Citations de Thomas Hobbes (72)
L'âme est de la même substance que ce qui apparaît dans les rêves.
Le vrai et le faux sont des attributs du langage,non des choses.Et là où il n'y a pas de langage,il n'y a ni vérité,ni fausseté.
[Léviathan]
Par raisonnement, j'entends calcul [computatio]. Quand on raisonne, on ne fait que concevoir une somme totale à partir de l'addition des parties, ou concevoir un reste à partir de la soustraction, par laquelle une quantité est retranchée d'une autre. Donc raisonner revient à additionner et à soustraire, et si quelqu'un voulait ajouter multiplier et diviser, je ne m'y opposerais pas, dans la mesure ou la multiplication équivaut à l'addition de termes égaux, et la division à la soustraction de termes égaux autant de fois que cela est possible. tout raisonnement, donc, se réduit à deux opérations de l'âme, l'addition et la soustraction.
"Computatio sive logica" (1655)
[lu dans "les génies de la science n°28]
L'homme est un loup pour l'homme.
Homo homini lupus est
L’expression se trouve déjà chez Plaute, mais sa célébrité est due à Hobbes qui l’utilise dans un ouvrage en latin, De cive, Du citoyen.
A l’état de nature, l'homme est un loup pour l'homme
Et il en est des humains comme des autres choses, ce n'est pas le vendeur mais l'acheteur qui fixe le prix. En effet, un humain (comme le font la plupart d'entre eux) est libre de s'attribuer la valeur la plus élevée qu'il peut, il reste que sa véritable valeur ne se situe pas plus haut que celle à laquelle les autres l'estiment.
Ce qui risque peut-être d'empêcher de croire à une égalité des hommes, c'est seulement la vaine conception que chacun se fait de sa propre sagesse, presque tous pensant en être dotés à un plus haut point que le vulgaire, entendez par là : que tous les autres hommes, à l'exception d'eux-mêmes et d'un petit nombre d'autres auxquels ils accordent leur approbation à cause de leur renommée ou parce qu'il y a convergence entre les vues de ces hommes et les leurs.
La multitude réunie en une seule personne est appelée une REPUBLIQUE, en latin CIVITAS.
Telle est la génération de ce grand LEVIATHAN, ou plutôt, pour en parler avec plus de révérence, de ce dieu mortel auquel nous devons , sous le Dieu immortel, notre paix et notre protection.
Celui qui doit s'acquitter dans un temps à venir, et à qui on fait confiance, est dit tenir sa promesse, être fidèle à sa parole, et, s'il ne s'acquitte pas, dans le cas où c'est volontaire, on dit qu'il viole sa parole.
Note personnelle :
C'est en pleine tourmente politique que Thomas Hobbes (1588-1679) pense les fondations contractuelles de l'Etat et fait de la crainte et de la confiance l'origine de l'équilibre entre les citoyens. Il montre ainsi que la confiance établie est l'envers d'un chaos possible.
Il est regrettable que Boris Johnson n'ait probablement pas la capacité intellectuelle de lire Thomas Hobbes.
On dit en effet que "La justice est une volonté permanente de remettre à chacun ce qui lui appartient".
La vie humaine est solitaire, misérable, dangereuse, animale et brève.
(...)l'objet du désir d'un humain n'est pas de jouir une fois seulement, et pendant un instant, mais de ménager pour toujours la voie de son désir futur. Et donc, les actions volontaires et les penchants de tous les humains ne visent pas seulement à procurer une vie heureuse, mais encore à la garantir ; et ils différent seulement dans la voie qu'ils suivent.
Léviathan. 11. Des moeurs.
Le privilège de l'absurdité est réservé à la seule créature humaine.
Par Moeurs[...]j'entends ces qualités du genre humain qui concernent le fait de vivre ensemble dans la paix et l'union.A cette fin,nous devons considérer que la félicité en cette vie ne consiste pas dans le repos d'une âme satisfaite.En effet,il n'existe rien de tel que cette "finis ultimus(fin dernière)ou ce "summum bonus"(bien suprême),comme on le dit dans les livres de la morale vieillie des philosophes.Nul ne peut vivre non plus si ses désirs touchent à leur fin,non plus que si ses sensations et son imagination s'arrêtent.La félicité est une progression ininterrompue du désir allant d'un objet à un autre,de telle sorte que parvenir n'est jamais que la voie menant au second.La cause en est que l'objet du désir d'un humain n'est pas de jouir une fois seulement,et pendant un instant,mais de ménager pour toujours la voie de son désir futur.Et donc,les actions volontaires et les penchants de tous les humains ne visent pas seulement à procurer une vie heureuse,mais encore à la garantir;et ils diffèrent seulement dans la voie qu'ils suivent.Ce qui provient pour une part de la diversité des passions existant chez diverses personnes,et,pour une autre part,de la différence de connaissance ou d'opinion que chacun a des causes produisant l'effet désiré.C'est pourquoi je place au premier rang,à titre de penchant universel de tout le genre humain,un désir inquiet d'acquérir puissance après puissance,désir qui ne cesse seulement qu'à la mort.Et la cause de cela n'est pas toujours que l'on espère une jouissance plus grande que celle qu'on vient déjà d'atteindre,ou qu'on ne peut se contenter d'une faible puissance,mais qu'on ne peut garantir la puissance et les moyens de vivre bien dont on dispose dans le présent,sans en acquérir plus.[Léviathan,chapitre 11;Des moeurs]
Toute volupté de l'esprit, toute bonne humeur vient de ce qu'on a des gens en comparaison desquels on puisse avoir une haute estime de soi-même
La cause naturelle de la religion est l’angoisse du futur
Le désir de connaître le pourquoi et le comment est appelé curiosité.
Les choses passées n'ont d'existence que dans la mémoire seulement, mais les choses à venir n'ont pas d'existence du tout, le futur n'étant qu'une fiction de l'esprit impliquant les séquelles des actions passées dans les actions présentes.
J'autorise cet homme ou cette assemblée, et je lui abandonne mon droit à me gouverner moi-même.