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Citations de Valery Larbaud (158)


J’aime cette humble vanité des gens qui sont fiers de leurs relations, de leur argent, de leurs titres nobiliaires, de leur savoir, de leurs talents. Je trouve cela touchant, moi qui souffre d’avoir atteint le centre d’indifférence, de voir que des gens peuvent se laisser prendre aux apparences de la vie. Il y a donc des hommes assez naïfs pour, étant nobles, se croire supérieurs aux ignorants ? Oh ! être l’épicier qui déteste de tout son cœur l’épicier d’en face, ou bien le riche négociant retiré qui meurt d’envie d’être reçu chez son voisin châtelain, ou bien l’homme de lettres qui se croit important parce ce qu’on parle de ses livres ! – Mais n’est-elle pas touchante aussi la grande vanité de l’orgueil que j’éprouve à me sentir supérieur à toutes ces petites vanités ?
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En effet, j’éprouve toujours ce sentiment que j’éprouvais dans mon enfance : le sentiment d’être supérieur à tous ceux qui avaient passé la nuit à dormir.
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 J’ai senti que j’étais très humble, parce que je ne trouve rien de trop beau, et par suite rien de trop modeste pour moi, dans le monde.
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Car il est bien vrai que les pauvres ont le droit de croire qu’ils ont plus d’esprit que nous autres riches : la nécessité les rend subtils, l’envie leur aiguise le sens ; qu’ils fassent un héritage et bientôt ils laisseront leur intellect en friche.
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Oh, je finirai par crier la vérité : je hais les pauvres ! les ignobles Pauvres ! les infâmes Pauvres ! les sans-le-sou, la puante Canaille ! Je les hais, et de toute la haine que peut nourrir une âme basse de paria pour les castes supérieures. M’ont-ils assez piétiné, m’ont-ils assez craché au visage, les immondes pauvres ! Comme leurs sourires m’ont percé le cœur, et comme ils savent bien me renvoyer tout de suite à mes milliards, sans me donner le temps de parler, de m’excuser un peu, de leur montrer que, malgré tout, je suis un homme comme eux. Ils me dénient tout : la faculté d’aimer, de comprendre les choses, de penser par moi-même, de posséder des amis sincères. Et le geste qu’ils ont pour dire : « Bah ! il se consolera bien avec ses billets de banque : laissons-le ! » J’aurais beau avoir le génie de Dante et la science de Pico de la Mirandole, - je serais toujours pour eux le « milliardaire américain, le jeune oisif », un niais, un grotesque sans esprit et sans talent qui achète et publie sous non nom les livres et les inventions des autres – de Messieurs les pauvres, justement. Et j’aurais beau consacrer les neufs dixièmes de mes revenus à fonder des hôpitaux et des institutions charitables, - ils m’accuseront toujours de chercher à me rendre populaire, ou simplement à faire parler de moi et de mon argent, ou bien ils diront que j’ai des « ambitions secrètes ».
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Regardé passer les endimanchés florentins sur le trottoir d’en face, le long du parapet de l’Arno. L’Arno, jaune et boueux, roulant de temps en temps un fiaschetto, vide, répandait l’ennui. Avec les premières lueurs des réverbères, les gens noirs endimanchés sont revenus des Cascine. Des pas traînaient. Cette foule avait un air de fausse élégance insupportable. Jamais le dimanche florentin ne m’avait tant rappelé les dimanches des grandes villes du Nord, où l’on sent, tout l’après-midi, une désespérante odeur d’excrément refroidi. Il fallait regarder de près pour s’apercevoir que c’était une foule italienne. D’elle émanait ce qui est peut-être la véritable sagesse de la vie, une médiocrité résignée.
Me penchant sur elle, j’ai parfois cru porter en moi toute la tristesse et au même instant toute la joie du monde. J’étais plein de remords, de désirs de destruction, de pitié et de tendresse. Je me suis senti à la fois très jeune et très vieux.
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Valery Larbaud

Prête-moi ton grand bruit, ta grande allure douce,
Ton glissement nocturne à travers l'Europe illuminée,
Ô train de luxe! Et l'angoissante musique
Qui bruit le long de tes couloirs de cuir doré ,
Tandis que derrière les portes laquées, aux loquets de cuivre lourd,
Dorment les millionnaires.
Je parcours en chantonnant tes couloirs,
Et je suis ta course vers Vienne et Budapesth,
Mêlant ma voix à tes cent mille voix,
Ô Harmonica-Zug ! (...)

( Les poésies d' A. O. Barnabooth)
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Il a trop aimé les livres comme des objets matériels : leur forme, leur poids, le grain de leur papier, leur facilité à s'ouvrir, la bonne odeur de quelques uns quand ils sont neufs ...
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On appelle l'Irlande l'Ile des Saints ; pourquoi n'appellerait-on pas l'Angleterre l'Ile des Poètes ?
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"L'idée de leur propre droiture les enivre, ils se croient déjà au Paradis"
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Valery Larbaud
J'aime ce village, où sous les orangers,
Sans se voir, deux jeunes filles se disent leurs amours
Sur deux infiniment plaintives mandolines.
Et j'aime cette auberge, car les servantes, dans la cour,
Chantent dans la douceur du soir cet air si doux
De la «Paloma ». Écoutez la paloma qui bat de l'aile...
Désir de mon village à moi, si loin; nostalgie
Des antipodes, de la grande avenue des volcans
immenses; 0 larmes qui montez, lavez tous mes péchés !
Je suis la paloma meurtrie, je suis les orangers,
Et je suis cet instant qui passe et le soir africain;
Mon âme et les voix unies des mandolines.

[Mers-El-Kébir]
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"Vous me faites songer à l'Espagnole anglaise de Cervantes ; vous savez, il dit qu'elle était remarquable " por su hermosura y por su recato".
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Je suis sûr que le petit nombre d'anciens élèves restés en France se rappellent aujourd'hui avec reconnaissance notre vieux collège, plus cosmopolite qu'une exposition universelle, cet illustre collège Saint-Augustin, maintenant abandonné, fermé depuis quinze ans déjà...
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Prenez, prenez, vous n'avez rien
Et où que j'aille, dans l'univers entier,
Je rencontre toujours,
Hors de moi comme en moi,
L'irremplissable Vide,
L'inconquérable Rien

Valéry Larbaud, Le don de soi-même
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L'INNOMMABLE

Quand je serai mort, quand je serai de nos chère morts (Au moins, me donnerez-vous votre souvenir, passants
Qui m'avez coudoyé si souvent dans vos rues?)
Restera-t-il dans ces poèmes quelques images
De tant de pays, de tant de regards, et de tous ces

visages
Entrevus brusquement dans la foule mouvante?
J'ai marché parmi vous, me garant des voitures
Comme vous, et m'arrêtant comme vous aux devantures.
J'ai fait avec mes yeux des compliments aux
Dames;
J'ai marché, joyeux, vers les plaisirs et vers la gloire,
Croyant dans mon cher cœur que c'était arrivé;
J'ai marché dans le troupeau avec délices,
Car nous sommes du troupeau, moi et mes aspirations.
Et si je suis un peu différent, hélas, de vous tous,
C'est parce que je vois,

Ici, au milieu de vous, comme une apparition divine,
Au-devant de laquelle je m'élance pour en être frôlé,
Honnie, méconnue, exilée,
Dix fois mystérieuse,
La
Beauté
Invisible.
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Je hais les femmes qui ne comprennent pas qu'un homme soit grave en leur présence. Elles n'écoutent pas ce qu'on leur dit, leur pensée est ailleurs, mais que la figure de l'homme soit souriante, qu'il paraisse content, cela leur suffit.
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Mais qu'est-ce que cette sagesse, sinon l'usure de nos sentiments, et le refroidissement de notre ferveur ?
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PROLOGUE

Borborygmes ! borborygmes !
Grognements sourds de l’estomac et des entrailles,
Plaintes de la chair sans cesse modifiée,
Voix, chuchotements irrépressibles des organes,
Voix, la seule voix humaine qui ne mente pas,
Et qui persiste même quelque temps après la mort physiologique...
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Comme j’étais timide, et préoccupé de l’opinion, jusque dans ma révolte contre elle ! Le grand signe auquel je connais que j’ai dépouillé l’ancienne sottise : je songe – enfin ! – à plaire d’abord à moi. Et je prévois que je vais être heureux et faut-il avouer que j’hésite à être heureux ? …
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 La Triboun, la Triboun ! mon cher, ne me la faîtes pas à la Triboun. Osez donc avouer que toutes ces machines vous embêtent. Moi qui les apprécie peut-être un peu mieux que vous, j’en ai assez depuis longtemps : elles font dire des sottises. Non, ne me faîtes pas croire que vous aimez cette culture de manuels et de guides. Vous la portez dans la mesure où elle se porte dans le milieu où vous êtes né, voilà tout. Dans les salons de Paris vous vous pâmez sur Berlioz, Saint-Saëns et Debussy, et quand vous rentrez à Putouarey vous vous jouez du Théodore Botrel. Et vous avez raison, puisque cela vous plaît ! Et pour la littérature et la peinture, c’est la même chose. Je vois d’ici la bibliothèque de Putouarey. On a monté aux mansardes le Voltaire et le Rousseau de votre trisaïeul, et à la place de ces vieux sans-culottes démodés, s’étale la petite littérature mondaine, indécente et ennuyeuse, que votre libraire vous fait acheter. Non, mon ami, ce n’est pas pour vos goûts artistiques que j’ai plaisir à vous fréquenter. C’est pour votre fantaisie, votre bon sens, votre aplomb dans la vie et votre bonne tête française. Celui que j’aime, c’est Putouarey trousse-cotte, et Putouarey cœur-loyal. Et ne parlons pas de Ruskin ni même de Florence.
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