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Citations de Thierry Lentz (63)


Du moment où il fut chef d'État, on connaît son emploi du temps au jour le jour, le nombre de chapeaux que lui confectionna Poupart (entre cent soixante et cent soixante-dix) ou de culottes qu'il emporta à Saint-Hélène (dix-neuf), la couleur de ses yeux (gris-bleu) et de ses cheveux (châtains), sa taille (entre 1m68 et 1m69) et mille autres détails encore. On sait que son sourire conquérait jusqu'à ceux qui ne l'aimaient pas ; que sa voix pouvait être douce puis impérieuse ; qu'il savait feindre la colère et pouvait se laisser parfois déborder par elle. Il mangeait vite, chantait faux, prenait des bains très chauds, montait moyennement à cheval, aimait l'opéra italien, ne fumait pas mais priait, dormait lorsqu'il le voulait (environ sept heures par jour), plaçait sa main droite dans son gilet (geste banal pour l'époque mais qu'il a immortalisé), jetait par la fenêtre les livres qui l'ennuyaient, préférait une tenue modeste aux chamarrures qui l'auraient mis au même niveau que ses subordonnés. Il écoutait parfois avant d'ordonner. Il finit par ordonner sans avoir entendu ceux qu'il ne considérait plus comme ses conseillers mais comme des exécutants. Il détestait les longs discours, aimait que ses décisions fussent exécutées sans perte de temps. Il travaillait beaucoup sur tous les sujets sans en négliger aucun, entrant souvent dans le détail des nombreux dossiers qui transitaient par son cabinet. Il calligraphiait mal, prenait parfois un mot pour un autre mais dictait bien ce qu'il voulait écrire, parfois à plusieurs secrétaires en même temps.

(Prologue, page 9)
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Le rapport d'autopsie d'Antommarchi montre que si l'Empereur n'est pas directement mort du cancer ("squirre du pylore", selon le texte) ou de l'ulcère perforé, bouché par le foie, dont il souffrait, il fut lentement affaibli par une hémorragie interne qu'aggrava un traitement inapproprié à base de mercure [des grains de calomel] prescrit par le docteur anglais Arnott, [quelques jours avant le décès de Napoléon] contre l'avis [d'Antommarchi]. Les causes de sa mort font ainsi peu de doutes.

(Page 646)
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Après les dix premières années de la Révolution, les élites françaises tentaient de retisser la société, l'État tardait à se réorganiser et les anciennes monarchies attendaient le moment propice pour mettre un terme à la contagion des idées nouvelles, mère de l'expansionnisme français. C'est alors qu'une coalition de républicains modérés, d'idéologues, de "monarchistes sans roi" et d'hommes d'affaires s'empara du pouvoir en s'appuyant sur un jeune général ambitieux et populaire. Quatre ans et demi plus tard, Bonaparte restait seul aux commandes, entouré de ses alliés d'hier qui s'étaient pliés à sa puissante volonté.
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Nous considérons le Premier Empire selon deux points de vue, certes liés, mais qui ne se confondent pas : l'ambition de Napoléon de créer un "système" hégémonique en Europe d'une part, son œuvre de stabilisation et de construction institutionnelle et sociale, en France et hors de France, d'autre part. S'il n'est pas resté grand-chose du premier dessein à la chute de l'empire (c'est tout à fait frappant pour la France, mais pas seulement pour elle), le second a constitué un héritage pérenne.

(Avertissement général, page 9)
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A son apogée en 1920, l'Empire britannique, encore agrandi par les traités de paix, dominait le quart de la population mondiale et le quart des terres émergées, soit 540 millions de sujets répartis sur 33,5 millions de kilomètres carrés.
Quel sujet d'Albion n'aurait alors souscrit à la fière affirmation inscrite dès 1898 par la Poste canadienne sur ses timbres de Noël: "Nous possédons le plus vaste Empire qu'il en fut jamais?"
Lequel aurait pu imaginer qu'à peine un quart de siècle plus tard l'Union Jack commencerait à être replié sur tous les continents et tous les océans?
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Alors qu'Hitler a été englouti dans les ruines de son Reich, que Mussolini n'a pas refondé son Empire romain de pacotille, que Lénine et Staline n'ont jamais rempli le programme initial de leur révolution mais ont en revanche copieusement massacré leur peuple, Napoléon a fondé. Durablement.
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Sait-on que sur les 2281 articles d'origine, promulgués par le Premier consul le 21 mars 1804, près de la moitié est encore en vigueur ? À travers leur application et l'acceptation de leurs prescriptions, comme Monsieur Jourdain avec la prose, nous faisons en permanence "du Napoléon" sans le savoir.
De lui, nous avons aussi hérité les principes généraux de l'État, de son administration, des finances publiques (mais sa fiscalité était moins omniprésente et touffue que l'actuelle, avec moins de 15% de prélèvements obligatoires), de l'organisation judiciaire, du maillage des chambres de commerce et d'agriculture, de l'agrégation des enseignants en un seul corps, de la prééminence du droit du sol en matière de nationalité. Les lycéens rêvent encore à son baccalauréat et les moins jeunes arborent sa Légion d'honneur ou ses Palmes académiques. Plus prosaïquement encore, nous lui devons la création des pompiers de Paris, des premières vaccinations de masse (contre la variole), du numérotage des rues, de l'obligation de balayer devant sa porte ou d'enterrer nos morts à six pieds sous terre.
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Attribuer le qualificatif de "napoléoniennes" aux guerres de 1800 à 1815, pour être commode et habituel, n'en est pas moins trompeur : le chef d'État français continua pour l'essentiel les guerres de l'Ancien Régime et de la Révolution. Il ne fut donc pas responsable de toutes celles qui survirent sous son gouvernement. À y regarder de près, seule celle d'Espagne de 1808-1813 peut lui être imputée sans réserve. Les autres furent les conséquences des rivalités nées tout au long des décennies précédentes (pour ne pas dire les siècles), exacerbées par la Révolution.
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Moniteur universel : Le 8 décembre 1799, Le Moniteur universel devient le "journal officiel du gouvernement", soit le seul quotidien à bénéficier des informations données par le pouvoir exécutif et les organes administratifs. Fondé par le libraire Panckoucke en 1789, passé l'année suivante entre les mains de son gendre Agasse qui continua à l'imprimer..., il resta toujours une feuille privée.
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Orgueilleux et connaissant sa valeur, il était convaincu d’être le seul en France à savoir vraiment exercer le pouvoir. Il en jouait, disait-il, comme d’un violon.

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Explorer l'histoire, c'est comme voyager dans un pays dont on ne peut comprendre qu'avec peine la langue, les codes et les mœurs. L'idée de gloire fait partie des surprises de l'explorateur des XVIIIe et XIXe siècles. Elle ne signifie plus grand-chose aujourd'hui et n'est plus guère prise au sérieux que sous la plume des journalistes sportifs. Tout juste si l'on peut avoir son "heure de gloire", avatar du quart d'heure warholien de célébrité, pas davantage. Elle était pourtant au cœur de la société de l'Ancien Régime, de la Révolution et de l'Empire. C'est on ne peut plus sérieusement que Napoléon écrivait un jour de décembre 1804 au général Lauriston : "Vivre sans gloire, c'est mourir tous les jours."
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Ce ne sont plus des individus qui sont "racistes", "homophobes" ou je ne sais quoi d'autre, mais des sociétés entières (...) réduites à ses travers ou à des crimes que nous aurions tous commis par descendance.
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C'est en essayant de l'exposer devant un public d'élite - des professeurs d'histoire géographie de l'enseignement secondaire publique - que je me suis attiré les foudres d'une professeure qui, je l'ai dit plus haut, quitta bruyamment la salle pendant ma communication, en m'adressant un geste déplacé. Je me demande depuis comment elle avait enseigné la complexité de l'histoire à ses élèves.
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Pour réussir l'attentat du 22 novembre, Oswald a dû, en six secondes environ, toucher deux fois sur trois tirs l'épaule puis la tête de sa victime, avec un fusil peu précis et en mauvais état. P. 258
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Préparée dans le plus grand secret, mettant en œuvre des moyens militaires exceptionnels, soit près de 350 navires transportant environ 38 000 soldats, encore rehaussée par la présence de plus d'une centaine de savants, l'expédition d'Egypte nous étonne et nous fascine, comme elle a étonné et fasciné les contemporains.
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S'il est peu contestable que Napoléon Bonaparte gouverna avec autorité, rudoya les organes de contrôle et de conseil placés à ses côtés par les constitutions, baissa le législatif au rang d'organe technique, perdit à certains moments le sens des réalités (surtout en politique étrangère) et décida seul, il n'est pas exact de qualifier son régime de monarchie "absolue", ni même de "dictature" et encore moins de "dictature militaire".
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Le 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799), vers 7 heures du matin, Joseph se présenta au domicile de Bernadotte qui avait accepté la veille de l'accompagner rue de la Victoire, pour un nouveau rendez-vous avec Napoléon. En arrivant sur place, l'ancien ministre se rendit compte qu'on essayait de le piéger : une foule d'officiers attendait les ordres, signe que le coup d'Etat commençait.
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Tout bien réfléchi, cet essai aurait pu aussi s'intituler "Pour l'histoire". Même lorsqu'elle est tragique, elle est une richesse. Clio fait réfléchir, tient l'esprit critique en éveil et, par le dialogue, ouvre aux autres. Elle n'est un traumatisme que pour ceux qui ne veulent rien construire en commun et n'ont l'œil que sur ce qui est amer ou étroit.
Surtout, l'étude et la connaissance de l'histoire rendent libre. J'oserais même dire intelligent et moins perméable aux tromperies à la mode. C'est encore Emmanuel Berl qui écrivait que "si elle ne permet pas de prédire ce que feront et ne feront pas les gouvernements et les peuples, elle permet du moins de les entendre avec moins de sottise et de leur répondre sans trop de stupidité".
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Le Consulat commence le 11 novembre 1799 au matin du troisième jour du coup d'Etat du "18 brumaire". Il s'achève formellement le 18 mai 1804, avec la proclamation de l'Empire.
Durant cette brève période, le cours de l'histoire de France et, à bien des égards, de l'Europe a été infléchi comme rarement il le fut.
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Ecrire et faire adopter un Code civil aussi complet n'était pas rien, et je me plais souvent à citer sur ce point Robert Badinter qui écrivait : "Toute entreprise de codification, pour réussir, requiert trois conditions : un moment favorable, des juristes de talent, une volonté politique." Le moment fut l'apaisement intérieur consécutif à Brumaire et un désir collectif de stabilisation. Les grands juristes avaient pour noms Cambacérès, Portalis, Tronchet, Maleville, Bigot de Préameneu, etc. La volonté politique était incarnée par Bonaparte, dont on ne doit pas sous-estimer ni la formation juridique - ses connaissances étonnaient parfois les jurisconsultes -, ni une profonde réflexion sur les voies et moyens de la réussite de l'entreprise codificatrice.
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