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Critiques de Thierry Noiret (31)
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Aujourd'hui, c'est déjà la nuit

Avec un recueil de 11 textes (fables modernes) je découvre enfin cet auteur aux multiples facettes. Je pensais, en réalité, commencer par ses poèmes, mais je fus finalement attirée par son dernier titre tout juste paru le 2 novembre. La quatrième de couverture me semble très éclairante, c'est pessimiste mais lucide et pour « la morale » le lecteur garde une belle marge de manœuvre.



Paradoxalement, j'aime les écrits en marge du désastre universel. Ici la plume est vive, alerte et caustique. J'ai beaucoup aimé « La Chute d'Icare » qui évoque le tableau de Pieter Brueghel l'Ancien ou la « Philosophie des objets » qui traite de l'affrontement des hommes aux machines et où on peut lire : « La grande difficulté à résoudre pour les concepteurs de systèmes informatiques n’est pas d’apprendre à la machine à trouver ni à choisir les informations dont elle a besoin mais de lui assigner des objectifs et des valeurs. […] l'homme ne descendrait-il pas tout autant de la machine que du singe ? ».



J'ai décelé de l'humour dans les textes « Moire », sur les Quasars (Quasi événements dus au hasard), ainsi que dans « Le Monde selon Saint Pantalon » ( où « l’humanité entière fut prise aussi d’une frénésie du jeu... ») mais pas que.



Ce que j'ai le plus aimé c'est « l'Entrevue avec le Narrateur (Art poétique) » où « l’écrivain naît et grandit non pas dans les choux mais au milieu des feuillets qu’il remplit » ainsi que la petite note d'espoir de l'épilogue.



Je recommande la découverte de la plume de Thierry Noiret qui se déguste lentement et qui incite merveilleusement à la réflexion. Voici un livre riche en questionnements, envoutant.

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Aujourd'hui, c'est déjà la nuit

Non pas une critique - ce serait mal venu de ma part à propos de mes écrits - mais l'envie de partager ce moment de réflexion sur ce qu'on retient du passé. En 1989, je m'étonnais de la chute du mur de Berlin, du rideau de fer, de la fin d'une guerre vraiment froide.

Aujourd'hui, en Europe, elle est revenue, brûlante même, cette guerre avec entre autres les mêmes préoccupations, la lutte des grands empires, la souveraineté des territoires et surtout derrière une population qui souffre, qui aspire à une juste paix, à l'autodétermination et la liberté.



Voilà pourquoi Aujourd'hui, c'est déjà la nuit... une fois de plus !



Partager des moments de l'histoire, de notre passé n'est jamais perdu : raconter nous ravive la mémoire de ce qu'on

croyait fini mais non oublié.
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Auteurs contemporains

Trois études qui, dans les collèges, dans les lycées, apporteront les premières grilles de lecture des ces trois grands du XXème siècle.
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Dentelles des Flandres

Excellent!

Dans le plus pur style du fantastique belge; j'ai énormément apprécié me retrouver dans cette ambiance si particulière à mon pays.

Magnifiquement écrit, très agréable à lire, l'auteur manie habilement les mots. Réalité, imagination, poésie, rêve, tout y est.

Je vous recommande chaudement ce court recueil de nouvelles, parfois tendre parfois ironique mais ô combien dépaysant.
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Dentelles des Flandres

L'écriture de Thierry Noiret est elle-même une dentelle délicate et délicieusement ciselée avec les outils du poète. D'ailleurs, la dédicace revêt la forme d'un poème (cf. citations postées ici).



Les quinze nouvelles semblent hors du temps et pourtant, le prologue est, quant à lui, bien ancré dans un temps pas si lointain (« un samedi fin avril 2016 »). Est-ce parce que les eaux opèrent lentement leur travail de dentellières (« la mer avait repris ses droits sur le plat pays ») que l'auteur affirme « tout vient, tout s'en va, les lieux ne sont pas éternels » ? Et pourtant, l'écriture est bien là pour saisir cette éternité de chaque instant, cette nostalgie à l'oeuvre dans ces récits d'une grande poésie, à lire lentement.



« Il est des carrefours où vient se perdre le pèlerin quand il oublie l'objet de sa quête » (p. 45). C'est précisément en pèlerin de belle écriture que je suis entrée, encore une fois, dans l'univers lumineux (malgré tout !) de Thierry Noiret. J'en sors émerveillée et humblement admirative.

Je précise enfin, que l'usage des répétitions apporte une étrange musicalité baroque.

Histoire et géographie se mêlent subtilement pour une flânerie hors pair.
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Dentelles des Flandres



Carnet de voyages d'un type particulier, son auteur, flânant au fil de l'eau, au long des canaux interminables et dans des cités parmi les plus emblématiques de son pays natal, nous promène dans une Flandre sublimée par un imaginaire poétique et par un onirisme qui ne renient aucunement, ni le passé légendaire de cette dernière, ni ses plus illustres représentants, symbolistes, expressionnistes ou surréalistes.



Parti avec le dessein d'écrire un ouvrage et de rendre hommage aux cités flamandes, mais aussi, visiblement, avec cet élan romantique de wanderer retourné sur les lieux de son passé afin d'assouvir au passage sa propre «Sehnsucht», il s'y égarera néanmoins plus souvent peut-être que prévu au départ, s'abandonnant sans aucune retenue à ses propres rêveries, ce jusqu'à se confondre avec l'environnement, si bien que son livre, à force de miroiter cette fragile «dentelle humide de ces terres marines» où ni l'homme ni l'eau n'ont jamais tout à fait le dernier mot, finit par ressembler à celle-ci comme…deux gouttes d'eau !



Eaux, digues, pluie, marées, canaux, fleuves se déversent sur ces "liquid papers" qui ne cessent de vouloir donner une forme provisoire à l'estuaire imaginaire de l'invétéré rêveur, à l'instar des contours mouvants, par essence changeants, de ces «terres périssables», au-dessus desquels la menace de submersion, réelle ou imaginaire, plane constamment, alimentée par les conséquences catastrophiques, à terme, d'un dérèglement climatique aggravé, autant que par celui d'une mémoire qui, avec le temps, et la distance s'installant, risquerait aussi de partir à vau-l'eau…



Suivant les traces de Rachel, sa muse, ou plutôt «aquemuse» d'ailleurs, habitante de «quelque fleuve paisible aux berges désertes, ou parmi les vagues dans le creux des digues », ce sont en l'occurrence celles entre matérialité et immatérialité, entre souvenirs et fantaisies, entre passé et avenir, ou bien entre poésie et prose, qui risquent plutôt, pour notre plus grand plaisir de lecteurs, à tout moment de se rompre ici !



Circuit géopoétique où, entre autres, il sera question d'une abbaye bâtie à partir des seuls sables, vents et eau de mer ; d'une cité qui, à force de construire des digues pour se protéger des eaux, se fait engloutir par une marée de terre ; d'une rébellion de statues, bronzes, cariatides, anges et gargouilles livrés à un étrange rite païen au bord de l'Escaut; d'un cortège de monuments historiques en rang serré, venus tels la montagne à Mahomet, à la rescousse d'un voyageur de retour dans une ville qu'il ne reconnait plus ; d'un mouvement spontané de foule lancé à la recherche d'eaux souterraines bruxelloises, la Grande Place transformée pour l'occasion en un immense réservoir à ciel ouvert ; ou encore, de vacanciers emportés vers les hauteurs d'Ostende, suspendus dans les cieux comme dans le tableau de Magritte lors d'une étrange marée d'équinoxe… !

Où notre auteur, enfin , quoique solide transbordeur d'imaginaires, collectifs et individuel, submergé à son tour par la force incontrôlée de ses grandes marées intérieures, se demandera au bout d'un moment s'il est lui-même le véritable auteur de cet ouvrage, ou si ce dernier ne serait en réalité qu'une pâle copie d'un autre livre, déjà écrit, probablement des siècles avant sa naissance, et dont il aurait sans s'apercevoir usurpé les mots et les légendes, aujourd'hui oubliées.

(Rassurez-vous, Thierry, dans des cas comme celui-ci, et dans ce sens précisément, cela arrive plus souvent qu'on ne le croit de se plagier un autre qu'on ignorait jusque-lors accueillir au sein de soi-même !!)



Moi en tout cas, qui ai le coeur flottant entre deux latitudes éloignées, entre un vieux et un nouveau monde, séparé par un océan véritablement atlantique, je m'y suis souvent reconnu dans les contemplations empreintes de lyrisme naturel et de douceur nostalgique traversant ces textes courts d'un recueil hybridé par un spleen de fond, à mi-chemin entre poésie et prose.



Voilà en quelque sorte, me suis-je dit, des «dentelles langagières» aussi, que l'auteur voudrait peut-être pouvoir offrir en cadeau à sa «matrie» qui s'éloigne. Et dont, pour ce qui me concerne, ma propre «saudade» à moi aurait certainement contribué à faire apprécier leur texture particulière, ajourée, leurs tonalités fugitives ou leur délicate évanescence…



Dans ces évocations d'un «expatrié» de retour provisoirement chez lui, le ton d'épopée qui, d'autre part, les insufflerait par moment, ne pourrait-il servir en même temps d'exutoire face à cette angoisse de perdre pied, de se sentir étranger chez soi, planant dans les airs comme ces touristes accidentels à Ostende, inquiétante étrangeté que j'ai eu moi aussi l'occasion de connaître à maintes reprises, celle qui s'empare de vous lorsqu'on remet effectivement les pieds dans son Ithaque mythique ?



"Je revins chez moi comme un enfant trouvé."



Ou peut-être ne fais-je que broder à mon tour… !?



Mais tout bien considéré, ne serait-ce pas parce que l'auteur lui-même, conscient apparemment du fait que chaque lecteur est co-auteur du livre qu'il est train de lire, et laissant spontanément «s'épancher son âme» sans chercher à tout prix à extraire un sens sec et ferme à ses récits mouvants et humides, m'aurait en fin de compte largement incité à faire pareil?



Dans tous les cas, ce que je suis sûr de retenir de cette lecture, c'est que, réels ou fictifs, «tous les paysages existent lorsque l'on parle d'eux» !



Et ceux, surprenants, tout à fait nouveaux pour moi de la campagne et des cités flamandes que j'ai découverts grâce à ce recueil, me feront sûrement porter un regard différent sur les choses lors de mon prochain séjour en Belgique.



Merci l'auteur ! Merci l'ami... !





..

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Dentelles des Flandres



Ce recueil de 15 nouvelles, précédé d'un prologue et suivi d'un épilogue, est l'oeuvre d'un belgo-canadien habitant Montréal, mais né à Bruxelles en 1962.



Contrairement à mon habitude. je ne vous brosse pas la biographie de Thierry Noiret, pour la simple et bonne raison que l'auteur l'a fait lui-même sur Babelio, sous son pseudo "tiri_noiret" , mieux que moi je pourrais jamais rêver le faire.



Lorsque j'ai vu ce titre "Dentelles des Flandres", mon esprit s'est envolé directement à la splendide ville de Bruges et plus particulièrement au fascinant Béguinage, où ont vécu avant les pieuses béguines "responsables" de ces splendeurs que sont les fameuses dentelles qui attirent encore toujours de nombreux curieux et acheteurs dans les boutiques spécialisées.

Au Musée de la Dentelle, des cours sont toujours offerts aux amateurs intéressés et il y a donc moyen d'apprendre les fines ficelles de cet art.



Toutefois, les dentelles de Thierry Noiret sont la "dentelle humide des Flandres... ces terres marines, ces canaux ... ces terres salines" qui font le charme de cette région en-dessous du niveau de la mer.

Une région que l'auteur craint qu'elle disparaisse si "les eaux gelées des pôles viennent à fondre".



Une région si poétiquement et merveilleusement chantée par le grand Jacques Brel.



Il se trouve que le tout premier chapitre "L'abbaye des Sables" est situé tout près de l'endroit où j'habite à La Panne. L'auteur voit "près des côtes françaises, un espace vide de verdure, d'habitations... bien connu des exilés, des fraudeurs et contrebandiers, des passagers clandestins, un véritable désert où ne cohabitent bien péniblement que vents et sables".



Incroyable coïncidence amère, ce matin, 21 janvier 2020, de cet "espace vide" un petit bateau est parti pour traverser la Manche, avec à bord 14 réfugiés d'origine afghane et iranienne. Un peu plus loin il a chaviré et sombré, 6 migrants ont pu être sauvés, les 8 autres sont portés disparus et les considérables opérations de recherches viennent d'êtres abandonnées !

C'est un endroit que je connais bien pour y avoir souvent promené mon setter irlandais (avant l'invasion féline de ma maison) et croyez-moi cela m'a causé un choc en regardant les informations.

Je m'excuse auprès de l'auteur pour cette petite parenthèse personnelle.



Rivières et canaux si poétiquement évoqués par Thierry Noiret, forment le cadre physique de mon enfance. Derrière le jardin de la maison de mes parents coule la Lys à un endroit au nom très catholique de Vive-Saint-Éloi (Sint-Eloois-Vijve en Flamand) et sépare ce village du village voisin au nom tout aussi catholique de Vive-Saint-Bavon (Sint-Baafs-Vijve).



Le poète flamand d'expression française, Ėmile Verhaeren (1855-1916), grand ami de Stefan Zweig, a consacré à la Lys un merveilleux poème :



Lys tranquille, Lys douce et lente

Dont le vent berce, aux bords, les herbes et les plantes,

Vous entourez nos champs et nos hameaux, là-bas,

De mille et mille méandres,

Pour mieux tenir serrée, entre vos bras,

La Flandre.



La Lys, qui avec ses méandres, se dirige à Gand où elle termine sa lente course dans l'Escaut.

La ville de Gand, cher ami Thierry, que vous semblez aimer tant et que vous mentionnez de façon si lyrique, a été le cadre de ma jeunesse, puisque j'y ai reçu, au Collège Saint-Michel, mon enseignement secondaire et rencontré ma première petite amie, qui elle suivait des cours au Pensionnat Saint-Bavon, un peu plus loin.

Donc, je suis bien placé pour comprendre ce que vous appelez "le chant de mélancolie" qui vous attache à cette ville.



On ne peut parler des canaux de Flandre sans mentionner, comme vous faites d'ailleurs, ceux de Damme, où l'écrivain Charles De Coster (1828-1879) a placé son rebelle sympathique, Till l'Espiègle, que des décennies plus tard le grand Gérard Philipe incarnera définitivement à l'écran.



Vous n'avez pas non plus oublié les "bas nuages" au-dessus de la ville d'Ypres, tristement célèbre comme épicentre des batailles de la Première Guerre mondiale et le Canal de Furnes qui relie cette région au bassin français de Dunkerque.



Mon ami Thierry, je ne sais franchement pas comment vous remercier pour vos superbes évocations littéraires, poétiques et émouvantes du pays où j'ai passé mon enfance et adolescence et où je vis actuellement.

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Dentelles des Flandres

La littérature fantastique belge n'est pas morte! Pour preuve cette promenade parmi les paysages des Flandres où villes, paysages ou rencontres sont sont prétexte à l'émergence de l'imaginaire.



Indispensable pour tout amateur de fantastique,, de poésie, d'imaginaire... et tout Belge en général.
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Dentelles des Flandres

Je me suis plongé dans la dentelle littéraire de Thierry Noiret avec délectation. D'une part, je partais avec une sérieuse envie de découvrir son travail et d'autre part, les terres foulées dans ces nouvelles ne me sont pas totalement inconnues. Son style très singulier, qui relève (de mon point de vue) de la nouvelle poétique, se situe entre Émile Verhaeren, Italo Calvino (pour "Les villes invisibles") et Brueghel. Ses textes sont des tableaux mouvants, qui nous transportent dans un mouvement unique, aux desseins improbables, qui s'unissent néanmoins dans la quête de l'eau. Entre le démembrement des pavés de Bruxelles (mon texte préféré grâce à son énergie baroque), au joyeux portrait du pêcheur fou en passant par la légendaire géante, j'ai été comblé ! "Le grand réservoir" donne à réfléchir sur notre rapport à cet élément dont on va beaucoup parler. C'est fin, précis, ouvert, détaillé et jamais innocent. Sacré travail. Bravo l'artiste et à très bientôt !
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Dentelles des Flandres

Prenant pour cadre quelques cités Flamandes, Thierry Noiret laisse glisser sa plume au gré de son imagination pour composer ce recueil regroupant quinze récits, aussi insolites que fantasques. A la faveur d'un beau style littéraire, il nous invite à communier avec l'histoire et ses légendes, les hommes et la nature, nous emportant, tel un magicien, dans le tumulte des mots et des flots pour un voyage au long cours, intemporel et poétique.



Tour à tour, archéologue, historien, passeur de légendes et bâtisseur de rêves, l'écrivain poète possède plus d'une corde à son arc pour charmer et emporter le lecteur dans ses fantasmes. D'une écriture élégante et limpide, il fait renaître, sous nos yeux ébahis, des villes de légende telles que Gand, Furnes, Bruges, Calais ou Bruxelles qu'il réinvente au gré de ses flâneries fantasmagoriques dans un délire vertigineux d'épithètes et de métaphores qui embrume notre esprit.



La mer du Nord, les marées, les canaux, la brume, les nuages, les rivières souterraines, les trompes d'Ypres, tout reprend force et vie d'un coup de baguette magique. Même les sculptures du jardin du Middelheim se réveillent et déambulent durant la grande nuit d'équinoxe, elles me font penser à la série de films américains « La Nuit au musée », adaptés de l'album illustré pour enfants « A Night at the Museum » de Milan Trenc.



Happée par cette lecture insolite, j'ai parfois eu l'impression de quitter le réel pour m'élever dans les airs et de planer, emportée dans des rêves fous, perdue dans les méandres du temps…



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Des continents plein les poches

Des continents plein les poches est un superbe recueil de poésie de voyages.

Au travers de toutes ses pérégrinations, l'auteur nous emmène avec lui faire un tour du monde des continents. Mais au lieu d'un simple carnet de voyage,

Il nous livre des impressions saisies sur le vif comme un peintre faisant son tableau. S'attachant aux nombreux détails des lieux qu'ils soient urbains ou campagnards, il photographie par les mots, en versification ou en prose, les ambiances, les monuments, les endroits où les choses qui l'entourent.

Cependant témoigner de ces promenades autour du globe ne lui suffisait pas, il n'hésite pas avec un ton et des expressions bien à lui superposer un imaginaire d'évasion sur ses propres expériences rendant le récit poétique parfois onirique. En cela, il est pour moi le digne disciple de Blaise Cendrars, poète voyageur journaliste à la rhétorique instinctive avec un zeste de fantaisie poétique.

Merci beaucoup à Thierry Noiret alias the_noir pour m'avoir fait voyager en poésie.

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Guerre et guerres

L'Histoire serait-elle un éternel recommencement ? Ce qui est certain c'est qu'il y aura toujours un avant, un pendant puis un après-guerre. Lorsque les canons se taisent définitivement, quand les villes entièrement détruites, agonisent sous leurs décombres, il faut alors un courage immense pour panser les blessures et tout reconstruire. Déblayer les ruines pour rebâtir tout ce qui a été déconstruit, bombardé, anéanti, afin que les populations reprennent goût à la vie et récupèrent leur dignité dans la promesse d'une paix retrouvée. Parce que la vie doit absolument reprendre son cours, progressivement, difficilement mais sûrement ; même si rien ne sera tout à fait comme avant…

Thierry dit : « La guerre, on s'y fait et la paix aussi ».



Depuis Montréal, son havre de paix, le journaliste Thierry Noiret écrit avec sensibilité et passion, entre oubli et souvenir, il veut frapper les esprits, il ne peut pas taire les cris ! Dans un long monologue, lourd et profond de sens, il raconte les horreurs des guerres, ces guerres qu'il a vécues en direct, en observateur, à Varsovie, à Sarajevo, et dont il peut témoigner. Pour apaiser sa conscience, il règle ses comptes avec L Histoire, avec ceux qui provoquent, participent, médiatisent à outrance l'infâme barbarie de la guerre. En parallèle, l'auteur s'associe à la peine des populations qui ont fui ces conflits pour ne pas les subir ou qui en ont souffert et continuent à en souffrir, tentant désespérément de survivre au milieu des ruines du passé, dans l'espérance de jours meilleurs...

Thierry dit : « Peu de paroles, rien à dire, ils sont revenus pour reconstruire ».



Pour terminer, Thierry fait une légère digression en nous confiant un grand chagrin, celui d'avoir perdu « son ange gardien », un ami de fac, massacré à Kigali… Il dit : « Les anges sont bien chétifs devant l'éternel appétit de l'histoire » et « Echappe-t-on à l'histoire quand celle-ci est en fureur ? ».



Témoignant de faits de guerre, aussi cruels qu'authentiques, j'ai beaucoup apprécié la démarche de l'auteur qui confie ses états d'âme, sans détour mais toujours avec une certaine retenue et beaucoup d'élégance, avec une extrême pudeur et une grande sincérité ! Merci infiniment…

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Guerre et guerres

Sans jamais côtoyer la poésie de l,horreur, l'auteur tente de rendre un souffle à ceux qui restent sous le coup de ce qui tue toute vie. Plus qu'à la guerre, il s'intéresse aux rares paroles des survivants, celles qu'ils devraient dire, pourraient dire ou n'ont jamais osé proférer.
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Poésie - Abstractions

Non pas une critique - ce serait mal venu de ma part à propos de mes écrits - mais une pensée subite :



Quoi de plus interpellant qu’une toile abstraite ?

Sinon une poésie abstraite - ou peu s'en faut -

Une poésie qui invente les mots dont elle a besoin.
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Poésie - Abstractions

MAGNIFIQUE ! Tout commence par la musique pure des « chuchotements lourds de sens » pour finir par mes poèmes préférés « Les musées vous diront », une chevauchée de fantaisies en présence physique des oeuvres d'art.



« Quand la nature fuit à toutes jambes

Je me jette dans les cieux sans nuages

Du haut de ce pont des âges

Et le temps caché dans mes vers tremble »



Je relève cette première citations. Et plus je pénètre dans ce livre de Thierry Noiret plus je sens que nos quêtes sont jumelles. Cette écriture me remplit de bonheur comme une rencontre, comme si nous nous étions croisés sur un pont. Mais ce n'est ni une passerelle parisienne, ni un ponceau vénitien, ni un géant enjambant le Saint-Laurent : c'est le Pont des Âges et c'est une autre dimension !

J'ai appris dans la présentation de l'auteur sur sa page Babelio qu'il considère les années de 2006 à 2013 comme son ère de Peinture. C'est un abandon provisoire de l'écriture pour abreuver la page blanche de formes et de couleurs. Il achève alors de nombreux tableaux et donne quelques expositions. Sur la couverture de cet opuscule est placée une de ses oeuvres : « Croisée des chemins » qui m'a immédiatement captivée et incitée à l'acquisition des poésies. Dans ma tête puis sur Internet, j'ai cherché des écrivains qui ont produit également des tableaux, vu mon intérêt particulier pour cet art. J'ai trouvé des noms aux quatre coins de l'horizon tels que Victor Hugo, Jean Cocteau, Henri Michaux, Jack Kerouac, Hermann Hesse, Günter Grass, Charles Bukowski, Henry Miller, William S. Burroughs, Edward Estlin Cummings, Tennessee Williams, Alain Yvars... Avec Pablo Picasso ou Oskar Kokoschka c'est plutôt l'inverse car leurs écrits sont aujourd'hui éclipsés par leur peinture. J'ai donc envie de continuer cette liste avec notre ami Thierry Noiret !

La première partie de ce recueil est une révélation pour mon odorat aiguisé de grande olfactive tant les descriptions et les évocations me motivent ! D'ailleurs j'ai posté quelques extraits avant de formuler ce billet émerveillé. Et pourtant l'auteur presque s'excuse pour ces « oeuvres de jeunesse »…

Au centre de cette moisson poétique se trouve « LE BANC », « vers pour une improbable tragédie », qui représente un dialogue incisif entre le Poète (P) et l'Actrice (A), le Rêve et la Réalité. En voici un petit bout pour goûter :

« P :

Je pose ma main sur tes yeux

Nous voilà enfermés

Dans les plus beaux déserts

A :

Où flottent

Poussières et récits

Histoire du monde qui recommence

Poussée par de trop vieux vents

Par des cortèges trop faux »



Je me confonds en citations ! Vive l'Abstraction ! En voici la dernière :

« Portrait de Greta, d'après Henri Matisse.

Femme de cuivre, bleue de cuivre, si tremblante lumière habillée de ciel couchant. Masque ou modelé de pâleur lunaire.

Corps translucide de nuit d'hiver qui tombe en patients pétales, tombe en regards pudiques. »

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Roman, un jour

Non pas une critique - ce serait mal venu de ma part à propos de mes écrits - mais un moment de réflexion sur ce qu'est une biographie. Est-on plus ce qu'on a fait ou ce qu'on a voulu faire, ce qu'on a aimé faire ou ce qu'on a été ?



Roman, un jour est une biographie mais qui ne parle ni de moi, ni de personne, une biographie qui ne parle que de ce qu'on a envie de dire, d'écrire sur un moment vécu, qui pourrait l'être ou l'avoir été, qui le sera certainement, vécu en mots et phrases, en périphrases et en périodes.

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Roman, un jour

Le roman de Thierry Noiret explore une idée originale et audacieuse que l'auteur s'est donné comme une contrainte d'écriture qu'il respecte scrupuleusement tout au long du récit.

Il établit un parallèle, qui devient de plus en plus évident au fur et à mesure de la lecture, entre la conception, le développement et la naissance d'un roman et ceux d'un être humain.

Le roman s'est fait homme. le roman se fera homme. Il naîtra, il vivra, il mourra non sans avoir connu les vicissitudes de la vie, ses aléas et ses tracas.



Rédigé sous forme de questions le récit interroge nos propres convictions sur le sujet et s'il nous pousse parfois à sourire voire à rire, il nous pousse souvent dans nos retranchements.

L'auteur pose la question que nous nous posons tous en venant au monde : c'est quoi la vie, comment nous est-elle donnée et qu'en faisons nous ?

« Venir au monde, ce n'est pas rien ! Il vaut mieux y réfléchir à deux fois. Tant qu'il en est encore temps ! L'essayer c'est l'adopter, lui souffle-t-on dans l'oreillette. »



Au moment de l'impact d'un spermatozoïde et d'un ovule ; alors qu'il n'est qu'une vague idée déambulant paresseusement dans les circonvolutions cérébrales de l'écrivain, le foetus/roman est-il conscient de ce qui est sur le point de lui arriver ?



Retranché maintenant dans son domicile utérin, passé à l'état de notes griffonnées à la hâte sur un papier de circonstances, le foetus/roman est-il plus conscient de son avenir probable ?



Il vit douillettement, sans risques, à l'abri du besoin sans aucune conscience de ce qui l'attend !



Arrive le moment de la naissance. Ce saut dans l'inconnu : conséquence d'une décision volontaire ou résultat d'un réflexe donnant le signal du terme échu ? Allez savoir !

« Il y a enfin ce besoin impérieux. Une crampe, ça vient de l'intérieur, ça lui donne envie de contracter tout le corps puis de sucer, téter, crier. Oui, comme ça, la succion le calme. Encore du nouveau, une impression douce et crémeuse, tiède, réconfortante qui se glisse au plus profond de lui-même. Il s'apaise, cela suffit, le sommeil le prend. »



Il est sorti ! Et maintenant ?



« Maintenant il a une maman. Et pour longtemps, il sait qu'il peut compter sur elle. le monde peut enfin dormir. Il peut aussi poser sa plume, le récit prend forme. »

Il laisse à ses parents, le soin de le nommer :

« - Je te baptise, Roman, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. »



Roman est double. Mais, « (…) il ne veut pas de cette chose, chétive, charnelle mais sans chaleur.(…) Roman se sait fait de mots, pas de chair : il suffit d'assembler les pages de sa biographie pour développer son être pensant… Pourquoi s'encombrer d'une anatomie ? »



C'est dans cette enveloppe charnelle que Roman connaîtra de sa vie, celle qu'il veut, va, est en train de, raconter :

« La vie de Roman s'égrène ainsi : impossible d'échapper au rituel des courses pour dîner, des files, des foules aux chariots encombrés, des cartons publicitaires qui vous attendent dès l'entrée, de cette musique suave entrecoupée de « Monsieur Biencourt est attendu caisse trois ».



Il passe au stade de la révolte, de la volonté d'en finir avec cette enfance contrainte :

« Roman, enfant, ça le fatigue qu'on décide tout pour lui, ses parents, ses professeurs. Plus tard, ce sont ses patrons, son rédacteur en chef, son éditeur… et surtout celui-là qui ne sait pas toujours de quoi il parle mais qui s'obstine à raconter sa vie quitte à remplir le vide des pires élucubrations : le narrateur. »



« Il emballe le tout dans le drap posé à même le sol, va au vide-ordures et d'un tour de bras bien ferme, sans regret ni rancune, sans empressement ni émotion aucune, jette son enfance. »



Sait-il qui il est réellement ?

« À jouer à s'incarner, Roman se prend au jeu. Parfois à force de remplir le papier, il se sent des morceaux de chair gratter sur tout le corps. Alors, se pose une fois encore la question de l'existence. Une vie pour de vrai ? »



Il revient toujours à cette question existentielle :

« Roman croit que l'on ne peut pas se couper de sa propre histoire. »



Il parvient maintenant aux rivages de la sénescence, de l'oubli et de la fin :

« Au moment de poser son stylo, il hésite un instant. Oui, s'il manquait encore quelque chose à sa vie, non pas tant à faire ou à voir, ni une mélodie à écouter ? »



« Alors, vivre ou s'écrire ? Où est la subtile différence ? S'il n'a jamais existé, c'est tout bien mieux ainsi. Les livres aussi disent « je ». »



Vous pouvez lire le roman maintenant, il est intitulé Roman un jour.…



Un grand plaisir de lecture ! Merci Thierry Noiret
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sans majuscule

Après l’une des plus belles dédicaces qui soit : « à ma compagne Lucie qui chaque jour illumine le chemin qui me mène à l’écriture » (j’ai toujours adoré qu’on désigne son amoureux par « compagnon » et surtout c’est très beau quand l’amour conduit à l’écriture lumineuse, superbement accomplie comme ici), j’apprends, grâce à l’humour de Thierry que nous avons en commun deux passions : la fréquentation de babelio et les pâtes au pesto. Non, plus sérieusement, merci, Tandarica pour le prêt de ce recueil en effet SUBLIME !



Même l’auto-ironie est subtile :



« aujourd’hui le bibliothécaire claque

la porte échappe ses clés

oublie la consigne de silence

que va-t-il rester de mon livre

sur ce pupitre

ouvert à la page de demain ».



Quelle que soit la page, ouvrez, sans plus attendre, « sans majuscule » !



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sans majuscule

Thierry Noiret est un magicien aux multiples talents. Cet artiste habile jongle naturellement avec les mots mais il ne les retient pas et les laisse s'envoler dans un souffle évanescent vers de nouveaux horizons. Véritable poète troubadour il possède le don incroyable d'emporter le lecteur dans une balade autour du monde, doublée d'une ballade enchanteresse. Des sons doux et harmonieux s'échappent de ses poèmes (j'allais dire de ses lèvres) et se fondent dans un jeu de couleurs chatoyantes, dévoilant l'arc-en-ciel de la vie, de l'amour et de l'espérance, avant de plonger dans l'inexorable fuite du temps sous la vague de la vieillesse, des souvenirs et des regrets.



Par le biais d'un voyage intemporel, original et étonnant, Thierry nous invite à découvrir de nouveaux horizons, d'innombrables contrées qu'il s'emploie à magnifier, sans majuscule ni ponctuation mais aussi sans frontières… En sa compagnie nous déployons nos ailes pour prendre notre envol au-dessus des fleuves, des mers et des océans ; depuis le firmament, nous survolons des villes perdues dans des années-lumière d'histoire, puis nous dérivons jusqu'à en perdre la notion de l'équilibre, du temps et de l'espace.



Entre rêve et réalité il n'y a plus de limites et on passe de l'ombre à la lumière, du silence au fracas, de la tristesse à la joie, de la sagesse à la fantaisie, avec une infinie délicatesse. Pensées philosophiques, états d'âmes profonds, métaphores savoureuses, visions fantomatiques, tout est merveilleusement suscité, révélé, avec parfois une pointe d'humour revitalisante. Cet ouvrage inspirant et plaisant ouvre également la porte à de profondes réflexions sur la nature humaine et son évolution. Aujourd'hui, perdus dans l'immensité de la planète, que représentent les humains ? Et que deviendront-ils demain sur l'échiquier du destin ?

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sans majuscule

sans majuscule est un carnet de voyage

un long poème divisé en plusieurs voix d'un chant unique

une marche qui ne minimise aucune étape

puisqu'aucune n'est en majuscule



j'ai beaucoup aimé ce recueil

me laissant porter par mon intuition

des fragments qui m'ont happé

d'autres sur lesquels je suis passé



le poète est un voyageur immobile depuis sa feuille

abreuvé de visions qui ne trompent pas

(ou alors il est très fort)



j'ai aimé le savant mélange des images entendues

d'autres plus insolites

des points de repères dans l'horizon de l'errance

qui ne rend jamais rance

mais toujours un peu plus humain



il est bon de lire une telle poésie

elle est douce forte sensible

et puissamment utile



merci
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