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Citations de Thomas Mullen (108)


Tant de choses avaient changé depuis la quarantaine. Au coin des rues, les gens étaient peu loquaces, sur le pas des portes, les conversations vites interrompues, de brefs signes de tête remplaçaient les poignées de main. Personne n'était malade, mais tout le monde se comportait comme si la pandémie les traquait et comme s'il était essentiel de se hâter afin de regagner la sécurité des maisons. ( p 247 )
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-- Du whiskey, tu dis ?
-- Ouais . T'en bois une petite dose chaque matin. Ça te protège de la grippe. ( p 348 )
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-- Pourquoi tu ne l'as pas épousée ? Tu n'aurais pas été incorporé.
-- Si, je l'aurais été. Cette loi, ils l'ont changée. Quiconque se marie après le début de la guerre est considéré comme célibataire au regard de la conscription. Il y en a eu trop, des gars qui se sont défilés comme ça lors du premier recrutement, alors Oncle Sam, il y a réfléchi à deux fois. Si je l'avais épousée, ça aurait seulement voulu dire que je lui donnais une chance de devenir veuve. ( p 253 )
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La noirceur de la vie sera toujours plus intéressante que la blancheur de l'éternité.
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Il ne saurait exister de sentiment de pire solitude que lorsque l'horreur s'abat sur une personne et que le monde entier lui tourne le dos.
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Le ciel était clair et l'éclat de la lune paraissait plus fort que d'ordinaire, comme si cet unique cercle minuscule, s'il était transpercé, inonderait le monde d'une telle intensité que les aiguilles de pin, jusqu'à la dernière, seraient illuminées, les arbres tous incandescents.
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Ce qu'il resterait de lui, quand il tenterait de rassembler les morceaux éphémères qui se dérobaient, était une réalité qu'il lui faudrait trouver la force d'accepter, il ne savait comment, et avec laquelle il devrait construire quelque chose de neuf.
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On survivait parce que, profondément inscrit chez tout le monde, existe le besoin simple, infatigable, de perdurer, quel que soit le coût. Et quand bien même on a perdu une part de soi-même si importante qu'on ne se reconnaît plus, ce qui reste est celle qu'on n'a jamais comprise, qu'on a toujours sous-estimée, qu'on a toujours eu peur de regarder en face. On craint d'en avoir besoin un jour et qu'elle ne soit plus là pour vous soutenir, mais en fait c'est la seule chose qu'on ne peut vous arracher.
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Quelques secondes s’écoulèrent.
– Il va falloir qu’on aille parler à Doc Banes, annonça Graham.
Tout à coup, sa voix était grave et calme, contrairement à celle des ordres qu’il avait criés antérieurement. Il aurait tout aussi bien pu parler des machines qui se trouvaient dans la scierie.
– Je… Je crois qu’il est mort, dit Philip dont la voix se brisa.
– Bien sûr qu’il est mort ! rétorqua Graham en se tournant vers son ami pour la première fois.
Devant son regard furieux, Philip recula d’un pas. Le plus âgé des deux reporta alors ses yeux sur le corps et garda le silence pendant un moment.
– Nous devons savoir combien de temps il nous faut rester loin de lui avant de l’enterrer, déclara-t-il. J’ignore si un cadavre reste contagieux, et si oui, combien de temps. Nous allons devoir demander à Doc Banes.
Lentement, Philip hocha la tête. En dépit du vent, le fusil ne donnait plus l’impression d’être froid entre ses mains humides.
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La respiration de Graham devenait de plus en plus bruyante et, juste au moment où Philip s’apprêtait à lui demander si ça allait, il déglutit. Retint sa respiration avant d’avaler cette dernière goulée d’air, comme s’il absorbait complètement le décor devant lui, l’acte qu’ils venaient de commettre. Lorsqu’il recommença à respirer, ce fut avec un bruit redevenu presque normal.
Quelques secondes s’écoulèrent.
– Il va falloir qu’on aille parler à Doc Banes, annonça Graham.
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Des minutes de silence s’étaient encore écoulées avant qu’ils repèrent quelqu’un au bas de la colline.
Ils l’aperçurent d’abord entre les troncs, des nuances de couleur fauve et marron clair qui apparaissaient d’une seconde à l’autre à travers l’entremêlement d’écorces. Tous deux se raidirent, retenant leur souffle en attendant de voir que surgisse une forme humaine ou de comprendre qu’ils l’avaient imaginée, qu’il s’agissait d’une illusion due à la lumière.
La silhouette amorça le virage et, levant les yeux vers le sommet de la colline, aperçut la ville dans le lointain. Entre cet homme et la ville se tenaient Philip et Graham, même s’il donnait l’impression de ne pas les avoir remarqués.
– Tu vois pareil que moi, hein ? demanda Philip.
– Pareil.
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– Il fait froid, mais il ne va pas neiger. On est en octobre.
Philip opina, rentrant les épaules pour se protéger.
Graham posa son fusil par terre et ôta son manteau.
– Tiens, mets-le.
– Non, je t’assure. Moi, ça va. Je ne veux pas que tu…
– Mets-le, bon sang, ce fichu manteau, insista Graham en souriant. J’ai plus de viande sur les os que toi, de toute façon.
– Merci.
Philip posa son fusil à côté de celui de son aîné. Le vêtement était grand pour lui, les manches recouvraient entièrement ses mains. Il savait qu’il avait l’air d’un clown, mais c’était aussi efficace que des gants. Il ne pourrait pas tenir son arme, ce qui n’avait pas d’importance puisqu’il ne s’attendait pas à en avoir l’usage.
– À ton avis, c’était qui, dimanche, dans la Model T ?
demanda-t-il.
– J’en sais rien
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Le docteur était déjà dans le petit salon où il téléphonait à l’un des entrepreneurs de services funèbres épuisés, même s’il n’ignorait pas qu’il faudrait des heures avant que l’un d’eux puisse venir. Les gens des salons funéraires tombaient aussi malades, et il resta là pendant ce qui lui parut être une éternité, n’entendant que le silence sur la ligne, attendant qu’une voix lui vienne en aide, guettant une réponse. Les secondes mortes s’étiraient comme les bras suppliants des fillettes affamées tendus vers lui.
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La coloration bleue qui assombrissait la peau du mari l’avait, elle, totalement consumée, rendant impossible de deviner son âge ou même sa race. Elle ressemblait aux cadavres d’un brasier auxquels le docteur avait été confronté à la suite d’un épouvantable sinistre survenu dans une usine des années plus tôt.
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Il était impossible de dire depuis combien de temps elle était morte, car les cadavres de victimes de la grippe espagnole avaient un aspect différent de tous ceux que le docteur avait pu voir par le passé.
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La femme allongée sur le flanc, face à son mari, avait les lèvres figées dans un rictus de souffrance. Ses cheveux clairs et fins étaient éparpillés sur l’oreiller, certains débordant du lit alors que d’autres collaient au sang coagulé qui lui couvrait le visage. Il était impossible de dire depuis combien de temps elle était morte
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Lorsque les visiteurs s’avancèrent dans la pièce, deux autres fillettes émergèrent du chaos, une plus jeune que celle de la fenêtre, l’autre légèrement plus âgée. Elles aussi étaient sales, vêtues étrangement, semblables à des spectres
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Avec le volume croissant de malades et de mourants, ils ne s’étaient pas encore rendus aussi loin, en limite de la ville, dans cette rue isolée où logeaient les indigents les plus miséreux et les immigrants les plus récemment arrivés.
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À midi ce dimanche, l’heure à laquelle en temps normal les gens s’en revenaient de l’église, d’une visite rendue à des amis ou à des membres de leur famille, le médecin ne dépassa que deux autres automobiles pendant les quinze minutes du trajet et ne vit qu’un seul passant. Cela faisait trois semaines maintenant que la grippe était entrée à Timber Falls, selon son estimation la mieux étayée, et presque toute circulation avait disparu des rues. Les malades étaient cantonnés chez eux et les gens en bonne santé ne s’aventuraient pas dehors.
– Personne n’a encore emprunté cette rue ? demanda-t-il
aux deux infirmières avec qui il se trouvait et dont les maris combattaient en France.
C’était un homme d’un âge avancé, maigre, portant des lunettes qu’avaient maculées les expectorations d’innombrables patients.
– Non, répondit l’une d’elles en secouant la tête.
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- Seigneur, dire que je vais rendre service à un groupe de Kluxers.
- On préfère « Klansmen », se rebiffe Dale.
- Moi je préfère « une bande d'abrutis ».
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