais plutôt un soupir »

Puis le second cycle traite de Berlin et de la visite que ’auteur y a effectuée dans les années 1990. Avec chaque fois un lieu bien précis « Naturhistorisches Museum », « Herrmann Strasse » et « Heidelberger Platz ». ou encore des sites célèbres « Kurfürstendamm » ou « Tiergarten »

Il y est fait allusion, notamment au « Projet Arcades » de l’architecte Walter Benjamin. Ce dernier voulait recréer dans le Berlin d’avant-guerre (1927-1940) l’analogue des passages couverts de Paris. Ces passages, tous piétonniers et couverts de verrières, forment un entrelacs (Passage des Panoramas, Galerie Vivienne, Passage du Caire…) situés aux abords des Grands boulevards, abritent commerces et restaurant, et même le Musée Grévin. « L'escalator / s'élève dans les hauteurs, et crée des correspondances, / comme une métaphore dégradée au fil du temps / en comparaison »

On passe même aux souvenirs de Brobély dans « Krumme Lanke » « Notre conversation/ était plutôt un rappel, une/révocation de tout ce qui s'était passé plus tôt. Comme un / film joué à l'envers ». Une suite d’évènements et d’émotions. « Car on attend des morts qu'ils connaissent le / chemin/ au-dessus du précipice du quotidien. / Quand / ils quittent les terres du désespoir, et / partent / vers un royaume lointain et / inconnu, / qui est comme la musique. Le gonflement, une attente solitaire / partout présente. Cette /musique / ne traverse pas les murs. Il / tape doucement. / Il vole à travers les crevasses. Silencieusement / rampe / et des fissures ouvrent l'écrou caché / au fond du coffre ».

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La miséricorde des coeurs

La présence du réel est infinie, sidérante dans ce roman à l'estomac.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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