"L'arbre du mal" de Tana French (@calmann.levy) est un roman fleuve, un polar qui trempe son intrigue dans le passé de ses personnages. Totalement haletant! #onlalu #instalivre #instabook #bookstagram #lecture #polar
Elle paraissait hébétée , comme si quelqu'un avait secoué son univers telle une boule à neige où rien ne se remettait en place...
Lucy allume une autre cigarette. J'adore la nicotine. Ça met les témoins à l'aise quand la situation se corse ; ça évite aux amis et à la famille de la victime de s'écrouler ; ça signifie qu'on peut rendre les suspects aussi agités qu'on veut et leur donner la possibilité de se calmer en un clin d'œil quand ça nous arrange. Les non-fumeurs sont plus compliqués : il faut trouver d'autres moyens de les manipuler . Si cela ne dépendait que de moi , toutes les personnes impliquées dans une enquête seraient à un paquet par jour.
Rory ressemble à un type dont la partie préférée , dans un jeu vidéo, est d'explorer le paysage et admirer le graphisme à la pointe de la technologie, plutôt que de descendre froidement tous les vilains.
J'ai déjà reçu deux messages.(...). " Bonjour beauté, j'aimerais beaucoup savoir ce qu'un aussi joli minois cache. Moi: spirituellement mûr, très créatif, grand voyageur ; les gens me disent toujours que je devrais écrire un roman sur ma vie. Ça t'intrigues ? "On en parle quand ? " Je reconnais la photo de profil ; quand j'étais en uniforme, j'ai arrêté ce type parce qu' il se tripotait dans un bus.
Elle [ la victime ] doit faire un mètre soixante -dix environ, mince, avec des talons aiguilles, un bronzage artificiel, une robe bleu cobalt moulante et un gros collier en imitation or. Son visage est couvert de mèches blondes, lissées et tellement laquées que même le meurtre n'est pas parvenu à les décoiffer. On dirait Barbie Macchabée.
- L'église, c'est pour les femmes, lui répond Mart (...). Les vieilles filles, surtout. Ça leur plaît de se mettre dans tous leurs états pour savoir qui va s'occuper de la deuxième lecture ou des fleurs de l'autel. Et les mamans qui amènent les mômes pour qu'ils deviennent pas des voyous en grandissant, et les vieilles qui veulent montrer qu'elles ont pas encore claqué. Quand un jeune commence à aller à la messe, c'est mauvais signe. Y a un truc qui cloche, dans sa vie ou dans sa tête.
(p. 131)
Il est plus déstabilisé que furieux. Ce sentiment, qui lui est aussi familier que la faim ou la soif, lui déplaît. Il n'a jamais supporté d'abandonner une enquête sans l'avoir résolue. Dans l'ensemble, c'était un point fort (...) mais de temps à autre c'était également une faille : en s'acharnant à cogner sur quelque chose qui ne se brisera pas, on finit juste épuisé et perclus de douleurs.
(p. 105-106)
- J'aurais pas supporté qu'une bonne femme m'impose ses lubies. Des fois qu'elle aurait voulu un lustre, ou un caniche, ou que je m'inscrive à des cours de yoga.
- Tu pourrais en dégoter une pas trop futée.
(...)
- Le Dumbo, il en est à sa troisième bourgeoise. On croirait pas, avec sa tronche et tout le bazar, mais je te mens pas. (...) Dumbo, il se trouve une femme comme moi je reprendrais un chien si Kojak me claquait dans les doigts, ou une télé si la mienne rendait l'âme. C'est parce qu'il a pris l'habitude qu'on lui souffle des idées. Sans femme à la maison, il sait pas quoi manger, ni quoi regarder à la téloche. Et sans femme à la maison, toi, tu saurais pas quelle peinture choisir pour les salons de ton manoir.
- Je vais partir sur du blanc, indique Cal.
- Et quoi d'autre ?
- C'est tout.
- Qu'est-ce que je te disais ! lâche Mart d'un ton triomphant.
(p. 35-36)
Déclenchez le rire d'une femme et elle en arrive très vite aux confidences.
Ils sont mabouls ces Anglais, confie Mart à Cal. Ils ont plus de compassion pour les animaux que pour les êtres humains. Dans son pays, y a des mômes qui ne mangent pas à leur faim, les bombardements font exploser des civils au Moyen-Orient, mais lui ça ne lui fait ni chaud ni froid, par contre, l’idée qu’on tue ce blaireau, il en aurait chialé. Et il en était qu’à sa deuxième pinte.