AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Tade Thompson (234)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Les meurtres de Molly Southbourne

La première chose qui m’avait attiré dans ce roman, c’est tout d’abord la couverture qui est superbe et ensuite, ce fut le résumé.



Il n’en dit pas trop, il ne spolie rien, mais il attise la curiosité du lecteur avec ces règles bizarres qui sont imposées à Molly.



"Si tu vois une fille qui te ressemble, cours et bas-toi. Ne saigne pas. Si tu saignes, une compresse, le feu, du détergent. Si tu trouves un trou, va chercher tes parents".



Lorsque j’étais gosse, les règles étaient plus compréhensibles ! Mais là, je ne comprenais rien et pour savoir le fin mot de l’histoire, pas d’autre choix que de la lire.



La curiosité est un très bon défaut car non seulement, ma curiosité est satisfaite mais en plus, j’ai pris plaisir à découvrir cette novellas qui oscille entre le fantastique, la SF et la dystopie à la Servante écarlate puisque nous allons parler de génétique et de difficulté à avoir des enfants.



Nous sommes dans de la SF, dans du fantastique, mais il y a comme des relents de réalité puisque chez nous aussi, la fertilité est en baisse.



On ajoutera de l’horreur car nous nous retrouvons au fond d’un cachot, avec une femme enchaînée et une autre qui lui raconte sa vie. Une vie assez glauque.



Molly Southbourne est un personnage énigmatique, tout comme son environnement car cette enfant ne va pas à l’école et vit à la campagne, quasi en huis-clos avec ses parents qui lui apprennent à se battre et qui lui inculquent ces drôles de règles dans la tête.



Les lecteurs/trices sensibles auront sans doute les doigts qui se crisperont sur les pages de cette novella, pourtant, aucun détail glauque ou de surenchère de violence, celle qui est décrite dans ce récit est légitime par rapport à l’histoire et à l’instinct de survie.



Dès le départ, l’auteur nous place en situation de malaise, donnant cette envie de fuir cet univers horrifique tout en nous tenant par la main fermement.



Une fois commencé, on va jusqu’au bout, au finish. Impossible de le lâcher tant l’auteur a tissé une toile attractive, nous donnant des morceaux de Mary Shelley avec la créature du Dr Frankenstein mélangés à la manière qu’à le King pour tenir son public en haleine sans pour autant sortir des monstres du placard ou du dessous-de-lit.



C’est horrifique, réaliste (pour la fertilisation en baisse), addictif et bourré de mystère car la malédiction de Molly se révèle sous bien des formes et on se demande même si elle va trouver dans ses études, des réponses à ses questions.



J’ai bien fait, ces derniers temps, d’ajouter des romans de cette maison d’éditions à ma terrible et dantesque PAL car non seulement je sors de mes lectures habituelles mais en plus, je prends plaisir à ces lectures.



Un récit court, bon et intense !



Comme quoi, la taille n’a rien à voir avec le plaisir ressenti. Un bon auteur qui connait son job et la manière de titiller l’organe sensitif de ses lecteurs donnera toujours plus de plaisir littéraire qu’un gros bazar littéraire qui s’embourberait dans un trou noir…


Lien : https://thecanniballecteur.w..
Commenter  J’apprécie          220
La Survie de Molly Southbourne

Comment arriver à faire une suite à la novella "Les Meurtres de Molly Southbourne" sans se prendre les pieds dans le tapis ou écrire un récit insipide qui ne serait qu’un prolongement fade du premier opus ?



L’auteur a été intelligent ! S’il a repris les codes de sa première novella, il en a changé l’ingrédient principal, nous montrant une copie plus que réussie.



Non, pas une copie de son texte, mais une copie d’autre chose (no spolier).



Si le premier récit était intimiste puisque nous suivions Molly dans sa vie, dans la gestion de sa malédiction, le second tome nous emporte dans la foule, dans la ville, dans le monde et notre Molly va devoir apprendre à gérer sa paranoïa et sa violence.



C’est une novella qui se lit d’une traite, elle est courte, mais elle est bonne, même si je lui préférerai le premier tome. Plus de personnages, plus d’action dehors, plus de psychologie et plus de rencontres qui permettront à Molly de faire un travail sur elle et d’en apprendre plus sur les origines de sa malédiction.



Il y a une évolution fulgurante du personnage de Molly avec la malédiction qui n’est plus et une sorte d’acceptation de son état et de ce qui en découle. Une belle rédemption de la part de Molly, un fameux travail sur elle-même !



Une novella que je conseille, surtout que vous pourrez lire les deux l’une à la suite de l’autre et ne pas rester sur le cliffhanger de la première.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
Commenter  J’apprécie          190
Les meurtres de Molly Southbourne

Dix-huitième numéro publié dans la collection Une Heure Lumière du Bélial, la novella de Tade Thompson bénéficie depuis sa parution de retours très positifs de la part des lecteurs, et force est de constater que la qualité est effectivement encore une fois au rendez-vous. Au point d’ailleurs que l’ouvrage se hisse à mon sens au niveau des meilleurs publiés dans cette collection qui comprend pourtant déjà de très bons textes comme ceux de Ken Liu (« L’homme qui mit fin à l’histoire »), Kij Johnson (« Un pont sur la brume ») ou encore Lucius Shepard (« Les attracteurs de Rose Street »). La novella de Tade Thompson n’est cependant pas à mettre entre toutes les mains dans la mesure où elle s’inscrit dans un registre horrifique qui pourra rebuter ou dégoutter certains lecteurs sensibles. Mieux vaut avoir le cœur bien accroché ! Le texte met en scène une certaine Molly Southbourne dont on découvre le parcours depuis son enfance jusqu’à l’âge adulte. Un parcours qui n’a, à priori, rien de bien particulier : fille unique vivant dans une maison de campagne avec ses parents, la jeune Molly devra attendre la fac pour quitter le cocon familial (ce sont ses parents qui s’occupaient jusque là de son éducation). Elle entreprend alors des études de sciences à la suite desquelles elle décide de se spécialiser dans l’étude du corps humain. Rien d’extraordinaire, donc, sauf qu’on découvre que la jeune fille doit obéir dès son enfance à des règles bien particulières. La première et la plus importante de toute est la suivante : « Ne saigne pas ! ». Mais il y a aussi « Si tu saignes, une compresse, le feu, du détergent », ainsi que « Si tu trouves un trou, va chercher tes parents ». Et enfin « Si tu vois une fille qui te ressemble, cours et bats-toi ». Des règles étranges mais dont le sens nous apparaît très rapidement : le sang de Molly a la particularité effrayante de donner naissance à des doubles d’elle-même qui vont systématiquement tenter de la tuer (ce peut être immédiatement comme quelques heures ou quelques jours plus tard).



Le pitch est alléchant, et le traitement qu’en propose l’auteur très efficace. Le texte de Tade Thompson est habité par une tension sous-jacente qui met le lecteur mal à l’aise de la première à la dernière page, tout en tillant follement sa curiosité. Pour le coup, le nom de la collection du Bélial se justifie pleinement : la lecture se fait en à peine une heure, et le temps passe à une vitesse folle tant le lecteur est obsédé à l’idée de connaître l’origine et les limites de l’affliction dont est atteinte l’héroïne. Une héroïne dont c’est le propre corps, la propre chair, qui devient source de danger et d’angoisse. La gêne que cette idée fait naître dans la tête du lecteur est étonnement forte et contribue à le mettre dans un état d’esprit très particulier. D’un côté on ne peut s’empêcher de frémir à l’idée de l’horreur qui se déchaînerait si la jeune fille était victime d’un accident de grande ampleur ou rejetait l’une ou l’autre des règles qui garantissent sa survie. Mais de l’autre, on ne peut s’empêcher d’attendre avec une sorte d’impatience malsaine de la voir mener à bout ses expériences pour tester les limites de son étrange « maladie ». Le phénomène est d’autant plus glaçant que l’auteur ne nous épargne rien de la manière dont Molly en arrive à se blesser, ni de la façon dont elle se débarrasse de ses doubles. N’allez toutefois pas vous imaginez une avalanche de détails gores ou de surenchère dans le sanglant : c’est beaucoup plus insidieux que cela, et donc beaucoup plus efficace. On pense évidemment souvent au célèbre roman « Frankenstein » de Mary Shelley, à qui l’auteur rend hommage grâce à une succession de clins d’œil plus ou moins subtils, mais aussi à Stephen King dont l’auteur semble partager une même vision du genre horrifique et de la manière de faire naître la tension.



« Les meurtres de Molly Southbourne » correspond tout à fait au genre de livre qu’on est incapable de poser une fois ouvert. C’est souvent dérangeant, parfois vraiment oppressant, mais toujours passionnant. Voilà encore une belle acquisition pour la collection « Une Heure Lumière » que je ne peux que vous encourager à découvrir.
Lien : https://lebibliocosme.fr/201..
Commenter  J’apprécie          180
Les meurtres de Molly Southbourne

Une jeune femme sort doucement mais douloureusement de son état d'inconscience…

Blessée et meurtrie, elle est enchaînée à des anneaux scellés aux murs d'une cellule.

Désorientée et amnésique, son seul contact humain se réduit à quelques visites d'une jeune femme athlétique aux longs cheveux noirs.

Cette dernière la nourrit, la maintient en vie mais la garde captive.



Un beau jour, elle la rejoint dans la cellule et s'installe.

« Je m'appelle Molly Southbourne » lui dit-elle, « et je vais te raconter une histoire ».

La survie de la prisonnière est à partir de ce moment totalement conditionnée à sa compréhension du récit qui va suivre.

Et une chose est sûre, cette histoire est totalement incroyable



Ce court récit de Tade Thompson, psychiatre de son état, est juste percutant et addictif.

125 pages efficaces et dynamiques qui laissent son lecteur hors de souffle et pantois…

Difficile de faire une critique sans spoiler donc sachez juste que Molly est une jeune femme qui sort de l'ordinaire, et ce, depuis sa naissance. Frappée d'une malédiction qui la hante, elle a grandi en marge du monde, aidée par ses parents à surmonter sa « différence », dans une belle entraide familiale mais qui les a régulièrement conduit à commettre des actes extrêmes.



Conte horrifique qui aborde avec délicatesse les thèmes de l'enfance et de l'adolescence, de l'acceptation de soi, mais aussi de l'impact des actes violents et des traumatismes à répétition.

Résilience ? Peut-être…

A découvrir dans le second opus !
Commenter  J’apprécie          175
L'héritage de Molly Southbourne

Molly clap de fin.



Molly n'est plus seule. Molly est multitude. Molly veut vivre en paix. Mais est-ce possible ?



Suite et fin de la trilogie "Molly Southbourne". A la suite des événements du second volume, plusieurs mollys se sont rassemblées. Leur objectif est de continuer à vivre le plus normalement possible. C'est sans compter sur leurs ennemis.



J'ai bien aimé ce troisième tome. Sans atteindre l'excellence du premier tome, il s'avère plus rythmé et intéressant que le second tome. Il se concentre sur l'action et sur les derniers secrets autour des mollys.



J'ai apprécié l'alternance scènes d'action et flash-back du passé de certains personnages. Le côté espionnage et guerre froide m'a énormément plu. De plus, la genèse des mollys est passionnante. Enfin l'auteur use d'un coup de théâtre extrêmement bien trouvé.



Bref, il s'agit d'une conclusion sympathique à une trilogie plutôt inégale.
Commenter  J’apprécie          170
Les meurtres de Molly Southbourne

Les meurtres de Molly Southbourne est un court roman de sciences-fiction et d'horreur, publié dans la décidément très remarquable collection « Une Heure Lumière » chez Bélial.



Une jeune femme se réveille dans une cave, enchaînée à un mur. Elle a été violemment battue. Elle reçoit la visite de sa geôlière qui lui révèle son nom, Molly, et commence à lui raconter son histoire. Depuis toujours, Molly a grandit avec beaucoup de règles. « Si tu vois une fille qui te ressemble, cours et bats-toi. Ne saigne pas. Si tu saignes une compresse, le feu, du détergent. Si tu trouves un trou, va chercher tes parents ». Elle lui conte son enfance, la ferme de ses parents et la vie choyée et protégée qu'elle mène avec eux. Et puis soudain, les autres Molly, des clones d'elle-même, qui apparaissent dès qu'elle saigne et finissent par vouloir la tuer. Alors elle les abat. Cela devient une routine : sang, trou, meurtre. Puis Molly s'impatiente. Elle veut sortir du cocon familial, aller à l'école et rencontrer d'autres personnes. Un vrai parcours du combattant si elle doit suivre les fameuses règles...



L'auteur Tade Thompson est psychiatre. Il a su distiller suffisamment d'émotions et paradoxalement de froideur dans les scènes sanglantes qu'on en vient à se demander qui est la victime et qui est le bourreau. Les passages sur les meurtres sont très réussis. Le lecteur a peur et en même temps éprouve de la pitié. Le style est rythmé et l'intrigue alterne entre tension et angoisse car malgré toutes les précautions prises, Molly ne peut pas tout contrôler.

Le contexte science-fiction est à peine effleuré. J'avoue que plusieurs fois pendant ma lecture, je me suis demandée où l'auteur voulait nous emmener. Dans les méandres d'une maladie mentale, dans une version moderne de Frankestein, ou juste dans un récit d'horreur pour frissonner ?



Une belle interview du romancier clôt l'ouvrage et donne quelques éclairages sur la « morale » de cette histoire et les traumatismes des vétérans de guerre qui lui ont donné l'idée originale pour ce récit. Quant à l'interprétation que l'on se ferait de ce texte, je trouve que l'auteur résume assez bien mon ressenti : « Mon credo : tuez net l'auteur et laissez les lecteurs prendre ce qu'ils veulent de l'oeuvre pendant qu'ils dansent sur sa tombe barthésienne. »
Commenter  J’apprécie          172
L'héritage de Molly Southbourne

Liquidation totale ! Profitez de nos conditions de liquidation ! Toutes les Molly doivent partir…



Clap de fin, donc, pour la trilogie Molly Southbourne dont j’avais apprécié les deux premiers volets.



En commençant le dernier volet, je ne m’y suis plus retrouvée, le plaisir de lecture de cette saga avait disparu et j’ai même failli abandonner ma lecture, c’est vous dire la catastrophe !



Comme je suis tenace et que je voulais tout de même savoir ce qui allait se passer et advenir des Molly restantes (qui se sont regroupées), j’ai persévéré et bien m’en a pris, parce qu’ensuite, le rythme est meilleur et l’on découvre les secrets, dont l’origine des Molly.



Sans être une fan d’espionnage, j’ai apprécié la partie consacrée à ce sujet, en pleine guerre froide. Comme toujours, on est dans du "science sans conscience n’est que ruine de l’âme". À force de jouer aux apprentis sorciers, on n'obtient rien de bon.



Malgré le fait que la seconde moitié de cette novella soit nettement mieux que la première partie (qui avait bien commencé avant de s’enfoncer), cette lecture restera en demi-teinte, notamment à cause du fait que les deux précédents tomes étaient nettement mieux, à tous les niveaux.



Un dernier tome un peu fadasse, une sorte de "tout ça pour ça". Ou bien, il aurait dû être plus épais pour développer un peu plus certains sujets ou alors, ce dernier tome n’avait pas de raison d’être et les deux premiers auraient pu se suffire à eux-mêmes…



Moi, je vous conseille les deux premiers !


Lien : https://thecanniballecteur.w..
Commenter  J’apprécie          151
Rosewater, tome 1 : Rosewater

En France, on connaît surtout Tade Thompson pour sa série consacrée à Molly Southbourne (« Les meurtres » et « La survie »), mais parallèlement à la parution de ces novellas chez le Bélial est également parue une trilogie intitulée « Rosewater », éditée par J’ai lu. Salué par la critique et récompensé par le « Nommo Award » (« la plus grande distinction de la SF africaine », nous informe la quatrième de couverture), le premier tome met en scène un Nigéria futuriste dans lequel une entité extraterrestre s’est installée et agrandie au point de former un dôme hermétique autour de laquelle une véritable cité a fini par se développer : Rosewater. Un dôme qui ne laisse personne pénétrer à l’intérieur, mais qui s’ouvre néanmoins à certaines occasions, ce qui aboutit systématiquement à la guérison spontanée de toutes les personnes qui se trouvent dans un certain rayon alentour, que ceux-ci souffrent d’une simple migraine ou d’un cancer en phase terminal. Le monde entier est évidemment fasciné par le phénomène mais aucun contact n’a pour le moment vraiment été engagé avec la mystérieuse entité qui n’en est d’ailleurs pas à sa première apparition. C’est dans ce contexte que l’on fait la connaissance de Karoo, un homme recruté par un service secret nigérien consacré spécifiquement aux questions surnaturelles. Car sous ses abords tout à fait ordinaire, notre héros cache en fait des capacités exceptionnelles que seuls une poignée d’individus ont à ce jour développées, et que beaucoup estiment liés au dôme. N’allez toutefois pas vous imaginer des super-héros ou héroïnes capables de voler ou doté(e)s d’une force extraordinaire. Non, les « pouvoirs » de notre personnage et de ses homologues sont plutôt d’ordre psychique, puisqu’ils consistent à lire dans les esprits (non pas directement les pensées mais plutôt des impressions ou des émotions captées dans la « xénosphère », une sorte de monde psychique auquel seuls les « Réceptifs » ont accès).



Le roman est à la fois fascinant et déroutant. L’intérêt du lecteur est dans un premier temps titillé par le fait que l’action se passe en Afrique, ce qui est loin d’être fréquent, que ce soit en SF ou en fantasy (même si d’autres auteurs, ou plus précisément des autrices, tentent depuis longtemps, et avec succès, de mettre en avant un imaginaire moins européo-centré comme Nnedi Okorafor ou encore Nora K. Jemisin). Le cadre nigérien permet évidemment de mettre en avant des aspects culturels propres à cette région du monde que beaucoup de lecteur (donc moi) ne connaissent certainement que très peu. L’auteur revient ainsi sur toute une série de problématiques qui touchent le Nigéria d’aujourd’hui ou qui ont marqué son histoire : pratique de la justice sauvage (qui aboutit généralement au lynchage des voleurs et donne lieu dans le roman a des scènes assez dures à encaisser), superstition à l’encontre des albinos, tensions ethniques, impact du découpage colonial décidé par les Européens, condamnation et violente répression de l’homosexualité… Le caractère futuriste du décor est quant à lui renforcé par la mention de nouvelles technologies qui empiètent de plus en plus sur la vie des habitants mais qui leur paraissent parfaitement ordinaires (implants de géolocalisation, appartement connecté…). Tade Thompson se fend également de rares mentions concernant ce qui se passe dans le reste du monde, mais celles-ci ne manquent pas d’attiser la curiosité du lecteur. On apprend par exemple que les États-Unis ont soudainement décidé de s’isoler du reste du monde, coupant toute relation diplomatique et tout échange commercial, si bien que la communauté internationale n’a aucune idée de ce qui se passe sur le territoire américain. De même, il est fait mention de l’apparition de plusieurs phénomènes extraterrestres ayant précédé celui de Rosewater, dont un à Hyde Park qui est rapidement évoqué et à propos duquel de nombreuses questions restent en suspens.



Pour toutes ces raisons, le récit se révèle captivant, mais s’avère malgré tout un peu difficile à suivre. Cela s’explique, d’abord, par le mode de narration adopté puisque l’auteur s’amuse à brouiller les pistes en alternant à chaque chapitre entre des époques différentes de la vie du personnage. On suit donc l’évolution de plusieurs intrigues en parallèle, et il est parfois un peu difficile de reprendre le fil du récit et de se rappeler à quel moment de la vie du héros tel ou tel épisode se situe. Parmi les autres éléments qui m’ont donnée un peu de fil à retordre, figurent les explications scientifiques consacrées à la microbiologie assez poussées qui m’ont parfois totalement laissée sur le carreau, notamment dans la seconde partie du roman qui est un peu plus complexe à suivre. L’ensemble reste malgré tout intéressant tant on a souvent l’impression d’avoir affaire à un véritable thriller, avec son lot de rebondissements ou de révélations sur les véritables motivations des personnages. Ces derniers sont d’ailleurs réussis, à commencer par le protagoniste auquel on s’identifie et qui agace autant qu’il émeut. Ainsi, si son passé difficile et les épreuves surmontées ne peuvent que nous inciter à le prendre en affection, certaines de ses réactions n’en provoquent pas moins l’exaspération ou l’incompréhension du lecteur (son sexisme est notamment source d’agacement, même si Tade Thompson n’en fait pas un complet misogyne et que plusieurs personnages lui en font d’ailleurs le reproche). Les personnages secondaires sont pour leur part intriguant à défaut d’attachants, dans la mesure où ils sont bien moins développés que le héros. Le seul véritable bémol que j’aurais à formuler concerne la fâcheuse manie de l’auteur de systématiquement décrire les personnages féminins en détaillant par le menu leur physique (toujours très très avantageux, évidemment). Comme souvent, on a l’impression que l’auteur craignait que ces dernières ne soient pas assez intéressantes ou assez dignes de l’intérêt du héros avec un physique ordinaire (alors que leur personnalité est pourtant suffisamment attirante), d’autant que presque toutes sont dépeintes comme d’une beauté vraiment vraiment exceptionnelle, ce qui est franchement agaçant et un peu ridicule.



La lecture de ce premier tome de « Rosewater » est une expérience assez déroutante mais néanmoins enthousiasmante. Le récit est mené tambour battant, les questions et les rebondissements s’enchaînent à toute vitesse et on est vite captivé par le décor dans lequel se déroule l’histoire ainsi que par les mystères que recèle ce fameux dôme extraterrestre. Si le roman est loin d’être exempt de défauts, il m’a néanmoins suffisamment intriguée pour m’inciter à découvrir les deux autres volumes de la série.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
Commenter  J’apprécie          150
Rosewater, tome 1 : Rosewater

Quand un dôme extraterrestre surgit au Nigeria et prodigue une fois par an des guérisons miraculeuses, une ville se constitue tout autour : Rosewater. C’est là que le narrateur, Kaaro, mène des missions semi-officieuses pour le compte d’une obscure branche gouvernementale. Kaaro a la particularité d’être un « réceptif », une personne dotée de pouvoirs psi probablement dus au dôme. Mais depuis quelques temps, les réceptifs meurent les uns après les autres dans des circonstances étranges.



L’histoire est divisée en trois lignes temporelles distinctes : le présent, en 2066, où les réceptifs disparaissent; le passé, entre 2032 et 2055, avant l’irruption du dôme; et les missions de Kaaro entre 2055 et 2066 qui constituent des chapitres « one-shot ». Au début, la distinction est aisée à faire, mais à mesure que les lignes temporelles passées se rapprochent du présent, l’ensemble devient plus difficile à suivre et parfois confus, d’autant plus que les trois lignes temporelles tendent parfois à diluer le rythme et les enjeux de l’intrigue. J’ai failli me perdre plusieurs fois dans l’histoire. On sent pourtant que l’auteur a bien pensé à son affaire, avec certains échos d’une ligne temporelle à l’autre ou des informations distillées à certains moments critiques.



Quelle que soit la ligne temporelle, la narration est à la 1e personne et au présent, et suit le personnage principal, Kaaro. Celui-ci est une figure classique d’anti-héros doué mais rebelle, peu attachant quoique intéressant à suivre.



Toutefois, la grande réussite de ce roman, c’est la xénosphère, sorte de réseau psychique extraterrestre porté par des champignons microscopiques, avec lequel peuvent interagir les réceptifs comme Kaaro. L’auteur utilise ici deux thèmes archi-classiques de la science-fiction : le premier contact extraterrestre et les pouvoirs psi comme la télépathie. Mais il le fait d’une manière très inventive et organique (sans mauvais jeu de mots) qui renouvelle grandement l’intérêt pour ces tropes, en plus de donner à son roman une ambiance très singulière. J’ai eu l’impression de lire un roman d’afrofuturisme additionné d’une petite dose de Lovecraft, un mélange plutôt séduisant.



Bref, malgré une lecture ardue, j’ai été assez charmée pour embarquer directement dans le tome 2. Bilan : à lire à condition d’être bien concentré·e!
Commenter  J’apprécie          143
Rosewater, tome 1 : Rosewater

J’ai achevé ce premier tome avant de savoir qu’il s’agissait d’une trilogie, même si effectivement, je trouvais qu’il manquait quelque chose. Je dois dire que j’ai apprécié ma lecture, tout en ayant traîné un peu des pieds durant les soixante premières pages avant le grand plongeon garanti. Je n’ai pas vu le temps défiler, ce qui est bon signe, notamment à cause des allers-retours dans le passé qui dynamisent l’ensemble, tout en ayant un récit mettant en avant un pays africain et la culture yoruba que je connais mal à travers le regard d’un parfait antihéros.





Ainsi, Rosewater est un bidonville sale et puant qui s’est construit autour d’un biodôme alien, notamment pour ses bienfaits, et cadeaux plus empoisonnés qu’il n’y parait. Offrir des capacités incroyables, faire pousser de nouvelles plantes, guérir les malades jusqu’à en faire souvent des mutants, voire relever les morts pourtant vides de toute personnalité. On retrouve d’ailleurs sur ce dernier point le côté zombi des croyances vaudou… Mais que serait tant de bienfaits parfois tordus sans une contrepartie moins avouable ?





Le thème de la colonisation, ou de l’invasion est amené par pallier de manière insidieuse avec justement une insistance finale sur l’inaction concrète des politiques. Un parallèle est facile avec la ville de Lagos où des comptoirs commerciaux furent installés par les portugais une vingtaine d’années avant que les conquistadors envahissent l’Amérique, reprises ensuite par les britanniques. Britanniques ayant été aussi « colonisés ». Amérique apparaissant en filigrane et fermée dans ce premier tome suite également à un début d’invasion. La boucle est bouclée. Le tout en dépit d’une géopolitique mondiale pas si éloignée de ce qu’on pourrait craindre aujourd’hui.





La xenosphère rappelle le monde des rêves, une réalité alternative et/ou virtuelle, l’accessibilité au subconscient des autres (individuel et collectif), mais également le moyen de pirater les esprits avec une forme de télépathie instinctive, poussive et poussée dans un cadre où tout humain est connecté inconsciemment. Plus sciemment d’ailleurs au sein d’un chapitre où chacun.e semble être des livres ouverts, capable de vivre et travailler collectivement sans aucune malveillance (chose que l’on retrouve chez les homoncules qu’on croisera rapidement à un moment), ce qui m’a amené à songer aussi à certaines notions en spiritualité (toujours pas au sens religieux du terme) à propos de l’ego ; mais également d’une possible forme d’esclavage, voire à des ruches et fourmilières.





Quant à la nouvelle végétation dont finalement on sait peu, j’ai forcément songé au réchauffement climatique en me demandant si la piste sera exploitée dans les futurs tomes.





Dans tous les cas, si les humains ne sont pas amenés à réellement disparaître, le tout sonne comme une métamorphose à l’image du fameux papillon aux ailes bleues. Du moins, possiblement ce que j’en attends des prochains tomes, tout en espérant en savoir plus sur le reste du monde, mais également des conflits entre les aliens…





Si rien n’est nouveau, le tout s’avère parfaitement original et addictif. Quoiqu’il en soit, Le tome 2 en vf étant prévu début septembre, je l’attends donc déjà de pied ferme !
Commenter  J’apprécie          130
Les meurtres de Molly Southbourne

Encore un titre de la collection "Une-Heure-Lumière" qui frappe fort, très fort même. Nous sommes auprès de Molly Southbourne, une jeune fille aux problèmes graves qui va devoir devenir un monstre pour ne pas finir sa vie en pleine enfance. Je ne dis rien de plus, c'est juste hallucinant ce qui se déroule ici et vous devez découvrir par vous même la folie que Tade Thompson a réussie à mettre dans ces 140 petites pages d'une intensité folle.



Des personnages sombres et puissants, fragiles et terrifiants, habités et déséquilibrés, ville et sournois. Voilà ce qui vous attend au tournant des pages de cette novella d'une qualité irréprochable tant dans l'écriture que dans le contenu, les âmes sensibles devront s'abstenir ou du moins accrocher leur estomac, c'est sanglant, violent à souhait, presque malsain parfois, mais toujours pour servir l'histoire et en faire un conte à la Edgar Allan Poe mais très moderne. Je ne suis d'ailleurs pas étonné que le prix Nommo 2018 ait été décerné à Tade Thompson pour ce livre.



Un petit mot en plus pour faire part de mon admiration pour la couverture faite par Aurélien Police, qui nous démontre une fois de plus sont talent hors pair.



Si vous connaissez la collection Une-Heure-Lumière vous connaissez la qualité des titres édités, vous vous devez de lire celui-ci et pour les autres, qui aiment les récits horrifiques mais qui cherchent un titre très original, "Les meurtres de Molly Southbourne" est à lire d'urgence.



Sur le blog :
Lien : https://unbouquinsinonrien.b..
Commenter  J’apprécie          130
Les meurtres de Molly Southbourne

En résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec cette novella qui offre un texte prenant et haletant que j’ai lu d’une seule traite tant j’ai été happé. Le récit peut pourtant paraître simple aux premiers abords, il arrive pourtant à s’avérer incisif, percutant et prenant le tout grâce à une plume fluide et à une maîtrise du texte qui le rend entraînant et captivant. On se retrouve ainsi assez vite happé par cette histoire de malédiction qui offre une atmosphère assez oppressante et saisissante, tout en offrant des thématiques intéressantes. En effet que ce soit sur la notion de sang, du corps, de la naissance, de la différence, mais aussi de la folie, cette novella soulève de nombreuses questions intéressantes tout en offrant une histoire qui ne manque pas de se révéler angoissante. Certes, certains personnages secondaires manquent un peu de profondeur et sont parfois un peu trop vite oublié, certes la conclusion est clairement et facilement prévisible, certes la tentative d’explication de la malédiction de Molly est un peu simpliste, mais pour autant malgré ces quelques points j’ai trouvé cette novella très réussie. La plume de l’auteur est simple, efficace et captivante et je lirai sans soucis les autres textes qu’il a prévu d’écrire dans l’univers.





Retrouvez la chronique complète sur le blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
Commenter  J’apprécie          130
L'héritage de Molly Southbourne

Une jeune femme observe depuis la fenêtre de son salon sa jumelle, debout dans le jardin.

Molly est fière de Moya et des progrès qu'elle a pu faire ces deux dernières années, de vaincre son appréhension du monde extérieur.

Elle n'est pas la seule, Molina qui est près d'elle, fait les mêmes constats.

MolyAnn quant à elle est plus réservée mais rejoint les réflexions de ses soeurs malgré tout.

Molly, Moya, Molina, MollyAnn, si semblables et si différentes à la fois…

Elles ont choisi de vivre dans une petite ville, à l'abri du danger, du moins l'espèrent-elles, organisées, dans leurs vies professionnelles comme privées, toujours aux aguets.

Et elles ont leurs raisons.

D'autres mollys sont seules et isolées, errant dans la nature, à la recherche des leurs.

Et elles ont été repérées. Par Tamara et sa troupe, par Mike une tueuse professionnelle diligentée par l'agence.

Quels secrets se cachent donc dans le sang de Molly qui provoquent tant de convoitises et de haine ?



Troisième opus de cette trilogie trépidante et Tade Thompson s'en sort avec les honneurs. L'exercice devenait ardu et complexe de maintenir sur le même niveau que le 1er et 2nd tome. Si la tension est moindre, il réussit encore à surprendre son lecteur en lui dévoilant enfin la véritable histoire de Molly.

Plus de personnages et de points de vue différents, on virevolte des uns aux autres au rythme rapide des 19 chapitres pour aboutir à un final que d'aucuns trouveront classique mais pour moi, efficace.



Grâce à cette excellente trilogie de novellas, j'ai découvert un auteur que je ne suis pas prête de lâcher. Un aficionado inspiré de l'excellentissime Frankenstein de Mary Shelley ne pouvait que me plaire !

Affaire à suivre:)
Commenter  J’apprécie          120
Rosewater, tome 1 : Rosewater

Nigeria 2066. Une ville s’est créée autour (comme un doughnut) d’un dôme extra-terrestre. On l’appelle « eau de rose » et ce n’est pas sans ironie tant elle tient plutôt du bidonville, d’autant qu’une fois par an elle déborde totalement pour la « fête » de l’ »ouverture ». Généreusement, semble-t-il, le dôme s’ouvre et guérit tout ce sur quoi il tombe. Ça dure quelques minutes et basta jusqu’à l’année suivante. Il répare, en réalité, et son savoir-faire connaît quelques ratés. Sa générosité est également à interroger car, comme on le sait bien, quand c’est gratuit, c’est toi le produit. Pour comprendre un peu mieux tout ceci, on va s’appuyer sur Karoo, un homme vieillissant et fatigué qui travaille la fois pour une banque (l’argent, encore et toujours puissant quelle que soit l’époque) et pour un service secret. Sa particularité ? C’est un réceptif, capable de naviguer dans l’esprit des gens. C’est aussi un voleur et, d’après tous ceux qui le connaissent, quelqu’un de pas très futé. Dans le présent, tous les réceptifs sont atteints d’une maladie qui les tue lentement. Pour comprendre ce présent, on revient en alternance onze ans plus tôt et lors d’une mission intermédiaire de Karoo. Le roman tout entier est construit de sorte que plus on a une vision claire de l’ensemble, plus de nouvelles questions s’imposent. Le rythme est disruptif, saccadé et plutôt inconfortable, le propos passionnant et l’épilogue permet à la fois de lire ce roman comme un one-shot et d’attendre sa suite (trilogie annoncée) avec impatience, sachant qu’on va s’intéresser à un autre personnage principal. Une histoire de premier contact qui brasse de nombreux thèmes et de laquelle on ne décroche pas.
Commenter  J’apprécie          120
Les meurtres de Molly Southbourne

J'ai bousculé mon programme littéraire du mois d'Avril pour me jeter littéralement sur la nouvelle parution de la Collection Heure Lumière du Bélial. Aussitôt reçue, aussitôt lue! Il faut dire que le synopsis était plutôt alléchant et a immédiatement attisée ma curiosité. Et devinez quoi? Bien m'en a pris car j'ai eu un petit coup de coeur pour cette novella!



Une jeune femme se réveille avec effroi dans une pièce aveugle. Enchaînée et blessée, elle est complètement désorientée et ne se rappelle plus de rien. Sa geôlière qui dit s'appeler Molly Southborne entreprend alors de lui conter sa propre histoire.

Molly a grandi dans la ferme isolée de Southbourne. Mais, son existence a été loin d'être paisible. En effet, si la jeune fille a été protégée dès son plus jeune par ses parents, ils lui ont également inculquée des règles qu'elle ne devra jamais enfreindre sous peine de mettre sa propre existence en danger : ne jamais saigner et si cela devait arriver, en effacer toute trace, fuir ou se battre si elle croise une fille qui lui ressemble, appeler ses parents si elle trouve un trou…



- Une novella qui s'inscrit dans deux genres : la Science Fiction et l'Horreur



D'après l'interview de Tade Thompson à la suite de sa novella, la Science Fiction devait avoir une place bien plus prégnante dans le récit, à l'origine. Aussi, n'apparaît-elle qu'en toile de fond et de manière très subtile. En effet, le récit enchâssé de Molly Southbourne à sa prisonnière et le livre préféré de son professeur d'université font directement référence au premier roman de Science Fiction : Frankenstein de Mary Shelley. Et le contexte d'un futur proche devant faire face à une chûte de la baisse de la natalité dans un pays occidentale n'est pas sans rappeler La servante écarlate de Margaret Atwood ou Les fils de l'Homme de P. D. James (pour lequel je conseille le film, à mon sens bien meilleur que le roman).



En revanche, la novella s'inscrit de manière beaucoup plus franche dans le genre de l'Horreur. A chaque fois que Molly perd du sang (Par blessure, lors de ses menstrues, etc…) et n'en fait pas disparaître toutes les traces au moyen d'une compresse (pour arrêter l'hémorragie) de feu (pour détruire les tissus imbibés) ou de détergent (pour effacer toute trace d'hémoglobine), un clone issu de ce résidu organique fait son apparition. Si au début, ce dernier est pacifique, trois jours plus tard, il se trouve que la copie veut zigouiller l'original! Pour survivre, Molly n'a donc pas d'autres choix que de tuer ses doubles. Et l'auteur n'épargne pas son lecteur de certains détails : autant prévenir mais certains passages assez sanglants peuvent choquer les plus sensibles.



- Un récit efficace



Le moins que l’on puisse, c’est que j’ai été happée dès les premières pages de la novella. Tout comme la jeune femme prisonnière qui ne se rappelle de rien et ne connaît pas le lien qui l’unit à Molly, j’ai découvert les tenants et aboutissants du récit au fur et à mesure qu’il se déroulait. Sur la couverture, il est noté que Les meurtres de Molly Southbourne fera prochainement l’objet d’une adaptation cinématographique, cela ne me surprend pas car le récit possède beaucoup de matière pour devenir le scénario d’un film.



- Une métaphore de la résilience



Enfin, je terminerai ma chronique par une interprétation toute personnelle. Après tout, dans son interview, Tade Thompson pousse le lecteur à le faire :



« Au bout du compte, la violence de Molly est une métaphore : je dois laisser les lecteurs la déchiffrer. (P. 119) »



Et il se trouve que l'épigraphe de Théophilus Roshodan (qui de l'aveu de l'auteur a été complètement inventée!) avant de débuter la novella, donne quelques indices :



« À chaque échec, à chaque insulte, à chaque blessure de la psyché, nous sommes recrées. Ce nouveau soi, nous devons le combattre chaque jour ou affronter l'extinction de l'esprit. (P. 11) »



En effet, lorsque l'esprit humain subit un traumatisme, il doit pouvoir non seulement l'accepter afin d'éviter de tomber en dépression mais aussi rebondir pour se reconstruire (ce que l'on appelle la résilience). Un individu va donc en quelque sorte tuer son ancien « soi » pour devenir une nouvelle personne. le problème avec Molly, c'est qu'elle tue ses doubles et dans ce contexte ne peut pas guérir si elle refuse d'être une nouvelle personne, en témoigne par exemple les signes d'auto-destruction pendant son adolescence, (elle se coupe les poignets) ou à l'âge adulte Fait échouer ses relations amoureuses.



En conclusion, Les meurtres de Molly Southbourne est une novella intriguante, immersive et au style efficace. Écrite de manière subtile et intelligente, elle peut se lire sur plusieurs niveaux : au premier degré, le lecteur peut la prendre comme un récit d'horreur et de science fiction et au second degré, comme une métaphore sur le phénomène psychologique de la résilience. Je ne connaissais absolument pas l'auteur avant de lire cette novella, mais cela m'a donnée envie de découvrir un autre opus : Rose water.
Lien : https://labibliothequedaelin..
Commenter  J’apprécie          120
La Survie de Molly Southbourne

Une jeune femme fait face à une maison en feu, sa maison, ou presque.

Blessée et meurtrie, elle tient un téléphone à la main, venant tout juste de faire appel à une agence pour qu’on vienne la chercher et tout arranger...

Ces gens ont toujours pris soin de Molly, sauf qu’elle, malgré les apparences, elle n’est pas vraiment Molly.

Libérée de la malédiction qui régissait son quotidien, la voilà face à sa vie propre et il lui reste tout à construire.

Mais il était écrit que rien ne serait simple : remplir le vide créé par les bouleversements récents, se remettre du passé et de ses abominations, faire face aux conséquences des actes passés.

Si Molly rencontre quelques difficultés à affronter sa nouvelle réalité, elle se rend compte qu’elle n’est pas seule. Sa rencontre avec Tamara va lui apprendre d’une part que son histoire n’est pas unique, et d’autre part, qu’il y a un autre point de vue que celui qu’on lui a inculqué pour gérer la malédiction qu’elle et d’autres ont subi.

Son destin est à présent entre ses mains.



Ce deuxième opus, qui démarre dans la continuité immédiate du premier, se détache quelque peu de l’univers fantastique pour flirter avec le roman psychologique. Tade Thompson s’attache avec talent à nous décrire les affres psychologiques de la reconstruction identitaire de la « nouvelle » Molly, en quête d’elle-même, à la fois dans le rejet et la découverte.

Il réussit au-delà à déstructurer en quelque sorte dans l’esprit du lecteur la représentation de la situation de Molly en lui présentant un autre angle de vue, un nouvel éclairage, lui laissant ainsi anticiper un troisième opus enthousiasmant.

Et que je vais découvrir avec une impatience non dissimulée !
Commenter  J’apprécie          111
L'héritage de Molly Southbourne

« L’héritage de Molly Southbourne » est une novella qui vient clore la trilogie de Tade Thompson consacrée à son héroïne éponyme et dont les précédents tomes sont parus dans l’excellente collection « Une Heure Lumière » du Bélial. Bien que cela ne soit pas mentionné sur la couverture il est donc impératif d’avoir lu les volumes précédents pour bien comprendre l’histoire et cerner l’ensemble de ses enjeux [Si vous n’avez pas encore eu l’occasion de découvrir cette série je vous incite d’ailleurs à ne pas lire la suite de ce paragraphe qui contient inévitablement plusieurs spoilers.] On retrouve donc une dernière fois Molly Southbourne, une jeune femme combative mais hantée par son passé et qui possède le « pouvoir » pour le moins perturbant de créer des doubles d’elle-même à chaque fois qu’elle saigne. Doubles qui sont systématiquement pris d’une frénésie meurtrière en la voyant, et qu’elle se doit donc d’achever rapidement en respectant bien les règles inculquées depuis son plus jeune âge par sa mère. L’héroïne que nous retrouvons ici n’est cependant pas tout à fait la même que celle du premier tome puisque, depuis « La survie », le protagoniste n’est autre que l’une de ses clones, une « molly », qui est maintenant devenue LA Molly après que celle-ci se soit volontairement donnée la mort en lui faisant don de son identité. On l’a vu dans le deuxième opus, cette usurpation de l’identité de Molly de la part de l’une de ses copies est loin d’avoir mis fin aux problèmes de cette dernière. D’abord parce qu’elle reste profondément marquée psychologiquement par la violence dont elle et ses prédécesseuses ont été victimes. Ensuite parce que, si elle-même ne peut plus créer de nouvelles mollys en raison de la stérilité de son sang, plusieurs clones ayant échappé à Molly au fil des années parcourent encore le pays et risquent d’attirer sur elle une attention malvenue (les clones étant attirés les uns par les autres). Bien que désormais établie dans une petite ville reculée aux côtés de ses « soeurs » (en réalité d’autres clones qu’elle est parvenue à sauver) et bien décidée à mener une vie tranquille, notre héroïne ne va pas tarder à se retrouver confrontée à son passé, avec son lot de violences mais aussi de réponses à des questions depuis trop longtemps ignorées.



Ce troisième volume est intéressant à plus d’un titre. D’abord parce qu’il fait en quelque sorte la synthèse entre les ambiances pourtant assez différentes des premiers tomes. On retrouve en effet le caractère un peu plus intimiste des « Meurtres de Molly Southbourne », avec des scènes calmes, propices à l’introspection et qui permettent de mieux cerner non seulement l’état d’esprit de la nouvelle Molly, mais aussi la force des liens qu’elle a pu tisser avec ses « soeurs », toutes intrigantes car toutes marquées différemment par leur histoire de violence commune. Cet ultime opus compte également un bon nombre de scènes d’action et renoue avec le côté « thriller » du deuxième tome, notamment par le biais des révélations qui nous sont enfin données concernant l’histoire familiale de Molly, l’origine de ses pouvoirs, mais aussi les objectifs de l’organisation visiblement chargée de suivre et contrôler l’expérience dont elle a été victime. Le rythme est donc assez enlevé, avec des rebondissements s’enchaînant à toute vitesse et l’instauration d’une tension qui va croissante, ce qui rend la lecture particulièrement palpitante. Le style percutant de l’auteur y est aussi pour beaucoup, notamment en ce qui concerne les dialogues, à la fois nerveux et directs. Il en va d’ailleurs de mêmes des personnages qui peuvent, au premier abord, surprendre par leur rudesse mais dont on se plaît progressivement à appréhender les ambiguïtés et les failles. Les molly misent en scène et individualisées dans ce troisième tome sont évidemment celles avant lesquelles le lecteur entretient le lien le plus fort, que ce soit en raison de leur personnalité, de leurs talents (pour le combat, notamment) ou tout simplement à cause du poids de l’histoire traumatisante qu’elles portent ensemble. Les autres personnages ne sont cependant pas en reste et, bien que succinctement caractérisés, parviennent à intéresser le lecteur, qu’il s’agisse de Tamara, le fruit d’une autre expérimentation génétique, ou même de la tueuse lancée aux trousses des molly. Les révélations concernant l’histoire familiale des Southbourne sont quant à elles bienvenues et permettent de rassembler toutes les pièces du puzzle, même si certaines explications se révèlent un peu trop expéditives.



« L’héritage de Molly Southbourne » est un troisième tome qui clôt efficacement la série de Tade Thompson. On y retrouve tout ce qu’on avait pu apprécier dans les différents volumes, à commencer par une intrigue originale mêlant body horror et thriller scientifique, le tout porté par un style percutant et une (des?) héroïne souvent déstabilisante mais aussi très attachante.
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
Commenter  J’apprécie          110
L'héritage de Molly Southbourne

Bon, bon, bon. Ben c'était pas la folie douce. Les perches tendues ne sont pas assez explorées selon moi, source principale de ma déception. En effet, si l'auteur nous dévoile l'origine des clones et pas mal de secrets autour de Molly, j'ai trouvé qu'il n'allait pas au fond des choses. Plus, certaines pistes restent dans l'ombre, inexploitées, nous laissant avec des questions sans réponses. Pour être totalement honnête, j'ai même cru, arrivée à la fin, qu'il me manquait encore des pages. Vraiment dommage, car il y avait là manière à faire un truc décoiffant à la X-files sur fond géopolitique.



Au-delà de cela, je dois bien avouer que Molly...s a/ont sérieusement commencé à me casser les bonbons. Une sensation similaire à un excès de gâteau plein de crème, vous voyez ? Trop, c'est trop et ça pèse sur le ventre. En l'occurrence ici, j'avoue que je suis contente d'en être arrivée au bout mais clairement, je n'en aurais pas avalé une bouchée supplémentaire.



Enfin, il m'a manqué cette originalité et cette combativité du premier volume. Comme un soufflé qui retombe, L'héritage de Molly Southbourne n'a plus grand chose à offrir de décoiffant. La novella ne parvient pas, à mon sens, à clore cette trilogie de manière convaincante. La précipitation du dernier quart et l'ellipse finale (qui nous amène à des événements que je n'ai pas saisis parce qu'ils tombent comme un cheveu sur la soupe) ne m'ont pas satisfaite. J'ai vraiment eu la sensation que l'auteur avait torché sa trilogie comme s'il en avait eu ras le bol et envie de passer à autre chose. Pour moi, la boucle n'est pas bouclée et cette trilogie se casse la figure en cours de route - fort dommage.
Commenter  J’apprécie          110
La Survie de Molly Southbourne

Allez hop, c'est reparti pour le second round. Mais déjà, le ton a changé et l'ambiance aussi. Ici, on est davantage en mode survie en effet. On fuit et on laisse les choses se tasser. Forcément, c'est beaucoup moins rigolo et moins rythmé. La survenue d'un autre personnage m'a étonnée, mais pas captivée bien longtemps, pas très convaincue par son mode de fonctionnement et son apparente ressemblance avec Molly.



Je sens aussi que ça commence à tourner un peu en rond et à se répéter. Quelques révélations laissent penser qu'on en saura plus sur le "pourquoi" et plonger davantage dans l'aspect SF du bouquin, mais jamais très franchement. Bref, ce second volume selon moi comporte les faiblesses récurrentes d'un second tome : il n'a plus le côté original et frappant du premier tome, n'a pas encore l'aspect combattif du dernier tome où tout se règle, et constitue un entre-deux un peu mou mou. Alors certes, on y apprend la résilience qui est au cœur du récit, et là encore on peut constater la finesse de l'analyse psychologique des personnages effectuée par l'auteur (lui-même psychologue). Mais je préférais Molly/Obélix qui distribuait les baffes à tout bout de champ, c'est plus rigolo.



Malgré tout, là encore, j'ai enchaîné directement sur la suite, car comme je l'ai dit, la novella tend des perches qui m'ont titillée. J'ai cru déceler des débuts de réponses, et je me suis dit que le dernier tome, s'il saisissait ces perches, promettait d'être fracassant et entrerait davantage dans une sphère SF qui m'a clairement manquée jusque-là.
Commenter  J’apprécie          110
Les meurtres de Molly Southbourne

Super lecture que voilà. J'avais envie d'horreur. Et de format court dans la liseuse, pour m'endormir le soir. Molly Southbourne était donc le choix parfait. Bon, un peu moins pour dormir, j'ai fait quelques cauchemars après ^^



Assez surprise de trouver ce texte dans la collection UHL, par son positionnement un peu différent. Dans ce volume, on se concentre assez peu sur le "pourquoi" des clones. Ce premier tome est en effet davantage un roman de body horror qu'un texte de SF. Les clones sont là, leur origine n'est pas connue, et le cœur de l'intrigue c'est : s'enfuir ou se battre. Vous visualisez Trinity dans sa première scène de Matrix ? Elle se bat et elle se casse. Ben voilà, Molly Southbourne c'est ça, avec plein de Smith Mollys autour. Alors le rythme est soutenu, ça dégage sec et ça se lit vite. J'aime beaucoup les scènes de ménage expéditif, avec du sang qui fait splotch partout sur les murs. Les corps se déboitent, saignent, se fracturent... On explore les limites des sévices que l'on peut affliger à un être humain.



J'ai également trouvé qu'il y avait dans ce volume une réflexion sur notre rapport au corps assez chouette et très symbolique. Un clone qui nait à chaque goutte de sang, c'est quand même assez osé d'imaginer un concept comme ça. Et puis évidemment, Molly devient ado, et elle va devoir faire face à ses menstrues. Et là également, ça m'a semblé intéressant. Un sujet tabou, et un rapport entre les menstrues, qui marquent l'absence de fécondation, et la naissance d'un clone qui m'a semblé très bien exploité.



J'ai bien aimé enfin la manière dont la langue évolue avec l'âge de Molly, et suit sa métamorphose petit à petit, de gamine apeurée à tueuse dénuée d'émotions. Et comme je suis facilement bernable, je n'ai absolument rien vu venir à la fin. Non je n'avais rien deviné (et pour une fois j'ai pas lu la fin avant de terminer le bouquin) : donc j'ai été très agréablement surprise ! Et évidemment il me fallait la suite, pensez bien.
Commenter  J’apprécie          110




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Tade Thompson (593)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz mou

Quel le vrai titre du tableau de Salvador Dali connu comme Les Montres molles ?

La liberté guidant le peuple
Guernica
La Persistance de la mémoire
La Joconde

1 questions
46 lecteurs ont répondu
Thèmes : tribuCréer un quiz sur cet auteur

{* *}