Vanessa Vale

Ava était tout ce que j’avais toujours voulu sans jamais ne m’en être rendu compte… J’avais appris une chose cette nuit, entre deux battements de cœur… et c’était qu’elle nous appartenait. Il s’avérait juste qu’elle ne le savait pas encore. Mais elle s’en rendrait compte. Nous nous en assurerions.

Tous les hommes, même Ty, même super sexy, auraient l’air ridicule avec un boxer qui laissait leur sexe à l’air. C’était comme une culotte fendue, mais pour homme. Et dans un tissu noir transparent. Bon, chacun ses goûts, je ne jugeais pas, mais moi, ça ne me plaisait pas du tout.

— Vous êtes peut-être très cash. Le genre de femme qui aime dire aux hommes ce qu’elle veut. Ou ce que veulent certaines parties d’elle, répondit-il alors que ses yeux se posaient sur mes seins. Ça me plaît.

Mes fils croyaient que les journaux apparaissaient devant la porte comme par magie. Je me tuais à leur répéter qu’un livreur les y déposait tôt le matin, mais ils refusaient d’y croire, parce qu’il pensait que lorsqu’ils dormaient, le reste de l’humanité dormait aussi. Le livreur de journaux était presque devenu une créature fantastique, comme la petite souris. Alors les nains de jardin avaient pour tâche d’élucider l’affaire.

À chaque fois que je l’avais vu, il était tiré à quatre épingles. Pas un seul cheveu ne dépassait. Bon, sa coupe militaire lui facilitait les choses, de ce côté-là. Mais je le soupçonnais d’être maniaque, comme le Colonel. Sans doute une conséquence de leur long passage dans l’armée.
Je devais bien admettre que Goldie ne s’était pas trompée. C’était un homme, un vrai. Il regardait ma bouche comme s’il avait envie de l’embrasser. Pareil pour mes seins. Je jetai un coup d’œil à ses mains. Grandes. Calleuses. Oui, il savait sans doute faire plein de choses avec. Et je ne parlais pas de la souffleuse à neige.

C’était agréable, de flirter avec un homme. C’était un peu comme un secret que nous partagions, surtout avec tous ces pompiers à quelques mètres de nous.

Pourquoi mes tétons pointaient-ils dès qu’il était dans les parages ? Un regard de lui, et voilà. Je jetai un œil aux autres pompiers pour voir s’ils l’avaient remarqué. Mais ils étaient trop occupés à rassurer Bobby. Ty, lui, avait un petit sourire en coin et les yeux brûlants, et il était visiblement content de ce qu’il voyait.

Il se passait parfois de drôles de choses, quand un vivait non loin d’une université. Un soir d’été, une voiture avait traversé notre jardin avant de réaliser qu’une maison bloquait le passage et de faire demi-tour. Je n’avais rien vu ni entendu, car ma chambre donnait sur le jardin de derrière, mais les marques de pneus dans l’herbe avaient servi de preuve.

Je n’avais pas peur des bêtes sauvages. Aucun ours n’avait pointé son nez en ville depuis le printemps, quand ils s’étaient réveillés de leur longue sieste hivernale. Et les autres créatures de la nuit avaient plus peur de moi que l’inverse. Sauf les serpents. C’était moi la plus apeurée, avec eux. Mais les serpents n’avaient pas de pieds ou de sabots, alors il ne pouvait pas s’agir de cela. Je songeai que le bruit que je ferais en fermant la tente et en traversant le jardin du Colonel et le mien ferait fuir l’animal en question.

Voilà le genre de conversations que j’avais avec ma belle-mère. Elle n’aurait pas hésité à parler de sexe avec le pape. D’ailleurs, il aurait sans doute été plus à l’aise que moi en cet instant. C’était de son fils ‒ son fils décédé ‒ qu’elle était en train de parler. Mais elle n’était pas la dernière pour dire qu’il n’était pas très malin et qu’il n’avait aucun sens moral.

Mon cœur fit un saut périlleux, et j’eus l’impression d’avoir de nouveau quinze ans. Le simple fait de le regarder me rendait toute chose, me donnait les mains moites. Je craignais de me mettre à glousser et à raconter n’importe quoi. Je lâchai un petit rire. J’étais incapable de m’en empêcher. Ça m’amusait, qu’il plaisante sur les petits aléas de la vie.

De la testostérone suintait par tous ses pores, et je m’en imprégnai. C’était ça qui me plaisait par-dessus tout chez lui. Il n’y avait pas que sa beauté. J’avais épousé un homme au physique avantageux, mais qui ne dégageait rien. À part un ego démesuré, peut-être. Peu de choses suintaient par tous les pores de Nate, à part peut-être son mauvais karma.

Il fallait que je tire les vers du nez à quelqu’un. D’abord, que je découvre s’il était marié. S’il avait une petite amie, des histoires d’amour malheureuses dans son passé, de quel côté du lit il dormait. Les choses qui comptaient. Kelly. Il faudrait que je l’appelle plus tard. Ma meilleure amie savait tout sur tout le monde, contrairement à moi. Avec sept enfants qui allaient à l’école, participaient à des activités extrascolaires, allaient chez l’orthodontiste et que sais-je encore, elle croisait des tas de gens que je ne connaissais pas.

C’était le premier homme à faire battre la chamade à mon cœur depuis bien longtemps, alors j’avais envie d’en savoir plus. Même si j’étais beaucoup trop froussarde pour tenter quoi que ce soit. Mais je pourrais fantasmer sur lui. Ça ne faisait de mal à personne, et je pourrais penser à lui quand je sortirais mon propre vibromasseur avant de me coucher.

Ça pouvait paraître bizarre, de demander des nouvelles de ma propre mère au Colonel, mais elle l’appelait dix fois plus souvent que moi. Non qu’elle ne m’aime pas. Mais elle était amoureuse du Colonel. Et vivre à plus de trois mille kilomètres de lui ne faisait que renforcer leur amour.

Discuter. Il fallait que nous discutions de tout et de rien. Mes enfants en étaient capables. Cela nous ferait oublier les godes. Mes cheveux mal coiffés. Il fallait que je pense à l’avenir. Ty était mon voisin, alors il faudrait bien que j’oublie ma gêne un jour.

Ça pouvait être agréable, cette impression d’appartenir à une communauté, mais je m’étais plusieurs fois cachée dans une allée du supermarché pour éviter de parler à quelqu’un.

À sept ans, Zach était maigre comme un clou avec des genoux noueux et des fossettes. Avec ses cheveux blonds et ses yeux bleus, il me ressemblait beaucoup. Personne ne savait d’où Bobby tenait ses cheveux noirs et ses yeux marron. Certainement pas de son père ou de moi. Les mauvaises langues disaient que c’était le fils du facteur, mais je ne trouvais pas ça très drôle. C’était mon mari, le partenaire infidèle, pas moi.

En tant qu’adulte, j’adorais trouver des choses dont j’ignorais avoir besoin. La semaine précédente, j’avais acheté un petit meuble à chaussures pour mon placard et un grille-pain pour la caravane. Pour deux dollars, je pourrais manger des toasts tout en campant dans la nature.

Quand on vivait dans le Montana, on savait profiter du beau temps dès qu’il y en avait. Même au mois de juillet. Surtout au mois de juillet. Les journées étaient longues, le ciel était bleu et il y avait plein de choses à faire avant que les températures chutent. Cela n’arrivait pas en novembre, comme dans le monde réel. À Bozeman, l’été se terminait le premier septembre. Nous avions déjà eu des chutes de neige en juillet. Vu le court laps de temps pendant lequel porter des shorts et des tongs était possible et la menace constante de voir des flocons tomber du ciel, le samedi, j’étais debout à sept heures.