Depuis longtemps, Paris ne déroule plus sa grâce d’antan.
À croire que quelque chose s’est rompu, or comment l’identifier littéralement ? À moins que ce ne soit dû au manque de lumière, à l’opacité absolue, à la danse fébrile de l’ondée ; à moins que la capitale ne soit devenue l’objet d’une irrécusable lassitude.
S’ensuit une sonate pour violon de Bach et Nora se remémore Sète sous les étoiles, un soir où elle s’invita seule sur le port, face aux chalutiers amarrés, une mouette se mouvant à proximité.
Retenir ce moment, oui. Par contre, le laisser filer doucement, car si la musique renvoie au passé, elle ne peut altérer une trêve de la pensée.
La nuit s'apprête à tomber.
Le silence abrite la route.
Les oiseaux désertent le ciel, sans doute ont-ils assez dansé pour imprimer leur présence au monde.
(p. 76)
On écrit parfois pour exister autrement qu’au travers de la voix.
Mais aussi pour compenser une impossibilité à dire.
Plutôt que de souffrir d’un blocage psychologique.
(p. 67)
Des corps qui traversent l’instant dans une vague de plaisir. Vouloir précipiter le plaisir l’espace d’une union qui efface la misère mentale, l’oppression, la tragédie. Néanmoins, dans ce jeu vital, ne réside aucune poésie. Seule s’installe une dépendance éphémère qu’un peintre pourrait magnifier usant du bleu de Klein pour réaliser un fond. Les formes seraient inachevées, les visages aussi.
Démesure du banal, facette étriquée de la vie, à moins que ce ne soit à l’intérieur de ces choses répétitives que s’insinue la poésie.
Partir, une façon de désapprendre un rythme effréné.
Partir, une façon de mourir à l’hier pour courir après d’autres rêves dans un flux méditerranéen…
Rire, une envolée de soi pour se redéfinir vivant.
L’élan des yeux devient l’aile du cœur.
Comment présager de l’avenir alors qu’elle jongle avec les affres de l’adolescence ?
(p. 9)