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Critiques de Thomas Mosdi (179)
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Une place au paradis

Une bande dessinée au sujet fort et impactant : les violences conjugales.

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La bande dessinée retrace bien le schéma typique des violences conjugales, l’éloignement des proches, la perte de l’indépendance, la culpabilisation, etc.

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Un ouvrage qui fait réfléchir également sur comment nous réagirions face à cette situation ? Les deux types de réactions sont d’ailleurs mises en avant, entre les réactions “laisse, c’est leur façon de régler leurs problèmes”, “elle serait déjà partie sinon”, heureusement qu’il y a des personnes qui interviennent et viennent aider.

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J’ai trouvé très intéressant de voir en partie l’impact que cela peut avoir sur les enfants. Et je trouve que d’un point de vue aspect visuel, les dessins sont en apparence assez doux, mais c’est peut-être une façon de nous mettre à la place des enfants à qui on tente bien souvent de cacher cette souffrance, même s’ils la ressentent quand même.
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Xoco - Cycle 1 : Tomes 1 et 2

New-York, période de la Prohibition. Alors que les gangs s’affrontent pour le contrôle de la ville, des meurtres atrocement sanglants sont perpétrés. La fille d’un antiquaire autrefois assassiné se retrouve au centre d’une poursuite qui va voir s’affronter différentes visions de la réalité et dont d’étranges indiens arrivés de leur Nevada pourraient avoir la clé.



Paru il y a 24 ans alors que Ledroit venait de clôturer sa participation aux Chroniques de la Lune noire (dont il continuera à réaliser les superbes couvertures jusqu’à aujourd’hui), Xoco lui permettait de partir dans un registre à la fois plus réaliste (des crimes pendant la Prohibition) et collant à son univers noir et gothique en illustrant une histoire fortement inspirée de l’univers de HP Lovecraft. Certainement sa meilleure œuvre (tant graphique que scénaristique), le double album adopte une technique en peinture directe (son premier il me semble) et aux traits beaucoup plus sérieux que ses albums d’Heroïc-Fantasy. Le film Seven, sorti en même temps que le second volume Notre seigneur l’écorché adoptait une esthétique très proche: une ville sombre, poisseuse, humide où la lumière semble fuir. le lien entre les deux ne s’arrête pas là car la mise en scène de la BD est extrêmement cinématographique, avec travelings, zooms et dézooms, textes hors-champ etc. L’esthétique art-déco irradie des décors très fouillés et surtout, Ledroit développe ce qui a fait sa marche de fabrique: la destruction de pages par un savant jeu de cases rompant totalement avec les codes de la narration franco-belge et entièrement fusionnées avec ses nécessités graphiques. L’inspiration vient probablement du Manga puisque même Sin City de Frank Miller (qui a lui aussi révolutionné la construction des planches) sort à peu près en même temps.



Thomas Mosdi n’est sans doute pas pour rien dans cette évolution plus cadrée de l’art de Ledroit, puisqu’il avait produit le scénario de la première série de Guillaume Sorel, également très teintée de Lovecraft (l’Ile des morts) et très travaillée en matière de découpage. Toutes les autres BD d’Olivier Ledroit ont le gros défaut d’être basées sur des scénarios de jeu de rôle, sans grande ambition, laissant libre court à la furie des pinceaux de l’illustrateur. Xoco est d’abord une histoire sur le voile des réalités, des démons d’entre les mondes et des pouvoirs des esprits (les chamans navajo). Une histoire solide, à la progression construite et laissant la place aux séquences dialoguées, aux atmosphères (dès l’intérieur de couverture un rapport de police nous immerge dans l’histoire). Probablement que Ledroit s’amuse plus en envoyant des légions de millions de dragons se fracasser sur des murailles titanesques… mais ses albums en pâtissent. Ainsi hormis la fin apocalyptique et très noire, la plus grande partie du récit est une enquête policière relativement classique. Ça reste sombre, violent, mais c’est de la très bonne BD, de l’excellent scénario: en clair, un film sur papier.



J’hésite souvent à penser qu’Olivier Ledroit gâche son talent et ne choisit pas vraiment les bons scénaristes qui le bousculeront… Sa tentative de scénario sur le très bon Les irradiés (jamais poursuivi faute de succès) m’incite à penser que cela aurait pu l’amener à diversifier ses histoires et sa technique. Il y a plein de raisons de ne pas aimer les BD de Ledroit, malgré des planches objectivement magnifiques… Si vous êtes de ceux-ci, lisez Les deux tomes de Xoco et savourez un artiste ambitieux, travailleur, exigeant.
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Xoco, tome 1 : Papillon obsidienne

Cette bande dessinée m’a attiré par ses représentation de la ville, sombre, tout en nuance, malheureusement, l’attrait s’est arrêté là. C’est une histoire d’enquête criminelle sous fond de magie noire, les auteurs se sont évertué à y instaurer une ambiance sombre et intense, dans une ambiance de polar d’années 50, mais on frise l’illisibilité, hormis le personnage de Mona, tous les autres ne se reconnaissent pas d’une vignette à l’autre, toujours présentés en plongée, contre plongée, contre jour, cadrages serrés sur un détail. Les illustrations sont très sombres, il faut faire un effort pour les déchiffrer, la colorisation fait très bouillasse, c’est sans doute l’effet recherché pour les rendre plus glauque, mais ça ne donne certainement pas envie de s’y attarder. Quant à l’histoire de magie noire, elle se cantonne à promouvoir l’effet spectaculaire et ne m’a pas du tout accroché, je n’ai pas compris la moitié, et le peu que j’ai compris m’a laissé dubitatif, en réalité, je n’ai pas eu envie de faire l’effort. Je n’irai pas plus loin dans la lecture de cette série.
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Xoco, tome 1 : Papillon obsidienne

Il est de l’autre côté maintenant.

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Ce tome est le premier d’une tétralogie, composé de deux cycles illustrés par deux artistes différents, comprenant chacun deux albums. La parution originelle de ce tome date de 1994. Il a été réalisé par Thomas Mosdi pour le scénario, et par Olivier Ledroit pour les dessins et les couleurs. Il comprend deux pages d’introduction sous forme de fiche de police, et cinquante-quatre pages de bande dessinée. Les deux premiers albums ont fait l’objet d’une réédition : Xoco - Cycle 1 : Tomes 1 et 2.



Rapport de police du vingt novembre 1921, rédigé par le lieutenant de police Vincente Lazzari. Objet : homicide commis sur la personne d’Ambrose Griffit, né le vingt mai 1872, assassiné le dix-sept novembre 1921. Ce jour, le commissariat de police recevait le témoignage de sir Aleister Weilling, pour le meurtre de son gendre, Ambrose Griffit, survenu le même jour dans sa boutique d’antiquités, sis 4 impasse Mulberries, à Manhattan. Il indiquait dans sa déclaration, avoir été prévenu par des voisins de ladite boutique d’antiquités, du décès de son gendre. Il s’était ensuite rendu sur place, et avait constaté es faits. Une étude des lieux par les agents de police permit de découvrir le corps de la victime, ligoté à un fauteuil et bâillonné. D’après la raideur cadavérique, il a pu être estimé que le mort remontait à la fin de l’après-midi. Une recherche effectuée auprès de l’administration compétente a permis d’apprendre qu’Ambrose Griffit n’avait plus de proche parent direct, hormis sa fille, Mona Griffit. Entendu à plusieurs reprises au cours de l’enquête, sir Aleister Welling reconnut avec tristesse que son gendre était un excentrique, un faible qui s’était montré incapable de faire face au décès de son épouse, comme d’éduquer correctement sa progéniture. Un interrogatoire du voisinage ne révéla rien quant aux possibles inimitiés dont la victime aurait pu être l’objet. Une perquisition effectuée à son domicile, ne permit pas de découvrir d’indices intéressants pour l’enquête. Il n’avait pas contracté d’assurance à son nom. Il a été conclu à un homicide volontaire durant un cambriolage.



New York, à l’automne 1931. Un individu, en imperméable avec un chapeau dont l’ombre lui masque le visage, entre dans la boutique d’antiquités d’Ambrose Griffit. Un homme est assis au bureau, il s’adresse à l’inconnu lui montrant le couteau d’obsidienne qu’il tient dans la main. Il l’assure que c’est l’arme dont l’inconnu rêve. Ce dernier n’a qu’un geste à faire pour qu’elle soit à lui, pour rallumer le feu qui couve en elle. S’il sait s’y prendre, elle lui donnera beaucoup de plaisir. Dans une zone désertique du Mexique, de nuit autour d’un grand feu, des Amérindiens font le point sur la situation : Il est de l’autre côté maintenant ! Juan échange avec Miguel : ils ne savent toujours pas s’ils ont bien fait de le laisser partir, car New York est une ville immense. Ils doutent, mais ils devaient réagir après ce qui est arrivé à Lucio. Mescalito a désigné Xoco pour être leur bras. À New York, le Saigneur de Brooklyn assassine Luigi Pellone et Rita Esperendo selon un rite sacrificiel.



En 1994, Olivier Ledroit a réalisé les dessins des cinq premiers tomes de la série Les chroniques de la Lune noire, scénario de François Marcela-Froideval. Pour ce diptyque, il passe de pages encrées à la technique de la couleur directe. Quant à lui, Thomas Mosdi a déjà réalisé la série L’île des morts (cinq tomes) avec Guillaume Sorel. Le lecteur entame l’ouvrage, un peu confus : la quatrième de couverture fait état d’un récit se déroulant en 1921, mais en fait la première page en bande dessinée référence l’année 1931. Un individu entre dans la boutique d’antiquités qui devrait être abandonnée, et ni lui ni l’antiquaire ne sont nommés, laissant le lecteur dans le doute quant à leur identité. Tout du long de ce tome, les auteurs jouent avec les non-dits et une narration visuelle qui privilégie les sensations à l’explication. Le lecteur se retrouve souvent à se demander quelle est l’identité du personnage principal d’une scène, à devoir laisser en suspens son envie de compréhension, les liens de cause à effet n’étant pas clairs. Dans un premier temps, cette volonté de déstabiliser le lecteur, de lui faire perdre pied peut s’avérer aussi réussie qu’irritante. Finalement, c’est qui l’antiquaire qui remet le couteau d’obsidienne à on ne sait pas qui ? Pourquoi c’est une entité non incarnée qui s’oppose à un homme tout nu dans sa chambre ? Mince, le monsieur en planche vingt-trois ne serait-il pas celui en planche trois ? C’est quoi cette image récurrente sur le visage grimaçant qui orne le corbin du couteau ? À qui appartient le corps du Saigneur de Brooklyn abattu par un policier ? Combien y a-t-il de personnes dans le hangar désaffecté, trois, quatre, deux ?



D’un autre côté, le lecteur peut se raccrocher au fil directeur de l’intrigue qui forme une dynamique limpide : des crimes rituels commis par une entité surnaturelle, vaguement dérivée de la mythologie aztèque. En outre, même si elle donne l’impression d’être confuse, la narration visuelle, bousculée plutôt que posée, en met plein la vue au lecteur. Tout commence avec une magnifique vue de nuit, des gratte-ciels de New York, avec l‘Empire State Building en fond, un jeu sophistiqué sur les façades des immeubles du premier plan, détourées à l’encre avec un haut niveau de détails (cheminées, briques, vitrages de puits de lumière, réservoir d’eau, etc.), puis au fur et à mesure que la perspective s’éloigne, des taches de lumière pour les fenêtres avec seulement la silhouette noire du building qui se détache sur le ciel. Tout du long de l’album, la mégapole bénéficie de représentations qui en font un personnage à part entière. Un dessin en pleine page de nuit où le noir des bâtiments contraste avec le rouge des lumières de voitures, pour une vision où le sang affleure à chaque pore de la ville. Des plongées vertigineuses sur des ruelles comme pour sonder des abysses. Des scènes de jour où chaque case est saturée d’informations visuelles : la forme et la texture des matériaux des façades, les escaliers de secours métalliques, les fenêtres, la circulation automobile, la foule des piétons, les déchets à terre et les poubelles, les fumerolles sortant des égouts, et la pluie qui s’abat. Le lecteur se rend vite compte que l’artiste prend grand plaisir à représenter les sites célèbres de Manhattan en choisissant des angles de vue pour les rendre plus impressionnant, et en déplaçant insensiblement le curseur de la mise en couleur vers l’expressionnisme pour lui donner plus de caractère, et la faire apparaître comme un lieu mythique.



L’artiste combine à la fois la composition très sophistiquée des planches avec la mise en couleurs appuyée, et les cadrages penchés pour créer cet effet de déstabilisation constant. D’un côté, le lecteur peut éprouver la sensation de devoir parfois lutter pour garder pied dans cette narration visuelle ; de l’autre côté elle produit des effets saisissants. Une case de la largeur de la page cadrée sur le couteau en obsidienne présenté à plat, la pointe vers la droite : à la fois une forme de respect pour cet objet attestant de son importance, à la fois un plan induisant qu’il peut s’enfoncer ainsi dans un mouvement de gauche à droite. Une case occupant les deux tiers inférieurs de la page : une vue du dessus du cadavre de la prostituée dans une ruelle très sombre, et des cases en incrustation comme des éclats effilés dans une teinte rouge sang, montrant le Saigneur de Brooklyn en train de s’acharner, comme autant de coups de poignard. Le père de Mona (ou une entité maléfique) raconte à sa fille son passage de l’autre côté : une case où sa chair élastique est comme arrachée de la structure du squelette pour évoquer la matière corporelle (ce qui constitue l’individu) enlevée de force par une puissance qui l’aspire. La vision du hall gigantesque du muséum d’histoire naturelle, en pleine page avec cinq cases en insert : noyée de lumière, avec les squelettes de dinosaure démesurément grands, les deux personnages étant réduits à deux silhouettes insignifiantes, évoquant l’existence de forces disparues réduisant l’être humains à une quantité négligeable.



Subjugué par la narration visuelle, le lecteur subit à son tour les événements, leur survenance qu’il ne parvient pas à réordonner dans des séquences de cause à effet. Les pièces du puzzle s’imbriquent progressivement, incitant parfois le lecteur à revenir en arrière pour vérifier un visage ou une réplique. L’intrigue s’avère assez basique : une entité maléfique du dehors possédant des individus pour commettre des meurtres dont on peut supposer qu’ils lui permettront de s’incarner pleinement sur le plan physique. Les références aux mythes aztèques semblent relever d’une utilisation assez lâche. L’orthographe retenue de l’entité serait plutôt Itzpapalotl, et les auteurs ne font pas mention du paradis de Tamoanchan, ni de son fils Mixcoatl. Le lecteur peut alors envisager l’utilisation de la mythologie aztèque comme un artifice narratif pour une histoire à la manière de Arthur Machen (1863-1947), un précurseur de Howard Philips Lovecraft (1890-1937). Il peut également considérer que cette mythologie fait office de métaphore pour la pulsion de meurtre, une forme de chaos arbitraire détruisant aussi bien la vie des victimes que celle de leurs proches, un surgissement de l’inconscient envisagé comme le siège de forces mystérieuses, incompréhensibles et irrépressibles, ne pouvant au mieux qu’être contenues grâce au savoir ancestral des peuples indigènes qui ont combattu ces entités depuis la nuit des temps, mais dont le savoir a été tourné en dérision par la civilisation et les sciences de l’homme, ce dernier se retrouvant bien incapable de faire face à ces forces qu’il ne sait pas appréhender parce que sa culture en nie l’existence.



Une lecture paradoxale : à la fois difficile à comprendre, et immédiatement parlante. Les auteurs optent sciemment pour une narration qui donne la sensation au lecteur d’être confuse. Dans le même temps, la narration visuelle constitue un spectacle extraordinaire, nécessitant également l’implication du lecteur pour exhaler toutes ses saveurs. Ainsi les auteurs déstabilisent le lecteur, lui faisant éprouver la confusion des personnages, source de peur et de terreur, dans une métropole indifférente si elle n’est pas vraiment hostile. Ils ont su créer une force étrangère à l’humanité dont les actions lui sont fatales.
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Xoco, tome 1 : Papillon obsidienne

Attention, nous allons parler ici du chef d'oeuvre absolu d'Olivier Ledroit, sorte d'anomalie dans sa création, qu'il n'atteindra sans doute plus jamais.

Xoco est une histoire prévue en deux volumes et prolongée de façon assez dispensable sur deux autres volumes avec un autre dessinateur.



Dans les années 30 un tueur en série parcourt la cité avec un couteau sacrificiel indien. Pendant que la police mène l'enquête, des indiens se lancent à la recherche d'un démon lié à ces meurtres.

Les deux albums dessinés par Ledroit sont du pur Lovecraft. L'ambiance créée par le dessin et le découpage inoui d'Olivier Ledroit vous plonge dans un monde sombre, pluvieux, du Seven en BD. Le travail de destruction des cases entamé sur les Chroniques trouve ici son aboutissement au service d'un récit sombre et apocalyptique. L'ambiance polar années 30, le mysticisme des indiens, les indics et mafieux adipeux, tout est noir dans cette histoire. Ledroit utilise une technique plus poussée que d'habitude, beaucoup plus réaliste et il est fort dommage qu'il ait depuis abandonné les univers réalistes. Si son travail suivant ébouit par sa finesse et sa noirceur également, jamais son dessin aura été aussi adulte que sur Xoco, album à classer dans le top 10 des meilleures BD jamais réalisées, rien de moins.
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Xoco, tome 1 : Papillon obsidienne

New York, années 20. Un tueur en série stupéfie la police et apeure la population. Les meurtres sont extrêmement violents. Le tueur découpe la cage thoracique et extrait le coeur. Il semble utiliser un couteau très particulier pour ce faire.



Dans la pénombre des ruelles et arrières-cours newyorkaises, un indien venu du Mexique rôde. C'est Xoco. Il est mandaté pour récupérer ce couteau d'obsidienne qui est utilisé pour les meurtres. Itzlapalotl, c'est son nom. C'est aussi le nom d'un démon de leur peuple.



Mona Griffit est la fille d'un antiquaire assassiné 10 ans auparavant. Elle met la police sur la piste du couteau d'obsidienne. Mais cette arme semble imposer sa volonté à son porteur...



BD d'aventure fantastique, glauque, sombre, inspirée par les univers de Machen ou de Lovecraft, Xoco se déroule quasiment tout le temps la nuit. Il faut aimer le noir sur noir. Certaines cases sont parfois dures à déchiffrer. Par ailleurs, à l'instar de son travail pour les Chroniques de la Lune Noire, Ledroit bouscule les codes de la mise en page. On a alors des cases pleine page truffées d'inserts et de vignettes, avec des dialogues dont on ne sait trop dans quel ordre il faut les lire. C'est beau, on peut apprécier le travail d'artiste, mais à la longue c'est un peu lourd.



On sera sensible à l'atmosphère qui se dégage des planches. Et on remerciera Mosdi pour clarifier l'intrigue en fin de tome.
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Xoco, tome 1 : Papillon obsidienne

Olivier Ledroit et son dessin sombre, toute une histoire.

C'est donc sombre, sauvage et parfois assez difficile à suivre. Mais ce mélange de polar et de fantastique sur fond des années 30 est captivant.

Je conseille de lire les tomes, au moins les 2 premiers l'un à la suite de l'autre pour ne pas être trop perdu.

A voir pour les illustrations .... Quels détails !
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Xoco, tome 1 : Papillon obsidienne

Alors que le premier tome distillait une histoire mi-polar mi-fantastique qui aurait pu être intéressante dans le New-York de la grande dépression, voilà que le scénario commence à dérailler dans le second chapitre qui se clôt tant bien que mal.



Mais alors le 3ème opus va rajouter aux légendes indiennes, un peu de chinoiserie comme pour compliquer l'ensemble déjà pas homogène. Le scénario va alors totalement dérailler. Le héros qui donne son nom à la série, outre le fait qu'il n'était pas charismatique, est mort, dans tous les sens du terme.



Je pense que cette bd pouvait très bien s'arrêter au second tome. La suite apparaît comme illégitime. Je ne suis pas allergique aux histoires de démons. Mais j'ai préféré nettement la série «Mille Visages» dans le même genre. La conclusion du dernier tome m'a totalement achevé : c'est d'un grand guignolesque jusque-là jamais atteint.



Bref, la série pâtit véritablement d'un sérieux manque de lisibilité. Je serai toutefois un peu indulgent dans ma note car le dessin est très réussi notamment pour les deux premiers tomes signé Ledroit. L'enchaînement des cases fait preuve d'une particulière audace qui souligne un grand esthétisme. C'est dommage car le scénario pose réellement problème.

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Xoco, tome 2 : Notre Seigneur l'écorché

Tout en poursuivant les Chroniques de la Lune Noire, Ledroit s'offre un thriller ésotérique, quasi lovecraftien, scénarisé par Mosdi. Entre les rouages assez obscurs parfois du scénario, le point fort, pour moi, de ce tome, ce sont les cadrages et les expérimentations de mises en page. Des vignettes un peu partout en surimpression d'une planche sans marge et qui déborde sur la page d'à-côté... des cases imbriquées les unes dans les autres et qui se lisent dans le sens qu'on veut... des cadrages sur un oeil, un doigt, un détail... qui révèle un plan plus large... On sent que Ledroit se fait plaisir, et personnellement j'adore ça aussi.



Rayon scénario, Mona Griffit et l'indien continuent leur enquête pour récupérer le couteau sacrificiel dans lequel s'est logé l'esprit (et la puissance) d'Itzlapalotl, Notre Seigneur l'Ecorché. Evidemment, il y a du monde sur le coup. La police, les Brujos, c-à-d les sorciers, shamans, qui rejoignent l'indien à New York, les anciens membres d'un cercle ésotérique appelé les Enfants de l'Aube, et la mafia menée par un médium qui souhaite procéder à un rituel d'invocation afin de faire sortir Itzlapalotl du couteau.



C'est parfois un peu trop sombre dans la mise en couleur. Et la police de caractère n'est pas toujours des plus lisibles. Mais il se dégage une ambiance glauque et morbide fort appréciable.
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Xoco, tome 2 : Notre Seigneur l'écorché

Ces armes servirent de psychopompes, ensuite de cocons.

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Ce tome fait suite à Xoco, tome 1 : Papillon obsidienne (1994) qu’il faut avoir lu avant pour comprendre quelque chose. Il est le deuxième d’une tétralogie, composé de deux cycles illustrés par deux artistes différents, comprenant chacun deux albums. La parution originelle de ce tome date de 1996. Il a été réalisé par Thomas Mosdi pour le scénario, et par Olivier Ledroit pour les dessins et les couleurs. Il comprend soixante-deux pages de bande dessinée. Il se termine avec une lettre manuscrite de deux pages : Don Pedro Lhoyà de Contreras, évêque de Mexico, écrivant au gouverneur de Cuba pour l’informer du chargement de la Santa Luciana qui s’apprête à quitter Veracruz à destination de Cuba. Les deux premiers albums ont fait l’objet d’une réédition : Xoco - Cycle 1 : Tomes 1 et 2.



Le blizzard s’était abattu sur la cité, l’ensevelissant sous un épais linceul de glace. New York, hiver 1931. Dans une allée enneigée, un chat a aperçu un rat : il s’en approche doucement se voyant déjà en faire son dîner. Mais un coin de pancarte s’abat violemment sur son crâne : un sans-abri l’a tué net, avec la ferme intention d’en faire son dîner, lui aussi a trop faim. Il laisse sa pancarte par terre et sort de la ruelle avec le chat sous le bras, quand il avise un dollar par terre dans la neige. Il se penche pour le ramasser, et il se fait assommer à son tour. Deux hommes traînent le corps inanimé et l’un d’eux le met dans le coffre de leur voiture. Ils portent des gants, et le conducteur a une bague passée à son annulaire gauche avec un motif d’as de pique. Ils ne leur restent plus qu’à faire un saut au campement. Sur un journal, un titre annonce des disparitions mystérieuses de sans-abris. Dans un bureau dans le dernier étage d’un gratte-ciel, plusieurs individus discutent : l’un d’eux demande si l’autre est sûr de pouvoir le localiser. Son interlocuteur indique qu’il a déjà répondu. Oui, il est en mesure de le localiser pour peu qu’on le laisse se concentrer. D’une certaine manière, Itzlapalotl a été emprisonné et neutralisé, mais son essence est si particulière que sa seule présence perturbe l’équilibre du champ astral. Elle crée une sorte de vibration médiumnique caractéristique qui ira en s’amplifiant lorsqu’il s’approchera de Itzlapalotl. Il perçoit déjà sa présence. La sensation est incroyable. Il est à New York, pas très loin d’ici.



Dans un autre gratte-ciel de New York, Mona Griffit remercie son amie Daisy Steiberg de lui laisser son appartement, dans lequel elle est déjà entré avec Xoco, générant de lourds sous-entendus de son amie. Daisy s’en va, et Mona va retrouver Xoco dans le salon. Il lui indique qu’il va mieux, que la fièvre est passée. Pour le reste, tant qu’il ne sera pas détruit… Pour répondre à sa question, il ajoute que pour les Indiens Itzlapalotl est un mangeur d’âmes. Pour lui, c’est l’esprit maléfique qui a tué Lucio, son frère. Mona ajoute que Itzlapalotl a également tué son père à elle. Il continue : il doit retourner en Arizona, car plusieurs brujos doivent s’unir pour espérer l’anéantir.



Après avoir lu le tome un, le lecteur se prépare à un nouveau voyage sensoriel, avec une mise en page qui prend des risques, et des dessins s’aventurant vers l’expressionnisme. L’artiste commence doucement dans cette séquence avec le chat et le sans abri : une page sans texte avec des cases rectangulaires dotées d’une bordure, mais quand même une case verticale à gauche avec trois cases en drapeau à droite, et une case de la largeur de la page en bas. Dans la page suivante, la narration visuelle reste dans un format similaire, avec une vue du dessus à la verticale, à couper de souffle pour la dernière case en bas de page. En tournant la page, le lecteur observe que l’artiste joue avec un autre outil visuel : le leitmotiv, en l’occurrence la représentation d’une paire d’yeux, ou d’un œil. Ceux du chat, puis celui du sans abri reflétant le bras armé qui s’abat vers lui, puis l’as de pique enchâssé dans du verre comme un œil, puis une tache sur l’aile d’un papillon obsidienne également comme un œil, puis le regard fixe de deux yeux rouges, puis les yeux de l’idole déjà répétés dans le tome un, puis un gros plan sur l’œil du commissaire, etc. Ce motif se retrouve à intervalle régulier, jusqu’à la dernière page avec un gros plan sur les yeux de Mona Griffit. Le motif récurrent de l’œil prend un sens sinistre quand des victimes subissent une énucléation.



Le lecteur prend patience pour découvrir une construction de page échevelée dont Olivier Ledroit a le secret, se disant que finalement il ne va pas le faire. Il arrive dans le dernier quart du récit et les pages lui éclatent littéralement à la figure : des cases rectangulaires en insert sur des cases plus grandes où l’énergie crépite de partout, un insert mordant sur un autre insert dans une composition miroir opposant symétriquement fidèles et prédicateur, une contraposition de cases bleu acier et de cases orange brasier, une double page où les cases en feu semblent déchirer les cases nocturnes et réciproquement, jusqu’à l’apparition d’une entité infernale s’immisçant depuis l’autre côté dans un déchaînement de fibres charnelles établissant comme une structure entre les cases dans un jaillissement gore. L’artiste réalise également des prises de vue avec un angle inattendu dramatisant la scène : une vague silhouette humaine au travers d’une lucarne avec un croisillon, le reflet informe et inquiétant au bas d’une poche de perfusion, l’extrémité d’une canne désignant une trace de pneu dans la neige, une rame de métro semblant filer de nuit sur les nuages, Mona & Xoco courant pour fuir en vue du dessous, un gros plan sur un quart de la calandre d’une voiture, la réflexion de Mona & Xoco sur la surface arrondie d’une bouilloire, une vue subjective derrière une balle de fusil, un autre plan en contreplongée verticale depuis le sol pour regarder deux policiers contemplant un cadavre (c’est-à-dire la position dans laquelle se trouve le lecteur), etc.



L’artiste a opéré sa mue et ses illustrations donnent corps à l’angoisse surnaturelle de l’intrigue. Le principe de l’invasion de la Terre par une entité maléfique venue du dehors constitue un grand classique à la saveur affadie par de nombreuses déclinaisons pas toujours inspirées. Les cases prouvent à maintes reprises l’investissement total de Ledroit pour donner à voir ces cauchemars, pour les penser, leur donner de l’épaisseur et de la cohérence, sans se contenter de resservir des visuels convenus et prêts à l’emploi. Certes la vision d’une gigantesque cité dominée par une construction écrasante s’inscrit dans les clichés du genre, mais dans cette case le dessinateur place son rendu à la frontière entre les gratte-ciels de New York et des bâtiments anciens, baignant dans une lumière orangée entre crépuscule et incendie, avec en premier plan un papillon obsidienne étranger à ces immeubles artificiels, tout en étant pleinement intégré à cette sensation de fin du monde. Certes un être humain dont la chair revêt une consistance liquide alors qu’elle semble comme aspirée pour être détachée des os constitue une image classique, mais l’artiste travaille sur la texture, la forme des jets sanguinolents, les giclures, la viscosité, pour sensation d’arrachage insoutenable. Autant de moments fantasmagoriques intenses et originaux.



Le lecteur entretient des attentes un peu limitées concernant l’histoire : une entité maléfique que des individus ont décidé de vénérer et d’aider en espérant en recevoir une forme de pouvoir, totalement aveugles au fait qu’ils se feront massacrer comme tout le monde, quelques meurtres et une enquête menée par deux valeureux héros. Il y a de cela au début : des clochards enlevés certainement pour servir de sacrifice humain, une entité désincarnée très méchante et très mystérieuse, des policiers qui remontent la piste avec plusieurs années de retard, Mona Griffit dépassée par les événements et le pauvre chaman Xoco pas très efficace. Il y a même un vieux sage Morgan Miller qui vient pour les guider, ainsi qu’une société secrète Les enfants de l’aube qui œuvre clandestinement depuis plusieurs décennies. Mais bon, la narration visuelle emporte le lecteur ailleurs, et cela lui suffit. Lorsque l’inspecteur Willy va visiter le lieutenant Vincente Lazzari dans un asile à Seattle, le scénariste intègre deux pages de texte, des rapports de médecins sur le cas clinique de Lazzari, qui occupent un tiers de la page et apporte de la consistance à l’affaire du meurtre d’Ambrose Griffit en 1921.Finalement Morgan Miller ne vient pas leur apporter une solution artificielle, mais évoquer le passé, leur exposer l’histoire de la formation du club des enfants de l’aube, et la récupération d’un vieux coffre du seizième siècle. Plus inattendu encore, l’auteur relie quelques éléments de la mythologie aztèque avec un principe de psychopompe et une métaphore sur la puissance des émotions intenses. Cela participe à construire une identité et une fonction spécifique pour l’entité maléfique venue du dehors qui perd son caractère générique et insipide pour devenir un danger plus incarné.



Venu pour un spectacle apocalyptique, le lecteur est servi par la narration visuelle d’Olivier Ledroit qui gagne en confiance et en inventivité pour finir sur des pages de toute beauté, dégageant un lyrisme teinté de gothisme et de gore, un spectacle intense. Il s’avère que l’intrigue gagne elle aussi en épaisseur pour s’élever au-dessus de la créature générique et devenir l’incarnation d’une vraie malfaisance.
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Xoco, tome 2 : Notre Seigneur l'écorché

J'ai dû relire le tome 1 pour me remettre dans le scénario, mais toujours des dessins aussi poignant de Ledroit.

La magie indienne opère et l'ambiance nous emporte. Mosdi est vraiment retord et Ledroit est époustouflant.

A lire te à relire et regarder à l'infini pour saisir tous les détails.
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Xoco, tome 4 : Le dragon et le tigre

Je réitère ma critique du tome 3, Christophe Palma est excellent mais si l'on a aimé les dessins de Ledroit on ne peut pas se laisser emporter par cette histoire fantastique, d'autant plus que Mona n'a vraiment plus la même tête que les autres tomes, c'est peut être un détail mais moi ça m'a dérangé.

L'histoire est moins subtile mais fait passer néanmoins un bon moment.
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Zone mortelle, Tome 1 : Cronos

Une série qui date un peu mais qui débute bien. Un tueur en série sévit dans un campus. Le détective chargé de l'affaire patauge un peu jusqu'au moment où il parle de cette affaire à une jolie psychologue. La jeune femme va l'aider à résoudre l'affaire , a coup de culture latine , de citations poétiques....

Malgré des passages un peu rapides et peu crédibles , on se laisse prendre au jeu du chat et de la souris.

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Zone mortelle, Tome 1 : Cronos

Un premier tome intéressant, l'histoire n'a pas trop le temps de traîner donc il manque un peu de détails, pas trop le temps de s'attacher aux personnages mais plutôt bien écrit.

Les dessins sont plaisant également.
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Zone mortelle, Tome 1 : Cronos

J’ai découvert cette BD par hasard et son résumé m’a tellement interpellée et mise d’emblée dans une atmosphère de peur que je n’ai pas tergiversé longtemps!



Comme le résumé le dévoile, c’est l’histoire d’un tueur en série.

Il a toujours le même mode opératoire et est fasciné par les mythologies, laissant ainsi des indices en rapport avec celles-ci sur les lieux de ses méfaits.



Mais qu’est-ce qui rend cette intrigue originale, vous interrogez-vous.



Eh bien, commençons par le début: cela se passe à l’observatoire. Il est minuit et demi. Trois pages. C’est ce qu’il faut pour être glacé d’effroi et malgré tout accaparer notre attention. La messe est dite.



Ensuite, les personnages: notre enquêteur qui change des préjugés et se révèle être un bon père de famille mais dont il semble que la fille ait dû surmonter un mystérieux évènement, la psychologue aveugle de sa fille qui a failli devenir criminologiste et qui, de ce fait, se retrouve mêlée à l’enquête en devenant la consultante du détective et qui parvient à vulgariser le moindre concept mythologique et enfin, le meurtrier que nous connaissons mais dont nous n’arrivons pas à comprendre ses motivations. On pensait bien réussir au début mais ses actes nous embrouillent.



[Avis complet sur mon blog]
Lien : http://lesentierdesmots.word..
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Zone mortelle, Tome 3 : Thanatos

Suite de nos affaires qui deviennent de plus en plus surréalistes.

Comme pour les 2 autres tomes, l'histoire est prenante, elle l'est de plus en plus, laissant même le lecteur sur un énorme suspens.
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Zone mortelle, Tome 3 : Thanatos

Ce tome prend un ton plus fantastique. Le policier poursuit son enquête sur une série de meurtres. Un laboratoire qui teste un médicament sur des cobayes humains semble être à l'origine du comportement du tueur en série. Le tome se termine sur un terrible cliffhanger qui donne envie de lire la suite.
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Zone mortelle, Tome 4 : Hadès

De plus en plus prenant, le premier tome était vraiment très calme par rapport à ce quatrième.

On part totalement dans de la science-fiction avec le "pouvoir" des personnages principaux, les trois jeunes sont maintenant capables de bien plus qu'un "simple" meurtre.

De mieux en mieux, vraiment, j'ai hâte de lire la suite !
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Zone mortelle, Tome 4 : Hadès

Après une chasse à l'homme effrénée, l'enquête touche à sa fin. Il y est question de laboratoires peu scrupuleux ('-( , de médicaments , d'effets secondaires...

Les jeunes gens se retrouvent maintenant avec des pouvoirs beaucoup plus grands et sont même capables de s'unir pour créer un pouvoir inouï.

Le risque avec ce genre de série aurait été de se perdre dans des complications ou des invraisemblances. Ce n'est pas le cas, ici même si tout n'est pas parfait.
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