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Citations de Tristan Egolf (139)


Il n’avait aucune idée de ce que signifiaient des liens familiaux. Il était incapable d’imaginer ce que ça faisait d’avoir un oncle, une belle-sœur, trois ou quatre cousins, un plus proche parent. Il s’était convaincu que rien de tout cela n’existait vraiment, que c’était des mensonges inventés par des gens comme Roy Mentzer –des gens qui soutenaient que la voix du sang était toujours la plus forte. Des gens qui organisaient des barbecues le dimanche après-midi et finissaient par se souffler dans les naseaux leur haleine parfumée au gin. Des gens qui allaient ensemble en prison quand leurs granges brûlaient. Des gens qui avaient toutes les raisons de se haïr et de se détruire mutuellement, mais qui restaient quand même solidaires.
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Il considéra toujours les harpies comme étant d'abord des nécrophiles pathologiques, et ensuite des racketteuses évangéliques.
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C'était comme d'arriver à accepter sa propre implication dans un soudain accident de voiture : un instant vous contemplez le paysage sans un souci au monde, le suivant - BANG - vous y voilà, écrasé en un tas informe contre le tableau de bord au milieu d'une sarabande de sirènes, de toubibs et de policiers qui tournent en rond autour de la carcasse tordue de votre véhicule. Avant tout vous vous demandez ce qui a bien pu se passer, mais plus précisément, comment cela a pu arriver si vite. Votre première réaction est de penser : attends une minute, reprenons le passage, si on peut reculer juste de quelques secondes et refaire la prise, je vais m'en sortir ce coup-ci. Rien ne peut avoir changé si vite. Aucune baisse d'attention passagère ne peut avoir des conséquences aussi irrémédiables.
Mais si. Il suffit d'un instant. Et on ne peut pas revenir en arrière.
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Nous étions des bêtes puantes et devions être traités comme tels. Kunstler nous le répétait soir après soir. Nous l’entendions dans les bars, de la part des rats d’usine, des types du porc-frites, et nous n’étions pas les derniers à nous le répéter. C’était devenu proverbial, et l’acceptation de cette vérité s’était accompagnée de ce sentiment de libération, de délivrance, d’extase même, que connaît celui qui s’est fait baiser au-delà de tout espoir.
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Le feu n'était plus qu'un lit de braises rougeoyantes. Les autres ronflaient, échoués autour de la fosse, langue pendante. Il avait eu le sentiment que quoi qu'il doive en sortir, que ce soit la dèche, la famine, l'échec total, la prison, n'importe quoi, même si nous risquions de nous réveiller le lendemain maculés de vaseline mêlée de poussière, couverts de piqûres d'insectes, terrassés par une gueule de bois inqualifiable, même si nous devions rentrer en titubant nous terrer dans nos piaules pour une nouvelle plongée dans la claustrophobie - quoi qu'il advienne au cours des jours et des années à venir - cette nuit serait quelque chose que personne ne pourrait jamais nous enlever. Elle était à nous maintenant. Nous la porterions en nous pour le restant de nos jours. Et même si personne d'autre que nous ne pouvait jamais en comprendre la valeur intrinsèque, c'était sans importance. Nous comprendrions. Nous saurions. Nous avions été là. Nous avions vu. C'était la seule preuve qu'il nous faudrait jamais.
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La grève avait amené les ordures, les ordures avaient amené les asticots, les asticots avaient amené les rats, les rats avaient amené les chiens, les chiens avaient amené l'attrapeur de chiens, l'attrapeur de chiens avait rempli la fourrière, la fourrière avait débordé, les chiens avaient été piqués, leurs corps avaient rempli des sacs, et les sacs avaient atterri dans les rues, amenant plus de mouches, etc., ad infinitum...C'était une impasse complète, dit-il. Et il ne semblait pas y avoir de solution en vue.
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Il songea aux familles, à travers tout le pays, riches et pauvres, de toutes conditions, qui musardaient à travers des rayons volailles joliment apprêtés, dans les lumières tamisées et le halo cotonneux des chants de Noël. Il se demanda combien d'entre elles resteraient carnivores si on les conduisait dans la sanglante boucherie de la salle d'abattage, ne fût-ce que cinq éprouvantes minutes de leur vie. Selon les propres termes de John: l'immense majorité des gens ne sont pas obligés de regarder leur dîner droit dans les yeux avant de l'attaquer.
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Nous nous étions laissé traiter comme des sacs à bites à douze dollars la passe dans une ruelle pleine de clodos.
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Le convoyeur amenait quarante dindes adultes de races diverses à la minute. Le cheminement complet était le suivant.
Chaque remorque était d'abord reculée contre son quai de déchargement et verrouillée à celui-ci. On ouvrait alors les portes et les hommes d'équipe, caparaçonnés de plastique, s'engouffraient à l'intérieur en déployant leurs filets pour rassembler tous les volatiles rétifs. Les dindes elles-mêmes étaient des monstruosités pharmaceutiques; nourries de cycles massifs de stéroïdes, élevées dans des batteries de cages surpeuplées, et métamorphosées par des impuretés diététiques qui les rendaient impropres à toute forme de vie en plein air. Quand elles étaient acculées, elles livraient souvent un combat désespéré, mais toutes finissaient par être maîtrisées, attrapées par les pattes et pendues au convoyeur qui courait sous le plafond. Elles se démenaient, battaient des ailes et braillaient jusqu'à la cage d'électrocution, où elles recevaient une décharge de deux cents watts qui traversait chaque cellule de leur corps et les laissait inertes et sans vie à la sortie, directement dans la salle d'abattage. Là, les quatre à six citrons armés d'un couteau égorgeaient, cou après cou, neuf heures par jour, barbotant jusqu'aux chevilles dans le sang et les défécations. Chacun disposait de six secondes par volatile. Une dinde qui aurait survécu à l'électrocution et à la salle d'abattage était sûre de périr dans les échaudoirs, étape suivante après les bavettes en caoutchouc à l'autre extrémité de la pièce.
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Si un individu parmi cinquante devait se faire chier dessus par un vol de mouettes, ce serait John, à chaque fois, sans exception. Personne n’avait un don pareil pour se trouver là où il ne fallait pas.
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« Chacun savait que les pour les catholiques Jésus était le fils de Maris, pour les baptistes il était le sauveur, pour les juifs il n’était rien et pour les méthodistes il était une déduction fiscale. » (p. 170)
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Il s'approcha du divan. Il vit un bras s'immobiliser sur un tissu synthétique. Il remonta le tissu jusqu'à une paire d'yeux qui le fixaient. Il s'y arrêta. Puis il comprit. Il dut contenir son envie de hurler: assise sur le divan, le dos à la fenêtre qu'occultait la couverture, ce qu'était devenue madame veuve Kaltenbrunner était disposé comme les restes d'une bouchée à la reine pantagruélique qu'on serait allé tirer de la fosse septique. Elle était méconnaissable. Son visage bouffi était couvert de vergetures et d'hématomes noirs poreux. Un énorme double menton avait sailli de son cou, le long de la mâchoire et sur les grotesques bosses de bison de ses épaules. Son abdomen avait enflé jusqu'à la taille d'une tonne à lisier. Ses avant-bras étaient ravinés par une acné pustuleuse. Chaque centimètre carré visible de sa peau foisonnait de gros poils noirs. Elle semblait assommée par différents barbituriques. Il était difficile de dire même si elle le reconnut de prime abord, tant ses yeux étaient enfoncés dans les vultuosités et son regard semblait provenir d'un monde perdu. Au bout d'une minute, elle se détendit, l'espace d'un instant, et prononça son nom d'une voix sourde et chevrotante.
Son envie initiale de hurler tourna au besoin de vomir.
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Statistiquement, chaque citoyen civilisé produit chaque année un minimum de mille pour cent de son poids en déchets. Chaque société "civilisée" recule devant ce monceau comme devant la contagion elle-même, reléguant ainsi la strate la plus basse de sa population au soin de l'en débarrasser. L'éboueur ordinaire participait autant de l'anathème pour cette société que lesdits déchets. Le boueux n'avait pas plus sa place parmi les citoyens respectables que les ordures dont il venait le soulager n'avaient leur place sur le tapis du salon. [...] Chaque jour, il manipulait à pleines brassées ce que les autres ne toucheraient pas avec un aiguillon à bestiaux. Par un jeu de pure association, il était placé au même niveau que les immondices qu'il avait mission d'évacuer. Pour le plouc ordinaire, il n'y avait guère ou pas de différence entre les deux. En pratique les collecteurs d'ordures et les ordures elles-mêmes ne faisaient qu'un.
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Il songea aux familles, à travers tout le pays , riches et pauvres, de toutes conditions, qui musardaient à travers des rayons volailles joliment apprêtés, dans les lumières tamisées et le halo cotonneux des chants de Noêl. Il se demanda combien d'entre elles resteraient carnivores si on les conduisait dans la sanglante boucherie de la salle d'abatage, ne fût ce que cinq éprouvantes minutes de leur vies. Selon les propres termes de john : l'immense majorité des gens ne sont pas obligés de regarder leur dîner droit dans les yeux avant de l'attaquer.
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Chacun reconnut que la situation avait atteint son point de rupture. Mais, contrairement à la fois précédente, il n'y avait rien de plus à dire. Nous étions prêts à tout ce qui pouvait nous attendre. Notre devise était devenue "Faites pas chier", ce qui, par définition, laisse peu de place à l'élaboration. Tout ce qu'il y avait à faire, c'était se soûler, lancer des fers à cheval et goûter notre fierté croissante comme un groupe de Vikings rongeant leur frein à la veille d'une expédition de pillage.
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A cinquante-six ans, Kunstler était la quintessence de la racaille blanche à haute énergie, avec l'un des caractères les plus rances qui puisse se retrouver sur aucun continent. C'était un poisson-perroquet d'origine hollandaise, de taille modeste - ne culminant guère qu'à un mètre soixante -, avec une tête chauve balayée par les vents, un nez de travers, le sourcil broussailleux, une déformation de l'épaule droite et des mains étonnamment fines.
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La question qui hantait tous les esprits n’était pas tant « comment y sommes-nous arrivés ? » comme on aurait pu s’y attendre, mais au contraire, comme lorsqu’on arrête de fumer ou qu’on donne le coup de grâce à une histoire d’amour depuis longtemps chancelante, « pourquoi n’y avons-nous pas songé plus tôt –qu’est-ce qui nous a pris tant de temps ? ».
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« Nulle part dans un pays on ne perpétue avec de telles œillères un système plus suranné d’éthique du travail germanique et de moralité à la noix que dans ce bidonville de baraques de chantier et de bureaux décatis qui jouxte le cimetière. Les programmes en vigueur sont éculés et démodés depuis des générations. La plupart des manuels remontent à plus de vingt ans. Les enseignants eux-mêmes sont souvent incultes, mal informés, non qualifiés, voire ignorants des plus élémentaires principes de la grammaire anglaise. La bibliothèque est un maigre dépotoir de littérature de gare, soumis à l’examen sourcilleux d’un comité de censure fondamentaliste composé de harpies méthodistes illettrées et de prédicateurs à la petite semaine. Malgré toute la pompe et le cérémonial qui entouraient les rencontres sportives et les remises de diplôme, la majorité des élèves quittait Holborn High en croyant dur comme fer que les dinosaures avaient disparu parce que Noé n’avait pas assez de place pour eux sur l’arche. »

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« Chacun savait que pour les catholiques, Jésus était le fils de Marie, pour les baptistes, il était le sauveur, pour les juifs, il n’était rien, et pour les méthodistes, il était une déduction fiscale. »

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« Le feu n'était plus qu'un lit de braises rougeoyantes. Les autres ronflaient, échoués autour de la fosse, langue pendante. Il avait eu le sentiment que quoi qu'il doive en sortir, que ce soit la dèche, la famine, l'échec total, la prison, n'importe quoi, même si nous risquions de nous réveiller le lendemain maculés de vaseline mêlée de poussière, couverts de piqûres d'insectes, terrassés par une gueule de bois inqualifiable, même si nous devions rentrer en titubant nous terrer dans nos piaules pour une nouvelle plongée dans la claustrophobie - quoi qu'il advienne au cours des jours et des années à venir - cette nuit serait quelque chose que personne ne pourrait jamais nous enlever. Elle était à nous maintenant. Nous la porterions en nous pour le restant de nos jours. Et même si personne d'autre que nous ne pouvait jamais en comprendre la valeur intrinsèque, c'était sans importance. Nous comprendrions. Nous saurions. Nous avions été là. Nous avions vu. C'était la seule preuve qu'il nous faudrait jamais. »
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La toile de fond s'était brouillée. Les virtualités étaient innombrables, mais les possibilités réelles étaient inexistantes. Il se retrouva exactement là où il avait commencé - contemplant le feu sans raison particulière de bouger. (p. 165)
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Jamais, depuis le temps des cabarets clandestins à gin frelaté, aussi cupide maquerelle n'avait foulé les rues de Baker sous le masque d'une citoyenne respectueuse des lois. Elle était une imposture et une imbécile, et elle sous-estimait grossièrement son bon sens. L'entendre, elle, parler des créatures du Seigneur était encore plus écœurant que l'exploitation éhontée du charpentier et de ses apôtres à laquelle se livrait son marlou prêcheur de révérend. Chacun savait que pour les catholiques Jésus était le fils de Marie, pour les baptistes il était le sauveur, pour les juifs il n'était rien, et pour les méthodistes il était une déduction fiscale.
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