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Critiques de Vassily Kandinsky (19)
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Du Spirituel dans l'art et dans la peinture..

Du spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier .

Vassily Kandinsky, théoricien de l’art, nous livre avec une écriture très accessible et donc dépourvue de technicité sa passion artistique. Il nous dessine sa perception de la couleur à travers un ressenti et une pureté d’esprit qui nous explicite que l’action de la couleur influe sur nos sens. Soit que la contemplation d’un œuvre éveille en nous des sensations visuelles, mais aussi et au-delà, des ondes sensitives, sensuelles ou physiques et pour le moins gustatives, salées, sucrées ou épicées. Un frisson, la chair de poule sur mon joli bras dénudé au regard d’un paysage neigeux ou la douce chaleur d’un foyer où crépite un joli feu. La mise en bouche affutée par un met délicat qui me chatouille les narines.

Asseyez-vous, le repas est servi.

Novice en la matière, touchant un peu l’eau, l’huile et parfois l’acrylique, je n’avais jusqu’ici qu’un regard un peu vide sur l’abstrait, m’enflammant plutôt pour les beaux paysages de Vlaminck. Et bien, j’y puis faire maintenant une autre lecture et c’est bien agréable que de regarder l’objet quand on y comprend quelque chose.

Ainsi comme un commandement du corps la peinture s’apprécie presque de façon charnelle, on y parle de rugosité, de vibration, d’épineux, de lisse, de velouté et de caresse à l’évocation d’un bleu outremer, d’un vert chrome ou d’un carmin. Ceci à défaut de mollesse ou de dureté vers un vert de cobalt, un oxyde bleu-vert, ou des couleurs qui semblent sèches à peine sorties du tube.

Il nous parle aussi de résonance musicale, (ce qui eût plu à Maurice qui était aussi musicien) de la sensibilité d’un violon vibrant de toutes ses cordes au contact de l'archet. Il nous dit que le son musical a un accès direct à l’âme et qu’il y aurait une parenté profonde entre les arts en général, la musique et la peinture en particulier. Enfin, il statue que l’harmonie des couleurs repose uniquement sur l’entrée en contact avec l’âme humaine et que cette base constitue le principe de la nécessité intérieure et voilà pour la spiritualité. Il ne manque pas non plus de dire, ce qui n'est pas pour me déplaire, qu'un peintre doit aller au bout de son art sans en demander aucune vraisemblance à ses pairs, ni en attendre récompense sachant que, s'il est en avance sur son temps, et comme on sait que la renommée souvent se fait attendre...
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Du Spirituel dans l'art et dans la peinture..

Ce n'est pas ,comme le souligne Philippe Sers dans sa préface, une simple théorie que nous livre Kandinsky, c'est une philosophie de l'Art, de l'Art monumental.

L'artiste s'abstrait en se début du 20e siècle. Il n'exclut pas, il ne s'extériorise pas.

Tout répondra en lui à une nécessité intérieure.

Abs-traction. Examinons le mot. Prendre une distance, considérer le rapport, faire le point. Espace, place, profondeur des champs qu'ils soient sonores ou visuels.

Où se situer ? En ces années 1910, l'harmonie du monde joue la dissonance, exprime des tensions, des divisions, alimente des révolutions. Les années se diront folles avant de perdre pour longtemps toute raison. L'atome se livre, supposé par les anciens, il est à présent sous l'oeil des hommes. Il rayonne. La matière est une composition. Ce que nous nous figurons n'est pas ce qui est. On ne doit pas se contenter de recopier le monde mais on doit le comprendre, rentrer en dedans du monde pour en définir ses particules, et donc ses particularités. L'ensemble est composé. Rechercher l'architecture, la physique de cette composition c'est en saisir l'intelligence, s'assurer de ce fait de sa stabilité. «  comprendre c'est éduquer le spectateur ».

Ce n'est pas un hasard si cette époque a fait naître l'art abstrait. La figuration devient insuffisante. Il y au delà de la vision, il y a l' intérieur.

L'abstraction sera pour certains symboles de défiguration, pour d'autres elle sera révélation.

L'Art pour Kandinsky est spiritualité. Sans intention d'élévation par de démarche artistique. Sans art pas d'ascension. L'artiste n'est pas fortuit. Il a un devoir, un rôle, et avant tout il est nécessaire à la progression de l'humanité, à la construction de sa grande pyramide, le Triangle spirituel .

Voilà donc sous la plume de Kandinsky, le contrat que doit moralement signer l'artiste. C'est au nom de cette éthique qu'il place l'escroquerie artistique au niveau du crime contre notre humanité. Celui qui trompe, égare.

Tendre, tirer, s'élever, s'atteler au grand chariot des hommes pour conquérir ce qui toujours nous dépasse. Ce que nous ne connaissons pas encore mais que nous savons être notre espace prochain. Par la connaissance l'homme atteindra ce que nous conviendrons de nommer le divin. Que nous traduirons par : le très haut de notre conscience collective.

Notre perfectibilité ne peut progresser sans les arts, prenant constamment ses appuis sur leurs exigences, leurs disciplines. L'artiste est bâtisseur, il répond à un ordre un besoin naturel qui tout entier définit sa nature humaine. L'homme ne peut s'accomplir qu'en croissant.

Si Kandinsky dans cet ouvrage s'explique, il laisse surtout apparaître ce qu'il exige de nous tous. L'artiste n'est pas un individualiste, sa quête est personnelle mais sa démarche ne peut se justifier que dans le but d'une démarche commune. L'artiste n'erre pas, il s'attelle. Il ne s'amuse pas, il oeuvre, il ne vagabonde pas, il fait le point et trace la route. On ne badine pas avec la création, on est à son service. «  il n'a pas le droit de vivre sans devoir », «  il n'est pas libre dans sa vie, mais seulement dans l'art ».Il n'y a pas pour Kandinsky de l'art pour l'art, l'art n'est pas un acte gratuit auquel on s'évertue pourtant à fixer le prix. L'artiste ne commerce pas, donc n'échange rien , il est en mouvement , il avance. Par la connaissance l'homme atteindra le divin.

L'artiste doit se nommer, se situer, et avoir conscience de ses actes.

Quelque soit le support qu'il choisit, il s'autorise toutes les prises et toutes les pistes, se hisse et prend appui. Cette liberté de mouvement est la condition de toute progression. L'ordre moral cristallise les valeurs, l'artiste de meut ne s'immobilise jamais. Les explorateurs trace les cartes après avoir découvert les territoires, jamais avant. Pour Kandinsky il en est de même pour l'art, la théorie suit la pratique jamais ne la précède.

Et sur cette longue piste, les temps parcourus et rencontrés contraignent les hommes à « acclimater » leur démarche artistique.

Ce qui est aujourd'hui se justifie par le temps, l'espace traversé.

Les tendances, les cadences, les rythmes s'expliqueront par le « terrain », les forces qui s'opposeront, les vents contraires affrontés. «  toute oeuvre d'art est l'enfant de son temps et, bien souvent, la mère de nos sentiments. » Notre tribu est en marche depuis si longtemps...

« Un art qui n'engendrera jamais le futur, est un art castré ».

Et c'est dans l'opposition, dans la résistance que se comprend la physique du mouvement de l'art son anatomie. Tout mouvement répond à une contraction qui déclenche une détente . On repousse le sol pour avancer,

Tout est croissance, mouvement chez Kandinsky. Il n'y a pas d'achèvement, mais un parachèvement constant. D'un niveau à l'autre nous nous élevons. Mais qu'est ce qui lance ainsi sur la route l'homme ? C'est la volonté de son esprit, sa nécessité intérieure, la force primordiale , primaire pour Kandinsky. Et si l'art lors de sa progression doit reprendre vigueur c'est en se ressourçant par instant dans les arts dits primitifs qu'il y parviendra. Car cette force est pour l'homme essentielle.

La beauté n'est pas le but de l'art, mais en sera inévitablement la conséquence. Justesse et vérité seront ses conditions. Mais c'est avant tout un mouvement, un choeur qui nous met en résonance, qui fait vibrer l'âme, tenant l'homme en éveil , dans son effort ,et, dans la bonne direction. Constamment l'art est un guide, un rappel à l'ordre de marche ascensionnelle.

Il doit être combiner, répéter mais ne doit jamais cesser sous peine de voir l'endormissement de l'humanité, vouée alors à son enlisement et donc à sa perte.

Pour faire vibrer notre âme, appeler nos pas, Kandinsky va mettre en vibration les couleurs. Il comparera les couleurs aux instruments de musique : certaines seront cuivres, à vent, d'autres à cordes. Chaque couleur a son timbre, sa ton, son rôle. «  la couleur est la touche. L'oeil est le marteau. L'âme est le piano aux cordes nombreuses . L'artiste est la main».

Elles entrent également dans l'espace en jouant de leurs contrastes, de leur profondeur.

Elles mettent l'espace en mouvement. Ainsi le bleu est il froid de par son éloignement, le jaune chaud par sa proximité.

En combinant les couleurs, en les juxtaposant, en les contrastant, il arrive à les mettre en scène et à donner à la surface ses dimensions. Les contrastes sont excentriques, concentriques. Les couleurs orientent les formes. Elles les modèlent. L'artiste projette son espace intérieur, son relief interne dans l'oeil « interne » de l'autre. Sons et couleurs sont au diapason. Goethe évoquait ainsi la possibilité d'une basse continue en peinture.

« La couleur peut s'avancer ou reculer, tendre vers l'avant ou vers l'arrière », « faire de l'image une essence flottant en l'air, ce qui équivaut à une extension picturale de l'espace ». Les couleurs sont dynamiques. Leur harmonie s'accorde à notre temps. L'harmonie n'est pas universelle. Elle bouge ses lignes au gré de notre cheminement.

Mais l'évidence des choses nuirait au jeu des perspectives, à ce rapport particulier qui doit s'établir entre l'artiste, sou oeuvre, et le « regardant ».

Le voilé-dévoilé trouve là sa nécessité. Pour découvrir, entrer à l'intérieur, il faudra plisser son regard. «  ce que l'on voile a une énorme puissance ».

Le peintre met en couleurs le monde et le public doit ici tendre son âme pour en saisir l'harmonie.

Kandinsky exige effort et concentration de la part de tous. Cessons de nous perdre dans nos bruits : «  l'homme qui pourrait parler à ses semblables n' a rien dit et celui qui eût pu entendre n'a rien entendu ». L'artiste livre des impressions spirituelles. Voici peut être le nouveau réalisme. L'intérieur de l'homme est atomique. Énergie, puissance, force et matière, l'homme s'intériorise et comprend qu'il ne se situe que par rapport à l'ensemble.

Les formes sont au service de l'intériorité : Cézanne étire les corps des grandes baigneuses pour élever son oeuvre. «  la forme est l'extériorisation du contenu intérieur ».

« Matisse- couleur, Picasso- forme : deux grandes indications vers un grand but »

L'art doit faire entendre le «  quoi ». Il ne peut se satisfaire du comment, du pourquoi.

Il se dit et ne s'interroge pas. Il se comprend. «  ce quoi est le contenu que seul l'art est capable de saisir en soi et d'exprimer clairement par les moyens qui n'appartiennent qu'à lui. » 

On doit plus voir l'oeuvre mais voire en l'oeuvre. En oublier les moyens. On s'abstrait de la pratique.

L'abstraction est un mouvement artistique, un coup de talon nécessaire à l'homme pour prendre de la hauteur, tenter d'échapper à l'attraction terrestre.

La volonté de l'artiste, cette nécessité intérieure est une activité éruptive à l'architecture volcanique. L'extérieur se construit ,se bâtit par l'extériorisation de l'intériorité de l'artiste.

Comme la lave projetée d'un cratère vient construire les parois du volcan en se solidifiant au contact de l'air. Ainsi le volcan s'élève t il.

C'est une vision aérienne des plus puissantes. «  il est clair que la force spirituelle intérieure de l'art ne se sert de la forme d'aujourd'hui que comme une marche afin d'en atteindre de suivante ». Voici l'intelligence de « la lutte de l'objectif contre le subjectif »

Kandinsky veut ériger un art monumental. Il dissocie le réel, cherche les rapports entre formes et couleurs pour identifier la matière , et c'est ce rapport qui assurera la cohésion de l'ensemble . Il ne brise pas, il dilue rien, ne dissout rien, ne lie rien. Il identifie, détermine, établit une grammaire picturale pour s'adresser à l'ensemble. «  l'artiste doit avoir quelque chose à dire, car sa tâche ne consiste pas à maîtriser la forme, mais à adapter cette forme au contenu ».

« Penser, c'est oublier des différences, c'est généraliser, abstraire » écrivait Barthes.

L'abstraction tend vers l'unité.

Astrid SHRIQUI GARAIN

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Du Spirituel dans l'art et dans la peinture..

Prétendre, en quelques lignes, rédiger une « critique » de cet écrit (1909-1910) de Kandinsky me semble être une entreprise bien téméraire et prétentieuse tant il est riche. Ce serait nécessairement réduire, tronquer, voire trahir la pensée de l'auteur. Je ne m'y risquerai donc pas et me bornerai à faire partager, aussi simplement que possible, ce qui m'est apparu comme l'essentiel au-delà des aspects liés directement à la technique picturale : la forme et les couleurs.

Bien plus donc qu'un ouvrage théorique reflétant sa pratique artistique, au moment où il l'écrit – et ceci est important car la notion d'évolution et donc de futur est présente tout au long du texte – , « Du Spirituel dans l'art, et en peinture en particulier » développe une pensée philosophique à replacer dans la sphère de la foi chrétienne orthodoxe russe. La place de l'art, de la création artistique vue comme mission fondamentale, le rôle de l'artiste, aiguillon dans la société (à travers les notions de « triangle spirituel » et de « nécessité intérieure ») et l'élévation de l'Homme vers plus de spiritualité sont au cœur du livre et nous amènent à considérer deux choses : d'une part, l'extraordinaire capacité de Kandinsky à décrypter son époque (les courants artistiques et de pensées) et, d'autre part, la vérification que nous pouvons faire à posteriori de sa pensée presque prophétique, la faisant accéder au rang de l'universalité.

Rien d'étonnant à ce que l'ouvrage fut mal compris à sa sortie en 1911 ; sa portée va bien au-delà d'un simple manifeste de l'art abstrait : il y pourfend, par exemple, les recettes, la réussite immédiate et le plaisir de l'apparence à l'opposé d'une quête intérieure ; il y développe, autre exemple, l'idée étonnante d'une temporalité en peinture distincte de celle liée à la musique, inévitablement irréversible, qui le conduit à l'idée du « voilé-dévoilé » qui semble être au cœur de son mode de communication. Ce livre, lui-même, semble s'appuyer, par son écriture, sur ce mode, se dévoilant par couches successives d'idées chaque fois nuancées, tel ... un tableau.

Précédé d'une superbe préface de Philippe Sens, cette édition présentant le texte original, enrichi des ajouts ultérieurs, est, sans conteste, la meilleure manière d'entrer dans l'univers subtil et profond d'un artiste majeur pour l'histoire de l'art et de la peinture ... en particulier.



Cantus.
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Point et ligne sur plan

Paru en 1926, « Point et ligne sur plan » est à la fois la suite et le complément d’un premier essai paru en 1911 : « Du Spirituel dans l’art, et dans la peinture en particulier ».

On sait, de son propre aveu, que Kandinsky n’était pas satisfait de n’avoir pu trouver dans cet ouvrage une théorie des formes cohérentes; une théorie qui soit équivalente à celle exposée pour la couleur : une morphogonie pendant de la chromogonie.

Dix ans de travail lui furent nécessaires pour développer cette théorie dont le postulat est de faire correspondre les éléments, formes et couleurs.

Plusieurs problèmes théoriques lui résistaient devant la nécessité de trouver une logique picturale d’une forme sans objet : l’évaluation intérieure cohérente pour les couleurs (relation à l’âme) peut-elle exister pour les formes?

Il lui faut donc rechercher un point de départ clair et objectif.

Quand sera-t-il alors de la fonction prophétique de l’art?

Comment concilier cette fonction qui implique un contenu figuratif avec la disparition de la représentation?

Les réponses à ces questions sont exposées dans « Point et ligne sur plan » de manière minutieuse et très détaillée.

Par son spiritualisme, Kandinsky est conduit à un postulat d’ordre, ordre qui sous-tend toute la théorie des formes.



1.Théorie des éléments :

-Le point, élément initial parce qu’il est le départ de l’aventure humaine picturale, l’image première de toute expression picturale.

-La ligne, née du point lorsque celui-ci sort de ses limites en perdant sa tension de nature concentrique par l’action d’une force : la dynamique humaine. La ligne, caractérisée par sa direction sur le plan devient ainsi la base de la morphogonie, sa relation à l’homme établissant un contraste de qualité de la même manière que celui établi pour les couleurs dans « Du Spirituel dans l’Art… » :

Horizontale - froid - bleu

Verticale - chaud - jaune

Diagonale - froid/chaud (différents d°) - couleurs diverses



Ainsi progressivement se construit la théorie des formes sur base de deux éléments sources : le point et la ligne, cette dernière engendrant les différentes formes.

Ces deux éléments se combinent avec le plan originel (celui-ci n’étant que le support) et chaque implantation d’un élément entraîne des effets que Kandinsky analyse.



2. La construction, première grande étape de la théorie de l’art, est la combinaison rationnelle des éléments, les différentes parties devenant vivantes par l’ensemble.

La construction est une organisation en mettant en place un ensemble cohérent et compréhensible.



3. La composition est la deuxième étape. Elle est le but ultime pour Kandinsky.

Considérant que « Point et ligne sur plan » ne livrait seulement que quelques éléments sur ce terrain, il renonça à intituler son essai « Traité de composition ».

Il appelle de tous ses voeux à un travail d’évaluation intérieure réalisé sur la base d’une méthode scientifique pour franchir le pas de l’expérimental vers l’expérimentation.



N’empêche, ce livre saisissant par sa rigueur et sa profondeur permet d’aborder l’abstraction d’une tout autre manière et de regarder les oeuvres de Kandinsky (et de bon nombre d’artistes du vingtième siècle) non plus avec curiosité ni circonspection mais avec la conscience que les qualités d’une image ne sont pas liées, nécessairement, à la figuration.



La préface éclairante et très érudite de Philippe Sers, par son analyse et ses explications, facilite la bonne compréhension de ce livre passionnant et dense.



Cantus





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Du Spirituel dans l'art et dans la peinture..

Des formes à la couleur, Kandinsky nous livre ici une analyse extrêmement intéressante, d'autant plus qu'il s'agit de l'analyse d'un artiste, mais aussi d'un individu doté de synesthésie ce qui, au delà de la singularité, ajoute une couche supplémentaire sur toutes les refléxions et les idées délivrées dans Du Spirituel dans l'art et dans la peinture en particulier. De l'importance des formes, de la symbolique des couleurs, il s'agit ici d'une théorie artistique à part entière, mais aussi d'une clé de lecture afin de pouvoir mieux apprécier le travail de Kandinsky, comme des autres peintres.A lire pourvu que vous soyez un tant soit peu attiré(e)s par la peinture ou tout simplement curieux de découvertes.
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Du Spirituel dans l'art et dans la peinture..

Je ne soupçonnais pas que l'art pouvait être exigeant et intellectuel. Je pensais que l'art, par exemple la peinture, était une invitation à la provocation après avoir été une représentation de la nature, du réel. Je pensais qu'une œuvre d'art devait être belle et agréable à regarder qu'elle devait réjouir nos sens. Que nenni. Pour Kandinsky, l'art doit être le langage de l'âme. Elle doit montrer l'être intérieur de l'artiste. Je n'ai pas envisagé que l'art pouvait être théorisé. Kandinsky, en pédagogue avisé, offre dans cet essai sa définition de l'art et de la peinture en particulier. Il recherche dans la peinture une nouvelle vérité, une nouvelle forme d'expression qu'il expérimente lui-même. Pour évoquer ce bouleversement, il nomme Maeterlinck , pour la littérature et Schönberg en musique. De cette nécessité d'emprunter un chemin intérieur et spirituel qui entraîne une émotion de l'âme pour l'artiste et le spectateur. La couleur, matière de l'âme pour le peintre personnifie ce nouvel essor de l'abstraction. Elle offre une résonnance presque mystique, entre chaud et froid. La combinaison de couleurs modifie l'intelligence du regard. Kandinsky fuit l'orthodoxie. L'art est vivant et s'émancipe.

C'est un essai très intéressant sur un domaine dont je ne suis pas spécialiste.
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Du Spirituel dans l'art et dans la peinture..

Un magnifique essai à la fois clair et simple dans son écriture et d'une portée philosophique et réflexive très forte. Que sont les œuvres d'art, si ce n'est un véritable cri intérieur des artistes? En ce sens elles parlent également au spectateur, sous plusieurs aspects; la couleur ou la forme en peinture par exemple. Il est intéressant de confronter ces propos de Kandinsky à ses œuvres; personnellement j'ai trouvé que cela apportait une lumière non négligeable à ses tableaux. Il tente ici de redonner ses lettres de noblesse à la peinture et aux arts en général en rappelant qu'ils se doivent de nourrir l'esprit du spectateur et que donc en ce sens ils ne sont absolument pas vains et inutiles. Magnifique essai pour une pensée non moins magnifique.
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Exposition / kandinsky

Court, trop court album d'une exposition. Trop court parce que tous les tableaux représentés sont des merveilles et qu'on souhaiterait en voir davantage.



Vassili Kandinski pouvait prétendre au titre d'inventeur de l'art abstrait. Il a en effet évolué d'un fauvisme de plus en plus schématisé à la pure abstraction. Et il a été le premier à le faire et à le faire connaitre.



Ce qu'on découvre aussi dans ce livre, c'est que ses recherches formelles étaient précédées ou accompagnées d'une importante pensée théorique sur le sujet. Pas forcément d'une clarté lumineuse (contrairement à ses toiles), mais très soutenue.



Ses toiles, elles, restent et posent comme une évidence le talent de ce grand peintre. Ses premiers tableaux, expressionnistes, fauves... quoiqu'on les définisse, sont des merveilles de couleurs et d'équilibre des compositions. Caractéristiques qu'on retrouvera heureusement dans ses toiles abstraites. Qu'elles soient, comme initialement, tracées à main levée et un peu fouillis ; ou, comme plus tard, tracées au cordeau géométrique et simplifiées ; ou enfin, lors de sa dernière période, une synthèse heureuse de ces deux modes.
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Du Spirituel dans l'art et dans la peinture..

"L'art fuit devant le "il faut"(...). Comme le jour devant la nuit."
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Du Spirituel dans l'art et dans la peinture..

Défi non fiction 2024



Une peinture de Kandinsky, sous forme d'affiche, a beau être collée dans ma chambre, je ne le connaissais que peu, et j'ignorais notamment qu'il avait été théoricien, et plutôt philosophe esthétique qu'historien de l'art. Cette lacune est comblée.



Une lecture très claire, on voit où l'auteur veut en venir, qui mobilise quelques notions fondamentales telles le triangle spirituel, la synesthésie (pas nommée ainsi) et surtout le spirituel et la nécessité intérieure (clairement définie). Pour autant, clair est ici loin de signifier "simple à lire", car Kandinski nous invite à voir un monde pur, formel mais pas ornemental, spirituel, affranchi de la nature (l'art abstrait n'évoque jamais une chose figurative ! Ex. on dirait un portrait), et hautement abstrait à l'image de son art. Le spirituel pur, c'est le progrès de l'âme, et l'artiste qui conduit ce progrès a une énorme responsabilité.



Kandinski revient sur sa théorie des couleurs, fondée sur les nuances et le contraste (ex. jaune vs bleu, blanc vs noir), il s'aide de quelques schémas. Il évoque la forme, d'abord rationnellement et de manière externe, puis il rentre comme toujours dans une définition interne. Mais surtout, la composition. Et, comme Kandinski est synesthète (ex. vert = violon, bleu clair = flûte), on se rend compte (je crois bien qu'il l'explicite quelque part) que la composition peut être musicale ou picturale. Affranchi de la nature, dont il est supérieur, l'art repose désormais sur la spiritualité. Pas parce qu'il le faudrait, l'art fuyant devant les "il faut" comme le jour devant la nuit. Mais parce que c'est le progrès spirituel de l'âme des êtres humains ! Kandinski, s'il sait que l'artiste peut se tromper, prône sa liberté illimitée. D'ailleurs, il refuse de "faire école".



Ce livre m'intéresse et me plaît à plus d'un titre, et pour des raisons matérialistes (Vassili doit se retourner dans sa tombe). D'un point de vue de la philo et de l'histoire de l'art, notre peintre ouvre de nouvelles perspectives et façon d'être spectateur. La peinture doit avoir une résonnance intérieure chez le spectateur. Dit ainsi, on pourrait penser à des mots creux, mais chez Kandinski les inscrit dans tout un système de raisonnements logiques, chez lui ça a un vrai sens.



Nulle provocation chez Kandinski. Il ne s'agit pas d'expérimentation, ni de transgression dans le seul but de transgresser (cela serait du charlatanisme). Kandinski écrit bien, mais il n'est pas "bavard" : ce n'est pas un beau parleur, et s'il théorise après coup (en art, écrit il, l'inverse n'existe pas), il dit ce qu'il a à dire. Loin d'une conception commune de l'art contemporain où les artistes se moqueraient de nous. En fait, je dirais même que j'ai lu un Kandinski extrêmement sérieux, grave, et péremptoire, comme s'il venait de recevoir un message divin. Cet aspect prophétique (qui date tout de même du tout début de son art abstrait) prétend prédire l'avenir de l'art et ce de manière un peu impersonnelle, il faut s'exprimer et exprimer son époque, mais le vrai critère est l'art pur. Et c'est cela qui m'a un peu dérangée, c'est qu'entre deux grandes phrases sur l'art il ne se demande pas s'il est seulement possible et souhaitable de s'affranchir de son milieu (enfin, je suis mauvaise langue, il parle des statues égyptiennes et de leur valeur contemporaine). Kandinski lui-même est influencé par des idéaux religieux, sans doute chrétiens orthodoxes. Et son rejet de la nature n'est plus d'actualité (aujourd'hui, l'art s'est saisi de la question climatique dont on ne parlait pas en 1910).



Donc c'était passionnant à lire, et après coup l'œuvre de Kandinski s'est avérée à la hauteur de cet écrit de début de carrière. Et les écrits de peintres (ex. la pittura è cosa mentale, da Vinci) sont très éclairants. Quant à savoir si l'avenir de l'humanité s'est bien conformée à la conception du monde de notre cher Vassili, ma foi, je ne sais pas.

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Du Spirituel dans l'art et dans la peinture..

Pour Kandinsky, "l’artiste est la main qui par l’usage convenable de telle ou telle touche met l’âme humaine en vibration". Et dans la création de cette vibration spirituelle la couleur joue un rôle fondamental car elle est un moyen d’exercer une influence sur l’âme.

Goethe dans son « Traité des couleurs » recommandait déjà à la peinture de « trouver sa basse continue ».

En étudiant le langage des formes et des couleurs, Kandinsky établit à son tour des correspondances avec l’univers musical, et il montre comment la couleur peut atteindre l’âme par un effet de "résonance intérieure" . On le voit ainsi en particulier lorsqu’il s’agit du rouge, "couleur chaude, très vivante, vive et agitée, qui possède une force immense, et qui est un mouvement en soi".

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Du Spirituel dans l'art et dans la peinture..

Plaidoyer pour la peinture abstraite (à la fondation de laquelle WK a contribué) qui doit répondre à 2 obligations ; élever la spiritualité du public et répondre à une nécessité intérieure de l'artiste.
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Point et ligne sur plan

Point et ligne sur plan m'est apparu comme un long égarement (ce qui n'est pas nécessairement négatif), un essai qui nous en apprend involontairement plus sur son auteur et sur l'époque à laquelle il vivait que ne nous apprend la théorie qu'il a essayé d'échafauder. Car malheureusement très peu des affirmations qui sont faites ici ne résistent à un examen contradictoire comme par exemple : pourrait-on affirmer le contraire de chacun des points traités et être tout aussi convainquant ? C'est un exercice par ailleurs assez amusant à faire (pour faire passer un texte avouons-le assez aride).

Au delà de ce jugement un peu sec, on apprend beaucoup à la lecture du livre sur l'état d'esprit qui a pu guider le Bauhaus, et par là beaucoup de ses descendants modernes et contemporains : apprendre à apprécier des oeuvres comme un jeu à la fois esthétique et intellectualisé, dont les clés arbitraires s'échangent entre initiés. Ainsi, ce texte tout comme l'état d'esprit qu'il défend se révèle très avant-gardiste, précurseur de la société comme nous la connaissons : fiévreuse de tout décrire avec des règles simples, répétables, malade de chiffre tout comme ici Kandinsky va même jusqu'à espérer mettre des équations sur la beauté, ou la sensibilité.

Malgré tous les aspect assez modérément convaincants de cet essai qui ressort comme un traité de géométrie embrouillée de ressentis personnels, et si l'on excepte l'aspect témoignage involontaire, il reste aussi une indéniable énergie à vouloir découvrir, explorer de façon instinctive dans le but de déchiffrer. Ceci aussi étant intéressant à scruter dans le livre, et révèle probablement un tempérament assez remarquable que devait avoir Kandinsky.
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Du Spirituel dans l'art et dans la peinture..

Je reste un peu sur ma faim quant au « spirituel dans l'art »… sinon petit ouvrage intéressant pour démystifier l'art abstrait et ouvrir les yeux sur la démarche artistique en général.

Les barbouilleurs amateurs comme moi apprécieront, peut-être, de surcroît, le chapitre sur le langage des couleurs.

Globalement c'est un peu « intello » mais abordable.

Par ailleurs, soixante pages d'introduction… on s'impatiente…

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Du Spirituel dans l'art et dans la peinture..

Il faut lire les artistes pour mieux regarder leur peinture.

Les liens entre musique et art plastiques (sur la question de la gestion du rythme notamment) sont très intéressants.
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Point et ligne sur plan

Pas facile à comprendre, il faut s'accrocher. Ensuite vient la lumière !

Disons que ce propos est assez... abstrait. Mais en examinant les tableaux de Kandinski, on fait finalement la liaison entre l’œuvre picturale et le discours qui la sous-tend.
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Du Spirituel dans l'art et dans la peinture..

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Du Spirituel dans l'art et dans la peinture..

Kandinsky, théoricien de l'art et philosophe, nous permet, grâce à ce généreux livre, de comprendre l'art contemporain. J'ai beaucoup aimé le sixième chapitre, où il nous explique la signification spirituelle des formes et des couleurs. Vraiment très très intéressant !
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Wassily Kandinsky. Gemälde 1900-1944. Katalog..

Un très bon ouvrage pour ceux qui s'intéresse à l'art et la peinture. En tant que sémiologue, les livres de Kandinsky m'ont beaucoup aidés.
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