AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Tristan Egolf (139)


La décharge de la cage d’électrocution brulait souvent les plumes, faisant planer d’âcres relents de pennes roussies qui se mêlaient à l’odeur déjà caustique du sang. Cela puait tellement que même le Zombie, après dix-sept années de bons et loyaux services, restait sujet à des vomissements occasionnels. Vomir n’était jamais considéré comme une tache sur sa virilité ; au contraire, cela passait pour le témoignage d’un fragile reste d’humanité. On dégobillait et on n’en parlait plus.
Commenter  J’apprécie          10
Cette première nuit, il resta éveillé dans le noir à écouter le clapotis du sang de dinde, les sourdes détonations de la cage d’électrocution et les cris des volatiles pendus par les pattes, tout comme d’autres entendent des tintements de tiroir-caisse et des entrechoquements de vaisselle longtemps après la sortie du travail.
Commenter  J’apprécie          10
Il devait tenir le coup, devait tenir le coup, devait tenir le coup… Sans cesse, il se le répétait. Cela devint son mantra. C’était comme une bouée de sauvetage. Il se disait qu’il pouvait continuer de fonctionner tant qu’il restait conscient de son état –pouvait tenir le coup tant qu’il savait qu’il partait en morceaux. Quand les hurlements cesseraient, il serait temps de s’inquiéter. Jusque-là, la douleur serait son aiguillon. La douleur devrait lui servir de signal d’alerte, de filet de sécurité, d’ultime verrou. Le tenaillement incessant et la conscience de sa propre souffrance devraient témoigner de la souveraineté persistante de sa raison. Il tiendrait le coup précisément aussi longtemps qu’il serait capable d’avoir mal.
Commenter  J’apprécie          10
Un de ces jours, [...] il allait comprendre qu’il était censé vivre les plus belles années de sa vie.
Commenter  J’apprécie          10
A neuf ans, son fils était à tu et à toi avec le président de la coopérative avicole de Pullman Valley. Ses entreprises étaient parties comme un feu de forêt et ne donnaient aucun signe de ralentissement. Effectivement, ses rentrées avaient depuis longtemps couvert ses dépenses initiales et il mettait de la nourriture sur la table, impossible de le nier –mais, n’empêche, le voir ainsi attelé à la tâche quand le reste de ses pairs semblait n’avoir aucun souci au monde avait décidément quelque chose de peu naturel, pour ne pas dire plus. C’était carrément effrayant.
Commenter  J’apprécie          10
Il arriva un moment où, après que l'équipage Baker/Pottville se fut calmé, alors que les vingt ou trente derniers citrons de l'usine de volaille de Sodderbrook, Hessiens du Coupe-Gorge, trolls de Dowler Street et autres rats d'usine des quartiers est de Baker étaient fourrés dans les paniers à salade du shérif Tom Dippold et expédiés vers les abattoirs bourrés à craquer de Keller & Powell, que les feux d'ordures de Main Street avaient été détrempés et écrasés au milieu des ruines fumantes du Village des Nains, que le gymnase avait été noyé de gaz et envahi par une équipe d'agents de police des comtés avoisinants, mal équipés et plus que sidérés, que les pillages dans Geiger Avenue s'étaient calmés, que l'émeute à l'ange de la 3° rue et de Poplar Avenue avait été maîtrisée, qu'une bande de conducteurs d'engins indignés de l'excavation n°6 d'Ebony Steed avait depuis longtemps rendu sa visite de représailles mal inspirée aux rats de rivière de la Patokah en une bruyante et lourde procession de pick-up Dodge, et que le reste de la communauté était si complètement enseveli sous ses propres excréments que même les journalistes de Pottville 6 durent admettre que Baker semblait attendre l'arrivée des quatre cavaliers de l'Apocalypse - il arriva ce moment où, dans cet ensemble braillard, tout ce qui restait de citoyens avertis et sobres dans le comté de Greene surent exactement qui était John Kaltenbrunner et ce qu'il signifiait.
Commenter  J’apprécie          10
Et comment le cochon ,après l'avoir considéré avec méfiance pendant une minute,avait finalement fait demi-tour et chargé droit dans la tombe .Et comment un des agents avait arraché Wilbur du sol et l'avait giflé jusqu'à ce que Wilbur lève la tête et annonce qu'il leur chiait dans le lait de leur mère à tous.Et comment il avait entendu le cochon se démener et piétiner l'envers du cercueil de John au fond du trou tandis qu'on l'emmenait vers le fourgon où nous nous débattions comme des hippopotames incarcérés. Et comment ils avaient gazé Murphy et l'avaient déposé à côté de Wilbur tandis qu'ils nous faisaient reculer à coups de matraque dans le premier panier à salade et expédiaient ces deux-là--les deux derniers--àl'interieur.Avqnt de claquer les portes .Et comment ,lorsque Wilbur s'était relevé il avait regardé par une petite fente rectangulaire de la porte du fourgon et vu le troll debout tout seul sur la colline au-dessous des deux colombes. Et comment ,alors qu'il se tournait et se joignait à nous pour les cris et les coups de pied en pleine tôle, et que le fourgon avait commencé à quitter le cimetière en pagaille ,dernier épisode d'une offensive médiatique de dix semaines, il avait su avec certitude que rien n'était fini,que John n'était pas dans un monde meilleur,et qu'un objet en mouvement tend à rester en mouvement. Un seigneur au repos tend à se retourner dans sa tombe.( Pagec606/607).
Commenter  J’apprécie          00
...Ils fouillaient dedans à la recherche de pommes blettes ,de lait tourné, de pain moisi,de chou pourri.Chaque tas de la ville en grouillait.Les rues étaient anéanties. Il y avait du verre pilé partout,des coulées de mayonnaise mélangées à des fonds de cendrier, des sachets de thé et des coquilles d'oeuf,des macaronis verts,des asticots se repaissant d'huile de friture,des mouettes déchirant des assiettes en carton,des marmottes s'enfuyant avec des serviettes hygiéniques entre les dents,des vautours croquant des campagnols ,des chouettes dévorant des rats d'égout,des étourneaux sifflant des asticots,et chaque jour plus de mouches.L'interview que fit Pottville 6 de Ted Drake, un attrapeur de chiens errants, résumait parfaitement la situation.Drake ,vieil habitant de Baker qui se trouvait présentement confronté au pire scénario imaginable pour un menbre de sa profession ,affirmait que nous étions devant un cas sérieux de chaîne alimentaire totalement détraquée. Là grève avait amené les ordures,les ordures avaient amené les asticots,les asticots avaient amenés les rats,les rats avaient amené les chiens,les chiens avaient amené l'attrapeur de chiens,l'attrapeur de chiens avait rempli la fourrière, la fourrière avait débordé ,les chiens avaient été piqués, leurs corps avaient rempli des sacs ,et les sacs avaient atteri dans les rues,amenant plus de mouches ,etc....ad infinitum.....C'était une impasse complète ,dit-il.Et il ne semblait pas y avoir de solution en vue.( Pages445/446).
Commenter  J’apprécie          00
Les seules personnalités extérieures à la ville à réagir à sa supplique furent deux ou trois sociologues d'une université de second rang qui préparaient une thèse de doctorat sur la violence des foules.
Commenter  J’apprécie          00
Petit paysan paria et solitaire, à Baker il était une cible toute désignée pour la discrimination. Mais alors avec cette allure-là, qui appelait les attaques les plus basses contre lui, il aurait aussi bien pu être une mère porteuse juive guatémaltèque au chômage. Il était parti pour écoper.
Commenter  J’apprécie          00
… ce que John Kaltenbrunner était un indigène, et qu’il y avait le poids d’une vie entière d’outrages accumulés derrière ses actes. Jusqu’au moment où il finit par forger son véhicule/cheval de bataille, il végéta tranquillement dans un tréfonds de Baker dont la plupart des habitants de la région rechignent à reconnaitre même l’existence. Il récura les basses-cours et les salles d’abattage depuis le porc-frites jusqu’au réseau d’égout. Il subit plusieurs supplices qui auraient tué net la plupart des gens du cru. Sa vie tout entière resta par définition un incroyable enchaînement de coups de poisse. Et cela continua ainsi des années durant, au-delà de l’absurde jusqu’à friser l’impossible, jusqu’à ce que tous les fruits avariés, la misère et la crasse, l’interminable beuverie – tous les carburants à haut indice d’octane de la corne d’abondance – trouvent enfin un déversoir et balaient toute la campagne. Alors cela fit du bruit. Alors cela fit des dégâts.
Tout le monde fut emporté : la presse, les autorités, l’Eglise, les usines, les écoles, les rats de rivière, les Hessiens, les citrons, les trolls, chaque famille de la ville, la liste entière… Personne n’en sortit indemne.
Commenter  J’apprécie          00
Cela puait tellement que même le Zombie, après dix-sept années de bons et loyaux services, restait sujet à des vomissement occasionnels. Vomir n'était jamais considéré comme une tache sur sa virilité; au contraire, cela passait pour le témoignage d'un fragile reste d'humanité. On dégobillait et on n'en parlait plus. Les autres vous suppléaient pendant ce temps.
Commenter  J’apprécie          00
Nous nous étions laissé traiter comme des sacs à bites à douze dollars la passe dans une ruelle pleine de clodos.
Commenter  J’apprécie          00
Les virtualités étaient innombrables, mais les possibilités réelles étaient inexistantes. Il se retrouva exactement là où il avait commencé –contemplant le feu sans raison particulière de bouger.
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Tristan Egolf (1510)Voir plus

Quiz Voir plus

Harry Potter en 20 questions

Quel train prend Harry pour aller à Poudlard ?

Un RER
Thomas le train
Poudlard Express
Le TGV

20 questions
1332 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}